Cela faisait des mois, que dis je des années que cette femme tentait en vain de l'attraper. C'était une chasseuse, il n'avait pas mis très longtemps à le comprendre. Quand une nana vous court après flingue à la main, on comprend vite que la dite jeune femme, ou moins jeune femme d'ailleurs, parce qu'elle devait pas être si jeune que ça, ne compte pas vraiment vous faire des câlins, ou alors en mode sado-maso, mais d'une, les filles, ce n'était pas le truc de Caleb, et de deux, le SM... Ok, tout ça pour dire que cette femme ne l'avait jamais lâché en dépit des échecs. Elle avait pour elle d'être persévérante, mais ce qui était chiant, c'était qu'elle habite la même ville que Blake, du coup, les confrontations étaient régulières. Bon hormis une balle perdue dans son épaule, il s'en était plutôt bien sorti jusque là.

Mais, il n'aimait pas savoir que quelqu'un qui lui en voulait personnellement, était encore en état de nuire. Du coup, il avait cherché à en savoir plus sur cette pétasse. Pardon. Chasseuse. Il avait pris son temps et l'avait suivi pas mal de temps, jusqu'à voir son nom en grand dans un salon littéraire, et allez savoir pourquoi, ce n'était qu'à cet instant qu'il avait fait le lien entre son nom à elle, la sale p... et Blake, son mignon petit blondinet pas blond. Ils portaient le même nom. Et franchement, Oswald, ce n'était pas forcément le nom le plus répandu des Etats-Unis. Bref, pas la peine d'avoir un doctorat pour flairer l'embrouille. Et franchement, ça plaisait pas vraiment à Caleb de flairer ça.

Il avait tenté de tirer quelques informations à son protégé, des choses relativement vagues, mais qui pouvaient concorder entre lui et cette... Femme. Bref, le seul moyen de tirer tout cela au clair, c'était de se confronter à cette salope, et lui tirer les vers du nez. Il devait avouer qu'en plus, si cela lui permettait de donner quelques petits coups dans sa gueule de blondasse parfaite... Et bien, ce serait du bonus ! Il n'allait pas cracher sur un peu de sport, et puis, elle était amusante quand même cette chasseuse à ne pas lâcher l'affaire alors qu'elle était clairement inférieure aux gens qu'elle chassait. Enfin, c'était le propre des cons de croire dur comme fer en leurs convictions, et de tout oser, c'est quoi déjà le proverbe ? C'est à ça qu'on les reconnaît non ?

Le brun avait donc pris le temps de repérer le terrain. De suivre la femme. Et de se prévoir un plan. u plutôt, un semblant de plan, parce que s'il y avait une chose qu'il haïssait autant que l'ordre, c'était les planifications. En gros, il devait la faire le suivre, puis la téléporter dans un lieu que lui seul connaissait, et lui mettre sa race. Enfin, discuter avec elle. Avec civilité. Presque. Du coup, il était devant chez elle, parfaitement visible, son arc à son épaule, parce qu'inconscient, mais pas suicidaire, et attendait qu'elle le remarque, lui faisant un très joli signe de main avec un sourire narquois.

« Salut chère pétasse... »articula-t-il avec exagération pour qu'elle puisse lire sur ses lèvres malgré la distance.

Bon, il était d'humeur joueuse, il allait la laisser s'approcher avant de commencer à courir.

Le son strident du réveil la tira d’un sommeil qu’elle avait déjà eu bien du mal à trouver. Le  poing serré, elle frappa l’objet pour le faire taire avant de se laisser tomber lourdement sur le dos. Du coin de l’œil, elle regarda la place vide à ses côtés dans le lit. Elle se souvenait vaguement d’avoir entendu son époux lui dire qu’il partirait de bonne heure. Elle n’avait même pas cherché à savoir pourquoi, perdue dans les méandres de ses propres pensées. Leur fille était un transmutant. Elle était capable de mettre le feu n’importe où si elle en avait l’envie. Elle était comme cette fille qu’on avait tuée en public parce qu’elle avait brûlé une maison et la famille qui vivait dedans. Elza trouvait ça légitime, après tout, cette fille n’avait eu que ce qu’elle méritait. Mais sa fille à elle, elle n’avait pas la moindre envie de la voir finir comme ça. Elle avait beau mépriser les transmutant depuis que l’un d’eux lui avait arraché sa famille, elle avait beau en avoir déjà tué un certain nombre, elle ne voulait pas voir sa fille mourir. Elle avait peur de ce que pourrait penser Miles. Il était un excellent père, mais est-ce qu’il serait capable de vaincre sa haine envers les transmutants pour continuer de regarder sa fille comme il l’avait toujours fait ? Elza avait toujours fait confiance à son époux et pourtant aujourd’hui, elle était incapable de lui dire la vérité, trop effrayée par tout ce qu’elle pourrait entrainer. Au fond de son lit, elle laissa échapper un long soupire avant de repousser avec force la lourde couette qui recouvrait son corps. Il fallait qu’elle se change les idées, elle ne savait pas vraiment comment, elle n’était pas le genre de femme à pouvoir oublier ses problèmes dans une journée passée à faire du shopping. Elle n’avait pas vraiment l’habitude des activités communes aux femmes normales. Depuis qu’elle avait perdu sa famille, elle vivait plutôt entourée d’armes à feu que de fringues à la mode. D’un pas lent, elle se dirigea vers la salle de bain pour profiter d’une bonne douche chaude sous laquelle elle s’éternisa jusqu’à ce que l’eau devienne froide.  Habillée, coiffée et maquillée, elle se dépêcha de descendre pour avaler un café en guise de petit déjeuner. Dans la cuisine, sa tasse à la main, elle ne tarda pas à trouver une liste de courses, sur laquelle elle n’eut aucune difficulté à reconnaitre les écritures de son mari et de sa fille. Elle soupira exaspérée en levant les yeux au ciel. Il fallait tout leur faire à ces deux là. Le seul avantage c’est qu’aller faire quelques courses l’occuperait au moins quelques heures. Elle n’avait plus qu’à prier pour que les petits vieux n’aient pas choisi le même jour qu’elle pour aller envahir le supermarché. Son café terminé, elle laissa sa tasse dans le lavabo avant d’attraper son sac et ses clefs. Avant de partir, elle prit soin de vérifier qu’elle avait sur elle de quoi se défendre. Une arme à feu dans son sac, une dague dans sa botte, quelques petits couteaux dans la poche interne de sa veste ; elle pouvait sortir l’esprit tranquille. Heureusement qu’elle allait seulement au supermarché et pas à l’aéroport, sans quoi elle n’aurait jamais passé la sécurité.

Après avoir verrouillé la porte derrière elle, elle se retourna vers l’allée pour aller rejoindre sa voiture, mais elle ne fit même pas un pas qu’elle poussa son énième soupire en voyant le garçon qui semblait l’attendre à quelques pas de là. Un transmutant qu’elle avait cherché à arrêter et qui lui avait donné du fil à retordre. Maudit téléporteur. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Devant chez elle ? L’idée qu’il l’ait suivie la fit grincer des dents. Comme si elle n’avait pas suffisamment de soucis comme ça en se moment, il fallait qu’il vienne lui en ajouter. Sa réplique lui fit lever les yeux au ciel, alors qu’elle remontait l’allée de son jardin pour aller rejoindre la boite aux lettres et ainsi réduire la distance entre elle et cet intrus. Sans lui adresser de regard, elle se concentra sur sa boite aux lettres pour en retirer le courrier. «  Ta mère ne t’as jamais appris qu’il était très mal venu de venir insulter les gens chez eux ? » Elle regardait attentivement les quelques lettres dont était constitué son courrier, sans vraiment y faire attention, elle n’avait pas envie de porter la moindre attention à la lettre venant de la banque, puisqu’elle n’allait sûrement pas apprécier son contenu, quant aux autres trucs, ce n’était que de la pub, rien de passionnant en définitive. Elle ne releva que légèrement le regard vers lui, un sourcil arqué. « Peut-être que le problème est plus d’ordre génétique. » Elle haussa les épaules avant de ranger son courrier dans son sac, déposant au passa sa main sur l’arme à feu qu’il contenait. « Qu’importe. » Elle leva de nouveau les yeux au ciel avant de poser enfin son regard sur l’homme qui lui faisait face. « Qu’est-ce que tu veux ? Il n’y a rien d’intéressant pour les gens comme toi ici. A part si ton objectif du jour est de te prendre une balle entre les deux yeux. » Si c’était ce qu’il était venu chercher, elle serait bien entendu ravie de lui offrir cette fameuse balle, mais s’il était venu pour l’emmerder, il pouvait tracer son chemin. Elle n’était pas d’humeur à le supporter et s’il devait se téléporter à la seconde où elle envisagerait de lui tirer dessus, il ferait mieux de le faire avant même qu’elle ne sorte son arme, ça lui éviterait au moins de gaspiller une balle pour rien. Sérieusement, elle avait cru pouvoir passer sa journée à se détendre afin d’évacuer les problèmes qui lui tombaient dessus et qu’elle avait de plus en plus de mal à gérer. Elle n’avait pas du tout prévu de passer la journée à se faire emmerder par un petit con. Malheureusement pour elle, les choses se passaient rarement comme elle l’aurait voulu ; c’était le propre de la vie.

Un ricanement satisfait passa les lèvres du brun en entendant le mécontentement de la grande chasseuse, l'impassible chasseuse. Il avait du mérite non à lui faire aussi facilement perdre son sang froid non ? Quoique, elle n'était pas si froide et imperturbable, il l'avait déjà s'énerver à cause de lui, mais là, il explosait ses records en matière de rapidité. Il en était naïvement et bêtement satisfait. L'emmerdement maximal, c'était sa spécialité après le transport d'objets illégaux ! Il devrait le rajouter sur son CV... Ah oui, mais c'est vrai qu'en fait, il n'avait jamais eu besoin d'un curriculum vitae pour qu'on l'emploie, sa réputation le précédait. C'était fou d'avoir autant de surnoms d'ailleurs. Il aimait bien « l'insaisissable » et « le transporteur » en référence au film, ça l'amusait. Il en fallait peu pour ça d'ailleurs.. C'était sans doute sa plus grande qualité. Ou son plus grand défaut, au choix.

« Oh ma mère a essayé de m'apprendre plein de choses, mais il faut croire que je suis imperméable à la sagesse maternelle... »répondit-il d'une voix faussement peinée.

Il eut un sourire moqueur quand elle s'adressa à lui en des termes beaucoup moins sympathique. On en venait au reproche d'ordre néo-nazi. Quoi, les purifications de race, c'était pas l'essence même de cette idéologie là ? Franchement dans tous les cas, c'était des ces idéologies gerbatives que le brun ne pouvait de fait pas cautionner. S'il n'y avait pas eu Blake en jeu, il aurait sûrement provoqué cette femme et renvoyait dans sa gueule la balle qui lui aurait était destiné. C'était la meilleure mort pour un chasseur de se retrouver avec sa propre balle dans le crâne, non ? C'était comme évacuer la merde par la WC, ça coulait de source. Il s'avança vers la femme, avec sa dégaine nonchalante, son arc à l'épaule, il devait donner l'impression de sortir de la dernière série à la mode, c'était quoi déjà le nom ? Un truc évident. Arrow, voilà, c'était ça. Sauf que lui, il avait la classe et pas des abdos en mode gonflette. Pff, les filles (et certains mecs) étaient pathétiques à aimer ces musculatures surréalistes et inutiles sur le terrain.

« La génétique, ça te file une bonne excuse pour te défouler sur des gamins qui maîtrisent pas encore leur mutation. Putain, si ça se savait, tu vendrais moins de bouquins pour marmaille braillante et exaspérante. »rétorqua-t-il avec moquerie, la toisant avec un mépris flagrant.

Il priait pour qu'elle n'ait rien à voir avec Blake. Surtout pas elle. Surtout pas une présence si délétère pour son protégé, son tout, son catalyseur. Il était impossible pour lui de songer qu'il puisse laisser cette femme seule avec son blondinet. Improbable. Inconcevable. Il faisait malgré son âge partis de ces gamins que cette femme pouvait tuer bien trop facilement. Son don ne l'aidait en rien, c'était un don en adéquation avec sa bonté d'âme.

« Oh, je voulais juste discuter un peu avec une extrémiste dans ton genre. Bon forcément, tu vas rapidement perdre ton sang-froid et tenter de me tuer, mais je sais pas le débat d'idées m'a tenté en ce bon matin. Tu veux qu'on commence par s'étriper ou par la discussion ? Perso', j'ai pas de préférence, je sais sauter les préliminaires. »déclara-t-il narquois en se préparant à matérialiser dans la seconde un portail sous leurs pieds.

Il savait parfaitement où ils devaient atterrir dans un premier temps... Dans un quartier qui avait vu grandir Blake seul ave ses connards de grands-parents. C'était un bon début si elle faisait chier non ? Enfin pour le moment, il restait tranquille. Peut-être qu'elle choisirait la discussion en préliminaire.