Somewhere in the ancient, mystic trinity, three is a magic number.

Les chats, parfois, c’est aussi idiot que les chiens. Ce petit fait fut rappelé à Pietra un Vendredi matin, alors qu’elle s’apprêtait à partir travailler. Au moment de prendre ses clés, elle se rendit soudain compte que Roy ronronnait comme un moteur. Jusque-là rien de bizarre, me direz-vous, sauf que… Le siamois détestait la voir sortir de l’appartement sans lui. Alors qu’il soit tout content sous la commode à sept heures trente du matin ne présageait rien de bon. « Roy, viens-là bébé, viens me montrer ton nouveau jouet. » A quatre pattes, les fesses en l’air, Pietra priait silencieusement pour que le chat n’ait pas encore testé ses griffes sur ce qu’il avait visiblement volé. Heureusement pour elle, la cravate en soie qu’elle finit par lui soutirer réussi à sortir indemne des griffes de ce lion miniature. Alléluia. Un rapide coup d’œil lui révéla qu’il s’agissait sûrement de celle de Matthias Callahan, collègue de bureau, camarade de cantine et occasionnellement partenaire de lit. Il avait dû partir sans ce matin, n’ayant pas comme elle une réaction paranoïaque à chaque fois que Roy semblait de bonne humeur. Pietra plia soigneusement la cravate pour la ranger dans son sac, espérant qu’elle trouverait une façon discrète de lui rendre au travail. Non pas tant qu’elle ait honte de leur relation, mais il valait toujours mieux éviter de faire courir les langues des commères de la fontaine à eau.

La matinée passa sans encombre, beaucoup de dossiers à préparer pour une conférence assez importante dans la semaine qui suivait, mais rien qui ne risquait de la paniquer. Enfin, il fut midi, et Pietra fila déjeuner, non sans passer vérifier que Niall avait bien un sandwich ou quelque chose, histoire de ne pas mourir de faim avant la fin du service. En jetant un coup d’œil par la vitre du laboratoire, Pietra s’aperçu qu’une autre jeune femme avait eu la même idée, apportant même un petit sac marron digne d’un écolier pour le scientifique. Sega. La brune retint un grincement des dents : avec un peu de chance, elle ne croiserait pas l’autre amie de Niall, et elle passerait son déjeuner en paix avec Matthias. Elle mourrait d’envie d’essayer les éclairs de la petite boulangerie traditionnelle qui venait d’ouvrir, tenue par une vraie famille française. Le rêve des gourmands. Lui rendre sa cravate serait également plus discret dans la queue de la boutique, ou assis dans un parc – le beau temps promettait une brève escapade de la cantine pas toujours très accueillante – qu’en plein dans les couloirs de Worthington.

C’est au détour d’un de ces fameux couloirs que Pietra aperçu enfin l’homme qu’elle cherchait. Vu son comportement généralement pas très amical, elle fut surprise de voir une silhouette féminine à ses côtés, très collée d’ailleurs… Avec un froncement de sourcils, elle reconnue à qui appartenait la silhouette : Sega. Evidemment. Elle avait l’air de tourner autour de Matthias avec un manque de subtilité total – non pas que Pietra soit la reine de la drague subtile, soyons honnêtes – ce que le couloir déserté ne faisait qu’encourager. Bon – déguerpir et manger seule, ou entrer dans la conversation et voir ce qui advenait ? La question ne se posait qu’à moitié. La cravate désormais en main, Pietra s’avança tranquillement vers le duo, glissant l’objet avec une discrétion feinte dans les mains du Callahan. « Salut Matthias – je te rends ce que Roy avait caché sous ma commode ce matin. » Un sourire. « Salut, Sega. »

Somewhere in the ancient, mystic trinity, three is a magic number.

La porte de l’appartement de Pietra avait claqué derrière lui, les mains dans les poches, il marchait dans la rue en direction de la première boulangerie qui pouvait lui offrir un café brûlant.

La tasse lui fit un bien terrible, la chaleur se diffusa par le biais de ses paumes dans tout son corps et la vapeur chauffait ses joues rosies par le froid matinal. Une fois le breuvage engloutit, il laissa l'objet en porcelaine traîner vaguement sur une table et continua son chemin jusque chez lui, pour se laver de cette nuit qu'il ne fallait pas tellement ébruiter.

Le laboratoire s'agitait bien trop en ce moment. Il entendait souvent filtrer à travers sa porte des conversations sur les diverses chasses qui avaient lieu envers les mutants, ainsi que certaines rumeurs sur un groupe de dégénérés enragés. Cela le faisait sourire sournoisement dans son coin, sans qu'il ne cherche dans le laboratoire à en apprendre plus sur ses rumeurs inquiétantes. Il avait déjà un réseau bien développé ce n'était pas la peine pour lui de se charger de ça au travail.

Ce qu'il appréciait le plus ici, c'est que peu de monde n'osait le déranger. Il semblait tous avoir compris, au prix de multiples grognements et de répliques acerbes qu'il n'était pas très bon d'interférer dans ses travaux. Il aimait générer de la crainte, c'était le meilleur moyen pour lui d'être tranquille. Seulement, à contrario, c'était ici le seul endroit où il arrivait à se montrer à peu près sociable et à nouer quelques relations potables, en gros.

Une nouvelle fois la matinée se déroula sans qu'on vienne le cueillir sur d'autres recherches. Le jeune homme ne s'était même pas déplacé jusqu'à la fameuse machine à café. Il avait été bien trop pris par ses nouvelles réactions chimiques pour l’élaboration de nouvelles armes défensives. Un bref coup d'œil vers son horloge lui indiqua que c'était l'heure du repas. Il passa longuement sa main derrière sa nuque pour se détendre avant de quitter son fauteuil.

A l'instant où ses yeux se défirent des aiguilles quelqu'un frappa à la porte. Il arqua les sourcils face à ce geste qui n'était pas dans les habitudes de sa compagnie de table. Avait-elle si faim qu'elle se risque à le brusquer de la sorte ? Il poussa un soupire et ouvrit la porte. La surprise face au visage qui l'attendait ne fut visible que l'instant de quelques secondes, les suivantes il retrouva son expression de glace habituelle.

- Sega ! Et dire qu'il arrivait encore d'être surpris de sa présence ici, il jeta un bref coup d’œil derrière l'épaule de la jeune femme avant de s'avancer vers elle, refermant la porte de son laboratoire derrière lui. « Encore un souci avec la machine à café ? » Dit-il sans vraiment sourire. Le Callahan avait légèrement remarqué l'intention particulière qu'elle pouvait lui porter quand ça lui chantait. Il glissa ses mains dans ses poches en poussant un petit soupire. Ce n'était pas tellement le moment rêvé pour escompter lui arracher plus de deux mots, son assiette et son journal l'appelaient déjà.

Il entendait des pas se précipiter vers eux, il ne prêta pas vraiment attention à la silhouette qui se dirigeait dangereusement vers lui et la jeune femme. Une voix qu'il connaissait de mieux en mieux s'éleva dans les airs et s'incrusta dans sa conversation, quelques secondes plus tard il avait sa cravate manifestement oublié le matin chez la jeune femme sous le nez. Il plissa les yeux et prit brusquement la soie des mains de sa collègue ne comprenant pas vraiment ce qu'il lui prenait d'agir de la sorte. Il posa sur elle un regard entendu. Puis, il lorgna vers Sega.

La situation lui échappait. Il siffla un bref "merci" avant de fermer le poing sur sa cravate, cherchant déjà à s'éloigner un peu des deux demoiselles qui lui coupaient la route. Cela l'insupportait déjà.

One is the loneliest number

Somewhere in the ancient, mystic trinity, three is a magic number.

Le « merci » de Matthias résonna dans les oreilles de Pietra, réveillant brièvement sa culpabilité. Il n’avait pas mérité de se retrouver entre elle et la pimbêche qui se tournait vers elle avec horreur. C’était aussi pitoyable que de voir deux hyènes, gueules souriantes, se tourner autour pour voir qui oserait sauter sur le girafon abandonné en premier. Bon, Matthias n’avait rien d’un bébé girafe, mais l’idée était là. Malheureusement pour lui, toute culpabilité disparu lorsque Pietra détourna les yeux de son visage pour croiser ceux de Sega. Si les regards pouvaient tuer… Pietra serait très probablement allongée dans une flaque de son propre sang, une Sega triomphante se tenant au-dessus d’elle. Oui je sais, je viens briser ton petit manège, c’est dommage hein ? L’hypocrisie de son sourire fut presque aveuglant, et le minaudement avec lequel elle lui répondit, grinçant. « Salut, eum j'ai pas retenu ton prénom, c'est quoi déjà, Pedro ? Pedra ? » Hahaha. Comme si Sega allait oublier le nom de la fille qu’elle fusillait du regard dès qu’elles se retrouvaient dans la même pièce. Pietra ne lui répondit qu’avec un nouveau sourire, toutes dents dehors – après tout, si elle se vexait à chaque fois qu’on se trompait sur son prénom, intentionnellement ou non, elle n’irait pas très loin dans la vie. Elle jeta un regard semi-apologétique à Matthias, qui n’était visiblement pas très heureux de se retrouver dans cette situation. L’expression dans les yeux lui faisait sentir qu’elle lui devrait probablement une explication plus tard. En attendant, elle avait d’autres chats à fouetter.

« On va manger ? » Même pas en rêve, Sega. Matthias et Pietra ont rendez-vous avec une boulangère aussi gentille que tu es vipère, et rien ne les séparera des promesses sucrées de son enseigne. Faussant un air de surprise, la brune se tourna vers le jeune homme – que Sega avait tenté d’éloigner d’elle, bravo la subtilité – et pris un air mi offensé mi amusé. « Ah, tu as aussi promis à Sega de manger avec elle ? Je pensais qu’on allait finalement pouvoir goûter les éclairs de Mme Martin ! » Traduction : j’étais là en premier, bécasse. Retourne faire les yeux doux à Niall, t’as autant de chances avec lui qu’ici. Se rapprochant encore des deux, elle posa la main sur l’autre bras de Matthias, du fait que le pauvre se retrouvait désormais dans une position semblable à une couverture de série télé style Vampire Diaries. Qui notre ténébreux héros choisira-t-il, l’ange ou le démon ? La suite au prochain épisode !

« Mais je suis sûre que Sega se joindra volontiers à nous, enfin, si son régime le lui permet… » dit-elle, en jetant un regard entendu sur le physique de l’autre femme. C’est bas, Pietra. Pas tout le monde n’a la chance de ressembler à un squelette photoshoppé sur une couverture de Vogue, même en s’enfilant plusieurs éclairs chaque déjeuner. Enfin, l’idée était surtout de savoir si Sega était prête à déjeuner avec elle et Matthias, quitte à soutenir une conversation – et vu la bavardise du Callahan, ce serait aux deux jeunes femmes d’en tenir la majeure partie – ou si l’idée de devoir feindre de la camaraderie avec l’Italienne aurait raison d’elle. « Alors? » Si Sega voulait jouer, et bien, que la meilleure gagne. A savoir si le prix en valait réellement la peine.

Stay alone for your tiny heart.

L'arrivée de Pietra avait apporté une sorte de tension que lui-même ne pouvait ignorer. Elle se lisait clairement sur le visage des jeunes femmes et s'entendait cruellement dans leur voix. Etre contraint d'être au milieu de tout ça ne l'enchantait pas du tout. Il se terra dans le silence, espérant que cette guerre se termine au plus vite.

« Salut, eum j'ai pas retenu ton prénom, c'est quoi déjà, Pedro ? Pedra ? » Les lèvres pincées il observa Sega, les pupilles brillantes de curiosité quant au fondement de son comportement ouvertement déplacé. Il glissa ses mains dans ses poches, feignant une indifférence qui lui était propre. Puis, ses pupilles bleutées se perdirent de nouveau sur Pietra guettant sa réaction. Il n'avait jamais côtoyé très longtemps la gente féminine, maintenant les raisons de cet éloignement lui revenaient parfaitement à l'esprit.

« On va manger ? » Sans qu'aucun des deux n'aient eu le temps de répliquer, la demoiselle à la cafetière avait tourné le dos à sa collègue pour la couper dans son élan. Il eut un mouvement de recul cherchant presque à se protéger de la suite des événements. Il sentit la main de Sega glisser sur son bras après son invitation, c'est à cet instant qu'il comprit qu'il n'avait pas mis assez de distance entre lui et les lionnes qui se battaient sournoisement. Mais, la bataille n'était pas encore achevée pour Pietra qui enchaîna directement ne se laissant pas démonter.

« Ah, tu as aussi promis à Sega de manger avec elle ? Je pensais qu'on allait finalement pouvoir goûter les éclairs de Mme Martin ! » Matthias fronça les sourcils en lui jetant un regard morne. « Mais j'ai rien promis du tout ! » Finit-il par lâcher mi- agacé, mi- consterné. Puis, bon, il ne voulait pas passer à côté de ces fameuses pâtisseries à cause d'une simple querelle de fille dont il n'en comprenait vraiment pas les fondements. Puis, Pietra s'avança vers eux, de nouveau il aurait bien aimé reculer, être la proie de ce genre d'animal n'était pas du tout dans ses événements favoris, pire, il se sentait presque traqué, le chasseur n'avait pas l'habitude d'être chassé. Sa main glissa sur son seul bras libre, il se sentait complètement emprisonné, ses doigts se crispèrent dans ses poches. La situation était grotesque.

« Mais je suis sûre que Sega se joindra volontiers à nous, enfin, si son régime le lui permet... » Il eut un mouvement de tête. C'était malsain de la part de Pietra qu'il voyait sous un nouveau jour, non pas que ça lui déplaisait mais, ce comportement était étonnant. Elle ferait certainement une chasseuse terrible. Presque malgré lui il attendait que la demoiselle à sa droite réponde, mais Pietra coupa court à son attente lançant un : « Alors? » Il en avait marre, il se défit des jeunes femmes dans un haussement d'épaule. Il se posta en face d'elles, les lèvres pincées, il toisa une à une les deux jeunes filles qui se donnaient en spectacle devant lui et le reste des passants du couloir.

- Moi je m'en fiche, elle peut venir, tu peux venir, vous faites ce que vous voulez, tout ce que je veux c'est  aller déjeuner si vous me le permettez. Il se sentait déjà un peu libéré, bien que, son cerveau lui criait de partir en courant s'il voulait vraiment manger en paix.

One is the loneliest number

Somewhere in the ancient, mystic trinity, three is a magic number.

Matthias avait l’air de plus en plus mal à l’aise face aux deux brunes, et vu son tempérament, il risquait de ne pas pouvoir tenir encore longtemps. «Mais j'ai rien promis du tout ! » Et Sega qui la regardait comme si elle avait gagné. Si t’avais réfléchi un peu, imbécile, t’aurais compris que Matthias se défend d’avoir promis quoi que ce soit, à Pietra comme à toi, donc c’est match nul. Mais bon, si elle voulait continuer à espérer contre toute raison, elle n’allait pas l’en empêcher.  Le pire, dans cette histoire, c’est que Pietra s’en fichait royalement, de si Matthias et Sega allaient danser le tango horizontal ou non. C’était l’idée que l’autre ne lui vole entièrement la compagnie du chercheur qui l’insupportait – déjà qu’elle ne pouvait visiblement pas accepter de voir quelqu’un d’autre en compagnie de Niall, elle imaginait Sega comme une harpie jalouse et hyper possessive, incapable d’accepter que les hommes fassent attention à une autre femme qu’elle. Et si vous aviez idée d’à quel point il était difficile de trouver un camarade de déjeuner qui acceptait – ou plutôt supportait – qu’elle pique dans son assiette, vous sauriez pourquoi Pietra n’était pas prête de le lâcher.

Pietra arrêta un geste de recul lorsque Sega se pencha vers elle, visiblement vexée. Ding ding ding, round one ! Le premier coup avait fait mouche. «Oh ne t'inquiètes pas. Je pratique assez de sport pour ne pas m'inquiéter de cela, contrairement à certaines personnes. Plein de sport différent, d’intérieur et d’extérieur. » « C’est vrai ?  Ça ne se voit pas. » C’était sorti avec une innocence et une admiration si faussée qu’elle aurait fait grincer un enfant. A chaque instant qu’elle passait en compagnie de Sega, la brune sentait qu’elle glissait sur une pente de plus en plus visqueuse, et ce qui l’attendait en bas ne l’enchantait pas tellement. Le regard de Matthias lui rappela un instant que cette méchanceté n’était pas une facette de sa personnalité qui sortait régulièrement, mais c’était plus fort qu’elle. Voyant qu’il n’obtiendrait visiblement aucune excuses, l’homme lâcha : « Moi je m'en fiche, elle peut venir, tu peux venir, vous faites ce que vous voulez, tout ce que je veux c'est  aller déjeuner si vous me le permettez. » C’est tout ce qu’elle demandait, aussi. Elle retira la main de son bras poliment, consciente que si elles s’accrochaient toutes deux, Callahan ne ferait que partir en courant. Sega, elle, ne comprit pas et se recolla aussitôt à son bras, riante et souriante comme un âne. Trop sexy, vous dis-je. « Allez viens Pédro, on ne va quand même pas faire attendre cet homme affamé. » Pedro toi-même.  Elle avait l’air d’un Sud-Américain dans la quarantaine, peut-être ? Mais Pietra ne montra rien, et leur emboîta le pas tranquillement, proche de Matthias sans tenter d’entrer en contact.

Les dix minutes de marche jusqu’à la boulangerie furent parmi les plus tendues de sa vie.  Entre Sega qui pépiait comme un canari en cage, convaincu que s’il chantait assez on lui donnerait quelques petites graines, les brèves paroles de Matthias et Pietra qui se contrôlait pour ne pas céder encore plus à l’envie de sortir ses quatre vérités à l’importune, l’ambiance était… charmante. Mais même la présence de Sega n’était suffisamment forte pour ruiner la bonne odeur de pain frais qui émanait de la boutique, et Pietra décocha un sourire sincèrement joyeux à Matthias en ouvrant la porte. Les yeux collés sur les pâtisseries et autres friandises alléchantes qu’une maigre vitre séparait d’elle, elle s’adressa enfin aux deux autres. « Chacun prend ce qu’il veut, ou est-ce que l’on choisit  pour partager ? » Puis, à l’adresse de l’autre femme, brusquement sérieuse : «Tu n’as pas d’allergies, au moins ? » Empiéter sur son territoire et l’empêcher de prendre l’éclair à la noisette parce qu’elle était allergique aurait vraiment été le premier crime impardonnable de Sega.

Stay alone for your tiny heart.

Les lèvres pincées il oscillait entre tourner les talons et leur fausser compagnie ou rester, là à attendre patiemment qu'elles se décident pour ne pas abandonner sa compagne de repas. Cet élan d'humanité ne lui ressemblait pas, comme de s'empêtrer dans une situation pareille. Après que Sega se soit penchée vers Pietra, un air semi-provocateur sur le faciès. Il décida finalement de reculer, l'heure tournait rapidement et il en avait marre de perdre son temps avec des idioties pareilles. Il avait à peine relevé l'allusion de la jeune femme sur son appétence sur les sports d'intérieur, il saurait simplement s'en souvenir prochainement, en temps voulu.

Puis la demoiselle décida finalement de nouveau s'approcher de lui pour s'accrocher à son bras gauche. Il lui semblait ne jamais avoir eu un accessoire plus sexy avec lui. « Allez viens Pédro, on ne va quand même pas faire attendre cet homme affamé. » Il jeta un coup d’œil entendu à sa collègue pour qu'elle les suive. La route jusqu'au lieu désiré fut des plus tendues, pour les jeunes femmes. Lui il s'était contenté de garder le silence, le regard droit et fier. Il réfléchissait déjà à quoi manger tout en évitant soigneusement d'éviter le regard des deux jeunes femmes. Or, c'était inévitable, quand Pietra ouvrit la porte de la boulangerie, il ne put s'empêcher de plonger, par habitude, directement son regard vers elle, une expression de contentement sur le visage.

Le jeune homme laissa les senteurs s'engouffrer dans ses narines. Rapidement ses yeux se perdirent sur les sucreries, sans même songer au corps de son repas. La voix de Pietra le ramena brutalement à la réalité, c'est-à-dire : Entouré, de deux autres êtres humains potentiellement perturbateurs pour ses futurs projets.

« Chacun prend ce qu’il veut, ou est-ce que l’on choisit  pour partager ? Tu n’as pas d’allergies, au moins ? »Il cligna des yeux et baissa son regard bleuté sur la demoiselle encore suspendue à son bras. Avait-elle était percutée par l'attention de son apparente ennemie ou était-ce encore une manœuvre pour lui lancer en pleine tronche une pique assassine ? Il ne comprenait pas grand-chose aux femmes et leur vilenie commençait un peu à l'interpeller. C'est pourquoi, il ne crut pas du tout à l'expression innocente et angélique qu'affichait actuellement sa collègue de travail.

- Je pense que je vais choisir quelque chose tout seul. Matthias avait finalement tranché. Il avait glissé ses mains dans ses poches, l'air tranquille. Il s'en fichait complètement de leur avis, elles pouvaient très bien partager quelque chose toutes les deux si elles le voulaient vraiment. Il s'avança vers la vitrine, silencieusement il était déjà en train de choisir le contenu de son futur repas. Il ne leur portait plus une très grande attention, il le faisait sciemment. Peut-être qu'elles finiraient par se lasser de lui. Au moins pour aujourd'hui, les autres jours, séparément, ils savaient qu'à leur manière elles pouvaient être complètement intéressantes, si on choisissait le bon point de vue. Pietra, lui apportait un peu de chaleur chaque midi et quelques soirs quant à Sega... Il n'avait pas encore eut l'occasion de comprendre et tester ce qu'elle pouvait lui apporter, mais, vu son engouement et son côté extravertie, il ne tarderait pas à le savoir. Il se gratta l'oreille droite en fronçant les sourcils, laissant peut-être, apparaître furtivement une petite gêne sur les traits de son visage, un petit sourire malin s'étant glissé sur le bord de sa bouche.

One is the loneliest number

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« Je pense que je vais choisir quelque chose tout seul. » Pietra ne s’était pas vraiment attendue à une autre réponse de la part de Matthias. Il était déjà suffisamment difficile de le forcer à communiquer et de la laisser piquer dans son assiette quand il était de bonne humeur, mais après les vingt dernières minutes qu’elles venaient de lui infliger, il était visiblement encore plus maussade que d’habitude. Du grognon concentré, à approcher avec précaution. Il ignorait soigneusement Sega et elle, même si un étrange sourire venait de se glisser sur son visage, inquiétant Pietra mille fois plus que s’il avait conservé son expression d’éternel mécontent. Heureusement, la présence agaçante de l’autre brune fut suffisante pour l’empêcher de trop y réfléchir – celle-ci, pensant sans doute qu’elle décontenancerait Pietra en acceptant son offre maintenant que Matthias l’avait refusée, venait de prononcer ces paroles : « On a qu'à partager, choisis donc. » Sourire hypocrite.

C’était sans compter que Pietra adorait partager. Plaisir étrange, surtout vu sa gourmandise, mais elle avait depuis sa plus tendre enfance l’habitude de donner la moitié de ce qu’elle avait à Gee’ et vice-versa, de façon à ce que le geste lui donne toujours du réconfort. Sega n’était peut-être pas sa camarade de choix – sauf s’il avait fallu partager un bol de M&M’s empoisonné, là elle l’aurait nommée en première, sans se poser de questions -  mais c’était le rituel qui comptait. Et si en plus elle pouvait choisir… Sega n’ayant pas précisée d’allergies, Pietra désigna instantanément deux éclairs à la noisette, qu’elle convoitait depuis son entrée dans la boulangerie. Après beaucoup de délibérations, elle ajouta aussi une petite quiche au chèvre et aux tomates séchées, ainsi qu’un fraisier et une tartelette aux abricots. Elles ne risquaient pas de mourir de faim, avec ça. Tandis que la boulangère emballait le tout, Matthias fit son choix, et Pietra ne pu s’empêcher de poser sa main sur son épaule lors qu’il passa à côté d’elle, là où elle savait très bien qu’il avait encore un souvenir de la nuit passée.

Sur un coup de tête, Pietra paya pour tout, ignorant le regard confus que son collègue lui jeta. Elle savait très bien qu’offrir le déjeuner à Sega après avoir très clairement fait sentir son hostilité envers la jeune femme était des plus bizarre, mais être continuellement mesquine et agressive lui demandait plus d’énergie qu’elle n’avait envie de dépenser. Si Sega l’irritait vraiment trop, elle finirait par lui « suggérer » d’aller voir ailleurs si elle y était. Un sourire s’esquissa discrètement sur son visage – pour une fois, son pouvoir pourrait servir à autre chose qu’à lui compliquer la vie. Les sacs en mains, le trio transporta son précieux chargement jusqu’à la cantine du laboratoire, où ils n’eurent aucun mal à trouver une table vide. Sans adresser d’autre mots qu’un « Bon appétit.» à ses camarades, Pietra déballa la quiche et la trancha d’un coup en deux, non sans jeter un léger sourire en direction de Sega. Si tu ne fais pas attention, ma chérie, c’est ta main qui y passe.