i. êtes-vous originaire de radcliff ?
      Non. Elle a été originaire de beaucoup d'endroits, mais jamais de Radcliff. Elle a été française, anglaise, australienne, canadienne.. Mais c'est bien la première fois qu'elle met les pieds à Radcliff.. Et peut-être pour peu de temps. Qui sait combien de temps mettront-ils à mettre la main sur elle cette fois-ci ? Oh, elle ne parle même pas des hunters, même s'ils sont souvent dérangeants, mais du gouvernement chinois qui la traque. Heureusement, elle sait maintenant devenir presque invisible et cela fait déjà huit mois qu'elle est à Radcliff.

      ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
      Régulièrement oui. Dans plusieurs pays d'ailleurs, même s'ils se font appeler différemment selon les frontières que l'on passe. En France, l'un d'eux est sorti avec elle pour pouvoir la tuer dans son sommeil plus facilement. Depuis, elle se méfie d'autant plus. Elle fait plus souvent semblant de faire confiance et n'aime pas trop la proximité avec les humains.

      iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
      Tous les jours. Elle ne peut s'empêcher de le faire. Son instinct de survie tout entier repose sur son don, sans lui elle serait morte il y a bien longtemps. D'ailleurs, ayant appris à vivre avec, elle ne saurait s'en passer ou comment faire pour l'ignorer. Elle est mutante, son don est une partie de ce qui la définie, pourquoi voudrait-elle ne pas s'en servir ?

      iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
      Non, sinon les hunters ne seraient plus. Et les programmes secrets gouvernementaux comme celui de Chine n'éxisteraient pas. Les mutants ne sont pas des bêtes de foire mais des être vivants. Pourquoi accorder plus de crédit à un panda qu'à un mutant ? Bientôt les choses vont dégénérer, ça elle le sait.

13 août 1992, 17h00.
Sujet : CHANG Anzu (27ème spécimen)
Circonstances : Décès de la mère qui semble faire suite à une crise d'angoisse du sujet ayant déclenché chez ce dernier un automatisme de protection.
Tu n'avais que cinq petites années de vie et tu ne savais pas où tu étais. Tu avais peur. Tu ne savais pas où étaient tes parents. Tu ne pouvais pas crier, même si tu le voulais car tu avais l'impression que l'air ne passait plus dans ta gorge. Tu as du mal à te rendre compte de ce qu'il se passe. Tu as peur et seul ce sentiment contrôle ton corps. Tu veux sortir, mais tu devines que la seules porte que tu vois dans cette pièce immaculée est fermée à double tours.. Puis tu entends un clé. Une poignée qui bouge, une porte qui s'ouvre. Un homme d'une quarantaine d'année et tout sauf chinois, entre dans la pièce. Seul. Les gardes dehors semblent avoir peur de toi, mais pas lui. Pas cet homme qui porte fièrement son costume trois pièces. Bonjour, je suis le Docteur Reyes. C'est là que commence ton cauchemar, mais tu ne le sais pas encore vraiment. Sais-tu ce qu'il s'est passé ce soir ? Tu hoches la tête négativement. Les choses ont été trop vite. Les évènements étaient flous et tu étais jeune. Écoutes.. Ta maman est morte. Je suis désolé. C'est de cette façon que nous avons découvert tes capacités. Et nous allons t'aider à les contrôler pour que plus tard tu puisses nous aider à construire un monde meilleur.. Je veux voir ma maman, et mon papa..


Mais tu ne les reverras jamais. Tu t'entraîneras chaque jour, adhérant de plus en plus à la théorie du Docteur Reyes. Oui, tu seras la meilleure et tu seras le prochain pas vers la paix. Oui, tu seras quelqu'un de bien. Oui, tu seras la prochaine étape de l'évolution. Jusqu'au jour où tu rencontres Aïko. Tu avais dix ans et il en avait douze. Alors qu'avant tu n'avais pratiquement jamais vu d'autres jeunes, ton âge te permettait enfin d'en croiser. L'entraînement changeait de rythme : maintenant tu devais apprendre à te battre comme d'autres comme toi..
Mais Aïko refusait de se battre. Il refusait de se plier au règlement et tu ne comprenais pas pourquoi. Ici, on vous protégeait, on s'occupait de vous, on vous entraînait à être de meilleures personnes. En fait, tu n'avais que très peu de souvenirs de ta vie avant le Sanctuaire. Tu n'avais que très peu d'éléments de comparaison avec maintenant. Contrairement à Aïko qui n'était là que depuis deux ans. Mais toi, et d'autres avaient commencés à écouter son discours et à y croire.. Alors, lorsque tu as eu douze ans, toi et neuf autres ont tenté l'évasion..


Aujourd'hui. 4 août 2014, 2h00.
Aïkoooooooooooooooooo.. Tu vois qu'ils l'ont eu. Qu'il ne pourra pas venir avec toi. Que tu dois l'abandonner. Tu ne le veux pas, mais tu n'as pas le choix. Vous vous l'êtes promis, si l'un d'entre vous est prit, vous avancez quand même. Le but de votre mission est de vous évader. Que le plus possible s'évade. S'il est attrapé, tu dois avancer. Des cris retentissent, tu entends Aïko, mais pas seulement. D'autres ont été prit. D'autres sont condamnés à  y rester. A continuer l'entrainement. A devenir des soldats secrets du gouvernement. Anzuu ! Sa voix te déchires et tu te réveilles en sursaut, tombant de l'armoire sur laquelle tu dors. Heureusement, tes réflexes reptiliens t'aident à te réceptionner. Tes yeux s'accoutument à l'obscurité de ton appartement et tu te diriges vers la cuisine pour boire un grand verre d'eau. Tu sais que tes yeux ne sont plus que deux fentes et tu souris à cette idée. Tu aimes ce que tu es mais tu te hais de n'avoir jamais fait demi-tour pour Aïko et les autres. Vous vous l'étiez promis, certes, mais tu avais aussi trop peur pour cela et tu ne voulais pas vraiment te l'avouer..

Un cri retenti dans l'appartement. Comme toujours, tes réflexes précèdent ta pensée et tu bondis vers les couteaux.. Mais tu te rends compte que ce n'est que ta fille : Maï. Elle est ton soleil, ta vie. Elle est celle pour qui tu t'es installée plutôt que de continuer à vadrouiller. Mais elle pourrait aussi être ta perte. Tu avances vers la porte de sa chambre et va la chercher dans son lit. La serrant contre toi tu lui chantes cette berceuse qui vient des tréfonds de tes souvenirs, des tréfonds de ton âme. Elle se calme alors et tu te dis que peut-être ils ont enfin arrêté de te chercher. Qu'enfin tu vas pouvoir te poser. Que la mort de Henry, deux ans plus tôt, en France, ne seras pas veine. Tu recommences à espérer et peut-être n'est-ce pas la meilleure chose à faire.