Tell me who you were and I'll tell you who you'll be

loeven & zola

La douche avait eu pour effet de la réveiller, elle était habituée à la prendre de bon matin afin d'émerger plus rapidement. Mais la fatigue persistait à la suivre dans tout ce qu'elle faisait. La tête posée sur le canapé, elle n'avait même pas remarquée que Loeven s'était levé afin de lui laisser une place. Pendant un long moment, ils restèrent silencieux. Comme si enfin, après tout ce qu'il venait de se passer, ils réalisaient qu'ils n'étaient que deux inconnus. Jouant avec une mèche de cheveux rebelle s'étant détachée de son chignon, Zola cherchait désespérément un sujet de conversation. Elle finit par briser le silence qui s'était installé entre les deux jeunes gens.

- Mon nom de famille c'est Peppermint au fait... J'ai oublié de te le dire, dit-elle.

Elle se redressa et se hissa à la force de ses petits bras sur le canapé, à l'opposé de Loeven. Alors qu'il y a de cela deux heures, elle cherchait à tout prix à se rapprocher de lui pour des raisons de sécurité et de calmement, elle se montrait maintenant distante. Elle mesurait enfin les conséquences de ses actes. En quoi elle n'aurait jamais dû quitter sa petite ferme, jamais dû venir à Radcliffe. Elle ne connaissait pas Loeven, elle n'aurait peut-être pas dû lui dire son nom après tout. Mais c'était plus fort qu'elle. Il avait ce quelque chose qui la faisait se sentir chez elle. Même si son corps lui hurlait de s'endormir, elle avait besoin de parler, de penser à autre chose qu'à cette soirée mouvementée. Lorsqu'elle prononça Peppermint, son coeur se serra. Elle aurait voulût lui dire son vrai nom mais en était incapable.

- Je connais pas du tout Radcliffe, enfin si, mais je viens d'arriver... continua-t-elle.

Elle ne savait pas pourquoi elle lui disait tout cela, mais ces mots sortaient tout seul. Peut-être que la fatigue l'empêchait de réfléchir, de se dire qu'elle devrait se taire ?

- En fait, j'ai habité ici il y a longtemps... hésita-t-elle, avec mes parents. Ils avaient toujours vécu ici eux.

En utilisant le passé, elle savait qu'il comprendrait qu'ils n'étaient plus des leurs. Pour la première fois depuis des années, elle sentait qu'elle pouvait tout raconter. Ou presque.

- Ils sont morts, dit-elle doucement, de manière presque inaudible comme si elle taisait encore la vérité.

Elle leva les yeux au ciel, cherchant le courage d'enfin parler à quelqu'un qui avait l'air de confiance.

- À cause d'un hunter. Ou deux. Je me souviens que d'un seul. Ça s'est passé vite, avoua-t-elle.

- Trop vite, ajouta-t-elle plus pour elle même que pour Loeven.

Tout en parlant, elle jouait nerveusement avec sa mèche de cheveux, ne posant pas une fois le regard sur le garçon.

- Du coup je suis partie, et me revoilà ! Finit-elle par conclure, évasivement.

Elle avait beau se confier à Loeven d'une manière ou d'une autre, elle n'était pas encore capable d'accepter la suite de son histoire. Ni même de la raconter. Elle bâta des cils, tentant de sécher ses yeux humides. Puis elle se tourna enfin vers Loeven qu'elle regarda pour la première fois depuis de longues minutes. Elle lui accorda une nouvelle fois un sourire qui se voulait franc, amical.

- Voilà, c'était mon histoire, plaisanta-t-elle. Cool, n'est-ce pas ?

Elle lâcha un micro-rire qui s'éteignit au même moment.

- Pourquoi je te raconte ça moi....

Zola se frotta le visage, comme pour se réveiller. Mais passa maladroitement ses doigts sur la plaie de sa joue.

- Aïe ! murmura-t-elle.

C'est un peu mourir boy, sous ces étoiles.

Loeven ∞ Zola

Loeven était assis près d’elle les genoux ramenés vers lui, mais cette position le fit souffrir alors il remit les pieds à terre. Ils ne se regardaient pas, on aurait peut-être même cru que c’était un pacte entre les deux. Ils voulaient oublier. Certainement oublier leurs vies pendant un instant, oublier la vie qui n’était pas simple, si difficile. Ils s’étaient tût dans un silence mutuel mais elle le brisa. Elle lui raconta sa vie, sa triste vie. Ces vies qu’on ne lit que dans les romans tristes avec des noms comme « Elle s’appelait Sarah. » ou encore « La ligne verte. » Des vies brisées qui divertissaient souvent les personnes qui les lisaient, ces mêmes personnes qui pleuraient sur le sort de ses personnes qui pouvaient être leurs voisins. Tellement d’horreur étaient commise à quelques pas de chez nous, mais nous n’ouvrions jamais les yeux.

Comme Loeven s’est parents étaient morts, pas les mêmes raisons, non les raisons c’étaient les mêmes que celles qui avaient tuées Lyanna. Jamais Loeven n’avait pu réellement se remettre de la mort de sa sœur. Jamais il n’avait su comment lui dire aurevoir, il n’avait pas eu le temps.

Pour ne pas gêner la jeune femme dans son récit, il vint poser sa main sur celle de la jeune Zola Peppermint, orpheline dès l’aube, pour des hunters avides de sang. Loeven la regardait rire, ce rire faux qui n’était rien. Elle tentait de sortir sa tête de l’eau mais rien y faisait, les démons de son passé venaient lui saisir les chevilles pour la replonger dans les abysses de l’eau noire.
« Il y a fort longtemps j’ai perdu plus de la moitié de ma famille. Petit à petit, pas tout d’un coup en fait. » Il fit une pause, regarda droit devant lui. « Mes parents sont partis les premiers, accident de voiture, on était gosses. Puis c’était au tour de Ly, des hunters aussi. Tout est arrivé si brusquement qu’on n’eut jamais su si nos parents avaient le gêne ou non. Bref, je comprends ce que tu vis, c’est pour ça que je t’ai aidé. » Il n’avait pas précisé combien ils avaient été d’enfants, ni même si Ly était un garçon ou une fille. Loeven était toujours évasif vis-à-vis de son passé. Il n’aimait pas le ressasser à tout bout de champs, même si c’était ce qu’il faisait le plus souvent. « Tu devrais faire plus attention, ils sont partout, ils s’en prennent à nous par pur plaisir et non comme une sorte de traques. Ce sont des sadiques et vaut mieux se trouver rapidement des alliés que des ennemis. »

Il s’était arrêté de parler et avait pris un élastique pour lier sa chevelure en arrière. Maintenant vêtu d’un jogging, d’une veste assez large et d’un débardeur blanc qui montrait le peu de forme qu’il pouvait y avoir. Il n’était pas séduisant, il n’était pas moche non plus. Il n’était pas charmant ou encore charismatique pour le coup. Il était simplement Loeven près des minuits. Sasha n’avait pas l’habitude de voir son colocataire ramené des filles. Ça serait une grande première pour les deux jeunes hommes.

«T’as peut-être soif ou faim ? Je suis désolé, j’oublie souvent ce genre de banalités…»

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loeven & zola

Lorsqu'il posa sa main sur la sienne, Zola en saisit immédiatement quelques doigts sans même se poser de questions. Sa main était si fine et petite par rapport à celle de Loeven qu'on aurait dit une main d'enfant. Ce qu'en un sens elle était. À mesure qu'elle parlait, elle serrait inconsciemment les doigts du jeune homme, comme pour se donner force et courage. Comme pour avoir un point d'attache qui la ramenait à la réalité alors qu'elle se plongeait de son propre chef dans son sombre passé.

Elle finit par lâcher prise pour se frotter le visage, effacer d'anciennes larmes qui n'avaient coulées qu'autrefois. Jamais elle n'avait eu le temps de dire au revoir à ses parents et parler d'eux de cette manière semblait irréel. Zola soupira, relâcha la pression. Elle devait sourire, voir la vie du bon côté. Au moins elle était vivante. Loeven prit subitement la parole. Elle l'écouta parler le coeur serré, l'estomac noué. Jamais elle n'avait voulu le forcer à se confier comme elle l'avait fait. Si elle s'était confiée, c'était par pure stupidité. Elle l'écouta attentivement, ils avaient chacun beaucoup perdu. Elle, sa famille toute entière, lui, ses parents et un membre de sa fratrie. Peut-être avait-il encore un frère ? Une soeur ? Elle s'imagina un instant posséder une soeur et se rappela d'Emma, sa "demie-soeur". Celle qui l'avait trahi. Ses mâchoires se serrèrent brutalement, comme si elle réprimait un cri. Elle continua néanmoins à écouter Loeven. D'une oreille attentive, elle buvait ses paroles. Zola se rapprocha de lui sur le canapé sans pour autant tenter quelque chose. Elle n'osa pas lui prendre la main comme il l'avait fait quelques minutes plus tôt, elle restait seulement assise près de lui, son épaule contre la sienne. Elle voulait juste qu'il comprenne par ce rapprochement qu'elle compatissait, plus encore qu'elle comprenait ce que cela faisait d'avoir sa vie brisée.

- Tu devrais faire plus attention, ils sont partout, ils s’en prennent à nous par pur plaisir et non comme une sorte de traques. Ce sont des sadiques et vaut mieux se trouver rapidement des alliés que des ennemis.

Elle leva les yeux vers ceux de Loeven, surprise par ce changement de conversation. Pendant un moment, elle réfléchit, la mine fermée. Puis elle fronça les sourcils et lui répondit.

- Tu crois qu'ils me traquent ? Je veux dire, je viens d'arriver, j'ai pas de maison, pas d'appartement, je connais même personne. Comment ils pourraient savoir que je suis là ?

Puis elle repensa à Emma. Putain d'Emma qui l'avait balancé. Peut-être que les hunters avaient fait le lien entre elle et Ernestine Waterfall, peut-être qu'ils savaient qu'elle retourneraient à Radcliffe. Peut-être qu'ils savaient même qu'elle se trouvait chez Loeven.

- T’as peut-être soif ou faim ? Je suis désolé, j’oublie souvent ce genre de banalités…

Zola n'écoutait plus, elle se demandait si elle devait rester ou partir. Si jamais ils la traquaient, peut-être qu'ils finiraient par remonter à Loeven. Alors lui et son colocataire finiraient broyés comme ses parents. Et tout serait de sa faute à elle, qui n'avait pas été assez maline pour se cacher comme il le fallait. Elle leva la tête vers Loeven après quelques secondes.

- Hm ? Non, non c'est pas grave, je ne veux pas abuser de ton hospitalité, commença-t-elle la gorge sèche, mais je veux bien un verre d'eau s'il te plait...

Zola était encore perdue dans ses pensées, elle avait souvent la tête dans la lune. C'était un de ses traits de caractère que les gens lui connaissaient le plus. Toujours ailleurs, dans les nuages. Des frissons parcoururent ses bras, sa petite robe d'été ne lui apportait aucune chaleur. Elle aurait préféré porter un jogging et une grosse veste comme Loeven, mais le sac qui contenait ses affaires personnelles était dans un casier à la gare à plus d'un quart d'heure de route. Elle regarda autour d'elle à la recherche d'une veste laissée sur un chaise ou d'une couverture sur un fauteuil, rien. Zola s'adressa finalement à Loeven.

- Dis, est-ce que je peux avoir une veste, ou un plaid, s'il te plait ? Mes affaires sont encore à la gare...

C'est un peu mourir boy, sous ces étoiles.

Loeven ∞ Zola

- Tu crois qu'ils me traquent ? Je veux dire, je viens d'arriver, j'ai pas de maison, pas d'appartement, je connais même personne. Comment ils pourraient savoir que je suis là ?
Elle avait l’air paniqué, elle avait toujours l’air paniqué, à croire qu’elle n’avait vécu que dans la peur depuis le début de sa vie et Loeven secoua la tête de gauche à droite. « Je te dis juste de te méfier, les hunters sont des gangsters mais ils se cachent parfois aussi sous les jupes d’une gentille petite étudiante. » Loeven ne voulait pas qu’elle revienne un soir, en sang, battue, la peau sur les os, torturée ou affamés par l’un de ses vils hunters. C’était comme s’il savait déjà qu’il garderait un œil sur elle pendant son passage ou sa vie à Radcliff.

Il lui demanda si elle avait soif question de politesse peut-être. - Hm ? Non, non c'est pas grave, je ne veux pas abuser de ton hospitalité, commença-t-elle la gorge sèche, mais je veux bien un verre d'eau s'il te plait... Il eut un petit sourire et prépara pendant quelques instant sa petite rhétorique. « Tu ne veux pas abuser mais un peu d’eau ? » Il voulait détendre de l’atmosphère, la faire sourire, pour de vrai, le faire un peu oublié. « On est pas vraiment des buveurs d’eau, puis je vais pas te donner l'eau du robinet, ils ont peut-être  foutu du poison dedans... On a du soda, de la bière, de la bière et du soda. » Il regardait dans le frigo qu’il venait d’ouvrir. Pour lui, c’était déjà simple, ses yeux s’étaient comme éclairés en voyant les bières, il s’en sortit deux plus un soda pour la jeune femme. Il ne la voyait pas boire, elle avait l’air bien trop innocente. Après avoir jeté un œil à la jeune femme il les prit dans ses mains et revint. « Tiens. » Il lui tendit les deux boissons pour voir laquelle, elle allait prendre. L’autre serait pour ses côtes et faire diminuer cette douleur qui le lançait toutes les deux minutes.

- Dis, est-ce que je peux avoir une veste, ou un plaid, s'il te plait ? Mes affaires sont encore à la gare... Il pouffa de rire en retirant sa veste. Pour le moment, il n’allait pas dormir, autant lui prêter avant qu’elle n’aille dormir dans son lit bien douillé. Putain ce qu’il était gentil et naïf, défendre une inconnue, lui laisser son lit, se battre pour elle. Tout ça n’était pas dans le comportement du beau brun. Peut-être changeait-il pour devenir aussi tête brulée que son frère ? Personne ne savait, personne n’en saurait rien.

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loeven & zola

- Je te dis juste de te méfier, les hunters sont des gangsters mais ils se cachent parfois aussi sous les jupes d’une gentille petite étudiante.

Zola prit bien en compte les indications de Loeven. Peut-être cela lui servirait un jour, qui sait ? Même si, franchement, elle avait du mal à imaginer une étudiante lui courir après comme l'avait fait cet homme auparavant. Ce n'était pas comme si les hunters subissaient un entrainement après tout. Elle était naïve, vivre dans un endroit peuplé principalement de vaches l'avait surement protégé de la cruauté de la vie. Surtout de celle de Radcliff.

- Je note, je note, lui dit-elle afin qu'il sache sa prise en compte.

Elle le regarda se lever péniblement, toujours cette main sur ses foutues côtes. Elle avait mal pour lui, puis, intérieurement, un peu peur qu'il ne se soit vraiment fait mal. Il avait la gentillesse de plaisanter avec elle, comme s'il savait qu'en ce moment même elle était plus bas que terre. Il réussit à lui décrocher plus qu'un sourire, un petit rire franc, un vrai.

- Tant que ça ? Du poison dans l'eau du robinet ? C'est un peu hardcore quand même.

Puis elle repensa à ce qu'il s'était passé auparavant. Pas si hardcore que cela. En l'espace de deux jours, on avait réussit à la traquer, la suivre, l'agresser physiquement. Alors qu'elle, en deux jours, elle n'avait même pas eu le temps de reprendre ses affaires à la gare. Zola sourit au garçon lorsqu'il lui tendit les deux boissons et se dirigea automatiquement vers le soda. Elle n'avait jamais vraiment aimé la bière, trop amer à son goût. Elle le remercia et le regarda s'asseoir à côté d'elle, ramenant la deuxième bière vers ses côtes. C'était trop. Elle se sentait de plus en plus coupable.  

Il finit par lui donner sa veste, tout en riant, ce qui était assez étonnant. Mais elle appréciait la gentillesse de Loeven, son altruisme, sa profonde empathie. Elle ne le connaissait pas mais avec l'impression de le connaître depuis des années. Elle attrapa sa lourde veste et l'enfila rapidement, s'emmitouflant dans cette veste assez grande pour lui faire une robe, ou une tunique à la limite. Elle rigola lorsqu'il lui fallut retrousser les manches au moins cinq fois pour enfin voir le bout de ses doigts. À nouveau, elle le remercia mais ne pouvait s'empêcher de fixer ses côtes, sur lesquelles Loeven maintenait une bouteille de bière. Après avoir bu quelques gorgées, elle posa sa cannette sur la table basse et se tourna vers le garçon. Du bout des doigts, elle effleura la bouteille.

- Je suis vraiment désolée, tu as mal ? S’inquiéta-t-elle. Tu devrais peut-être mettre une poche de glace, ou un sac congelé à la limite, puis prendre des médicaments ou quelque chose du genre, si ça se trouve, tu t'es cassé une côte à cause de moi...

Encore une fois, Zola parlait trop. Elle s'inquiétait trop. Mais elle ne voulait de mal à personne, elle ne voulait que le bien de Loeven.

- Tu vas travailler dans cet état demain ?, commença-t-elle.

Puis elle se souvint de la porte de la pizzeria.

- Et ton patron ? Qu'est-ce qu'il va dire en voyant les dégâts ?

C'est un peu mourir boy, sous ces étoiles.

Loeven ∞ Zola

Loeven essayait surtout de lui faire oublier tout ce qui les avait unis aujourd’hui. Il tentait de la faire rire au possible. Il avait totalement exagéré la situation de l’eau empoisonnée. Assis au côté de cette jeune femme, il vint ouvrir rapidement sa boisson. Il fit tinter le haut de sa canette avec celle de la jeune femme. Avant de venir poser le goulot sur sa cannette au niveau de sa lèvre inférieur et laisse la liquide emplir sa bouche avant d’avaler. C’était une belle gorgée, assez pour se désaltéré. Il aimait ce gout sucré qu’avait cette boisson mais avait pour horreur la mousse de cette dernière.

Les mouvements qu’il faisait lui faisaient toujours souffrir. Il avait donc appliqué la seconde bouteille sur sa plaie. Loeven avait zieuter cette plaie avant que Zola ne vienne et il était sacrément amoché, un beau bleu plus gros que la taille d’un point venait bleuter le flanc gauche du jeune homme.

- Je suis vraiment désolée, tu as mal ? S’inquiéta-t-elle. Tu devrais peut-être mettre une poche de glace, ou un sac congelé à la limite, puis prendre des médicaments ou quelque chose du genre, si ça se trouve, tu t'es cassé une côte à cause de moi...

« J’suis un dur moi ma ptite. » Dit-il avec une voix grave feignant d’être un motard de plus de la soixantaine. Ça ne marchait pas, il avait plutôt l’air ridicule mais après tout c’est ce qu’il cherchait à faire. « On m’a appris à laisser passer les bleus c’est mieux. » renchérit-il en reprenant sa voix masculine qui avait mué depuis longtemps.

- Tu vas travailler dans cet état demain ? demanda-t-elle prête encore une fois à se fondre dans un tas d’excuses et peut-être même de pleurs. « Oui, je roule simplement, fais le gars poli, prends l’argent et repars pour d’autres aventures, je n’ai pas à me plier dans tous les sens. Puis, qui payerait ma part ici ? »

- Et ton patron ? Qu'est-ce qu'il va dire en voyant les dégâts ? Ah, elle se rappelait de ça. Il prit une mine horrifiée pour lui faire peur puis pouffa de rire. « Je l’ai appelé avant de venir ici, disant que mon frère avait vu un junkie défoncé la porte certainement pour voler quelque chose mais que l’argent n’avait pas été dérobé au final. Il a compris, fin de l’histoire. Ça doit rester entre toi et moi… »

Il avait cette habitude de jouer avec ses doigts sur son genou lorsqu’il pensait ou qu’il s’ennuyait. Reprenant un peu de sa boisson, il la regarda. « Ne t’inquiète pas. Tu n’es plus seule maintenant. » dit-il en venant passer une main sur la joue de la demoiselle. Il s’installa au fond du canapé. « Tu peux rester ici le temps que tu veux, on ira chercher tes vêtements demain d’accord ? Pour le moment, tu peux prendre ce que tu veux dans mon armoire, même si ça ne doit pas être ton style mais au moins tu auras quelque chose de plus chaud sur le dos. »

La traque, la protection des autres, la bagarre ça n’avait jamais été dans le quotidien du jeune homme. C’était le moins tête brulée, c’était le plus posé, le plus calme, celui qui savait que tout événement avait son lot de conséquences. Et tout ça maintenant était bafoué. La seule chose qu’il savait c’était que Lyanna lui manquait, que son frère aussi malgré tout lui manquait et qu’au final, à ce moment précis, il se sentait comme étant la personne la plus seule au monde.

Sa vie aurait très bien pu se terminer et laisser Lyanna en vie, il en était conscient, celui qui aurait été là à ce moment même aurait été tué. Cependant, Loeven n’arrivait pas à trouver le bonheur, le repos, le pardon, la tranquillité. Il n’avait pas réussi à écrire deux lignes depuis tout ce temps, autant dire que son bouquin n’était pas prêt de sortir, personne ne connaîtrait Loeven Moriarty ou encore Allistair avant des années et des années. La chose étant qu’il ne se pardonnait pas de n’avoir pas pu défendre sa sœur. C’est peut-être ça qui l’a poussé à sauver cette étrangère.

« Maintenant, tu connais deux personnes à Radcliff, tu vois, tu progresses. » Il pouffait de rire encore une fois avant de plonger son regard ténébreux dans celui de la jeune femme. « Pourquoi tu es revenue ? Pourquoi tu n’as pas juste plier bagages et t’être barré au bout du monde ? »

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loeven & zola

Il avait l'air d'un type bien. Zola le regardait sourire, elle l'observait rire franchement. Elle avait beau être naïve, elle savait encore reconnaître quelqu'un qui essayait de la faire rire. Ils avaient beau ne pas se connaître, il faisait tout pour qu'elle se sente bien et Zola appréciait cette attention. Elle l'écoutait parler attentivement, le regardait avec des yeux brillants et riait à ses plaisanteries, pouffait à ses blagues plus ou moins drôle. L'ambiance autrefois pesante qui s'était installée à leur arrivée semblait s'être envolée. Zola recroquevilla ses genoux vers elle et s'assise en travers du canapé, son épaule contre le dossier. Elle reprit deux-trois gorgées de son soda et laissa les bulles de celui-ci lui brûler la gorge avec douceur. Bien vite, elle oublia son agresseur, sa peine, sa tristesse. Des milliers de questions lui venaient à l'esprit, elle voulait en savoir plus sur Loeven, sur sa vie de mutant, mais n'osait pas ouvrir la bouche de peur de le froisser.

- Ça doit rester entre toi et moi…

Zola le regarda sérieusement et fronça les sourcils, se voulant le plus solennel possible. Puis avec son index, elle fit une croix là où se trouvait son coeur sur sa poitrine.

- Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer !

Au fond, Zola restait une grande enfant. Elle aimait faire des bêtises, jouer avec les gens, inventer de folles histoires, se lancer des défis. Elle avait toujours l'air ailleurs, souvent, on lui reprochait de vivre dans son monde. "Mais grandis un peu Zola !" lui répétait souvent sa mère adoptive avant de rire de ses exploits. Elle a l'air fragile, comme une petite fille. Mais est en réalité bien plus forte qu'elle n'en a l'air. Une nouvelle fois, Zola se perdait dans ses pensées. Son regard était perdu, il fixait un point mort à ses pieds. Le brun la ramena sur terre.

- Ne t’inquiète pas. Tu n’es plus seule maintenant.

Surprise par le geste tendre que Loeven eut à son égard, elle enfonça son regard azur dans le sien mais finit par enfoncer son visage dans la main chaude du garçon, à la manière d'un chat. Peut-être avait elle enfin trouvée une famille. Lorsqu'il retira sa main, elle se laissa engloutir par sa veste à nouveau, rentrant ses genoux dans celle-ci. L'odeur du brun vint envahir ses narines. Un mélange de parfum, de sueur et de pizza, ce qui n'était pas bien étonnant. Pendant un instant, elle ferma les yeux pour mieux apprécier les effluves du tissu, tout en écoutant le jeune homme.

- Tu peux rester ici le temps que tu veux, on ira chercher tes vêtements demain d’accord ? Pour le moment, tu peux prendre ce que tu veux dans mon armoire, même si ça ne doit pas être ton style mais au moins tu auras quelque chose de plus chaud sur le dos.

Zola se redressa immédiatement.

- Ta gentillesse te perdra grand fou ! dit-elle en éclatant de rire.

C'était trop pour être vrai. Peut-être qu'elle avait rencontré superman, ou robin des bois en fait.

- Merci beaucoup, je sais pas quoi dire... Mais ton coloc sera d'accord ? demanda-t-elle. D'ailleurs, c'est quoi son nom ?  Dès que je trouverais un travail, je te donnerais plein plein d'argent, promis, finit-elle par dire le sourire jusqu'aux oreilles.

Autant dire qu'elle n'était pas prête de partir. Après trois semaines passées à traverser le pays, deux jours à se cacher dans Radcliff pour éviter les hunters qui s'en étaient pris à elle dès son arrivée à la gare, Zola venait enfin de jeter l'ancre. Naïve, elle avait en Loeven une confiance sans fin. Alors qu'une autre l'aurait surement prit pour un assassin, un prédateur, un monstre ou un kidnappeur, Zola le voyait comme son sauveur. Elle remarqua un soudain changement chez le garçon, des pensées sombres l'animaient surement. Zola lui attrapa la main qu'elle serra fort de ses deux petites mains.

- Tu sais, si je suis plus seule, ça veut dire que toi non plus, lui chuchota-t-elle doucement. À voir si tu me supporteras longtemps ! Plaisanta-elle pour détendre son nouvel ami.

- Maintenant, tu connais deux personnes à Radcliff, tu vois, tu progresses, pouffa-t-il.

- Trois si tu comptes le hunter de tout à l'heure, rétorqua-t-elle d'abord sérieuse puis malicieuse.

Zola était quelqu'un d'espiègle. Elle aimait rigoler de tout et Loeven réussissait à lui faire voir le bon côté des choses. N'aimant pas ressasser les mauvais moments, elle préférait plutôt en rire qu'en pleurer. Ce n'était donc pas étonnant qu'elle parle avec autant de légèreté de l'homme qui venait d'atteindre à sa vie, et celle de Loeven par sa faute.

- Pourquoi tu es revenue ? Pourquoi tu n’as pas juste plier bagages et t’être barré au bout du monde ?

La jeune fille lui lâcha la main subitement pour jouer avec sa mèche de cheveux rebelle. Elle n'aimait pas parler des choses qui fâchent. Son retour à Radcliff n'était pas prémédité. Lorsqu'Emma l'avait dénoncé, elle n'avait eu nulle part où aller. Sa ville natale semblait le meilleur choix, elle ne s'était sentie à sa place qu'ici, parmi les mutants, parmi ses parents.

- J'avais nulle part où aller, avoua-t-elle nerveusement. Radcliff est le seul endroit où je ne me suis jamais aussi sentie à ma place, parmi les miens.

Elle marmonnait plus qu'elle ne parlait, n'aimant pas parler de son passé, de son histoire, de sa vie catastrophique.

- Enfin voilà, j'ai pas trop réfléchie ! dit-elle enfin plus joyeusement.

Zola se tourna vers Loeven et lui lança son plus beau sourire, voulant le rassurer. À aucun moment elle n'avait voulu lui faire penser qu'il avait posé la mauvaise question. Ni même avait-elle voulu gâcher l'ambiance légère qu'ils avaient enfin installé.

- Alors, dis moi ! T'as toujours voulu vendre des pizzas ? Pizzaman, pizzaboy...

Elle avait une fâcheuse tendance à inventer des noms, des mots. Elle voulait détendre l'atmosphère, le faire sourire, mais surtout, elle voulait changer de sujet.

C'est un peu mourir boy, sous ces étoiles.

Loeven ∞ Zola

Parmi les siens, était-elle mutante ? Il le pensait sincèrement, il n’avait même pas posé la question, pour lui c’était comme une évidence. Loeven aimerait se retrouver parmi les siens, mais c’était tout bonnement impossible. Il n’avait plus les siens et s’il était resté à Radcliff, c’était pour être sûr que son frère ne le laisse pas orphelin.

Elle n’avait pas réfléchi, il comprenait. Lui non plus n’avait pas fait attention aux destinations, il regardait juste les kilomètres qui les séparait de sa belle Ecosse. Les kilomètres qui les séparaient de leur sœur défunte et encore aujourd’hui, il en avait le cœur lourd rien que d’y penser. Passant une main dans ses cheveux, il défit quelques mèches de sa petite queue. Ces dernières vint lui tomber devant les yeux ; le cachait. Ses bouclettes étaient bien rondes, mais lui s’en foutait pas mal, c’était juste une galère totale d’avoir des cheveux pareils.

Il ne la regardait pas, lui qui croyait dur comme fer à la phrase « Les yeux sont le miroir de l’âme. », il ne voulait pas qu’elle voit son âme en quelque sorte. Il était trop confus pour l’écouter, il acquiesçait à ses paroles sans rien rajouter. Loe ne voulait pas la forcer à parler de quelque chose qui pouvait la faire souffrir.

- Alors, dis moi ! T'as toujours voulu vendre des pizzas ? Pizzaman, pizzaboy...
Il ne put s’empêcher de rire. La vérité revenait vite au galop. « J’avais dans l’idée de devenir écrivain… Mais c’est bien loin de moi ça, maintenant… alors, pour pas finir dans la rue, je suis livreur de pizza… »
Il avait voulu recréer, faire à nouveaux de beaux textes, de belles phrases mais il n’avait plus l’inspiration, plus l’envie aussi forte qu’avant. Plus jeune, dès qu’il se levait le matin, il couchait sur papier ses rêves, ses impressions sur chaque chose et s’il n’avait pas de petits carnets, il mettait ça dans son téléphone dans les « notes ». « C’est quoi ton rêve à toi ? » Il l'avait écouté sans l'interrompre.

Il se leva et partit dans la chambre rapidement, il prit son téléphone et ses écouteurs, pour ensuite revenir dans le canapé avec la jeune femme. « Un peu de musique ça te dis ? » Il mit l’un de ses écouteurs et se cala dans le canapé, laissant pendre un écouteur au cas où tu en avais envie. Il fit alors jouer le titre de Coldplay – A Sky Full Of Stars, tendre et rythmé tout de même. Il aimait bien ce groupe et cette musique en particulier. Pour mieux ressentir cette chanson, il fermait les yeux.

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loeven & zola

Fière de lui avoir volé un rire, Zola l'écoutait attentivement. Elle buvait ses paroles avec envie, curieuse. Loeven était la première personne qu'elle rencontrait qui ne voulait pas la tuer ou l'enlever en échange d'une énorme somme d'argent. Elle était curieuse de le connaître, excitée à l'idée de se faire un nouvel ami, chose qui ne lui était pas arrivée depuis au moins une dizaine d'année. Ce n'était pas tous les jours qu'un nouvel habitant venait remplir les rangs de sa petite campagne au fond du pays dans laquelle elle avait vécu presque toute sa vie.

Il voulait devenir écrivain. C'était bizarre, elle l'aurait plutôt imaginé... en fait, elle l'avait imaginé vouloir devenir tout sauf écrivain. Derrière son allure de Bad boy à moto se cachait peut-être un poète, quelqu'un de sensible et d'aussi rêveur qu'elle pouvait être. Elle se promit à elle-même de lui demander un jour si elle pourrait lire un de ses textes, sachant à quel point cette question pouvait être indiscrète, elle la gardait pour plus tard. Pour un jour où, elle l'espérait, ils seraient assez proches pour s'échanger des secrets. Il avait l'air de quelqu'un de réfléchit, quelqu'un qui au lieu de laisser la vie couler essayait d'en contrôler le courant. Contrairement à Zola qui ne se fiait qu'au hasard et au karma. Il disait que cette époque d'écrivain était révolue. Elle n'y croyait pas vraiment, il avait peut-être perdu l'inspiration mais il restait, à ses yeux, un écrivain en devenir. Elle croyait en son rêve et espérait qu'il se réaliserait un jour.

-  C’est quoi ton rêve à toi ?

Sa question vint lui claquer le visage d'une telle force qu'il lui fallut quelques secondes avant de pouvoir y répondre. C'était quoi son rêve à elle ? Qu'est-ce qu'elle voulait faire de sa vie ? Dans l'immédiat s'il ne lui avait pas sortie une aussi belle aspiration, elle lui aurait dit que ce qu'elle voulait, elle, c'était de rester en vie le plus longtemps. Et donc qu'on ne s'en prenne plus aux gens comme les hunters avaient l'habitude de le faire. Mais elle cherchait une vérité qui ne lui avait jusque là pas parue importante. Tout ce dont elle se rappelle avant ses sept ans, ce sont ses parents et leurs amis. Depuis cet âge là, elle n'a fait que vivre dans le mensonge. Concentrée à ne pas faire de faux pas, elle n'avait jamais vraiment eu le temps de vivre de manière épanouie comme sa demie-soeur qui rêvait d'être danseuse étoile, ses parents adoptifs qui voulaient être riches et en bonne santé. Zola n'avait pas eu le temps de rêver, de se forger un but à atteindre. La preuve, elle était revenue à Radcliff parce que la vie en avait décidé ainsi. Elle y était sans réelle raison. Fonder une famille ne lui avait jamais sauté aux yeux, les garçons de son âge la trouvaient bizarre lorsqu'elle vivait à la campagne et elle venait à peine de la quitter. Trouver l'amour n'était pas non plus quelque chose qui l'obsédait. Zola vivait principalement dans le passé, ressassant celui-ci jusqu'à ce qu'il se confonde avec le présent, l'empêchant de vivre.

- Je crois que j'ai pas de rêve, là tout de suite rien ne me vient à l'esprit.

Elle était gênée mais ne le montrait pas. Après tout, elle avait réussi à vivre sans rêve jusqu'ici, alors autant continuer ainsi jusqu'à ce que doucement l'un d'entre eux apparaisse de son propre chef  semblait une bonne solution.

- Peut-être qu'en fait mon rêve c'est d'en avoir un, enfin, je sais pas, j'y ai pas vraiment réfléchie jusqu'ici... J'en ai pas eu l'occasion, ni l'envie. Si ça se trouve, demain je me réveillerais avec un rêve ! dit-elle excitée à l'idée que cela arrive.

Zola le regarda se lever, pensant qu'elle venait de le froisser et fût soulagée de voir qu'il n'était que parti chercher son téléphone.

- Un peu de musique ça te dis ?

Elle laissa le silence répondre à sa place alors qu'elle regardait par dessus son épaule les musiques défiler sur l'écran de son téléphone. Il en choisit une qu'elle ne connaissait pas encore et se cala dans le canapé. Zola l'imita, s'affalant et lui piqua un écouteur. Alors que lui, fermait les yeux pour mieux écouter la chanson, Zola gardait les siens bien ouverts, concentrée sur la musique.

- Je la connaissais pas, elle est cool. Dit-elle lorsque la fin de celle-ci approcha.

Une nouvelle musique commença immédiatement après la fin de celle-ci. Sans prévenir, Zola prit doucement le téléphone de Loeven de ses mains, assez délicatement pour que cela ne soit pas malpoli. Elle fit défiler le menu jusqu'à ce qu'elle tombe sur les contacts de Loeven et y ajouta son numéro, ainsi que son nom complet. Zola Peppermint. Elle fit suivre son nom d'un émoticon en forme de fleur, parce que c'était Zola après tout et qu'elle était comme ça. Du genre à dessiner des fleurs partout. Il s'en rendrait bien compte lorsqu'il verrait les listes de courses pleines de fleurs et les mots sur des post-it fleuris.

- Voilà ! On sait jamais, ça pourrait te servir.

Elle lui rendit son téléphone. Il y a plusieurs heures de cela, elle était aussi affolée qu'un animal dans les feux d'une voiture, maintenant, elle dansait dangereusement entre sommeil et éveil. Calée contre le canapé et Loeven, emmitouflée dans sa veste dix fois trop large, elle aurait très bien pût s'endormir sur le champ. C'était sans compter sa curiosité affolante et son envie pressante de connaître Loeven.

- Tu le connais depuis longtemps ton colocataire ? D'ailleurs, il est comment ?

Presque sûre que celui-ci serait mutant lui aussi, elle s'attendait à ce qu'il lui dise que le garçon était bleu, ou ailé, ou transparent, ou qu'il volait.

- Il risque pas de péter une crise demain matin ? finit-elle par dire, plus amusée qu'autre chose.

C'est un peu mourir boy, sous ces étoiles.

Loeven ∞ Zola

Il lui avait fait écouter de la musique parce qu’il n’avait plus envie de penser à ce rêve qui n’était plus et à cette vie de gâcher. Ses parents, son frère et ses petites amourettes l’avaient souvent servir de film. Loeven avait pris l’habitude de prendre en note tout ce qu’il voyait, tout ce qu’il ressentait, tout ce qui l’animait au plus profond de son âme. Mais lors de ses parents, il avait essayé de coucher sur papier toutes ces émotions diverses qui lui passait dans l’esprit ou dans ses entrailles les plus profondes.

Peu à peu, il avait eu du mal, il n’y arrivait plus, surtout c’était de plus en plus dur de vivre deux fois ces émotions si dures. Elles n’avaient eu aucune pitié avec le jeune adolescent et elles sont revenues le hanté lors de l’assassinat de sa sœur. Il était tourmenté, meurtri. Il n’avait jamais eu autant mal, il n’avait jamais été abandonné. Lyanna était un peu sa préférée, il était entre les deux. Elle avait été sa joie de vivre, elle était aussi sa confidente, elle avait été sa meilleure amie et son meilleur pote à la fois. La perdre fut comme perdre une famille qu’il s’était construit grâce à elle. Une part de Loeven était morte avec la jeune femme.

Lyanna était comme une étoile dans le ciel qui avait implosé et qui avait quitté cette belle étendue bleue.

L’autre jeune femme, celle qui se trouvait maintenant à ces côtés, ne ressemblait en rien à Lya. Elle n’avait pas la même couleur de cheveux, les mêmes yeux, les mêmes tournures de phrases ou encore habitudes. Rien, ne pouvait lui rappelait sa douce sœur, pourtant, il éprouvait une confiance sans faille pour elle. Il avait vu cette même détresse, ce même désespoir que sa sœur pouvait avoir lorsque certains soirs, elle en avait marre de se cacher, marre de cacher son pouvoir.
C’est peut-être que maintenant, Loeven évitait de la regarder dans les yeux. Il évitait de ressentir ce pincement au fin fond de son estomac ou encore de son cœur. Il ne voulait simplement pas.
Elle venait d’entrer son numéro dans le téléphone de Loeven, elle avait donc en tête de le voir, de le revoir, de ne pas le laisser. Peut-être que Loeven était son point d’amarrage dans cette ville de maudits. Il adressa un sourire à la jeune femme qui était à côté de lui. Puis, elle vint à lui parler de son colocataire, un chic gosse. La différence d’âge entre eux ne se sentait pas tellement mais il est vrai qu’ils étaient différents, l’un plus mature que l’autre mais ça ne se sentait pas réellement. Loeven secoua la tête.

« Normalement, on a pas vraiment le droit de ramener des poulettes ici. Je pense qu’il ne dira rien lorsque je lui aurais dit pourquoi tu es là. Et puis, demain, il pourra regarder à tes plaies, il bosse un peu à l’hôpital. Il nous regardera voir si c’est grave ou pas. » Pour le moment, Loeven avait eu trop à penser pour en oublier cette fameuse blessure. Il avait gardé la bouteille contre lui et ça s’était plutôt bien passé, la douleur s’était endormie. De plaisir, il roula des yeux, puis les ferma.

« Tu penses que parfois, la vie le fait exprès ? J’entends par là qu’elle prend les gens en grappe et qu’elle ne les lâche pas jusqu’à ce qu’il se laisse périr ? »

C’était peut-être l’impression qu’il avait, l’impression de toutes ces rudes épreuves lui imposé. Il en avait marre de se battre, marre de devoir survivre et non vivre. Loeven était épuisé à présent de beaucoup tant de choses qu’une personne de vingt-quatre ans ne devrait pas connaître.

Tell me who you were and I'll tell you who you'll be

loeven & zola

Zola se redressa et toisa le garçon avant de rire de vive voix. Elle se rappela alors que son colocataire dormait encore et vint faire taire son rire en plaçant sa main devant sa bouche. Elle n'avait pût contenir son rire lorsqu'il l'a décrivit comme étant une poulette. C'était une expression qu'elle n'avait tout simplement pas entendu depuis des années, voir des siècles.

- Poulette ? Vraiment ? Riait-elle.

Il était drôle quand il le voulait et Zola avait le rire facile d'origine. Ils faisaient un bon petit duo à tous les deux. Elle le laissa finir et fût surprise que le garçon dont elle ne connaissait pas le nom travaille à l'hôpital. Elle se fit une note à elle-même, gardant cette information quelque part dans son esprit. Cela pourrait toujours servir. Après tout, les deux n'avaient pas fini de se faire agresser, surtout dans le contexte qui semblait s'installer doucement dans la ville et qui avait finit par exploser ces derniers jours. Elle se demande si Loeven connaissait la dites Hope qui s'était fait crument descendre devant tout un tas de gens quelques jours avant que Zola n'arrive à Radcliff. Elle avait faillit faire demi-tour en apprenant la nouvelle mais avait prit son courage à deux mains pour rester encore un peu dans sa ville natale. Cela lui avait au moins valut de rencontrer le brun.

- Tu penses que parfois, la vie le fait exprès ? J’entends par là qu’elle prend les gens en grappe et qu’elle ne les lâche pas jusqu’à ce qu’ils se laissent périr ?

Zola se reposa contre le canapé et s'étonna de la gravité du sujet dont il parlait. C'était bon signe, il semblait l'apprécier assez pour refaire le monde avec elle et il va sans dire que Zola l'aimait déjà beaucoup. Elle finit d'une gorgée sa cannette de soda et posa ses pieds nus sur la table basse avant de se frotter les mains. Elle s'apprêtait à prendre la parole.

- Alors, déjà, il faut que tu saches que je suis végétarienne et écolo'. Du coup, tous les trucs un peu bizarre, ça me connait !

Commença-t-elle sur le ton de la plaisanterie. On lui reprochait souvent son régime alimentaire et ses croyances quant à l'environnement et bien trop de fois on l'a comparée à une hippie. Du coup, ses rares amis pensaient toujours qu'elle s'y connaissait dans tous les domaines un peu décalés, du genre, la réincarnation etc.

- Contrairement à beaucoup de gens, je pense que la vie est un peu magnétisée tu vois. Dit-elle maladroitement. Enfin, je veux dire que pour tel nombre de mauvaises choses il t’arrivera tel nombre de bonnes choses.

Elle s'était redressée et parlait vite, accompagnant ses paroles de ses gestes. On aurait pût voir à des kilomètres à quel point elle était passionnée par ce qu'elle disait.

- En gros, je crois en le karma. Tu vois ?

Elle s'assise en tailleur, puis bailla, cachant sa bouche derrière les énormes manches de la veste de Loeven qu'elle ne quittait plus.

- Du coup, je dirais que oui. La vie fait exprès de t'envoyer plein de mauvaises choses, mais seulement parce que quelque chose de grand t'attends ailleurs. Donc elle doit un peu égaliser le tout, conclu-t-elle tout sourire.

Zola avait beau avoir connu les pires atrocités du monde, elle restait encore naïve et optimiste. En réalité, elle se raccroche à ces idées positives de toutes ses forces. Cela lui permet de tenir face à l'adversité. Elle se dit que quelque chose de bien arrivera un jour. Alors elle reste forte.

- Un peu comme aujourd'hui. Il aura fallut que je frôle la mort pour te rencontrer. Tu dois être vachement important.

Elle lui souriait et riait à ses propres paroles. Elle était candide, c'était encore une enfant qui ne pesait pas l'importance de ses mots sur les autres.

C'est un peu mourir boy, sous ces étoiles.

Loeven ∞ Zola

La vie rendait coup pour coup mais jamais il n’avait eu de problèmes, il n’en avait jamais causé. Il était tellement pur et simple. En fait, il était sain. Si la vie rendait ce qu’on lui donnait, alors il avait hâte de voir ce qu’elle pourrait lui donner qui lui valut tant de peine. Loeven voulait avoir une bonne vie, il rêvait d’avoir enfin une situation sérieuse, enfin une situation stable et qui lui donnerait le courage de continuer à avancer. Cherchant certainement quelqu’un qui ne le rejetterait pas en connaissance de son don, quelqu’un qui serait en quelque sorte son âme sœur, sa meilleure amie et sa muse.

« Écolo et végétarienne ? Pas mal… » Dit-il en riant. Sa voix était grave, quelque peu rauque. Basse afin de ne pas réveiller Sasha. Il n’avait pas l’habitude de voir des personnes qui pensait à la politique dans un autre sens que hunter ou mutant. Elle voulait sauver la planète, c’était beau et pathétique. Pour Loeven, il fallait déjà sauver le monde de tant de méchanceté avant de vouloir faire de vouloir le préserver. Il mordit sa lèvre lorsqu’elle lui dit qu’il devait être important. Loeven ferma les yeux et secoua la tête négativement. « Je ne suis pas si important, tu verras. » Il était fatigué, comme la jeune femme, mais plutôt fatigué de cette vie et non de la journée éprouvante.

« T’es pas un peu trop utopiste par hasard ? » lâcha-t-il en revenant poser son regard sur la jeune femme. Il ne la regarda pas elle mais plutôt la veste dans laquelle, elle se noyait. Il eut un petit sourire en écoutant ce qu’elle avait à dire. Après tout, il n’était pas dans ce genre. Il ne voyait pas le monde en rose, il savait ce que la nature humaine était capable de faire par peur, pour se protéger ou pour encore se sentir plus vivant. Cependant, la jeune femme n’avait pas l’air de croire en tant d’horreur de la part du monde et de tout ce qui pouvait être autour de ça. Comme si elle avait oublié ce qu’il s’était passé peu de temps auparavant.