i. êtes-vous originaire de radcliff ?
  J'y ai pointé le bout de mon nez il y a 23 ans et 57 jours. En d'autres termes : j'y suis née. Et si vous ne comprenez toujours pas, oui, je suis originaire de Radcliff. Ma famille entière y est née, en réalité. Et ce, depuis des générations. Même si je rêve de faire le tour du monde, je reviendrai toujours à Radcliff, parce que c'est là que j'ai grandi, j'appartiens à cette ville, à ses rues.

  ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
  Puisque je descends d'une puissante famille de hunters, oui. Et pas qu'une fois. J'ai souvent vu mes oncles, malgré leurs différents avec mon père, et j'ai donc eu affaire de nombreuses fois à des hunters. Cependant, depuis que j'ai appris ce que j'étais réellement, je tente d'éviter la partie de ma famille qui veut la mort des gens de mon espèce. Je ne les renie pas, je ne les ignore pas non plus, sinon ils se douteraient de quelque chose. Et je serai alors une mutante morte.

  iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
  Je ne sais pas si utiliser est le bon mot. Disons qu'il se manifeste assez souvent oui. Et pas toujours au bon moment. Je tente de contrôler mes visions, mais c'est plus dur à dire qu'à faire. Je sais que je pourrai éviter les catastrophes du type "ma famille apprend ce que je suis", et j'en suis reconnaissante. Contrairement à mes cousins, je n'ai pas été élevée en pensant que les mutants étaient des monstres, c'est sûrement pour ça que je ne tente pas de renier mes pouvoirs.

  iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
  Je ne pense pas, sinon, les hommes tels que mes oncles n'existeraient pas. Malgré les règles qui ont été prises, les hunters existent toujours et traquent toujours ceux comme moi. Même si je suis confiante face à mon avenir, je sais que les mesures prises par le gouvernement ne sont pas assez suffisante. Mais que puis-je faire pour ça ?

Les yeux de la jeune femme se posèrent sur le verre d'eau devant elle. Elle le fixa avec tant d'intensité qu'elle en oublia le monde qui l'entourait. Elle ne bougea pas pendant plusieurs minutes. Toute son attention reposait sur ce verre d'eau.
Elle détourna le regard et poussa un long soupir. « J'y arriverai jamais. » décréta-t-elle. Elle se leva et attrapa le verre qu'elle but d'une traite. Elle avait accepté depuis longtemps le fait d'être une mutante. Elle détestait ce mot. Mutants. Comme s'ils étaient des monstres. Alors qu'ils sont aussi normaux que n'importe qui dans ce monde. Ils sont justes... différents. Certes, ils peuvent voler, contrôler l'eau, lire dans les pensées des autres. Mais ils sont humains, eux aussi. Ils souffrent. Ils sont heureux. Ils vivent comme n'importe quel autre être humain.
Elle reposa le verre sur la table et fixa son regard sur sa surface translucide. Elle posa ses paumes à plat contre le bois de la table, vida son esprit et attendit la vision tant espérée. Elle aimait bien son don, il lui avait permis à plusieurs reprises d'éviter les chasseurs. Mais comme tous les autres mutants, elle voulait contrôler la partie d'elle-même qui la rendait si différente. Avoir des visions, c'est bien. Mais à n'importe quel moment, moins. Il lui était déjà arrivée d'en avoir en cours, et elle avait dû prétexter un malaise pour sortir sans que l'on se rende compte de ce qu'elle était.
Plusieurs minutes passèrent sans que rien ne se produise. Elle leva les yeux au ciel, désespérée. Pourquoi était-ce si dur ?Elle passa sa main dans ses cheveux blonds et s'éloigna de la table. Elle en avait fini, pour le moment. Comme d'habitude, rien ne s'était passé. Attrapant son sac au passage, elle sortit de son petit-appartement. Elle rejoignit sa voiture, monta dedans, et partit faire un tour.

Cela faisait près d'une demi-heure qu'elle roulait quand sa tête commença à tourner. Paniquée, elle chercha un endroit sur le bas-côté afin de se garer. Heureusement, elle en trouva rapidement un. Descendant de la voiture, elle s'appuya contre le métal chaud et ferma les yeux. Elle sentait le monde tourner autour d'elle, incapable de stopper la sensation. Elle se laissa faire, laissa la vision monter en elle.
Le jeune homme était assis sur une chaise, le bras droit tendu devant lui, la manche retroussée. Une lame dans la main gauche, il regardait son bras livide d'un œil hésitant. Finalement, il approcha sa lame du creux de son coude et traça une fine ligne. Un filet de sang s'en échappa, une goutte tomba au sol. Le regard du jeune homme changea. Il se concentrait sur le filet de sang, à l'instar de Scottie sur son verre d'eau. Au début, il ne se passa rien. Puis la ligne rouge ondula, et quelques gouttes s’élevèrent dans les airs, avant de retomber lourdement sur le sol. L'angle de vue changea de position, et passa du bras livide au visage du jeune homme.
Scottie ouvrit les yeux, surprise. Elle était même plus que surprise, elle était... coîte, interdite, bouche bée. Elle se frotta les yeux de son poing, réfléchissant à ce qu'elle venait de voir. Etait-ce possible ? Oui, forcément, ce qu'elle voyait au cours de ses visions se réalisaient toujours. Alors, cela voulait dire que... Lorcan, son cousin était un mutant, tout comme elle.
Scottie n'était plus la seule anomalie dans la famille.