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 L'art est l'éternité de l'être. Charlie.

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MessageSujet: L'art est l'éternité de l'être. Charlie.   L'art est l'éternité de l'être. Charlie. Icon_minitimeMer 18 Juin 2014 - 21:26

« Absalom Brown est né dans une famille riche mais déséquilibrée du Kentucky. Entre un père violent et une mère trop soumise, le garçon déjà fragile avait manifesté des crises aigües de démence dès l’âge de 11 ans. Enfermé 4 ans plus tard suite à une première tentative de suicide, c’est dans la chambre d’un institut psychiatrique qu’il commença à peindre les surfaces blanches avec son propre sang, puis les toiles que lui fournissait le personnel en voyant les vertus curatives de son activité. Très vite, ses peintures attirèrent l’attention de collectionneurs du genre, mais son père refusa de céder les œuvres de son fils. Absalom mit fin à ses jours à l’âge de 21 ans. Il est donc exceptionnel de pouvoir contempler ses œuvres au sein d’une collection. »

Philip avait fait rédiger ce charmant texte à une stagiaire de la galerie et ne cessait de le relire avec intérêt malgré ses quelques défauts. Pourtant cette exposition n’avait toujours pas de grand succès auprès de la population locale. Réussir à déplacer les aimables habitants nécessitait en général les tableaux d’un peintre connu, non quelque chose de trop original, sauf pour quelques aficionados qui venaient avec une régularité d’horloge presque maniaque. Il connaissait les habitués par leurs noms et venaient leur serrer la main d’une poigne énergique.

Mais il n’y avait que peu de visiteurs aujourd’hui. Les gens devaient penser qu’observer des tâches rouge foncé était un peu monotone. Mais Phil ne pouvait s’empêcher de ressentir, comme une vague réminiscence, un morceau de l’existence maudite d’Absalom Brown (maudit dès sa naissance. Absalom ? Quelle idée d’appeler son enfant de cette manière). Il était certain que dans l’absolu, l’ambiance générale qui se dégageait de la galerie était assurément malsaine. La mort et la souffrance hantaient les immenses toiles autrefois immaculées avec une persistance presque maléfique, et semblaient nous crier sa haine du monde et de l’existence avec une hargne rarement connue. Une hargne que le vieil aristocrate se plaisait à associer à David, qu’il repose en paix.

Ils ne devaient pas être plus de trois dans les couloirs, c’est pour cela que Philip crut d’abord à une illusion lorsqu’il crut apercevoir une silhouette pâle et frêle devant l’œuvre la plus monumentale de la collection. Une toile de plusieurs mètres carrés recouverte d’une immense trainée sanguinolente qui avait valu plusieurs semaines d’état comateux à ce désespéré d’Absalom. S’il y avait une œuvre qu’il fallait éviter de fixer avec trop d’attention, il s’agissait bien de ce tableau.
L’évanescente silhouette sembla se convulser, mais le vieil homme n’en était pas certain. Philip s’approcha de la jeune femme, une pâle créature à la beauté exceptionnelle, qui ne semblait pas dans assiette. Toujours flegmatique et très britannique, il lui tendait un carré de chocolat à la menthe et lui demanda :

-Vous allez bien ? Ce tableau peut parfois troubler les âmes les plus délicates.

« Je vous hais tous » semblait leur hurler silencieusement ledit tableau.


Dernière édition par Philip Cavendish le Dim 20 Juil 2014 - 17:26, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: L'art est l'éternité de l'être. Charlie.   L'art est l'éternité de l'être. Charlie. Icon_minitimeSam 21 Juin 2014 - 15:35

l'art est l'éternité de l'être
philip cavendish & charlie fords
Ce jour-là, elle ne savait pas ce qui lui avait pris. Elle était presque entrée inconsciemment dans la galerie, comme si son subconscient l’avait guidé là-bas. Elle avait pris un de ces prospectus sur l’exposition du moment et elle le lisait en se baladant dans la salle. Agée de dix-neuf ans, la rousse avait abandonné ses études. Elle se souvenait même plus être diplômée du lycée mais elle se disait souvent que si elle ne s’était pas retrouvée orpheline et amnésique, elle aurait fait des études. Elle aurait été comme l’une de ces filles qui cherchaient n’importe quel moyen de se cultiver et de répandre leurs connaissances à chaque occasion qu’elles avaient. Qu’elles étaient agaçantes ces filles-là. Elle n’aurait jamais été comme ces filles, elle était tout sauf comme ça, mais elle aimait croire que c’était le genre de vie qu’elle aurait mené si elle n’était pas aussi seule. C’est pour ça qu’elle prétendait être l’une de ces filles ce jour-là, cherchant n’importe quel moyen pour grossir sa culture et pouvoir prouver à n’importe qui qu’elle n’était pas qu’une stupide serveuse sans avenir. Elle avait atterrit à la galerie de la ville sans réellement y penser, mais maintenant qu’elle y était, elle se baladait en regardant les tableaux. Charlie se sentait vraiment mal pour le peintre qui a dû faire beaucoup d’allers et de retours pour terminer sa collection. Autant de sang, ça la mettait mal à l’aise, d’une certaine manière. Elle avait terminé son chemin par l’œuvre la plus importante de la galerie, la plus grande et la plus… étrange. Une énorme toile remplie de sang, elle voulait détourner le regard mais quelque chose de fascinant se trouvait à l’intérieur. Elle n’arrivait juste pas à savoir quoi.  « Merci pour ton dévouement, transmutant. » Cette phrase sonnait dans sa tête aussi forte que des cloches au sommet d’une église. Elle tremblait doucement et son cerveau lui jouait des tours. La rousse ferma les yeux tellement forts qu’elle pensait que ça allait faire disparaître ces images de sa tête. Des coups de feu, un train, des morts, du sang, il y avait tellement de sang devant elle. Ses tremblements s’accentuèrent et elle sentit la terre remuait sous ses pieds, comme un tremblement de terre mais ce n’était qu’à peine une secousse ou encore moins puissant. « Vous allez bien ? Ce tableau peut parfois troubler les âmes les plus délicates. » Une simple voix qu’elle reconnut masculine suffit à la sortir de sa torpeur. Elle ouvrit lentement les yeux pour y découvrir cette nouvelle toile et un homme venu de nulle part pour la sauver de ses démons. Elle s’efforçait de sourire sans réellement y parvenir. « C’est juste qu’il y a tellement de sang… Comment un homme peut-il se dévouer à ce point à son art ? » Elle le questionnait avec curiosité et dégoût, un reste de vomi résidait au fond de sa gorge. Elle sentait son petit-déjeuner remonter et elle faisait son possible pour qu’il reste là où il était.
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MessageSujet: Re: L'art est l'éternité de l'être. Charlie.   L'art est l'éternité de l'être. Charlie. Icon_minitimeLun 23 Juin 2014 - 22:09

Philip ne put s'empêcher un petit sourire en entendant la question de la jeune rousse. L'art était chez Absalom Brown une forme d'auto-destruction. On pouvait cependant dire qu'il était parvenu à mettre tant d'ADN dans ses toiles qu'il continuait à vivre par ce biais.

-Pensez-donc, ses parents l'avaient appelé Absalom. Il n'avait que cela où se réfugier, le pauvre garçon. Dès sa naissance il était maudit.

Ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour lancer une boutade, mais Philip Cavendish n'avait jamais grande considération pour s’inquiéter des convenances. Mais la jeune fille lui faisait un peu de souci, toute jeune et toute frêle qu'elle avait l'air, vulnérable comme un petit moineau hors du nid. Elle était encore très pâle, comme si elle s’apprêtait à rendre ce qu'elle avait mangé. Ce n'était le genre d'image qui convenait à si charmant oiselet.

-Vous ne devriez ceci-dit pas rester là. Venez dans mon bureau, je vais vous faire un thé, une tisane ou un café fort pour vous en remettre. Vous me suivez ?

Il avait grimacé presque malgré lui en prononçant le mot café fort. Il ne comprenait toujours certaines habitudes alimentaires américaines mais il avait tout de même dû finir par s'y plier. La force de l'acculturation sans aucun doute.
Philip s’avançait avec sureté dans le dédale immaculé des couloirs. Il lançait de temps en temps un flegmatique "ne regardez pas sur la droite, celle-là n'est pas rassurante". IL ouvrit vivement la porte de son bureau. C’était meublé simplement, avec des meubles assez anciens et une bibliothèque en bois. L’aristocrate avait retenu de son éducation pour le moins traditionnelle que les livres étaient le meilleur moyen de se montrer sous un jour intellectuel et respectable. Il invita la jeune femme à s’assoir.

-Je m’appelle Phil Cavendish. Je dirige cet endroit et je pense que pour vous dédommager, je vous donnerai des entrées pour quelque chose de plus doux à voir…

Elle aurait été parfaite dans l’une de ces peintures du XIXème siècle, mais ces derniers étaient tous en Europe dans de grands musées. Il faudrait des mois avant de réussir à obtenir quoi que ce soit. Cependant, les négociations pour réussir à abriter quelques tableaux de Van Gogh qui n’étaient plus à l’affiche (les musées et les galeries ne laissaient rarement toujours les mêmes tableaux à voir, ils avaient toujours d’immenses réserves qu’ils faisaient tourner, comme une sorte de jachère artistique.)

-Que direz-vous de voir des tournesols ? Rien de plus lumineux.

Il s’essayait à un ton badin, mais en vérité il mourrait d’envie de lui poser une question très sérieuse, une question peut-être u peu trop personnel. Il était rare qu’il y ait des visiteurs lorsque ce genre de tableau faisait apparition, mais il était encore plus rare qu’une personne ait une réaction émotionnelle devant ce genre d’œuvre. Philip scrutait donc le visage de la jeune femme en cherchant un signe dans son regard, dans ses traits, dans ses gestes, un signe qu’elle avait vu la même chose dans ce tableau que ce qu’il avait vu lui-même.

Une telle révélation était importante pour Phil. Cela indiquait plus qu’une sensibilité proche, une âme proche. Il se jeta tout de même à l’eau.

-Dites-moi, qu’avez-vous vu dans ces peintures ?
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MessageSujet: Re: L'art est l'éternité de l'être. Charlie.   L'art est l'éternité de l'être. Charlie. Icon_minitimeMar 1 Juil 2014 - 18:21

l'art est l'éternité de l'être
philip cavendish & charlie fords
Toute tremblante devant le tableau, des images affreuses lui revenant en tête, un vieil homme vint la voir avec un drôle d’accent. Le britannique était le directeur de la galerie d’arts et la réaction innocente de Charlie ne l’avait pas laissé de marbre. « Pensez-donc, ses parents l'avaient appelé Absalom. Il n'avait que cela où se réfugier, le pauvre garçon. Dès sa naissance il était maudit. » Elle esquissa un sourire qu’elle réfracta immédiatement. Beaucoup trop concentrée à chercher le sens des tableaux pour ne serait-ce que sourire à une blague, aussi bonne soit-elle. Quelque chose de perturbant se cacher dans cette toile, elle n’arrivait pas à en détourner le regard. Plus elle creusait pour une réponse et plus la réalité la rattraper. Absalom était fou et suicidaire et il voulait que le monde entier sache qu’il n’allait pas bien. Il y avait quelque chose d’incroyablement dérangeant dans la couleur du sang, c’était comme si on pouvait voir sa folie à travers les fines couches de papier. « Vous ne devriez ceci-dit pas rester là. Venez dans mon bureau, je vais vous faire un thé, une tisane ou un café fort pour vous en remettre. Vous me suivez ? » Elle hocha la tête silencieusement en le suivant. Et même de dos, les toiles d’Absalom continuaient de l’appeler malgré son envie irréfutable de vomir à leur vue. Elle entra dans le bureau, inspectant la décoration et la scénographie. Tout était à sa place, dans une rare élégance. A ce moment, elle se sentait si loin de sa pauvre vie de serveuse. « Je m’appelle Phil Cavendish. Je dirige cet endroit et je pense que pour vous dédommager, je vous donnerai des entrées pour quelque chose de plus doux à voir… » Elle prit un siège pour assise et regarda l’homme parler. Elle ne voulait pas être remboursée, elle avait payé pour voir et elle était prévenue de la violence de cette exposition. Ce n’était pas lui qui devait subir son innocence. « Je suis Charlie. Charlie Fords. Reprit-elle comme si elle n’était toujours pas habituée à ce nom. Et je vous assure que vous n’avez pas à me dédommager. J’étais pleinement consciente de ce que je m’apprêtais à voir. » Lui assura-t-elle avec une voix confiante. Et pourtant, il s’efforça à lui proposer une autre exposition. Elle ne pouvait pas refuser sa générosité mais c’était ce qu’elle allait faire. « Que direz-vous de voir des tournesols ? Rien de plus lumineux. » Elle sourit un court instant en repensant au célèbre tableau de Van Gogh, lui aussi était fou et dépressif à ce qu’on disait. Décidément ça devait être le style de la maison d’exposer des œuvres d’âmes tristes. Elle secoua la tête en signe de refus tandis qu’il la regardait, cherchant à pénétrer dans son esprit. Comment une fille comme elle pouvait-elle devenir aussi émotive devant une simple peinture. C’était la question qu’il devait se poser et il ne voulait sûrement pas la réponse, et elle non plus. « Dites-moi, qu’avez-vous vu dans ces peintures ? » Charlie était finalement surprise par ce qu’il demandait et sa réponse était banale mais à double sens. « Du sang. Beaucoup de sang. » Evidemment que c’était du sang, mais pas celui de l’artiste. Elle espérait que Phil puisse comprendre la subtilité de sa réponse.

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MessageSujet: Re: L'art est l'éternité de l'être. Charlie.   L'art est l'éternité de l'être. Charlie. Icon_minitimeDim 6 Juil 2014 - 17:06

La jeune femme esquissa tout juste sourire à la plaisanterie douteuse de Phil, qui ne se laissa pas démonté pour si peu. Elle l'avait tout de même suivi jusqu'à son bureau, où au moins elle n'aurait pas à subir la vue dérangeante du sang d'autrui. Elle ne voulait cependant pas être remboursée, quelle drôle de personnage. Cette charmante rouquine n'avait pourtant pas l'air de rouler sur l'or, se permettre d'aller à des expositions devait être un sacré coût.

-Pourquoi donc êtes-vous venue jusqu'ici si vous sachiez pertinemment que vous étiez trop fragiles ? Vous avez perdu un pari ?

Philip lui servit un verre d'eau. Il y avait toujours posée sur l'un de ces précieuses commodes une carafe d'eau. Bien que changée tous les jours, le contenant n'avait qu'un but décoratif, il n'aurait jamais pensé que quelqu'un en aurait sérieusement besoin.

- Du sang, c'est ce dont il s'agit, littéralement. Je sais que certaines personnes ne supportent pas le sang. Ma mère lady Cavendish s'étaient évanouie quand mon frère était tombé dans les escaliers, mais j'imagine que ce n'est pas votre cas, sinon vous n'auriez pas ouvertement été dans l'exposition Absalom...

Ce n'était pas, mais vraiment pas, le genre de conversation facilement abordable avec des inconnus, surtout quand ces dernières étaient un peu mal à l'aise. Pourtant, Le vieil aristocrate voyait lui-même autre chose que le sang de l'artiste. Il se souvenait de la fois où il avait dû reconnaître David, là où l'on disséquait les morts après les morts violentes, la morgue... On avait nettoyé le corps mais il était resté à peine reconnaissable. Philip n'avait jamais pu voir le sang, les blessures de son fils après qu'il ait été abattu, il n'avait pourtant jamais cessé de les imaginer. Et il avait l'impression de les voir quand il regardait les oeuvre Absalom.

-J'imagine que vous avait dû avoir un passé assez violent, jeune fille. Beaucoup d'artistes ont connu une chose semblable...

Il avait failli ajouté que c’était le cas de beaucoup de gens qui débarquaient à Radcliff, et il ne s'en était aperçu que maintenant. Cela lui rappelait par certains côtés cette série pour ado s'adorait Lisa, Buffy the vampire slayer, où un trop perdu se révèle cacher l'entrée des enfers ou quelque chose dans le genre...

-Dites-moi, que faites-vous dans votre vie ? D'où venez-vous ? Je vis depuis maintenant une bonne vingtaine d'années à Radcliff et il ne me semble pas vous avoir déjà vu...

essayer de donner une petite touche légère à la conversation n'était pas une mince affaire et d'un banal... Mais peut-être au moins cela pourrait la rassurer un peu et la remettre d'aplomb.

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MessageSujet: Re: L'art est l'éternité de l'être. Charlie.   L'art est l'éternité de l'être. Charlie. Icon_minitimeSam 19 Juil 2014 - 5:54

l'art est l'éternité de l'être
philip cavendish & charlie fords
Très rapidement, Phil arrivait à mettre Charlie en confiance et à la réconforter après avoir été troublée par la peinture. Il devait avoir un don pour réussir à la faire sourire alors qu’elle essayait tant mal que de bien de penser à un passé qui s’effilait dans sa mémoire. Elle souriait, du moins elle esquissait des sourires qui s’effaçaient aussi rapidement qu’ils étaient apparus mais c’était suffisamment pour la faire sentir mieux. « Pourquoi donc êtes-vous venue jusqu'ici si vous sachiez pertinemment que vous étiez trop fragiles ? Vous avez perdu un pari ? » Elle appréciait l’humour du vieil homme. Elle échangeait alternativement des regards entre le verre d’eau qu’elle tenait dans la main et les yeux de l’homme en face d’elle. Elle finit par poser le verre sur le bureau. « L’exposition avait l’air intéressante. Je me suis fait avoir par le tract. » Elle termina sa phrase par un petit sourire timide puis elle reprit le verre dans ses mains pour en boire quelques gorgées. Ca la rafraîchissait et la sortait de sa douleur pour la ramener subitement à la réalité. Elle ne se souvient pas avoir vu autant de sang, son esprit lui joue un tour alors elle refuse à s’y croire et préfère persister à penser que ce n’est qu’un mauvais cauchemar qui revient souvent. « Du sang, c'est ce dont il s'agit, littéralement. Je sais que certaines personnes ne supportent pas le sang. Ma mère lady Cavendish s'étaient évanouie quand mon frère était tombé dans les escaliers, mais j'imagine que ce n'est pas votre cas, sinon vous n'auriez pas ouvertement été dans l'exposition Absalom... » Charlie ouvra la bouche sur un sourire béat. « Votre mère est une lady ? Vous êtes donc titré vous aussi, n’est-ce pas ? » D’une certaine manière, les coutumes britanniques la fascinaient. Elle, pure américaine de souche, elle n’avait rien d’extraordinaire comme les anglais et leurs titres. Elle ferma brièvement les yeux, se souvenant que cette parenthèse était inutile puisque c’était bien loin du sujet d’origine et elle revint à la conversation. « Excusez-moi, c’est tellement rare de croiser un britannique titré dans le coin. Bref. Je n’ai pas peur du sang, à vrai dire, j’y suis habituée. En quelque sorte. » A force d’avoir des visions de ces horreurs qui correspondaient à sa vie d’antan oubliée, elle s’était habituée à voir du sang se jeter hors des êtres humains. Et puis, ils étaient tous faits de sang et d’eau, pourquoi ça choquait encore des personnes. « J'imagine que vous avait dû avoir un passé assez violent, jeune fille. Beaucoup d'artistes ont connu une chose semblable... » La rousse regarda autour d’elle comme si un fantôme observait la conversation, prêt à révéler son secret à tout moment. Anxieuse, elle décida de se confier à lui, c’était mieux que tous ses amis qui ne pouvaient pas comprendre ce qu’elle ressentait. Philip semblait avoir vécu des choses et puis il avait la sagesse et l’expérience qu’elle n’avait pas. Alors qu’elle ouvrit la bouche pour révéler l’ignorance qu’elle subissait jour après jour, elle se retint. Après tout, elle ne le connaissait pas. Vraiment pas. « Dites-moi, que faites-vous dans votre vie ? D'où venez-vous ? Je vis depuis maintenant une bonne vingtaine d'années à Radcliff et il ne me semble pas vous avoir déjà vu... » Elle réfléchit un petit moment avant de trouver la bonne réponse et ce qui lui paru le plus judicieux était la vérité. « Je suis serveuse et j’ai emménagé il y a quelque mois, et à vrai dire, je ne sais pas du tout comment j’ai atterrit à Radcliff. » Et voilà, le mystère était lancé. C’était juste sorti de sa bouche involontairement.


Dernière édition par Charlie Fords le Jeu 7 Aoû 2014 - 22:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'art est l'éternité de l'être. Charlie.   L'art est l'éternité de l'être. Charlie. Icon_minitimeLun 28 Juil 2014 - 22:10

Ah. Le tract. Évidemment la stagiaire avait sans doute beaucoup adouci le caractère violent de l'exposition. Phil manqua lui dire de ne pas trop se fier aux tracts, mais il se souvent que sa galerie survivait en grande partie par la publicité de ces derniers. Sinon qui serait au courant que Radcliff le trou perdu de l'Amérique profonde avait une galerie d'art moderne ? Miss Fords avait tout de même eu un sourire timide. Le petit oiseau allait un peu mieux. Elle était sans doute plus solide qu'elle en avait l'air sous ses airs de fragile princesse rousse.

- Mmmmh, oui, je suppose que je suis titré...

A vrai dire, Philip avait toujours beaucoup joué de son titre. Sir Cavendish, ça en jetait pas mal avec les jeunes américains toujours avides d'exotisme. Il n'y avait pas de lords aux États-Unis, le pays qui avait toujours été sans royauté ni noblesse, le belle contrée de la méritocratie et du self-made man et des légendes d'ascension sociale.

- Certes, je le suis car mes parents appartiennent à la noblesse anglaise. Mais e vérité, je n'ai plus rien de commun avec la plupart des nobles. Je travaille, déjà, et je ne vis plus en Angleterre depuis bien plus de 20 ans. Je me fais appelé Sir pour... le panache, si je puis dire. Vous risqueriez d'être déçue en rencontrant de vrais lords... Ce sont malheureusement des gens plutôt communs.

Le vieil aristocrate fit un clin d’œil complice à Charlie. Il n'y avait pas à être particulièrement impressionné par un simple titre honorifique, qui n'était rien de plus qu'un mot gagné en se donnant la peine de naître, quel exploit ! La noblesse en soi, ce n'était pas seulement un mot mais une vertu gagnée à développer et à polir tout au long de son existence. Sa mère était une femme d'intérieure dont les seuls hobbies consistaient à boire le thé avec d'autres vieilles aristocrates et organiser des soirées caritatives pour des causes qu'elles ne comprenaient sans doute pas. Son père était un militaire qui n'avait jamais connu le terrain. Rien de bien glorieux.

- Ce n'est rien, il est toujours plus agréable d'évoquer des choses légères...

Mais comme si le calme avant les choses plus sérieuses avait pris fin, Charlie Fords sembla un peu moins sereine. Comment lui en vouloir ? Ce n'était jamais des plus agréables que de devoir parler de souvenirs refoulés ou de passé caché et d'anciennes blessures. Elle hésita un peu avant de répondre à la question du vieil homme qui patient, continuait de la fixer avec bienveillance et curiosité. Il n'avait aucune envie de la brusquer et qu'elle se renferme. Elle choisissait ses mots avec choix et prudence, ce qui était naturellement plus sage et prudent face à des inconnus, mais rendait aussi plus énigmatique la personnalité de son interlocutrice. Pourtant elle sembla elle-même surprise d'avoir réussi à révéler une partie de son secret.

- C'est en effet peu banal.

Philip Cavendish n'avait rien trouvé de mieux pour le moment. Il n'avait croisé de personnes atteintes d'amnésie, partielles ou complètes, et perdre sa mémoire lui avait toujours sembler un phénomène bien mystérieux.

- Vous n'avez absolument aucun souvenir de votre arrivée ici ? Et... avant ? Ce doit être troublant. Vous devez être très forte...

Quel âge avait-elle ? 18.. 19 ans ? Même pas l'âge de quitter le nid familial. Atterrir seule dans une ville inconnue ? Voilà qui en aurait briser plus d'un. Et pourtant elle était parvenue à avoir un logement et un travail.

- Mais comment-vous en êtes vous sortie ?

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MessageSujet: Re: L'art est l'éternité de l'être. Charlie.   L'art est l'éternité de l'être. Charlie. Icon_minitimeVen 8 Aoû 2014 - 2:42

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philip cavendish & charlie fords
Charlie avait beaucoup de rêves et être une princesse faisait partie de ses rêves. Comme toutes les petites filles, elle aurait voulu trouver un prince charmant et vivre dans un palais puis avoir beaucoup d’enfants et vivre heureux à jamais. Mais ça n’existait pas. Elle le savait. Les anglais avaient tous cet air de prince charmants, de vrais gentlemen ils étaient. Une partie d’elle avait toujours admiré cette culture de la royauté et de la politesse. Et leur accent était à craquer, mais elle n’était qu’une fille. Au fond d’elle, elle était que cette petite fille qui se cachait sous son lit lorsqu’il y avait des orages. Elle est juste une enfant naïve forcée de grandir trop vite. Rencontrer un titré était exaltant mais après qu’on lui réponde qu’il n’y avait rien de plus banale que l’aristocratie, son excitation était redescendu et un simple « Oh... » de déception était sorti de sa bouche. La conversation continuait puis Charlie se demandait comment a-t-elle fait pour confier ce secret à un individu qu’elle venait juste de rencontrer. Phil était un homme sympathique mais elle ne le connaissait pas. Elle avait des amis qu’elle connaissait depuis son arrivée en ville et elle n’a jamais été capable de leur avouer qu’elle était amnésique. Pourquoi c’était toujours plus facile de se confier à des inconnus qu’à des personnes que l’on connait que trop bien. « C'est en effet peu banal. » Pour elle c’était un cauchemar. Ne pas savoir qui l’on est plus troublant que l’on peut imaginer. Avoir des brides de souvenir qui reviennent à des moments inopportuns l’est encore plus. « Vous n'avez absolument aucun souvenir de votre arrivée ici ? Et... avant ? Ce doit être troublant. Vous devez être très forte... » Elle soupira en baissant le regard. Le néant total, l’amnésie complète. Elle est ignorante sur sa propre vie. « J’ai des souvenirs qui me reviennent parfois. » Elle n’était pas forte. On ne demande pas à avoir ce genre de chose qui nous tombe sur la tête. Oublier son entière personnalité, devoir se reconstruire de a à z, ce n’est pas de la force. C’est juste la seule à faire si l’on veut vivre. Charlie ne voulait pas devenir le fantôme de sa vie passée, elle ne voulait pas être prisonnière de ce qu’elle ne savait pas. Elle préférait regarder devant elle. « Mais comment-vous en êtes vous sortie ? » Elle releva doucement la tête vers le directeur de la galerie, un air triste sur son visage. « Je me pose cette même question tous les jours. » Répond-t-elle avec cette déception qui ne veut pas quitter son regard. Comment a-t-elle pu arriver là ? « Je me souviens être dans un train puis il y a un coup de feu. Ensuite je vois du sang, beaucoup de sang et j’ai l’impression de courir dans les champs. La minute d’après je passe un entretien pour devenir serveuse dans un grill en ville. » Elle énonce ses souvenirs avec difficulté et intimité comme elle ne l’a jamais fait, espérant intérieurement qu’elle peut réellement lui faire confiance. Si elle était amnésique, il y avait sûrement une raison. Tout ceci était psychologique. C’est dans sa tête, ça a toujours été dans sa tête.
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MessageSujet: Re: L'art est l'éternité de l'être. Charlie.   L'art est l'éternité de l'être. Charlie. Icon_minitimeDim 10 Aoû 2014 - 22:49

Charlie Fords avait poussé un bref soupir de déception, Philip s’empressa de la rassurer un peu.

-Oh mais la noblesse a toujours quelques petites choses si particulières qui la rendent uniques, surtout en Angleterre, il faut simplement aimer le genre…

Phil avait eu une mauvaise expérience de son enfance et adolescence dans sa très respectable famille. Une politesse excessive, à la limite du ridicule, comme lors des garden parties et galas de charité organisés par sa très chère mère personne n’était censé se douter qu’ils étaient liés par le sang. Cela nécessitait dès lors d’user d’une froideur polie et d’une distanciation calculée avec les personnes qui vous avaient enfanté. Troublant. Manie d’autant plus grotesque que naturellement toute l’assistance connaissait par cœur la généalogie des uns et des autres.

-Ils vivent dans de magnifiques demeures, sont toujours très élégants et d’une politesse exquise, du moins tant que vous êtes face à eux…

Charlie ne souhaitait pas vraiment évoqué ses bribes de souvenirs. Soit qu’ils soient trop douloureux, soit qu’ils ne soient des plus évocateurs. Si elle ignorait encore tout de sa propre identité, elle n’avait sans simplement pas grand-chose à raconter. Elle raconta ensuite tout de même quelques bribes, quelques images décousues sans aucun doute, rien de très rassurant. Du sang, des coups de feu, un beau traumatisme amnésique.

-Nul besoin d’être un psychanalyste réputé pour voir que vous avez refoulé vos souvenirs, sans doute pour votre propre sécurité. Les tableaux ont dû débloquer quelque chose en vous. Vous avez une idée du sens de ce que vous voyez ?

Était-ce une bonne idée de vouloir connaître son passé dans les circonstances actuelles, dans un monde qui tendait de plus en plus vers la violence et le non-sens les plus crus ? Était-ce raisonnable quand les seules choses précises qui lui revenaient étaient le bruit des armes et l’écarlate du sang ?

-Vous avez déjà tenté l’hypnose ?

Question idiote. Elle n’avait certainement pas les moyens. Il tentait simplement de lui faire comprendre que son… état n’avait rien d’une fatalité et qu’il existait des moyens de lui faire recouvrer don passé. Mais une fois de plus à quel prix ? Des séances douloureuses, trouver un médecin digne de confiance et sachant pratiquer correctement cette science. Phil ne connaissait pas particulièrement l’hypnose, bien qu’il ait été proche de milieux appréciant ce genre de médecine alternatives loin dans les années 60-70, alors que la psychanalyse moderne continuait de grandir et de provoquer des tollés dans la médecine moderne. Il n’était pas un scientifique, plutôt un artiste décadent, mais l’art moderne qu’il affectionnait avait une étrange relation avec la psychanalyse moderne. Il n’y avait qu’à voir les tableaux d’Absalom.

- J’espère que cette conversation ne vous provoque nul trouble. Il arrive parfois que je me laisse emporter en oubliant que je peux créer un certain inconfort chez mes interlocuteurs.

Trop de spontanéité parfois. Un problème récurrent dans son caractère qu’il ne pouvait apparemment pas faire disparaître, tout comme le sarcasme ou la volonté presque divine de toujours être à contre-courant de la pensée générale.
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