i. que pensez-vous du mouvement terroriste des hunters ?
   Alarmant. Déprimant. Juste une raison de plus pour faire la guerre. La religion, la politique, et maintenant, les gênes mutants. Il ne sert à rien d'employer les armes, la violence. Pour ma part, je préfère nettement apprendre d'eux, que leur déclarer la guerre. Les hunters sont arriérés, je crois ?
   ii. êtes-vous effrayée par l'apparition des transmutants dans la société ?
   Des mutants, surprenant en effet, le temps d'une nuit on y pense, on se pose quelques questions, et puis finalement la vie reprend son cours, on se rend compte que ces personnes sont toujours les mêmes, que leur comportement n'a pas changé entre le moment où vous ne saviez rien, et le jour où leur don a été révélé. Etant loyale de nature, je n'allais certainement pas tourner le dos à mes proches, même si ceux ci se révélaient être transmutants !

   iii. avez-vous déjà fréquenté des mutants ?
   Sans le savoir, sûrement beaucoup ! Mais à mon humble avis, il serait surprenant qu'une personne ne connaisse aucun mutant dans son entourage ! Pour ma part, j'ai gardé contact avec des personnes que je connaissais bien avant que la situation ne dégénère. Le fait que je sache pour leur particularité n'a rien changé.

   iv. que pensez-vous de l'élection récente de thaddeus lancaster à la tête du comté ?
   Cet homme m'effraie. Il va empirer la situation, il n'y a aucun doute la dessus. Et surtout: il va acclamer, promouvoir et même sûrement organiser des attaques contre les mutants, et je sais que Miko en pâtira un jour ou l'autre. Ce Lancaster va pousser mon ami à poursuivre ses bétises. Lui, et bien d'autres. Ils vont faire du mal aux mutants, mais à eux-mêmes aussi. Je suis alarmée par cette élection. J'espère avoir des cartes à jouer dans cette histoire, je tenterai quelque chose. Pour Miko, au moins.

Le cœur battant, je pliais et dépliais mes doigts souffrant du froid. Mon sourire trahissait sûrement mon état d'esprit du moment. 3. 2. 1. J'avais réussi. Un rire profond et joyeux m'échappa tandis que bras levés, je profitais de la quiétude des lieux pour évacuer toute l'énergie qui sommeillait en moi. A cet instant précis, la sonnerie de mon téléphone retentit, me ramenant à la réalité.
-Allô Iseult, ici la terre. Tu sais que si tu fais ça encore une fois, ta mère te tue ?
-C'est géant, si tu pouvais voir ça ! Le levé de soleil est magnifique, le vent est frais, ça fait tellement de bien...
-Rentre s'il te plait, tu vas finir par tomber malade à partir si tôt courir, tu n'as même pas pris de veste, maman poule a vérifié.
Je levais les yeux au ciel. Je crois que c'est ce matin là, que je pris la décision de quitter le cocon familial pour déployer mes ailes. J'avais besoin de liberté, d'indépendance. J'avais grandi, et mon caractère actuel ne convenait plus à mes parents bien trop soucieux. Moi aussi, comme dans N'oublie Jamais, j'étais un oiseau. Et j'aurai eu des ailes plutôt que des bras, je n'aurai pas hésité à prendre un grand bol d'air en sautant dans le vide ce matin là, alors que je m'étais levée tôt pour voir le levé de soleil en haut de la plus belle montagne rocheuse des horizons.


-Iseult, est-ce que tu vas bien ?
J'eu un sursaut, faisant tomber mon verre de smoothie fait à l'instant. Je fronçais les sourcils, regrettant ce concentré de vitamines que j'avais pris le temps d'aimer le temps de sa réalisation.
-Je le savais. Tu es encore allée le voir ?
Judy, ma colocataire depuis peu, aussi inquiète que mes parents à mon sujet. Nous nous connaissions depuis peu, et pourtant, une réelle amitié était née, très rapidement. L'affection que je portais à présent à cette jeune femme me faisait oublier ses tendances mère poule.
-Il est grand tu sais, il sait ce qu'il fait.
-Tu ne le connais pas. Toute sa vie a été tournée vers la chasse aux mutants, dès son plus jeune âge. Ses gestes, ses choix, ne sont plus de sa réflexion personnelle dès qu'il s'agit de transmutants. Il devient une autre personne... 
Un soupire quitta ses lèvres. Elle souriait, bien qu'elle s'inquiétait réellement à mon sujet. Ma relation avec Miko était pour elle le plus grand mystère auquel elle s'est confronté durant sa vie. Elle me l'a toujours dit. Pour elle, les relations entre les gens étaient très simples. Si l'on se fait du bien, c'est que l'on s'aime, si l'on se déchire, ce n'est pas le cas. Elle a raison, dans un sens. Et je sais de quoi elle parle, étant généralement dans ce même état de pensée. Je n'ai que des proches merveilleux dont ma survie dépend, ou des ennemis dont mon souhait le plus cher serait de les enterrer moi-même. Excessive, moi ? Toujours est-il qu'avec Miko, tout était différent. La vision du bien et du mal que je me faisais du monde basculait, et il m'était difficile d'être objective. Je comprenais tout à fait Judy. Un de mes proche vivrait ce genre de relation destructrice, je serai dans le même état qu'elle. Je lui souris donc à mon tour.
-Ne t'en fais pas, mis à part quelques heures de sommeil en retard, je vais bien.


Un jeune enfant brun aux yeux clairs avança, avant de s'agenouiller, les mains jointes sur une épée de fortune ou, autrement dit, un bâton de bois. Fier et vaillant, il prononça quelques promesses à l'intention de la princesse qu'il promettait de protéger, et ce pour toujours.
-Pour toujours, ça veut dire que tu ne m'oublieras pas, jamais ?
-Un serment, c'est un serment, princesse !
-Lysaght, te voilà chevalier !
Les deux enfants rêveurs et innocents passèrent la journée ensemble, à se battre contre le mal pour l'un, à jouer la jeune fille en détresse pour l'autre. Et alors que le soir tombait, le chevalier offrit une plume -d'un oiseau qu'il ne sut jamais identifier- mais qui représentait sa dernière lutte contre le monde des ténèbres qui tentait de s'en prendre à la belle, alors qu'il avait chassé un volatile qui essayait de voler à la jeune fille son gouter.
Il ne s'agissait que d'un rêve, et pourtant je m'en souvenais comme si c'était hier. Me levant, je traversais ma chambre sur la pointe des pieds, comme interdite, afin de retrouver le coffret où sommeillaient tous mes secrets, toutes mes perles rares. J'y retrouvais ma plume, toujours aussi belle, représentant pour moi toujours autant de promesses que lors de notre jeunesse, bien que la situation ait changé. J'y croyais. Je croyais tellement en nous. J'y crois toujours.



Les cours avaient pris une toute nouvelle tournure depuis que j'avais entendu parler de ces émeutes dans le centre ville. Apparemment, un groupe de Hunters et de Mutants étaient en désaccords. Et moi, j'étais là, assise sur ce foutu siège à écouter ce cours qui, pourtant, m'aurait beaucoup intéressé dans d'autres circonstances. Oui mais voilà, j'avais Miko en tête. Lui, et personne d'autre. Je craignais qu'il ne soit de la partie. Alors, j'avais pris la décision de quitter les cours avant la fin. Il était tard de toute façon, et il s'agissait de cours supplémentaires non obligatoires, je pouvais bien me le permettre pour une fois.
Une fois dehors, je cru d'abord que ce que j'avais entendu dans les couloirs n'avait été qu'une rumeur. Rien n'indiquait qu'il y avait eu des échauffements par ici. Cependant, je restais attentive au moindre indice, jusqu'à entendre un hurlement. Le soleil disparaissait et emportait avec lui la lumière et la chaleur qu'il apportait en journée. Tout dans la situation ne présageait rien de bon. Je me mis à courir dans la direction où j'avais cru entendre les plaintes. Il me fallut un moment avant de les retrouver, cachés par la forêt où ils s'étaient engouffrés. Cette fois j'en étais sûre, du plus profond de mon être, je sentais la présence de Miko. Et alors que j’apercevais des ombres non loin, je fus stoppée dans mon élan. Un poing avait frappé mon épaule, me faisant perdre l'équilibre. Je tombais sur le sol, désorientée quelques instants, tandis qu'une masse me tomba dessus. Ce n'est qu'après quelques secondes que je réussi à reprendre mes esprits et compris qu'un homme me maintenait au sol, le regard menaçant. Impulsive, je n'avais pas pris l'ampleur de mon inconscience: j'avais pris en chasse des meurtriers, des extrémistes, les Hunters eux-même. Et tandis que je tentais de me défaire de la poigne de cette armoire à glace, j'entendais les gémissements étouffés de la victime que l'on achevait à quelques mètres de moi.
-Arrêtez ! Salops ! Arrêtez !
Il n'en fallut pas plus à mon adversaire pour abattre à nouveau son poing sur moi. Les minutes qui suivirent restent encore floues à mon esprit, mon corps n'étant pas habitué à tant de violences. En revanche, je me souviendrai toujours du visage de Miko qui, une fois son travail terminé, nous avait rejoint. A sa voix brisée mais autoritaire lorsqu'il m'avait reconnu. Jamais une telle situation ne nous était encore arrivée, à lui et moi. Et ce jour là, je pris une décision. Alors que je fuyais pendant que Miko se chargeait de retenir la brute qui m'avait amoché, je su que j'allais encore une fois laisser parler mes instincts. J'allais à présent me battre du côté des Mutants, pour faire réagir Miko. Une chose était sûre, je ne pouvais plus laisser Miko être un meurtrier. Dans mon coeur, il restait mon chevalier bienveillant et protecteur.