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 Artur | Too early, buddy...

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Ciaran O'Doherty
Ciaran O'Doherty

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MESSAGES : 338
SUR TH DEPUIS : 26/01/2016
MessageSujet: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeVen 2 Sep 2016 - 0:13

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



Ciaran était le genre d'individu à aimer son petit confort personnel. Il aimait les appartements spacieux, où le blanc prédominait et où chaque objet trouvait sa place avec une minutie qui tenait presque de la maniaquerie d'un psychopathe. Et croyez-moi, malgré son emploi de psychiatre, Ciaran O'Doherty avait tout du parfait psychopathe narcissique et sadique à souhait. Mais ce n'est pas le sujet qui nous préoccupe aujourd'hui, aussi revenons-en à nos moutons. Et irlandais de préférence.

Ciaran était donc un adepte des choses bien rangées, des canapés de cuir et des jolis vases chinois. Il aimait la littérature anglaise ancienne, les traités de psychologie et les ouvrages de médecine. Mais tout ceci cachait en réalité son plus noir secret... Ce que personne ne devait jamais découvrir, le péché mignon de l'Irlandais, son petit plaisir coupable... Son amour pour les bande dessinés, qui allait du pur comic book américain à la bande dessinée française, habilement traduite sans quoi il n'y aurait rien compris. Il aimait autant les aventures de Batman que celles des Schtroumpfs, et ne jurait que par l'humour de Garfield. En clair, Ciaran était tout sauf celui qu'il donnait l'impression d'être. Le type élégant, toujours tiré à quatre épingles, ce n'était pas vraiment lui. Enfin... Si, c'était la partie émergée de l'iceberg, le rôle qu'il endossait avec un plaisir non dissimulé.

En revanche, ce qui se cachait sous la surface de l'eau aurait brisé un mythe. Entre son amour pour les illustrations ridicules et les séries à l'eau de rose d'une niaiserie qui le faisait mourir de rire, Ciaran aurait probablement étonné bien des gens. Mais qu'importe, cas tout ceci était bien dissimulé au fond de ses étagères. En revanche, ce qui n'allait pas tarder à être dévoilé, c'était son incapacité à se lever tôt et avoir l'air frais comme un gardon dès le matin.

Étalé dans son lit avec l'élégance d'une étoile de mer échouée sur une plage normande, Ciaran dormait profondément, rêvant à la femme de ses rêves – un savant mélange de Monica Bellucci et de Marilyn Monroe – en ignorant totalement le réveil qui affichait un bon dix heures sous ses yeux hermétiquement clos. Après tout, c'était samedi, le cabinet qu'il occupait à l'hôpital était fermé, et il priait les meurtriers hyperactifs de Radcliff d'attendre quelques heures avant de se manifester. La veille au soir, il avait prévu un parfait planning pour le weekend : rien. Absolument rien ! Rien que deux jours en tête à tête avec son matelas, sa télé, beaucoup de café et du pop corn. Et tout ça en ferait le plus heureux des hommes !

Seulement ça... C'était sans compter le doigt tremblant qui s'écrasa sur la sonnette de la porte d'entrée, ne le faisant pas réagir tout de suite. Bon sang pourquoi sa femme idéale émettait-elle le son strident d'une sonnette de porte au lieu de lui déclarer un amour passionné et universel ? A la deuxième sonnerie, sa majesté poussa un grognement en se cachant sous l'oreiller, et ce n'est qu'au bout de quelques secondes qu'il daigna ouvrir un œil pour jeter un regard vitreux au réveil. Ce n'était certes pas une heure indécente pour le réveiller, mais il n'en était pas plus ravi pour autant et n'attendait de toute manière personne. Il se redressa, et grommela un « j'arrive ! » d'une voix rauque, avant de s'asseoir sur le bord du lit. Il n'aurait même pas su dire comment il s'appelait ni ce qu'il avait fait la veille !

Il se leva en traînant les pieds, enfila à la va vite un vieux jeans et un t-shirt beaucoup trop grand pour lui et se dirigea vers la porte d'entrée. Il valait toujours mieux avoir l'air un peu miteux dans ses vêtements que d'ouvrir au premier venu en caleçon. Se passant une main dans sa tignasse ébouriffée, il ouvrit la porte et se retrouva nez à nez avec un Artur à l'air perdu et nerveux. Le détaillant en fronçant les sourcils, Ciaran se demanda un instant s'il rêvait ou s'il devait laisser le jeune homme entrer.

« Artur ? Mais qu'est ce que tu fais là à une heure pareille ? »

S'effaçant, l'Irlandais fit signe à Artur d'entrer.

« Installe-toi dans le canapé, si tu veux, je vais me faire un café... Tu veux quelques chose ? Un thé au citron, je suppose ? »

Dix ans qu'ils se connaissaient, dix ans que Ciaran connaissait l'amour d'Artur pour tout ce qui avait le goût de citron. Des tartes aux thés en passant par les esquimaux. D'un pas toujours aussi traînant, Ciaran mit en route la machine à café, mis de l'eau à bouillir et sortit d'un placard un excellent thé anglais qui lui coûtait une fortune mais valait cent fois mieux que la pisse de chameau qu'on vendait aux États-Unis. Il posa sur un plateau une coupelle pleine de guimauve au citron et de cookies au chocolat, les deux tasses, et regagna le salon. Après avoir posé le plateau sur la table basse, il se laissa tomber dans un fauteuil, face à Artur.

« Alors ! Qu'est ce qui t'amène ? Tu n'as pas d'autres soucis avec ton père, j'espère ? »

Depuis toujours, Ciaran voyait d'un très mauvais œil la relation qui unissait Artur à Andreas. Malgré leur éloignement, il avait toujours sentit qu'Artur cherchait à capter le regard de son père malgré l'absence de mutation dans ses gènes, qu'il cherchait à le dépasser... Et depuis la mort de Moira, il n'y avait plus que lui qui constituait un obstacle entre les deux Irlandais. Enfin... Mort... Artur ne lui avait toujours pas dit que sa rouquine d'insupportable frangine avait resurgit d'entre les morts. Ni qu'il subissait les effets néfastes d'un vaccin sans avoir jamais été un mutant de sa vie.

© Grey WIND.
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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 25/08/2015
MessageSujet: Re: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeDim 4 Sep 2016 - 23:20

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



Au début, Artur avait vraiment pensé que ça n’allait être que temporaire. Les conséquences d’un vaccin, et d’un vaccin aussi bon marché que le NH24, ne pouvaient pas être définitives, ce qui n’était qu’une vengeance mesquine de la part de Moira n’allait pas durer dans le temps. Au tout début, même, lorsqu’il avait eu des vertiges, il s’était dit qu’il pourrait les gérer, sans le moindre problème, sans avoir besoin d’une quelconque aide extérieure, d’un quelconque soutien. Puis étaient venus les premières hésitations, les premiers trous de mémoire, sans grande incidence sur sa vie, qu’elle soit sociale ou professionnelle, mais qui l’agaçaient tout de même. Beaucoup. Et qui l’avait amené à en parler à Ellie, sans qu’il ne sache trop pourquoi, même s’il n’avait pu s’empêcher de minimiser la chose pour qu’elle ne s’inquiète pas plus que cela. Sans qu’il ne sache non plus pourquoi. Et, enfin, dernièrement, alors que deux mois s’étaient maintenant écoulés, tout s’était accéléré brutalement sans qu’Artur ne puisse avoir le moindre contrôle sur ces black out qui le coupaient de tout, le laissaient hagard et égaré, le déstabilisaient plus qu’il ne voudrait jamais l’admettre. S’il avait pu penser dans un premier temps gérer le tout, tout seul, il était évident que ce n’était plus possible. Des retards répétés à son travail, des absences, des crises de panique qui le surprenaient désormais en journée… la vie d’Artur était un château de cartes dont Moira avait soufflé les fondations. Et à présent, lentement mais sûrement, le château s’écroulait par pans entiers, l’isolait du reste, coupait ces ponts savamment construits avec hypocrisie qui le liaient à son entourage. L’ancre se détachait des fonds marins pour le laisser dériver sur une mer dont il voyait le déchaînement à l’horizon se rapprocher toujours plus.

Artur avait besoin d’aide. C’était indéniable et il en était conscience depuis plus de deux semaines. Mais le fait était malheureusement qu’il n’y avait qu’une seule personne au monde qu’il se sentait capable d’aller consulter à ce sujet sans avoir à heurter plus que nécessaire sa petite sensibilité d’arrogant prétentieux, et cette personne avait actuellement l’honneur d’être aussi celle dont le respect lui importait le plus, le tout l’enfermant dans un dilemme aussi cruel que désespérant qui ne lui permettait en rien de faire avancer sa situation.

Hagard, il errait maintenant depuis plus de deux heures dans son appartement, à tenter de se raccrocher comme il pouvait aux éclats de vie qu’il pouvait trouver dans des cadres, dans des livres, dans des annotations serrées et pourtant lisibles, carrées, droites, sèches et rigoureuses, laissées aussi bien sur son frigidaire que sur des post-it couvrant le bureau dans une organisation relevant de la maniaquerie ou encore dans les marges des livres. Ses rétines allaient d’un livre à un autre, d’une revue à une autre, repassait sur son ordinateur comme à la recherche d’une nouvelle preuve que sa mémoire persistait à lui faire défaut, et ce de la façon la plus cruelle possible : imprévisible. Un matin, il était incapable de se remémorer le prénom de sa grand-mère maternelle, une femme charmante au demeurant. Le lendemain, c’était la résolution, si triviale qu’elle en était devenue procédurale, du rubik’s cube. Et l’après-midi, ce pouvait être son prénom, sa couleur préférée ou encore son âge qui lui échappaient, sans qu’il ne puisse avoir le moindre contrôle dessus. Dernièrement, si ses crises et ses black-out s’étaient stabilisés, ce n’était que pour mieux le maintenir privé de ce qu’il avait le plus cher : ses certitudes. Et des certitudes, Artur était un homme qui, jusque là, en avait un certain nombre, des plus anecdotiques aux plus extrêmes en passant par celles qui modelaient sa façon de vivre, de voir les autres, de s’appréhender lui-même et d’appréhender son propre avenir. Mais comment parvenir à tenir debout lorsqu’on avait ce sentiment profond de haïr les mutants sans parvenir à se souvenir d’un seul instant qui puisse justifier cette haine ? Comment expliquer un ressenti à l’encontre d’une personne quand rien, dans les souvenirs qui se maintenaient en place dans sa psyché, ne pouvait l’expliquer ? Même Ellie, il commençait à avoir du mal à compartimenter et poser des mots sur ce qu’il pouvait ressentir pour elle, était même incapable de savoir ce sur quoi se basait cet amas informe et monstrueux de mépris, d’affection, de respect et de dégoût, le tout enrobé dans de l’indifférence factice, qu’il rencontrait à chaque fois qu’il se heurtait à ce prénom. En un mot comme en dix, Artur s’était perdu dans son esprit, dans le labyrinthe de pensées qu’il avait minutieusement construit avec la patience, le savoir faire et certainement la folie d’un Dédale à son acmé, prêt à basculer dans un déclin létal. Un vaccin, des amnésies partielles, aléatoires et éphémères, avaient tranché le fil d’Ariane qui lui permettait jusque là de maintenir la cohésion de l’ensemble et de tracer son chemin vers la sortie. Le fil d’Ariane qui n’était au final que sa certitude la plus grande et la plus importante, la certitude primaire et primordiale, le fil que les Parques faisaient vibrer au rythme de leurs respirations et qui le raccrochait à la vie, faisait un lien entre celui qu’il prétendait être et celui qu’il était.

Devant la porte de l’appartement de Ciaran, adresse restée miraculeusement indemne, Artur se surprit à se reposer cette question. Qui était il, au final ? Un ingénieur, un maître dans plusieurs domaines des sciences et tout particulièrement des sciences étudiant le vivant ? Assurément. Mais ce n’était pas une identité, c’était une fonction. Il appuya une première fois sur la sonnette. Un irlandais, doublé d’un finlandais, articulé d’un chinois si on tenait compte de la ville qui avait entendu son premier cri ? Il ne pouvait le nier. Mais ce n’étaient que des langues, des cultures, des nationalités, pas ce qui le forgeait lui. Des parts de lui, mais pas le tout. Il appuya une seconde fois sur la sonnette. « j'arrive ! » Artur souffla, se rendant compte à cet instant de la tension qui avait cru en lui à l’idée de se heurter à une porte close. Pas celle là, pas cette porte. De tout ce qu’il avait en souvenirs, parmi tous les débris d’une mémoire calcinée et mise en pièce, il n’y avait au final que de rares sentiments qui perduraient avec force, comme inscrits au fer rouge dans sa psyché. Et parmi eux, ou plutôt au centre d’eux, il y a avait l’homme qui venait d’ouvrir sa porte. « Artur ? Mais qu'est ce que tu fais là à une heure pareille ? Installe-toi dans le canapé, si tu veux, je vais me faire un café... Tu veux quelque chose ? Un thé au citron, je suppose ? » Artur resta un instant tétanisé, comme asphyxié par la présence rassurante et presque étouffante de Ciaran, se contentant de le suivre, d’hocher la tête et de puiser dans l’ensemble la stabilité qui lui faisait si cruellement défaut. « Alors ! Qu'est ce qui t'amène ? Tu n'as pas d'autres soucis avec ton père, j'espère ? » Incapable de prononcer un mot, Artur resta muet. Croisa les bras sur sa poitrine. Oscilla entre l’envie de s’asseoir et… il leva les yeux, chercha à croiser les rétines de son mentor. Et bascula de l’autre côté de la pente, dégringola dans son orgueil démesuré, tomba dans les bras de Ciaran à la recherche d’une étreinte réconfortante. Paternelle ? Affectueuse ? Autre chose ? Aussi brusquement qu’il l’avait initiée, Artur recula, au comble de la honte. « Désolé, je… je ne sais pas ce qu’il m’a pris… je… » Si, il le savait très bien. Il cherchait des repères. Comme dix, onze ans plus tôt. « J’ai besoin de ton aide, Ciaran, tu es le seul en qui j’ai confiance. Moira m’a vacciné, pour se venger. Je perds la mémoire, je perds des pans entiers de ma vie, je suis incapable de savoir où j’en suis, qui je suis. J’ai l’impression qu’il n’y a que toi qui subsistes, inchangé, dans ma vie. Je n’arrive même plus à savoir exactement dans quelles circonstances on s’est rencontré, tout est diffus. La seule chose qui ne l’est pas, c’est que tu es la seule personne stable dans mon entourage. » Jamais Artur n’avait dû faire preuve d’une telle sincérité et d’une telle vulnérabilité Mais il était à bout, il était perdu, il n’avait pour se raccrocher que ces structures artificielles dans les lambeaux de ce qu’il était.

© Grey WIND.
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Ciaran O'Doherty
Ciaran O'Doherty

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SUR TH DEPUIS : 26/01/2016
MessageSujet: Re: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeDim 11 Sep 2016 - 18:48

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



Si Ciaran détestait qu'on le réveille avant midi un samedi, il détestait encore plus lorsque les choses n'allaient pas comme il le souhaitait. Il aimait l'ordre, la rigueur... Enfin... Son ordre, sa rigueur, qui n'avaient de sens que pour lui et épousaient une forme de logique qui n'avait pas lieu d'être à quelque endroit que de ce soit de l'univers. Tout le cheminement qui se faisait dans son esprit avait un sens, tout s'emboîtait parfaitement, simplement... Il fallait parler la même langue que lui, comprendre les rouages tordus de son esprit, et surtout accepter le fait qu'il ne cherchait pas à venger quelqu'un ou dominer le monde à grand renfort de « mouahaha vous ne pouvez rien contre moi », pas plus qu'il ne servait une quelconque cause, noble ou non. Il ne servait que ses propres intérêts, et tout ceci n'existait que pour vaincre l'ennui lui l'étreignait du matin au soir. Nuire à autrui était son activité favorite, et il était capable de mettre en place des stratégies redoutables, simplement pour être sûr qu'un type se casserait la figure en glissant sur une peau de banane.

Alors, évidemment, Ciaran n'était pas spécialement ravi de recevoir de la visite de si bon matin, pas plus qu'il ne s'attendait à ce que ce soit Artur sur le pas de sa porte. A vrai dire, c'était bien la dernière personne qu'il s'attendait à trouver là, avec l'air paumé d'un drogué à qui on aurait vaguement donné l'adresse d'un parent dont il aurait oublié jusqu'à l'existence. Ayant atténué sa mutation au minimum, Ciaran ne sentait pas encore le bazar de sentiments contradictoires qui animaient le jeune homme, il était loin de se douter de tout ce qui le tracassait au fond. Il n'était pas encore assez réveillé pour cela. Pourtant, il se plia bon gré, mal gré à une exigence sociale qui voulait que l'on offre à boire à un invité, qu'il soit désiré ou non. Il se prépara un café noir, sans sucre, sans lait, sans âme, avec la consistance du goudron frais et suffisamment de caféine pour le faire sauter comme un cabris jusqu'au soir.

Lorsqu'il ramena le plateau pour le poser sur le table, il s'attendait à bien des choses. A ce qu'Artur lui annonce qu'il était orphelin – Ô joie ! - à ce qu'il lui dise qu'il s'était trouvé une petite amoureuse – Ô rage ! - voire à ce qu'il lui dise qu'il était enceinte, après tout pourquoi pas... Mais s'il y avait bien une chose à laquelle Ciaran ne s'attendait pas, c'était bien à ce que le jeune homme s'effondre dans ses bras, dans une démonstration d'affection aussi gênante qu'inattendu. Les yeux écarquillés, Ciaran se raidit, incapable de savoir comment il était censé réagir. Artur n'était pas quelqu'un de tactile, c'était un cérébral, quelqu'un de froid et distant, qui ne prenait pas les gens dans ses bras... Encore moins son ami et ancien psychiatre, bon sang ! Avec la raideur d'une machine, Ciaran tapota l'épaule du jeune homme sans prononcer un mot, bien trop choqué pour dire quoi que ce soit. Lorsqu'il se recula, Ciaran poussa un imperceptible soupir de soulagement. Si encore c'était une jolie demoiselle qui lui tombait dans les bras... Pourquoi pas ! Mais Artur ? Son Artur ? Sa jolie marionnette qu'il exhibait au monde entier avec la fierté d'un père ? Celle qu'il avait habillée d'un joli ruban doré, symbole de sa captivité et qu'il n'aurait pour rien au monde partagée avec qui que ce soit ? Non... Cet Artur là n'aurait jamais fait ça.

« Mais... Je t'en prie, Artur... Ça arrive à tout le monde d'avoir des moments de faiblesse, je suppose... », répondit-il d'un ton qui se voulait bienveillant.

Mais une fois de plus, Artur me pris au dépourvu. Car Ciaran ne s'était pas attendu à ce qui suivit. A mesure que le jeune homme exposait ce qui l'amenait, l'Irlandais sentait la colère pulser à ses oreilles et son cœur tambouriner dans sa poitrine. De quel droit un cadavre osait-il s'en prendre à son petit protégé ? Qui était donc ce fantôme qui revenait le hanter ?

« Attends une minute, Artur », commença-t-il d'un ton où tremblait toute sa colère contenue. « Moira ? Tu veux parler de ta sœur ? Ta sœur qui est décédée il y a quelque mois ? Ton insupportable rouquine de sœur qui t'a pourri la vie pend... Pardon. Je m'emporte, mais j'aimerais comprendre. Tu m'as menti, ou bien a-t-elle brusquement resurgit d'entre les morts, ressuscitée par je ne sais quel moyen ? »

Il la sentait, sa propre colère, il la sentait physiquement pulser à ses tempes, il la sentait lui échauffer le sang... Puis il se souvint qu'il était lui aussi un mutant, et qu'il était sûrement plus intéressant de s'immiscer dans l'esprit d'Artur que dans le sien. Laissant sa mutation vagabonder jusqu'à Artur, le déferlement de sentiments du jeune homme le percuta avec la force d'un troupeau d'émeus lancés à vive allure. De l'incompréhension, de la colère, de la solitude, de la peur, tout se mélangeait dans l'esprit d'ordinaire si carré et régulier du jeune homme. Ciaran n'arrivait même plus à discerner les sentiments qu'il lui avait implanté, et ceux qui étaient inhérents à son état.

« Tu es donc en train de me dire que ta sœur est vivante, et qu'elle a voulu te punir d'avoir fait vacciner ton père ? Mais bon sang elle est complètement folle ! Folle et bête à manger du foin ! Ne réalise-t-elle donc pas que les effets secondaires du vaccins pourraient être irréversible sur un corps sains comme le tien ? Bougre d'idiote... »

S'il avait eu la rousse entre les mains, il se serait fait un plaisir de la changer en légume en anéantissant les derniers neurones qu'il lui restait... De pas très futée, elle serait passée à un état végétatif qui l'aurait rendue bien moins dangereuse. Ciaran n'aimait pas cela, oh non il n'aimait pas cela ! Il n'aimait pas l'idée qu'Artur reste comme cela indéfiniment. S'était levé, il arpentait rageusement la pièce en réfléchissant à toute allure. Artur lui affirmait qu'il n'y avait plus que leur relation de stable, dans son esprit... Etait-ce dû à l'influence de sa mutation ? A des choses artificielles indépendantes de la mémoire ? Peut-être bien...

« Mais elle ne t'a rien fait d'autre, j'espère ? Enfin... C'est déjà bien assez... Crois-moi, lorsque nous t'aurons remis sur pieds, il faudra lui rendre une petite visite et la priver définitivement de son abomination, pour qu'elle ne puisse plus te nuire... »

Nerveux, Ciaran revint s'asseoir dans le divan et se tourna vers Artur.

« Regarde-moi, Artur... De quoi te souviens-tu ? Tout ce qui te passera par la tête, ne réfléchis pas, dis-moi simplement de quoi tu te souviens, spontanément. »

Il ne laisserait pas ce crime impuni... Pas par affection pour Artur et encore moins pour que justice soit faite... Simplement parce que Ciaran avait horreur que l'on touche à ses affaires, et que le Kovalainen restait sa propriété, son jouet... Et que personne n'avait le droit de le lui ôter ou de l’abîmer sans son autorisation.

© Grey WIND.
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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 25/08/2015
MessageSujet: Re: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeDim 18 Sep 2016 - 11:20

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



Artur n’était pas extraverti. Artur n’était pas expansif. Artur n’avait pas l’humilité nécessaire à toute personne pour abaisser ses défenses et aller avouer de lui-même qu’il n’allait pas bien. Un Artur dans son état normal se serait plongé dans un livre, serait resté chez lui ou, dans le pire des cas, serait effectivement venu chez Ciaran pour faire le point et lui proposer une partie d’échecs à une heure décente selon les critères du psychologue. Jamais, en revanche, Artur n’aurait une seule seconde à tomber dans les bras de son mentor et ami. Jamais. Et la honte et la gêne et l’angoisse qui le submergèrent lui apprirent, aux yeux écarquillés de Ciaran, que l’homme en face non plus ne s’y attendait pas. Et qu’ils s’en seraient bien passés tous les deux. Désolé, les excuses jaillirent sans qu’il n’y fasse attention, Artur était déjà en train de balbutier une explication aussi confuse que spontanée. Il n’était pas lui-même, clairement pas lui-même, et il haïssait ça. Il haïssait Moira de lui avoir infligé ça, alors même qu’il en venait à ne plus savoir distinctement qui était Moira. Il haïssait l’ombre de la personne qui lui avait injecté un vaccin inachevé et loin d’être commercialisable dans les veines, il haïssait ces reflets roux, cette personne qu’il savait connaître mais qu’il était désormais incapable de véritablement rattacher à son existence, comme si un couteau affuté avait tranché le fil qui reliait ce pan de sa mémoire au reste. Et les doigts tremblant d’Artur était incapable d’aller le chercher et de le lier à nouveau. Tisserand, voilà un métier auquel il s’était souvent comparé, quand de ses mains habiles il s’attachait à tisser autour de lui un cocon de mensonge, une toile de faux semblant. Talent qu’il était désormais incapable de mettre au service de la vérité.

« Mais... Je t'en prie, Artur... Ça arrive à tout le monde d'avoir des moments de faiblesse, je suppose... » Le ton bienveillant avait beau avoir encouragé à la confession, Artur se surprit à regretter son choix de mots, sa prise de parole, à culpabiliser même pour ce qu’il venait de dire lorsqu’il vit la réaction de Ciaran. « Attends une minute, Artur » Le plus jeune prit brutalement conscience que quelque chose n’allait pas, le sentant sans l’ombre d’un doute dans l’élocution difficile de son aîné, une élocution tremblante d’une colère pour l’instant maîtrisée. « Moira ? Tu veux parler de ta sœur ? Ta sœur qui est décédée il y a quelque mois ? Ton insupportable rouquine de sœur qui t'a pourri la vie pend... Pardon. Je m'emporte, mais j'aimerais comprendre. Tu m'as menti, ou bien a-t-elle brusquement resurgit d'entre les morts, ressuscitée par je ne sais quel moyen ? » Artur fit instantanément un pas en arrière, un pas mû par une angoisse viscérale. « Non, je t’assure que… » Il se revit très clairement annoncer à Ciaran la mort de Moira, la mort de sa sœur.

Artur se noyait dans des sentiments aussi diffus que contradictoire, dans les vestiges d’une mémoire mise en pièces dont il ne parvenait qu’avec difficulté à en tirer la moindre cohérence. « Moira est ma sœur ? » Il lui avait menti ? Mais pourquoi ? Pourquoi ne se souvenait-il plus des raisons qui l’avaient poussé à mentir à la seule personne qui était pour lui une présence stable dans sa vie ? A un Ciaran pour lequel il avait des sentiments solides, si solides que rien n’était parvenu à les malmener ? Pourquoi avait-il menti à propos de Moira ? Pour la protéger ? Mais il la haïssait… il y avait quelque chose de profondément illogique et c’était pour Artur une évidence. Une évidence qu’il n’avait pourtant pas vu jusqu’à présent. « Tu es donc en train de me dire que ta sœur est vivante, et qu'elle a voulu te punir d'avoir fait vacciner ton père ? Mais bon sang elle est complètement folle ! Folle et bête à manger du foin ! Ne réalise-t-elle donc pas que les effets secondaires du vaccin pourraient être irréversibles sur un corps sain comme le tien ? Bougre d'idiote... » Artur acquiesça sans y penser. Moira. Sa sœur. N’était-il pas supposé apprécier sa sœur ? Mutante. Les pièces du puzzle tremblaient et tentaient désespérément de se remettre en place, sans grand succès. Immobile, Artur suivait du regard un Ciaran inhabituellement agité. Si son mentor lui transmettait sa nervosité et sa colère, Artur avait bien du mal à se concentrer. « Mais elle ne t'a rien fait d'autre, j'espère ? Enfin... C'est déjà bien assez... Crois-moi, lorsque nous t'aurons remis sur pieds, il faudra lui rendre une petite visite et la priver définitivement de son abomination, pour qu'elle ne puisse plus te nuire... » Lorsque nous t’aurons remis sur pied. La reconnaissance d’Artur explosa à ces mots, brutale par sa spontanéité et son naturel, brutale dans un esprit ravagé qui ne trouvait plus de repère stable autre que le profond respect qu’il avait pour cet homme, la haine qu’il avait pour son père et la rancœur qu’il avait pour sa sœur. Une reconnaissance au goût acre, qu’il n’arrivait pas à qualifier. Quelque chose sonnait faux dans tout ça. Et même si Artur était incapable de savoir quoi, cette conviction le titillait. Le déstabilisait. Le poussait au mutisme et à l’attente, comme dans l’espoir que Ciaran réussisse à tout régler, à tout rectifier, à tout remettre dans l’ordre.

« Regarde-moi, Artur... » Il obéit immédiatement. « De quoi te souviens-tu ? Tout ce qui te passera par la tête, ne réfléchis pas, dis-moi simplement de quoi tu te souviens, spontanément. » Artur cilla. Ne pas réfléchir ? « De tout. Sauf des éléments les plus centraux. Je me souviens d’un événement A, d’un événement C, mais pas de l’événement B qui pourrait donner une cohérence à l’ensemble. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans mon esprit, Ciaran. » Artur hésita un instant à s’asseoir sur un fauteuil, préféra finalement rester debout. « Je ne comprends pas. Pourquoi est ce que je déteste Moira alors qu’elle ne m’avait rien fait de mal avant ça. Pourquoi est ce que je déteste mon père ? Je devrais être juste indifférent, ou déçu. Des sentiments aussi forts… il n’y a rien de justifié, je n’ai aucun souvenir de maltraitance qui puisse justifier ça. J’ai l’impression que quelqu’un a mis mon esprit en miettes, et que ça date d’il y a longtemps. » Artur était incapable de verbaliser correctement tout ça, mais plongé dans une introspection profonde depuis que ses troubles de mémoire s’étaient faits omniprésents, il avait été bien obligé d’admettre que quelque chose… n’allait pas. Et quelque part… « Sans le vaccin et ses conséquences sur mon organisme, je ne m’en serais jamais aperçu. Est-ce que… tu me connais depuis longtemps, Ciaran, tu es le seul à me connaître vraiment, à me comprendre vraiment, tu es le seul dont je sois sûr du soutien. Est-ce que j’ai changé, est ce que… qu’est ce qu’il se passe dans la tête. Tu es psychologue, tu peux m’aider. »

© Grey WIND.
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Ciaran O'Doherty
Ciaran O'Doherty

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MessageSujet: Re: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeLun 3 Oct 2016 - 22:36

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



Ciaran était gêné. Et en règle générale, Ciaran n'aimait pas qu'on le gêne. C'était lui qui importunait, servait des « pardon madame, j'étais tellement captivé par votre regard que je vous ai marché sur le pied », lui qui dérangeait, mais on ne dérangeait pas Ciaran. Or, Artur était venu le tirer de son sommeil un samedi matin, ce qui déjà relevait du comble du dérangement pour Ciaran, mais il se comportait en plus de cela d'une manière si étrange et peu habituelle que l'Irlandais... Se sentait mal à l'aise. Comme face à un inconnu sans l'être. Un Artur perdu, qui n'avait plus cette assurance insolente qui faisait la fierté de Ciaran tout en lui donnant envie de lui donner trois paires de baffes. L'Artur que Ciaran connaissait ne se serait jamais effondré dans ses bras, n'aurait pas eu cette petite voix timide... Il n'y aurait pas eu en lui ce bouillonnement de sentiments semblables à des électrons libres. Car les sentiments d'Artur étaient rares, savamment maîtrisés et Ô combien calculés. Ils étaient rangés dans de petites boîtes, elles-même classées par ordre d'importance dans son esprit. Or, cette fois, Ciaran avait l'impression que quelqu'un s'était introduit dans l'esprit de son petit protégé pour mettre à sac cette brillante organisation, renversant les étagères, relâchant des dizaines de sentiments qui allaient et venaient à présent sans aucune logique. Et ça, Ciaran ne pouvait le tolérer. Lui seul avait le droit de pénétrer dans l'esprit d'Artur pour y semer la pagaille, lui seul tenait son esprit dans son poing fermé... Et qui que ce soit celui qui avait osé violer une aussi belle création, il allait en payer le prix fort.

Dusse-t-il être supposément mort... Ou plutôt morte, dans le cas présent. Moira Kovalainen. L'une des principales sources de contrariété du psychiatre depuis qu'il connaissait Artur. Eloigner le jeune de son père avait été une chose facile. L'éloigner de sa sœur quand elle-même avait mis les voiles ne lui avait pris que quelques mois. La mère mise en terre, elle n'était plus un obstacle. Mais maintenant que Moira et Artur se côtoyaient à nouveau, elle recommençait à mettre la pagaille dans l'esprit de son frère, détruisant une à une les briques polies et brillantes que Ciaran s'était échiné à mettre en place. Aussi, lorsqu'Artur demanda, avec une innocente touchante qui donnait envie de vomir au psychiatre si Moira était sa sœur, Ciaran leva les yeux au ciel.

« Non non, Moira est ton cochon d'inde... Et crois-moi, étant donné le peu de cervelle qu'a cette empotée, c'est insulter les rongeurs que de les comparer à elle... Bien... Par où commencer... Moira est ta sœur aînée, vous avez trois ans de différence, si je ne dis pas de bêtises. Elle est devenue par je ne sais quel miracle violoniste, et t'a abandonnée pour vivre son rêve d'artiste dès qu'elle a atteint la majorité. Si tu doutais encore de sa nature maléfique... »

Ciaran fut tenté d'ajouter que, par-dessus le marché, elle était rousse, mais il s'abstint. Le plus important pour l'instant était de comprendre pourquoi elle avait fait cela, dans quel but et pour qui... Pour le père, bien évidemment. Pour Andreas, le père bien aimé, l'idole de la fille, pour venger ce geste salvateur qu'avait eu Artur, en permettant à son père de se vacciner pour échapper à la mort. Décidément, les Kovalainen avaient décidé de tous se liguer pour l'emmerder ! Pour l'heure, Ciaran voulait comprendre ce qu'il s'était passé mais également tâter le terrain pour se rendre compte de l'ampleur des dégâts. Aussi intima-t-il à Artur l'ordre de lui dire de quoi il se souvenait. Une chose état rassurante, Artur avait toujours ce même vocabulaire scientifique, cette même rigueur mathématique qui le poussait à vouloir trouver un sens logique à l'affaire. Quelque part, l'Artur que Ciaran aimait tant martyriser était toujours là, quelque part. Quelque chose ne tournait pas rond dans son esprit ? Sans blague... Cela faisait dix ans qu'un monstre aux apparences d'ange creusait des galeries dans son esprit, y construisant ce qu'il voulait et détruisant le superflu. Seulement... L'esprit logique d'Artur, Ciaran le regretta bien vite lorsqu'il entendit la sonnette d'alarme dans son esprit. « J’ai l’impression que quelqu’un a mis mon esprit en miettes, et que ça date d’il y a longtemps. » Les yeux de l'Irlandais s'écarquillèrent de surprise, et ses lèvres se figèrent en un sourire faux, forcé et quelque peu inquiétant. Il n'aimait pas l'idée qu'Artur commence à avoir des doutes, pas plus qu'il n'aimait le fait qu'il remette en question cette haine qu'il éprouvait à l'égard de son père et qui commençait à naître envers sa sœur. Ciaran aurait voulu que les choses soient comme avant, comme lui l'avait décidé, et pas autrement. Lorsqu'il parvint à se ressaisir, le mutant laissa échapper un rire nerveux.

« Voyons, Artur... C'est impossible, ça ! Le vaccin te fait perdre tes moyens, tu ne sais plus où tu en es... Mais ton père t'a dénigré, il ne t'a jamais aimé autant que ta sœur parce que tu n'es pas un mutant... Tu l'as dit toi-même, Artur, tu n'étais pas désiré en tant qu'humain mais parce que tu aurais pu perpétuer le sang dégénéré qui coule dans les veines de ton père... »

C'était une odieuse déformation de la réalité, une exagération basée elle-même sur la colère d'Artur, qui un jour avait avancé que son père l'aimait moins que sa sœur parce qu'il n'était pas mutant. Seulement, Artur ne se souvenait de rien, et Ciaran commençait à se dire que c'était une bonne chose à exploiter. Chaque mot prononcé était accompagné d'une haine qu'il distillait avec soin et doigté pour qu'elle ait l'air naturelle. Artur semblait perdu, son esprit au bord de la rupture, alors même qu'il devait avoir le sentiment d'être prêt à dégringoler dans un gouffre sans fond. D'un autre côté, le jeune homme se raccrochait avec l'énergie du désespoir au soutient de son ami et mentor, et Ciaran n'allait pas manquer cette occasion. Il serait Scar, Artur serait Mufasa, et il se ferait une joie de l'aider à remonter ce gouffre pour mieux l'y précipiter à nouveau. Dans un geste qui se voulait bienveillant accompagné d'une vague de confiance et d'affection réconfortantes, Ciaran sourit à Artur.

« Tu as mon entier soutien, Artur. Et je peux t'assurer que tout ce qui a changé en toi est dû à ce qui t'arrive ces derniers temps. Tu as été trahis, tu as vu la mort de père, tu as été déçu, et voilà que tu te retrouves vulnérabiliser par l'action d'un vaccin qui n'est pas fait pour les personnes saines comme toi. Tu es toujours le même, tu as le même intellect, les mêmes idéaux, mais tu es perturbé dans ton cheminement par des parasites qui tentent de te détourner de ta mission. Ne te laisse surtout pas influencer, Artur ! »

Ciaran avait souvent l'impression d'être la conscience d'Artur. D'être une sorte de Jiminy Cricket maléfique qui aurait pris un malin plaisir à murmurer « gauche » au jeune homme lorsque le bon sens lui hurlait d'aller à droite. Ciaran ne voulait pas qu'Artur se pose des questions, qu'il se demande s'il avait vraiment changé ou si c'était son imagination. Il voulait que le jeune homme accepte que justement, il se faisait des idées, et qu'il n'était en aucun cas responsable de cette situation. Que rien ni personne ne cherchait à le manipuler à part son père et sa sœur.

« T'es-tu seulement demandé depuis quand tu te sens si mal ? Avant d'arriver à Radcliff, tout se passait bien pour toi, non ? Depuis que tu es revenu, ta sœur t'a rejeté, elle ne t'accepte pas comme tu es, ton père te méprise... Y a-t-il seulement une personne qui ne t'ait pas jugé sans savoir ? »

Si. Lui. Comme toujours. Parce que Ciaran savait très bien donner à Artur l'impression qu'il était là pour veiller sur lui, qu'il était son seul et unique allié, sa béquille, son équilibre, et non la pire chose qui lui soit jamais arrivé.

« Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider, Artur. Je ne te laisserais pas t'enfoncer dans le mensonge, et nous allons déjà nous assurer que le vaccin n'a pas fait trop de dégâts. Tu te sens bien, physiquement ? Tu n'as pas mal quelque part, ou des difficultés à faire certains mouvements ? »

Tout dans le ton de Ciaran laissait penser qu'il était véritable inquiet et soucieux. Pourtant, la seule chose qu'il éprouvait à cet instant était une immense, incommensurable et démesurée contrariété. A l'image de son ego, finalement.

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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeDim 16 Oct 2016 - 18:46

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



« Non non, Moira est ton cochon d'inde... Et crois-moi, étant donné le peu de cervelle qu'a cette empotée, c'est insulter les rongeurs que de les comparer à elle... Bien... Par où commencer... Moira est ta sœur aînée, vous avez trois ans de différence, si je ne dis pas de bêtises. Elle est devenue par je ne sais quel miracle violoniste, et t'a abandonnée pour vivre son rêve d'artiste dès qu'elle a atteint la majorité. Si tu doutais encore de sa nature maléfique... » Sa sœur. Comment avait-il pu oublier un des membres les plus importants de sa famille ? Des souvenirs, de Moira et de lui, il en avait un certain nombre, à commencer par des éclats de rire, des regards complices, des soirées autour du feu à gagner au monopoly, ou à tricher dans le cas de sa sœur, des randonnées dans les forêts enneigées de Finlande… Des souvenirs, il y en avait plus d’un, et pourtant, Artur avait été incapable pendant plusieurs jours de les corréler à un simple prénom. Moira. Sa sœur. Risquait-il réellement de rester dans ces états définitivement ? Artur n’avait peut être plus aucune certitude ni confiance en sa mémoire, au moins une chose restait malgré tout tangible sous ses pieds : la conviction qu’il ne pourrait pas survivre davantage dans un tel état. Pas lui. Pas comme ça. Pas infirme, pas handicapé et réduit à l’impuissance d’une amnésie perverse. Sa sœur, vaccin, les pièces d’un long et délicat puzzle peinaient à se remettre en place, déstabilisées par l’absence de certaines et les éclats d’éléments brisés. Artur n’était peut être pas un homme stupide, loin de là, il n’en restait pas moins un homme. Et rien dans son esprit ne pourrait se reconstruire sans son aide, ou l’aide de Ciaran. Il ne songea pas une seule seconde à remettre en question les affirmations de son mentor, affirmations que corroboraient de toute manière ses souvenirs épars, pas plus qu’il ne s’hasarda à reconsidérer tout ce que sa mémoire acceptait de lui livrer à la lumière d’un mépris évident pour Moira. Mépris qu’il n’était pas certain de ressentir lui-même.

Etait-ce possible d’être en miette au point de ne plus être certain de ce que l’on ressentait ? Artur aurait préféré éviter de se poser ce genre de questions et se raccrocha avec l’énergie du désespoir aux questions de Ciaran pour mieux éviter de sombrer à nouveau. Au moins pouvait-il y répondre avec un esprit logique, carré et rigoureux et ne pas déraper dans des considérations étrangères aux sciences les plus dures. De quoi se souvenait-il, sans réfléchir, spontanément ? La réponse se posa d’office sur les lèvres d’Artur. De tout. Mais fragmenté, éparpillé en morceaux, masquant certaines données cruciales sans qu’il ne puisse s’en rendre compte. Debout, Artur prit son temps pour se plonger dans une introspection à haute voix, prit son temps pour enfin poser des mots sur ces conclusions confuses auxquelles il était parvenu ces dernières semaines.

Deux choses semblaient certaines, finalement : qu’il avait de gros problèmes, de l’ordre du désordre mémoriel si l’expression existait, mais aussi de gros problème, datant de bien plus loin dans le temps. Des sentiments inexplicables, bien trop vifs pour être naturels. Des sentiments qui auraient dû être nuancé par des souvenirs, justement, des sentiments qui s’expliquaient mais ne se justifiaient pas, ou le contraire. Trop concentré sur ses dires, Artur fut incapable de voir l’expression de surprise éclore sur le visage de Ciaran à l’instant même où il verbalisait enfin ce qui le troublait le plus : cette impression tenace que quelqu’un avait joué avec son esprit, d’une manière ou d’une autre, et qu’il venait tout juste d’en découvrir une partie, infime, de l’iceberg. Ce fut le rire nerveux de son mentor qui sortit Artur de ses pensées. Un rire qu’il ne sut interpréter. Oh, il était en confiance avec l’Irlandais, le cadet Kovalainen, il le respectait plus que quiconque, le tenait en très, trop peut être, haute estime et ce depuis le début, mais il n’en restait pas moins un jeune adulte à l’ego aussi développé que son arrogance, à l’orgueil aussi susceptible qu’un carré de soie. Et ce rire, léger, suffit à le vexer et à faire poindre à ses lèvres un je peux savoir ce qu’il y a de si risible qu’il ne retint que de justesse. « Voyons, Artur... C'est impossible, ça ! Le vaccin te fait perdre tes moyens, tu ne sais plus où tu en es... » Le scepticisme naturel d’Artur se heurta brutalement à ses doutes. C’est impossible. Il se mordit la lèvre, peu enclin à contredire celui en qui il avait toute confiance, le seul pour lequel il était sûr de ce qu’il éprouvait. « Nous sommes entourés de monstres capables de se transformer en bombe ou de plier la réalité à leur désir, le mot impossible n’a plus aucune signification, Ciaran… non ? » Ca voit ne fut qu’un murmure prudent, mais Artur savoura un instant l’assurance qui en suintait, une assurance certes timide, mais indéniablement rassérénante. »Mais ton père t'a dénigré, il ne t'a jamais aimé autant que ta sœur parce que tu n'es pas un mutant... Tu l'as dit toi-même, Artur, tu n'étais pas désiré en tant qu'humain mais parce que tu aurais pu perpétuer le sang dégénéré qui coule dans les veines de ton père... »

Artur se sentit chanceler. Une haine pure et dure retrouvait son chemin en lui, à l’évocation de son père. Son esprit rationnel était incapable de ne pas voir la force avec laquelle il haïssait son géniteur, les raisons qui justifiaient cette haine, la douleur aussi occasionnée par les mots de Ciaran. Oh, il en avait conscience, de manière aigue même, qu’il n’était pas apprécié à sa juste valeur, que rien dans le comportement d’Andreas Kovalainen n’avait jamais montré la moindre fierté ou simplement satisfaction en regardant l’accomplissement de son cadet. Artur était un surdoué, Artur était particulièrement intelligent, posé et calculateur, Artur savait se montrer aimable, affectueux, sympathique et charitable, Artur pouvait accumuler les diplômes, dans la même branche scientifique que son père, faire preuve d’une ouverture d’esprit exemplaire et d’une curiosité sans limite, Artur pouvait parler couramment plus de cinq langues, il lui manquait dans les gênes la monstruosité qu’hébergeait sa sœur, et ça, c’était rédhibitoire. Et il n’y pouvait rien, jamais rien. Un humain, dans une lignée de mutants. Une déception sans nom. Une haine issue de la colère. Une colère issue d’une déception. Si la réalité et la Force avaient pu se confondre, Artur aurait sans nul doute lentement sombré dans le côté obscur. Et sans remords. « Tu as raison. Comme toujours. Mon père mérite ma haine. J’ai été trop tendre en me contentant de le vacciner, j’ai fait preuve d’une compassion dont lui n’a jamais été capable… » Si Artur se rendait compte que sa haine n’était qu’une colère et une rancœur renforcées avec doigté et savoir-faire ? Non, assurément non. Sa confiance en Ciaran était telle qu’il était incapable de s’en méfier. Véritablement incapable. La suspicion à l’encontre de Ciaran, voilà un sentiment qui n’avait pas sa place dans son esprit.

Et les choses n’étaient pas prêtes de changer. « Tu as mon entier soutien, Artur. Et je peux t'assurer que tout ce qui a changé en toi est dû à ce qui t'arrive ces derniers temps. Tu as été trahi, tu as vu la mort de près, tu as été déçu, et voilà que tu te retrouves vulnérabilisé par l'action d'un vaccin qui n'est pas fait pour les personnes saines comme toi. Tu es toujours le même, tu as le même intellect, les mêmes idéaux, mais tu es perturbé dans ton cheminement par des parasites qui tentent de te détourner de ta mission. Ne te laisse surtout pas influencer, Artur ! » Les poings du plus jeune se serrèrent par réflexe, lorsque les mots de Ciaran agirent comme un électrochoc : ne te laisse pas influencer. Personne n’avait le droit de le manipuler, personne n’aurait jamais le droit de le manipuler, d’une quelconque façon. Depuis qu’Artur avait passé le pas de porte, il gagnait en assurance, gagnait en stabilité, rasséréné par la présence de Ciaran. Ses souvenirs ployaient le genou devant son intellect, son errance trouvait sa fin dans cette lumière qui l’éclairait de loin et vers laquelle, petit insecte, il s’était précipité, en proie au désespoir le plus destructeur.

« T'es-tu seulement demandé depuis quand tu te sens si mal ? Avant d'arriver à Radcliff, tout se passait bien pour toi, non ? Depuis que tu es revenu, ta sœur t'a rejeté, elle ne t'accepte pas comme tu es, ton père te méprise... Y a-t-il seulement une personne qui ne t'ait pas jugé sans savoir ? » Artur ferma les yeux. Pour mieux écouter, peut être, pour se laisser convaincre : sûrement. Pour se laisser influencer par l’évidence. Comment Ciaran faisait il pour savoir à chaque fois exactement ce qu’Artur pensait ? C’était une excellente question. Le fait était qu’en effet, personne ne l’avait accepté tel qu’il était, personne ne s’était intéressé à lui, à ses choix, à ce qu’il vivait, rongé par l’ombre de sa sœur et le mépris de son père. Personne, en dehors des Hunters qu’il avait côtoyés, n’avait fait l’effort de chercher à voir les choses de son point de vue. Mais tous avaient exigé de lui qu’il fasse l’effort de se plier à leur volonté, à leur vision du monde, aussi égoïste que narcissique, aussi pervertie que branlante. Ciaran avait été le premier, il y a plus de dix ans maintenant, à lui tendre la main. « Toi. » Un mot simple, qui résonna entre ses lèvres. Verbalisation de ce dont ils étaient tous les deux plus que conscients. « Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider, Artur. Je ne te laisserai pas t'enfoncer dans le mensonge, et nous allons déjà nous assurer que le vaccin n'a pas fait trop de dégâts. Tu te sens bien, physiquement ? Tu n'as pas mal quelque part, ou des difficultés à faire certains mouvements ? » Il secoua la tête en réponse aux questions, dans un soupir. Physiquement ?

« Je suis épuisé. Ce n’est en rien dû au vaccin mais… je suis épuisé, Ciaran. C’est déstabilisant de perdre le contrôle comme ça. Déstabilisant, destructeur. Je vais mal, Ciaran. Tu dis que je suis le même mais… je ne sais pas. Je n’en ai pas l’impression, vraiment pas l’impression. J’en suis venu à ne pas reconnaître ma propre sœur. Je… ne t’énerve pas, mais j’ai beau savoir que tu as raison, que tu es la seule personne de confiance, je reste persuadé qu’il y a quelque chose d’anormal. Un vaccin, je l’ai bien vu avec Moira, puis avec mon père, n’a d’effet qu’un mois environ. Là… là, ça fait bien plus longtemps. Et je ne peux pas m’empêcher de croire que si mon esprit est incapable de guérir seul, c’est parce qu’il y a… un… corps étranger en moi. Comme une plaie qui ne pourrait pas cicatriser parce que ce qui l’a causée est toujours… présent. » S’élever ainsi contre l’avis de Ciaran n’était pas quelque chose de foncièrement inhabituel chez Artur. Revenir sur un sujet déjà traité et réfuté par le psychologue, en revanche… « Je sais que j’ai ton soutien. Tu es le seul à me l’avoir toujours donné, à avoir toujours cru en moi, inconditionnellement. Je le sais… je ne sais juste plus quoi penser… de tout le reste. » De Moira, principalement. « Qu’est ce que je dois faire, Ciaran ? Qu’est ce que tu me conseilles de faire ? »

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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeDim 4 Déc 2016 - 18:54

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



Un Artur amnésique, c'était tout un tas de problèmes qui se présentaient à Ciaran. La nécessité de lui refaire son arbre généalogique, puisque mini Alzheimer semblait avoir oublié jusqu'à l'existence de sa si précieuse et imbuvable frangine, le besoin de lui rappeler qui il était, ce qu'il faisait, comment se connectait ses neurones d'huître morte lorsqu'il était encore lui-même... Un Artur amnésique, c'était ennuyeux. Et d'un autre côté... N'était-ce pas l'occasion de briser les liens fragiles qui l'unissaient encore à ses proches ? Le moyen rêvé pour enfin jeter l'oisillon à bas de son nid, sans vraiment savoir s'il serait capable de voler ? C'était risqué, mais Ciaran aimait le risque, il aimait l'adrénaline, l'inconnu... Ça avait quelque chose d'existant, plus enivrant que de se perdre dans les bras de... Comment s'appelait sa dernière conquête, déjà ? Bah... Qu'importe ! Artur amnésique... Qu'il avait l'air mignon, avec son air de chiot perdu et sa moue contrariée ! Ne lui manquait plus qu'une auréole et une couche culotte et on aurait pu le confondre avec un chérubin ! Si seulement il avait encore eu l'âme d'un ange... Ciaran savait depuis longtemps que s'il devait y avoir une vie après la mort, la sienne se résumerait à rôtir en enfer pour l'éternité... Ou à jouer aux cartes avec le diable, car après tout, dans n'importe quelle situation, il savait s'arranger pour s'en sortir honorablement. Mais Artur ? Avait-il conscience de la noirceur de son âme ? D'être une marionnette brisée, rafistolée à la va vite et prête à tomber en ruines, le tout dans les mains d'un marionnettiste fou qui se serait acharné à vouloir le faire danser ?

Force était ce constater que oui. S'il n'avait pas encore tous les atouts en main, Artur en avait suffisamment pour comprendre que quelque chose ne tournait pas rond. Ça, c'était la point que Ciaran n'avait pas vu venir, celui qui le contrariait et mettait en péril tous ses jolis plan réglés comme du papier à musique. Quelqu'un semblait avoir pris un malin plaisir à perturber l'ordre de son harmonie, à y glisser d'insidieuses notes étrangères et à raturer tout ce qu'il y avait de beau dans sa symphonie. Et cette personne, étrangement, c'était cette imbuvable musicienne du dimanche qu'était la Kovalainen. A quel moment s'était-elle dit que tiens ! Vacciner son frère c'était une bonne idée ? Bougre d'idiote... Qu'allait-il pouvoir dire à Artur, maintenant qu'elle avait semé le doute dans son esprit ?

« Certes... Mais tu penses vraiment qu'un mutant te triture les méninges ? Pourquoi ? Je ne comprends pas ce qu'il pourrait en tirer, voyons ! A moins que ce ne soit un mutant qui cherche à se venger ? Tu as contrarié quelqu'un, récemment ? »

Avec un raisonnement pareil, il ne pouvait qu'orienter Artur loin de sa propre personne. Car en cherchant un raisonnement logique à tout ça, il s'innocentait immédiatement : il n'y avait aucune logique à son obsession pour Artur, rien qu'un besoin sadique de lui nuire. Il avait bien besoin de ça pour garder l'esprit sain et les idées malsaines ! Aussi, lorsqu'Artur avoua qu'il avait été trop tendre avec son père, Ciaran hocha vigoureusement la tête, satisfait.

« Tu vois... Tu l'admets toi-même... Si tu n'avais pas fait que le vacciner, ta sœur n'aurait pas fait de même, si tu l'avais tué, elle t'aurait craint, et à juste titre. Elle t'aurait respecté, tu aurais retrouvé son influence sur elle... Tu sais très bien que j'ai raison... »

Nerveux, Ciaran en oubliait la prudence, et s'il avait observé la scène de l'extérieur, il se serait secoué, tant il semait depuis le début de la conversation des idées et des mots qui ne pouvaient que pousser à se méfier de lui. Il avait tant confiance en son influence sur Artur qu'il ne pouvait l'imaginer un seul instant remettre sa parole en doute. Si ce « toi », murmuré d'une voix détimbrée lui redonna un semblant de confiance, Ciaran fixait Artur avec un regard glacial, de la même façon qu'il aurait regardé un cancrelat répugnant. Pour la première fois, il se rendait compte que le jeune homme n'aurait pas été en mesure de le comprendre, s'il avait su pour sa mutation. Il n'aurait pas fait de distinction entre lui et la vermine dégénérée de Radcliff, il ne l'aurait considéré que comme un énième monstre à abattre. Artur ne lui faisait confiance que parce qu'il pensait être son ami, son protégé, son disciple, un chasseur tout comme lui. Artur n'aurait pas pu le comprendre ni l'accepter... Et Ciaran détestait cette sensation désagréable dans son estomac, comme une énorme pierre que l'on aurait tenté de lui faire ingurgiter. S'il la mis sur le compte d'un café trop vite avalé et ce sans nourriture, il aurait de toute manière refusé d'admettre qu'il était peiné. Car il aurait alors dû reconnaître qu'il avait des sentiments, ce qui était impossible, n'est-ce pas ? Lorsqu'il reprit la parole, sa voix s'était teintée d'une acidité à peine perceptible, mais qui rendait toute la situation dérangeante.

« Tu es humain, Artur. Rien qu'humain. Magnifiquement humain. Ton père et ta sœur sont des erreurs de la nature, ne crois-tu pas que leurs gênes défaillants puissent aussi lutter contre un vaccin tandis que le tien le subit ? J'aimerais comprendre quelque chose... »

Un sourire glaçant se dessina sur ses lèvres tandis qu'il se penchait vers Artur.

« Si tu me fais tellement confiance... Pourquoi avoir mis un mois à te décider à venir me voir ? Tu avais honte ? Si c'est le cas, tu me vexes, je ne suis pas du genre à me moquer du désespoir des gens... »

Oh le vilain mensonge ! Si le nez des menteurs avait pu s'allonger, celui de Ciaran aurait battu à plate couture celui de Cyrano de Bergerac. Peut-être même aurait-il pu prétendre à une place dans le livre des records !

« Tu sembles tout mettre sur le compte d'un mutant, comme si ce qui ne parvient pas à cicatriser en toi ne pouvait pas être une blessure psychologique... Mais je suis psychiatre, Artur, et même si je te parle en ami, je sais reconnaître les traumatismes. Tu as perdu ta mère à cause de ton père, celui t'a rejeté, et ta sœur a pris son parti et t'a tourné le dos. Elle est là, ta blessure. Tu te sens comme étranger à ton propre monde parce que tout cherche à t'en expulser. Mais ce n'est pas ta faute, Artur. Les coupables, tu les connais. »

Il avait eu l'habitude de soudoyer et pousser au combat, à la haine et même au meurtre, mais chaque fois qu'il était parvenu, il avait eu affaire à des esprits faibles, des hommes et des femmes à peine capable de résoudre une équation. Avec Artur, il s'était attaqué à plus difficile. Le jeune homme avait beau être influençable et avoir désespérément besoin de soutien, il était redoutablement intelligent, et c'était probablement ce qui risquait de causer la perte de Ciaran.

« Ce que tu dois faire ? Chasser ce malaise, te débarrasser de tout ce qui cause ce malaise en toi... Et ça, personne ne peut le faire pour toi. Je peux t'appuyer et te soutenir, mais c'est à toi de faire ce choix. A toi de décider de la marche à suivre pour te hisser contre ce qui te tourmente à ce point... »

Quelque part, il était clairement en train de lui dire de lui faire la peau, puisque c'était lui qui le manipulait depuis le début. Seulement, en trouvant un autre coupable, il reportait l'attention d'Artur sur autre chose, tout en se croyant parfaitement à l'abri.
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeDim 1 Jan 2017 - 22:23

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



Artur ne s’était jamais senti le moins du monde paranoïaque. Méfiant, bien évidemment. Trop intelligent pour son propre bien ? Oui, bien sûr. Mais paranoïaque… certainement pas. Pourtant, plus il y pensait et plus il en avait la certitude : les probabilités pour qu’un mutant ait joué avec lui, à un moment ou à un autre, ait joué avec son esprit, ait ancré une influence – quelle qu’elle soit – aux tréfonds de son cerveau, ces probabilités étaient élevées. Très élevées. Et cela expliquerait bien des choses, de l’effet retors du vaccin sur lui et sur sa mémoire à ces constructions artificielles perdants tout leur sens une fois ôté le naturel de ses émotions. Sa haine pour son père lui paraissait incompréhensible. Anormale. Fondée, oui, clairement fondée sur une distance et un regard déformé mais incompréhensible dans son intensité. Artur connaissait depuis longtemps le mot impossible, là n’était pas le problème, mais il savait avant tout depuis bien des années que lorsqu’on incluait des mutants dans l’équation, le terme n’avait plus lieu d’être. On ne peut rejeter une hypothèse grotesque sous prétexte qu’elle n’est pas possible humainement parlant lorsque des monstres comme son père ou sa sœur, ou comme la personne le manipulant d’une façon ou d’un autre, se promenaient dans la nature. Là, il y aurait attitude grotesque. « Certes... Mais tu penses vraiment qu'un mutant te triture les méninges ? Pourquoi ? Je ne comprends pas ce qu'il pourrait en tirer, voyons ! A moins que ce ne soit un mutant qui cherche à se venger ? Tu as contrarié quelqu'un, récemment ? » Artur secoua la tête, se la prit même entre les mains, incapable d’aller plus loin dans son raisonnement que sa propre intuition. Tout n’était que lambeaux, débris et ruines, tout n’était que toile de certitude éventrée. « Je ne sais pas… je ne sais pas, Ciaran… Je te dis juste que c’est le plus logique, que ce serait le plus logique pour expliquer… tout ça. Il ne faut écarter aucune option, tout scientifique sait ça. » Et encore, Artur commençait même à douter de l’utilité de l’appui d’une quelconque science, en l’état actuel des choses. Trop fier pour aller consulter des médecins, tout ce qu’il pouvait faire, c’était demander de l’aide au seul qui lui en avait toujours apporté. Rien de plus.

Il avait confiance en Ciaran, c’était d’ailleurs bien la dernière personne au monde en laquelle il avait une confiance pleine et entière, une confiance bien plus explicable que sa haine envers son père, sa sœur, que tout le reste. La confiance qu’Artur pouvait avoir en son mentor n’était rien de plus que le fruit d’une décennie de complicité, d’une décennie de discussion, d’une décennie de soutien et une décennie sans le moindre faux pas de la part du criminologue. Ce détail, qui en d’autres circonstances aurait potentiellement pu mettre la puce à l’oreille d’Artur, ce détail lui était invisible. Tout ce qu’il voyait… c’était qu’au final, Ciaran avait raison. Tout en n’apportant aucune des réponses que le cadet Kovalainen recherchait. « Tu vois... Tu l'admets toi-même... Si tu n'avais pas fait que le vacciner, ta sœur n'aurait pas fait de même, si tu l'avais tué, elle t'aurait craint, et à juste titre. Elle t'aurait respecté, tu aurais retrouvé son influence sur elle... Tu sais très bien que j'ai raison... » Artur laissa une grimace s’étirer sur ses lèvres, incapable de concéder tout cela à voix haute à Ciaran. Confiance oui, respect oui. Mais… quelque chose l’embêtait encore dans tout ça. « Peut-être. Je ne sais pas, c’est bien ça le problème. Ma confiance en toi est absolue, Ciaran, c’est bien pour ça que je me tourne vers toi mais… » Mais il y avait ce mais qui persistait, qui s’obstinait et auquel Artur ne parvenait toujours pas à trouver de source.

Il était fatigué, l’ingénieur. Fatigué de chercher, fatigué de ne pas trouver, fatigué par tant de choses qu’en faire la liste exhaustive ne prendre pas seulement une poignée de minutes mais bien plusieurs heures. Physiquement, il allait bien. Psychologiquement… c’était une autre histoire, une histoire qu’il n’appréciait guère pour tout avouer. Expliquer ce qu’il ressentait, ce que ça faisait d’être brisé de l’intérieur, d’avoir une mémoire éparse, d’être toujours soi tout en oubliant par moment des détails voire des pans entiers de sa vie sans plus savoir qu’en faire... c’était difficile, même pour un homme maniant aussi facilement les mots qu’Artur. Ses propos, il le sentait, n’avaient aucun sens, ou du moins aucun sens pour tout autre que lui. Après tout, personne n’était lui. « Tu es humain, Artur. Rien qu'humain. Magnifiquement humain. » Il frissonna. Magnifiquement humain. Y avait-il encore vraiment des personnes pour voir une quelconque beauté en l’humanité, quand les mutations et les capacités quasi-divines qu’elles offraient peuplaient l’humanité ? Les hunters, les hommes comme Ciaran et lui, devaient être les derniers vrais défenseurs de la race humaine, sur ce plan-là. « Ton père et ta sœur sont des erreurs de la nature, ne crois-tu pas que leurs gènes défaillants puissent aussi lutter contre un vaccin tandis que le tien le subit ? J'aimerais comprendre quelque chose... » Artur releva la tête pour croiser le regard de Ciaran, un regard glaçant. « Si tu me fais tellement confiance... Pourquoi avoir mis un mois à te décider à venir me voir ? Tu avais honte ? Si c'est le cas, tu me vexes, je ne suis pas du genre à me moquer du désespoir des gens... Tu sembles tout mettre sur le compte d'un mutant, comme si ce qui ne parvient pas à cicatriser en toi ne pouvait pas être une blessure psychologique... Mais je suis psychiatre, Artur, et même si je te parle en ami, je sais reconnaître les traumatismes. Tu as perdu ta mère à cause de ton père, celui t'a rejeté, et ta sœur a pris son parti et t'a tourné le dos. Elle est là, ta blessure. Tu te sens comme étranger à ton propre monde parce que tout cherche à t'en expulser. Mais ce n'est pas ta faute, Artur. Les coupables, tu les connais. » Incapable de détourner le regard, Artur fixa son mentor, recueillit chacun de ses mots comme des pierres précieuses, des pierres précieuses mêlées à de vulgaires gravillons sans aucune valeur. Il n’y croyait pas

Malgré tous ses efforts, malgré son indéniable bonne volonté – comme toujours lorsqu’il s’agissait de Ciaran – il n’y croyait pas. Pas de blessure, pas de traumatisme. Sa mère… Artur n’avait peut-être toujours pas fait le deuil de sa mère, la douleur qu’il ressentait à chaque fois qu’il pensait à elle était vraie, consistante, tangible. Et explosée en multiples fragments décousus, comme tout le reste. Artur était incapable de considérer sérieusement plus d’une poignée de minutes l’hypothèse de Ciaran, ce qui expliquait aussi – très certainement – qu’il ait mis autant de temps à venir le voir. Il détourna le regard. Avait-il honte ? « Bien sûr que j’ai honte, Ciaran. Mais tu n’as pas à en être vexé pour autant… je ne suis pas le genre de personne que la modestie étouffe… » Et il en était plus que conscient, par moment. Le nier aurait été stupide, et pour quelqu’un comme lui, la stupidité n’est pas envisageable. « Ce que tu dois faire ? Chasser ce malaise, te débarrasser de tout ce qui cause ce malaise en toi... Et ça, personne ne peut le faire pour toi. Je peux t'appuyer et te soutenir, mais c'est à toi de faire ce choix. A toi de décider de la marche à suivre pour te hisser contre ce qui te tourmente à ce point... » Artur se leva, pour mieux déambuler dans la pièce, chercher un point de repère. Chasser son malaise, se débarrasser de la cause de tout ça… Tu as contrarié quelqu’un, récemment ? La question, posée pourtant bien plus tôt par Ciaran, resurgit à point nommé. Artur commença par articuler lentement. « Ce que tu es en train de dire, Ciaran… c’est que tu ne peux, au final, pas m’aider autrement que par ton soutien, cette fois. » Nul reproche dans sa voix, juste un constat. Et une certaine désillusion. « Mais tu as raison, il faut que je me reprenne en main. Moi seul peux décrire ce que je ressens, donc moi seul peux remonter le chemin, remonter un à un les petits cailloux blancs. Je vais trouver la personne qui est derrière tout ça, quitte à devoir creuser davantage la question des mutations. Si mon hypothèse plaçant un mutant comme point de départ de ce qui se passe dans mon crâne est juste… » L’esprit d’Artur fonctionnait encore. Son intelligence, redoutable, avait beau être ralentie par les copeaux et les débris de sa mémoire, elle est toujours là. Tapie. Prête à surgir pour rassembler les indices et les ordonner. « Il me faut la liste des mutations possibles. Si je ne me trompe pas, et j’en doute fortement, il faut chercher dans l’insidieux, le psychologique. Pas un contrôle des pensées, ou des actes, mais plutôt… contrôle des émotions. Des souvenirs. Il faut que ce soit une personne que je connais depuis… longtemps. Ou qui connaisse tout de ma vie. Une connaissance de Moira, peut-être ? »

Il réfléchissait tout haut, Artur, sans savoir que celui qu’il cherchait était juste devant lui. Que ce qu’il cherchait, ce n’était pas des émotions, pas des souvenirs, pas des pensées mais bel et bien ce qui était au cœur de son fonctionnement : ces sentiments si forts et si absolus qu’il refusait de les assumer la plupart du temps, mais dont il était malgré l’esclave le plus servile.

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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeMar 14 Fév 2017 - 16:24

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



Pia pia pia pia pia et ma sœur est méchante, elle m'a vacciné, et bouhouhou maman est morte, et beuuuuh papa préfère ma détestable frangine parce que c'est une bête de cirque... Ciaran en venait à avoir mal au crâne, à force de se prendre de plein fouet les sentiments bien trop puissants et incontrôlables d'Artur. Et lorsque Ciaran avait mal au crâne, il devenait irascible. Encore plus lorsqu'on l'avait tiré du lit sans ménagement. S'il n'avait pas eu tant de... Tendresse ? Non, le mot était bien trop fort. S'il ne s'était pas tant amusé au contact d'Artur, Ciaran l'aurait probablement envoyé baladé en lui disant qu'il était cinglé et paranoïaque. Enfin... Pas si parano que ça, puisqu'il commençait à sentir que quelqu'un lui triturait le cerveau, appuyant là où ça faisait mal, attisant des sentiments violents qui n'avaient rien à faire là, faisant taire ceux qui auraient pu l'éloigner de l'Irlandais. Le contrôle, le pouvoir de dire qu'il n'en avait rien à foutre du monde, c'était ce sur quoi Ciaran surfait depuis des années. Fronçant le nez, il se renfrogna.

« N'écarter aucune option, certes, mais tu sembles un peu trop te focaliser sur celle-ci, je trouve... »

Instillant une vague de confiance dans l'esprit d'Artur, Ciaran restait aux aguets. Il avait confiance en son poulain, confiance en sa confiance à lui et surtout en l'influence de sa mutation, aussi se permettait-il d'être aussi peu discret quant à l'utilisation de son don. Artur le disait lui-même, sa confiance en Ciaran était absolue. Absolue et sans limite, car l'Irlandais l'avait aveuglé sans même prendre la peine de lui crever les yeux. Il l'avait réduit à l'état de petit animal soumis et obéissant sans même qu'il s'en rende compte, il l'avait brisé. Brisé en des milliers de fragments qu'il continuait à piétiner pour les réduire en poussières, pour que personne ne soit en mesure de les rassembler pour refaire d'Artur celui qu'il était dix ans plus tôt. Ciaran s'en était assuré : s'il devait tomber, il laisserait dans l'esprit du jeune Irlandais un champ de ruines tel que jamais plus il ne serait le même. Personne ne saurait qui aurait pu être Artur Kovalainen avant de le rencontrer. Personne ne saurait que sans son intervention, la jalousie aurait pu s'atténuer, la rancoeur de l'adolescence se serait tarie, la réconciliation avec le père aurait été amorcé... Ou peut-être même aurait-il été pire encore. Personne ne le saurait, car Ciaran s'était assuré que quoi qu'il arrive, il avait suffisamment torturé Artur pour qu'il ne puisse pas faire marche arrière. Alors il accabla le père, il accusa la sœur, il conspua le monde entier pour faire d'Artur la victime, et il cru bien réussir. Il aurait pu réussir, s'il n'y avait pas eu ce fichu vaccin pour mettre de l'ordre dans le désordre que Ciaran s'évertuait à garder... En ordre, paradoxalement.

Lorsque le constat tomba, Ciaran resta immobile, sans cligner des yeux ni répondre. Il avait beau être fait sur un ton neutre et sans reproche, le constat lui coupa le souffler. S'il ne pouvait aider son poulain, il irait chercher cette aide ailleurs et ça, c'était inconcevable pour le cerveau malsain du psychiatre. A mesure qu'Artur parlait, Ciaran sentait les battement de son cœur s'accélérer, tout en dressant un tableau mental de ce mutant que le jeune homme lui décrivait. Un portrait qui ressemblait trait pour trait à lui, qui ne pouvait être que lui, qui était lui. Artur campait sur ses positions, persuadé qu'on le manipulait, et à juste raison. Ça sentait mauvais, presque aussi mauvais qu'un gros tas de purin. Artur était intelligent, Artur était futé, et s'il y avait bien une personne capable de démasquer Ciaran, c'était bien lui.

« Enfin, Artur, c'est du délire ! Il y a des milliers de mutations différentes ! Même deux mutations similaires ne sont jamais complètement identiques ! Tu pourrais passer ta vie à chercher ce mutant ! »

Si ça pouvait être le cas, Ciaran en serait ravi et rassuré ! Mais voilà qu'Artur se rapprochait à grands pas de la solution, évoquant les émotions, ce qui n'était pas si éloigné des sentiments, parlant d'une connaissance de longue date, d'une connaissance assez proche pour tout savoir de sa vie. Ciaran avait presque envie de le secouer pour lui hurler d'arrêter avec ses conclusions car le coupable, il l'avait sous les yeux. Poussant un profond soupir, Ciaran se pinça l'arrête du nez. Ils lui faisaient mal crâne, les sentiments d'Artur et pourtant, il maintenait un lien solide entre eux, un lien fait de confiance et d'admiration, un lien qui rendait Artur d'autant plus aveugle.

« Tu n'en démordras pas, hin ? Ecoute, Artur... J'ai envie de t'aider, vraiment. Je ne veux pas que tu te sentes abandonné mais je t'avoue que là... J'ai l'impression que tu te précipites. Une connaissance de Moira ? C'est ridicule ! Il faudrait que vous vous soyez connu il y a des années que le ou la mutant...te soit ici ! »

Il se prenait au jeu l'Irlandais, à tel point qu'il démontait les arguments d'Artur au lieu d'aller dans son sens. Il se mordit l'intérieur de la joue, conscient qu'il venait de faire une erreur et en éliminant une hypothèse qui aurait pourtant pu lui être salvatrice. Soupirant à nouveau, il posa ses coudes sur ses genoux en prenant appui sur ses doigts croisés.

« Bon... Commençons par le début. Qui connais-tu depuis longtemps ici ? Est-ce que tu as une idée du point de départ de tout ça ? Des doutes que tu aurais eu avant que ta sœur ne te vaccine ? Si je ne m'abuse, avant ton arrivée à Radcliff, tu allais bien, n'est-ce pas ? »

Ciaran se leva et se mit à faire les cent pas. Il jouait à la perfection l'homme soucieux, pour la simple et bonne raison qu'il l'était. Mais pas pour les mêmes raisons.

« Reprenons... Si on suit ta logique, un mutant chercherait à te déstabiliser. C'est une sensation ? Un sentiment ? Comment est-ce que tu décris ça ? Et d'ailleurs... Qu'est-ce que tu comptes faire, une fois que tu auras trouvé ce mutant ? »

Il cherchait à gagner du temps, l'Irlandais, une cherchait une brillante idée pour détourner Artur de son idée, mais maintenant qu'il avait joué avec le feu et s'était brûlé, Ciaran peinait à dissimuler les cicatrices rougies sur ses doigts.
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MessageSujet: Re: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeMer 22 Mar 2017 - 21:49

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



N’écarter aucune option. Voilà qui était, pour un scientifique, une condition sine qua non lorsqu’on faisait de la recherche, lorsqu’on souhait élucider une énigme et mettre le doigt sur la mécanique interne d’un procédé allant pour le moment au-delà de toute compréhension, lorsqu’on souhaitait, tout simplement, avoir un protocole complet, sérieux, rigoureux et sans faille. Et Artur justement était sérieux et rigoureux. Minutieux, maniaque même sur bien des points, il ne laissait en règle générale rien au hasard, n’octroyait à l’improvisation et à la spontanéité que des champs réduits où s’exprimer. Artur n’aimait pas quand les choses lui échappaient. Et là… là, il vivait l’un de ses pires cauchemars, l’une de ses terreurs nocturnes, éveillé et tétanisé de frayeur, il dégringolait seconde après seconde, minute après minute, jour après jour, sur un terrain friable où toute tentative pour se remettre debout ou ne serait-ce que freiner sa chute ne parvenait qu’à accélérer davantage encore la descente aux Enfers. N’écarter aucune option, ce n’était plus simplement un principe de base de la recherche scientifique et de l’ouverture d’esprit, c’était - au point où en était rendu Artur - une nécessité. N’écarter aucune option, les analyser toutes, absolument toutes, sans exception, sans a priori, les creuser en profondeur et les saigner jusqu’aux os, les assécher chacune à leur tour pour en extraire toutes les voies possibles. « N'écarter aucune option, certes, mais tu sembles un peu trop te focaliser sur celle-ci, je trouve... » Artur foudroya son mentor du regard, mue d’une colère assourdie par l’épuisement et la confiance qu’il pouvait avoir en Ciaran. « Justement, tant que je ne parviendrai pas à me prouver qu’elle est un cul de sac, je ne peux pas la laisser tomber… » Et c’était bien ça le problème. Contrairement au psychologue, Artur s’apercevait à chaque fois qu’il y pensait que les preuves et les implications d’une telle option s’accumulaient sans parvenir à se contredire.

Malgré tout ce que Ciaran pouvait lui dire, malgré le sentiment d’avoir tort qui le turlupinait et celui, plus insidieux, que Ciaran avait raison, malgré tout cela, Artur persistait, tiré par son intelligence hors du commun qui l’avait souvent aussi bien servi que desservi. Il n’en avait pas conscience, le chasseur, mais à cet instant c’était cette intelligence qui lui permettait de lutter et d’avancer, de s’obstiner dans une conviction diffuse, mise à mal par les remarques d’un mentor qui n’en avait, finalement, jamais réellement été un. Accuser Andreas, accuser Moira, remuer des blessures non cicatrisées et en rouvrir des anciennes… tout était là. Tout, absolument tout était là pour qu’Artur fasse marche arrière, se range en définitive du côté de Ciaran et de son opinion, suive tout son être qui lui hurlait de faire confiance, aveuglement confiance, en l’autre Irlandais. Tout était là, mais… mais il y avait ce mais qui persistait malgré tout. Artur voulait y croire, il voulait croire tout cela, c’eut été si simple d’y croire, mais… mais. Il n’y croyait pas. Ciaran ne pouvait pas l’aider. Pour la première fois depuis bien des années, Ciaran ne pouvait pas l’aider. Et ce constat, qu’Artur énonça avec un calme anesthésié, qu’Artur articula lentement, était immensément douloureux. Ciaran ne pouvait pas l’aider, Artur n’avait donc plus qu’à suivre son instinct et ses hypothèses, ses convictions et ses conclusions. Ciaran ne pouvait pas l’aider, et Artur était non seulement en train de chuter mais il chutait seul. La main tendue par l’Irlandais brassait de l’air, inaccessible. « Enfin, Artur, c'est du délire ! Il y a des milliers de mutations différentes ! Même deux mutations similaires ne sont jamais complètement identiques ! Tu pourrais passer ta vie à chercher ce mutant ! » Les yeux du cadet plongèrent maladroitement dans ceux si clairs, si fascinants du psychologue. Non, définitivement, Ciaran ne l’aidait pas. Il l’enfonçait, il plantait une lame de trente centimètres dans le défaut de ses démonstrations, sans la moindre indulgence. Oh, il avait raison, bien évidemment, mais ce n’était pas agréable. Surtout lorsque, comme Artur, on avait déjà conscience du problème. « Je sais… » N’avait-il pas déjà passé des années à trouver la mutation parfaite, celle dont Ellie possédait ? Des recherches désespérées, il en avait déjà faites.

Alors une de plus… et puis, avait-il un autre choix ? La confiance et l’admiration sans limite, toutes deux des sentiments éclatants, aveuglants, étaient entachés d’un doute dont Artur n’arrivait pas à se départir. Et les sentiments se renforçaient, aveuglaient un peu plus le cadet, l’enchaînaient et bridaient la progression de ses conclusions, de ses réflexions, alors que Ciaran continuait. Artur secoua la tête, comme pour se libérer de liens dont il n’arrivait même pas à percevoir l’existence. « Tu n'en démordras pas, hin ? Ecoute, Artur... J'ai envie de t'aider, vraiment. Je ne veux pas que tu te sentes abandonné mais je t'avoue que là... J'ai l'impression que tu te précipites. Une connaissance de Moira ? C'est ridicule ! Il faudrait que vous vous soyez connu il y a des années que le ou la mutant...te soit ici ! » Artur se prit la tête entre les mains. Il aurait voulu en extraire son cerveau pour mieux l’analyser sous un microscope, le démonter, en nettoyer les rouages pour en ôter le sable incrusté et repérer les mécanismes faussés et le remettre correctement à sa place. Sauf que son cerveau n’était pas une machine défectueuse qu’on pouvait confier à un mécanicien, c’était quelque chose de bien plus complexe… et de bien plus détruit. Irréparable. Il faudrait que le ou la mutante soit ici. « Je sais bien… » Bien sûr qu’il le savait. « Bon... Commençons par le début. Qui connais-tu depuis longtemps ici ? Est-ce que tu as une idée du point de départ de tout ça ? Des doutes que tu aurais eus avant que ta sœur ne te vaccine ? Si je ne m'abuse, avant ton arrivée à Radcliff, tu allais bien, n'est-ce pas ? » Artur le suivit des yeux lorsqu’il se leva, se contentant d’un bref « Oui ». « Reprenons... Si on suit ta logique, un mutant chercherait à te déstabiliser. C'est une sensation ? Un sentiment ? Comment est-ce que tu décris ça ? Et d'ailleurs... Qu'est-ce que tu comptes faire, une fois que tu auras trouvé ce mutant ? »

Comment décrire ça ? La question était si complexe qu’à peine abordée, Artur la sentit accaparer son cerveau et le mener au bord de l’explosion. Il ferma les yeux pour mieux soupirer. Non. Pour mieux se focaliser sur l’autre question. Un point de départ. Un point d’arriver. Que fera-t-il une fois qu’il aura mis la main sur le responsable de tout cela ? « Tu le sais bien, Ciaran, c’est toi-même qui me l’a appris. Je le tuerai. De mes propres mains, je le réduirai à l’impuissance et je le tuerai. De manière expéditive si ma santé est en danger ; lentement, très lentement, avec minutie, s’il est muselé suffisamment pour que je ne risque rien. » La voix d’Artur brillait par son impassibilité. Pas de colère, pas de douleur, pas de rage, juste un constat, l’énonciation de faits certains. Une maîtrise de lui-même brutale, étonnante mais salvatrice. Pendant un temps. Parce que d’autres questions, plus compliquées, subsistaient et qu’il devait impérativement y répondre. « Quant au point de départ… je suis d’accord avec toi, analyser ce qu’il se passe en serait un. Le problème, c’est que… j’imagine que je pourrais pas te le décrire tant que je ne serai pas face à la personne, tant qu’elle n’exercera pas sur mon esprit son œuvre et là, là encore… » Artur se leva à son tour, lentement. « En dehors de toi et de Moira, il n’y a guère que le crétin qui sert de colocataire à ma sœur que je connais depuis longtemps, mais je ne l’avais pas revenu depuis bien douze ans, donc… et honnêtement, si déjà il a appris à faire ses lacets, ce serait un grand exploit, alors me manipuler de manière aussi parfaite… pitié… » Vraiment, pitié. Artur se murmura en lui-même que s’il apprenait un jour que c’était Caesar junior le responsable de tout cela, il mourrait de honte de s’être fait avoir par un crétin pareil. « Non, ça doit être une personne particulièrement habile, particulièrement intelligente, une personne comme toi et moi, prompte à jauger les gens, prompte aussi à savoir comment les caresser dans le sens du poil. Et en partant de là… »

Artur fronça les sourcils. « Ciaran, penses-tu que tu puisses me trouver par un moyen ou un autre toutes les mutations ayant trait à la psyché de près ou de loin qui soient connues ? Il y a de tels degrés de finesse qu’avoir base concrète serait un bon point de départ. » Confiance et admiration exacerbées : aux yeux d’Artur présentement, Ciaran était capable de tout et de tout avoir.


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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeJeu 15 Juin 2017 - 23:46

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



Parfois, et même souvent, il prenait à Ciaran l'envie de prendre Artur par les épaules pour lui dire « Artur... Je suis le vilain mutant... » dans une tentative évidente d'imiter Vador face à Luke, et dans le seul but de voir l'Irlandais hurler de la même manière ou, à défaut, tomber des nues. Mais à chaque fois, il se ravisait, le psychiatre, conscient qu'il était de devoir conserver précieusement la naïveté et l'adoration du jeune homme à son égard. Sa totale dévotion, il devait la chérir comme un précieux diamant, et non chercher à le retailler une fois de plus. Artur était parfait, c'était bien pour cela que Ciaran craignait que le jeune chasseur ne s'enlaidisse en ayant des soupçons à son égard. Pour l'heure, s'il était persuadé de l'influence d'un mutant sur lui, il était à des années lumière de soupçonner son mentor. Il n'en fallait pas plus à Ciaran pour être persuadé de sa propre maîtrise de sa mutation et de son infaillibilité. Néanmoins, le psychiatre refusait que sa précieuse créature s'obstine dans ses doutes, car alors, il se serait inévitablement rapproché de lui. Ciaran savait Artur intelligent, buté et capable de rester éveillé des nuits entière sur une question le taraudait. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'Artur ne finisse par faire le lien entre ses ennuis et la présence de Ciaran, et il valait mieux avorter l'idée avant qu'elle ne donne naissance à des doutes. Il avait envie de secouer Artur, de lui dire que tous ses je sais murmurés à mi-voix n'étaient pas de véritables réponses, mais il se cantonna à son rôle d'ami cherchant à aider, rôle qui commençait à profondément l'agacer : comme à son habitude, Artur économisait sa salive et préférait écouter son ami en silence que de laisser échapper une parole malheureuse. Parfois, Ciaran aurait aimé qu'Artur soit davantage une pie qu'une huître perchée sur un rocher trop grand pour elle. Après un long silence durant lequel l'impatient Irlandais peina à ne pas exploser, Artur se décida enfin à parler, confirmant à Ciaran qu'il valait mieux qu'il n'apprenne jamais qui était à l'origine d'un si important déséquilibre mental. S'il y avait bien un sujet sur lequel Ciaran pouvait faire confiance au jeune homme, c'était bien là-dessus : s'il se retrouvait pris au piège entre ses griffes, Ciaran passerait un sale quart d'heure et regretterait amèrement de n'avoir pas été plus prudent.

« Oula... Doucement, le conquistador, inutile de jouer les bourreaux sans cœur. Imagine un seul instant que ce mutant soit ta sœur, es-tu vraiment certain que tu arriverais encore à mener ta vengeance à bien ? Si mutant il y a, tu n'es peut-être pas sa seule victime, c'est peut-être un peu... Égoïste de ta part de vouloir priver les autres d'une justice, non ? »

Même Ciaran ne croyait pas en ce qu'il disait, tant ses paroles sonnaient faux. Aussi, il agrémenta son discours d'une impulsion plus vive de sa mutation, visant à mettre Artur en confiance et à le faire culpabiliser. Dans l'état où il était, le résultat risquait d'être explosif, mais il fallait essayer. Et puis, lorsqu'Artur repris, Ciaran compris qu'il était devenu trop dangereux pour lui d'exercer l'influence de sa mutation tant qu'il se méfierait de lui. Alors, doucement, sûrement, il fit décroître le pouvoir de sa mutation sur Artur pour la rendre moins présente, presque imperceptible, puis il croisa les doigts de toutes ses forces pour que l'Irlandais n'y voit que du feu. Fort heureusement, Artur semblait trop occupé à faire état des quelques personnes à Radcliff susceptibles de l'avoir connu des années auparavant.

« Pardonne-moi l'expression, Artur, mais qui se ressemble, s'assemble... »

Étant donné leur peu d'éloge qu'Artur faisait de sa sœur, le psychiatre se retint d'ajouter qu'avec son colocataire décérébré, ils arrivaient peut-être à avoir un demi cerveau suffisamment fonctionnel pour savoir faire leurs lacets, justement. Ce qui amusait particulièrement Ciaran, et il se gardait bien de sourire ou de rire pour tenter de garder un semblant de crédibilité, c'était la façon avec laquelle Artur traitait les données en sa possession. Il avait toutes les pièces du puzzle, semblait les avoir assemblées avec une aisance insolente mais malgré tout, il était toujours incapable de mettre un nom sur le motif qu'il était en train de former. Sa totale confiance en Ciaran l'empêchait inévitablement de voir en lui un potentiel suspect. Quand il releva les yeux, ce fut pour faire face à un regard emplit de gratitude et d'admiration, celui d'un enfant fixant son aîné comme s'il était un héros... Un regard qui mis presque mal à l'aise l'Irlandais tant il lui semblait faux. A vrai dire, Artur était le premier après Helen à avoir subit aussi longtemps les effets néfastes de la mutation de Ciaran, et celui-ci s'étonnait encore de voir à quel point son pouvoir pouvait être dévastateur. Bien qu'il maîtrisât parfaitement sa mutation, le psychiatre ne pouvait jamais réellement anticiper les effets de cette dernière à long terme, d'autant qu'ils différaient d'un individu à l'autre. Une seule chose était certaine : Artur y était particulièrement réceptif. Un long silence s'ensuivit, jusqu'à ce que Ciaran ferme les yeux en soupirant, avant de croiser les bras et de s'adosser au meuble derrière lui.

« A vrai dire, tant que les mutants ne seront pas minutieusement répertoriés, je doute que tu puisses trouver quelque chose de fiable à ce sujet. Il faudrait trouver un mutant capable de ressentir et identifier les mutations, je dirais. »

Le trouver, l'éliminer et surtout le garder le plus loin possible d'Artur. C'était tout à fait le genre d'individu susceptible de faire tomber la couverture du mutant.

« A moins que des travaux de recherche n'aient été menés sur le sujet ? Tu devrais te rendre à l'université la plus proche, étudier leurs départements historiques et scientifiques pour en apprendre plus sur le sujet, tu ne crois pas ? J'ai beau réfléchir, je ne crois pas avoir jamais rencontré un mutant qui puisse... Sentir les mutations. Dans tous les cas, j'espère que tu as conscience que ce sera un travail de longue haleine qui n'est pas sûr d'aboutir. »

Se détachant du meuble, Ciaran s'approcha d'Artur et le pris par les épaules avant de couler un regard bienveillant dans sa direction.

« J'ai foi en ton intelligence et ta détermination, Artur, mais ne mets pas ta vie en danger pour ça, d'accord ? Pour l'heure, il faut te reposer, reprendre des forces... Qu'importe si tu trouves l'origine de ton malaise demain ou dans deux mois, s'il s'agit bien d'un mutant, il te faudra toutes tes forces pour l'affronter. »

Le plus tard serait le mieux, le temps que Ciaran puisse réfléchir à un plan d'attaque ou de retrait, mais quelque chose qui lui permettrait de sauver sa peau sans que cela paraisse suspect. Il savait à présent que si Artur faisait le lien entre son malaise et la présence de son ami, il n'aurait de cesse de le traquer dans le monde entier et ça... Ce n'était même pas envisageable.
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: Artur | Too early, buddy...   Artur | Too early, buddy... Icon_minitimeJeu 6 Juil 2017 - 0:24

Too early, buddy...
Ciaran & Artur



Il y avait des colères foudroyantes. Des colères gesticulantes. Des colères sonores, des colères apathiques. Il y avait des colères teintées de pathétismes, d’autres trempées dans de la rancœur. Et il y avait les colères d’Artur : glaciales. Le scientifique n’était que l’ombre de lui-même depuis des mois. L’ombre de ce qu’il était voué à être, l’ombre de ce qu’il savait être. L’ombre d’un écho d’enfant, l’ombre du reflet d’un adolescent. S’il se sentait floué ? Pire que cela. Son esprit, en ruines, lui hurlait l’injustice de sa situation. Son esprit, ses raisonnements, tout le guidait vers une et une seule conclusion, et c’était une solution qui ne lui plaisait pas. Et qui, pourtant, éclairait tout le reste d’une lumière écoeurante de justesse. Il y avait des colères foudroyantes, des colères gesticulantes, et il y avait celles d’Artur : des colères au couleur de l’hiver. Des colères pétries de rancœur, noyées d’acidité, des colères aux milles douleurs promises. Une colère qui le poussa à répondre de la manière la plus directe, la plus franche, la plus sincère qu’il soit à la question de son mentor. Ce qu’il comptait faire, une fois la main posée sur le responsable de son mal ? Un meurtre. Tout simplement. Un meurtre, précédé de tortures, un meurtre, précédé de violence, un meurtre, précédé d’une agonie aussi longue, aussi lente, aussi douloureuse que sa propre chute dans les ténèbres de l’incertitude. Moira allait payer, d’une manière ou d’une autre, pour le vaccin injecté dans ses veines. Mais celui à l’origine de tout cela… « Oula... Doucement, le conquistador, inutile de jouer les bourreaux sans cœur. » Les yeux de l’Irlandais se durcirent sans attendre. Bourreau sans cœur ? « Pour qui diable me prends-tu… » souffla-t-il immédiatement. « Imagine un seul instant que ce mutant soit ta sœur, es-tu vraiment certain que tu arriverais encore à mener ta vengeance à bien ? Si mutant il y a, tu n'es peut-être pas sa seule victime, c'est peut-être un peu... Égoïste de ta part de vouloir priver les autres d'une justice, non ? » Ses rétines s’obscurcirent, ses lèvres se pincèrent, s’étirèrent dans un rictus aussi proche d’un sourire qu’un glacier d’une fournaise. « Et bien dans ce cas, je serai égoïste. Et je sais parfaitement quelle est la mutation de ma sœur, merci bien. Quand bien même… si c’était elle, ou mon père, diable, faites que ce soit Andreas, ma résolution ne changerait pas d’un pouce. » Et ce n’étaient, en aucun cas, des mots lancés en l’air, la voix d’Artur le confirmait à chaque syllabe articulé dans le plus grand calme. Diable, oui. Le diable était dans la pièce, le diable était de circonstance, réchauffant de détermination la poitrine d’Artur, invisible dans ceux de son vis-à-vis.

Il y avait des colères foudroyantes, des colères gesticulantes, des colères emportées, mais celles d’Artur s’avéraient être si maîtrisées qu’on pouvait même douter de leur existence. Qu’on aurait pu douter de leur existence, s’il n’y avait eu cet appel au meurtre dans ses iris assombries, dans ses mots sifflés, dans ces sarcasmes crachés à l’encontre de cet imbécile de Caesar, à l’encontre de sa sœur, à l’encontre de ceux qui ne méritaient ni l’intérêt, ni le respect du cadet Kovalainen. « Pardonne-moi l'expression, Artur, mais qui se ressemble, s'assemble... » Et voilà qui était fort vrai, à bien des égards. Si en d’autres circonstances Artur aurait réagi vivement pour défendre sa sœur, l’heure n’était pas à de vaines disputes puériles et futiles. L’heure était à la concentration, à la décortication des faits, des pistes, à l’analyse simple et pure de ce qu’il savait, de ce dont il était convaincu, des voies à explorer et de celles à laisser en friche dans un premier temps. Une personne comme toi et moi, qu’il était simple d’éliminer des candidats, partant de ce postulat. Une personne intelligente, bien des suspects se voyaient recalés à cette simple évidence. Les pièces du puzzle s’emboîtaient parfaitement, une à une, mais à chaque fois qu’Artur s’approchait du terme de sa réflexion, elles s’effondraient entre ses doigts, dans une version moderne de la torture subie par Tantale depuis des millénaires. Un château de cartes minutieusement bâti qui disparaissait systématiquement, écœurant sa gorge d’une frustration sans pareille. Il lui manquait des clés, il lui manquait des indices, il lui manquait… de l’aide. Et de l’aide, Artur – même s’il commençait à sentir sa confiance se fissurer – pouvait en avoir. Juste devant lui. Ses sourcils se froncèrent, renforcèrent une certitude qui le suivait désormais depuis plus de dix ans : même s’il doutait, Ciaran était là pour ôter ses doutes. Même s’il errait sans savoir, Ciaran était là pour faire lumière sur les zones d’ombre, pour éclairer ses ignorances. Et Ciaran, encore une fois, possédait sûrement les clés qu’il manquait à Artur pour remonter pas à pas jusqu’à la personne à l’origine de ses tourments.

Le silence, loin de mettre Artur mal à l’aise, entreprit de l’aider à retrouver pied. Il se complaisait dans le silence depuis toujours, il s’y ressourçait avec soulagement. Et une fois encore, le silence l’enveloppa sans l’agresser, pansa des plaies dont il ignorait la provenance, raffermit, encore, la confiance qu’il avait en son mentor. La confiance qu’il avait en cet homme qui ne l’avait, pour l’instant, jamais trahi. Qui n’avait jusque-là, jamais failli. « A vrai dire, tant que les mutants ne seront pas minutieusement répertoriés, je doute que tu puisses trouver quelque chose de fiable à ce sujet. Il faudrait trouver un mutant capable de ressentir et identifier les mutations, je dirais. » Les yeux du cadet se plissèrent. Un mutant capable de ressentir, d’identifier les mutations ? Les sentiments menacèrent de submerger Artur, des sentiments aux arrières goûts d’affection sincère et de rancœur. Toujours cette rancœur. Un mutant capable de ressentir, d’identifier les mutations ? Il en connaissait un. Il en connaissait une. Ellie. Eloignée. Disparue. Envolée de sa vie, le laissant avec la frustration d’avoir tenu entre ses mains une mutante capable de lui offrir la déité et de l’avoir perdue après avoir fait preuve d’un sentimentalisme malvenu. Il contracta la mâchoire, garda le silence, laissa ses yeux se séparer de ceux de Ciaran pour se perdre sur le côté. « A moins que des travaux de recherche n'aient été menés sur le sujet ? Tu devrais te rendre à l'université la plus proche, étudier leurs départements historiques et scientifiques pour en apprendre plus sur le sujet, tu ne crois pas ? J'ai beau réfléchir, je ne crois pas avoir jamais rencontré un mutant qui puisse... Sentir les mutations. Dans tous les cas, j'espère que tu as conscience que ce sera un travail de longue haleine qui n'est pas sûr d'aboutir. » Une fois encore, sa mâchoire se serra. Fort. Travail de longue haleine. Recherche, université. Un mouvement capta l’attention d’un Artur obstinément silencieux, le força à poser à nouveau ses iris sur la silhouette d’un Ciaran qui s’approchait de lui, qui le saisissait par les épaules pour forcer le contact visuel. « J'ai foi en ton intelligence et ta détermination, Artur, mais ne mets pas ta vie en danger pour ça, d'accord ? » L’espace d’une seconde, Artur manqua de flancher. L’espace d’une seconde, Artur flancha. Perdit de sa superbe, redevint l’adulte brisé qu’il était en arrivant dans l’appartement de son mentor. [color:f7fa==#660099]« Pour l'heure, il faut te reposer, reprendre des forces... Qu'importe si tu trouves l'origine de ton malaise demain ou dans deux mois, s'il s'agit bien d'un mutant, il te faudra toutes tes forces pour l'affronter. » L’espace d’une seconde, Artur chancela. Subit l’envie, subite, de réclamer une étreinte rassurante, protectrice, rassénérante, de la part de Ciaran. L’espace d’une seconde.

Et cette seconde passée, sa respiration relâchée… il repoussa le psychiatre d’un mouvement brutal. « A quoi joues-tu, Ciaran ? » Sa voix sèche claqua, tremblante d’un trouble effrayant. « Je n’ai pas le temps, je n’ai pas le temps de me reposer, de le laisser courir. Tu parlais d’autres victimes, je n’en ai que faire : la seule victime qui m’importe actuellement, c’est moi et moi seul. Je ne veux être le jouet de personne. Et je connaissais effectivement une mutante particulièrement sensible aux mutations de ses pairs. Elle a beau m’avoir filé entre les doigts, si elle existe, d’autres existent. Et s’il y a un moyen de dépister les mutations, alors il doit y avoir des listes quelque part. » Sa voix sèche claqua, accélérée par la terreur de devoir attendre. Artur était un homme extrêmement patient. Mais Artur, également, était un homme brisé, tenant entre ses mains les lambeaux de cette patience, fatigué de tenter de les raccommoder, fatiguer d’avoir, même, à les raccommoder. Comme tout le reste. « Je ne comprends pas. » Il fit un pas en arrière, un deuxième, se passa une main sur le visage. « Pourquoi tant de prudence ? Nous sommes des chasseurs, Ciaran, et les chasseurs traquent leur proie. Les chasseurs n’attendent pas que l’ours revienne finir le travail, ils partent à sa recherche. De quoi as-tu peur, bon sang ? Je ne suis pas faible, tu le sais bien. » Pas faible, vraiment ? Artur chancela. Tituba. Secoua la tête, fatigué devant la trahison de son organisme. « J’apprécie que tu te soucies de moi, tu es le seul à l’avoir toujours fait. Mais j’ai besoin de ton soutien, pas de ta prudence comparable à une couardise hypocrite. »

Il y avait des colères foudroyantes. Des colères gesticulantes. Des colères sonores. Celles d’Artur étaient glaciales… la plupart du temps. Celles d’Artur s’avéraient parfois agressives. Insultantes. Provocantes. Même envers les personnes qu’il respectait plus que tout au monde. « Ma vie est en danger permanent tant que le responsable de la destruction minutieuse de mon intégrité intellectuelle sera libre de ses mouvements. Tu ne m’as jamais trahi, j’ai une confiance en toi des plus absolues. Mais je me verrai contraint de revenir sur cette position si tu te caches derrière la puissance d’un mutant pour me retenir. Je n’ai pas besoin d’être couvé, Ciaran. J’ai besoin d’être soutenu. »

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