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 lost wanderer (lilian&artur)

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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 25/08/2015
MessageSujet: lost wanderer (lilian&artur)   lost wanderer (lilian&artur) Icon_minitimeSam 27 Aoû 2016 - 17:22

lost wanderer
Lilian & Artur



Artur n’était pas vraiment de ceux qui fréquentaient les bars en semaine. D’ailleurs, pour être exact, il ne les fréquentait pas non plus en soirée, et très rarement le dimanche. Ce qui lui laissait le vendredi soir – à l’occasion de rares exceptions – et les samedis en journée lorsqu’il prenait le temps de passer quelques heures avec Ellie, pour s’attarder dans ce genre d’établissement. Artur n’était pas non plus un grand adepte de l’errance, de ces après-midi passés à flâner sans destination, juste pour le plaisir de parcourir la ville en long, en large et en travers, juste pour le plaisir de perdre son temps. Non. Parce qu’Artur était un homme qui avait voué sa vie à l’efficacité et à l’activité, plus intellectuelle que physique, et qu’il détestait la simple perspective de ne rien faire. Un déplacement équivalait à un objectif, une sortie se devait d’être rentable et lorsqu’on pouvait faire un trajet en deux minutes plutôt qu’en vingt, c’était inutile de réfléchir davantage à l’itinéraire. Alors rien, strictement rien ne pouvait justifier sa présence ici, à une telle heure de la journée alors qu’il était supposé être à son bureau pour analyser les rares indices ADN que les officiers avaient pu collecter sur place. Rien non plus ne pouvait justifier sa tenue décontractée, à la limite du relâché, alors qu’il était un habitué des chemises bien repassées et des pantalons droits.

Il cligna des yeux avant de faire un tour sur lui-même, incapable de savoir par quel côté il était arrivé, ni même quand il avait cessé de marcher, ni même où il se trouvait. Et le pire, en soi, c’était qu’il oscillait entre la certitude de savoir que c’était anormal et cette étrange sensation d’habitude qui le laissait non pas paniqué mais exaspéré. Ce n’était pas le premier black out qu’il expérimentait. Et quelque chose lui soufflait que ça n’allait pas non plus être le dernier. Nerveux, Artur se passa une main dans les cheveux avant  de fermer les yeux et de fouiller ses poches à l’aveuglette, sans une quelconque utilité. Artur. Artur Kovalainen, au moins savait-il son nom, ce qui n’était pas gagné. Il était parti ce matin pour se rendre à son travail. A pied. En footing, même, ce qui pouvait expliquer sa tenue de sport. Et le sac sur son épaule, contenant ses habits bien pliés, prêts à être troqués avec ceux qu’il portait. Les choses s’éclaircissaient peu à peu, la montre à son poignet lui appris douloureusement que plus de trois heures s’étaient écoulées depuis qu’il avait quitté son appartement et qu’en conséquent, près de trois heures de sa vie venaient de s’envoler en fumée sans qu’il n’en ait le moindre souvenir. Sans qu’il ne sache non plus où il en était désormais, ni si ses pertes de mémoire cesseraient un jour de s’immiscer sans prévenir dans sa vie.

Les yeux perdus, au comble de l’égarement même, l’irlandais se résigna à pousser la porte du bar pour aller s’y asseoir un temps, incapable pour le moment de retrouver le cours normal de sa vie qui lui échappait, par ailleurs, peu à peu. Se traînant jusqu’au comptoir, il tira un siège pour s’y installer sans réfléchir, inspirant profondément. Sans même savoir ce qu’il avait envie de boire. Artur naviguait dans un tel état de confusion qu’il aurait bien été en peine ne serait-ce que d’épeler son prénom complet. Artur. Artur… Martain Kovalainen. Son deuxième prénom avait faillit lui échapper. Ses rétines accrochèrent une carte, survolèrent les boissons alcoolisées, se perdirent dans les cocktails sans alcool et finirent par… « Un whiskey s’il vous plait. »… opter pour le plus simple. Le plus direct. Et surtout le plus efficace. Ses doigts tapotèrent sur la table, entreprirent de faire ses poches pour mieux étaler sa vie devant lui, sans grande conviction. Sa vie. Qui ne se résumait jusque là qu’à une carte d’identité, son porte-monnaie, un ticket de musée, d’une exposition temporaire sur l’art aztèque et un mouchoir en tissu, propre, marqué dans un des coins de ses initiales. Sans prendre la peine de regarder autour de lui, Artur rassembla le tout, s’attacha après coup à dépouiller son porte-monnaie et porte-carte, sortant avec l’ombre d’un étonnement une photo de lui et… d’Ellie. Intéressant. Et… un billet de concert, vieux de six ans et demi, pour aller écouter une soliste portant le même nom de famille que lui. Moira. Kovalainen. Une… sœur ? Cousine ? Tante ? Il repoussa le bout de papier, non sans l’avoir replié avec précaution – il était évident qu’il y tenait, après tout, donc autant le préserver – et ouvrit enfin son téléphone… verrouillé bien évidemment, exigeant de sa part de dessiner un motif. Parfait. Vraiment parfait. D’un mouvement de main, il tenta d’attirer l’attention de la serveuse. « Excusez moi, est ce que vous pourriez juste m’indiquer… hum… l’adresse de l’établissement ? »

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MessageSujet: Re: lost wanderer (lilian&artur)   lost wanderer (lilian&artur) Icon_minitimeDim 4 Sep 2016 - 12:48




- Lilian ! Tu rêves ?

Je redressai la tête. J'étais accoudée au comptoir, la tête baissée vers le bois usée, le regardant sans le voir. Le barman me tendis  un plateau et hocha la tête en l'indiquant du regard.

- Oh, pardon, j'avais pas vu, je commentai un peu inutilement, et je saisis le plateau.

- T'inquiètes, mais concentre toi un peu. On a du boulot, m'avertit-il.

 Il avait raison. Non pas qu'on ait été bondés. Après tout, on était en semaine, et en fin de matinée. Sans compter le froid automnal qui n'incitait pas grand monde à venir se rafraîchir. Mais j'étais pas mal occupée quand même, assez pour que Stan m'ai secoué comme ça, vu qu'on était que tous les deux, le matin. Comme Stan reste la plupart du temps au comptoir, c'était à moi de m'occuper de tous les autres, et ça faisait quand même pas mal. Non pas que j'allais me plaindre. Si c'est moi qui m'occupais de tous ces gus, c'est moi qui récolte les pourboires.

  Mais malgré ces perspectives monétaires, je ne parvenais pas à me réjouir. Pour la même raison que j'oubliais de sourire en déposant le contenu de mon plateau à une table, que je remarquai à peine la main levée d'un type qui cherchait un serveur, et que j'aurais oublié tout ce qu'il m'avait dit si je ne l'avais pas noté. C'était à cause de Josh.

Hier soir, quand j'avais décroché le téléphone, je m'attendais à la discussion habituelle. Le genre de celle qu'on avait depuis environ deux ans. Lui, il me demandait où j'étais. Moi, je lui demandais si ça s'était « calmé ». On savait tous les deux que notre réponse allait décevoir l'autre. Je continuais de m'éloigner. La ville continuait d'être invivable. Alors on se rassurait comme on pouvait. On se racontait des choses marrantes. Et on raccrochait en sachant très bien que la situation était loin de s'arranger. Mais on ne le disait jamais.

Mais ce fameux soir, quand j'avais salué Josh, tout ce que j'avais entendu, c'était le silence. Et puis sa réponse avait finalement été :

- C'est tout ?

- C'est tout ? J'avais répété.

- Tu sais très bien de quoi je veux parler, Lili. Ça fait des mois que tu es partie de Greeeneville. Ça fait presque deux ans, en fait. Et pour faire quoi ?

- Tu sais bien, pourquoi ! J'ai protesté.

- Ne me prends pas pour un imbécile. Ce n'est pas ta mère que tu cherches et tu le sais très bien.

Piquée au vif, j'ai répliqué :

-Mais qu'est-ce que t'en sais, Josh ? Qu'est-ce que t'en sais? Toi, t'as ta mère et ton père. Tu sais pas ce que ça fait de savoir qu'elle t'a s'est tirée sans même laisser un putain de message, qu'elle t'a abandonnée sans se retournée, que ton père est foutu à cause d'elle, et qu'elle s'en tire tranquillement quelque part sans jamais vous contacter, sans jamais au moins avoir le courage de lui dire qu'elle va bien...

Je n'étais même pas en train de mentir à ce moment là. Non pas que j'avais oublié que j'étais pas du tout en train de la chercher. C'est tout le reste qui était vrai. Je la détestais. Je la détestais et je voulais qu'elle le sache. Et penser que je ne pouvais pas le faire me mettait en rage.

  Mais tout ça, ça m'emmenait vers des terrains que j'avais pas envie d'explorer. Je savais qu'il fallait que je me calme avant de dire un truc que j'allais regretter. Alors je m'étais forcée à respirer calmement à la fin de ma tirade.

- C'est vrai, m'avais répondu Josh après un silence. Je sais pas ce que ça fait. Mais je sais ce que tu fais. N'importe quoi. Et c'est pas ton genre, ptite tête.

 Ptite tête. C'est comme ça qu'il m'appelait depuis notre enfance. Ce qui est une blague entre nous, parce que je l'ai toujours dépassé. Josh, c'est le petit frère. Si on enlève le fait que c'est mon cousin, ça concorde, même au niveau de la taille.

- Et va pas me dire que tu fais pas n'importe quoi, il ajouta très vite. Tu sais bien que c'est pas comme ça que tu la trouveras, ta mère. T'es suffisamment intelligente pour t'en rendre compte, non? C'est pas ce que tu fais, là. Ce que tu fais, c'est que tu fuis. Pas vrai ?

 J'avais hoqueté de surprise. Même si je savais que mon mensonge n'étais pas excellent, je ne m'étais pas doutée que qui que ce soit puisse être aussi proche de la vérité!

- Je...Je fuis pas.

- Eh, avait-il dit, et sa voix était douce et un peu triste à ce moment-là. C'est grave ? Est-ce que... Quelqu'un t'as embêté ? Par ici? Écoute, s'il s'est passé quoi que ce soit...

- Non, non, j'avais répondu, touchée qu'il s'inquiète pour moi. Non, il n'y a rien eut, t'en fais pas !

- Ou alors... Quelqu'un qui te menace ? Qui te poursuis ?

Cette fois, c'est mon cœur qui avait eu un sursaut. Trop proche.

- Non, non, Josh, j'avais dit très vite, ma main agrippant le rebord de la chaise de la cuisine comme une bouée de sauvetage.

- C'est un de ce ses sales dégénérés, c'est ça ? Avait-il poursuivit d'une voix sombre.

Mon sang avait reflué dans mes veines. A la place, j'avais été envahie par la colère.

- Non, j'avais répondu, glaciale. Non.

- Mais alors pourquoi...

- C'est pourtant pas difficile à deviner ! J'avais hurlé dans le combiné, à bout.

Puis j'avais écarquillé les yeux, terrifiée. Bordel. Qu'est-ce que j'avais foutu ? J'avais raccroché avant qu'il me réponde. Il avait essayé de me rappeler, mais bien sûr, je n'avais pas répondu, et j'avais même finit par le bloquer. Ensuite, j'avais passé à peu près la nuit la moins reposante de ma vie. Et maintenant me voici, au milieu de cette salle de bar à moitié vide, à me demander si ma couverture n'a pas été éventée et si je ne vais pas me retrouver avec une bande de chasseurs à mes trousses.

 Un de ces sales dégénérés... A moins  que ce qui me préoccupait, ce soient les mots de Josh, finalement. Bien sûr, je n'ignorait rien de leurs positions. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai longtemps continué de leur cacher les choses, même quand j'ai bien maîtrisé mon don. Un truc bizarre comme ça... Ils n'auraient pas apprécié. Et maintenant, avec ces histoires déclenchées par le président... La carte d'identité. J'essayais de pas trop y penser, mais si ce truc passait, j'étais complètement dans la merde. Je crois que c'était plus facile de pas réfléchir à ça, avant hier, parce que jusque là, on n'avait pas vraiment abordé le sujet. Et l'entendre dire ça, d'un seul coup... Ça m'avait fait mal.

 Un instant, j'eus la vision fugitive de Josh, son fusil de chasse à la main, qui me faisait face, son visage fermé, et  je l'entendis dire «  dégénérée » …

 Bon sang. Fallait que je me calme, là, c'était plus possible. Stan avait dû remarquer ma pâleur soudaine, parce qu'il me tapa sur l'épaule alors que j'étais de retour au comptoir, et me demanda si je voulais changer de place avec lui. Le comptoir, c'était pas forcément moins de boulot, mais vu mon état actuel, c'était peut-être mieux que je me déplace pas avec des plateaux chargés de verres biens remplis dans les mains... J'acceptai.

 A peine étais je passée de l'autre côté qu'un client vint s'installer au comptoir. Je remarquai immédiatement qu'il n'était pas en très bon état, et ce avant même de l'avoir vu fixer la carte des boissons d'un air hébété. Croyez moi, je l'ai lue, et elle est pas fascinante à ce point, cette carte. D'ailleurs, le client finit par simplement demander un whisky, preuve qu'elle n'avait pas du l'intéresser tant que ça.

 Un whisky à 11 heures du matin , hein? Je me tournai vers les bouteilles rangées derrière moi, choisissant moi-même celle qui devait convenir. Bien sûr, on a plusieurs whisky différents, mais quand les clients demandent ça, on sait de quoi ils veulent parler. Même si c'est à 11 heures du matin - surtout si c'est à onze heures du matin.

- Mauvaise...matinée? Demandai-je tranquillement au client derrière moi tout en versant l'alcool dans un verre.

 Aucune réponse. En me retournant, je compris pourquoi. Il avait entrepris de vider ses poches sur le comptoir, et cette activité avait l'air de l’absorber, au point de ne pas m'entendre, visiblement. Bizarre. Très bizarre, pensais-je en le voyant examiner chacun d'eux longuement. C'était ses affaires, alors pourquoi il avait l'air de les...étudier? Je le vis aussi contempler son portable d'un œil mauvais, et je sentis carrément une pointe de frustration. Il devait cherchait à contacter quelqu'un qui n'en avait pas vraiment envie. Un paumé, diagnostiquai-je, ce qui ne m'étonnais qu'à moitié, venant de la part d'un client qui commandait un whisky à une heure pareille. Même si faut avouer que c'était plutôt étrange, vu l'apparence du gars. En fait, avec son jogging et son air propre sur lui,  il avait l'air d'être un de ces mec qui va courir tous les matins puis rentrer chez lui déguster un smoothie à la carotte et une tranche de pain pauvre en sel avant de filer dans son bureau à la banque. Pas celui qui vient s'écrouler dans un bar le matin avec l'air et les sensations d'être au bout de sa vie. Mais peut-être qu'il venait de voir sa femme le tromper avec le plombier, qui sait.

 Je posais le verre devant lui, quand un autre client m'interpella. Je m'éloignai, oubliant celui-là. J'étais occupée à verser de la bière dans une choppe quand j'entendis demander:

- Excusez moi, est ce que vous pourriez juste m’indiquer… hum… l’adresse de l’établissement ?

 C'était lui, le client un peu paumé. Enfin, carrément paumé, pour le coup. L'adresse? Mais quoi, il sait pas où il est ? , je me disais tout en la lui débitant avec hésitation. Soudain, tout s'éclaira. Il avait l'air confus, il était tout surpris de ce qu'il avait sur lui, il ignorait même où il était... Bien sûr! Il était perdu. Pour de bon! Il faisait partie ces type qui, après une soirée bien arrosée, s'endormait sur quelque banc public et se réveillait avec un trou noir qui avait bouffé leur passé, et un marteau piqueur pour remplacer le reste de leur cerveau. Quand à ce qu'il ressentait... Trouble, irritation, mais surtout, incertitude. Quelque chose lui échappait, c'était sûr. Un vrai beau lendemain de beuverie, à n'en pas douter. Et forcément, ça rentrait dans mes attributions. C'est pourquoi j'ajoutai, après lui avoir donné l'info dont il avait besoin:

- Mais dites... Vous seriez pas perdu, par hasard? Vous savez comment rentrer chez vous? Tenez, si vous voulez, on peut vous appeler un taxi. Ou quelqu'un que vous connaissez. Bref, si vous avez besoin d'aide...
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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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MessageSujet: Re: lost wanderer (lilian&artur)   lost wanderer (lilian&artur) Icon_minitimeSam 17 Sep 2016 - 11:03

lost wanderer
Lilian & Artur



Mauvaise...matinée ?

Le plus vicieux, dans le comportement qu’Artur avait toujours arboré en société, c’était sans nul doute non pas qu’il cachait ses émotions et affichait un visage impassible, c’était qu’il avait appris auprès de Ciaran à se créer des émotions de toute pièce et à les plaquer sur ses traits comme une seconde peau, destinée à leurrer les autres dans un premier temps puis lui même. Artur pouvait se montrer impassible et particulièrement indifférent. Mais la plupart du temps, il affichait un caractère plutôt jovial, certes quelque peu timide et introverti, mais il n’était guère compliqué de lire sur son front et dans son sourire le moindre désarroi ou désaccord. Le plus vicieux dans le comportement d’Artur, c’était sans nul doute que s’il était un manipulateur et un hypocrite personne ne le voyait ni même n’avait les outils en main pour s’en apercevoir. Et à présent, cela se retournait contre lui avec violence qu’il ne pouvait que trouver injuste.

Perdu, Artur l’était. Plus rien n’avait de sens, et il n’arrivait même pas à savoir si n’avoir perdu que des pans bien précis de sa mémoire était pire ou moins déstabilisant que de perdre la mémoire dans son intégralité. Accoudé au bar, à contempler des biens qui lui semblaient aussi familiers qu’étrangers, Artur était perdu. Et ne s’en cachait pas une seule seconde, trop préoccupé pour s’en soucier. Ses doigts firent tourner sa carte d’identité, s’attardèrent sur le code de verrouillage de son portable, pour le moment hors de portée, se reconcentrèrent dans un soupir sur son porte-feuille. Et Artur finit par rendre les armes en se tournant non pas vers le plus raisonnable ou réfléchi des alliés mais vers le plus fidèle. Et intemporel.

Sans nécessairement boire à n'en plus savoir marcher toutes les semaines, Artur n'était pas un ascète sur ce plan là. Des bières après le travail et en compagnie de ses collègues, il en avait vidé un certain nombre. Des verres remplis et reremplis en soirée, même s'il se débrouillait le plus souvent pour décliner voire éviter ce genre d'invitation, il en avait bu sans trop de récriminations. Son héritage irlandais ne l'avait pas oublié et Artur devait bien admettre qu'il lui en était pleinement reconnaissant: tout perte de contrôle était une angoisse et une anxiété supplémentaires qu'il ne demandait qu'à esquiver.

Artur soupira une nouvelle fois en jetant un regard à celle qui tenait le bar. La perte de contrôle était son quotidien depuis quelques temps, et ça ne semblait clairement pas vouloir s’améliorer. Et reprendre le contrôle, pour un homme comme Artur n’était pas qu’une priorité: c’était une nécessité. A commencer par savoir où il était, très exactement. Il cilla un instant, enregistrant l’adresse sans aucun effort. Avant de se souvenir qu’il ne pouvait plus avoir confiance en sa mémoire, justement. Ses doigts nerveux vinrent tapoter la surface du bar dans un rythme incertain mais néanmoins assuré. Mais dites... Vous seriez pas perdu, par hasard? Vous savez comment rentrer chez vous? Tenez, si vous voulez, on peut vous appeler un taxi. Ou quelqu'un que vous connaissez. Bref, si vous avez besoin d'aide... Une fraction de seconde, Artur s’immobilisa. Besoin d’aide ? Bien sûr qu’il avait besoin d’aide, c’était une évidence et il aurait eu bien de la peine pour elle si elle ne s’en était pas aperçue. D’ailleurs, il hésita une fraction à le lui en faire la remarque avant de se demander quel besoin il avait de se montrer aussi méprisant et hautain alors que vu l’état dans lequel il était présentement, il n’avait strictement rien à dire ? Artur inspira lentement. « Oui, en quelque sorte. J’ai… » Sa main se referma sur le verre pour le regarder plus en détail. « J’ai des problèmes de mémoire, des problèmes que j’ignore comment régler et dont je refuse de parler à quiconque me connaissant. » En un mot comme en dix : il était hors de question aux yeux d’Artur d’aller chercher secours auprès de quiconque. Diminué, oui, mais son orgueil était toujours bel et bien présent, enflant dans son organisme comme pour mieux l’étouffer. Un orgueil présent depuis toujours hérité de son père, mais que Ciaran avait cultivé, exacerbé dès le début pour qu’Artur en devienne l’esclave et qu’il entretienne de lui-même le mur d’acier qui le séparait de tous les autres et surtout de ses proches.

Appeler quelqu’un qu’il connaissait ? Non, voilà qui était donc hors de question. En revanche… « En revanche, je veux bien que vous appeliez… » Il fronça les sourcils. Son chef, quel était son nom, déjà ? Ce n’était pas Jonas. « Le poste de police de Radcliff, si vous pouvez dire que… Artur Kovalainen ne pourra pas être présent aujourd’hui… ça m’aiderait. » Il fit une pause, le temps de recentrer ses pensées qui menaçaient déjà de s’éparpiller sans organisation. « Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de ne plus savoir où vous en êtes ? De voir votre vie d’étioler complètement sans parvenir à la maintenir d’un seul tenant ? »

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