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 Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé)

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Noeh Callahan
Noeh Callahan

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MessageSujet: Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé)   Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé) Icon_minitimeJeu 11 Fév 2016 - 23:22

Noeh prend place sur le banc. Quand il est arrivé, il n'y avait personne. D'habitude, à cette heure-là, il est occupé. Et pas par n'importe qui : lui et Sam. Y'a même leurs initiales sur le côté, l'étudiant sait plus vraiment lequel. Il se souvient juste que ce jour-là, il avait accepté de faire ce truc idiot pour que jamais ils n'oublient l'un comme l'autre quel banc du parc de Radcliff était l'idéal pour accueillir leur présence chaque année. Il avait un peu rechigné, mais il regrette pas finalement. Ça permet de garder un souvenir du bon vieux temps. De l'époque où il était pas passé par une putain de fenêtre et où Sam était pas une mutante. Ou peut-être qu'elle l'était, d'ailleurs, mais qu'il le savait pas encore. Le regard perdu dans le vide, l'ancien pianiste étend sa béquille sur le reste du banc à ses côtés. Il a pas envie qu'on vienne le déranger. Il veut pouvoir... il ne sait même pas exactement ce qu'il est venu foutre ici, en paix. Pas de mômes joyeux avec leurs parents souriants, pas de chiens emmerdants, pas de vieux décidés à faire le concours de la plus belle canne avec lui. De toute manière, vu la tronche de démoralisé qu'il se traîne aujourd'hui, Noeh se doute que personne aura envie de l'approcher. Il ferait presque peur. Il est crevé parce qu'il a pas réussi à trouver le sommeil. Il a tourné et retourné dans son pauvre lit toute la nuit, dans l'espoir de pouvoir sauter ce jour si particulier pour la première fois de toute sa vie. Sauf que c'est pas de cette façon qu'on gère le temps. L'étudiant a pas la capacité de l'accélérer ou de le ralentir et force a été de constater à son réveil que la date était toujours la même. Pas le 19 juin, pas le 21 non plus. Juste le 20. Ce jour où chaque année ils venaient ici avec Sam pour bouffer de la barbe à papa à s'en faire exploser le ventre et où ils se promettaient des centaines de choses pour cette nouvelle année à passer sur Terre tous les deux. Parfois ils se lançaient même des défis, mais c'était plus rare – Noeh savait qu'il allait gagner d'avance, ceci explique cela. D'un bref coup d'oeil, l'ancien pianiste observe le marchant à quelques mètres de là. Il a pas changé. C'est le même depuis tout ce temps. Il a dû trouver louche de pas les apercevoir l'année dernière, voire même l'année d'avant, et encore avant. Faut dire que l'étudiant avait pas la pleine maîtrise de son corps, à ce moment-là, et Adriel était peut-être pas assez fan de barbe à papa pour venir jusqu'ici. La tête basse, Noeh balaye les alentours d'un regard triste. Il se sent con à attendre quelque chose qui arrivera pas. Il se sent complètement stupide d'être venu jusque là, seul, mais il avait le sentiment de pouvoir être bien nulle part ailleurs aujourd'hui. C'est cette vieille tradition enfantine qui lui colle à la peau et dont il arrive pas à se débarrasser. Il a tenté de se changer les idées, au départ : il a fait un tour à la bibliothèque – il a tenu deux secondes dans l'enceinte avant d'avoir l'impression de suffoquer -, il est resté allongé sur son lit, comptant les moutons pour chercher à s'épuise le moral pour dormir jusqu'au lendemain, il est entré dans un bar pour en sortir ensuite. Il avait même pas vraiment envie de boire. Sa dernière frasque remonte à la dernière journée où il a vu Sam et il aurait bien aimé pouvoir se frapper avec sa propre béquille pour n'avoir fait que songer à boire aujourd'hui. C'est tout bête, mais il s'est dit que sa jumelle l'aurait senti. Elle aurait deviné qu'il aurait essayé de « fêter » ça sans elle pour lui et elle lui en aurait voulu ensuite. Leur anniversaire c'est un peu leur truc sacré. Une journée qu'ils sont supposés partager tous les deux et rien que tous les deux. Venir ici avant de le célébrer en famille ou leurs amis s'est vite imposé comme une évidence à leurs yeux. Il leur fallait un endroit loin des autres, un secret à garder et à ne jamais révéler, quelque chose d'encore plus fort et significatif que leur cabane dans les arbres, un lieu où des personnes inconnues les auraient aperçus ensemble et auraient raconté à leur famille le soir avoir entendu rire deux jeunes gens heureux sur un banc, dans le parc. Une image toute simple, toute belle, des moments que Noeh peut pas oublier et avec lesquels il aimerait avoir la possibilité de renouer maintenant. Une larme roule sur sa joue. Noeh lâche un juron avant de pencher la tête en arrière. Il vient écraser son œil sensible de sa main droite, pour faire disparaître toute trace de cette tristesse qui n'a pas droit de le gagner aujourd'hui, ni même sur ce banc. Il a pas le droit de pleurer parce que Sam n'est plus la même. Il a pas le droit de chialer parce qu'il l'a perdue, parce qu'il arrive plus à savoir s'il doit avoir peur ou la considérer encore comme sa moitié. Ou alors c'est qu'il culpabilise de ne la voir encore que de cette façon. Il y a toujours la voix sombre d'Adriel qui vient le rappeler à l'ordre : elle est mutante. Et elle peut entendre tout ce qu'il a dans le crâne, aussi. Il sait pas s'il est le plus à plaindre ou si c'est elle, pour le coup, parce que pouvoir avoir accès au bordel que Noeh s'arrange à masquer à tout le monde n'est pas un cadeau du ciel. L'étudiant sait qu'elle a pas le droit de lui manquer comme ça. Elle a pas le droit. Avant, c'était plus facile parce qu'il n'était pas au courant. Il la maintenait à l'écart mais il savait qu'elle n'était pas loin, qu'il y avait toujours une petite part de Sam quelque part, au cas où, prête à le rattraper si les choses allaient vraiment mal pour lui. Il pouvait compter sur elle à tout moment, comme elle pouvait l'attendre en retour de sa part même s'il prétendait le contraire. A présent elle est plus là. Sa sœur est à des années lumières de lui et il sait pas s'ils pourront se revoir un jour sans avoir ce poids sur le cœur qui l'empêche d'avancer depuis qu'il est au courant. Noeh sait même pas si son père a tout découvert à cause des bracelets. Il espère pas. Sa réaction à lui a été violente, il ne préfère même pas imaginer celle de leur père, ou même de leur mère ensuite. Toutes ces questions tournent dans l'esprit de l'étudiant, qui est obligé de venir masquer comme il peut son visage de ses mains, les coudes sur les genoux, pour éviter que quiconque vienne l'importuner en lui demandant ce qui ne va pas, ou s'il est blessé. A ces questions, Noeh n'est même pas sûr qu'il serait apte à apporter la moindre réponse cohérente.
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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé)   Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé) Icon_minitimeDim 6 Mar 2016 - 21:09

It's like the sun set in your eyes
and never wanted to rise.

Les pinceaux s'évertuaient à maquiller ses traits, à peindre les couleurs que son teint livide avait délaissé, à roser les pommettes pour ne pas qu'on l'intercepte dans la rue en lui demandant si elle avait besoin de s'asseoir, de boire un verre d'eau, de manger un sucre, toutes ces conneries qu'on lui avait sorti au bar durant cette dernière semaine. Elle avait envie de leur dire qu'elle n'avait besoin de rien de tout ça, seulement de son frère, mais que malheureusement ni elle ni eux n'étaient en mesure de le ramener auprès d'elle. Les malaises s'étaient accentués depuis ces derniers jours, sans qu'elle ne sache au juste s'il s'agissait uniquement d'effets secondaires, ou de la montée croissante de ses craintes à l'approche de la date fatidique. La date redoutée depuis que le mois de juin était arrivé, et avec lui son anniversaire, leur anniversaire, prêt à scinder leur binôme de manière symbolique, pensée qui lui refilait la nausée à nouveau alors que sa brosse à mascara dérapait sur ses cils et lui rentrait dans l'oeil. Un grognement resta coincé dans sa gorge tandis qu'elle attrapait avec colère une lingette démaquillante, gommant tant bien que mal le désastre de ses mains tremblantes. A quoi bon, elle ne savait plus faire semblant. Elle était parvenue à donner le change devant Aspen parce que celle-ci avait bien d'autres tracas que de s'imaginer qu'elle pouvait être dégénérée elle-aussi, non sans frémir avant de la retrouver, ni sans se poser des dizaines de questions après son départ, en se demandant si elle avait pu se trahir d'une manière ou d'une autre. Sa paranoïa allait en s'intensifiant depuis que la tornade Noeh était passée chez elle, bouleversant tout sur son passage, remettant tout en question, et lui brisant le coeur. Pas un pas dans la rue sans se demander si un bracelet n'allait pas se mettre à sonner brutalement, pas un appel sur son téléphone sans qu'elle ne s'imagine son père à l'autre bout du fil, Noeh ayant dévoilé l'atroce vérité et... Ses mains se crispèrent sur le bord du lavabo en tentant de canaliser ses pensées, ces bribes de réflexion décousues qui s'emmêlaient dans son crâne comme si elle ne parvenait plus à les gérer. Une main collée à son front, y imprimant une pression de plus en plus forte en sentant la douleur y résonner quelques secondes, la brune sentait son équilibre se faire la malle à mesure que son rythme cardiaque s'intensifiait. Si elle ne gérait déjà plus grand chose avant de s'injecter le nh24 sous la peau, son administration semblait avoir achevé de la rendre inutile, totalement inutile. Sa concentration ne lui avait pas permis de tenir un entretien de plus de cinq minutes lors de son évaluation finale à l'université, avant que sa vision ne s'embrouille et qu'elle ne se retrouve allongée sur le dos avec son maître de jury qui lui maintenait les jambes surélevées. Elle avait vu pourtant, à quel point le prétendu vaccin miracle avait pu bousiller Lorcan lorsqu'il le prenait, elle s'était même demandée un instant s'il n'aurait pas mieux valu pour lui qu'il abandonne le traitement, ne tolérant guère de le voir dans cet état. Mais elle avait compris, comme cela demeurait nécessaire pour eux. Elle l'avait compris lorsque Noeh avait disparu de sa cuisine sans se retourner, l'observant comme une inconnue, comme une dangerosité dont il ne tenait pas à s'approcher. Elle avait redoublé d'effort pour mettre de l'argent de côté, pour espérer pouvoir se procurer ce qui semblait être son dernier espoir de revoir son frère un jour sans qu'il ne se détourne instantanément. La visite d'Aspen avait pressé un peu plus encore son envie d'acheter la seringue magique pour se la planter dans le bras sans réfléchir, pour laisser les voix disparaître, peu importe le prix à payer. Parce qu'il n'y avait plus d'autre issue pour elle, désormais. Et c'était de manière totalement déterminée que la brune avait pris sa première dose une semaine plus tôt.

De là à dire qu'elle s'en portait mieux, certainement que les choses étaient plus mitigées que ça. Elle connaissait déjà les insomnies, la perte d'appétit, le vaccin n'ayant commencé à renforcer les symptômes de son état dépressif qu'au bout de cinq jour. Et puis était arrivée la perte de tonus, les muscles en coton en milieu de journée, cette sensation désagréable qu'elle ne pouvait effectuer deux pas sans se demander si elle n'allait pas s'effondrer. Mais encore une fois, cela ne l'avait pas inquiétée outre-mesure. Quelques discussions avec Lorcan lui avaient confirmé qu'il n'y avait rien à faire, que les effets allaient et venaient sans prévenir, sans possibilité de les apaiser. Alors, elle avait foiré lamentablement sa dernière année d'étude, reçu quelques remontrances au bar sur son service qui laissait à désirer. Mais elle s'accrochait, malgré tout, attendant une accoutumance aux effets secondaires qui ne viendrait peut-être jamais. Tentant de se refaire une mine convenable, enfilant une robe d'été pour laisser le soleil réchauffer sa peau, avant d'embarquer son sac et de quitter son appartement sans hésiter une seconde de plus. Parce que sinon, elle ne partirait jamais. L'esquisse de courage qui se dessinait en son sein n'avait rien de bien vaillant, bousculant les questions dans sa tête, l'engageant à poursuivre sa route en arrêtant de se demander si oui ou non, le banc serait occupé, si c'était lui qu'elle y trouverait. En oubliant un instant ce qui pourrait se passer s'il n'était pas là, si elle se retrouvait subitement seule dans ce lieu aux réminiscences bien trop forte, plantée comme une conne dans sa belle robe au beau milieu du parc sans personne vers qui se tourner. Elle le suppliait mentalement de se trouver là, présent au point de rendez-vous comme chacune des vingtièmes journées de juin des années passées, abstraction faite de l'an dernier. Peu importait, qu'il soit là pour la voir, tant qu'elle l'y trouvait. C'était ce qui l'avait aidée à tenir, le jolie, de se dire qu'elle allait forcément le revoir ce jour-là, chassant les voix lui murmurant à quel point elle pouvait être naïve. Mais elle avait besoin de ça, de ce maigre espoir qui lui prouverait que tout n'était pas fini pour eux. Ils étaient nés ensemble, vingt-six ans plus tôt, et ce genre de lien ne pouvait pas être bousillé comme ça, si facilement, ils partageaient les joies et les peines depuis toujours, et si la douleur s'avérait bien plus tenace qu'auparavant, sûrement qu'ils pouvaient la surmonter ensemble. Réajustant la lanière de son sac qui glissait sur son épaule, ses pas ralentissaient à mesure que son coeur s'accélérait. Jusqu'à ce qu'elle s'arrête, quelques secondes. Un maigre sourire s'affichait sur ses lèvres tandis que pour un instant, une fraction de seconde, leur dernière entrevue n'existait plus, le monde entier s'arrêtait de tourner et les fragments éparpillés dans sa poitrine se rassemblaient dans un battement sourd, presque douloureux. A une quinzaine de mètres, elle l'apercevait de dos, sur leur banc, à quelques pas du marchand de barbe-à-papa. Rappel cruel de ces choses simples auxquelles ils ne pouvaient plus prétendre. Par sa faute. Et le sourire s'était envolé. Aussi rapidement que ça.

Oscillant sur quelques pas, comme si subitement, tout lui semblait être une mauvaise idée, une idée terrible dont il ne ressortirait rien de bon, la serveuse dut se faire violence pour parcourir la distance qui les séparait, se planter derrière lui en notant sa posture voûtée et son visage camouflé de ses paumes. Quelque chose se tordait au fond de son ventre, et elle avait envie de l'attraper contre elle, d'enrouler ses bras autour de son cou et de le serrer fort, quitte à rebrousser chemin immédiatement après, sans un mot, sans un au revoir. Son souffle était court et sa gorge déjà nouée, tandis qu'elle restait lamentablement immobile. Elle était si silencieuse qu'elle aurait presque pu tourner les talons et s'en aller, qu'il ne l'aurait jamais su, et que ça aurait peut-être été mieux pour lui. Mais elle ne pouvait pas, pas après ces deux mois terribles à souffrir de son absence qu'elle ne pouvait envisager comme définitive. Elle ne pouvait pas être lâche avec lui. Ce qui la conduisit à contourner le banc et à se poster bien en face de lui, son ombre le recouvrant tant et si bien qu'il ne pourrait ignorer sa présence, même s'il préfèrait continuer à se cacher les yeux. « Joyeux anniversaire. » Sa voix manqua de s'étrangler tandis qu'elle venait mécaniquement masser son poignet sans réellement savoir quelle posture lui donnerait l'air le moins pitoyable. Elle n'osait pas vraiment s'asseoir à ses côtés, comme si l'endroit ne lui appartenait plus, comme si elle allait l'étouffer en s'installant près de lui, mais ses jambes bancales ne lui laissèrent pas d'autres choix. Prenant appui sur le dossier en sentant son esprit s'étourdir, la brune se retrouva assise sans avoir le temps de se poser plus de question, repoussant une mèche de cheveux pour dégager son visage. Elle n'osait pas le regarder, fixant ce bon vieux marchand sans pour autant garder le silence, comme si les mots avaient besoin de sortir vite, pour l'inciter à rester, pour se justifier. « J'ai fait ce qu'il faut pour pas... » Une inspiration, avant de battre des cils pour tenter de ravaler les larmes, de se canaliser, jetant un coup d'oeil aux alentours pour s'assurer que personne n'entendrait la suite. « J'ai fait ce qu'il faut pour pas entrer dans ta tête.  » Parce que oui, c'était avant tout pour ne pas rentrer dans sa tête à lui qu'elle s'était vaccinée. « T'as rien à craindre, ça pourra pas arriver, jamais. » Serrant ses mains entre ses genoux en fixant le sol, la brune s'humecta les lèvres avant de poursuivre dans un dernier murmure. « Alors reste un peu, s'il te plaît. » Une supplication.
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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé)   Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé) Icon_minitimeMar 8 Mar 2016 - 21:26

Noeh garde le regard rivé au sol. Il les sent, les larmes, il sent qu'elles sont sous ses paupières, la gauche tremble d'ailleurs un peu, mais il refuse de les laisser couler. Il va les garder, les ravaler, les balayer parce qu'il peut le faire, il est pas faible, il s'est relevé de son accident, il va se relever de ce qui se passe maintenant. Même si ça lui fait bien plus mal, même si ce qu'il a appris est au-dessus de tout. Il a beau chercher à ne plus y penser, dès qu'il songe à Sam il n'a plus que cette annonce en tête. Il y a ce bruit strident qui lui courrait contre les tympans en provenance de ce bracelet qu'il a toujours au poignet, son regard attristé, ses lèvres qui ont laissé passer les mauvais mots à son intention. L'ancien pianiste croit qu'il a oublié tout le reste. Ce souvenir a pris tellement de place en si peu de temps qu'il n'est pas certain de pouvoir mettre la main sur leur passé ensemble, juste pour se souvenir qu'avant cette journée en avril, ils étaient encore eux. Du moins un peu, malgré sa connerie constante et son besoin de préserver Sam de ce qu'il pouvait faire en l'envoyant balader tous les quatre matins. A présent, il n'y a plus rien, tout semble avoir été remplacé en moins de temps qu'il ne faut pour le dire par ce dernier échange, cette conversation qu'ils n'auraient jamais dû avoir et qui le détruit depuis. Alors c'est plus facile de ne pas regarder autour – ça l'empêche de remarquer que le marchant de confiserie a gardé le même sourire étrange même après toutes ces années, ça le prive de voir les visages heureux tout autour, ça... le rend vulnérable. Dès l'instant où les chaussures de Sam se retrouvent dans son champ de vision restreint, c'est ce qu'il se dit. Il se sent en danger, sa confiance déjà amenuisée par son absence se renforce d'un coup. D'instinct, ses mâchoires se contractent. Il veut pas qu'elle soit là – même si c'est son droit. C'est leur banc à tous les deux, après tout. Sauf que Noeh aurait aimé pouvoir y rester seul juste cinq minutes de plus, avant de partir reprendre cette vie pourrie qui lui échappe, qu'il ne comprend plus depuis qu'il a perdu son unique repère constant. Sam.

Mais non, il a pas ce privilège de pouvoir être tranquille, même le jour de son putain d'anniversaire. Il a pas dû le mériter, avec tout ce qu'il semble avoir fait à la Terre entière. Tant pis. Il subira, encore, comme il a l'impression de subir le coup du sort depuis qu'Adriel a croisé sa route et qu'il est plus que l'ombre de lui-même. Secouant la tête, il devine que Sam vient de s'asseoir à côté de lui. Il lui dira pas. Même sous la torture il lui souhaitera pas un « joyeux anniversaire ». Il en a pas envie. Il en a surtout pas la force. Il a pas envie de croire que tout va disparaître comme par magie, que parce qu'ils se retrouvent tous les deux ici, comme avant, les choses vont s'arranger. Elles peuvent pas s'arranger. C'est une mutante, elle lit dans les pensées. Comment ça se répare ce genre de truc ? Il a été le pantin d'un mutant pendant des mois et des mois. Il est passé par une fenêtre, il a des parties du corps encore paralysées à cause de cet accident. Comment ça se répare, ça aussi ? Et comment on répare les peurs ? Comment on les efface ? Noeh a même pas eu le temps de trouver une réponse à cette question qu'il fait que se poser que Sam a décidé de rajouter la couche de trop, celle qu'il aurait jamais cru possible. Ses dents viennent se planter dans ses joues, histoire qu'il suive pas aveuglement l'idée qui vient de lui traverser l'esprit : celle de se tirer sans en entendre plus. Mais y'a un truc qui le retient, et Noeh ne part pas : non, il se décale juste un peu. C'est un tout petit mouvement, sur le côté, mais comme il ne la regarde pas, l'étudiant mesure pas l'étendue de son éloignement, ni ce que ça peut représenter pour eux. Il sait juste que ça lui fait un mal de chien, comme un pan de son cœur qui continue à se déchirer à chaque fois qu'il fait un pas loin d'elle. Ce qui lui fait prendre conscience qu'il pourra pas rester loin d'elle de façon éternelle, c'est impossible. Même si c'est ce qu'il souhaite de tout son cœur, de pouvoir la perdre de vue, ne plus entendre sa voix ni voir son visage, il pourra pas lutter contre ce qui la relie à Sam. C'est-à-dire à peu près toute leur vie.

J'ai fait ce qu'il faut pour pas rentrer dans ta tête. Si ça c'est pas une belle promesse. Dans sa rancœur mal placée, Noeh laisse échapper un pouffement bref et se redresse pour venir appuyer son dos contre le dossier du banc. Il recommence à river son regard dans le vide, devant lui, n'importe où, mais il peut pas la regarder pour le moment. Il tolère déjà d'être assis à ses côtés, il a l'impression que ça lui donne des douleurs physiques, surtout au niveau de son crâne où il a le sentiment de n'être plus qu'un livre ouvert dont elle peut feuilleter simplement les pages depuis son annonce, et c'est pas ce qu'elle vient de dire qui va réussir à changer les choses – du moins pas aujourd'hui. Il se retient de réagir de suite. S'il le fait, il va la blesser, il va crier, la pousser, la foutre hors des limites de sa vie et elle pourra plus jamais revenir ou faire un pas vers lui parce qu'il veillera à ce qu'elle n'ose même pas en avoir l'idée. Enfin, ça, c'est la réaction qu'il aimerait vraiment avoir. Mais entre ce que Noeh pense, dit, fait, il y a toujours des fossés plus larges qui se creusent. Il y a toujours cette attache naturelle, évidente, qui le raccroche à Sam et qui le rend dépendant d'elle. Ça l'énerve d'être aussi attaché - il aurait dû prévoir ce qui arriverait quand ils étaient gosses, il aurait dû arrêter de toujours demander à être avec elle, à l'aimer elle plus que les autres, à la considérer comme la prunelle de ses yeux et la seule qu'il n'abandonnerait jamais. Quel con. Malheureusement, il aurait jamais pu prévoir ça. Ni le fait qu'il allait passer par une fenêtre, ni celui de perdre une à une les personnes auxquelles il tient juste pour leur permettre d'avancer sans lui, ni qu'il serait attiré par une fille qui a la même mutation qu'Adriel... Noeh prévoit jamais rien et c'est une impression qui le bouleverse, le dégoûte. C'est sans doute pour ça qu'il met un temps considérable à réaliser qu'il recommence à pleurer, qu'il y a une première larme qui a roulé le long de sa joue et une seconde qui a suivi dans la foulée. Il bouge pas, pourtant – ses épaules restent basses, il refuse toujours de jeter le moindre coup d'oeil à Sam, il encaisse sans rien dire de plus. Son corps avoue juste à sa place qu'il souffre un peu trop, cette fois-ci, entre la mutation de Sam qu'il comprend pas et le fait de croire qu'il l'a perdue pour de bon, et qu'il est plus capable de tout garder pour lui. Faut juste que ça sorte. Et si les mots restent bloqués dans sa gorge, il accepte malgré tout de rester encore un peu. C'est parce qu'elle a murmuré. Elle a émis cette petite supplique à son attention et c'est Noeh, c'est juste Noeh qui réagit à l'appel de sa jumelle, pas le crétin qui fait mine que rien ne peut l'atteindre depuis qu'il a frôlé la Mort. Perdre Sam c'est pire que ça, lui enlever Sam c'est pire que ça, s'arracher soi-même Sam, c'est pire que tout. Encore plus quand il devine dans sa voix qu'elle n'est pas bien, peut-être encore moins que lui, et qu'il continue à s'interdire de céder. L'ancien pianiste est en colère, malgré tout, alors il lui reste juste qu'à lutter avec toutes ces pensées divergentes. « Tu me dis quand je peux partir. » Sa réponse est murmurée, elle aussi, un peu étranglée pas ce sanglot qui lui enserre la gorge, alors qu'une énième larme roule sur sa joue et qu'il ne prend même plus la peine de les sécher. Sauf que Noeh comprend que même lorsqu'elle lui aura donné l'occasion de partir, il y arrivera peut-être pas.
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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé)   Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé) Icon_minitimeSam 12 Mar 2016 - 19:11

It's like the sun set in your eyes
and never wanted to rise.

Une seconde. Une seconde qui suffirait à tout bousculer, à tout remettre en question. Tout à coup, elle l'avait senti moins proche, pas besoin de le regarder pour comprendre qu'il s'était décalé, qu'il avait esquissé un mouvement de recul à son égard, presque imperceptible mais bien trop important à la fois, à tel point que ça lui avait donné envie de vomir, littéralement. Un poids s'était abattu dans son ventre et ça lui faisait un mal de chien. Et elle se sentait petite, si petite tout à coup, le dos se voûtant et les épaules s'affaissant comme si elle allait pouvoir devenir si minuscule que plus personne ne la remarquerait, qu'elle disparaîtrait presque pour que sa présence devienne moins lourde à porter pour son jumeau. Et puis, il avait pouffé, nerveusement sans doute, sans se départir d'une once de moquerie. Entre ses dents. En l'entendant lui annoncer qu'elle avait fait ce qu'il fallait. C'était sûrement ce qui la blessa le plus, dans le fond, sûrement ce qui lui meurtrirait le coeur lorsqu'elle repenserait à cette journée, à cet instant. Elle s'était crispée un peu plus encore, ses muscles tendus menaçant de se déchirer à l'intérieur de ses membres tandis qu'elle relevait la tête en quittant sa contemplation du sol. Elle s'était présentée à lui en rêvant à quoi, finalement ? Qu'il accepterait la sécurité de savoir qu'elle ne risquait pas de s'introduire dans son crâne et de s'y mettre à y déterrer le pire, voire à commencer à labourer son cerveau sous son passage comme Adriel plus d'un an plus tôt ? Avait-elle tant sous-estimé la rancune et la terreur ancrées dans les tripes de sa moitié, le connaissait-elle si mal, finalement ? Certainement qu'il ne pouvait pas envisager les choses avec sérénité, la croire sans tiquer, sans se poser un milliard de questions, sans la maudire pour ne serait-ce que porter cette tare en elle, cette tare qui les dissociait en ne laissant d'eux que deux étrangers partageant le même banc pour quelques minutes. Les mâchoires de la brune s'étaient crispées dans un grincement de dent qui lui vrilla la tempe, y éveillant une légère douleur tandis qu'elle demeurait fermement immobile. Comme si esquisser le moindre geste allait achever d'étirer ses nerfs, les contraignant à claquer sous sa chair un à un, annihilant son semblant de sang-froid. Il n'était pas Aspen. Il n'avait jamais été chasseur, n'avait jamais tué personne, pas le moindre sang de mutant sur ses mains innocentes, et pourtant. Pourtant, si elle s'y était mépris naïvement, en se disant que finalement si Aspen avait pu pardonner, lui aussi, il n'était définitivement pas Aspen. Et c'était pire, tellement pire, de devoir l'affronter lui, à tel point que l'idée que la rouquine découvre quelle horreur coulait dans ses veines semblait être une bien douce pensée. Parce qu'il avait des raisons bien plus viscérales encore de la haïr, de haïr ce qu'elle portait en elle, remuant sans doute bien trop de réminiscences d'une atrocité sans nom, si effroyables qu'il lui serait peut-être impossible de la regarder à nouveau comme avant. Et elle se sentait dépassée, impuissante, elle le sentait qui lui filait entre les doigts sans parvenir à le retenir. A court d'arguments, de preuves supplémentaires de sa bienveillance à son égard, parce qu'elle venait de jouer sa dernière carte, le joker censé la tirer de cette situation invivable. Ce qui avait fonctionné pour Lorcan ne semblait pas destiné à fonctionner pour elle. Un sentiment d'injustice s'immisçait en elle, une colère croissante envers elle-même, envers son incapacité à réussir là où elle ne pourrait pourtant souffrir d'échouer.

Ces premiers mots qu'il lui adressa, elle les reçut en plein estomac, uppercut finement adressé pour frapper juste, frapper fort, le ton de sa voix brisant son souffle, la laissant interdite, incapable de prononcer le moindre mot supplémentaire. Jamais. Jamais il ne pourrait partir. C'était ce qu'elle avait envie de répondre, au culot, et parce qu'il n'y avait rien d'autre à dire, rien de plus sincère. Mais aucun son ne daignait sortir, pas quand elle arrivait à peine à respirer correctement, suffoquant de l'entendre pleurer, de ne pouvoir rien y faire, rien qui n'aggraverait pas les choses. Elle était à bout, ses dernières ressources s'évadant tandis que la migraine commençait à ronronner dans son crâne. Une brève pensée d'effroi avant de se souvenir que c'était impossible, impossible pour elle d'entrer dans son esprit et de l'entendre penser, pensées qu'elle n'aurait sûrement pas pu tolérer de toute évidence, pas dans cet état de malaise qui menaçait de la terrasser. Elle s'accrochait au souvenir de l'injection du NH24, la seringue déballée et contemplée quelques minutes, avant de se l'enfoncer un peu trop violemment dans l'épaule, le gardant fermement ancré dans son crâne, comme pour se rassurer, se dire qu'au moins elle ne pourrait pas causer davantage de problèmes. Elle tentait de se focaliser, de s'attacher à quelques idées cohérentes, sentant son esprit divaguer, les fils de sa réflexion lui échapper, comme si... Comme si elle s'apprêtait à user de sa malédiction. Cette sensation identique s'emparait d'elle à mesure que la douleur glissait le long de ses artères cérébrales, la contraignant à planter son coude dans sa cuisse en se penchant légèrement en avant, soutenant son front de sa paume en sentant la panique gonfler derrière ses côtes. C'était impossible. Impossible. C'était comme la première fois, comme redécouvrir l'horreur en sachant pertinemment ce qui allait se produire. Impossible. C'était pourtant ce qu'elle se répétait inlassablement, tandis que les souvenirs de l'usage de sa mutation lui revenaient malgré elle. L'atroce déchirure de son cortex, lacéré par ses pensées réouvrant inlassablement ces plaies invisibles, s'introduisant si profondément que ça la brisait un peu à chaque fois. Le visage d'Adriel lui revint comme une gifle en pleine figure, ses mots à lui, dépouille sanglante l'affligeant du nom de dégénérée avant qu'elle ne se jette sur lui. Elle ne pouvait pas recommencer, pas avec ce vaccin qui frappait ses gènes défaillants en éreintant son corps, en l'empêchant de se comporter en saloperie inhumaine. Elle pouvait pas, sinon elle allait le perdre à jamais, et un sanglot étouffé lui griffa la gorge à cette nouvelle pensée, le revoyant allongé en bas de la cour de l'université, dans son lit d'hôpital, revoyant les bouteilles s'accumuler dans son appartement, son poing briser le miroir en ne supportant plus son visage aux traits tirés, abîmés par l'absence de Noeh, par la peur de voir Matthias, Matthias qui la traquait à la sortie du boulot, se comportait comme s'il n'attendait qu'un faux pas pour bondir. Un frisson frappa son échine tandis qu'elle sentait les larmes douloureuses injecter ses yeux derrière ses paupières closes, le mal s'intensifiant, grondant dans son crâne tandis qu'elle commençait à envisager de partir, de fuir pour ne pas risquer de commettre l'irréparable, mais ses jambes refusaient de bouger, son corps se retrouvait paralysé par la peur et tout continuait à s'embrouiller dans sa tête, encore et encore, laissant les souvenirs affluer en défonçant sa boîte crânienne. C'était décousu, dépourvu de fil logique, à tel point qu'elle songea un instant que sa tête allait exploser, que tous ses vaisseaux allaient finir par céder et inonder son cerveau pour enfin la laisser tranquille, la laisser trouver ce repos qu'elle n'avait eu de cesse de chercher et qui lui semblait soudain si inaccessible. La dernière pensée qui martela son crâne avant que la douleur ne commence à diminuer la ramena quatre mois en arrière, alors qu'elle fermait les yeux en se retrouvant assommée sous les décombres du labyrinthe, prête à rendre son dernier souffle et à oublier la fête de l'hiver,  ce qu'elle pensait être sa dernière seconde en vie, et puis Lorcan qui l'avait sauvée, Lorcan qu'elle avait embrassé, ce souvenir qu'elle avait jusqu'ici si bien réussi à oublier, à ensevelir sous tout le reste et qui resurgissait sans s'annoncer avant de disparaître. Il lui fallut quelques secondes avant que ses yeux ne parviennent à s'ouvrir tandis qu'elle essuyait son visage du revers de la main, les reportant enfin sur Noeh, un certain soulagement dans le coeur de ne pas avoir entendu ses pensées. Ignorant alors entièrement que c'était lui, lui qui avait tout entendu des siennes, projetées malgré elle dans sa tête, le plaçant aux premières loges de ces réflexions destinées à demeurer secrètes, portées par l'abomination exacerbée par le vaccin.

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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé)   Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé) Icon_minitimeDim 20 Mar 2016 - 18:56

Pourquoi est-ce qu'il entend rien ? Ça fait déjà trop longtemps qu'il attend, mais Sam a rien dit. Aucun mot n'est sorti de sa bouche, n'est parvenu jusqu'à lui, alors il a pas bougé. Il aurait pas dû lui accorder le choix de le laisser s'en aller ou pas. Il aurait dû choisir d'écouter ce que son cœur lui dictait de faire... et c'était de rester. C'est encore de rester. Alors Noeh se dit qu'il aurait dû prendre la décision de faire mentir son cœur – comme souvent. Tout aurait été plus simple, et il ne serait plus sur ce banc à regarder dans le vide à l'heure qu'il est. Il serait sur le chemin du retour, en train d'essayer d'oublier cet anniversaire raté, maudit, décevant, inoubliable. Malheureusement, l'étudiant répond plus de grand chose depuis qu'il a perdu Sam. Ou plutôt depuis qu'il a eu l'impression qu'on lui a arraché. C'est le destin qui a fait ça. A décider de la faire devenir mutante durant son sommeil à lui, dans un moment où son dégoût pour les mutants, transmis et cultivé au fil des années par ses parents, serait exacerbé à son réveil par la peur et le souvenir d'avoir manqué y passer. Une épreuve qu'il a déjà marqué à même le corps, à cause de ses blessures, mais qui perdure dorénavant d'une seconde façon en affectant Sam. C'est de sa faute tout ça. S'il n'était pas parti, il n'aurait pas rencontré Adriel. S'il n'était pas parti, elle n'aurait pas été obligée de le tuer. S'il n'était pas parti, peut-être que jamais rien ne se serait déclenché chez elle. Noeh sait pas vraiment comment ça marche, mais les liens se sont créés dans sa tête et maintenant il culpabilise de n'avoir voulu écouter que lui. Ce doit être maladif en ce qui le concerne. Il agit sans réfléchir, il suit son espèce d'instinct à deux balles, et il est pas capable de réparer les pots cassés ensuite. Il est inutile, incompétent. Un pauvre éclopé qui blesse sans cesse les autres et qui refuse de l'admettre. Aujourd'hui, c'est Sam qu'il écorche même s'il ne le veut pas, parce qu'il souffre de cette annonce qu'elle lui a faite en avril et que c'est un jour sombre dont il ne parvient pas à se détacher. Il y pense tout le temps. Il songe au fait qu'elle aurait continué à lui mentir s'il n'avait pas eu son foutu bracelet au poignet, il songe au fait que leurs parents pourraient aussi l'apprendre un jour, Matthias aussi dans la foulée, il songe au fait qu'il n'a aucune idée de comment gérer la situation. Et il peut même pas demander à son point de repère, à la seule personne qui a toujours les bonnes réponses pour lui, parce que c'est ce même point de repère qui s'est effondré la dernière fois. Si Sam peut plus l'aider, qui va le faire ? Noeh a même pas envie que quelqu'un d'autre s'en charge – y'a qu'elle qui a le droit de l'aider, y'a que son aide à elle qui compte et qui est au-dessus des autres. Elle est sa moitié, ça s'explique pas, c'est aussi simple que ça.

Noeh se demande si c'était la même chose pour elle quand il était dans son lit d'hôpital. Il se voit allongé, inanimé, respirant dans un silence de mort, et il se dit qu'elle a dû éprouver exactement la même chose quand il n'était pas là pour elle. Il sait pas comment il aurait réagi, à sa place. Est-ce qu'il se serait mis en tête de suivre un entraînement express pour la venger ? Est-ce qu'il aurait été prêt à tuer ? Noeh croit que oui. Il ressent cette envie de vengeance qui parcourt son esprit, et il s'imagine retrouver la trace d'Adriel pour ne plus jamais qu'il fasse de mal à Sam. Le regard toujours planté devant lui, l'étudiant fronce les sourcils jusqu'à être obligé de fermer les yeux. Y'a un truc qui tourne pas rond. Ces... Ces pensées il les a jamais eues, il s'en souvient pas... Il voit Matthias se comporter de façon étrange, mais ça n'a rien de cohérent puisqu'il ne voit jamais son demi-frère. Quand ils étaient gosses, ils s'évitaient. Une dois devenus adultes, c'est devenu un silence radio que Noeh n'a jamais eu envie de bouleverser. Garder ce malade loin de soi c'est un comportement tout ce qu'il a de plus salutaire. S'il y a en bien un dont les entraînements hunter ont retourné le cerveau, c'est bien lui. Agacé de ces idées noires, qui surviennent au pire moment, l'ancien pianiste se met à secouer la tête. Et comme si ses pensées étaient toutes rassemblées dans un jukebox dont quelqu'un serait venu changer brusquement le disque, il se retrouve face à... Lorcan ? Son meilleur ami dont il se rapproche et- « Bordel, c'est quoi ce délire... », qu'il marmonne pour lui. Il rouvre les yeux dans une mine dégoûtée, avant de jeter un bref coup d'oeil à Sam, qui le regarde, puis de chercher autour de lui qui aurait pu penser un tel truc – à part lui. Parce que c'est certainement pas lui. Pourquoi n'aurait-il pensé ne serait-ce qu'une seule fois à embrasser Lorcan ? Mais c'est dingue, c'est- Il- « T'as parlé ? », qu'il assène à sa jumelle, en reportant son attention sur elle. Il est toujours éloigné sur le banc, mais il se dit que c'est peut-être elle qui était en train de lui raconter une histoire comme ça – ou une blague, plutôt, une bonne et franche blague de mauvais goût – Sam, embrasser Lorcan ? ouais, bien sûr – une histoire drôle qu'il n'aurait écouté qu'à moitié et qui se serait entravé dans ses pensées à lui pour donner un truc bizarre. C'est tout.

Sauf que Noeh reste persuadé que c'est pas normal. Il s'est jamais retrouvé au milieu des décombres ces derniers temps, ni même jamais et... Il se remet à froncer les sourcils sous l'incompréhension. « Pourquoi je t'ai vue- Et- pourquoi je me suis vu à l'hôpital ? C-Comment ? c'est-c'est même pas possible... » Ou alors il est sortir de son corps ? Il est pas du genre à croire ce genre de truc, mais il y a deux mois à peine, il pensait que dans sa famille les gênes mutants ne pouvaient pas se développer, à pour ce qui est de croire ou non à des trucs impensables, il repassera. Le cadet Callahan se repasse les bribes d'images – de souvenirs? - dans la tête pour essayer d'y voir plus clair, sauf que ça ne marcher pas, le tout s'embrouille sans qu'il ne puisse avoir la moindre chance de saisir ce qui vient de se passer. Il vire fou ? C'est ça ? Il devient fou et il crée lui-même des instants qu'il n'a jamais vécus... « C'est toi Sam ?! », qu'il l'accuse dans un souffle. L'air incrédule, il penche la tête sur le côté puis se met à passer nerveusement sa main saine le long de sa jambe. Pour tenter de s'apaiser un peu, de prendre les choses avec philosophie, détente. Mais non, c'est pas possible. Là, ça va pas être possible. « En plus de- », qu'il commence à voix haute avant de se stopper. Manquerait plus qu'on l'entende balancer ça à voix haute. Se penchant une seconde sur le côté, il plante son regard dans le sien. « En plus de lire dans les pensées tu- tu peux me balancer des trucs dans la tête ? Ce que t'as toi dans la tête ? » Et pourquoi pas ? Il est pas d'accord, non, c'est impossible, ou alors il- lui aussi ?! « C'est parce qu'on est jumeaux ? C'est parce qu'on a des gênes communs ? Je peux lire dans tes pensées ? », qu'il élude les dents serrées. Tant qu'il savait pas pour elle, peut-être que ça s'était pas réveillé de son côté, mais maintenant qu'il est au courant, ça fonctionne de son côté, c'est ça ? Mais il s'en fout de ce qu'elle a dans la tête, il peut pas être mutant aussi, c'est irréel. Noeh recommence à nier – son regard se perd tout autour d'eux, comme s'il cherchait une réponse planquée dans le parc comme un œuf de pâque sacré dans un jardin. Il s'affaisse un peu contre le dossier du banc, et il n'ose plus regarder sa jumelle. Il s'attendait à beaucoup de choses le jour de son anniversaire, mais pas à ça. « J'y crois pas, c'est pas possible, puis alors si c'est pour- re-refais pas ça, Sam, pitié, je- erk- j'vais dégueuler. » L'étudiant sait toujours pas si c'est lui qui fait ça ou si elle c'est elle, il expose toutes les possibilités dans un mélange détonnant de suppositions qui se multiplient au fil des secondes. Alors qu'il aurait pu mémoriser sa dégaine dans un lit d'hôpital ou la peur ressentie à l'approche d'un Matthias menaçant, il revoit qu'une chose, et la pire : le visage de Lorcan qui se rapproche du sien, ou l'inverse. « Tu l'as embrassé ? », qu'il exulte avant qu'un frisson ne parcourt son échine. Elles sont où les images d'Aspen pour parer cette vision répugnante ?! Ça a foutu le bordel jusque dans son crâne, il a tout perdu, tout s'est effacé au profit de ses souvenirs à elle. Il va devoir vivre avec ses fantasmes pour le Wolstenholme jusqu'à la fin de ses jours. Joyeux anniversaire. « Putain, c'est pas la question, pardon, je- rah, mais c'est pas comme ça que je vais m'habituer à l'idée que- que t'es... » Noeh ferme les yeux avec force, inspire profondément en penchant la tête en arrière, puis ose enfin déposer ses prunelles sur les traits de sa jumelle, les mâchoires contractées. Là, pour le coup, il sait plus du tout quoi dire.
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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé)   Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé) Icon_minitimeMer 20 Avr 2016 - 22:43

It's like the sun set in your eyes
and never wanted to rise.

L'expression qu'il aborda lorsqu'elle reposa les yeux sur lui la secoua fortement, prenant cette mine dégoûtée pour elle, pour sa simple présence à ses côtés. Et ce fut à elle d'esquisser un léger mouvement de recul, presque imperceptible. C'était un peu trop violent, tout à coup, de le voir tirer cette tronche là à côté d'elle, alors qu'il ne daignait pas lui porter la moindre attention depuis plusieurs minutes. Rattrapant ses traits qui se disloquaient déjà sur son visage, la brune s'évertua à paraître la plus neutre possible, sans lui montrer à quel point ça pouvait l'atteindre. Comme s'il allait être dupe, lui qui était le meilleur pour détecter d'un coup d'oeil ses faux-semblants. Finalement, Salomé en vint à espérer que ça ne lui était pas adressé, en le voyant chercher du regard quelque chose... quelqu'un ? Elle en vint même à balayer les alentours d'un regard inquisiteur, s'imaginant qu'il avait peut-être aperçu quelqu'un - tout sauf leurs parents, pitié. Mais rien, tout du moins rien qui n'expliquait son revirement d'humeur. Elle s'apprêtait à lui demander ce qui lui arrivait tout à coup à s'agiter de la sorte, mais ce fut lui qui la prit de court avant le premier mot prononcé. Fronçant légèrement les sourcils en essayant de faire abstraction de son ton désagréable, même à la limite de l'agressif, la serveuse tenta d'assembler son courage pour lui répondre sans vaciller. « Non, j'ai bien compris que t'avais pas envie de parler, t'en fais pas, va. » Se retenant d'élever les yeux au ciel en se rappelant qu'elle n'était pas en position de rétorquer de la sorte. Elle était censée faire profil bas, attendre docilement qu'il ne la gracie. C'était la sale impression qui lui collait à la peau depuis qu'elle avait pris place sur ce banc, sur la sellette, prête à se voir éjecter dès qu'elle aurait épuisé la maigre patience de son frère. C'était désagréable, ça aurait même pu éveiller sa colère si elle n'avait pas été tout bonnement rongée par une culpabilité sans nom. Prise au dépourvu, la brune peinait à trouver le moindre argument, toujours à réfléchir à la meilleure manière de renouer le contact. Pourtant, c'était qu'elle en avait en stock, certains moins bons que d'autres, franchement minables pour la plupart, mais il y en avait tout de même qu'elle s'était entraînée à répéter dans sa tête en envisageant les différentes manières dont son double pourrait l'accueillir. C'était comme un pense-bête, une antisèche rassurante à laquelle elle était contente d'avoir réfléchi durant ces derniers jours. Pour ne pas se laisser déstabiliser, être capable de rétorquer, jouer toutes ses dernières cartes pour tenter d'instiller quelques doutes au sein de ses idées bien arrêtées. Sans rentrer dans sa tête, sans avoir besoin de le manipuler d'une quelconque manière, simplement en étant honnête, répondre à ses questions en se voulant la plus transparente possible. Naïve, la belle avait pourtant eu besoin de ça pour se décider à quitter son appartement, même si cela ne lui était plus d'aucune aide désormais qu'il la regardait comme ça. Elle perdait pied, incapable de remettre le doigt sur ces remarques susceptibles de l'aider. Ce qui ne risquait pas de s'arranger avec la suite des événements.

Elle l'écoutait bafouiller, ne comprenant pas ce qui lui arrivait subitement, ni de quoi il était question. « De quoi tu parles ? » Un instant, plus de retenue, à le voir aussi perturbé sans réussir à comprendre ses paroles. Se voir à l'hôpital ? Est-ce-qu'il lui avait dit quelque chose qu'elle n'aurait pas entendu, lorsque la migraine avait commencé à s'introduire dans son crâne ? Peut-être qu'elle avait loupé quelque chose. Elle le lui aurait bien demandé, s'il ne lui avait pas à nouveau aboyé dessus, la braquant immédiatement sur la défensive. « Mais quoi, de quoi tu parles, je comprends rien ! » C'était à se demander s'il ne se moquait pas d'elle, si ce n'était pas un moyen tordu de commencer à lui faire payer pour ses gènes défaillants. Et s'il continuait, il allait franchement réussir à la faire virer dans les tréfonds de sa paranoïa déjà bien frappée. C'était pas la peine d'en rajouter une couche, elle se faisait déjà assez de films comme ça dans sa tête. Pourtant, elle était bien loin de réaliser à quelle point la situation devenait critique, et comme c'était elle qui était en tord. Encore une fois. Ce qu'elle ne commença à doucement entrevoir qu'une fois qu'il se fut penché vers elle, la contraignant à se crisper un peu plus en appréhendant ses prochaines paroles. Et ça, ça elle ne l'avait pas vu venir. Vraiment pas. A tel point que ses yeux s'étaient écarquillés, fixant son frère comme s'il venait de lui dire la chose la plus improbable qui soit. Un instant, elle resta totalement bloquée, incapable d'esquisser le moindre mouvement, de prononcer le moindre mot. Et puis, le bouillonnement qui animait ses veines commença à prendre de l'ampleur, trop pour qu'elle ne puisse le contenir. Elle n'avait pas envie qu'il la rende encore plus monstrueuse qu'elle ne l'était déjà. Ni qu'il commence à la faire flipper en lui disant qu'il était pareil, tout aussi dégénéré qu'elle. Son regard s'était considérablement assombri alors qu'elle lui répondait à voix basse. « Tu dis n'importe quoi, je t'ai dit que j'avais fait ce qui fallait pour que je ne puisse pas rentrer dans ta tête. J'ai pris leur vaccin de merde, celui qui est censé rendre les dégénérés normaux, t'as besoin d'un dessin ou tu vas te décider à m'entendre ? » Les tremblements avaient repris au bout de ses doigts, fourmillements lui donnant envie de les enfoncer dans le banc pour ne plus rien sentir. « Et je peux pas envoyer des trucs dans ta tête, j'sais pas d'où tu sors un truc pareil ! et toi... toi tu sais très bien que t'as la chance d'être normal, le bracelet sonnait pas sur toi, alors je vois pas pourquoi tu racontes ce genre de chose. Si c'est pour me retourner le cerveau, crois moi que cette merde le fait déjà suffisamment bien toute seule ! » Jetant un regard aux alentours en se rendant compte que ses vociférations étaient allées crescendo, la serveuse recula légèrement en réalisant qu'elle s'était approchée elle aussi. Elle n'avait pas à se montrer menaçante de la sorte envers lui, ce n'était pas ce qu'elle avait voulu, juste ce que son attitude physique semblait avoir reflété. Et elle s'en mordait déjà les doigts. Surtout qu'il y avait un truc qui ne s'expliquait pas, ou plutôt si, qui s'expliquait dans les paroles insensées de Noeh tandis qu'il lui demandait si elle l'avait embrassé. Parce que ses premières pensées à elle allaient à Lorcan, le seul qu'elle avait embrassé depuis un bail, il fallait dire. Et que Noeh n'avait aucun moyen de le savoir, puisqu'elle même avait tellement tenté de l'oublier qu'elle ne l'avait dit à personne. Et elle doutait fortement que Lorcan soit allé s'en vanter, tant c'était... Bizarre. Mais les pièces du puzzle s'assemblaient dans l'esprit de la brune, et ça n'avait rien d'appréciable. Elle avait envie de rejeter ces hypothèses le plus loin possible, incapable de s'imaginer être entrée dans le crâne de Noeh, ou plutôt l'inverse ? Elle n'avait foutrement aucune idée de comment cela avait pu se passer, mais cela expliquait les céphalées, les mots incohérents de son frère. Et elle pâlissait à vue d'oeil, la Callahan. Tentant de se repasser le fil de ses pensées précédentes, incapable de se remémorer ce qui avait pu lui passer par la tête hormis celles énoncées par son jumeau. « Tu... t'as entendu quoi ? » Murmure paniqué ne reflétant qu'une infime parcelle de son état de nerf. « Je sais pas comment c'est possible, ça arrive pas ce genre de chose, jamais... » Plainte cherchant à trouver grâce aux yeux de son frère, à lui exprimer à quel point elle n'avait eu aucune emprise sur ce qui s'était produit. « Faut que tu me crois, Noeh, je te jure que j'avais jamais fait.. ça auparavant. » Ses joues commençaient à s'échauffer et elle ne doutait pas une seule seconde du teint rouge pivoine qui devait se promener sur ses pommettes. « Et je... j'serais jamais venue si j'avais su. J'aurais jamais pris ce risque, je te le jure. Je pensais que c'était réglé avec l'injection, pas que... que ça allait être encore pire. » Pinçant ses lèvres en prenant une grande inspiration pour calmer son souffle saccadé par la panique, l'urgence de déblatérer ses excuses le plus rapidement possible pour être certaine qu'il les entende même s'il avait envie de lui fausser compagnie le plus rapidement possible.
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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé)   Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé) Icon_minitimeVen 22 Avr 2016 - 17:14

Le regard de Noeh se détourne presque aussitôt de celui de Sam. Il a dû mal à la confronter. Il a l'impression que ça lui donne la porte ouverte à tout ce qu'il peut avoir dans la tête, et c'est une chose qui ne peut pas arriver. Dans tous les cas, on comprend que le trouble persiste. Les images qu'il vient de voir tournent et retournent dans chaque recoin de sa tête, comme pour s'ancrer et s'agripper à une mémoire qui n'en veut pas, de ces souvenirs qui ne sont pas les siens, alors qu'une réponse lui parvient enfin. Même Sam ne semble pas comprendre ce qui vient de se passer. Super, ils sont bien avancés. “Bein ce que tu t'es foutu dans les veines, ça marche pas.” Son ton est redevenu tranchant. La tension dans ses muscles et son esprit est à son paroxysme, et Noeh ne sait plus quoi faire pour la faire disparaître. Il lutte entre l'envie de taper du poing sur ce banc pour qu'enfin tout ça cesse un peu et celle de laisser rouler sur ses joues ces larmes rageuses qui brûlent ses yeux. Mais même elles, elles refusent de lui faire cet honneur. L'ancien pianiste ne peut que garder pour lui ce qu'il a sur le cœur. Ou pas. “Faut que ça tombe sur moi...”, qu'il chuchote en ricanant. Il se fout de lui-même, parce qu'il a l'impression que depuis son accident, tous les trucs les plus invraisemblables lui tombent sur le coin de la gueule. C'est pas juste des idées qu'il se fait, ce sont des faits avérés. Il découvre peu à peu que toutes les personnes qu'il pensait aussi fiables que solides ne sont en fait que des mirages. Et il se dit qu'il les a trop côtoyées. Sam la première. Il aurait pu encaisser l'idée d'une jumelle différente, mutante, si seulement elle lui avait laissé le temps de le faire. Sauf qu'une mutation, ça ne se contrôle pas, pas vrai ? Une mutation, ça ne peut pas rester dans un coin, ça ne peut pas s'éteindre, se désactiver. Une mutation, ça vous bouffe et ça bouffe les autres avec. Noeh avait juste besoin de temps pour se faire à l'idée. Il voulait vraiment s'y faire, sincèrement, à celle d'une Sam qui peut rentrer dans sa tête et y découvrir tout ce qu'elle a envie – comme lui vient de le faire à l'instant. Mais elle a tout gâché. Les efforts, il a plus envie de les faire tout d'un coup. Il veut même prétendre ne jamais y avoir pensé, pas une seule fois. Il veut juste arrêter de subir ce que les autres ont envie de lui faire endurer. Le cadet Callahan n'a pas les épaules pour ça. Il ne les aura jamais. Pas après cet accident qui a tout remis en question, et tous les trucs complètement fous qui en ont découlé ensuite. Qui s'enchaînent juste bien trop ces derniers mois. La bouche sèche, Noeh recommence à fixer le vide devant lui. Il n'a pas envie de regarder Sam alors qu'il va parler de ce qu'il a bien pu voir dans sa tête. Ou de ce qu'elle lui a envoyé, il ne sait pas, il ne saisit pas encore très bien comment ça peut fonctionner. Si, juste, elle pouvait éviter de recommencer... “J'ai vu que t'avais peur de Matthias”, qu'il commence, d'une voix absente. Il n'arrive pas à dire plus. Ça le bouleverse déjà assez. Il pensait pas être le seul à véritablement ne pas être à l'aise en présence de leur demi-frère, mais là, il se rend compte qu'il a tout faux. Depuis combien de temps ? Toujours ? Plus récemment ? Il n'ose pas demander, n'y arrive même pas. Sauf qu'il se dit que Matthias est peut-être au courant aussi pour Sam, et qu'il la terrorise avec ça... Un frisson désagréable parcourt son échine. Il peut pas se laisser avoir. Il ne va pas craquer maintenant, lui dire qu'il sera là pour la protéger, parce que ce sera pas le cas. Il peut pas la protéger de qui que ce soit, encore moins de Matthias. Ça fait partie de l'une de ses innombrables faiblesses, à l'étudiant, et ce n'est pas aujourd'hui qu'il pourra y mettre un terme. Inspirant profondément, Noeh se dit qu'il est peut-être temps de passer au souvenir suivant. Bien qu'il soit plus douloureux, encore moins compréhensible. Là, ce n'est pas sa peur qui est affectée, juste sa confiance, son égo peut-être aussi. “J'ai vu que vous avez pas perdu de temps avec Lorcan depuis la fête des fondateurs. C'est cool. Félicitations. J'ai même pas envie de savoir depuis combien de temps ça dure, je vais déjà avoir assez de mal à m'enlever ces images de la tête”, qu'il prévient sa jumelle en lui jetant un regard à la dérobée. On sent une légère colère derrière ses mots, une nervosité tangible masquée par un enchaînement de termes pressé, juste pour éviter à sa sœur de trouver la moindre petite excuse. C'est pas excusable. Même s'il est mal placé pour penser un truc pareil, c'est pas pardonnable. Sans doute sa mauvaise foi reprend le dessus au mauvais moment, mais vu comment il a découvert la chose, il a bien le droit de pas être sur la même longueur d'onde que sa sœur à ce sujet. Quand est-ce qu'il l'aurait appris, s'il n'avait pas pris en pleine tronche les pensées de Sam et vu le visage de Lorcan se rapprocher trop près du sien ? Quand ?! Une vive douleur traverse sa main droite, brusquement, ce qui détourne l'attention de Noeh vers cette dernière. Une grande partie de sa nervosité s'est concentrée au niveau de cette dernière, ses phalanges sont aussi pâles que les nuages au-dessus de leurs têtes, et l'ancien pianiste est obligé de venir la masser (et la masquer) pour la détendre. Il va se faire mal avec ces conneries. Comment s'il avait besoin de ça, alors que les choses commençaient à aller un peu mieux... “Après je... j'ai senti ta peine à l'hôpital. Quand t'es venue me voir...”, qu'il avoue à demi-mots. Sa voix a légèrement tremblé sur la fin. On sent que ce souvenir est celui qui l'a le plus affecté, car son regard a tenté de trouver celui de sa jumelle, avant de le fuir aussitôt. Une larme s'est échappée. Toute seule, comme une grande, elle a dévalé le long de sa joue, comme un enfant dévalerait un petit toboggan. Et ça l'emmerde, à Noeh, parce qu'il s'était juré deux secondes plus tôt qu'il ne craquerait pas devant elle. Elle mérite pas de le voir pleurer, personne le mérite. Il veut pas lui imposer sa peine, il veut pas qu'elle se sente aussi mal que lui, parce que même dans ce moment où il est sur une défensive et une attaque encore jamais égalées auparavant, ça le détruit de faire du mal à Sam. Mais comme toujours, il y a le Noeh qui blesse d'abord, celui qui réfléchit après. Il a toujours fonctionné comme ça, encore plus depuis l'accident. Il érige une barrière entre lui et les autres pour justement que cette fameuse douleur qui fait battre son cœur ne les atteigne pas, jamais. Noeh a peur qu'elle fasse bien plus de mal encore que sa colère. Et il n'a surtout aucune idée de ce que ça pourrait donner. Alors, dès qu'il pense que Sam est capable de la sentir, en cet instant si complexe pour lui, pour eux, l'étudiant se met à secouer la tête. Il refuse de sentir cette autre larme s'évader elle aussi. Il va les garder, au fond de lui, au creux du cœur, il ne va pas se laisser abattre parce que sa sœur n'est plus la même, parce qu'il a le sentiment de l'avoir perdue pour de bon, il peut pas faire ça. Il va partir, maintenant, tout de suite, avant qu'il ne gâche tout entre eux, en ce jour si spécial. Enfin, ça, c'est ce que Noeh espère réussir à faire. Mais une fois le premier mouvement esquissé, dès que son regard se dépose dans le sien, osant se confronter à son jugement, il rouvre la bouche. Comme par automatisme, parce que, malheureusement, Noeh dit toujours trop de choses à Sam. “J'aurais pas dû rester quand t'es arrivée, je savais que j'aurais pas dû, je le sentais, je suis resté pour toi et regarde où- où on en est, Sam !” Qu'importe qu'on puisse les entendre, il n'y a personne dans ce foutu parc. Les seules personnes qui les entourent sont loin, et ils mènent tous une vie paisible où leurs sœurs ne se transforment pas soudain en inconnues. “J'suis venu parce que tu me manques et que cette journée, normalement, on la passe tous les deux mais-mais tu me fais flipper, je sais pas comment on va faire, je sais pas comment on peut faire, comment on” Ses mots s'embrouillent et Noeh repousse le banc de sa main valide pour se remettre sur ses jambes. Il attrape sa béquille d'un geste nerveux, galère à se remémorer comment la tenir, et surtout comment la voir de façon correcte, alors qu'il arrête pas de chialer. Putain, mais depuis quand il est aussi sensible ? Le souffle court, il met un certain temps à relever la tête en direction de sa sœur. Une fois que c'est fait, il la dévisage. Plus il le fait, plus il sent la colère quitter son esprit. Elle ne part pas totalement, elle est encore présente pour l'épauler, jamais bien loin, mais elle lui redonne un peu de liberté. Juste pour regarder Sam une dernière fois avant de s'en aller. Il lui a déjà fait assez de dégâts comme ça. Enfin, pense-t-il naïvement. Les mots recommencent à passer ses lèvres dans un murmure qu'elle seule peut entendre... “Je t'avais dit que je serais là qu'importe ce qui pouvait arriver...” Non. Un truc le stoppe. Il n'a aucune idée de ce que ça peut être, mais ça l'aide à pas faire la plus grosse connerie de sa vie. Preuve qu'une part de conscience se cache peut-être derrière cette folie qui le guette. “Je suis supposé faire comment...”, qu'il achève finalement, dans un souffle. Le visage rougie par les larmes, Noeh cherche des réponses dans le regard de Sam. D'habitude, c'est elle qui le guide dans les moments comme ça. Y'a qu'elle pour lui montrer comment bien faire les choses, et éviter de tout détruire tel un bulldozer humain. On doit le considérer comme le pire élève de l'univers. Laissant son regard glisser au sol, il n'attend pas la réponse. Il se met à faire un premier pas loin du banc, loin de sa moitié, tout doucement, car ce geste, cet éloignement, il est plus douloureux que tous les autres réunis. Mentalement comme physiquement. Il en est au quatrième pas lorsqu'il ralentit la cadence.  “Sam”, qu'il l'appelle d'une voix neutre de tout. D'une voix normale, une voix de Noeh à Salomé sans rien autour. Quand il se retourne vers elle, il se rend compte qu'il a déjà fait un sacré bout de chemin. Il sait pas s'il a droit de lui dire ça alors qu'il vient de l'accabler, sauf que son cœur lui hurle de le faire quand même. Tant pis s'il passe pour le pire des connards. “Arrête de prendre ce truc ça pourrait vraiment mal finir. Moi c'est pas grave, je vais oublier, c'est rien, mais t'approche pas de maman et papa dans cet état.” Une nouvelle seconde passe, durant laquelle il tente de sonder l'accord ou non de sa jumelle, avant qu'il ne reprenne sa route, loin d'elle.

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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé)   Just to get me through the night 'til we're twins again (Salomé) Icon_minitimeLun 9 Mai 2016 - 11:37

It's like the sun set in your eyes
and never wanted to rise.

Les épaules s'étaient légèrement voûtées, loin de son port de tête fier et implacable, lui signifiant qu'elle acceptait les reproches, parce qu'elle se sentait au plus mal de lui avoir fait ça. Elle ne parvenait plus à réfléchir correctement, à le regarder dans les yeux, même si un frémissement mordit sa peau au prénom de Matthias. Elle avait tellement concentré son énergie à le fuir lui, qu'elle en avait presque négligé Noeh, et qu'à ce point précis elle ne savait plus vraiment duquel elle devait avoir le plus peur. Parce que les maux physiques que lui infligerait l'aîné n'étaient somme toute plus si effrayants face aux paroles acerbes de son jumeau, face à ce que son regard à lui lui renvoyait. Le sujet de Lorcan ne tarda pas à tomber, alors qu'elle relevait la tête vers lui. Elle était tellement secouée par la nouvelle qu'elle ne parvenait même pas à rétorquer qu'il était certainement bien mal placé pour venir lui reprocher quoique ce soit avec Lorcan. En d'autres circonstances, elle lui aurait dit sans attendre qu'elle n'avait de toute façon pas à se justifier, pas après toutes ces années qu'il avait passé à lui mentir à propos d'Aspen. Mais là tout de suite, ce n'était que des justifications toutes plus bancales les unes que les autres qui montaient à ses lèvres, sans qu'elle ne parvienne à en extérioriser aucune. Mais lorsque ses mots dérivèrent vers le sujet de l'hôpital, la brune perdit toute envie de rétorquer, de se défendre au sujet de ce baiser volé à Lorcan. Parce qu'en une seconde, les souvenirs s'étaient remis à affluer en écho parfaitement synchronisé à ses paroles, peut-être aussi parce qu'elle voyait que ça lui avait fait du mal de le voir, et que ça lui faisait inévitablement mal à elle aussi. Elle maudissait ce fichu vaccin, ce poison censé quoi, envoler ses problèmes ? Ce n'était pas pour ce but précis, qu'elle avait dû économiser pendant des mois pour le payer une blinde, c'était pas pour ça qu'elle traînait sa carcasse comme un poids mort en contrepartie ? Pour ne surtout plus tisser ses fils invisibles et emprisonner l'esprit des gens dans sa toile ? Est-ce-que c'était franchement normal, qu'à la place l'extrême inverse se produise ? Elle avait suivi les indications à la lettre, pourtant, elle avait eu le temps de réfléchir avant de se l'injecter, elle était persuadée qu'elle n'avait pas merdé dans le processus. Alors, pourquoi est-ce-que ça venait déterrer les souvenirs les plus profondément enfouis pour les envoyer un à un dans la tronche de Noeh ? Est-ce-que c'était la touche du chef, la grosse arnaque programmée par les hunters, prétendant fournir un remède en n'accentuant finalement que les pires aspects des dégénérescences ? Parce que ça,   ces réminiscences-là, elle était certaine de ne pas en vouloir. Et elles ne s'arrêtaient pas de tourner, de se fracasser contre les parois de sa boîte crânienne. Il y avait tout, les hurlements des étudiants, cet état second tandis qu'elle se jetait littéralement au milieu de la foule en battant  des bras pour repousser tout le monde avec violence, le sol se rapprochant dangereusement alors que ses jambes se retrouvaient fauchées dans leur course en la laissant dégringoler aux côtés de ce corps inanimé, pantin désarticulé qui ne répondait plus au nom de Noeh, qui se contentait de rester immobile et de ne plus ouvrir les yeux. Plaquant une main à son front pour couvrir son regard et ne plus voir son frère, la brune acquiesça doucement. « Je suis désolée, j'suis tellement désolée Noeh. » En apnée, débitant ses mots comme pour éviter qu'ils ne s'étranglent dans sa gorge nouée, son coeur ne savait plus quelle cadence mener, trop malmené pour parvenir à éjecter ses battements de manière cohérente. Parce qu'il savait sa peine, lorsqu'elle était venue passer ses journées entières à son chevet, à attendre qu'il lui revienne, qu'il pose son regard sur elle et qu'il s'adresse à elle comme s'il n'y avait rien de plus normal que son réveil après des semaines de coma. Elle n'avait jamais perdu espoir, la Callahan, guettant le moindre signe, gardant son regard posé sur lui sans s'en détacher durant des heures. Y'avait même eu ce jour où l'un de ses doigts avait bougé, où elle était partie chercher les infirmières comme une furie en se persuadant que ça y était, avant qu'on ne lui annonce qu'il s'agissait tout au plus d'un simple spasme, rien de plus concret. Elle se souvenait le vase écrasé contre le mur, le bouquet déchiqueté, parce que de toute façon elle était sûre qu'il les aurait trouvé à gerber, ces fleurs, et puis les hommes de la sécurité qui était venu pour la calmer, pour lui demander de bien vouloir les suivre et de ne revenir que le lendemain. Et elle n'avait cessé de revenir après ça. De lui parler, ou de garder le silence, de s'accrocher à cette respiration qui soulevait son thorax de manière régulière, calquant son souffle sur le sien durant des heures, comme si ça pouvait les rapprocher, comme si à respirer en parfaite osmose il allait pouvoir la sentir là, tout près. Elle avait inventé des milliers de jeux presque obsessionnels, à répéter des tas et des tas de petits gestes au quotidien en se disant que ça l'aiderait à se réveiller. Elle n'avait jamais lâché, jamais. Persuadée qu'il faisait tout ce qu'il pouvait pour la retrouver, s'il sentait sa présence, ses supplications quotidiennes le sommant de ne pas filer vers la lumière, que c'était qu'une belle connerie et qu'il n'avait pas intérêt à s'y abandonner. Elle savait alors qu'il s'agissait probablement des pires heures de sa vie, qu'on la forçait à envisager de le perdre et que c'était le sentiment le plus atroce qu'elle ait jamais connu, comme si on lui arrachait tout de l'intérieur et qu'on ne laissait d'elle qu'une coquille tout juste bonne à se mouvoir sans ressentir quoique ce soit. Elle savait aussi que ce ne serait pas possible de le voir disparaître, qu'elle avait beau être forte, que leurs parents avaient beau l'avoir entraînée à se murer derrière une carapace pour apprendre à tuer sans se mettre en danger, que ça, c'était pas possible. Alors, quand il s'était enfin réveillé, quand l'hôpital avait appelé à peine dix minutes après qu'ils soient rentrés au Manoir après la chasse, ç'avait été un nouveau souffle, une nouvelle vie qui commençait, pleine de promesses qu'elle s'était faite à elle-même. Celle de ne jamais le quitter, de ne jamais rien laisser lui arriver, de le protéger envers et contre tout et de ne jamais prendre le risque de le perdre à nouveau. Elle les avait répétées mentalement, naïvement, comme s'il allait s'agir des choses les plus évidentes au monde, certaine de s'y tenir.

Mais là, aujourd'hui, alors qu'il se levait de ce banc en scellant encore un peu plus les années-lumière qui les séparait, c'était encore pire, vraiment pire que ces jours passés à le veiller à l'hôpital. Le voir s'éloigner délibérément, ça retournait la Terre toute entière, à tel point qu'elle ne parvenait plus à rien voir à travers ses yeux engloutis par les larmes qui ne cessaient de déborder. Elle distinguait tout juste sa position, se tournant pour le suivre, posant une main sur le dossier du banc pour essayer de se relever, de faire quelques pas sans s'effondrer. Elle ne tenait plus ensemble, Salomé, suffocant en sentant son souffle s'amenuiser à chaque nouveau pas de Noeh, comme s'il tirait et étirait encore et encore ces liens qui les reliaient depuis la naissance, depuis qu'ils avaient poussé leur premier cri à à peine quelques heures d'intervalle et que leur monde avait commencé à tourner en même temps, pour eux deux. Comme s'il s'apprêtait à faire le pas de trop, à prononcer le mot de trop, et que tout allait se déchirer en écartelant ses côtes et en emportant tout avec lui. Vraiment, ça devait être ça, parce qu'elle avait si mal dans la poitrine, l'étau n'arrêtait pas de se resserrer et elle ne parvenait même pas à avancer vers lui, à rattraper ce qu'il s'apprêtait à emporter avec lui à tout jamais. « Noeh. » Elle ne pouvait pas vivre avec ça, jamais, elle ne pouvait pas le voir se détourner sans un regard et l'abandonner, pas même sous le prétexte qu'elle lui avait fait trop de mal avec sa mutation, sous aucun prétexte au monde il n'était censé l'abandonner, jamais, et elle non plus elle n'était pas supposée le laisser faire. C'était pas ça, les règles du jeu, ils étaient censés être là l'un pour l'autre, et ce depuis leur naissance, c'était interdit de se séparer, c'était pas ce qu'ils s'étaient dits quand ils étaient gamins, ce qu'ils s'étaient plus ou moins répétés plusieurs mois auparavant ? Mais elle était sûrement trop conne, trop irraisonnée pour comprendre qu'elle avait été trop loin, qu'il n'y avait plus de promesses valables à ce stade. Je t'avais dit que je serais là qu'importe ce qui pouvait arriver... Et le couperet prêt à tomber, la stoppant net dans toute tentative de l'approcher. Ses jambes de toute évidence n'avait plus la force de le supporter, défaillant en la laissant retomber sur le banc, les mains crispées sur le bois, pâlissant à vue d'oeil. Une seconde, elle crut que son coeur allait s'arrêter net. Le choc était trop grand, insupportable, et s'il continuait... S'il continuait sur sa lancée elle allait crever là, foudroyée par ses mots trop durs pour qu'elle n'y survive.

Mais lorsqu'il reprit, le souffle lui revint doucement, parce qu'il lui laissait un répit, que c'était comme ça qu'elle l'interprétait et qu'elle n'avait pas envie de s'oser à lui demander le fin fond de sa pensée. Elle n'avait pas de mots, pas de solution miracle à lui offrir. Elle ne savait déjà pas comment se gérer toute seule, alors expliquer à Noeh comment il devait encaisser sa nature, vraiment ? C'était à peine si elle parvenait à soutenir les mille questions qui se battaient dans ses yeux rougis,  elle qui avait pourtant toujours eu réponse à tout. « Je.. Je sais pas. » Mieux valait être honnête, pour une fois, assumer qu'elle n'en menait pas plus large que lui, que ça la détruisait tout autant. Aucun mot ne daignait sortir, de toute évidence, coincés entre les hoquets et les larmes qu'elle ne parvenait à calmer, son énergie se vidant à chaque sanglot, incapable de trouver comment recommencer à fonctionner sans simplement se laisser noyer là, maintenant, sur ce banc. Son nom l'arracha un instant à cet état de léthargie dans lequel elle semblait toute prête à se laisser happer, relevant une dernière fois les yeux vers lui, un fol espoir accroché au coeur en scrutant ses traits, en mémorisant une dernière fois son visage. Mais elle ne s'attendait pas à ça. Bouche bée, Sam ne comprenait pas. Il était absolument hors de question qu'elle arrête, peut-être qu'avec le temps elle s'y accoutumerait et que tout rentrerait dans l'ordre. Elle ne comprenait vraiment pas, qu'est-ce-qu'elle devait faire, alors ? Ne rien faire du tout ? Laisser sa dégénérescence s'étendre lentement et risquer  de quoi, d'entendre ses pensées à lui la prochaine fois ? « Ouais. Bien sûr. » Murmure à peine audible, bourré d'amertume. Qu'est-ce-qu'il en avait à faire, que ça se finisse mal au juste ? Ce serait pas lui rendre service, vu l'état dans lequel elle le plongeait ? Mais ça, ça restait profondément enfoui tout au fond de sa gorge, ça, ça ne sortirait pas. Tout au plus, ça lui donnerait tout juste la force de se lever, après une dizaine de minutes, et de partir dans la direction opposée. Rien de plus.
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