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 Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA)

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MessageSujet: Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA)   Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA) Icon_minitimeMar 17 Nov 2015 - 23:51


whatever doesn't kill me had better start running
I’VE BEEN LEFT OUT ALONE LIKE A DAMN CRIMINAL, I’VE BEEN PRAYING FOR HELP CAUSE I CAN’T TAKE IT ALL I’M NOT DONE, IT’S NOT OVER. NOW I’M FIGHTING THIS WAR SINCE THE DAY OF THE FALL AND I’M DESPERATELY HOLDING ON TO IT ALL, BUT I’M LOST, I’M SO DAMN LOST (ambiance).

Adrian avait la rancune tenace. Ça n'avait rien de nouveau, il en avait toujours été ainsi. Sa fonction de Hunter n'avait bien évidemment rien arrangé, et son dégoût pour la plupart des mutants l'empêchait de faire la part des choses, les petites offenses prenaient des proportions ridicules et les véritables affronts... avaient la peine de mort pour valeur et ultime sentence. Apprendre de la bouche de Nate que le mutant qui s'en prenait aux femmes et l'avait fait passer à travers une baie vitrée l'avait mis hors de lui, il avait retourné la table basse d'un coup de pied et s'était écroulé sur le divan en soupirant – et en grognant, ses plaies encore à vif l'élançant douloureusement. Il était pourtant parvenu à se calmer, la présence d'Evie l'avait apaisé, et quand elle et la petite étaient parties, il s'était senti vidé ; vidé de ses forces et de toute volonté. Pendant deux jours, il avait été comme engourdi, physiquement présent mais l'esprit en veille, incapable de se raccrocher à la réalité. Puis la panique l'avait envahi, il avait réalisé qu'il ne savait pas quand il goûterait de nouveau à l'étreinte de sa moitié, et ça le rongeait. Il savait qu'Evie déposerait Aurora chez lui pour la journée le samedi, mais après ce qu'il s'était passé entre eux, il craignait qu'elle ne décide de mettre – davantage – de distance entre eux. Volontairement ou non, Adrian passait la plupart de son temps à angoisser et ressasser ses conneries, en plus de se ronger les sangs en songeant à Evie. Il se sentait con, peut-être même un peu pathétique, mais il suffisait de voir à quel point la mort d'Amelia l'avait bouleversé pour deviner qu'il ne supporterait pas de perdre celle qui partageait sa vie depuis près de vingt ans. Adrian était une véritable boule de nerfs, comme une grenade dégoupillée prête à sauter à n'importe quel moment. Alors quand Nate l'avait appelé pour lui dire que cet enfoiré de mutant était encore en vie, la colère était remonté d'un coup. L'enfoiré s'en était tiré, de toute évidence son coup de couteau avait manqué de précision et il avait manqué l'artère, bref, il l'avait raté. Une fois, mais pas deux. Ce type là ne faisait pas partie de ces mutants qu'il préférait vacciner plutôt qu'exécuter, c'était une véritable pourriture, un connard misogyne et pervers qui se servait d'un avantage de l'évolution pour s'en prendre à de jeunes femmes – ou gamines, bordel – qui ne faisaient pas le poids contre lui. Alors il allait lui faire la peau, se faire juge, jury et bourreau et bon débarras, un détraqué de moins dans les rues de Radcliff.

Toutefois, Adrian n'était pas impulsif au point d'en être parfaitement idiot. Il avait mordu la poussière une fois, cela lui avait largement suffi, pas question de rater son coup une seconde fois. Ce type là méritait qu'on lui accorde une attention toute particulière, car si sa mutation était loin de battre des records d'originalité, elle était ennuyeuse, pour ne pas dire carrément chiante. Force supérieure à la moyenne et densité élevée, Adrian avait beau avoir une tête de plus que lui il ne possédait pas la moitié de ses capacités physiques, lui qui était pourtant loin d'être un gringalet incapable. Pas question de jeter l'éponge pour autant, chaque minute passée à laisser ce type respirer était une minute de trop, une minute durant laquelle il pouvait décider d'agresser une autre gamine, qui n'aurait peut-être personne pour lui sauver la peau. Nate était le premier auquel il avait demandé de l'aide, mais évidemment – évidemment – son aîné s'était déjà lancé dans une autre traque et n'avait pas de temps à accorder à celle-ci. Autrement dit, Adrian allait devoir se trouver un autre compagnon de chasse ; et ses tendances asociales l'isolaient de la plupart des groupes de Hunters, et c'était sans mentionner les clébards de Lancaster et le Gunpowder Squad qu'il avait en horreur. Étendu sur le canapé comme s'il avait l'intention d'y rendre l'âme, il avait basculé la tête en arrière, les yeux clos, l'esprit en ébullition. Une figure féminine lui était revenue, il s'était redressé, avait attrapé son téléphone et fait défiler les contacts jusqu'à tomber sur son prénom. Nissa. Ils ne se connaissaient pas, pas vraiment, mais pour une raison qui lui échappait encore, un pressentiment, Adrian lui faisait confiance. Peut-être parce qu'elle semblait être aussi meurtrie qu'il l'était et qu'il le sentait, rien qu'en la regardant dans les yeux il avait su qu'il y avait quelque chose de cassé en elle. Il n'aurait jamais cru qu'un petit bout de femme comme elle puisse s'adonner à la traque au dégénéré, mais les apparences étaient trompeuses. Sans en avoir la moindre idée, ils avaient traqué le même mutant, Adrian lui était tombé dessus en premier et elle lui avait filé un coup de main en plus de lui sauver la mise ce jour là. S'ils s'étaient bien ou mal trouvés, il n'en savait rien, avec elle comme avec beaucoup d'autres il était partisan du advienne que pourra.

Il ne lui avait guère fallu abuser d'arguments pour convaincre la jeune femme de lui filer un coup de main ; c'était presque à croire qu'elle n'attendait que ça. Lui ça l'arrangeait bien, pas de temps perdu. Il avait égaré une pensée pour Evie, la culpabilité lui avait serré les tripes, puis le visage de l'adolescente terrorisée qu'il avait sauvée s'était rappelé à son bon souvenir et il ne lui en avait pas fallu plus pour se convaincre que débarrasser la Terre de ce pourri était la bonne chose à faire. En vitesse, il avait changé le pansement de sa plus imposante plaie, enfilé des vêtements propres et s'était armé. Jusqu'aux dents, comme il en avait l'habitude à chaque fois qu'il partait en chasse. Si l'armée lui avait appris quoi que ce soit, c'était qu'il fallait être préparé à affronter toutes les éventualités. Cigarette entre les lèvres, Adrian avait quitté l'éternel pénombre de son appartement pour rejoindre le bar dans lequel il bossait depuis déjà plusieurs mois ; le point de rendez-vous que Nissa et lui s'étaient donné. La brune s'était pointée pile à l'heure, Adrian avait écrasé la cigarette sur le mur sur lequel il était appuyé avant de la saluer sans perdre de temps en politesse ; ni elle ni lui n'avaient de temps à accorder à ces conneries. Sans davantage de cérémonie, Adrian l'avait entraînée à sa suite à l'intérieur de l'établissement, encore désert à cette heure matinale, si ce n'était pour l'ivrogne du quartier, déjà accroché à sa bouteille de whisky. Le jeune homme avait d'un geste de la tête le patron, Hunter lui aussi, attrapé une paire de verre et une bonne vodka avant d'aller s'asseoir à une table un peu en retrait avec sa nouvelle compagne de chasse. Il s'était servi un verre avant de lui passer la bouteille, l'avait avalé cul-sec – l'habitude – avant de sortir son téléphone de la poste de sa veste pour y chercher celle du mutant qui vivait ses dernières heures et la lui montrer en faisant glisser le portable jusqu'à elle avant de s'enfoncer dans sa chaise.

« Grant Miller. Quarante-trois ans, il était garagiste avant de se découvrir une passion pour l'agression. » Un sifflement agacé lui échappa tandis que par réflexe, il allumait une seconde cigarette. « Force et densité supérieures à la moyenne, ce bâtard est aussi dur que du béton armé. » Il haussa un sourcil, leva les yeux au ciel. Si elle se demandait pourquoi il donnait l'impression d'être passé sous un train, elle avait sa réponse. « Il s'est découvert un goût prononcé pour la violence envers les femmes, avec une préférence pour les gamines. » Adrian fit la grimace, soupira en même temps qu'il recrachait la fumée de sa cigarette. Bordel, si Evie l'avait trouvé en train de boire et fumer, elle aurait crisé. « Il a déjà fait dix ans de taule pour viol, mais faut croire que ça intéressait pas la justice de faire en sorte qu'il ruine pas la vie d'autres femmes. Y a pas trois jours, je l'ai chopé derrière de la bar en train de s'en prendre à une ado qui bravait le couvre-feu. Ce connard m'a échappé parce que j'étais trop concentré sur la petite, mais je sais où il se planque. » Il se pencha pour atteindre l'écran du téléphone et afficha l'image d'une usine désaffectée. « Là. Mon frère l'a suivi jusqu'à sa planque la nuit dernière. Il s'est pas attaqué à lui parce qu'il était seul, et aujourd'hui il est sur les traces d'un autre mutant. » Un petit sourire sinistre étira les lèvres du jeune homme, qui inclina la tête sur le côté. « Voilà pourquoi j'ai pensé à toi. T'as apparemment de la rage à revendre, et on risque d'en avoir besoin pour faire la peau à ce connard. Tout ce qu'il nous faut c'est un plan d'action, histoire d'éviter de se faire refaire le portrait. Une fois ça m'a suffi, et j'ai pas l'intention de le laisser s'en tirer aujourd'hui. » La vodka attira son regard, il préféra s'en détourner et se concentrer sur sa cigarette – il fallait qu'il garde les idées claires. « Des suggestions ? »
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Nissa Moreno
Nissa Moreno

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MessageSujet: Re: Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA)   Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA) Icon_minitimeJeu 26 Nov 2015 - 22:45

Un coup de téléphone. Un simple coup de téléphone. Quelques mots échangés en l’espace de quelques secondes à peine, virevoltant à toute allure dans le néant ; disparaissant dans le silence qui entourait la chasseuse. C’était tout ce dont elle avait besoin, tout ce qu’il lui fallait pour s’enfoncer plus profondément dans le chaos - un pas, une dizaine de pas de plus sur l’autoroute du chaos qui s’offrait juste devant ses pieds. Radcliff lui semblait être le terrain propice à cultiver sa rage, la faire croître à chaque instant un peu plus : une terre fertile qu’elle avait déjà parcouru en long, en large et en travers, étrangère tout autant que familière. Armée jusqu’aux dents, peu loquace, il était difficile d’imaginer Nissa avoir fait la connaissance de qui que ce soit dans ces territoires désolés – et pourtant. Pourtant. A dévisager l’écran assombri de son téléphone portable encore entre ses mains, la jeune femme se mit à songer à Adrian, à l’instant décisif qui avait fait qu’ils s’étaient rencontrés. Reconnus, d’une quelconque manière : tous les deux animés des mêmes flammes dévastatrices, de l’incendie de volonté qui continuait de les faire survivre au beau milieu du champ de bataille. Elle n’avait rien demandé, après tout, elle, fut un temps pas si lointain – Nissa Moreno n’avait été qu’une infirmière travaillant à mi-temps, prise entre ses préoccupations de femme et son devoir de mère ; sa vie faite de petits détails insignifiants et risibles, d’obsessions et de questionnements qui n’avaient désormais plus aucun intérêt dans toute son existence. Avec Aaron, avaient disparu toutes les raisons qui donnaient un sens aux mots qui avaient passé ses lèvres pour les dernières années de sa vie. Avec Aaron, avait disparu tout ce qu’il y avait eu de bon, de bienveillant, et de confiant en elle – aujourd’hui, dévisager un étranger s’apparentait à observer un monstre cacher derrière un faciès humain. Le reste de l’humanité était peuplée de monstres – et la Moreno n’avait fait que revêtir les mêmes apparats, et faire comme eux. Ces justifications se mêlaient à un paquet d’autres, aussi impérieuses qu’exigeantes, emplies d’une fureur à nulle pareille – qu’ils la jugent tous, la condamnent à l’exécution sans sommation, qu’ils la traitent de diable ou de monstre, elle était née des cendres de ce qu’ils avaient eux-mêmes créer. La détermination de Nissa avait tout ravagé ; tout l’autrefois, le naguère si cher à son cœur meurtris – quelque chose qu’elle chérissait encore contre son gré, plus encore désormais que le silence était grandiose partout autour d’elle, et faisait résonner l’absence de Benjamin. Où était son époux ? Que faisait-il ? Où dormait-il ? Que pensait-il ? Tant de questions auxquelles jamais plus elle n’aurait de réponse – et prétendait n’pas en vouloir – tant d’obsessions qui menaçaient de la faire littéralement flancher, s’écraser sur la terre ferme en un milliers d’éclats dispersés entre chagrin et colère. Alors elle ne s’interrogeait pas bien longtemps sur tout ça, quelques secondes à peine chaque jour pour se rappeler qui elle était, d’où elle venait, qui était Nissa Moreno qui était née, avait grandi et vécu à Phoenix, en Arizona. Et puis elle passait à autre chose. Nissa. Nissa Solak, Nissa rien-du-tout, l’ombre d’elle-même, le spectre au visage de marbre duquel personne n’savait rien, personne n’saisissait quoique ce soit. Elle n’voulait pas de la pitié du reste des Hommes, elle n’voulait pas de leur empathie, de leur bienveillance – elle n’voulait pas d’une putain de Pénitence.

Le choix de la jeune femme avait été fait un an plus tôt, passant d’humaine lambda à un soldat qui prenait les armes, désireuse de se défendre, désireuse d’arracher à ses ennemis sans visage, la moindre supplication échappée de leurs derniers instants. Sa maison, son foyer, sa famille, son travail. Sa santé. Son mari. On pouvait associer tout ça à une succession de cuisants échecs, la lente et douloureuse chute en Enfer alors que le deuil s’éternisait sur des mois et des mois. Mais c’était plus que ça. C’était plus que de la perdition toute simple, sans rien d’autre derrière – ça n’pouvait être que plus, ça n’pouvait pas être que ça. Elle continuait d’avancer, surtout sans se retourner, sans plus dévisager la photographie de son fils cachée dans son portefeuille ; le visage de poupon qu’il avait eu, toujours. Ce même visage glacé qu’elle avait dû observer, reconnaître sur la table d’auscultation glacée au beau milieu de la morgue. La morgue. Les affres de tout ce qui avait suivi, ces souvenirs qui la happaient alors même qu’elle n’faisait qu’aventurer son regard sur l’écran de veille de son téléphone portable. Si souvent, si souvent elle connaissait ces secondes – minutes – de flottement, se faisant happer dans un océan à la tempête incessante, loin, loin dans les abysses constituées uniquement de ténèbres. Toujours les ténèbres – comme celles de sa chambre de motel, les fenêtres masquées par les rideaux tirés, toujours aussi impersonnelle que le jour où elle y était arrivée. Seule, toujours. Toujours. Au diable ses souvenirs, Phoenix et Benjamin. Sans savoir comment, par quelle force invisible apposant une caresse téméraire sur tout son corps, Nissa parvint à se hisser sur ses jambes, quittant le bord du lit sur lequel elle s’était attardée depuis qu’Adrian avait raccroché le téléphone. Elle avait du travail à faire désormais. Et la vie reprenait son cours, avec toutes ses obligations, ses obstacles et ses déchets d’humains, hantant les rues pourries de cet endroit pourri. Radcliff – elle n’savait pas bien comment quelqu’un pouvait ressentir une quelconque affection pour une ville telle que celle-ci : le coin semblait être le refuge de toutes les causes perdues, de tous les esprits déments, de tous les dégénérés possibles et imaginables. Combien de transmutants avait-elle déjà affronté ? C’était comme si elle pouvait sortir dans la rue, mettre une balle à quelqu’un au hasard, et avoir la majorité de chance d’avoir buté un mutant, comme ça, sans crier gare, ni même savoir son nom, son prénom, son adresse ou d’où il pouvait venir. C’n’était pas comme si elle s’encombrait de ce genre de détails habituellement : elle détectait ses adversaires, et s’en occupait presque en leur sautant à la gorge, une fauve lancée à pleine vitesse sur des ennemis qui s’avéraient parfois plus redoutables, plus tenaces et plus fous qu’elle. Mais elle avait survécu jusqu’alors, sa hargne à peine sustentée par les chasses et les chasses – c’n’était pas pour rien qu’elle continuait. Y’avait toujours eu Benjamin à ses côtés cela dit, mari et femme arpentant les routes qui s’offraient à eux si volontiers ; ugh, jusqu’à ce que celui-là même la trahisse de la pire façon qui soit. Il n’méritait pas sa nostalgie, pas son romantisme quelconque, le moindre souvenir de tout ça : le fait que toute leur existence ait été un mensonge – peut-être pour lui tout autant que pour elle, mais ça n’changeait rien. Quand elle l’avait aimé, quand elle l’avait touché, embrassé, regardé droit devant les yeux, Benjamin avait toujours eu ce gène en lui. Cette monstruosité qui le rendait comme le tueur de leur fils, comme tous les tueurs fous qu’ils avaient croisés. Et ça, elle n’pouvait pas le pardonner. Elle n’voulait pas revenir en arrière.

Dans le sac toujours à moitié empaqueté, la brune n’eut aucun mal à trouver le flingue qui lui servait si souvent, celui-là même qui avait juste été laissé au sommet de la pile en bordel et signifiait ouvertement que c’était presque l’objet qui passait le plus souvent entre ses mains. Désespérant, probablement, pour certains bien-pensants qui se jugeaient si aisément sauveurs du reste du monde ; et la voyaient, elle, comme une folle à lier qui n’pouvait que tuer. Tuer et toujours tuer ; combien de chances aurait-elle eu de trouver un alter ego quel qu’il soit dans cette ville ? Adrian était une chance inespérée, elle le savait – ils n’avaient pourtant fait que gratter la surface, et il était difficile d’imaginer qu’ils puissent être similaires plus avant que les apparences, leurs volontés affichées. Et rien d’autre. Elle le rechargea soigneusement après l’avoir nettoyé et examiné sous toutes les coutures, le mécanisme de ces gestes remontant à il y a bien plus longtemps encore qu’une année à peine. Nissa avait été jeune, bien plus jeune que l’an dernier lorsqu’elle avait tué son premier ennemi : et ça n’avait pas été quelqu’un avec des pouvoirs quelconque, un type rencontré dans la rue auquel elle se serait attaquée au gré de ses caprices. C’avait été là-bas, loin, dans ces guerres à l’autre bout du monde desquelles elle n’aimait pas parler, et ravivaient des souvenirs incandescents sur le voile de ses paupières. Sous sa veste, elle planqua donc son flingue, ainsi qu’un poignard qui lui avait déjà sauvé la vie – deux armes qui la suivaient comme une ombre, partout où elle allait, la prolongation de son être, les quelques éléments sans lesquels elle se sentirait comme nue, affichée et vulnérable. Surtout vulnérable – un état d’âme qu’elle n’voulait plus ressentir. Plus jamais. Et que personne ne devrait avoir à ressentir. La détermination comme moteur, farouche et accrochée à son visage, Nissa quitta sa chambre lugubre pour arpenter les rues de la ville à pieds ; c’était comme s’ils savaient tous ce qu’elle était – certains la dévisageaient, mais la plupart d’entre eux se contentaient de l’ignorer, et de lui foutre la paix - ; tout ce dont elle avait besoin, somme toute. Arrivée aux abords du bar dans lequel bossait Adrian, Nissa vint s’appuyer dos contre le mur extérieur du bâtiment, patiente presque pour la première fois de la journée. Si elle s’était lancée dans cette affaire solo, elle serait déjà occupée à traquer un transmutant, quelque part, au gré d’où ses pas la mèneraient : mais l’opération ici dépendait de l’homme qui l’avait appelée. Elle était donc prête à faire preuve de toute la bonne volonté dont ils pouvaient avoir besoin pour coopérer : force de l’habitude, ils savaient à présent, comment bien fonctionner l’un avec l’autre – les choses se passaient bien. Presque mieux qu’avec Benjamin, et c’était comme s’il la trahissait encore et encore, à chaque fois qu’elle se disait ces mots-là. Elle le suivit à l’intérieur, n’daigna pas adresser un regard au patron du bar, ni à qui que ce soit qui pouvait se trouver là. Tout son talent pour sympathiser avec qui que ce soit semblait s’être envolé à cause de la trahison d’une seule personne – une seule, de laquelle elle n’savait rien encore. Ni son visage, ni son nom, ni pourquoi. Pathétique ; c’était sûrement l’mot – mais bien folle serait la personne qui oserait lui dire ça de but en blanc. Contrairement aux attentes de Blackwood en face d’elle, Nissa n’eut aucun geste vers la bouteille de vodka pour s’en servir un verre : elle n’était pas du genre à se payer un verre de bon matin avec le café, ni même une grande amoureuse de ce genre de boisson en règle générale. En vérité, elle avait décidé d’arrêter depuis son retour du front, pour la simple et bonne raison qu’elle avait préféré éviter toute tentation de plonger dans les affres de l’ivresse pour palier à ses cauchemars.

N’jamais y toucher, c’était sûrement le meilleur moyen de ne pas finir dépendante. « Grant Miller. Quarante-trois ans, il était garagiste avant de se découvrir une passion pour l'agression. (…) Force et densité supérieures à la moyenne, ce bâtard est aussi dur que du béton armé. » muette presque depuis le début de leur entretien, elle ne signifia sa réaction que par un rictus, et un sourcil arqué d’amusement – plus un sarcasme lancé sans être prononcé. Elle connaissait les blessures de guerre, bien évidemment, mais il devait en falloir pour atteindre un type comme lui. « Il s'est découvert un goût prononcé pour la violence envers les femmes, avec une préférence pour les gamines. » et la seule traitrise qui traversa son corps, d’un frisson le long de son dos, à son index, tapotant nerveusement sur le creux de son coude tandis qu’elle avait gardé les bras croisés jusque-là. Elle attrapa finalement le téléphone qu’il lui tendait, pour venir y inspecter la photographie du type en question – le fameux connard qui se plaisait à abuser des filles. Fallait pas venir dire après que les transmutants n’étaient que des victimes. « Il a déjà fait dix ans de taule pour viol, mais faut croire que ça intéressait pas la justice de faire en sorte qu'il ruine pas la vie d'autres femmes. Y a pas trois jours, je l'ai chopé derrière de la bar en train de s'en prendre à une ado qui bravait le couvre-feu. Ce connard m'a échappé parce que j'étais trop concentré sur la petite, mais je sais où il se planque. (…) Là. Mon frère l'a suivi jusqu'à sa planque la nuit dernière. Il s'est pas attaqué à lui parce qu'il était seul, et aujourd'hui il est sur les traces d'un autre mutant. » à nouveau elle analysa les photos que lui présentait Adrian. « Voilà pourquoi j'ai pensé à toi. T'as apparemment de la rage à revendre, et on risque d'en avoir besoin pour faire la peau à ce connard. Tout ce qu'il nous faut c'est un plan d'action, histoire d'éviter de se faire refaire le portrait. Une fois ça m'a suffi, et j'ai pas l'intention de le laisser s'en tirer aujourd'hui. » c’était flatteur, mais elle avait dû résister à la tentation de lui répondre de fermer sa gueule – il n’la connaissait pas, quand bien même ils coopéraient, ça n’faisait pas d’eux des confidents, encore moins les meilleurs amis du monde. Mais mieux valait se concentrer sur le cœur du problème. Des suggestions ? Des suggestions, elle en avait ; elle sembla un instant ne pas avoir pris en compte tout le blabla du chasseur, mais elle finit par se pencher vers la table, posant ses deux coudes sur celle-ci. « J’parie que ce type est comme tous ceux que j’ai connus… toujours à sous-estimer une nana. » le téléphone d’Adrian à nouveau en main, elle repassa sur la photo du dégénéré, pour l’observer, la tête légèrement penchée comme si elle cherchait à l’analyser à travers l’écran – un talent, somme toute, qu’on devait bien développer quand on était dans l’armée, constamment menacé par des inconnus. « Mais sa mutation est embêtante, faut l’avouer… je suppose qu’on peut toujours le vacciner par surprise, histoire d’être débarrassés et de pouvoir finir le job sans prise de tête. » et c’était comme si elle parlait des prochaines courses qu’elle allait faire au supermarché – l’habitude avait vite pris le pas sur une quelconque peur ou fébrilité quelle qu’elle soit. C’n’était pas comme si ce type méritait d’être juste vacciné de toute manière. « Y’a toujours des chances à ce que je n’sois pas son type, remarque- » un sourire narquois au bord des lèvres, lugubre aussitôt qu’elle imaginait des gamines se faire lever la main dessus par un pervers quelconque. « Mais il doit être comme toi, et avoir la rancœur tenace… si tu te pointes il va probablement aussi avoir envie de finir le boulot, et ça peut faire une distraction facilement. » en duo, tout de suite, les choses pouvaient se passer bien plus facilement que seul, incontestablement. « Tout c’que j’veux dire, c’est que si t’as besoin d’un appât, j’sais être une très bonne comédienne. » ou peut-être pas vraiment, mais pour les connards uniquement guidés par leurs instincts de décérébrés, certaines choses devaient ne pas avoir leur importance – tant qu’il pouvait s’imaginer avoir le dessus, c’était tout ce qui importait, pour lui prouver tort, et le déstabiliser. Et en finir. Définitivement.


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MessageSujet: Re: Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA)   Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA) Icon_minitimeJeu 3 Déc 2015 - 11:18


whatever doesn't kill me had better start running
I’VE BEEN LEFT OUT ALONE LIKE A DAMN CRIMINAL, I’VE BEEN PRAYING FOR HELP CAUSE I CAN’T TAKE IT ALL I’M NOT DONE, IT’S NOT OVER. NOW I’M FIGHTING THIS WAR SINCE THE DAY OF THE FALL AND I’M DESPERATELY HOLDING ON TO IT ALL, BUT I’M LOST, I’M SO DAMN LOST (ambiance).

Adrian préférait généralement le vaccin au bain de sang ; mais il y avait des exceptions à la règle. Des exceptions du genre de Grant Miller, pourriture qui empoisonnait la société et ne méritait pas de respirer le même air que les gens qui ne demandaient rien d'autre que vivre leur vie normalement, sans pervers psychopathes pour gâcher leur quotidien. Rien que de songer à toutes les femmes et gamines qu'il avait dû toucher, Adrian en avait la nausée, et ça rendait la perspective de lui refaire le portrait avant de l'expédier dans la tombe plus alléchante encore. Il prenait rarement plaisir à tuer, mais pour l'occasion, il ne se priverait pas de faire sentir à ce connard ce que ça faisait d'avoir peur, vraiment peur. Il s'imaginait déjà Miller implorer pour sa vie, se mettre à chialer comme une lavette – il ne serait pas le premier homme à se prendre pour un dieu qu'il verrait se transformer en gamin pleurnichard face à sa mort certaine. Le courage, peu de types le possédait réellement, et si chacun aimait se croire capable d'affronter la fin la tête haute, c'était rarement le cas. Rien ne lui ferait plus plaisir que de voir le mutant se transformer en serpillière à ses pieds, mais au final ça n'avait que peu d'importance. L'essentiel, c'était qu'il crève, le reste, c'était du détail. Restait toutefois à établir la stratégie qui permettrait de se débarrasser de lui, car l'animal était costaud et promettait de leur donner du fil à retordre. Non pas que ça l'inquiète, il en avait vu d'autres. Il savait au moins que l'épaisseur de sa peau n'était pas proportionnelle à sa force, puisqu'il avait été en mesure de le poignarder à la cuisse avant qu'il ne prenne la fuite. Avec de la chance, cette blessure se serait révélée être fort incommodante pour le mutant, et leur donnerait un avantage. S'il boitillait, même rien qu'un peu, Adrian saurait en tirer avantage. Les faiblesses de ses ennemis, il avait appris à les exploiter, c'était à ça que l'armée l'avait formé. Un mutant était un ennemi comme un autre, une traque était une traque ; le tout était de faire les choses correctement. Il s'était jeté tête la première sur le mutant une première fois, et inutile de dire que ça lui avait suffi.

En silence, il écouta les suggestions de la brune qui lui faisait face, se contentant d'expirer la fumée de sa cigarette à intervalles réguliers. C'était clair que ce type là devait considérer toutes les femmes comme lui étant inférieures, le genre d'homme dont la misogynie était effarante. Personnellement, Adrian n'avait jamais compris ces mecs qui s'imaginaient mieux valoir que la gent féminine. Les personnes les plus fortes qu'il connaissait étaient toutes de sexe féminin, toutes de véritables forces de la nature qu'il avait toujours admiré. Sa mère, ses sœurs, sa femme et même le petit brin de femme qu'était sa fille... Peut-être même que Nissa ajouterait son nom à la liste, allez savoir ce qu'elle pouvait bien avoir dans le ventre. De lui-même, Adrian n'aurait pas osé suggérer qu'elle serve d'appât, mais il devait bien reconnaître que l'idée était loin d'être mauvaise. S'il se ramenait directement sous le nez du mutant, il y avait fort à parier pour que les choses dérapent rapidement car comme elle l'avait dit, il ne devait pas être le seul à avoir envie de régler ses comptes. Blessé ou pas, il ne doutait pas un seul envie de l'envie de Miller de vouloir lui briser tous les os les uns après les autres, parce que non content de lui avoir retiré sa proie et de l'avoir poignardé, il avait très certainement heurté son ego. Le genre d'offense impardonnable... A Adrian, ça lui était complètement égal, mais chaque brèche était exploitable. « Si ça te dérange pas de jouer à la demoiselle en détresse, je pourrais profiter de la distraction pour le vacciner en vitesse. » Des doses de NH24, Adrian en avait en réserve, tout comme le NH25. Cependant, pas la peine de gaspiller le second, puisque le Miller, ils n'avaient pas l'intention de le laisser s'en tirer. Pour lui, ce serait un aller simple à la tombe, le tout sans remords. « Le tout, ce sera d'agir tant qu'il est déstabilisé. Va savoir quels effets secondaires le NH24 aura sur lui. Si ça augmente sa force ou réveille une facette en sommeil de sa mutation, ça risque de nous compliquer la tâche. » Avec les deux sérums, c'était toujours quitte ou double. Les effets secondaires pouvaient être gérables comme plus dangereux encore que la mutation originelle, et il était évidemment impossible d'avoir la moindre idée de ce qu'ils pourraient être, c'était la roulette russe génétique. Adrian écrasa sa cigarette dans le cendrier avant de hausser un sourcil. « On pourrait peut-être coupler le vaccin avec une dose d'anesthésiant. Pas hyper glorieux, je te le concède, mais au moins si on voit qu'il menace de se la jouer Hulk, ça nous laissera le temps de nous adapter. » Ou plus simplement de se tirer, quoi qu'il n'énonce pas cette option à voix haute. Adrian n'était pas lâche, mais il était loin d'être idiot. Les batailles perdues d'avance, ça ne servait pas à grand chose de les mener, il n'y avait rien d'honorable à en prendre plein la gueule juste pour le principe.

« Voilà ce que je te propose :on se rend jusqu'à l'usine, tu lui fais ton petit numéro de charme, et pendant qu'il se fait des idées, j'en profite pour le vacciner. Ensuite, avec un peu de chance, ce sera facile. » Une partie de plaisir, se retint-il d'ajouter. Parfois, il culpabilisait presque de prendre du bon temps en arrachant une vie. Presque, parce qu'il avait toujours vite fait de se rappeler que la vie en question était celle d'un connard sans foi ni loi, d'un danger public. Il se souvenait encore trop bien des mutants qui avaient agressé Evie sans raison alors qu'elle était enceinte – et que c'était plus qu'évident. Ce jour là, elle avait failli perdre Aurora, ses pleurs hystériques alors qu'il l'avait retrouvée à l'hôpital résonnaient encore dans son crâne. C'était un crime qu'il n'avait pas pu pardonner, et les dégénérés qui s'en étaient pris à elle l'avaient amèrement regretté. S'il prenait l'affaire de Miller tant à cœur, c'était parce que sa prochaine victime pourrait être Evie. Ou Sasha, la petite serveuse du bar. Ou Emma, sa voisine et mère célibataire. Les gamines qui allaient seules à l'école, les femmes qui vivaient seules... Il n'osait pas imaginer comment il choisissait ses victimes, ce devait être un procédé psychologique absolument tordu qui ne l'intéressait pas le moins du monde. « Je suppose que t'as déjà de quoi l'achever ? » Une question plus pour la forme qu'autre chose, la fois dernière où il l'avait croisée, elle lui avait semblé être aussi armée qu'il était nécessaire de l'être. Lui, il l'était à outrance, mais il partait du principe mieux vaut prévenir que guérir. « Si ça te va, on a plus qu'à se mettre au boulot. » Il se leva et récupéra les verres et la vodka, sans toutefois y toucher cette fois-ci. Il aurait tout le temps de vider la bouteille une fois Radcliff débarrassée du mutant, que ce soit pour célébrer ou engourdir son corps douloureux. Des raisons pour se soûler, Adrian savait en trouver pour toutes les occasions. Certaines excuses valaient simplement mieux que d'autres.
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Nissa Moreno
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MessageSujet: Re: Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA)   Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA) Icon_minitimeDim 3 Jan 2016 - 20:45

Radcliff ressemblait à tous les terrains de chasse. Radcliff avait cet aspect désolé, l’ambiance lourde, et les ténèbres à chaque recoin de rue : ça ressemblait presque au décor dont Nissa avait besoin pour pleinement s’émanciper, embrasser les démons qui grondaient pernicieusement en elle. La jeune femme était livrée à elle-même, esseulée par les circonstances : arrivée au Kentucky, elle s’était retrouvée sans enfant, sans conviction, sans la santé, et sans son mari. Somme toute, l’offre de se distraire, l’offre d’Adrian de rendre la justice là où elle devait être rendue, sonnait plus encore qu’une simple mission – c’était une façon de faire Pénitence, sûrement, pour toutes les années où elle avait si aisément détourné le regard sans penser aux autres. Mère oscillant entre ses devoirs à la maison et son boulot d’infirmière, toujours ambitieuse et douce, la jeune femme avait bien souvent laissé son monde être ça : ses petites habitudes, son fils, l’école, le travail, les fêtes de fin d’année, les petites histoires de voisinage auxquelles elle n’avait accordé aucune importance, ces sorties qu’elle entreprenait avec Benjamin pour changer d’air loin de leurs occupations de parents. Les messages envoyés à longueur de soirée à la baby-sitter pour s’assurer que tout allait bien, les coups de téléphone à ses parents pour raviver le lien entre les générations. Phoenix, sa petite vie ; Phoenix, son atmosphère toute particulière. Phoenix et Nissa Moreno, une autre femme que la chasseresse en soif de vengeance qu’elle était devenue aujourd’hui ; soif de vengeance, soif de violence – les avis pouvaient diverger face à ce fait : et pourtant, le jadis de la brune était jalonné de ses estafilades que les transmutants eux-mêmes avaient laissées dans sa vie, comme ça, sans crier gare, sans qu’elle n’ait rien demandé ou rien fait, parce qu’elle avait été l’exemple type de la femme heureuse qui avait si facilement détourné le regard. Alors qu’avait-elle fait pour mériter tout ça, hein ? Qu’avait-elle fait pour finir aussi bas, destituée de tout ce qui avait fait sa richesse en un autre temps ?! Bien souvent, l’ancienne soldate s’était posée la question, là, face à elle-même, face à son reflet, l’omniprésence de sa solitude, jusqu’aux plus abyssales profondeurs de ses tripes. Sa vie n’avait plus rimé à rien, à partir du moment où le malheur était venu frapper à sa porte – elle avait pourtant cru avoir porté son lot de malédictions, son passé douloureux à bout d’bras : tant d’histoires du front, des victimes qu’elle avait laissées derrière elle, des enfants blessés, décharnés, torturés par les cauchemars qu’elle avait vus, ou aidés parfois. Nissa avait côtoyé le visage le plus affreux du monde ; à de nombreuses reprises, sous de nombreux aspects : elle avait vu des jeunes adolescents à l’esprit retourné, s’lancer dans un attentat kamikaze au nom d’elle n’savait quoi. Elle avait vu des enfants mourir de faim dans l’indifférence la plus totale. Elle avait vu de ses compatriotes, se lâchant sur le front pour donner leur vie pour leur pays, lui revenir blessés de la tête aux pieds, leur avenir changé à jamais. Tant d’images qui avaient voilé la barrière de ses paupières, d’ces réalités qu’elle n’avait jamais racontées à personne – pas même à Benjamin. Ouais, lui il savait certaines choses, il avait saisi certains indices au fond des prunelles éteintes de sa petite-amie ; mais il y avait toujours eu des choses qu’il avait ignorées à son sujet.

A quel point elle avait embrassé ses démons, par exemple, fichant une balle en plein cœur d’un de ces ennemis sortis de nulle part, un jour, pour sauver la vie des siens – ç’avait été un gamin, à peine plus vieux que dix-sept ans, avec une grenade dans les mains. Elle n’l’avait jamais vu différemment qu’une menace, juste une menace - jusqu’à ce que son regard vide ne la fixe à travers la frontière de la mort. Radcliff était un champ d’bataille ; rempli de menaces, rempli d’ennemis aux visages humains. Rempli d’ces personnes envers lesquelles elle n’pouvait ressentir quoique ce soit d’autre qu’une haine vivace : parce qu’après tout ça, il n’y avait que le chaos qui suivait le chaos, comme si en s’engageant dans l’armée, elle n’avait finalement fait que sceller son destin au chagrin pour toujours. Les démons d’ici n’étaient pas différents des démons de là-bas, ceux-là même qu’elle avait tant essayé de laisser derrière elle, à la naissance de son fils. Son fils son Salut ; Aaron sans qui elle n’aurait jamais retrouvé la surface, pas même avec l’aide de Benjamin : tant de faiblesses qu’elle avait gardé cachées et tues au jeune homme à nouveau, des doutes qui froissaient son visage angélique aussitôt avait-elle glissé une main sur son ventre rebondi. Pourrait-elle être une bonne mère ? Son fils ressentirait-il son amour malgré tout ce qu’elle avait traversé ? Etait-ce pour elle l’opportunité de tourner la page ? Tant de questions dont la réponse avait été évidence, brillante au milieu des ténèbres, aussitôt avait-elle enserré son petit corps de bébé juste contre elle, contre sa peau, chaleur contre chaleur, et tout le reste du monde envolé à ses yeux. La guerre, les difficultés, les morts, les visages hideux de ces gamins qu’elle avait laissés à leur pays, ses ennemis – Nissa avait voulu cette vie, Nissa aurait volontiers embrassé cette vie toute simple et niaise, l’rôle stupide et peu ambitieux de mère. Mais il fallait que près de dix ans plus tard, elle se retrouve là, à Radcliff, avec un bien triste bilan de vie pour accompagner tout cela : au moins Adrian n’la fixait-il pas avec toute la peine du monde, la pitié baignant ses prunelles. L’homme ne savait pas grand-chose d’elle, il n’avait pas cherché à l’évaluer plus loin que les apparences dures et impétueuses qu’elle se donnait sûrement, et c’était tout ce que la brune pouvait demander d’un type qui voulait travailler avec elle. Oui, elle n’était plus qu’ça, une chasseuse qui n’hésitait pas à se jeter à la gorge de ses ennemis, se donnait à fond lorsqu’elle posait son attention sur une proie particulière. Et cet homme, ce transmutant à la force supérieure aux autres, n’serait qu’un infime petit nom de quelques lettres parmi tous les autres. Une démarche mécanique désormais, pour la chasseuse qu’elle était devenue, quand bien même son habitude était de travailler avec son mari, l’homme avec qui elle avait tant partagé qu’ils n’avaient ni besoin de mots, ni de longues minutes de préparation pour se comprendre. Adrian n’remplacerait jamais Benjamin, pour sûr, et la chasseuse était de toute manière trop fermée à toute éventualité de ce genre pour même y songer ; mais Adrian était grand, musclé, déterminé – forcément l’allié qui pouvait lui être utile sur le terrain. Chacun à même de contrebalancer les faiblesses de l’autre, une équipe de choc, qui allait entrer en collision avec la misérable personne de Grant Miller. Et peut-être d’autres après, et d’autres encore. Et d’autres encore. L’ambition fière de la Moreno n’s’arrêtait clairement pas à cet homme-là, et si elle n’avait plus aucun moyen de se tourner vers son époux pour retrouver le meurtrier de leur fils, peut-être se pencherait-elle vers Adrian. Peut-être ; si elle se décidait à mettre son orgueil de côté. Si elle savait qu’elle pouvait si fier. Peut-être, oui. La Solak l’analysait alors volontiers, à chaque fois qu’il ouvrait la bouche pour émettre une théorie, une part de plan, ou même une bribe des informations qu’il avait pu récolter. « Si ça te dérange pas de jouer à la demoiselle en détresse, je pourrais profiter de la distraction pour le vacciner en vitesse. » pas besoin de dire le moindre mot ; la jeune femme se contenta de lâcher un sourire sardonique. Tous les moyens n’la dérangeaient pas, pour atteindre la cible qu’elle avait choisi d’atteindre – encore moins lorsqu’il s’agissait d’un type comme celui qu’ils allaient affronter.

Elle avait déjà été confrontée à des enflures de ce genre, rien que les emmerdeurs dans les bars ; et elle s’était bien souvent amusée à flatter leurs égos, avant de leur briser les os du poignet d’un simple mouvement de la main. Mais la bienveillance du blond, aussi professionnelle qu’elle pouvait être, pouvait presque la ramener à un temps qu’elle n’pouvait que regretter – avant de se souvenir que Benjamin était un transmutant. Qu’Benjamin avait trahi tout ce en quoi ils avaient cru pendant toute l’année passée. Que Benjamin et elle, avaient désormais disparu dans les méandres du même jadis qui avait emprisonné Aaron dans ses souvenirs. « Le tout, ce sera d'agir tant qu'il est déstabilisé. Va savoir quels effets secondaires le NH24 aura sur lui. Si ça augmente sa force ou réveille une facette en sommeil de sa mutation, ça risque de nous compliquer la tâche. » le vaccin n’avait jamais été son alternative à elle et il était si peu diffusé en dehors de Radcliff, qu’elle n’en connaissait pas grand-chose ; malgré tout, elle retint toute moue circonspecte à l’idée de devoir agir de la sorte, bien consciente que sans cela, le mutant aurait une bien trop forte dominance sur eux, malgré leur nombre. « On pourrait peut-être coupler le vaccin avec une dose d'anesthésiant. Pas hyper glorieux, je te le concède, mais au moins si on voit qu'il menace de se la jouer Hulk, ça nous laissera le temps de nous adapter. » « On n’fait pas ça pour la gloire, de toute manière. » marmonna-t-elle simplement. « La Benzodiazépine ou la kétamine sont facilement accessibles, et selon le dosage peuvent provoquer de quoi l’assagir. Mais si son système en général est plus actif également, y a pas à rechigner, on peut directement lui injecter une dose de curare, ou du chloroforme. Ce s’rait encore moins glorieux, mais on serait au moins sûrs de n’pas avoir de mauvaise surprise. » même si c’était presque tout c’qu’elle recherchait, comme un fixe, l’adrénaline pulsant dans ses veines. « Voilà ce que je te propose :on se rend jusqu'à l'usine, tu lui fais ton petit numéro de charme, et pendant qu'il se fait des idées, j'en profite pour le vacciner. Ensuite, avec un peu de chance, ce sera facile. » avec un peu d’chance. Elle signa pourtant de la tête, signifiant à son interlocuteur qu’elle avait compris l’idée dans son ensemble, et qu’elle n’était en rien réticente à l’idée de se jeter dans la gueule bien ouverte du grand méchant-loup – c’était ce qu’elle faisait après tout, depuis trop longtemps pour en sortir sans conséquence désormais. « Je suppose que t'as déjà de quoi l'achever ? » c’n’était pas comme si elle n’s’était pas déjà fait un nombre conséquent d’ennemis, de quoi éveiller sa prudence et la pousser à se balader avec de quoi se défendre en toutes circonstances. Des habitudes qui avaient déjà eu la vie dure autrefois ; après les guerres qu’elle avait connues, bien loin d’chez elle, Nissa avait multiplié les nuits d’insomnie, assise sur une chaise, son Beretta entre les doigts comme s’il était là son seul Salut face à des fantômes. « T’en fais pas, on partira pas avant d’avoir fini le boulot – ça vaut mieux pour tout le monde j’suppose. » elle n’avait pas forcément envie de se retrouver avec un mutant aux fesses ; pas maintenant, alors qu’elle traquait elle-même quelqu’un, et que c’était la seule chose qui importait. « Si ça te va, on a plus qu'à se mettre au boulot. » sans se faire attendre, Nissa se releva à son tour, nonchalante presque, malgré les prochaines heures dans lesquelles ils s’engageaient tous les deux – c’était sûrement devenu leur lot quotidien, à l’un comme à l’autre : le tout était de rester l’esprit affuté, en éveil. « J’te suis- » signifia-t-elle dans un vague sourire, alors qu’il la rejoignait à l’extérieur du bar, sous l’ambiance matinale et nacrée d’un Radcliff encore endormi.
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MessageSujet: Re: Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA)   Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA) Icon_minitimeSam 9 Jan 2016 - 5:43


whatever doesn't kill me had better start running
I’VE BEEN LEFT OUT ALONE LIKE A DAMN CRIMINAL, I’VE BEEN PRAYING FOR HELP CAUSE I CAN’T TAKE IT ALL I’M NOT DONE, IT’S NOT OVER. NOW I’M FIGHTING THIS WAR SINCE THE DAY OF THE FALL AND I’M DESPERATELY HOLDING ON TO IT ALL, BUT I’M LOST, I’M SO DAMN LOST (ambiance).

Adrian en était intimement persuadé, ils rendraient service à toute la population féminine de Radcliff en réglant le compte de ce dégénéré doublé d'un pervers. Les types comme lui n'avaient rien à faire dans les rues, à déambuler parmi le reste de la population à la recherche d'une proie potentielle. Miller avait mal choisi sa ville, parce qu'à Radcliff il n'était pas rare de passer de chasseur à chassé. Et il avait mal calculé son coup en décidant de balancer le Blackwood à travers une baie vitrée sans prendre la peine de l'achever ensuite, parce qu'Adrian avait la rancune tenace. Il savait être coriace et têtu, pire qu'un gosse frustré, le tout mêlé à sa rage d'adulte écorché vif par les épreuves de l'existence. Il avait promis à Evie de faire des efforts, de rendre les armes, et il le ferait. Mais pas tout de suite, pas encore, pas tant que ce mutant là respirait encore. Elle s'en doutait bien, qu'il ne sortirait pas de l'enfer dans lequel il s'était plus ou moins volontairement engagé du jour au lendemain, ça lui demanderait un certain temps... Plus vite il se débarrasserait du dégénéré, plus près il serait de rentrer chez lui – chez eux. Grant Miller allait non seulement payer le prix de ses erreurs, mais très probablement également servir d’exutoire à la colère des deux Hunters qui s'étaient retrouvés dans le seul but de lui faire la peau. Pour Adrian, c'était clair que quelque chose ne tournait pas rond chez Nissa – de la même façon que quelque chose ne tournait pas rond chez lui. Il lui semblait reconnaître en elle une douleur silencieuse similaire à la sienne dissimulée derrière un rideau de rage sourde et aveugle, et si elle n'était même qu'un tant soi peu comme lui, ça n'était que la partie émergée de l'iceberg. À force, l'on finissait par reconnaître les mêmes choses, les mêmes blessures, chez différentes personnes. Ils ne se connaissaient pas encore suffisamment pour étaler leurs états d'âme, et peut-être ne seraient-ils jamais assez proches pour cela, mais quelle que puisse être la peine de la Moreno, Adrian compatissait. Il ne savait que trop bien ce que ça faisait d'être malmené au point de ne plus savoir comment respirer sans avoir l'impression de s'étrangler à chaque bouffée d'air, au point de n'avoir que la rancœur comme seule motivation pour se lever chaque matin.

Il hochait doucement la tête aux paroles de la jeune femme – elle semblait savoir ce qu'elle faisait, et c'était tant mieux. La dernière chose dont il avait besoin, c'était d'un boulet à traîner derrière lui. C'était pour éviter les mauvaises surprises qu'il chassait généralement seul, solitaire jusqu dans ses activités de Hunter. Il fallait croire qu'il y avait réellement un début à tout. « Je suppose qu'un bon cocktail de NH25 et de curare devraient suffire à le calmer un moment. Autant ne pas perdre de temps avec la kétamine ou la benzodiazépine si on n'est pas sûrs de leur efficacité. » Il aimait autant ne pas donner à cette pourriture la chance de s'échapper. Adrian n'était pas certain de toute l'étendue de ses capacités, mais il y avait en effet une chance que son métabolisme soit plus prompt à évacuer les toxines que ne l'était celui d'un être humain lambda. Tout ce dont ils avaient besoin, c'était d'une poignée de secondes pour lui faire la peau. Non pas qu'Adrian ne se sente pas d'attaque pour un peu d'action, mais il rechignait davantage à se mettre en danger depuis qu'Evie était passée chez lui. Il avait vu l'horreur dans ses yeux lorsqu'elle avait vu dans quel état il était, et ça n'était pas quelque chose qu'il souhaitait lui imposer à nouveau. Peut-être serait-il obligé de faire une exception, toutefois, car il préférait qu'elle lui passe un savon plutôt que de laisser à Miller la liberté de lui tomber dessus un jour. Il ne put s'empêcher d'afficher un petit sourire en coin lorsque sa partenaire du jour se leva en annonçant qu'elle le suivait – sauf que ce fut lui qui se retrouva à la suivre à l'extérieur du bar, après avoir reposé la bouteille de vodka à sa place derrière le comptoir.  Un silence presque total régnait dans les rues encore endormies de Radcliff, il n'y avait guère qu'à une heure si matinale que la ville semblait être à peu près comme les autres, et non pas comme une cité au bord de la guerre civile. C'était reposant, mais Adrian n'avait malheureusement pas de temps à perdre en contemplation vaine.

L'usine désaffectée dans laquelle se planquait le mutant se trouvait à une bonne demie heure de marche du Quartier Sud, et s'ils auraient pu emprunter la moto d'Adrian pour s'y rendre plus rapidement, il avait jugé préférable d'éviter d'attirer l'attention de Miller avec des bruits d'engin. Après tout, personne n'avait de raison de venir traîner dans un coin pareil, alors ça éveillerait à coup sûr sa curiosité. Autant qu'ils ne s'annoncent pas, qu'ils aient au moins l'avantage de la surprise à défaut d'avoir celui de la force. L'usine comportait plusieurs bâtiments, le plus notable d'entre eux étant un large entrepôt dont les fenêtres n'étaient pas accessibles ; sauf si l'on se sentait l'âme d'un alpiniste. Un autre petit building contenait les bureaux d'une entreprise qui avait dû faire faillite des années plus tôt, et un autre avait dû autrefois contenir des machines de production. Production de quoi, Adrian n'en avait pas grand chose à faire. « Je vais jeter un coup d'oeil à l'intérieur », se contenta-t-il de faire savoir à Nissa en désignant l'entrepôt d'un signe de tête. Il n'était pas encore question de s'y introduire, aussi se dirigea-t-il vers une paire de vieux containers empilés qui devraient lui permettre de voir à l'intérieur du bâtiment. Ses manches retroussés, Adrian escalada les énormes caisses métalliques, et prit soin de rester plus ou moins accroupi lorsqu'il arriva à hauteur des fenêtres – il n'aurait plus manqué que cela, qu'il se fasse repérer comme un imbécile. Il s'approcha jusqu'à pouvoir voir clairement à travers une vitre et scanna les lieux avec minutie. Il ne parvint pas à retenir un claquement de langue agacé lorsqu'il posa les yeux sur quelque chose de particulièrement dérangeant avant de descendre de son perchoir. « Bonne nouvelle, Miller est là. Mauvaise nouvelle, il est déjà debout et il a de la compagnie. » Adrian récupéra son revolver de la ceinture de son jean, qu'il inspecta avec minutie avant de retirer le cran de sécurité. « Et par compagnie, j'entends par là une pauvre fille enchaînée à une grille, étendue sur un matelas sur lequel je ne ferais même pas coucher un chien, probablement droguée jusqu'à la moelle. » Le bâtard, songea-t-il tandis que ses lèvres se tordaient en une grimace dégoûtée. « Je te laisse gérer ton petit numéro de demoiselle en détresse comme tu l'entends. De toute façon, je te suis de près, et dès que l'opportunité se présente... » De l'une de ses poches, il sortit une seringue contentant le NH25, prête à l'usage. Et puisqu'ils avaient fait un petit crochet par une pharmacie "réputée" pour fournir les Hunters en toutes sortes de produits, ils avaient pu se procurer une dose de curare – suffisante pour tuer un cheval. Puisqu'il n'excluait pas l'éventualité qu'elle ait une ouverture avant lui, Adrian tendit à Nissa deux seringues, l'une contenant le vaccin, et l'autre le poison. « On a plus qu'à s'y mettre. J'espère juste qu'il est pas déjà trop tard pour la fille... » Rien que la présence d'un otage, ça le confortait dans l'idée que Grant Miller était une plaie pour la société, qu'il fallait éliminer à n'importe quel prix.
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Nissa Moreno
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MessageSujet: Re: Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA)   Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA) Icon_minitimeVen 12 Fév 2016 - 2:01

Un an de traversée du désert, et la plupart du temps, Nissa se retrouvait à agir comme une toute nouvelle personne. Y’avait plus rien de la mère éprise de son fils, d’l’épouse dévouée et engagée dans son couple. De celle qui avait cru que le monde pouvait être meilleur, si on survivait aux quelques épreuves morales, physiques et psychologiques qu’un Bon Dieu capricieux pouvait imposer. Ils avaient fait une cérémonie, à l’église, pour enterrer Aaron – presque un devoir élémentaire, auquel la Moreno aurait préféré ne pas se plier : toute chrétienne était sa famille, y’avait plus rien aujourd’hui qui la poussait à croire en un Tout Puissant clément, qui n’imposait jamais à ses fidèles des épreuves plus dures que celles qu’ils ne pouvaient affronter – y avait-il vraiment quelqu’un là-haut, d’omniscient et doté de tous les pouvoirs du monde, qui avait jugé qu’elle pourrait subsister sans son bébé ? A la fin de tout ça, la chasseuse se retrouvait aujourd’hui seule, le silence pour seule compagnie dans la minuscule chambre de motel où elle survivait tant bien que mal. Bien, affichait-elle volontiers à tous ceux qui tentaient de l’appréhender d’une quelconque manière ; les liens sociaux, s’préoccuper des autres, s’inquiéter pour eux, elle n’voulait plus de ça, elle n’voulait pas porter encore ces fardeaux-là sur ses épaules. Etait-ce pour ça que les choses marchaient si bien avec Adrian ? Une mécanique toute naturelle qui s’était créée entre eux : large, musclé, chasseur, à bien des égards, le blond avait les mêmes traits physiques que son époux – c’était à croire que ça suffisait dans l’esprit de Nissa. Ca suffisait à s’dire qu’il pouvait se défendre dignement, et qu’elle n’avait donc aucune raison de se préoccuper de quoique ce soit le concernant : elle n’allait pour autant pas rechigner à l’idée de se lancer dans une chasse à ses côtés. Indéniablement, pour le profil de dégénéré que lui présentait le Blackwood, accomplir la tâche à deux ne serait pas un luxe, ni même un caprice excessif, une promenade de santé qui se réglerait en une poignée de minutes avant qu’ils ne puissent reprendre le chemin routinier de leurs vies respectives. Nissa, elle, n’avait rien de mieux à faire, quand bien même son visage fermé, sa volonté de fer et l’efficacité avec laquelle elle traitait des problématiques de cette chasse pouvaient laisser entendre l’inverse. Et quand il était question de chasse, elle aurait pu en vérité passer des jours entiers à planifier une attaque sur le fameux Grant Miller, afin d’être sûre et certaine que rien ne dégénérerait, et que les choses se passeraient de la manière la plus optimale qui soit. Impétueuse, ambitieuse, volontaire ; des traits de caractère qui pouvaient s’avérer aussi imprévisibles qu’un feu de forêt, lorsqu’il était question de se lancer sur le terrain – de bonnes vieilles habitudes, vengeresses et sanguines, que la Moreno tentait de ravaler au quotidien. Surtout maintenant, qu’elle n’devait plus que compter sur elle-même pour se relever, indemne ou presque, de chacune des missions dans lesquelles elle se jetait à corps perdu. Ça n’avait pas été y’a si longtemps, qu’elle avait manqué de peu de finir écrasée sous un immeuble effondré, juste parce qu’elle s’était lancée sans réfléchir à la poursuite d’un transmutant parmi d’autres. Peut-être bien, que la responsabilité d’bosser en duo lui permettrait de diriger son énergie dans le bon sens ; d’bien des façons, Adrian avait tout pour ignorer les antécédents de son interlocutrice – il la voyait comme une bonne chasseuse, prompte à n’jamais lâcher l’affaire, furieuse combattante probablement. Tant de flatteries, qui n’parvenaient pourtant pas à contrebalancer le déséquilibre qui s’était créé en la brune, près de douze mois plus tôt, lorsqu’on lui avait si brutalement arraché sa raison de vivre ; exceller dans la chasse, exceller dans la rage et le meurtre, ça assombrissait son âme de jour en jour, et y’avait plus aucune raison pour elle de se retenir.

L’air matinal de l’extérieur eut au moins l’effet bénéfique de l’apaiser : elle s’était pourtant montrée à l’écoute, prompte à réfléchir aux problèmes qui s’étaient posés à eux – efficace dans le moindre de ses désirs, chaque goutte de sang qu’appelaient ses tripes. Elle le voulait, ce mutant maintenant ; mais lorsque Blackwood quitta l’enceinte du bar pour s’engager avec elle à travers les rues encore endormies de Radcliff, Nissa avait au moins le visage paisible, fermé. Concentrée, concentrée comme elle l’avait été sur le front, à dévisager tous ses adversaires comme des ennemis meurtriers, à sentir sa vie ne reposer que sur ses capacités à elle. Sa capacité à tirer, viser aux bons endroits avec une arme à feu ou une arme blanche. Sa capacité à défendre sa vie, l’instinct de survie qui battait dans ses veines. Sa capacité à soigneusement doser le curare qu’ils avaient choisi d’embarquer dans leur petite expédition : au niveau de la pharmacie à laquelle ils s’arrêtèrent, et sans demander son avis à Adrian, c’est elle qui prit les commandes. Il ne le savait peut-être pas, Adrian, mais elle avait été infirmière en son temps, médecin pour l’armée, habituée à ce genre de cocktail selon les circonstances. Les substances dangereuses - leur dosage, leurs effets - elle les connaissait toutes, quand bien même rares étaient celles qui étaient tombées entre ses mains. C’n’était pas dans son habitude, de calculer un plan de la sorte : avec Benjamin à ses côtés, ils avaient combattu comme s’ils n’avaient jamais rien eu à perdre, comme s’ils vivaient leur dernier face à face en chaque circonstance. A chaque fois, ils avaient survécu, subsisté parmi les cadavres de leurs adversaires : c’était comme ça, qu’ils étaient devenus des hunters, remontant, remontant lentement mais sûrement la piste de leur ennemi juré. Et Radcliff pour dernier décor – sans son époux, désormais. Et pendant toute la marche qui les mena jusqu’aux abords de la ville, Nissa s’efforça d’éloigner du mieux possibles de ses songes, toute pensée parasite et agaçante qui pouvait concerner de près ou de loin, l’homme à qui elle avait juré tous les vœux de loyauté et de fidélité possibles et imaginables. En fin d’compte, ça n’avait jamais empêché l’homme de la trahir elle – de devenir un transmutant, et d’épouser pleinement cette condition. Où était-il maintenant ? Elle n’voulait pas savoir, n’voulait pas quantifier, n’voulait pas qualifier le chagrin, la fureur incandescente qui lui bouffait les veines aussi efficacement que la maladie sans nom que portait chacun des battements de son cœur. Miller – Miller était leur but, la pensée qui devait concentrer tous ses neurones, chaque synapse de son esprit, et la moindre énergie qui pulsait dans ses muscles. Aux abords de l’usine désignée par Adrian, la Moreno prit le temps de s’arrêter, déposant le sac qu’elle avait emmené avec elle à ses pieds ; elle en sortit les fioles de curare, les seringues vides qu’elle commença à remplir, en des gestes mécaniques, réflexes à ses doigts, tandis que ses yeux sombres, eux, examinaient déjà le décor. L’endroit était isolé, sans doute pour servir les ambitions dégueulasses du pervers de transmutant qui se trouvait là-dedans : au moins, ce fait si simple leur permettrait à eux aussi, d’avoir bien plus de marge de manœuvre. « Je vais jeter un coup d'oeil à l'intérieur. » et elle ne lâcha aucune parole en réponse, ni n’adressa le moindre signe à son collègue – Adrian n’en eut pas besoin pour partir de son côté. Les seringues remplies, elle poursuivit ses propres actions, dégageant sa veste de ses épaules, baissant outrageusement son tee-shirt sur son décolleté ; au moins était-il avantageux, Nissa faisait partie de ces femmes chanceuses gâtées par la nature au niveau du tour de poitrine, ce genre de petits détails qui devaient faire mouche chez quelqu’un comme Grant Miller. Elle se penchait tout juste vers sa chaussure pour attacher autour de sa cheville l’étui d’une arme à feu, que le chasseur revenait à son niveau. « Bonne nouvelle, Miller est là. Mauvaise nouvelle, il est déjà debout et il a de la compagnie. »

Compagnie. Mâchoires crispées, elle retint un soupir tandis qu’elle prenait soin de masquer son flingue avec son pantalon – accessible, mais pas au point de la vendre au premier coup d’œil. « Et par compagnie, j'entends par là une pauvre fille enchaînée à une grille, étendue sur un matelas sur lequel je ne ferais même pas coucher un chien, probablement droguée jusqu'à la moelle. » la description sommaire de Blackwood aurait dû faire frissonner n’importe qui – probablement que rien que pour ça, Nissa parut aux yeux de son vis-à-vis comme froide et inaccessible, tandis que ni sur son visage, ni dans les songes qu’elle garda pour elle, il n’sembla y avoir aucune réaction à ce sujet. « Je te laisse gérer ton petit numéro de demoiselle en détresse comme tu l'entends. De toute façon, je te suis de près, et dès que l'opportunité se présente... » la seule réponse qu’Adrian eut, fut une œillade dans sa direction, alors qu’elle prenait les seringues de vaccin et de curare les rangeant au niveau de sa ceinture, du côté gauche, juste sous son tee-shirt. « J’vais essayer de l’éloigner de la fille, alors. S’il pense que je l’ai vue, de toute manière, il ne m’fera pas confiance. » c’n’était pas de sa confiance qu’elle avait besoin, certes, mais l’idée était-là – fallait au moins que Miller soit assez sûr de lui pour penser qu’il avait le dessus, et qu’elle ne serait pas un témoin encombrant dans sa petite histoire avec une gamine trop jeune pour lui. « On a plus qu'à s'y mettre. J'espère juste qu'il est pas déjà trop tard pour la fille... » équipée de son arsenal restreint, Nissa enfonça finalement son téléphone dans la poche de son pantalon, juste après l’avoir vérifié une dernière fois – tout pile l’information dont elle avait besoin. Un coup d’œil d’assentiment vers Adrian, et elle récupéra sa veste, la nouant autour de sa taille, balayant sa chevelure sombre d’un geste habile de la main, avant de s’engager en direction de l’entrepôt habité. Les pas assurés des premiers mètres furent ceux de Nissa, la chasseuse avisée et déterminée – mais aux abords de l’entrepôt, elle ralentit, chacun des bruits de ses pieds sur le gravier résonnant comme une hésitation de plus : elle n’était certainement pas une actrice bonne à être oscarisée, et ses réflexes d’envoyer son poing dans le nez de Miller aussitôt qu’elle le verrait la démangeraient assez vite, mais fallait bien jouer le jeu, puisqu’elle avait elle-même proposé d’être l’appât dans cette histoire. Le visage crispé dans une inquiétude aisément feinte, elle songea à son fils, presque sans le vouloir : toutes ces fois où elle avait senti son cœur s’emballer à la vitesse de l’éclair, lorsqu’elle avait regardé dans la rue par une des fenêtres de la rue sans le voir. L’inquiétude, le stress, l’épuisement qui avait hanté chacun de ses songes au moment où ses instincts parentaux avaient été mis à rude épreuve. C’était tout ce dont elle avait besoin, comme réminiscence dégueulasse pour avoir l’air d’une femme fragile, esseulée, perdue. La cible parfaite, pour un taré – et l’entrée en scène du principal protagoniste ne se fit pas attendre ; Grant Miller surgit du fond de l’usine désaffectée sans crier gare, lui offrant un sourire charmant, un brin enjôleur, effrayant si on connaissait ses lubies. « Oh mon dieu-, merci. » une main sur son cœur, le soulagement étirant ses lèvres à elle dans un sourire aimable et innocent, comme si elle avait marché des heures, et qu’elle venait de trouver son sauveur. « Un problème, mademoiselle ? » « Ow-ehm… ehm ça fait au moins quarante minutes que j’tourne en rond sans trop savoir où j’vais-. » et pour en rajouter une couche, elle tira son téléphone de sa poche, la main légèrement tremblotante - « Y’a- y’a pas de signal et-… et bah, faut croire que j’me suis complètement paumée. J’étais sûre d’être dans la bonne direction pourtant-… » « Qu’est-c’que tu cherches, ma jolie ? J’connais bien le coin, moi. » et Nissa semblait tellement prise dans l’épuisement de sa longue marche, son regard hagard, à la recherche d’une direction ferme et définitive, comme si elle ne voyait même pas les œillades lubriques qu’il lui lançait, de la tête aux pieds. « J’ai-j’voulais appeler mon assurance, histoire d’avoir une dépanneuse, ma-… ma voiture est tombée en rade un peu plus loin, au beau milieu de la zone industrielle. Y’a pas une station essence quelque part à proximité où j’pourrais contacter quelqu’un ? » et elle sembla subitement manquer de s’étouffer avec sa propre salive, comme si elle avait trop parlé, trop vite, sans reprendre son souffle. « J’savais pas qu’il pouvait faire aussi chaud, aussi tôt ici. » d’un geste las du poignet, elle s’éventa, son autre main se posant sur sa hanche, tandis qu’elle offrait un sourire charmant au transmutant. « Désolée, ehm... juste, vous savez par où je dois aller ? Promis je vais pas vous embêter avec mes histoires. » et c’était comme si la politesse obséquieuse s’était envolée chez le fameux Grant Miller – songeur, pour une seconde inconscient qu’elle attendait une réponse. « J’ai un téléphone fixe, à l’intérieur. Vous pouvez appeler de là. » peu regardant sur le regard éloquent qu’il promena tout le long de la silhouette de la jeune femme, Miller lui fit un signe, à la naïve idiote qui venait de s’égarer jusqu’aux abords de son antre.

C’était à croire qu’elle s’était prise au jeu : un sourire, un air soulagé et un merci on ne peut plus élégant, et elle suivait sa proie, toute naïveté affichée. Elle n’eut qu’une seconde, pour laisser les masques tomber, tandis que ses iris s’adaptaient difficilement de passer à la lumière fraiche de l’extérieur, à la pénombre d’un entrepôt silencieux, où la tension était palpable. Maintenant qu’elle avait commis les pas décisifs à l’intérieur de la tanière du loup, Miller ne la lâchait plus du regard, persuadé qu’ils étaient seuls, qu’il pouvait agir à son gré et qu’elle n’en ressortirait pas indemne quoiqu’il en soit : comme prévu, le mec était prétentieux, arrogant, et bien trop sûr de lui. En plus d’être un misogyne de première – combien de fois déjà, avait-il reluqué le décolleté de la brune ? De tous les pièges qu’elle avait eu à tendre à des dégénérés, celui-ci était de loin le plus stupide, le moins crédible et le plus efficace de tous – être un transmutant, était décidément le moindre des défauts de c’mec, ça en disait long sur l’reste. Sans un mot, trop occupé à disloquer ses apparences sympathiques l’une après l’autre, le transmutant lui désigna un téléphone accroché au mur – Nissa lui offrit ses yeux de biche les plus faux en guise de remerciements ; assez pour mettre en branle la mécanique perverse du personnage. Elle avait à peine décroché le combiné, pour commencer à composer le numéro de son propre téléphone, que Miller s’abattit brusquement dans son dos, ses deux mains fermement accrochées à la taille fine de la chasseuse – l’une d’elles, plus aventureuses que l’autre, ayant déjà glissé sur les courbes du bas de son dos. Et contrairement à ce que le caractère imprenable, chaotique et indépendant de la Moreno pouvait laisser entendre, y’avait toujours eu que Benjamin dans sa vie ; Benjamin, son premier amour de lycée. Benjamin, l’homme duquel elle n’avait pas pu s’empêcher d’être amoureuse, là-bas, au front, si loin de lui. Benjamin, son époux – le père de son fils. Clairement, les mains de l’intrus la répugnaient et le frisson qui la parcourut n’était ni synonyme de crainte, ni d’une quelconque hésitation. Rien d’autre que de la hargne, de la véhémence, un brin de sa raison qui la forçait à continuer à jouer son jeu – pour quelques secondes, quelques secondes de plus. Contre sa nuque, elle sentit le souffle du type lécher sa peau, chacun de ses désirs lubriques et indécents transpirant à travers ses gestes. C’était donc ça, ce que ressentaient les filles esseulées et vulnérables au moment où le danger se refermait autour d’elles – c’était donc ça, ce qu’Aaron avait ressenti, l’adrénaline remuant ses tripes, au moment où il avait su que quelqu’un avait décidé de son sort. Il n’y avait jamais eu aucun autre homme que son mari, aussi étroitement collé à elle, aussi violemment accroché à sa peau, les doigts aventureux, les gestes déplacés. Et elle feignit la craintive, sa voix hésitante lui demandant de s’écarter, de la laisser tranquille – un s’il vous plait en guise de bonne comédie, des larmes incontrôlables glissant aux frontières de ses paupières. Oh, finalement elle était bonne actrice la Moreno : où commençait la réalité, où s’arrêtait le jeu ? Le cœur tambourinant contre sa poitrine, de rage tout autant que du reste, elle n’savait plus – n’savait plus jusqu’à ce que le dégénéré la pousse contre le mur, dans un volte-face qui la fit s’écraser contre celui-ci, face à lui. Il avait bel et bien une force surhumaine, dont il venait d’user pour à moitié la sonner et recommencer son manège – trop occupé, trop occupé à tâter tout c’qu’il y avait à tâter, pour se rendre compte qu’elle avait glissé le bout des doigts de sa main gauche au niveau de sa taille, ses phalanges s’enroulant autour des deux seringues, pile au moment où Miller enserrait sa gorge fine dans une prise impétueuse, dégageant le cou pour ses lèvres, son attaque, si proche, si répugnante. Tout se passa en une fraction de seconde, Nissa levant le bras plus vite que le dégénéré, qui s’était décidé à profiter sans concession – et avant qu’il n’ait pu aller plus loin, c’était son cou à lui qui se trouvait pris d’assaut, les deux aiguilles plantées dans sa jugulaire, les deux poisons se mêlant l’un et l’autre au sang du dégénéré, dans un cocktail explosif. Pour Nissa, la conséquence de ses gestes ne se fit pas attendre, Miller l’envoyant au sol dans un beuglement de rage – dans le choc, tous ses os vibrèrent en signe de protestation, et la tête lui tourna encore plus, en une nausée oppressante, à l’arôme ferreux comme elle le connaissait si bien. Combien de temps, combien de temps avaient-ils avant que les deux substances ne fassent effet ?
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MessageSujet: Re: Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA)   Whatever doesn't kill me had better start running (NISSA) Icon_minitimeDim 13 Mar 2016 - 22:08


whatever doesn't kill me had better start running
I’VE BEEN LEFT OUT ALONE LIKE A DAMN CRIMINAL, I’VE BEEN PRAYING FOR HELP CAUSE I CAN’T TAKE IT ALL I’M NOT DONE, IT’S NOT OVER. NOW I’M FIGHTING THIS WAR SINCE THE DAY OF THE FALL AND I’M DESPERATELY HOLDING ON TO IT ALL, BUT I’M LOST, I’M SO DAMN LOST (ambiance).

Une proie, un chasseur. C'était généralement ainsi que pouvaient être résumées les chasses du Blackwood. Savoir que la vie d'une jeune fille était entre ses mains le mettait mal à l'aise, parce que c'était une responsabilité dont il ne voulait pas mais dont il ne pouvait refuser le poids. Cette fille, il ne pouvait pas l'ignorer, faire comme s'il ne l'avait pas vue. Parce que cette fille était forcément la fille de quelqu'un, elle avait certainement des frères et sœurs, des amis... Elle n'était pas simplement . Si l'objectif principal d'Adrian avait été le mutant, il se voyait forcé de réévaluer ses priorités. Peut-être que c'était stupide, peut-être qu'il était déjà trop tard pour elle, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Sans avoir la prétention de jouer au chevalier servant pour cette fille là ou une autre, c'était le genre de situation qui ne le laissait pas indifférent. Depuis qu'Amelia était morte – assassinée – le regard qu'il portait sur les femmes avait changé. Il ne les avait jamais considérées comme de pauvres petites choses fragiles sur lesquelles l'on devait veiller – les personnes les plus fortes qu'il connaissait étaient des femmes, qu'il s'agisse d'Evie, de Cecily ou même de la Moreno – mais il était incapable de rester de marbre face à la détresse de l'une d'entre elles. Peut-être parce qu'il regrettait de n'avoir rien pu faire pour Amelia, de ne pas avoir été là pour elle quand elle avait eu le plus besoin de lui, alors il devait venir en aide à celles qui en avaient besoin. C'était presque une motivation égoïste, une façon pour lui de se sentir mieux. C'était minable, il le savait, mais il n'était plus à un défaut de plus. Il accorda un dernier regard à Nissa avant de disparaître dans la direction opposée à celle qu'elle avait empruntée, pour s'introduire dans l’entrepôt pendant qu'elle se chargeait de distraire Miller. Il fallait qu'il fasse vite, que ce soit pour l'otage ou sa partenaire du jour, qu'il n'avait pas l'intention de laisser seule entre les griffes du mutant pervers. Il ne doutait pas de ses qualités de chasseuse, mais ils ignoraient combien de temps il faudrait à leur petit cocktail de toxines pour faire effet. Secondes ou minutes... là était la question, et toute la différence.

Aussi silencieusement que possible, Adrian força le verrou d'une porte métallique située à l'arrière du bâtiment. Pour peu que Nissa ait trouvé comment occuper le mutant, il pourrait se charger de transporter sa jeune victime en sécurité avant qu'il ne se soit aperçu de sa disparition. Sur ses gardes et arme en main, au cas où Miller aurait des complices, il pénétra dans l'entrepôt. Une odeur entêtante de rouille et de pourriture flottait dans l'air, ce qui lui fit froncer les narines de dégoût. Pas étonnant que le dégénéré ait choisi de faire de l'usine désaffectée son antre, personne ne devait y avoir mis les pieds depuis des années. Encore une ruine que la mairie n'avait pas encore faite raser, parce qu'il y avait, comme toujours dès qu'il s'agissait de bureaucratie, plus important. Avançant à pas de loups, Adrian ne tarda pas à apercevoir l'otage, étendue et inconsciente sur un simulacre de matelas. Inconsciente, c'était du moins ce qu'il espérait, car elle semblait être dans un tel état de malnutrition qu'il n'aurait guère été étonné de la trouver morte. Et Dieu seul savait quel sévices Miller avait bien pu lui faire endurer, et pendant combien de temps. Les traits déformés par la colère, le chasseur s'approcha – pour complètement se figer lorsque de l'autre côté du bâtiment, c'était Nissa et leur proie qui faisaient leur entrée. Un juron lui échappa dans un murmure tandis qu'il glissait jusqu'à la jeune fille ; une gamine réalisa-t-il avec un effroi certain. Elle ne devait pas avoir plus de quinze ou seize ans, son corps à moitié nu était couvert d'hématomes et autres plaies suintantes, sa respiration lui paraissait sifflante et difficile. Pauvre gosse, songea-t-il en s'agenouilla à côté d'elle, attrapant délicatement le poignet auquel étaient attachées ses chaînes pour tenter de trouver le moyen de l'en défaire le plus discrètement possible. Elle était enchaînée à une grille qu'il devinait pouvoir soulever sans trop de difficultés – lui, véritable colosse en comparaison de l'adolescente – mais cela ferait du bruit. Essayer de briser les chaînes en ferait tout autant, alors il allait devoir trouver une autre solution, et vite. Chacun des regards qu'il posait furtivement sur Nissa et le mutant le faisait frissonner de dégoûts, les mains de Miller étaient décidément bien baladeuses. Un tel comportement le répugnait, mais ils avaient besoin de cette distraction.

Ne voyant pas ce qu'il avait à y perdre, Adrian se saisit des maillons de la chaîne qui lui paraissaient être les plus fragiles et tenta de les tordre pour réussir à en ouvrir au moins un – en vain. Un claquement de langue agacé lui échappa avant qu'il le scanne la surface autour de lui à la recherche du moindre instrument qui pourrait lui permettre de libérer la jeune fille sans la blesser. Pas très loin, il y avait une caisse à outils, dans laquelle il y aurait peut-être – s'il avait de la chance – une pince coupante. Le chasseur n'eut toutefois pas le temps de se relever pour aller le vérifier, le cri rauque de Miller résonna dans tout l'entrepôt, et Adrian se redressa juste à temps pour voir le mutant envoyer Nissa au sol d'un geste d'une brutalité sans nom. « Putain. Bâtard » cracha-t-il instinctivement en norvégien avant de poser sa paume sur le front de l'adolescente, lui faisant la promesse silencieuse qu'il reviendrait pour elle aussitôt le sort de son tortionnaire réglé. Adrian bondit, arme au poing et rejoignit Nissa au grand galop, juste à temps se jeter sur Miller qui s'apprêtait à la frapper de nouveau. Les deux hommes heurtèrent violemment le béton, mais le chasseur – qui lui n'était pas sonné par un mélange de NH25 et de curare – se releva le premier après avoir récupéré son revolver, qui avait atterri un mètre plus loin. « C'est pas une façon de traiter une dame, tête de con. » Miller le dévisagea avec stupeur quand il le reconnut, puis la colère eut vite fait de remplacer la surprise. Sans doute regretta-t-il de ne pas l'avoir achevé après lui avoir fait traverser une baie vitrée, des regrets qu'Adrian avait bien l'intention de démultiplier.

Avant que le dégénéré n'ait pu l'atteindre, il vida le chargeur de son arme sur lui ; pour constater avec amertume que les balles, si elles l'avaient effectivement écorché, n'avaient pas pénétré ses chairs assez profondément pour causer de quelconques dommages irréversibles. Mais le sang de Miller coulait, leur poison commençait donc à faire son effet. Ne suffisait que de l'occuper pendant un petit moment. « … Okay. Okay, plan B. » Si tu ne peux pas te servir de tes armes, sers-toi de tes poings, lui avait un jour dit un Colonel de l'armée. Ce fut donc son poing qui s'écrasa dans la mâchoire de Miller, mais également ses jointures qui craquèrent. Une grognement de douleur et de frustration lui échappa, et il ne put qu'encaisser avec bien peu de grâce le crochet que lui rendit Miller. Il s'étala sur une pille de palettes en bois et, légèrement secoué, chercha quoi que ce soit pouvant l'aider à contrer Miller le temps que Nissa reprenne ses esprits vienne lui filer un coup de main. Ses doigts se refermèrent sur une barre de fer, il ne perdit pas une seconde pour l'envoyer s'écraser sur le visage du dégénéré, qui recula en titubant et en crachant quelques dents. « Plan C. » railla-t-il en se relevant, et sans lâcher son arme improvisée. « Quoi, t'as mal ? Tu sais pas ce que c'est la douleur, tu découvres ? T'inquiète, on va t'apprendre ce que c'est que d'être comme tout le monde. » Ce fut dans son estomac que la barre de fer le cueillit, l'envoyant rouler lamentablement jusqu'aux pieds de la Moreno. Adrian mourait d'envie de laisser toute sa haine et son dégoût pour l'individu s'exprimer en une pluie ininterrompue de coups, comme un berserkr des temps anciens. Mais il allait s'abstenir, parce que contrairement à Miller, il n'était pas une bête sauvage, lui.
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