Saül ∞ Monroe

Quel ennui. J'avais pensé qu'être le patron d'une boîte réservée à la luxure ne m'ennuierait jamais. Après tout, je pouvais percevoir mes pétales se déhancher à mon bon plaisir et je pouvais même profiter d'eux si l'envie m'en disait. Mais certains jours, je m'ennuyais tout simplement. Surtout ce genre de jours où je devais m'occuper d'un tas de paperasse inutile et sans intérêt. Enfin, je suppose que c'est le prix à payer pour prendre du bon temps. Encore que c'est surtout les clients qui en prennent, je ne le fais jamais. Ou presque. Je n'en vois pas l'intérêt à vrai dire et puis, tout le monde ne m'attire pas. Il en faut pour plaire au grand et terrifiant Monroe. Je me concentrais à nouveau sur mes papiers, il fallait qu'ils soient remplis avant un temps imparti alors je ne devais pas flemmarder. Je lisais, je signais, je lisais, je signais, je lisais, je jetais. C'était un tourbillon sans fin et qui m'ennuyait. Vint finalement la dernière feuille que je signais avant de me laisser tomber un peu plus dans mon fauteuil. Maintenant, j'avais besoin de m'amuser. De beaucoup m'amuser, pour combler l'ennui. Je me levais donc et je sortais de mon bureau en prenant soin de le fermer à clé pour éviter une intrusion quelconque. Je marchais tranquillement jusqu'à la pièce centrale, là où l'on ne sent que l'odeur de l'alcool, de l'argent et de la luxure. J'emplissais mes narines de ces odeurs en inspirant longuement avant de m'approcher du bar pour m'y accouder.

Passant un regard bref sur la salle, j'observais ma clientèle qui ne faisait que baver devant le spectacle face à eux. D'un air paniqué, le barman s'approcha de moi pour me demander si je voulais boire quelque chose. J'étirais un faible sourire avant de lui répondre négativement, jubilant au fond de moi de l'effet que je provoquais. J'avais bien le droit d'en profiter après tout. J'observais la danseuse qui semblait stressée aussi, sûrement parce que j'étais là. Je souriais à nouveau avant de me rendre dans ce que j'appelle l'envers du décor, là où mes pétales se préparent. Ceux que je croisais me saluait poliment tandis que j'avançais, ne leur accordant même pas un regard. Dans l'instant présent, j'avais seulement besoin de ma friandise. Je l'apercevais finalement, un peu plus loin. J'avançais plus rapidement jusqu'à m'arrêter à quelques centimètres de lui. Pas un bonjour, pas même un mot. Je me contente de le fixer intensément dans les yeux avant d'avancer ma tête au près de son oreille pour lui murmurer : " Rendez-vous dans mon bureau, dans dix minutes maximum. " Je m'éloigne ensuite, le fixant à nouveau avant de repartir jusqu'à mon bureau. Saül, ce cher garçon qui me déstabilise au plus haut point. J'ai besoin de divertissement, de distraction et il sera à même de mes les donner, sans aucun doute.

J'arrive dans mon bureau et je fais un peu de rangement. Je range en fait les papiers que je viens de trier, au cas où j'ai besoin d'utiliser mon bureau. Je m'installe ensuite dans mon fauteuil, attendant patiemment sa venue en faisant attention à l'heure. S'il met plus de dix minutes, il en subira les conséquences. Heureusement pour lui, j'entends la porte toquer avant le temps imparti. " Entre. " Je me redresse sur mon fauteuil, le fixant à partir de l'instant où il franchit le seuil de ma porte jusqu'à se mettre face à moi. Je reste ainsi, silencieux, à le fixer comme pour le déstabiliser avant de finir par lui expliquer la raison de cet entretien. " J'ai un problème Saül, un gros problème. " Je me laisse enfoncer un peu plus dans mon fauteuil sans pour autant le quitter des yeux. Je finis par le dévisager de haut en bas, partagé entre mon envie de l'attraper et de goûter aux plaisirs charnels là, sur mon bureau ou entre celle de frapper cet air innocent d'un bon coup, juste pour le plaisir. " Je m'ennuie, fermement. J'ai alors pensé à toi, toi qui sais divertir. " J'affiche un léger sourire amusé avant d’humidifier lentement mes lèvres. " Alors Saül, que me proposes-tu pour m'aider à chasser l'ennui ? "