Autour d’elle, le temps s’était arrêté. Les bruits de fusillades s’étaient dissipés, l’agitation chaotique de ce début de soirée semblait loin, très loin. L’espace d’un instant, il n’y avait plus qu’elle, elle face au corps de l’enfant qui s’étalait lourdement sur le sol. Elle, sa voix, déchirant les bruits de combat par ses cris. Cora. Sa tendre et innocente Cora, victime de ce monde affreux autour d’elle. Un spectacle au ralentit  dont la brune se réveilla pourtant bien vite, sautant sur ses pieds pour se ruer aux côtés de l’enfant. Une poignée de secondes qui avaient semblées durer des heures ; pourtant, les décombres encore fumant de la voiture qui avait explosé à quelques mètres d’elle en était la preuve.  « Cora  ! » souffla-t-elle, paniqué, en atteignant enfin le silhouette frêle de la petite fille. L’enfant s’était redressé à moitié, le visage noirci par l’explosion. « Cora, tu vas bien ? Dis moi où tu as mal ! » La détonation avait poussé son corps à quelques mètres de la voiture piégée,  mais n’avait pas été assez puissante pour atteindre réellement l’institutrice et sa protégée. Les traits innocents de Cora tordus la douleur serrèrent le cœur de la jeune femme ; le regard de Tessa-Sage examina rapidement la fillette : quelques égratignures sur le visage, son pantalon déchiré sur ses deux genoux. Rien de bien grave. Puis ses yeux s’égarèrent sur son bras. Un murmure plaintif s’échappa de la bouche de l’enfant alors que la brune la releva pour mieux voir : une longue brulure s’étendait du coude à l’épaule. Tessa ferma les yeux quelques secondes, soufflant bruyamment, tâchant de reprendre le contrôle. Elle devait se calmer. Elle devait avant tout évaluer les priorités : s’assurer que Cora pouvait marcher, trouver un endroit sur le temps, puis aller chercher les secours. Trois tâches simples, que l’institutrice se répéta en boucle durant plusieurs secondes, se calmant peu à peu en regagnant ainsi emprise sur la situation.

« Je pense que je peux marcher Tessa, c’est bon. » répondit Cora à la question que la brune n’avait pas encore posé. Raison de plus pour reprendre le contrôle : la fillette ne devait pas savoir qu’elle paniquait, et le simple fait d’y penser inquièterais l’enfant. « Parfait mon cœur, accroche toi à moi. » Tessa-Sage compta jusqu’à trois, puis attrapa l’enfant par la taille pour l’aider à se mettre sur ses pieds ; un simple geste qui arracha un mimique douloureuse à la jeune Salinger.  Sans la lâcher, l’institutrice et son élève commencèrent à avancer, Tessa entrainant sa protégée vers le mur en espérant trouver un endroit où se réfugier. Quelques mètres plus loin, assise contre le mur, une femme. Jeune, brune, ayant surement elle aussi été surprise par l’explosion. Arrivée à sa hauteur, Tessa ne pu s’empêcher de s’assurer qu’elle allait bien. « Tout vas bien Mademoiselle ? »