Elles défilent sous ses yeux impatients, elles rallongent leurs courses, distendent le temps comme pour le mettre au supplice. Elles étirent sa colère, la resserrent autour de son corps plus elles filent. Pourtant, elles le captivent, attirent son regard sur elles, et il ne peut sans détachés. Il les fixe, les examine minutieusement, jusqu’à qu’un coup ne vienne se fracasser contre le bois de sa porte d’entrée. Et là, ses poings se crispent sur son jogging. Ils s’appuient contre sa chair. Énervé, il reste là, figé dans sa position inconfortable. Penché en avant, le dos courbé, et la nuque pendante il continue de les scruter. Une seconde, deux, trois, quatre. Elles s’enchainent devant lui, elles semblent attiser sa colère avec leur danse lente. Ses muscles se crispent sous le coup d’un nouveau coup contre le battant de bois, mais celui-ci ce fait plus fort, plus insistant, preuve de l’impatience de son visiteur. L’impatience tu parles ! Cet idiot avait plus de quinze minutes de retard à son actif, et il ose malmener sa pauvre porte d’entrée ? Putain, il avait un de ces culots ! Ce serait plutôt à lui de fracasser ses doigts contre sa mâchoire, le gamin lui avait fait perdre son temps et sa patience. Au début, il avait patienté sagement, mis les quelques secondes de retard sur le compte d’une circulation un peu trop capricieuse, mais quinze longues minutes, non, il avait fini par perdre son sang-froid.

Parce que la ponctualité c’est la règle numéro une, la règle d’or. Celle qu'il ne faut jamais bafouer, sous peine de mort. Son père lui avait si souvent rappelé qu’à présent elle était inscrite en lettre rouge dans son cerveau. Elle clignotait même parfois, comme l'une de ses enseignes de bar. Il se souvenait encore au mot près du discours de son père. « Soit toujours à l’heure mon fils, la ponctualité est la clé. Une minute de retard, une seule seconde peu te mener à la mort, ou mener à la mort l’un de tes collègues. Les mutants ne t’attendront pas pour commencer le massacre, ils ravageront les tiens sans ciller, avec ou sans toi ! » Avec raideur, il s’extirpe de son fauteuil, parcourt les quelques mètres qui le tienne éloigner de la porte, et l’ouvre a la volée. Sans un bonjour, ni un regard sa main agrippe avec violence le col de son tee-shirt, ses doigts griffent sa chair. Sans même lui laisser le temps de réagir, il l’attire dans l’appartement, claque avec fermenté la porte d’une main et de l’autre le plaque contre. C’est agressif, brutal, mais le chasseur a l’air de s’en foutre, les yeux plissés de colère. « T’as dix minutes de retard. » qu’il crache. Ses phalanges toujours fermement accrochés au tissu, il plonge son regard enflammé dans celui du plus jeune. « La prochaine fois je te jure, j’te laisse crever sur le perron. » Sa voix claque dans l’air, et l’atmosphère se refroidit autour d’eux, il gèle momentanément sous le coup de sa froideur.