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 Fly me to the moon [Jamie]

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Darrel Grimwood
Darrel Grimwood

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MessageSujet: Fly me to the moon [Jamie]   Fly me to the moon [Jamie] Icon_minitimeDim 30 Juil 2017 - 17:03

Fly me to the moon
Je flotte dans un univers ténébreux, un océan d’encre où je pourrais voguer pour l’éternité sans jamais toucher la terre. Aucune sensation n’effleure ma peau, à peine une légère impression de froid comme si je baignais dans de l’air liquide et parfois, un souffle qui caresse mon visage. Un voile recouvre mes yeux, ils ont beau être grands ouverts, je ne distingue que le noir absolu. Et dans ce monde uniforme, j’ai la sensation de sombrer de plus en plus profondément, sans même chercher à lutter. Je tombe, je m’abîme et une sensation de vertige m’envahit. Est-ce cela la mort ? Je n’ai pas peur, je l’accueille même avec sérénité. Pourtant une plainte vacille dans le silence, une voix familière qui prononce mon prénom.

Elle vient me chercher dans les profondeurs des abysses comme un hameçon et c'est elle qui me ramène à la vie. C'est à elle que je me raccroche dans le vide et les ténèbres. A cette voix claire et vivante. Celle de... Jamie. Allongé dans mon lit, seuls des draps fins recouvrent ma peau nue et je tressaille dans mon sommeil. Cette fois, je ne suis plus seul dans ce rêve, j'aperçois ce visage juvénile aux immenses yeux clairs qui me nargue. On dirait un genre de lutin facétieux, un sale gosse prêt à m'accompagner dans toutes les conneries imaginables. Il me donne cet élan vital où mon cœur bat soudainement plus vite, comme sous l'effet d'une injection d’adrénaline. Mais plus je tente d'essayer de le rattraper, plus mes membres me paraissent ankylosés, comme si je pesais vingt tonnes de plus, comme si je pataugeais dans de la boue.

« Jamie... reviens ici, j'vais te... »

Te rouler une pelle... euh non... te tuer ? Dans un grognement, j‘émerge de mon cauchemar, la musique de la radio atteint ma conscience, peu à peu. Elle vient me chercher au fond de ma tête où j‘étais si bien caché, confortablement lové contre mes pensées malsaines. Mes pensées deviennent plus claires à mesure que j’émerge, le voile d’ombre qui obscurcit mes yeux se désagrège et je vois. Je vois la grosse tête de Croquette, ce satané chiot qui s'est carrément invité dans mon plumard et me lèche sereinement le visage. « Arrête ça, p'tit oh ! C'est dégueulasse ! Quand on sait ce que t'as léché juste avant... » Un vague sourire m'effleure, un peu désenchanté. Jamie n'est plus un gosse, ni moi non plus. Les temps ont changé, plus rien ne sera jamais comme avant. Ma vision est scindée entre le clair et l’obscur, le concret et l’abstrait et mes réalités s‘enchevêtrent en une douce déraison. Le chiot saute sur le sol en jappant. « Tu penses qu'à bouffer hein ? Okay, deux minutes. » A mi chemin entre deux mondes, c'est dans un soupir que je me redresse sur mon séant, me grattant l'arrière de la tête en fixant mon vieux transistor sur la tablette de fenêtre. Pourquoi j'ai eu l'impression que la voix de mon ancien pote sortait de ce poste ? Je l'ai encore laissé allumé pour mieux profiter de ma sieste, parfois je ne supporte pas le silence. Il est branché sur une station de musique rétro et c'est présentement Frank Sinatra qui me susurre Fly me to the moon. Rien à voir avec Jamie, donc. J'en reste déçu pendant une poignée de secondes. Les rêves sont parfois tellement réalistes.

La musique s‘envole dans ma maison et je la suis, gagnant ma salle de bain, mes pieds se posent sur un rayon de soleil égaré et je recueille ce moment de douce félicité, le plaisir simple de l’instant. C'est la fin de l'après-midi, il fait beau, cette sieste ma requinqué et j'oublie rapidement ce mauvais rêve en allant m'ébrouer sous ma douche. Ce serait pas la première fois que je fais des rêves chelou de toute façon. Une serviette élimée autour de mes hanches, je chante encore en allant récupérer mes fringues dans ma chambre au papier peint flétri.

« In other words, baby kiss me... »

Mais les notes graves de ma voix mélodieuse se bloquent soudainement dans ma gorge alors que je m'immobilise. Outre la flaque de pisse de chien dans laquelle je viens de marcher, un truc m'a alerté et c'est vers la fenêtre que je me retourne brusquement, fronçant les sourcils dans un mélange d'incrédulité et de méfiance. Cette fois, j'aurais juré avoir entendu mon prénom, comme si quelqu'un se tenait là, juste derrière la vitre entre-ouverte. Impossible que j'aie eu la berlue, même si ça parait débile. On est tout de même au premier étage et j'imagine mal qu'un gus se soit accroché à ma gouttière pour escalader la façade, rien que pour me parler. Pourtant, je m'en approche pour ouvrir la fenêtre en grand et observer les environs, pendant que la radio crachote à coté de moi. La rue est calme. J'aperçois ma voisine d'en face en robe de chambre et bigoudis sur la tête, en train de cancaner avec une autre mégère. Le gros Johnny promène son molosse qui prend plaisir à déposer sa commission dans le jardin d'une commère. Les gens vont et viennent. Mon torse tatoué encore humide, mes mains posées sur la surface polie de l'appui de fenêtre, je toise mon voisinage, étudiant leurs réactions. Occupés à leurs commérages, ils font grise mine, baissant le ton de leurs voix et camouflant leurs secrets, aussi dérisoires qu’ils soient. Bien que je ne saisisse pas les détails de leurs paroles lointaines, je ne suis pas assez parano pour imaginer qu'ils parlent de moi et encore moins que l'un d'entre eux m'ait hélé. Dans un haussement d'épaules, je me décide à éteindre la radio qui ne diffuse plus que des crachotements incompréhensibles.

Des volutes bleutées encombrent l'atmosphère insalubre de ma petite masure. Une clope entre les doigts et une spatule dans l'autre, je surveille la cuisson de mes œufs brouillés qui grésillent dans la poêle. Comme j'ai allumé la télé sitôt arrivé dans le séjour, je suis le journal télévisé depuis ma cuisine. « Haha pauvre couillon de journaliste. » Pas mieux que mes misérables voisins qui n'ont rien de mieux à foutre que de chuchoter sous mes fenêtres, ces saligauds. En y repensant, je puise en eux de nouvelles sources d'irritation. La trouille vacille dans leurs propos, toujours, j’y lis de la rancœur, de l‘angoisse, du désespoir, voilà les nourritures attribuées aux habitants de Radcliff. Les faibles humains crèvent de peur dans leur trou, se terrant comme des lapins dans leur terriers. Tout ça à cause de la menace des transmutants qui se croient tout permis, qui se prennent pour des dieux vivants. Le traité de protection des mutants est une sinistre blague. Est-ce qu'on peut imaginer une pire hérésie que celle-là ? Je ne serai certainement pas parmi ceux qui tremblent à l'idée d'enfreindre ces stupides articles masochistes. Les deux seules choses que je porte actuellement sur le dos sont mon calbute et le holster militaire qui contient mon arme. Tous ces pro-mutants ne peuvent m’atteindre avec leurs beaux discours télévisés, leurs menaces me paraissent si fades que je leur rirais bien au nez et à la barbe. Et pendant ce temps, le chiot tourne en rond sur le carrelage en essayant d'attraper sa queue. « Tu t'en fous toi hein ? Tu ne... Hé qui est là ? »

Mes bras nus sont encore halés par le soleil de l’été qui n’est pas si loin, je les pose contre mes hanches, fronçant un regard intransigeant vers ma porte d'entrée. Je viens encore d'entendre mon prénom. Mais qui m'appelle, bon sang ? Abandonnant ma cuistance, je traverse le living d'un pas vif et j'ouvre la porte à la volée pour inspecter le petit jardin de devant et chercher d’où sont venus les murmures. Croquette ne m'a pas suivi, sentant la tension, il a filé se planquer sous la grosse commode. Mais je n'aperçois que deux types, un peu plus loin dans la rue, qui me renvoient des regards ahuris. Ces gars là, je ne les connais pas, il ne s'agit pas de voisins ce coup-ci. Des suspects ? Les inconnus le sont toujours. Je marche alors vers eux, d’une allure assurée, et ma cigarette au bord des lèvres vacille au rythme de mes paroles. Ouais, je suis à moitié à poil et alors ? « Quel est l'extrait de demi-abruti saupoudré de raclure d'entre vous deux qui a osé rentrer chez moi ? » Je ne leur laisse pas le loisir de me répondre, je vois bien à leurs dégaines affolées qu'ils ne pigent pas un mot de ce que je raconte. Ma main s’est glissée dans mon holster. C’est là que je le range, il ne me quitte jamais, mon porte-bonheur, mon joujou, mon compagnon préféré. « Je l’appelle "grande gueule" parce que quand il crache, on l’entend de loin. En plus, il mâche pas ses mots.» C’est mon flingue que je leur présente, un gros calibre, pas du matos de fiotte, et son canon est pointé vers eux.

BLAM ! BLAM ! BLAM!

Je n’hésite pas un seul instant, voilà ma façon de me présenter, trois coup sont tirés et résonnent dans la rue, un pour chacun des corniauds qui m'observent : ces deux là et le troisième, toujours introuvable, qui murmure mon prénom depuis tout à l'heure. Non, je ne les ai pas dégommé, faut quand même pas déconner. Je me suis contenté de tirer à leur pieds, histoire qu'ils évitent de zoner autour de chez moi à l'avenir. Je ne connais pas de meilleur moyen de raisonner les emmerdeurs, c’est radical et on ne perd pas de temps dans de longues discussions. Les étrangers n'attendent pas leur reste et se tirent en courant sous mon regard réjoui. Une fois la rue redevenue paisible, je peux donc rentrer pour savourer mon dîner.

M'étant recouvert d'un peignoir pour plus de confort, je suis donc installé sur mon vieux canapé défoncé, face à la télé, mon assiette sur les genoux. A mes pieds, Croquette mâchouille sa part de bacon. J'ai pas encore décidé de ce que je ferai de la soirée qui s'offre à moi et c'est en regardant d'un œil distrait les séquences de publicités sur mon écran que je termine mon repas. L'image se brouille de temps en temps et, abandonnant mon assiette sur le coté, j'essaie de changer de chaîne, jusqu'à ce qu'enfin, je tombe sur une image un peu plus nette. «Saloperie de télé, je ne l'ai pas achetée depuis longtemps qu'elle tombe déjà en panne ?»  J'incline la tête de coté en plissant les yeux. C'est bien un visage qui se dessine mais tout est tellement brouillé. J'allais me décider à laisser tomber et éteindre, décidé à appeler un technicien lorsque soudainement, pendant une fraction de seconde, l'image redevienne tout à fait nette. Dans un sursaut fulgurant en arrière, je bondis si haut que je me retrouve assis sur le dossier du canapé. « Bordel de merde ! C'est... »

Jamie. C'est la face de Jamie en couleurs qui vient d’apparaître sur mon écran. Je me frotte le visage avant de regarder encore mais cette fois, je ne vois plus que de la neige. Quelques secondes s'écoulent jusqu'à ce que la télé se remette en marche et que le film diffusé reprenne son cours, comme si rien d'anormal ne s'était produit. C'est une rediffusion de Star Wars et je me demande, comment – alors que je suis parfaitement sobre – j'ai bien pu confondre Chewbacca le Wookiee avec Jamie Reinhardt. « Merde Jamie, me dis pas que tu t'es lancé dans le cinéma... »

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