Cela faisait quelques temps que Lorcan n’avait pas vu Calista. En fait, cela faisait quelque temps qu’il s’était plus ou moins replié sur lui-même, ne voyant que les mêmes personnes sans chercher à entretenir le reste de ses relations – même sa famille était passée au second plan. Inconsciemment, il s’était dit que Calista avait sa vie et qu’elle semblait aller très bien, qu’elle l’appellerait si elle avait besoin de lui et que par conséquent il n’avait pas besoin de faire le premier pas. Lorcan n’avait toujours pas retrouvé de véritable travail dans un restaurant et faisait des petits boulots pour payer son loyer, et le reste du temps il le passait à s’entraîner. Il était redevenu accro à l’endorphine que lui procurait le sport, et toutes ses heures de libres y passaient. Il avait aussi repris le tir, sans jamais en parler à qui que ce soit, et en ignorant soigneusement les hunters qui s’entraînaient en même temps que lui au centre. Il avait retrouvé la routine des entraînements que son père lui avait inculqués avant que tout ne bascule dans sa vie et ça lui plaisait. C’était bien plus facile que de parler à de véritables personnes, que de réfléchir à ce qu’il allait devenir, que de penser au dépistage qui se rapprochait à grands pas … Il fuyait ses problèmes comme il le faisait depuis qu’il avait découvert sa mutation, et il n’avait pas l’intention de changer quoi que ce soit tant qu’il n’y serait pas obligé. Mais quand son téléphone avait fini par sonner, que le numéro de sa sœur aînée s’était affiché, il avait réalisé que ça faisait peut-être un peu trop longtemps qu’il la négligeait. Qu’il négligeait tout le monde.  Depuis, il se rongeait les sangs sur cette invitation mystérieuse et se demandait ce que Calista avait à lui dire. Il y avait eu tant de mauvaises nouvelles depuis quelques temps qu’il ne s’attendait pas à quoi que ce soit de positif. Toute la journée, il s’était creusé la tête en essayant de se souvenir de la dernière fois qu’il avait vu sa sœur. Qu’est-ce qu’elle faisait, à ce moment là ? Elle avait l’air bien, il en était certain. Est-ce que quelque chose avait mal tourné ? Est-ce qu’elle avait revu leur père et qu’il avait encore essayé de la tuer ? Est-ce qu’elle avait découvert un truc horrible dans leur famille, un cadavre de plus au fond d’un placard ? L’imagination de Lorcan avait tendance à s’emballer quand il était nerveux, et il fut plus que soulagé quand vint le moment de se rendre chez Calista. Pourtant, l’inquiétude ne le quitta pas, et quand il frappa chez sa sœur, il s’attendait au pire. Mais non. Elle lui ouvrit avec un grand sourire, elle avait l’air en forme. Elle semblait même avoir le visage un peu plus rond qu’avant, mais Lorcan se garda bien de faire la moindre réflexion sur son poids – il tenait à sa vie. « Ca va pas mal, et toi ? » Fit-il en entrant dans l’appartement. Il resta planté au milieu du salon dès qu’il y fut entré et se tourna vers Calista. « Tout va bien ? » Il ne tenait plus, il fallait qu’il demande. « Il t’est arrivé quelque chose ? Il m’a fait flipper ton message, c’était trop bizarre. » Il la regarda de haut en bas, puis jeta un coup d’œil autour de lui. Mis à part qu’il y avait bien moins de DVD qui traînaient un peu partout, tout semblait normal. « Mais ça me va si je me suis inquiété pour rien, tu n’as pas l’air d’aller mal. »