Tel maître, tel chien. Daisy n'avait eu besoin que d'un seul coup d'œil pour déterminer si oui ou non elle autoriserait Caleb à s'approcher de sa maîtresse, et c'était tout juste si Scarlett n'avait pas éclaté de rire en la retrouvant dans les bras du jeune homme, comme si elle n'avait pas été plus lourde d'un  teckel. Quand on possédait un force colossale comme Caleb, tout devait donner l'impression de ne pas être plus lourd qu'une plume... Daisy avait été une charmante distraction, mais une distraction trop bien élevée qui avait eu vite fait de retourner sur son tapis. « C'est mon gros bébé poilu, oui. » Ce fut tout juste si elle n'ajouta pas que c'était uniquement parce qu'elle n'avait pas encore trouvé le partenaire idéal pour faire des enfants. « La vue ? Oh, oui, j'ai une vue directe sur le parc, c'est agréable. » L'appartement de Scarlett était vraiment charmant, elle avait eu de la chance de l'obtenir, étant donné qu'il y avait une dizaines de personnes sur le coup lorsqu'elle l'avait visité. Mais très franchement, son appartement était a dernière chose qui l'intéressait présentement, elle le connaissait par cœur, alors que Caleb... Elle aimerait beaucoup apprendre à le connaître, sous toutes les coutures – littéralement. Le thé était à son goût, c'était une petite victoire en soi, même si Scarlett ne doutait jamais de l'effet d'un bon Earl Grey sur un Britannique. Ce qu'elle lui avait servi n'avait rien à voir avec ce que les Américains prenaient pour du thé, et même si elle appréciait le thé qu'elle commandait parfois au Starbucks à la place de son café habituel, il n'y avait rien de meilleur qu'un vrai thé. Une tasse de thé, un bon livre, et Scarlett pouvait passer des heures sur son canapé. Mais pour une fois, il y avait bien plus intéressant sur son canapé...

« Eh bien, à défaut d'avoir un dossier bien concluant de fraude fiscale, j'ai toujours du thé chez moi... » Scarlett n'était même pas certaine de savoir en quoi consistait réellement une fraude fiscale, elle s'y connaissait en Loi médicale, mais c'était à peu près tout. Elle aurait été bien incapable d'être avocate, elle était bien trop sensible pour savoir rester objective... Elle admirait Caleb, ce n'était pas un métier facile, et à Radcliff ce n'étaient pas les crimes qui manquaient. Les urgences médicales non plus, alors Scarlett était bien contente de travailler à la maternité, un service plutôt "calme" de l'hôpital, comparé aux autres. Ce qui n'était pas du tout calme, en revanche, c'était le rythme cardiaque de son cœur. Elle avait été suffisamment courageuse pour lui avouer qu'elle avait envie de partager avec lui un peu plus qu'une tasse de thé, mais elle se demandait si elle avait adopté la bonne stratégie en étant aussi franche. La sincérité, c'était la base de toutes les relations, mais peut-être était-elle allée un peu vite en besogne ? Elle n'en savait rien, rien du tout, et c'était bien ce qui l'inquiétait. Peut-être aurait-elle mieux fait de demander quelques conseils à Evelyn avant son rendez-vous, son amie semblait toujours avoir réponse à tout, quand il s'agissait de romance... Ce dont elle était certaine en tout cas, c'était qu'un premier baiser était censé être spontané. Et Scarlett avait assassiné la spontanéité en annonçant à Caleb de but en blanc qu'elle avait envie de l'embrasser. Mais elle se serait sentie bien incapable de lui sauter au cou sans lui demander son avis, le consentement, c'était une affaire mutuelle, et si ce genre de choses se passaient sans heurts dans les films, en réalité cela pouvait être une toute autre histoire.

Maintenant que Scarlett était certaine que son visage était aussi rouge que le coussin de son canapé, elle n'avait plus qu'à attendre la réaction de Caleb, et elle n'avait pas la moindre idée de ce à quoi elle pouvait s'attendre. Certainement pas à ce qu'il se mette à balbutier de la sorte, et quand il termina sa drôle de tirade en la complimentant, elle détourna le regard. Cela faisait beaucoup de compliments d'un coup, comme si elle n'était pas assez perturbée comme cela... En revanche, elle refusait de le laisser croire qu'elle se sentait obligée de faire quoi que ce soit. « Caleb... Je sais que je ne suis pas vraiment du genre très impressionnante, mais je ne laisserais jamais un homme me toucher sans mon consentement. Jamais. » Scarlett abhorrait la violence, mais elle avait les moyens de se défendre. Elle connaissait trop de femmes qui avaient souffert aux mains d'hommes qui pensaient avoir à faire au sexe faible. Caleb n'était pas comme ceux là, c'était évident. Si ça avait été le cas, elle ne l'aurait jamais laissé mettre les pieds chez elle. Prenant son courage à deux mains, Scarlett se rapprocha de Caleb jusqu'à ce que leurs épaules s'effleurent ; puis elle se tourna un peu pour lui faire face. Leurs visages étaient plus proches qu'ils ne l'avaient été depuis le début de la soirée, et pendant une poignée de secondes elle ne dit rien, perdue dans le regard presque trop bleu du jeune homme. « C'est justement parce que toi, tu n'attendais rien de cette soirée que j'ai envie de t'embrasser... Parce que tu ne m'as pas regardée une seule fois comme un trophée, un morceau de viande ou un moyen de... Passer du bon temps, pour rester polie. » Scarlett prit une profonde – très profonde – inspiration. Il n'attendait rien, il n'exigeait rien, et ce fut précisément la raison pour laquelle elle finit par poser ses lèvres contre les siennes, sans se montrer trop entreprenante ou pressante. Elle voulait juste... Faire le premier pas, comme on disait. Ce qui se passerait ensuite, c'était à Caleb de le décider.

Can you feel the love tonight ?

Scarlett & Caleb

A cet instant précis, Caleb ne savait plus trop où il se trouvait, comment, pourquoi, mais il était tout à fait conscient d’avec Qui. Quand il aurait le malheur de raconter cela à ses sœurs – il ne se faisait pas d’illusion, elles finiraient par lui tirer les vers du nez- elles lui demanderaient surement où étaient les trucs qu’il était sensé avoir entre les jambes, pour faire autant sa mijorée. Il hausserait surement les épaules, geste parfaitement inutile quand on a quelqu’un au téléphone, tout en notant que l’anecdote reviendrait inévitablement à chaque repas de famille, et qu’il avait intérêt à s’y faire bien vite. Toujours était il que lorsque Scarlett se rapprocha ostensiblement de lui, la seule chose qui lui vint à l'esprit fut qu'il risquait de mouiller le tissu précieux de la robe de la jeune femme avec son haut encore bien mouillé. Et puis il y avait les remarques de Scarlett, auxquelles il acquiesçait docilement, l'air un peu géné, encore et toujours : évidemment qu'elle ne se laisserait pas faire comme ça, mais il voulait simplement s'assurer qu'il n'y avait pas eu méprise de son coté non plus… Ce qui n'était de tout le cas a priori, puis que la jeune femme, décidément bien plus courage – Déterminée ? - que lui, se rapprochait à nouveau jusqu'à ce que leurs épaules se touchent, alors qu'elle lui apparaissait alanguie comme une sirène auprès de lui. L'effet de sa chevelure, sans doute. Il le fixait comme un cadeau de Noël, comme s'il n'osait qu'à peine croire à ce qu'elle était en train d'avancer : C'était trop … Trop beau pour être vrai ? Oui, c'était exactement ça.

Dire qu’il n’attendait rien de cette soirée était peut être encore un peu trop honnête pour être la vérité : ce qu’il espérait, c’était simplement de passer à l’étape supérieure avec Scarlett, mais l’étape supérieure chez Caleb, c’était de passer d’une amitié cordiale de collègues de café à amis proches, afin de s’autoriser à être moins guindé, un peu plus familier et pourquoi pas tactile avec la jeune femme. Mais de là à songer à l’embrasser … Bon, il y avait pensé, bien sur, plusieurs fois, souvent, à chaque fois qu’il la voyait, en fait, mais de là à sauter le pas … Finalement, il n’eut pas à le faire lui-même, et avec le recul, il ne bénirait jamais assez sa future fiancée de cet élan romantique dont il avait été personnellement absolument incapable. Quand les lèvres de Scarlett se posèrent sur les siennes, il y eut un feu d’artifice, une fanfare, une tempête et des éclairs puis des papillons, une sorte de stupéfaction pétrifiante qui, heureusement, ne dura pas plus d’une demi seconde. L’instant suivant, la main de Caleb était venue se glisser dans la nuque de la jeune femme, sous ses cheveux. De timide, leur baiser se prolongea pour devenir un peu plus engagé, pleinement partagé par les deux jeunes adultes bien, bien, biennnn consentants et concentrés à la tâche. Rapidement, les jambes de Scarlett avaient migré pour se retrouver sur les genoux de Caleb dont la main était toujours confortablement installée dans la nuque de cette dernière, alors que l’autre avait trouvé assez naturellement sa place dans le bas du dos de celle-ci, encore sagement posée sur le tissu. Pour l’instant. Il fallut bien qu’ils se retrouvent à bout de souffle pour qu’ils se décident enfin à se reculer, tout juste à quelques centimètres, et que Caleb replonge son regard dans celui de Scarlett : il avait perdu son teint écarlate, en revanche, il y avait un nouvel éclat dans ses pupilles dont elle ne pourrait pas faire abstraction, mélange de surprise ravie, d’envie et une pointe d’inquiétude :

- Hum, j’espère que ce n’est pas le vin qui parle au moins… Parce qu’il en dit de bien jolies choses… Ce n’est pas le vin, n’est ce pas ?

Parce que si il y a bien une chose qu’il s’était toujours refusé de faire, c’était de profiter de l’esprit et du corps échauffé par le corps d’une demoiselle. Au-delà de la fierté, c’était une question de respect et de savoir vivre : lui-même n’avait jamais apprécié de se laisser entrainer dans des défis ou paris stupides en état d’ébriété, alors il se refusait à pousser qui que ce soit au vice dans cet état. Malgré tout, il avait l’impression de voir quelque chose de déterminé et de bien terre à terre dans le regard de la jeune femme, alors que ses doigts quittaient sa nuque pour glisser doucement sur la peau nue de son épaule et que ses lèvres se rapprochaient à nouveau lentement de la bouche rougie la mutante pour les effleurer à peine …

Il en fallait vraiment, vraiment beaucoup pour que Scarlett se décide à faire le premier pas. De nature timide, la rouquine aurait pu attendre très longtemps, si elle n'avait pas compris que Caleb était presque plus réservé qu'elle – ce qui l'étonnait, il donnait l'impression d'être si sûr de lui-même... De toute évidence, elle s'était trompée, et peut-être était-ce pour le mieux. Il n'avait pas passé la soirée avec elle simplement pour tenter de terminer dans son lit, et c'était justement la raison pour laquelle elle avait envie de l'y inviter. Il ne servait plus à rien de le nier, Scarlett était terriblement et irrémédiablement attirée par Caleb, plus qu'elle ne l'avait jamais été par aucun homme. L'embrasser, elle avait envie depuis longtemps, sans savoir ce dont il avait envie lui, alors passer à l'acte lui donnait l'impression d'être au casino et d'avoir joué quitte ou double. Et pendant un instant, qui lui parut interminable, elle crut sincèrement avoir fait une erreur, tout gâché. Une seconde, rien qu'une seconde, avant qu'elle ne sente la main du jeune homme glisser dans sa nuque pour l'attirer contre lui et la timidité du début s'effaça bien vite. Si elle avait pu, Scarlett aurait soupiré de soulagement. Leur baiser était bien, bien engagé, langoureux et passionné, et sans s'en rendre compte, Scarlett avait glissé vers Caleb – sur Caleb, elle s'était retrouvée serrée contre lui, à moitié étendue sur lui. Elle avait frissonné quand la main du jeune homme avait glissé sur son corps avant de s'arrêter sur ses reins, son rythme cardiaque s'était emballé ; l’Écossais provoquait chez elle des sensations oubliées, mais qu'elle était bien heureuse de retrouver. Quand ils furent obligés de se séparer pour reprendre leur souffle, les joues de Scarlett avaient pris une toute nouvelle teinte de rouge, et elle était bien incapable de quitter Caleb des yeux, si bien que lorsqu'il reprit la parole, elle ne comprit pas immédiatement où il voulait en venir.

« Le vin... ? » Elle dut avoir l'air stupide, à battre des paupières sans comprendre, avant que sa bouche ne forme un O parfait. Scarlett secoua la tête en souriant. « J'ai bu une coupe de champagne et deux verres de vin, pas une bouteille de tequila... » Elle avait les idées très claires. S'il avait qu'elle le lui prouve, elle pouvait lui réciter de A à Z toutes les étapes d'une césarienne, ou marcher en ligne droite sans même retirer ses escarpins. Sa mère lui avait toujours dit qu'elle devrait se trouver un gentleman, mais elle l'avait aussi prévenue : c'était souvent ces charmants garçons qui avaient besoin d'un petit coup de pied dans le derrière. « Mais il ne s'agit pas uniquement de ce que je veux... Si toi, tu n'en as pas envie... » Le consentement, c'était une affaire mutuelle, et s'il ne voulait pas aller plus loin, elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Mais sa façon de la toucher et de la regarder lui disait qu'il avait envie de la même chose qu'elle, alors quand il se rapprocha pour l'embrasser à nouveau, elle n'hésita pas une seconde. Bien moins timide, elle glissa ses bras autour de lui et l'embrassa sans retenue, presque comme si c'était son dernier baiser avant la fin du monde. Elle se risqua à glisser ses doigts dans les boucles sombres de Caleb – Seigneur, elle en avait eu envie des dizaines de fois depuis le début de la soirée. Et puisque les mains de Caleb glissaient tranquillement sur son corps, elle se disait que c'était de bonne guerre... Une fois de plus, ils furent bien obligés de se séparer, et cette fois-ci Scarlett posa son front contre le sien. « Il faut que je te dise... Personne ne m'avait jamais embrassée comme ça... Vraiment, tu me coupes le souffle... C'est un truc d’Écossais, peut-être ? » Elle ricana doucement, fière de sa plaisanterie, avant de s'empresser de l'embrasser à nouveau. Elle semblait avoir trouvé sa nouvelle activité favorite, embrasser Caleb Munroe à en perdre haleine.

Doucement, les mains de Scarlett glissèrent sur le torse de Caleb, sur sa chemise encore humide, et le souvenir du petit accident au restaurant la fit sourire. « Peut-être qu'il faudrait faire quelque chose pour cette chemise, non... ? » Façon subtile de s'assurer qu'il avait bien envie des mêmes choses qu'elle, et ce ne fut qu'une fois qu'elle en fut certaine qu'elle s'autorisa à déboutonner la fameuse chemise, avec une lenteur tout à fait volontaire. Le vêtement ouvert, Scarlett eut comme une... absence. « Euh... Tu es sûr que tu es vraiment avocat ? Je veux dire, tu es... Tu es... » Comme une enfant face à des friandises, Scarlett posa sa main sur les abdominaux fort bien prononcés du jeune homme. Elle déglutit, de toute évidence un peu perturbée. Elle avait bien deviné que sous ses chemises et ses costumes, Caleb était plutôt bien bâti, mais l'avoir sous les yeux, c'était une autre histoire. Incapable d'en dire plus, et plutôt que de rester immobile comme une idiote, Scarlett jugea préférable de se remettre à l'embrasser, mains posées sur sa peau nue. C'était plutôt évident, elle avait très envie de passer la nuit avec lui, mais sa témérité avait des limites, elle ne voulait pas risquer de se montrer trop entreprenante, trop... autoritaire ? Ce qui ne l'empêchait pas de pouvoir faire preuve d'une pointe d'humour. « Si tu cherches la fermeture éclair de ma robe, elle est un peu plus haut... »

Can you feel the love tonight ?

Scarlett & Caleb

Que Scarlett fasse le premier pas, Caleb l’espérait, vraiment, sans trop y croire. C’était un peu bête à dire, mais il n’avait jamais eu la certitude, avant ces dernières minutes, qu’il plaisait véritablement à la jeune femme. Elle s’était toujours montrée très accessible et avenante avec lui, bien sur, mais… Elle était gentille et souriante avec tout le monde, alors forcément, il avait un peu de mal à distinguer l’intérêt poli à celui qui était plus … orienté. Quel idiot il pouvait faire, parfois, songea t’il, alors qu’il avait effacé les dernières interstices entre le corps de la magnifique Scarlett et le sien. Sans insister plus que d’une main l’invitant à se faire plus proche, il s’était retrouvé avec la rouquine serrée contre son torse, et il sentit son cœur gonfler entre deux battements en humant à nouveau le parfum que la jeune femme qui, mêlé à l’odeur naturelle de la peau de cette dernière, lui faisait tourner la tête plus assurément que le vin italien. A la réponse presque taquine de la jeune femme, il se redressa un tout petit peu, plaçant ses deux mains sur la taille fine de la demoiselle qui se tenait sur ses genoux comme aucune femme ne l’avait fait depuis … très longtemps. Il se demanda un instant si il était bien convenable de l’inviter au vice comme ça dès leur première soirée, qu’elle risquait peut être de le prendre pour un homme facile, ou pire, pour un pervers qui avait bien mené sa barque ou encore … «  Si toi, tu n’en as pas envie… » ces derniers mots de Scarlett lui firent pincer les lèvres, l’air presque outré : comme aurait il pu ne Pas avoir envie de l’embrasser, elle, elle qui était probablement la plus belle femme qu’il avait jamais vu, et que se doublait avec ça d’une personnalité remarquable. Il ne répondit même pas d’ailleurs, conscient que ses gestes seraient bien plus parlants que n’importe quelle réplique, la collant un peu plus contre lui, leurs lèvres scellées dans des baisers toujours plus appuyés et fougueux, à l’image de deux adolescents qui se tournent autour depuis des mois sans assouvir les pulsions qui leur tordent le ventre. Sa bouche chercha celle de Scarlett à nouveau alors que cette dernière posait son front contre le sien, avant de sourire de toutes ses dents si blanches :

- Un truc d’écossais, un truc de mutant peut être aussi, qui sait, vu que tu me fais le même effet… ça doit surement être ça …

Les embrassades reprirent joyeusement, sans qu’aucune des deux ne semble être ne serait ce que sur le point de se lasser, alors qu’il sentait les mains de Scarlett jouer avec les boutons de sa chemise tout sauf innocemment, ce qui l’empêcha de réprimer un énième sourire :

- Hum, si elle est encore mouillée, ça ne doit pas être très agréable pour toi en effet, autant s’en débarrasser …

Et puis ce n’était pas comme s’il avait quoi que ce soit à cacher, et si cela lui permettait à elle de se sentir plus à l’aise, il était prêt à jouer les stripper sans le moindre problème. Les boutons ôtées, Scarlett avait écarté le tissu encore humide et avait eu une sorte de Bug qui fit hausser un sourcil à Caleb, avant qu’elle ne retrouve l’usage de sa langue et que sa main se pose sur son ventre, juste au dessus du nombril de l’avocat qui contracta ses abdominaux sans le faire vraiment exprès, trop occupé à rire de l’expression de la jeune femme et de sa question totalement décalée :

- Ah ah, oui, sur et certain, ma mère pourra te montrer mes diplomes, et tu peux vérifier sur internet aussi si tu le veux. Et je suis ? Je suis ? Un peu avantagé par ma mutation. Disons que j’ai un métabolisme plutôt rapide, du coup, et que j’entretiens un peu tout ça également, entre deux procès…

Se débarrassant de sa chemise en la laissant tomber tranquillement au sol, ses mains étaient venues caresser les jambes de Scarlett, remontant lentement le long de ses dernières, avant qu’elle ne vienne lui suggérer innocemment que la fermeture éclair de sa robe était plus haut. Information intéressante à deux regards : déjà, il n’aurait pas à la chercher, et ensuite… Elle voulait vraiment qu’il lui ôte sa robe, ça maintenant tout de suite ? Sans se faire prier, ses mains remontèrent sur les courbes gracieuses dans la jeune femme jusqu’au haut de son dos, sans jamais s’arrêter de sourire :

- Pour être tout à fait honnête, ce n’est pas très prudent de me laisser œuvrer sur une tâche si délicate… J’ai assez peu de chance avec les fermetures éclairs…

Sous entendu que globalement, quand ses dernières lui opposaient un peu de résistance, elles finissaient en mille morceaux sans qu’il ne puisse doser sa force. C’était un des inconvénients de son pouvoir, il n’était pas vraiment prédisposé pour certains travaux nécessitant du doigté ou de la douceur. Heureusement pour lui, ou plutôt pour Scarlett et sa robe, le zip ne broncha pas, et c’était l’entièreté du dos de la jeune femme qui se dévoila sous ses mains, alors qu’il glissait ses lèvres dans le cou de la jeune femme, basculant en arrière pour se retrouver allongé, Scarlett sur lui. Il pouvait maintenant glisser ses mains sur la peau veloutée de la jolie rousse sans la moindre retenue, alors que le monde entier semblait s’effacer pour ne se concentre que sur Scarlett, et rien que Scarlett…

Il y avait quelque chose d’irrésistible chez Caleb, un petit quelque chose de spécial qui faisait fondre Scarlett comme neige au soleil. Et à présent qu'elle savait que l'attirance était réciproque... Même dans ses rêves et fantasmes les plus fous, Scarlett n'avait pas imaginé que la soirée puisse se terminer ainsi. Oh, elle s'était imaginée dans les bras de Caleb, plus d'une fois, mais de désir à réalité, il y avait tout un monde. Alors sentir les mains du jeune homme glisser sur son corps, échanger avec lui des baisers enflammés... La température de la pièce semblait être montée d'un cran, si bien que Scarlett trouva rapidement les vêtements de Caleb superflus, tout comme sa robe. Puis elle s'était retrouvée bien idiote face au physique pour le moins athlétique et séduisant de l'avocat, petit coup de main de ses gènes ou non, il n'en demeurait pas moins l'un de ces hommes pour lesquels n'importe quelle femme se serait damnée pour ne passer ne serait-ce qu'une seule nuit en sa compagnie. Chanceuse, Scarlett ? Sans l'ombre d'un doute, c'était en tous cas ainsi qu'elle ressentait les choses. Cela faisait... Une éternité, oui, qu'un homme ne l'avait pas touchée, mais dans sa façon de la regarder et de la caresser, Caleb lui donnait l'impression d'être le premier. En fin de compte, peut-être que le champagne et le vin obscurcissaient un peu son jugement, car elle croyait sentir quelque chose entre eux, c'était une sensation étrange et omniprésente, qu'elle était incapable de déchiffrer, peut-être parce qu'elle était un peu trop déconcentrée par la vision d'un Caleb qui se débarrassait enfin de sa chemise, dévoilant un peu plus de sa musculature pour le moins soulignée.

Scarlett sourit, en imaginant la fermeture de sa robe rester entre les doigts du jeune homme, pour autant elle le laissa se débrouilla avec, et tant pis si elle craquait – des robes, elle en avait d'autres, mais aux dernières nouvelles, elle n'avait qu'un Caleb. Elle frissonna en sentant ses mains glisser sur la peau nue de son dos – quand on portait une robe de ce genre, on laissait le soutien-gorge au placard – et ses lèvres sur celle de son cou. Elle ne tarda pas à se retrouver étendue sur lui, elle s'empressa de retourner l'embrasser, ses mains encadrant son visage. Définitivement, les vêtements étaient à présent de trop, ils formaient une barrière textile gênante, pour ne pas dire carrément encombrante. Pour autant, Scarlett n'avait pas envie de précipiter les choses, et elle ne voulait pas paraître trop impatiente. Elle voulait qu'ils prennent le temps de se découvrir, rien ne pressait... Elle était tellement occupée à embrasser Caleb que lorsque son téléphone se mit à sonner, elle ne l'entendit qu'à la troisième ou quatrième sonnerie. L'air agacée, elle s'écarta un instant du jeune homme. « Hmm... Ils n'auront qu'à me laisser un message... » Et puis, si c'était vraiment urgent... Scarlett se redressa brusquement lorsque son biper sonna à son tour. Elle fit une grimace, une vraie, pleine de frustration. « Désolée, je dois vraiment répondre... » Elle abandonna Caleb sur le canapé, et se précipita jusqu'à son sac pour récupérer le biper et le téléphone. Elle répondit et fut immédiatement agressée par la voix criarde de la secrétaire. Qui lui expliqua qu'une patiente venait d'être admise en urgence pour un accouchement et que non, le Docteur Jones ne pouvait pas s'en occuper parce qu'il était au bloc et que non, les internes ne pouvaient pas gérer une césarienne si compliquée. La mort dans l'âme, elle raccrocha, et lança un regard frustré et désolé à Caleb. « Je suis vraiment désolée, je dois y aller, j'ai une urgence... » Elle resta immobile une poignée de secondes, avant de s'activer pour se rhabiller, récupérer ses affaires et remettre de l'ordre dans ses pensées. « Je, euh... Tu peux rester là si tu veux... M'attendre ou... Tu peux juste claquer la porte en partant... » Elle se dépêcha de l'embrasser une dernière fois, et s'excusa une bonne dizaine de fois avant d'être arrivée jusqu'à la porte. Caleb venait de découvrir pourquoi fréquenter un médecin pouvait être frustrant – et cela, à tous les niveaux.


Il devait être au moins trois heures du matin lorsque Scarlett franchit de nouveau la porte de l'appartement. Son intervention terminée, elle n'avait même pas pris la peine de se changer et avait gardé son charmant uniforme rose et ses ballerines – pour le côté glamour, il faudrait repasser. L'opération avait été un succès le bébé et sa mère étaient en pleine santé, tant mieux. On ne pouvait pas en dire autant de sa soirée, c'était à croire qu'elle était maudite. Elle et sa frustration auraient directement été se coucher si elle n'avait pas aperçue une silhouette masculine étendue sur le canapé. « Caleb ? » Plutôt surprise de le retrouver là où elle l'avait laissé, Scarlett se débarrassa de sa veste et de son sac, et elle alla s'asseoir à côté de lui, sur un coin du canapé. Attendrie, elle l'observa un instant, ses doigts glissant d'abord sur sa joue, puis dans ses boucles sombres. Il aurait pu rentrer chez lui, retrouver son lit, se changer... Au lieu de ça, il l'avait attendue, sûr son canapé et à peine couvert par un plaid. Façon Belle au Bois Dormant, elle se pencha pour l'embrasser et le réveiller en douceur. Elle attendit patiemment qu'il émerge de son sommeil, la paume de sa main contre sa joue. « Tu sais, tu n'étais pas obligé de m'attendre... » Elle ne s'était vraiment pas attendue à le trouver toujours là, alors qu'elle était partie de manière plutôt précipitée et l'avait laissé dans une position plutôt... inconfortable. « Je suis désolée, vraiment... Césarienne en urgence, mon collègue était déjà sur une autre intervention, et les internes ne pouvaient pas s'en occuper... La bonne nouvelle, c'est que la maman et sa petite fille sont en pleine forme. » La mauvaise nouvelle, c'était qu'ils avaient été coupés dans leurs élans passionnés, et Scarlett se voyait mal se jeter sur lui comme une affamée. « Tu aurais au moins pu prendre le lit... » Il avait l'air un peu à l'étroit, dans son canapé. Forcément, elle l'avait choisi en fonction de sa propre silhouette, plutôt fluette. « Tu veux... Tu veux rester ? Je veux dire, il est plutôt tard, et... Tu peux rester, si tu veux. » Ils pouvaient partager son lit, sans pour autant reprendre où ils s'en étaient arrêtés... Oh, s'il en avait envie, Scarlett ne se plaindrait pas, mais en grande romantique qu'elle était, elle se contenterait avec plaisir d'une simple étreinte, chaleureuse et rassurante.

Can you feel the love tonight ?

Scarlett & Caleb

La température continuait à monter entre Caleb et Scarlett, tant et si bien qu’il pronostiquait la disparition subite de son pantalon dans un peu moins de trois minutes. Ce n’était pas bien grave en soi, il ne semblait pas en avoir besoin pour ce qui était en train de se passer. Cela pouvait paraitre étrange, mais il avait l’impression que les formes de Scarlett étaient faites pour épouser les siennes de la manière la plus harmonieuse et naturelle possible : ses mains pouvaient se nouer sans difficulté dans son cou, alors que celles du jeune homme recouvraient presque entièrement les fesses de la demoiselle, et que son nez venait se loger dans le creux de la clavicule de cette dernière. On aurait pu croire que leur écart de taille et de carrure auraient rendu leur étreinte plus compliquée, mais à l’inverse, Scarlett se logeait pile dans ses bras, et il n’avait plus qu’à les refermer sur elle pour qu’elle soit complètement envelopper par son propre corps. C’était doute, c’était chaud, de plus en plus chaud d’ailleurs, alors que la robe de Scarlett venait rejoindre sa chemise sur le sol et qu’il commençait à faire glisser ses lèvres un peu partout sur le corps de la jeune femme avant de revenir à sa bouche, jusqu’à ce qu’il la sente se raidir, d’abord légèrement, puis de manière plus ostensible, marmonnant des mots qu’il n’entendait pas vraiment trop occupé qu’il était à l’embrasser :

- Hmm hmmm …

Finalement elle se redressa et il dut bien se résoudre à la laisser reculer, la fixant à l’air d’un chiot battu à qui on a enlevé son doudou préféré. Il mit bien une seconde ou deux à comprendre ce qu’elle était en train de faire, alors qu’il s’installait sur ses coudes pour se relever un peu, l’air interrogateur : il la vit se saisir de son biper, le lire avec une expression défaite, avant de bondir du canapé, manquant de lui enfoncer le genou dans les côtes, bafouillant des excuses sans qu’il ait vraiment le temps de répondre quoi que ce soit. Pouvait il dire quoi que ce soit, dans ces circonstances, de toute manière ? Un battement de cil plus tard, elle avait claqué la porte, et il se retrouvait comme un con, à moitié nul sur un canapé qui n’était pas le sien, en compagnie d’un gros chien qui s’était empressé de piquer la place de sa maitresse, la langue sortie, le museau humide collé contre son bras à la recherche de nouvelle caresse. Il devait avoir l’air bien malin, tiens. Finalement, il fit contre mauvaise fortune bon cœur, attrapant le plaid posé négligemment sur le fauteuil voisin pour s’installer plus confortablement, sortant son portable de ce pantalon qu’il n’avait finalement pas ôté, pour se mettre à vérifier ses mails professionnels : il était un peu trop troublé pour réussir à s’endormir tout de suite, et Scarlett risquait d’en avoir pour un moment, alors autant s’occuper comme il le pouvait …

Le bruit de la porte qui claque n’avait pas suffi à tirer le jeune homme du sommeil dans lequel il avait fini par sombrer. La fatigue surement d’abord, puis les ronflements discrets de la chienne contre son flanc avaient fini par le bercer et par l’endormir totalement. L’appartement était bien chauffé, et avec son plaid sur lui, il s’était assoupi comme on part fait la sieste le dimanche après midi. Il ne sortit de sa torpeur qu’au moment où elle posa sa main délicatement sur sa joue, se frottant les yeux comme un enfant que l’on réveille. D’ailleurs, il mit bien quelques secondes à remettre la situation dans son esprit, Scarett, Daisy, le canapé, le départ en urgence, avant de se redresser un tout petit peu :

- … Je n’allais pas partir comme un voleur quand même … Daisy aurait été déçue d’un tel comportement…

Il fallait dire que la grosse peluche ne l’avait pas quitté d’une semelle, couinant et grattant même derrière la porte des toilettes quand il avait du y passer : si ce n’était pas un coup de foudre ça … Emergeant enfin totalement de son état somnolent, il laissa Scarlett jouer avec ses boucles sans rechigner : ses cheveux avaient toujours eu un effet magnétique sur les femmes, sans qu’il ne sache vraiment pourquoi. Il ne s’en plaignait pas, d’ailleurs :

- Pour tout dire, j’ai un peu de mal à m’immiscer dans un lit sans invitation, et … Tu as du sang, là.

Il s’était interrompu dans sa réflexion en apercevant une trace discrète dans le cou de la jeune femme. Rien de bien méchant, c’était à peine visible, mais cela lui rappelait qu’elle venait de passer plusieurs heures au bloc, à aider une femme à mettre au monde un enfant… Evidemment, c’était salissant. Après une nuit pareille, elle n’avait peut être pas envie de l’avoir dans les pattes et pourtant, elle lui proposait de rester, alors une petite idée qui lui trottait dans la tête passa la barrière de ses lèvres, presque innocemment, alors qu’il passait de la position allongée à la position assise :

- Moi je crois que Daisy a passé la nuit à me baver dessus, et je ne serais pas contre une douche… surtout si je ne repasse pas chez moi avant d’aller au travail demain…

Se redressant sur ses pieds avant d’attraper sa chemise sous le bras, il gratouilla la tête de la grosse chienne avant de se diriger vers le couloir et la salle de bain. A la porte de celle-ci, il tourna la tête en direction de Scarlett sur son canapé, un sourire lumineux et un peu mutin sur les lèvres malgré le rouge qui montait à ses joues :

- Après, si tu veux me rejoindre, je ne dirais pas non. J’ai beau avoir de grands bras, je ne suis pas encore assez souple pour me frotter le dos seul… Mais en échange je fais de super shampoing. Il parait.

Si on lui avait dit en début de soirée qu’il en serait à lui faire une proposition aussi osée….

Le moins que l'on puisse dire, c'était que la soirée ne s'était pas du tout passée comme Scarlett l'aurait imaginé. Et elle continuait à être surprise, elle avait sincèrement cru que Caleb ne serait pas resté – après tout, elle aurait pu passer dix heures au bloc, elle n'avait pas vraiment pris le temps de lui expliquer ce qu'elle allait faire, elle n'avait pas eu le temps. Scarlett n'aimait pas faire de généralités, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'à la place de l'avocat, beaucoup seraient rentrés chez eux après avoir été laissés frustrés sur son canapé. Mais Caleb était toujours là, il n'avait pas bougé, il l'avait attendue. Alors forcément, Scarlett était touchée.  « Ah, oui, tu as raison, il ne faut surtout pas décevoir Daisy... » Elle lança un regard amusée à sa chienne, couchée aux pieds de Caleb, comme un chien de garde. Daisy les regardait tous les deux avec ses grands yeux brillants, alors Scarlett se pencha un instant pour la caresser entre les oreilles.  « Oh, je crois que nous aurions fini dans le lit, de toute façon... » Le rouge lui monta aux joues, elle se dépêcha de terminer sa phrase.  « Tu aurais pu, vraiment. » Elle fit la grimace quand il lui fit remarquer qu'elle avait un peu de sang dans le cou. Elle n'avait même pas pris la peine de passer devant un miroir une fois l'intervention terminée, tellement persuadée qu'elle ne retrouverait que Daisy en rentrant chez elle.  « C'était une naissance un peu compliquée, alors forcément... » Elle allait avoir besoin d'une bonne douche brûlante, comme après tous ses passages au bloc. Ça la détendait, l'aidait à évacuer le stress d'avoir eu des vies entre les mains pendant des heures. Mais ce qu'elle voulait davantage qu'une douche, c'était que Caleb reste avec elle pour le reste de la nuit. S'il l'avait attendue tout ce temps, ce n'était sans doute pas pour filer une fois qu'elle serait rentrée ? Scarlett retira sa main des boucles brunes du jeune homme lorsqu'il se redressa, et son cœur manqua à nouveau un battement quand elle posa les yeux sur son corps à moitié dénudé.

« Une douche... ? Oh, euh, oui, je t'en prie... Première porte à gauche dans le couloir... » Un peu dépitée, elle le regarda se lever et s'éloigner, sa chemise sous le bras. Puis elle rougit, vivement, quand Caleb lui proposa de le rejoindre, battit des cils pendant une poignée de secondes avant de bondir hors du canapé. Il ne fallait pas le lui dire deux fois... Décidément, cette soirée n'en finissait plus de la surprendre, il n'y avait plus qu'à espérer qu'aucune autre catastrophe ou imprévu ne viendrait les interrompre cette fois ci. La perspective d'une douche brûlante – dans tous les sens du terme – avec Caleb était vraiment alléchante, quoiqu'un peu intimidante. Ce qui ne l'empêcha pas de le rejoindre bien vite dans la salle de bain, et de refermer la porte derrière elle, histoire que Daisy ne vienne pas les interrompre... Presque timidement, elle se rapprocha du jeune homme et posa une main sur son torse, juste sur son cœur. Elle sourit, il lui semblait qu'il battait aussi rapidement que le sien... Elle releva les yeux vers son visage, tandis que ses doigts glissaient sur ses abdominaux parfaitement dessinés.  « Je ne sais pas si tu es vraiment très grand, ou s'il me manque quelques centimètres... » Rien de bien méchant, elle n'avait qu'à se mettre sur la pointe des pieds pour l'embrasser, ce qu'elle fit sans perdre de temps. Si elle était restée concentrée au bloc, elle n'avait pas pu s'empêcher de penser à Caleb et à ce qu'elle avait manqué en l'abandonnant sur le canapé. Puisqu'elle avait l'occasion de se faire pardonner, elle n'allait pas la laisser filer. Et puis, que Caleb ait toujours envie d'elle, alors qu'il l'avait vue dans la tenue la moins séduisante du monde, décoiffée et même tâchée de sang... Caleb était une perle rare qu'elle ne pouvait pas laisser filer.

Scarlett s'écarta pour reprendre son souffle, et elle jugea opportun de retirer son uniforme, qu'elle poussa du pied dans un coin de la pièce. Si elle n'avait pas porté de soutien-gorge sous sa robe, elle avait bien été obligée d'en enfiler un sous son uniforme et forcément, l'ensemble était dépareillé. Avant que la gêne ne vienne s'emparer d'elle, Scarlett retourna l'embrasser, ses bras passés autour de son cou. Là, elle sentait la chaleur de sa peau contre la sienne, elle avait l'impression que quelque chose bouillonnait en elle, c'était la première fois qu'elle ressentait les choses de façon si intense, comme s'il y avait un lien unique entre elle et Caleb. Scarlett laissa ses mains glisser sur son corps, et après un instant d'hésitation, elle défit la ceinture de son pantalon, et bientôt ce dernier rejoignit ses propres vêtements. Ne restaient plus que leurs sous-vêtements, desquels ils furent très vite débarrassés. Son corps pressé contre le sien, elle l'entraîna jusque sous la douche, et ne cessa de l'embrasser que le temps de régler la température de l'eau. L'eau chaude ne tarda pas à couler sur leurs peaux nues, mais Scarlett y fit à peine attention, trop occupée à embrasser Caleb avec passion, sans la moindre retenue. Ses mains glissèrent dans son dos, s'arrêtèrent sur ses reins, remontèrent sur ventre et s'accrochèrent finalement à ses larges épaules. Sa carrure impressionnante aurait pu l'effrayer, mais c'était tout le contraire, elle se sentait en sécurité avec lui, presque comme s'il avait toujours été là – ce qui, après réflexion, était plutôt étrange.  « Et donc...  Tu m'as dit que tu étais avantagé par ta mutation... Jusqu'à quel point ? »

Can you feel the love tonight ?

Scarlett & Caleb

A son grand soulagement, Scarlett ne le laissa pas poireauter trop longtemps seul dans la salle de bain comme un imbécile. Il avait simplement eu le temps d’allumer le chauffage et de repérer l’agencement de la pièce qu’elle avait déjà refermé la porte derrière eux, pour reprendre sa place contre son torse, une place qu’elle ferait totalement sienne avec le temps, mais ça, il n’en était pas encore conscient. Son cœur s’était un peu emballé en la voyant dans l’encadrement de la porte, alors qu’il faisait totalement abstraction de son uniforme rose layette : tout ce qui comptait pour lui, c’était qu’il n’allait pas tarder à lui ôter ses vêtements, parce qu’elle en avait autant envie que lui. Ce qui le rassurait aussi, c’était qu’elle se sentait déjà prête à assumer sa nudité en plein jour. C’était idiot, mais Caleb était du genre assez décomplexé, et il se serait senti bien bête à devoir éteindre la lumière une fois sous les draps pour profiter de l’objet de son désir et de son affection … Alors l’invitation sous la douche, c’était une bonne façon de savoir où Scarlett en était, de ce coté là. Et à nouveau, elle était parfaite. Il allait devoir en prendre l’habitude.

- Je suis assez grand, et toi tu ne l’es pas tant que ça. Mais c’est pas grave, je suis capable de plier les genoux aussi.

Il serait capable de beaucoup, beaucoup de choses pour la jeune femme, mais pour l’instant, il était surtout capable de lui enlever tous ses vêtements d’une seule main. Sauf que voilà, Scarlett préféra faire le travail elle-même, se débarrassant de l’ensemble d’un geste preste, avant de venir se serrer contre lui, simplement vêtue de son dernier sous vêtement. Les lèvres de Caleb retrouvèrent celles de la jeune femme sans plus attendre, alors qu’il s’amusait de sentir ses mains comme aimantées à son ventre, comme si elle venait de découvrir ce qu’étaient des abdominaux. N’apprenait-on pas ce genre de choses, en fac de médecine ? En revanche, il riait beaucoup moins quand Scarlett s’attaqua à sa ceinture, puis au bouton de son pantalon. Si elle faisait ça, elle était foutue, il n’y aurait pas de retour en arrière… Mais la façon dont elle le débarrassa de son boxer et de sa propre petite culotte, elle ne comptait pas le laisser partir de si tôt. D’ailleurs, c’est elle qui le poussa dans la cabine de douche, réglant le jet de l’eau qui ne tarda pas à recouvrir les vitres d’une buée opaque. Alors que Scarlett semblait partie à l’exploration de tous les muscles du haut de son corps, lui avait préféré glisser ses doigts dans la chevelure cuivrée de la jeune femme. alors qu’il parsemait son visage et son cou de baiser sans se lasser. Il n’avait pas encore osé baisser les yeux sur le corps nu de la Faust, mais il savait qu’il ne pourrait pas résister à la tentation bien longtemps, alors qu’elle venait l’agripper un peu plus pour le rapprocher d’elle, et que le sourire du grand brun s’étirait un peu plus à l’écoute de sa question :

- Jusqu’à quel point, bonne question… Je ne sais pas si j’ai déjà dépassé mes limites, donc je ne saurais te dire avec précision. En revanche …

D’un geste précis et assuré, il cueillit Scarlett sous les genoux avec une facilité scandaleuse, faisant passer chacune de ses cuisses de part et d’autre de sa taille, la soutenant d’une seule main qui la tenait contre lui, alors qu’il la fixait d’un air mutin :

- … ça, je savais que je pouvais le faire.

Non pas qu’il l’ait déjà fait un million de fois, mais Scarlett lui paraissait tellement fine, tellement légèrement, qu’il n’avait pas douté une seule seconde de sa capacité à la soulever comme un rien. Un rien auquel il bouscula le nez en souriant, s’adossant au carrelage du mur pour la serrer un peu plus contre lui, l’embrassant avec une envie nouvelle, complètement désinhibée et déterminée, déterminée à prouver à Scarlett qu’elle avait eu raison de lui laisser sa chance, de le faire monter jusqu’à cet appartement, jusqu’à l’intérieur de cette douche. C’était quelque chose de nouveau et d’intense qui commençait, il le sentait jusque dans ses tripes alors qu’il perdait la notion de son corps et de celui de la jeune femme pour n’en sentir qu’un seul. Scarlett était spéciale, il l’avait toujours su.

Scarlett n'était pas de nature entreprenante, et surtout pas avec les hommes. D'ordinaire, elle était d'une timidité presque maladive, rapidement mal à l'aise face à la gent masculine. Mais avec Caleb, c'était différent. C'était différent, c'était comme s'ils se connaissaient depuis une éternité. Avec lui, elle se sentait bien, elle se sentait en sécurité, elle se sentait vivante. Elle aurait été bien incapable d'expliquer pourquoi c'était ainsi avec lui et pas avec un autre, elle avait simplement l'impression qu'être avec lui était aussi naturel que de respirer. Et pourtant, si on lui avait dit en début de soirée qu'ils termineraient nus sous sa douche, elle ne l'aurait pas cru... Mais ils étaient là, sous l'eau chaude, enlacés et très occupés à s'embrasser. Le cœur de Scarlett battait si vite qu'elle se demandait s'il n'exploserait pas avant la fin de la nuit, et si cela arrivait, eh bien tant pis, elle était prête à courir le risque. Ce qu'elle aimait particulièrement, c'était la douceur de Caleb, il ne la brusquait pas, n'en réclamait pas plus que ce qu'elle voulait lui donner. Se doutait-il qu'elle était prête à tout lui donner, il n'avait qu'à demander et elle lui appartenait ? Tous les deux étaient bien loin de se douter que cette nuit marquait le début d'une belle et longue romance, qui changerait leur vie à jamais. Ils n'en savaient rien, ils n'étaient pas voyants, leurs mutations étaient d'un tout autre genre. Scarlett avait appris à garder la sienne sous contrôle, mais elle pouvait la sentir bouillonner en elle, et comme à chaque fois qu'elle s'éveillait, elle avait l'impression que c'était de la lave qui coulait dans ses veines, et non plus du sang. À moins que ce soit Caleb qui lui fasse cet effet là... ? Elle n'en savait rien, elle n'était plus capable de penser clairement, elle ne voyait plus que lui.

Elle ne put s'empêcher de rire doucement lorsqu'il la souleva avec une aisance qui aurait été déconcertante si elle n'avait pas su quelle était sa mutation. Scarlett ne perdit pas de temps et noua ses jambes autour de sa taille, souriant toujours comme une idiote – mais une idiote comblée. Il revint l'embrasser langoureusement et Scarlett s'empressa de répondre à son baiser, sa langue cherchant la sienne avec avidité. Ses mains quant à elles encadrèrent un instant son visage avant de redescendre le long de son dos. « Tu es vraiment... Vraiment plein de surprises... » Elle déposa un baiser sur sa joue, avec beaucoup de tendresse, et prit son menton entre ses doigts pour pouvoir le regarder dans les yeux. « Je suis contente que tu sois resté. » Elle l'était, et l'aurait été même s'ils n'avaient pas partagé un moment torride sous la douche. Malgré toutes les déconvenues de la soirée, il était resté, et Scarlett commençait à se douter que ce n'était pas uniquement parce qu'il n'avait pas voulu partir comme un voleur, mais elle préférait éviter de trop penser à ce que cela suggérait, parce qu'elle se savait capable de s'emballer un peu vite. Quoi de plus normal, après tout ? Elle n'avait pas été aussi intime avec un homme depuis une éternité, elle n'en avait pas eu envie depuis une éternité, mais la solitude pouvait parfois s'avérer pesante pour une jeune femme de son âge. Mais si elle s'attardait trop sur ses pensées, elle risquait de gâcher le moment, et il n'en était tout simplement pas question... Elle embrassa Caleb encore une fois, avant de balancer la tête en arrière pour lui offrir son cou, ses épaules et sa poitrine à embrasser à volonté.

À un moment, elle avait dû lui suggérer qu'ils abandonnent la douche pour mieux aller trouver son lit, puisqu'elle était à présent étendue sur les draps, ses cheveux encore humides étalés sur l'oreiller. Caleb au dessus d'elle, ils ne formaient plus qu'un, unis par un désir commun et une passion déchaînée. Scarlett avait enfoui son visage contre l'épaule de son amant, elle soupirait de contentement et gémissait de plaisir à son oreille, une main perdue dans ses cheveux et l'autre en bas de son dos. Plus rien ne comptait sinon Caleb et elle, elle était comblée, tant et si bien qu'elle ne  fit guère attention à sa mutation, qui pourtant lui échappait. Les lampes de la pièce avaient commencé à briller plus fort et à grésiller, et tout le corps de Scarlett émettait une chaleur agréable, mais un peu trop intense pour n'être due qu'à son union avec Caleb. Mais pourquoi aurait-elle fait attention à quelques lampes quand elle avait un Écossais parfait tout à elle ? Ce ne fut que lorsque les ampoules du luminaire – qui n'était fort heureusement pas placé au dessus du lit – éclatèrent qu'elle rouvrit les yeux et détourna son attention de Caleb pour un instant. « Désolée... Désolée... C'est juste... Tu me rends complètement folle... » Tant pis pour le luminaire, ils feraient simplement attention aux morceaux de verre plus tard, bien plus tard. « Je devrais sans doute te rendre la politesse... » Elle sourit, l'embrassa, et le fit basculer sur le matelas pour inverser leurs places. Assise à califourchon sur lui, ses cheveux tombant en cascade de chaque côté de son visage et sur sa poitrine, elle se risqua à une plaisanterie. « La vue te plaît, j'espère... ? »

Can you feel the love tonight ?

Scarlett & Caleb

A présent, toute l’attention de Caleb était directement concentrée sur Scarlett, juste Scarlett, rien que Scarlett. La peau de Scarlett, sur laquelle ses doigts dessinaient des arabesques invisibles, l’odeur de Scarlett qui lui faisait perdre tout sens commun, sa chevelure qui lui donnait envie de s’y enfouir tout entier. Les chairs de la jeune femme se serrèrent contre les siennes, quand elle saisit son visage pour l’approcher du sien, Caleb sentit un frisson le parcourir des orteils jusqu’au crâne : il avait envie d’elle, assurément, plus que tout, impérieusement, et puisqu’elle l’invitait à profiter de son corps ainsi, il ne pouvait qu’honorer la jeune femme avec toute la fougue et l’avidité d’un homme qui attend la bonne personne depuis très longtemps.

Rapidement, Scarlett l’interrompit dans ses assauts amoureux pour l’attirer jusqu’à la chambre, spacieuse, confortable. Bien décorée, aussi, mais ça il ne s’en rendrait compte que le lendemain. La seule chose qui l’intéressait, pour le moment, était de pouvoir reprendre Scarlett dans ses bras, de la sentir frémir sous ses mains et gémir dans son cou. D’ailleurs, il reprit baisers et caresses de plus belles, se faisait doux et fougueux à la fois, alors que ses bras enveloppaient complètement la jeune femme pour resserrer un peu plus leurs deux corps, qui se mouvaient dans les mêmes ondulations, leurs bassins collés. Caleb avait chaud, très chaud, et ce n’était pas les gémissants lascifs de Scarlett qui allaient ménager son trouble. A l’entendre ainsi, il redoublait d’effort et d’envie, faisant fi de l’heure indécente, de la fatigue du lendemain. Il voulait qu’elle atteigne le septième, le huitième ciel même en sa compagnie, lui faire oublier tous les autres jusqu’à ce qu’elle lui demande grâce. Elle ne le fit pas, bien sur, mais à la place, les lumières se mirent à grésiller, oscillant ostensiblement, jusqu’à ce que l’une des ampoules éclate alors que la belle rousse étouffait un cri de plaisir. Caleb releva la tête, forcément, alors qu’il interrogeait du regard la jeune femme. C’était donc bien elle qui avait ça, sous le coup de … de l’émotion ? c’était… Surprenant. Et plutôt flatteur, il fallait l’avouer :

- Et bien… Je t’offrirai des bouquet d’ampoules plutôt que des fleurs, je note.

A peine eut il fini sa phrase qu’elle l’avait agrippé par les épaules pour le faire basculer sur le dos, le chevauchant comme une amazone mutine. Il n’y avait pas beaucoup de lumière dans la chambre – a qui la faute ? – mais la vue l’enchanta au-delà de la raison. Jamais il n’avait eu une aussi belle femme dans son lit. Enfin, il n’avait jamais été dans le lit d’une si belle femme. Et pourtant, il en avait fréquenté, des mannequins et des demoiselles très bien faites de leur personne. Mais cette Scarlett… cela dépassant l’entendement, alors qu’il posait tout sauf chastement ses grands mains sur la taille de la jeune femme pour ajuster sa position :

- Hmmm disons que c’est le genre de visions dont je ne risque pas de me lasser de si tôt.

Il se redressa légèrement, contractant ses abdominaux juste pour le plaisir de la vue de la jeune femme, pour venir lui embrasse la machoire, ses lèvres s’étirant dans un sourire collé contre la peau de Scarlett :

- Je me demande combien d’ampoule et autres objets fragiles je peux te faire éclater d’ici à ce que le jour se lève…

Le cœur de Scarlett battait à une allure effrénée et totalement désorganisée, plus rien n'existait sinon  l'instant présent, plus rien n'avait d'importance sinon Caleb et elle. Il lui faisait perdre la tête, elle ne pensait plus clairement, elle n'était même plus capable de garder sa mutation en laisse tant il réveillait de sensations en elle – comme s'il la connaissait par cœur, comme s'il était capable de deviner exactement ce dont elle avait envie sans qu'elle n'ait rien à lui dire. Ce n'était pas du tout ainsi qu'elle avait imaginé leur soirée se terminer, mais elle ne regrettait pas une seule seconde de l'avoir invité chez elle, puis sous sa douche, et enfin dans son lit. D'ordinaire, Scarlett était loin d'être entreprenante, mais avec Caleb elle était complètement désinhibée, elle se sentait pousser des ailes. Elle avait bien l'intention de profiter de chaque seconde de leur étreinte, et cela jusqu'à ce que la réalité ne les rattrape. Scarlett sourit, rassurée par les paroles de son amant – on ne se débarrassait pas de ses complexes en un clin d'œil – et se mordit la lèvre lorsqu'il se redressa, son regard toujours posé sur ses abdominaux. Seigneur, si on lui avait dit qu'il cachait une telle musculature sous ses costumes... Avec ou sans mutation, Caleb était séduisant, il possédait ce charme britannique qui faisait cruellement défaut aux américains. Et il savait mêler la douceur à la fougue, aucun homme n'était jamais parvenu à la faire vibrer comme lui, même sa mutation ne lui résistait pas. Scarlett soupira longuement lorsqu'il vint poser ses lèvres contre sa mâchoire, ses doigts glissèrent sur ses épaules, puis ses omoplates, et s'accrochèrent encore à ses cheveux. « Hm... Ça tombe bien, j'avais l'intention de refaire la décoration... Il faudra juste faire attention à tout le verre, demain matin... » Dans quelques heures. Quelle heure était-il ? Elle avait aussi perdu la notion du temps, c'était à croire que Caleb était capable de lui faire oublier n'importe quoi.

Elle revint l'embrasser, jusqu'à manquer d'oxygène, ses lèvres et sa langue cherchant les siennes avidement. Puisque c'était à elle de mener la danse, elle leur imposa d'abord un rythme lent et lascif, accrochée à ses épaules, ses ongles mordant légèrement la peau. Elle n'avait pas envie qu'ils s'arrêtent, elle n'avait pas envie que la nuit se termine, et tant pis si elle devait changer la moitié de son mobilier ensuite. Sentir la peau brûlante de Caleb contre la sienne faisait frissonner Scarlett, les papillons dans son estomac s'agitaient de plus en plus, si bien qu'elle n'était plus capable d'exprimer son plaisir autrement que bruyamment et en serrant Caleb contre elle. Il ne fallut pas longtemps au jeune homme pour lui faire perdre pied, Scarlett se noyant dans un océan de plaisir tel qu'elle n'en avait jamais connu auparavant. En une soirée, Caleb était parvenu à lui faire oublier Radcliff et tous ses drames, les hommes qu'elle avait connu avant lui s'étaient effacés de sa mémoire, grâce à lui elle se sentait vivante et entière, et elle avait l'impression d'être unique, spéciale. Elle espérait simplement être parvenue à lui rendre la pareille, sinon... Ils n'auraient plus qu'à recommencer.



Quand Scarlett rouvrit les yeux, une poignée d'heures plus tard, il lui fallut quelques secondes pour retrouver ses esprits. Juste un instant, avant qu'un sourire n'étire ses lèvres et qu'elle revienne se blottir contre son amant, sa tête posée contre son torse et un bras passé autour de sa taille. Leurs jambes étaient emmêlées, les draps défaits. Dehors, il s'était mis à pleuvoir, la lumière du jour perçait à peine à travers les nuages, la pièce était encore plongée dans la pénombre et une ambiance feutrée qui ne donnait pas envie de sortir du lit. Doucement, Scarlett remonta les couvertures sur leurs corps dénudés en veillant à ne pas réveiller Caleb. Elle n'avait pas la moindre idée de leur qu'il pouvait être, et elle s'en moquait bien. Très égoïstement, elle avait envie de garder Caleb auprès d'elle aussi longtemps que possible, et tant pis pour le reste du monde. Après leur folle nuit d'amour, elle voulait traîner au lit, profiter de la chaleur de leurs corps serrés encore un peu, l'embrasser encore, quitte à paraître trop gourmande. Elle avait l'impression d'avoir vécu un rêve éveillée, ses fantasmes étaient devenus réalité... Elle se sentait comme une adolescente qui vivait ses premiers émois, qui aurait eu la chance d'attirer l'œil du garçon le plus séduisant du lycée. Séduisant, romantique, attentionné... Non, même plus jeune, elle n'avait connu aucun homme qui puisse rivaliser avec Caleb, qui remportait haut la main le prix du parfait gentleman. Il serait spécial pour elle, son sixième sens le lui criait... Mais elle était encore un peu trop chamboulée pour l'écouter, un peu trop obnubilée par la présence du jeune homme à ses côtés.

Elle sut qu'il se réveillait quand elle perçut un changement de rythme dans sa respiration, alors elle se redressa un peu pour être à la hauteur de son visage. « Bonjour... » Elle lui sourit, attendrie, le visage encadré par ses longs cheveux roux, défaits et emmêlés. C'était certainement bête, mais à présent que Caleb était réveillé, Scarlett ne savait pas trop quoi lui dire. Et peut-être qu'il n'y avait rien à dire, après la nuit qu'ils venaient de passer ensemble. Elle resta ainsi à le regarder pendant un instant, puis elle déposa un baiser sur ses lèvres, avant de caresser sa joue du bout des doigts. Elle avait besoin de le toucher, pour se convaincre qu'il était bien réel et toujours avec elle. « Il pleut... Ça me donne envie de passer des heures au lit. » Sous-entendu, avec toi. Elle voulait qu'il reste, elle voulait qu'il revienne, elle voulait... Un millier de choses à la fois. Elle se doutait bien qu'ils devraient finir par retourner à leurs obligations – elle avait des patients, il avait des clients – mais le plus tard serait le mieux. Cela faisait une éternité que Scarlett ne s'était pas sentie aussi bien, parce qu'avec Caleb, elle pouvait être elle-même sans devoir s'inquiéter de dissimuler sa condition de mutante, sans craindre d'être prise pour une idiote ou une fille facile... « Reste. S'il te plaît. »

Can you feel the love tonight ?

Scarlett & Caleb

Caleb allait probablement regretter d'avoir si peu dormi cette nuit, mais ce qu'il ne regretterait pas, ce serait de s'être endormi avec Scarlett dans les bras. Ils s'étaient assoupis, exténués mais comblés, et elle était venue se glisser dans ses bras de la manière la plus naturelle qu'il soit, et il avait fermé les yeux en humant le parfum délicat dans la chevelure de la jeune femme. Quand il ouvrit un œil, puis deux, Scarlett était encore là, bien au chaud et blottie dans ses bras, déjà éveillée. Il songea un instant qu'il devait avoir une tête de déterrée, et espérait ne pas avoir bavé ou ronflé dans son sommeil, mais ne put s'empêcher de sourire en sentant la jeune femme se serrer un peu plus contre lui, son visage tout proche du sien :

Hey... Bien dormi ?

Il lui sourit, un peu timidement, alors que ses yeux s'habituaient à l'obscurité de la pièce : il entendait le bruit de la pluie qui tapait sur le carreau, devinant la fraicheur de la température à l'extérieur, cela donnait envie de rester bien au chaud sous la couette plutôt d'initier le moindre mouvement en direction du dehors. Il s'étira avant de refermer ses grands bras autour de la jeune femme, lui rendant son baiser avec tendresse, raffermissant son emprise sur la taille de la demoiselle en deposant ses lèvres sur le sommet de son crâne :

c'est vrai que ce programme me paraît des plus prometteurs... Mais j'ai une réunion dans... Seigneur, quarante cinq minutes, et si je préfèrerai largement négocier avec toi, j'ai des norvégiens avec qui traiter … Je ne peux vraiment pas me permettre de rater ce genre de transaction.

Doucement, il déposa un nouveau baiser sur le nez de la jeune femme, s'étira à nouveau dans un grognement, puis tendit le bras pour attraper son caleçon et son jean, qu'il enfila rapidement : heureusement qu'il avait toujours des affaires de rechange et une brosse à dent au bureau : les européens avaient beau avoir la réputation d'être plus décontractés que les américains, il ne pouvait décemment pas les accueillir au bureau avec son jean et son tshirt de la veille, ce n'était pas bien sérieux, n'est ce pas ? Il grimaça en jetant un coup d'oeil à sa montre, avant de poser à nouveau le regard sur Scarlett dans son lit, qui lui demandait de rester. Il en avait envie, vraiment, mais il était aussi sérieux, malgré tout. Avant d'enfiler son haut, il s'assit sur le rebord du lit, un sourire tendre et un peu désolé sur les lèvres, remontant le drap sur Scarlett avant de murmurer :

j'ai passé une soirée superbe … Totalement dingue, mais la meilleure depuis très très longtemps, et j'espère que... enfin que tu auras envie de réitérer ce genre d'expérience une prochaine fois … très vite... Ce soir ?

Ce soir ? Peut être qu'elle terminerait tard, si elle ne commençait qu'en début d'après midi, mais qu'importe, l'intention était là : il ne voulait pas qu'elle puisse s'imaginer qu'il se satisferait d'un simple coup d'un soir. Et si elle disait non pour ce soir, il proposerait demain, et le jour encore d'après, jusqu'à ce qu'elle lui dise oui ou d'aller voir ailleurs si il y était. Il lui offrit un dernier sourire, un dernier baiser timide, avant d'enfiler ses derniers effets personnels et de devoir s'esquiver, à contre cœur. Il aurait du mal à se concentrer, ce soir, tant il avait encore Scarlett dans les yeux, dans la tête et dans le cœur. Une telle alchimie, ce n'était pas une simple coincidence, il refusait de considérer que c'était juste de la chance. Scarlett était … Parfaite ? Oui, il ne trouvait pas d'autres termes pour la qualifier qui lui collait aussi bien au teint. La seule chose qu'il espérait, maintenant, c'était être à la hauteur pour réussir à garder les faveur de cette rousse aussi flamboyante qu'attendrissante …