i. êtes-vous originaire de radcliff ?
Absolument pas. Nathan est né en Angleterre, et a fait ses études en France. Il a beaucoup voyagé, ne supportant pas de rester trop longtemps au même endroit, jusqu’à poser ses bagages aux Etats-Unis il y a de cela 7 ans. 5 ans plus tard, il tomba sur une annonce de vente d’une boulangerie/pâtisserie à Radcliff, et sur un coup de tête décida de l’acheter. Lui-même est surpris d’avoir tenu deux longues années dans une si petite ville. Au fond il aime cet endroit parce qu'il s'y sent accepté, parce qu'il peut annoncer qu'il est pâtissier sans avoir droit aux sourcils haussés. On ne l'adore pas, certes, mais on le tolère. De toute façon, il ne saurait que faire de l'adoration de qui que ce soit. Il a des sentiments comme tout le monde et a donc une petite envie d'être accepté pour qui il est, mais de là à avoir une vie sociale...

ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
Tout à fait, mais pas à Radcliff. En même temps son don n’est pas des plus discrets. Difficile de passer inaperçu lorsque vos cheveux ou votre visage s’enflamment. Comment s’en est-il sorti ? Et bien disons que les hunters au courant de son identité ont hélas été victimes de terribles incendies, complètements accidentels bien sûr… Jusque-là nul feu ne s’est déclaré à Radcliff. Espérons pour tout le monde que cela restera ainsi. Néanmoins il est hors de question qu'il se laisse pourchasser ou prendre pour proie. Nathan reste persuadé que les transmutants ne réagissent pas encore car il leur faut le temps d'accepter leur don, mais une fois qu'ils s'uniront, reconnaîtront qu'ils sont la prochaine étape de l'évolution... Nul ne les pourra les arrêter. Nath' a déjà commencé de son côté à lutter comme il le peut, en brûlant quelques lieux de retrouvailles des hunters, mais toujours loin de Radcliff afin de ne pas être démasqué. Pour cela il a repris le surnom de Prométhée, celui qui apporta le feu à l'humanité pour lui ouvrir les yeux.

iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
Bien qu’il essaye de se montrer prudent afin de ne pas se faire repérer, Nath’ est un pyromane et ne suit aucun traitement pour tenter de juguler ses pulsions. Le feu le fascine, et il s’avère ardu de se contrôler lorsque claquer des doigts suffit à faire apparaître une flamme. Il lui arrive également de perdre le contrôle lorsqu’il ressent de trop fortes émotions. Il n'a aucun scrupule à se servir de son don pour se défendre ou pour céder à ses pulsions, manquant d'empathie vis-à-vis des possibles victimes du feu qu'il propage.

iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
Suffisantes ? Pour lui ces mesures ne vont faire qu’aggraver les choses. En les fichant ainsi qui va croire qu’ils ne sont que des humains lambda ? De toute façon les humains ont à ses yeux raison de les craindre. Ils sont plus puissants, plus évolués. Il s’étonne que des transmutants n’aient pas déjà répliqué avec violence aux actes des hunters et du gouvernement. Selon lui, la situation ne peut durer. Et s'il peut être l'étincelle qui mettra le feu aux poudres de la révolution, ce sera avec plaisir.

« L’enfant Warrens, de sexe masculin, âgé de 10 ans, a été diagnostiqué à l’âge de 6 ans de trouble de l’inattention avec hyperactivité. Bien que doué d’un QI plus élevé que la moyenne, le patient ne parvient pas à garder un niveau scolaire acceptable. Comme de nombreux enfants souffrant de ce trouble il présente également des problèmes avec l’autorité, des tendances associables et une estime de soi diminuée. Son attachement à sa sœur cadette semble trop fusionnel, et il a été conseillé aux parents de les séparer régulièrement. Des médicaments ont été prescrits, ainsi que des séances de méditation afin de lui apprendre à se focaliser sur différents sujets. Néanmoins la réaction des parents du sujet face à sa maladie semble trop négative pour que celui-ci parvienne à s’épanouir malgré ses troubles. Ils tentent de le laisser se défouler grâce au sport comme un enfant lambda, mais les dernières consultations semblent prouver que cela ne suffit pas.

Les récents développements du sujet sont inquiétants. Malgré son traitement médicamenteux il semblerait que son état psychiatrique se soit aggravé. L’enfant présente des pulsions incendiaires et une fascination anormale pour le feu, pouvant à priori aller jusqu’à l’automutilation. Il nie s’être volontairement brûlé, mais de nombreuses marques de brûlures, certaines requérant des soins médicaux, sont visibles sur le corps du patient. Il raconte que les flammes « apparaissent » lorsqu’il se sent trop émotif. Il n’a pas encore été déterminé s’il s’agissait là de réels délires, ou bien d’une tendance à la mythomanie. Il a également mis le feu à plusieurs objets du domaine familial, et présente donc un risque pour lui-même et son entourage. Bien que cela n’ait été que très peu diagnostiqué chez de si jeunes sujets, la conclusion est qu’il souffre de pyromanie. Au vu des risques de cette condition, l’enfant sera donc interné jusqu’à amélioration de sa condition.»


« Cher journal,
Voilà plus de quatre ans que je suis sorti de l’hôpital, et père me force toujours à écrire un journal. Il dit que cela m’aide à me concentrer à me rattacher à la réalité, mais quelle réalité ? Celle dans laquelle ils vivent n’est qu’un mensonge. »

Le bruit du stylo glissant sur le papier s’interrompit momentanément. Les doigts relâchèrent leur prise, et le stylo roula lentement jusqu’au bord d’un bureau bancal, pour enfin tomber dans l’oubli. Déjà son propriétaire avait l’esprit ailleurs, ses yeux d’une étrange couleur entre le bleu et le vert concentrés sur les gouttes de pluie frappant sa fenêtre. Une main vint machinalement ébouriffer ses cheveux d’ébène, avant de tenter d’insinuer un peu de chaleur dans le corps du jeune homme en frottant ses bras. Il avait froid. Pire, il était glacé. Seul un vieux radiateur crachotant bravait vaillamment le froid plus digne d’une nuit d’automne que d’une journée d’été. Que ce garçon détestait le froid ! Tout dans son attitude le criait, de son gros pullover tricoté à la couverture jetée précipitamment sur ses genoux. Mais jamais ses parents ne lui auraient laissé d’autres moyens de se réchauffer, car il était pyromane.

Pyromane. Ce simple mot prononcé par un psychiatre un mois avant ses onze ans avait changé toute sa vie. Nathaniel Warrens n’était plus le fils aîné du sympathique médecin du quartier et de sa jolie femme au foyer, le frère modèle de ses frères et sœurs, l’enfant certes hyperactif mais bien mignon et sympathique. Non, il était le pyromane, celui dont les troubles de psychiatrie ne s’étaient pas résolus mais bel et bien aggravés. Du fils qui faisait des apparitions aux soirées des petits bourgeois auprès de parents épuisés certes, mais heureux, il était passé à l’abomination absente, celui dont on dissimulait l’existence. Ses chers géniteurs s’étaient bien gardés de révéler son hospitalisation dans l’aile psychiatrique d’un hôpital pédiatrique, mais son absence s’était fait remarquer dans les cercles où se pavanait sa famille. Oh, il y avait une version officielle ! Il avait été envoyé dans un internat d’Europe plus adapté aux élèves, comment dire… aussi « actifs » que lui (comprenez hyperactifs) mais à l’intelligence aiguisée. Mais les rumeurs se répandaient plus vite que les flammes avec lesquelles on lui reprochait de sympathiser. Plusieurs de ses camarades de classe avaient été témoins de son comportement étrange, de son besoin de se dépenser, de sa fascination pour le feu, et surtout, des étranges marques de brûlure qui marquaient certaines parties de son corps. Quel scandale ! Le sympathique et religieux couple Warrens cachait-il des êtres capables de brûler leur propre enfant ? Le jeune garçon avait-il été touché par la folie et s’infligeait lui-même d’atroces souffrances ? Cette famille représentait-elle un danger ? Qui voudrait que ses enfants fréquentent de si mauvaises influences ? Ainsi la pauvre, pauvre famille Warrens, si respectable, assistant à chaque messe, chaque réunion de quartier, se retrouva coupée du reste d’Oxford.

Mais parlons-en, de cette chère famille Warrens ! Religieuse, pleine de principes plus à leur place au XVIIIème siècle qu’aujourd’hui, persuadée que les hommes devaient amener l’argent nécessaire à leurs jolies épouses pour que celles-ci mitonnent de bons petits plats et se fassent jolies pour leurs sorties entre amies. Nathaniel aurait dû faire la fierté de ses parents, continuer une longue lignée de médecins. Au lieu de cela, il s’était fait (chut ! Ne le dites pas trop fort !) interner. Quelle honte ! Quelle aberration ! Déjà que ses parents s’étaient accommodés avec amples difficultés et un déni à toute épreuve de son déficit d’attention et de la nécessité d’un suivi psychiatrique, alors l’hôpital, l’asile ! Qu’allaient dire les voisins ? Et au milieu de tout ça un jeune garçon de dix ans fut séparé de sa sœur cadette adorée (mauvaise influence ! trop dépendants l’un de l’autre !) et placé au milieu d’êtres plus effrayants les uns que les autres. Ah, si son esprit pouvait oublier ces salles blanches au nombre infini, les hurlements de ces patients qui ne se taisaient que lorsque la folie de leur regard laissait place aux brumes abruties des médicaments. Et tout ça pourquoi ? Parce qu’il disait la vérité !

Oui, la vérité. Bien, il était trop attiré par les flammes. Les garçons de son âge lançaient des cailloux sur la voiture des voisins et il brûlait les livres de ses parents. Et alors ? Il n’avait que dix ans ! Et les marques de brûlures, sa tendance à « l’automutilation » : un bien grand mot pour masquer l’étroitesse d’esprit d’adultes incapables de comprendre que leur fils appartenait à une espèce supérieure. Car oui, du haut de ses seize ans, il estimait les dépasser tous. Lui était parvenu à communier avec cet élément si fascinant qu’était le feu. Certes cela lui avait d’abord valu de nombreuses blessures, mais la douleur n’était rien face à la vision qu’offrait une flamme dansant au bout de ses doigts. Il restait persuadé que c’était sa persévérance et elle-seule qui lui donnait à présent la possibilité de faire brûler par sa volonté propre un bras tout entier. Mais Nathan était loin d’être idiot. L’enfer dans lequel l’avaient jeté ses parents lui avait au moins enseigné une chose : nul n’était prêt à connaître la vérité. Tant que son entourage soupçonnerait une trace de folie dans son esprit juvénile, il serait enfermé, surveillé, incapable de travailler le don qu’il avait acquis. Aussi joua-t-il leur jeu. Il observa scrupuleusement les règles qu’on lui imposait, y compris écrire ce stupide journal ou s’essayer à la méditation. Il avala ces stupides cachets qui l’abrutissaient et coupaient sa connexion avec le feu. Etait-ce ainsi que chacun voyait le monde ? Teintée d’une brume blanche, le laissant soit se concentrer un peu plus longtemps, mais lui ôtant la capacité de vénérer la beauté des flammes ? Si cela faisait de lui une personne normale, et bien il ne souhaitait pas l’être.

Du haut de ses onze ans Nathan avait été l’acteur parfait. Nul ne soupçonna qu’il faisait semblant, mais personne ne cherchait vraiment à connaître la vérité. Aussi le laissa-t-on partir. La folie d’un enfant dérangeait bien trop les esprits pour que quelqu’un n’accepte pas avec soulagement la nouvelle de son rétablissement. « Une simple rébellion ! » s’écria-t-on, « Quel enfant n’est pas passé par une phase destructrice pour défier ses parents ! ». Ses parents déménagèrent à Londres, loin des commérages, et commencèrent une nouvelle vie. Mais jamais ils ne prêtèrent la même attention à leur aîné qu’avant. On ne le cachait pas, mais leurs regards préféraient ne pas s’attarder sur ses troubles d’attention et son hyperactivité encore bien présents, de peur d’y déceler quelque chose de bien plus effrayant et gênant pour leur vie sociale. Qui a envie de vivre avec un enfant pyromane ? Ils couvraient d’attention leurs deux autres enfants, présentaient leurs filles prodigues aux soirées bourgeoises. « Et votre fils aîné alors ? » leur demandait-on, « Il étudie » répondaient-ils d’un rire nerveux. Car c’était bien la moindre des choses que pouvait faire Nathan : réussir ses études. Et au milieu de ces regards fuyants se développa un garçon différent de toutes leurs attentes, sarcastique, solitaire, associable, mais capable de tous les tromper par un sourire chaque plus brillant afin de tenter de détourner par sa lumière l’attention des parts bien plus sombres d’un adolescent perturbé. Ses parents se berçaient d’illusions, leur petit monde parfait n’ayant pas de place pour un être capable de créer le feu. Oubliant les multiples détails qui composaient leur fils, ils se contentèrent de l’apparence générale qu’offrait Nathan au monde. Persuadé que leur enfant avait dépassé les délires de sa triste enfance, ils ne prirent jamais conscience que les cicatrices de brûlure couvrant son corps, celles qui avaient tout déclenché, avaient disparu. Mais la peau n’était pas restée vierge bien longtemps. Des signes de bagarres marraient sa peau si blanche, comme autant de signes qu’il n’était pas ce qu’il prétendait être.

Ces doigts abîmés récupérèrent le stylo échoué par terre tandis qu’un soupir lui échappait. Encore une journée à conter dans son journal, encore un exercice de futilité pour tenter d’être normal.

« Ah mon journal, que te dire de cette journée ? Elle a ressemblé à toutes les autres. J’ai souri aux jeunes filles invitées chez nous par mes parents comme le parfait petit aristocrate anglais avant de m’éclipser de ce cocktail. Mes parents ne s’en sont jamais rendu compte. Au fond, mon absence nous arrange tous. J’ai rejoint Adam et ses amis dans les rues de Londres. Ah si mes parents savaient que leur fils aux si nombreux défauts s’acoquine avec une bande de voyous ! Se bat, vole, casse ! Pire, partage le lit de l’un d’eux ! Et pourtant, je ne me suis jamais senti aussi libre qu’au milieu de personnes face à qui je n’ai pas besoin de prétendre d’être quelqu’un d’autre. Je ne saurai te dire qui je suis vraiment, cher journal, mais j’aime à croire que c’est le garçon qui court pieds nus dans les flaques d’eaux de Londres. »


Les flammes. Elles le fascinaient toujours autant. Elles dansaient, illuminaient la pièce de leurs couleurs chaleureuses, offraient douceur et réconfort. Mais ceci se faisait au prix du bois petit à petit réduit en cendres noires s’accumulant au fond du four. Comment ne pas souhaiter leur offrir tout ce dont elles avaient besoin pour brûler plus haut, plus fort ? Comme cette maison qu’il avait vue près du centre-ville. Ses murs offraient suffisamment de bois pour que le feu offert par Nathan prenne, mais aussi assez de pierre pour que l’incendie dure plus longtemps. Il pourrait contempler ses propres flammes s’élever haut dans le ciel, et qu’importe si les humains habitant cette maison n’appréciaient pas à sa juste valeur le cadeau qu’il leur faisait. Ils ne comprenaient jamais. Comment leur en vouloir ? Ils n’étaient qu’humains. Certes il avait grandi. Il savait à présent que ce n’était sans doute pas sa persévérance à observer les flammes qui lui avait conféré son pouvoir, mais bel et bien une simple mutation génétique. Cela l’empêchait-il de se sentir supérieur ? Absolument pas. Il osait croire que les transmutants n’étaient pas les aberrations dont les hunters les traitaient, mais bel et bien une nouvelle étape de l’évolution. Et si ses comparses se laissaient chasser comme des proies, référencer comme du bétail, et bien Nathan ne l’acceptait pas. Les humains les craignaient, et ils avaient raison. La Nature avait offert à certains d’entre eux le pouvoir de voir au-delà de la vision étriquée des simples humains, et ainsi de ne faire qu’un avec une petite partie d’Elle. Pour Nath’, il s’agissait d’un feu, dont il vénérait les moindres nuances, et en échange il pouvait le créer d’un simple claquement de doigt. Les transmutants n’avaient pas encore pris conscience de leur potentiel, mais lorsqu’ils verraient leur don comme le cadeau qu’il était, nul hunter ne ferait le poids. Quant aux autres humains… Inutile de s’en préoccuper. Leur extinction viendrait bien assez tôt s’ils continuaient à se révéler incapable d’ouvrir leur esprit à la nature et au monde entier.

Malgré ses opinions arrêtées, Nathan ne ferait pas brûler cette maison. Autant méprisait-il les hunters, autant il savait pertinemment qu’à l’heure actuelle il ne pourrait les combattre s’ils le trouvaient et décidaient de l’éliminer. Oh il avait déjà réglé leur compte aux hunters isolés qui s’étaient frottés à lui, avait volontairement chassé et tué ceux qui risquaient de dévoiler sa véritable identité au monde. Mais si tous les hunters venaient à le prendre pour cible ? Il ne donnait pas cher de sa peau, et il haïssait son impuissance. Il lui arrivait de faire brûler des repères isolés de hunters, de venir en aide aux autres transmutants, mais toujours en dissimulant son identité, car malgré tout il tenait à sa petite vie à Radcliff. Qui l’aurait cru ? Lui, l’hyperactif, le transmutant, le pyromane, trouvant enfin un semblant de paix dans une si petite ville ? Il avait voyagé si longtemps, incapable de se poser plus de quelques mois, pour finalement choisir cet endroit ? Lui-même trouvait cela risible. Il se justifiait en prétendant que son esprit était trop accaparé par les actes des hunters et l’envie de placer les transmutants en haut de l’échelle pour se lasser de son quotidien, mais au fond il savait que ce n’était pas la raison pour laquelle il restait.

A Radcliff, il avait trouvé un endroit où exercer d’autres talents que ceux d’incendiaire, et être accepté pour ces talents. Ah, la pâtisserie. Ses parents n’avaient jamais compris, et n’avaient accepté que de payer son billet d’avion pour la France ainsi que ses premiers mois de frais avant de le laisser se débrouiller seul. Il avait dû se trouver un travail, un appartement peu cher, afin de pouvoir continuer à apprendre son futur métier. Et il avait tenu. Ah ! Ses parents n’en étaient pas revenus. Ils étaient persuadés que ce n’était qu’une énième rébellion de leur fils si prompt à la décevoir, une nouvelle manière de leur démontrer que oui, il pouvait coucher avec des garçons s’il le souhaitait. S’il aimait aussi les filles, quelle autre raison de s’acoquiner avec des hommes avait-il que de les provoquer ? Nathan ne se surprenait même pas de leur réaction. Ils l’avaient interné à dix ans parce qu’il était un transmutant, comment seulement penser qu’ils pourraient faire preuve d’ouverture d’esprit ? D’ailleurs ils n’avaient toujours pas fait le lien entre l’existence des transmutants et l’enfance perturbée de leur fils aîné. Ils étaient bien trop occupés à l’oublier pour tenter de comprendre. Avec une famille comme la sienne, comment ne pas comprendre que des gens semblant si ce n’est l’apprécier, mais au moins le tolérer pour ses pâtisseries le ravissaient ? Beaucoup se fichaient bien de qui occupait son lit tant qu’il maintenait un commerce honnête et florissant. Et oui. Au milieu de sa colère et de sa solitude se cachait un petit garçon de dix ans qui attendait toujours qu’on lui dise « Ca va aller, ne t’inquiète pas, nous t’aimerons quoi qu’il arrive. »