you can't change what you are, no matter who you save and who you love (CECILY)
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Sujet: you can't change what you are, no matter who you save and who you love (CECILY) Mar 6 Sep 2016 - 21:30
you can't change what you are, no matter who you save and who you love
CECILY & ADRIAN
we’re all killers. we’ve all killed parts of ourselves to survive. we’ve all got blood on our hands. something somewhere had to die so we could stay alive.
Adrian s'était levé aux aurores, en prenant garde à ne pas réveiller Evie, de plus en plus fatiguée par sa grossesse. Il avait ensuite été voir Aurora, toujours profondément endormie à cette heure si matinale. Silencieusement, il était descendu dans le salon, avait attrapé son paquet de cigarettes et un briquet, et était allé s'asseoir sur le perron du jardin. L'air frais lui avait arraché un frisson, mais en bon norvégien qu'il était, il n'avait pas même songé à se couvrir plus. Songeur, après une nuit sans sommeil, il avait allumé une cigarette – il savait qu'Evie détestait ça, alors il ne fumait presque plus. Depuis qu'il était sorti de l'hôpital, il ne savait plus très bien où il en était. Il y avait eu tant de bouleversements dans son existence en si peu de temps qu'il peinait à garder le cap, il avait l'impression d'être pris en pleine tempête. D'abord il y avait eu ces chasseurs qui avaient tenté de tuer Evie et Aurora, et puis il avait appris qu'Evie était enceinte – de jumeaux, de surcroît, Cecily était revenue dans sa vie en même temps que Nathaniel avait disparu... Tout cela avait complètement chamboulé le grand blond. Et si Adrian faisait mine de rien la plupart du temps pour ne pas risquer d'inquiéter inutilement Evie, en réalité son esprit était un vrai bouillon de pensées. Aussi vite qu'il les avait prises, Adrian avait rendu ses armes de chasseur, et s'était juré de ne plus faire le moindre mal à aucun mutant, ayant réalisé avec des années de retard que la chasse n'était pas la solution à tous les problèmes et que surtout, elle ne lui rendrait pas Amelia. Et puis, il y avait eu Evie et sa vaccination. La jeune femme avait beau lui dire que ce n'était pas de sa faute, qu'il s'était agi de sa décision, il culpabilisait. À cause de lui, elle s'était volontairement amputée d'une partie d'elle-même et cela, il ne parvenait pas à se le pardonner. Par peur de le perdre, elle s'était mutilée. Comment aurait-il pu avoir la conscience tranquille en sachant que c'était sa faute ?
Un long soupir lui échappa, et Adrian tira une dernière fois sur sa cigarette avant de l'écraser contre un caillou. Il avait déjà tiré un trait sur ses abus d'alcool, restait encore à se débarrasser complètement du tabac. C'était une énième mauvaise habitude à perdre, la plus difficile peut-être. Mais au moins, il ne passait plus ses soirées à traîner dans les rues de Radcliff, à la recherche de mutants à vacciner – ou pire. Quand bien même n'aurait-il pas eu de révélation à ce sujet, il aurait été incapable de laisser sa femme et sa fille seules après ce qui avait failli leur arriver. Il avait bien failli les perdre, et ça avait été pour lui le pire de tous les électrochocs. Après ça, il n'était plus question de vivre séparément d'elles, aussitôt sorti de l'hôpital il s'était réinstallé avec elle et Evie n'avait pas protesté. Ils avaient vécu séparément suffisamment longtemps, ni elle ni lui n'auraient supporté une séparation plus longue. Sans compter que, enceinte de jumeaux – des garçons, Evie avait besoin de lui plus que jamais. Cette grossesse, cette nouvelle paternité, angoissaient Adrian plus que de raison. Il se demandait sans cesse s'il avait ce qu'il fallait pour être un bon père, s'il faisait ce qu'il fallait pour Aurora. Plus tard, quand elle serait en âge de comprendre, que penserait-elle de ce qu'il avait fait... ? Et ses fils ? Trois enfants, à Radcliff, c'était beaucoup. Parfois... Non, souvent, il se demandait s'ils ne feraient pas mieux de plier bagage pour retourner en Alaska. Là bas, les choses n'étaient peut-être pas parfaites, mais au moins le quotidien était vivable, chacun se mêlait de ses affaires et les mutants n'étaient pas chassés comme du gibier.
Adrian avait quitté la fraîcheur matinale de l'extérieur lorsqu'il avait entendu Aurora l'appeler, il s'était dépêché de rentrer pour aller s'occuper d'elle avant qu'elle ne réveille sa mère. Il l'avait nourrie, l'avait habillée, puis il l'avait laissée jouer tranquillement dans le salon pendant qu'il préparait le petit-déjeuner d'Evie, afin qu'elle n'ait rien à faire une fois qu'elle serait levée. La jeune femme levée, Adrian s'était efforcé d'afficher son plus large sourire afin qu'elle ne s'inquiète pas pour lui, et afin qu'elle évite de lui demander comment il se portait, il avait pris les devants et lui avait demandé comment elle se sentait. Parler d'elle, parler des jumeaux, s'intéresser à Aurora, c'était rester en terrain connu et pour le moment, c'était ce qu'Adrian préférait. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas lorsque Evie s'intéressait à lui, mais puisqu'il n'était pas certain d'avoir de bonnes réponses à lui donner, il préférait ne rien dire du tout. La matinée s'était écoulée sans heurts, ils avaient profité d'un moment en famille comme ils avaient pu en reprendre l'habitude après qu'Adrian soit sorti de l'hôpital. Mais Adrian ne parvint pas à en profiter totalement, l'esprit occupé par autre chose. Un peu avant l'heure du déjeuner, il avait fini par dire à Evie qu'il sortait, parce qu'il devait absolument aller parler à sa sœur. Sans doute un peu surprise, Evie n'avait même pas posé de question et l'avait laissé quitter leur domicile pour aller retrouver Cecily.
Plus vite qu'il ne l'aurait cru, Adrian s'était retrouvé devant la porte de l'appartement de son aînée, sans trop savoir quoi faire. Parler à Cecily, avec Cecily, ça n'avait jamais été une mince affaire pour lui. Les choses entre eux étaient compliquées, et cela depuis qu'ils étaient enfants. Il y avait toujours eu ce fossé entre eux, creusé par Nathaniel et leurs parents, et ils paraissaient être trop différents pour s'entendre, et cela malgré toute l'affection qu'ils se portaient. Ils s'étaient éloignés l'un de l'autre, avaient vécu leurs vies bien différemment... Mais quand il avait eu besoin d'elle, Cecily avait été là. Elle était venue jusque dans le trou qu'était Radcliff quand Evie l'avait appelée pour lui apprendre qu'Adrian était dans le coma, et pour une raison qui échappait complètement à ce dernier, elle n'était toujours pas partie. Cela faisait six mois qu'elle était en ville, et ils n'avaient pas été fichus d'avoir une véritable conversation. Adrian finit par se résoudre à frapper ; et nerveux et les bras croisés sur la poitrine, il attendit que Cecily lui ouvre. Elle était du genre à avoir son emploi du temps organisé de A à Z, est-ce qu'il aurait mieux fait de l'appeler pour lui demander s'il pouvait passer ? Il n'eut pas le temps d'y songer réellement, la porte de l'appartement s'ouvrit. « Euh... Salut... Désolé si je te dérange, je me disais simplement qu'on pourrait peut-être... » Son regard se posa sur le visage de Cecily, et son expression changea radicalement. « … Parler ? » Depuis quand le visage de sa sœur était-il tuméfié et couvert d'hématomes ? Sans attendre qu'elle l'invite, Adrian entra chez elle et attrapa son aînée par les épaules. « Qu'est-ce que... Putain, Ceci, mais qui t'a fait ça ? Tu vas bien, ça va ? » Les sourcils froncés, Adrian observait sa sœur sous toutes les coutures, cherchant à savoir si elle était blessée et surtout à comprendre ce qui avait bien pu lui arriver. Un accident ? Non, un accident, ça donnait rarement un œil au beurre noir. Après Evie et Aurora, Cecily ? Hasard ou non, cet acharnement contre sa famille allait rendre Adrian plus paranoïaque qu'il ne l'était déjà. « Parle moi. Qui t'a fait ça ? » Immédiatement, il songea à Griske. Si cette enflure avait touché sa sœur, la prochaine fois qu'il le verrait, il ne le raterait pas.
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Sujet: Re: you can't change what you are, no matter who you save and who you love (CECILY) Sam 24 Sep 2016 - 20:32
you can't change what you are, no matter who you save and who you love
Adrian & Cecily
Je n'avais jamais aimé faire la grasse matinée. Aussi loin que je me souvienne, j'avais toujours été la première levée, prête à mettre mes frères et ma sœur au garde à vous, et ce même le week-end. Dormir était une perte de temps à mes yeux, un gâchis de moyens et d'énergie... Et pourtant, j'aurais donné cher pour rester un peu plus longtemps entre les bras protecteurs de Morphée. A mon retour de l'hôpital, je m'étais endormie comme une masse, assommée par les anti-douleurs et épuisée par le temps que j'avais passé aux urgences. Un sommeil sans rêves était venue me cueillir, jusqu'à ce qu'une douleur aussi vive que brûlante ne me réveille en sursaut, aux alentours de sept heures. Grognant, dans un état second, je m'étais rendue compte que pendant la nuit, je m'étais endormie sur mon épaule meurtrie, laquelle me rappelait désormais qu'elle existait, et comptait bien me faire regretter cet oubli. Tout mon corps était lourd, comme si une chape de plomb avait été posée dessus, et je me retrouvais à fixer le plafond... Comme s'il était susceptible de m'apporter une quelconque réponse, tiens. Si l'on m'avait demandée où j'avais mal, j'aurais répondu qu'il était plus rapide d'évoquer les zones de mon corps qui n'étaient pas douloureuses. Maintenant que l'adrénaline était retombée, je sentais chaque muscle de mon visage protester dès que je faisais ne serait-ce que cligner des yeux, j'avais l'impression de sentir encore la chaleur d'une balle dans mon épaule, et ma cheville foulée me faisait un mal de chien. Élongation d'un tendon, m'avait dit le médecin avant de me bander le pieds et de me prescrire une quantité incroyable d'anti-douleurs, anti-inflammatoires et anti je ne sais quoi de plus.
Sur les coups de huit heures, la douleur devint si forte que je ne dus me résoudre à me lever, non sans difficultés. Il fallait que je sache, il fallait que je retrouve ce Belikov et l'envoie pourrir derrière les barreaux. Combien de mutants n'avaient pas eu ma chance ? Combien étaient morts ou avaient disparu à cause de lui ? Ce n'était pas seulement pour moi que je tenais à le faire arrêter, c'était pour tous les autres et plus particulièrement les prochains qui étaient certainement déjà sur sa liste. C'était aussi pour mes proches... Connaissait-il Nate ? Adrian ? Risquait-il de s'en prendre à eux ? Pire, risquait-il de s'attaquer à Evelyn et Aurora en guise de représailles ? Cette pensée me donnait la nausée. D'un pas peu assuré, je me dirigeais vers la cuisine, où j'avais jeté le sachet contenant les flacons que cachets que m'avait prescrit le médecin. Ibuprofène, codéine, efferalgan... De quoi m'assommer pour la journée et me priver de toute capacité de réflexion. Si je n'avais pas eu si mal, je les aurais jetés sans même chercher à comprendre. M'emparant du premier flacon, j'hésitais même un instant à prendre le médicament, mais le sang qu'il pulsait à mes tempes acheva de me convaincre que c'était un mal pour un bien. Ma médication avalée, je me préparais un thé et me laissais tomber dans le canapé avec un soupir à mi chemin entre le soulagement et la résignation. Je sirotais le thé brûlant tout en parcourant sans vraiment la lire la première page du journal de la veille.
Je dus m'endormir plus d'une fois dans la matinée, car je ne la vis pas passer, plongée dans une torpeur inhérente à l'effet des médicaments. J'allais rendre les armes et retourner me coucher, quand on sonna à la porte. Qui pouvait bien venir me voir au milieu de la journée ? Marvin ? Et comment aurait-il fait pour venir, coincé dans un fauteuil avec une femme tyrannique ? Suspicieuse, je me levais, prête à user de la meilleure arme que j'avais en cas de besoin, à savoir ma mutation. Un coup d'oeil à travers le judas et je me détendais instantanément. J'ouvrais la porte, tentant de coller un sourire sur mon visage marbré d'hématomes pour accueillir Adrian, mais renonçais vite à cette idée : sourire était plus douloureux que tout le reste. Avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit, Adrian était entré, me prenant par les épaules en m'assommant de questions. Je grimaçais et posais une main tremblante sur son bras.
« Lâche-moi, s'il te plaît, Adrian, tu me fais mal. »
Je savais que je n'y couperais. Qu'il faudrait que je parle, que je lui dise ce qu'il m'était arrivé. Adrian était tenace, bien plus maintenant qu'avant. Et, quelque part, je n'avais pas vraiment la force de lui tenir tête.
« Viens t'asseoir, s'il te plaît, j'ai du mal à rester debout. »
Je retournais m'asseoir dans le canapé, lui désignant la cuisine si jamais il voulait se servir à boire ou à manger.
« Je vais bien, oui. Enfin... Je suis vivante et entière, si c'est là le sens de ta question. J'ai mal absolument partout et je ne vais pas pouvoir travailler pendant un bon mois. »
Je lui désignais mon bras droit, lequel était bandé de l'épaule au coude, sous le pull que j'avais enfilée après m'être levée.
« Un hunter. Tu t'en doutais, j'imagine, mais c'est un hunter qui m'a fait ça. Je ne sais pas comment il a su que j'étais une mutante... Peut-être à cause de cette nouvelle loi qui oblige les mutants à mentionner leur condition sur leurs papiers d'identité, mais c'est tellement récent... »
Ce n'était pas un amateur, loin de là, et c'était bien ce qui m'inquiétait.
« Il m'a suivie alors que je quittais mon travail l'autre soir, en se présentant comme assistant juridique et en affirmant s'appeler Belikov... Je ne sais même pas si c'est son vrai nom, je n'ai pas encore eu le temps de m'y intéresser, je n'ai... »
Je m'arrêtais brutalement, me rendant compte que c'était une véritable libération de parler de tout ça à mon frère, tout en ne sachant pas d'où venait ce brusque élan de confidence. Habituellement, j'avais plus tendance à le tenir à l'écart et... Je l'avais fait, en quelque sorte, en ne l'appelant pas pour le prévenir. J'avais passé deux jours à l'hôpital et n'avais même pas pris la peine de prévenir qui que ce soit.
« Je suis épuisée mais les médecins m'ont dit que ça irait mieux d'ici quelques jours. Je me suis simplement trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment, et en compagnie de la mauvaise personne. »
Chaque mot devait être mesuré pour ne pas attiser la colère la d'Adrian, pour ne pas risquer de le voir prendre les armes pour faire la peau à Belikov. Plus il se tiendrait loin de cet homme, plus je serais rassurée.
« De quoi voulais-tu me parler ? Tu n'as pas d'ennuis, j'espère ? »
Par ennuis, j'entendais inévitablement « tu ne t'es pas encore mis dans l'embarras ? »
Sujet: Re: you can't change what you are, no matter who you save and who you love (CECILY) Jeu 6 Oct 2016 - 15:25
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CECILY & ADRIAN
we’re all killers. we’ve all killed parts of ourselves to survive. we’ve all got blood on our hands. something somewhere had to die so we could stay alive.
Adrian était livide. En trente deux ans, il n'avait jamais vu Cecily en position de faiblesse. Pas une seule fois. Alors la trouver ainsi meurtrie, sans en avoir eu la moindre idée préalable, ça le laissait stupéfait. Jamais deux sans trois ? C'était un triste adage qui se vérifiait, au grand effroi d'Adrian. D'abord il avait eu Amelia, puis Evie, et maintenant Cecily. Sans même savoir ce qui était arrivé à sa sœur, il avait la certitude que ce n'était pas un banal accident, parce que c'était le genre de chose qui n'arrivait pas à Radcliff. Le hasard et les déconvenues du quotidien n'avaient pas leur place dans cette maudite ville, c'était toujours autre chose qui se chargeait de rappeler à ses habitants que nul n'était inatteignable. Et ce qui choquait d'entrée de jeu Adrian, c'était justement que sa sœur était censée être invulnérable. C'était le principe de son don, non ? Être en mesure de se protéger ? Il avait à peine commencé à parler que déjà, les questions se bousculaient dans son esprit. Quand Cecily lui demanda de la lâcher parce qu'il lui faisait mal, il s'exécuta dans la seconde et ses bras retombèrent le long de son corps. C'était une vision qui lui brûlait les rétines. Cecily avait toujours été comme un roc à ses yeux, immuable, indestructible. Peut-être pare qu'elle lui avait donné cette image d'elle-même, toujours était-il qu'il avait l'impression de faire face à quelque chose qui n'était pas naturel. Un peu gauchement, il allait s'asseoir à côté d'elle sur le canapé, sans la quitter du regard ; il l'observait comme s'il s'attendait à ce qu'elle ne s'effondre, parce qu'il connaissait trop bien sa démarche et l'expression de son visage. C'était une attitude qu'il avait souvent adoptée après une ronde de chasseur un peu trop intense, et Dieu merci Evie n'avait jamais été là pour le ramasser sur le tapis du salon, ou sur le carrelage de la salle de bain. Sauf qu'à bien y réfléchir, il avait bien mérité de finir étalé par terre après avoir une raclée, ce qui n'était certainement pas le cas de Cecily.
« T'es... Vivante et entière ? Mais bon sang Ceci, ça suffit pas... Désolé de te le dire comme ça, mais c'est totalement con comme raisonnement... ! » Aurait-il dû laisser Roman s'en sortir comme une fleur parce qu'Evie était sortie vivante de son agression ? Certainement pas ! Elle n'était peut-être pas morte, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'il ne lui était rien arrivé. Et un mois d'arrêt maladie, ce n'était pas le genre de chose qui confirmait qu'elle "allait bien". Si il lui avait sorti la même stupidité quand elle l'avait retrouvé dans son lit d'hôpital, elle n'aurait pas manqué de lui faire remarquer sa connerie, et pour une fois il refusait de courber l'échine devant elle pour lui donner raison. Il n'était plus un gamin impressionnable, et elle n'était de toute évidence pas en état de lui cacher la vérité. Adrian manqua de bondir de son siège lorsqu'il réalisa que le bras de Cecily était immobilisé – et elle osait lui dire qu'elle était entière ? Déjà, il sentait la colère monter, comme elle était montée quand il avait découvert Evie sur son lit d'hôpital. Sa sœur et lui n'étaient pas aussi proches qu'ils l'auraient voulu, mais elle n'en était pas moins sa sœur. Que quelqu'un ait pu lui faire du mal lui donnait des envies meurtrières ; ces mêmes envies qu'il s'efforçait de réprimer depuis son rétablissement. Il aurait pourtant dû se douter que s'il voulait devenir un homme de paix, il devait quitter Radcliff. Pour éviter de s'emporter vite, trop vite, Adrian joignit ses mains et prit une profonde inspiration, sachant pertinemment qu'il ne ferait que repousser l'inévitable.
Il s'était douté que c'était un chasseur qui s'en était pris à elle à la seconde où il avait vu son visage tuméfié, mais l'entendre de la bouche de Cecily était différent. C'était différent parce que cela faisait d'une pensée la réalité, une réalité devenue bien trop familière. « Cette nouvelle loi, c'est de la merde. Je comprends même pas comment elle a pu passer ? Je veux dire, c'est... C'est de la discrimination, purement et simplement ! Combien de gens vont se faire tuer à cause de ça ? » Des familles entières allaient être décimées, des mutants massacrés sans raison... Cette loi transformait tous les porteurs du gène en cibles mouvantes, ni plus ni moins. Adrian était inquiet, comment aurait-il pu ne pas l'être ? Des membres de sa famille et certains de ses amis étaient mutants, et il n'avait pas envie de les voir être abattus comme du gibier. « Belikov, tu dis ? » Si c'était bien le nom du chasseur qui l'avait agressé, il le retrouverait. Si on ne touchait pas à sa femme, on ne touchait pas à sa sœur non plus. « T'as été voir les flics ? T'as porté plainte... ? » De sa bouche, ça sonnait faux. Adrian était du genre à régler ses problèmes sans passer par la case Loi, il faisait justice lui-même et jusqu'à présent cela avait été bien plus efficace que la police. Mais Cecily était une femme avec des principes, alors il avait posé la question, au moins pour le principe. « T'as l'intention de faire quelque chose ? Tu peux pas laisser ce type courir, putain... » Adrian se leva d'un bond et se mit à faire les cents pas devant sa sœur, les bras croisés sur son torse. « Au mauvais endroit, au mauvais moment... ? T'es toujours au mauvais endroit au mauvais moment à Radcliff, Ceci. C'est pas une explication, encore moins une excuse ! » Il était furieux. Après ce type, et après Cecily qui se comportait comme si ce qui lui était arrivé n'était pas important. Elle aurait pu y laisser la vie, ce n'était pas le genre de chose qu'Adrian pouvait décider d'ignorer. S'il avait bien un défaut, c'était celui d'être beaucoup trop protecteur avec ses proches. On pouvait également lui reprocher de trop souvent réagir à chaud, mais c'était plus fort que lui. Il avait vu trop de personnes mourir pour pouvoir rester de marbre face à la détresse des siens.
« Si j'ai des ennuis ? Non, je voulais juste te voir... Et de toute évidence j'ai bien fait de venir, parce que tu m'en aurais pas parlé, pas vrai ? Je suppose que c'est un défaut qu'on a en commun. » Lui non plus n'avait pas voulu la contacter quand il s'était retrouvé entre la vie et la mort, sans l'initiative d'Evie, elle n'aurait sans doute jamais mis les pieds à Radcliff. « Tu ne peux pas laisser passer ça, Ceci. Si tu te charges pas de ce mec, je le ferai à ta place, je te préviens. Et c'est non négociable. J'en ai ma claque de voir ces malades s'en prendre à ma famille. D'abord Amelia, puis Evie et Aurora, et maintenant toi... La prochaine fois, ce sera qui ? Mes amis, mes fils ? T'es pas à Radcliff depuis longtemps, mais tu vas vite comprendre qu'ici, la seule justice qui existe c'est celle qu'on fait soi-même. Fais-moi confiance, je sais de quoi je parle. » Un sifflement agacé lui échappa, accompagné d'un juron. « C'était peut-être différent à Chicago, mais Radcliff c'est la jungle, et c'est la loi du plus fort qui règne. C'est manger ou être mangé, plus vite tu comprendras ça, et plus vite tu comprendras comment la vie fonctionne ici. Mais en attendant, si je dois sortir les griffes pour te protéger, je le ferai. Ça m'est égal si ça te plaît pas, ça plaît pas non plus à Evie. Mais c'est parce que je sais être impitoyable qu'elle est encore en vie aujourd'hui. » Ses mains étaient déjà couvertes de sang. Un peu plus d'hémoglobine ne changerait absolument rien.
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Sujet: Re: you can't change what you are, no matter who you save and who you love (CECILY) Dim 11 Déc 2016 - 18:08
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Adrian & Cecily
Je n'aimais pas le regard qu'Adrian posait sur moi. Comme si j'avais été une frêle et fragile petite chose, comme s'il avait fallu que l'on me protège, alors même que je clamais depuis des années que j'étais parfaitement capable de me défendre toute seule. Ah... Elle avait fière allure, la mutante ! Sans mes scrupules et ma répugnance à blesser ou tuer avec mon don, j'aurais pu le mettre à terre, je le savais. Il était futé, le Belikov, il était doué, il était sans pitié... Mais il était dépourvu de mutation, et sans cette foutue notion de la justice qui, il fallait bien l'admettre, parfois me pesait, je m'en serais sûrement bien mieux sortie et lui beaucoup moins. Adrien pouvait vociférer, faire les cent pas, s'insurger contre ce monde ivre mort dans lequel nous vivions, il ne nous ferait pas changer, moi et mes convictions. Je soupirais et fixais mon frère avec tout l'aplomb dont j'étais capable.
« Si, ça suffit. Ça suffit parce que je suis vivante, que ces blessures vont guérir, et que je n'aurai pas à vivre avec la mort d'un homme sur la conscience. C'est un monstre, un meurtrier, mais ça ne me donne pas le droit de le tuer. Tu sais aussi bien que moi que ma mutation me le permet. Je suis en mesure de tuer mais rien ne m'en donne l'autorisation. Sinon ce serait jouer le jeu de tous ceux qui traquent les gens comme moi. »
Les gens comme Marvin, qu'on avait vacciné de force et qui se retrouvait cloué dans un fauteuil roulant, les gens comme Evelyn, aussi... Et Aurora ? Et les petits à naître ? Qui pouvait dire s'ils étaient ou non mutants, eux aussi ? Je me retins, mais j'avais envie de demander à Adrian comme il aurait réagit en apprenant que sa petite princesse avait été contrainte au meurtre, à cause d'une mentalité comme la sienne. Peut-être lui refusait-il de l'admettre, mais je n'avais pas besoin d'avoir pris la vie de quiconque pour savoir que ça laissait une marque indélébile. Pourtant, je comprenais la colère et l'inquiétude de mon frère. Cette nouvelle loi qui obligeait les mutants à mentionner leur nature sur le papier et même à donner les détails de leur mutation, c'était comme nous accrocher une cible dans le dos pour faciliter le travail des hunters. Bientôt, il suffirait d'éplucher les registres des cartes d'identités de tous le pays, puis de frapper à la porte des mutants pour les neutraliser. Ce serait une véritable boucherie, et l'état en serait entièrement responsable.
« Je sais, Adri... Je ne comprends pas comment une telle loi a pu être votée... Les gens ont peur, et c'est plus facile de stigmatiser ce qu'on ne comprend pas que de faire preuve de compréhension et d'ouverture d'esprit. Les mutants vont se faire massacrer et leurs proches avec, c'est un gros n'importe quoi désorganisé mais... Mais je ne sais même pas ce qu'on peut faire contre ça. »
Je m'estimais heureuse, avec mes quelques contusions et une balle dans l'épaule, car sans l'aide de Marvin, j'y serais restée. Je n'étais pas morte et j'avais encore le contrôle de mes mouvements, simplement... J'avais peur, et c'était bien ça qui me paralysait. J'avais peur d'être à nouveau attaquée, peur qu'on s'en prenne à mes proches pour m'atteindre, peur de ce qui allait se passer maintenant. J'affirmais avec bien trop d'aisance que tout allait bien, que je m'étais simplement trouvée au mauvais endroit, mais Adrian me connaissait bien trop pour se laisser avoir. Ce n'était pas une explication et encore moins une excuse, qu'il me disait, et je n'avais rien à répliquer à ça. Dans sa situation, j'aurais réagit de la même manière, en vociférant, en m'énervant mais cette fois, j'étais la victime. Une victime incapable de reconnaître qu'elle avait peur et avait besoin d'aider.
« J'ai porté plainte dès ma sortie de l'hôpital, oui. Ils ont son nom et son portrait robot, et je pense m'être montrée suffisamment convaincante pour qu'ils ratissent la ville et empêchent ce pourri de nuire... »
J'avais menacé les policiers qui m'avait reçue, et je n'en avait pas honte. Être procureure me donnait plus de pouvoir qu'on ne le pensait, et ce n'était pas simplement pour moi que je faisais ça, ç'aurait été bien trop égoïste, mais aussi pour toutes les futures victimes de ce chasseur.
« Pour le moment, ils ne l'ont pas retrouvé, c'est comme s'il s'était volatilisé. »
Je tendis la main vers mon frère pour le stopper dans son incessant va et vient, et la posais sur son bras.
« S'il te plaît, Adrian, calme-toi... Je... Je suis épuisée et j'ai... J'ai peur, voilà. Ta colère ne m'aide ni à y voir clair, ni à me calmer, tu comprends ? »
En position de faiblesse, voilà comment je me sentais, alors que je levais les yeux vers Adrian. Il était loin, le petit garçon haut comme trois pommes, frêle et pourtant déjà bagarreur. Loin l'enfant à qui je n'avais jamais vraiment su comment parler. Quelques mois, quelques années d'éloignement, et je m'étonnais encore de voir l'homme qu'était devenu Adrian. Si j'étais fière du père aimant et de l'époux dévoué qu'il était, je me sentais maintenant coupable de n'avoir pas été là lorsqu'il en avait besoin, alors même qu'il semblait prêt à prendre les armes pour laver l'affront qui m'avait été infligé. Le reproche, en revanche, me fit me fermer comme une huître. Je lâchais son bras, mon visage se ferma, et répliquais sèchement :
« A quoi bon ? Je savais que tu réagirais ainsi, et notre nom a suffisamment traîné dans le sang comme ça. Je suis une mutante, Adrian ! Ma nature fait de moi une cible ! Je ne vais pas t'appeler au secours à chaque fois qu'un chasseur décidera de me prendre en chasse ! Je refuse que tu en fasses les frais, est-ce que c'est clair ? »
Je connaissais le traitement que réservaient les chasseurs aux mutants, mais je doutais qu'ils soient plus conciliants avec ceux qui s'avéraient être des traîtres. Seulement, le traître en question, c'était mon frère. Mon petit frère, dont la haine et la colère dépassaient tout ce que j'avais pu imaginer. Alors qu'il me jurait qu'il me défendrait coûte que coûte contre ce chasseur qui m'avait attaquée, je ne retenais qu'une chose : Adrian avait suffisamment de haine et de colère en lui pour affirmer être capable de tuer et détruire tous ceux qui s'approcheraient de sa famille. Je ne voyais pas là un acte de courage mais plutôt la colère indisciplinée d'un homme meurtrit, suicidaire, presque. Lorsque enfin il se tut, je laissais un long silence planer entre nous, le fixant toujours comme si j'espérais avoir halluciné son discours.
« Est-ce que tu t'entends parler, Adrian ? Tu n'as pas encore compris que c'est exactement ce qu'ils attendent ? Si tu ripostes, ils invoqueront la vengeance pour justifier leurs actes, ils affirmeront que tu es manipulé par un mutant ou que sais-je encore, et que nous sommes tous dangereux ! Tu ne comprends donc pas ? Ce sont les mentalités, qu'il faut changer, pas attaquer de front ! En pointant du doigt les chasseurs, en montrant les horreurs qu'ils commettent, nous avons une chance de faire évoluer les choses. Mais si nous continuons à nous entre-tuer... Bon sang... C'est ridicule. Nous sommes tous des êtres humains, pas des animaux ! Et encore, je doute fortement qu'un animal agisse de la sorte. Je suis touchée que tu veuilles me protéger, Adri, mais je ne veux pas de ce genre de protection. Je ne veux pas que tu tues ni que tu te mettes en danger pour servir la folie de ce groupe. »
J'avais souvent l'impression de parler à un mur, quand je tentais d'aborder le sujet avec Adrian, mais s'il fallait que je me répète encore et encore, et bien je le ferais.
« Promets-moi que tu ne mettras pas ta vie en danger pour retrouver ce type... Je te tiendrai au courant de l'avancée de l'enquête, et je tiens personnellement à mettre ce type derrière les barreaux. Ils sont organisés en groupes, il sera bien plus utile vivant que mort... »
Finalement, ça c'était une chose qui n'avait pas changée : notre incapacité à faire des concessions pour écouter le point de vue de l'autre.