Sujet: if we burn, they burn with us (CALEB) Jeu 13 Oct 2016 - 21:24
if we burn, they burn with us
CALEB & MINA
there is no justice in the world, not unless we make it
Ce que Mina voulait faire dans la vie, c'était aider les gens. Ce n'était pas forcément évident au premier abord, le caractère sanguin de la rouquine semblait difficilement compatible avec une forme d'altruisme avancée, pourtant la jeune femme avait décidé très tôt qu'elle défendrait ceux qui ne pouvaient pas le faire par leurs propres moyens. C'était comme ça qu'elle avait atterri en fac de Droit, et qu'elle avait trouvé un poste d'assistante au cabinet d'avocats rival de celui d'Alexander Callahan. Elle s'était retrouvée à travailler avec le frère aîné de Fiona, Caleb, et comme tout le reste des gens qui travaillaient chez Munroe & Duncan, elle avait été étonnée qu'il ait eu le cran de monter le dossier contre Lancaster. D'après certains, c'était une opération suicide, avoir l'ancien maire de la ville et tous ses psychopathes de copains comme ennemis n'était jamais une bonne chance. Mais Mina, elle, trouvait que c'était carrément héroïque d'oser aller à l'encontre de Lancaster et de son armée d'avocats véreux. Il fallait bien que quelqu'un le fasse, alors autant que ce soit un type qualifié, qui savait ce qu'il faisait, et qui ne se laisserait pas impressionner par les menaces. Alors elle avait décidé qu'elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider, quitte à devoir passer des jours entiers à éplucher les dizaines de pages qui composaient les relevés téléphoniques de Lancaster, ou à fouiller toutes les archives de police pour repérer les cas possédant des liens suspects avec lui. Que Mina mette le nez dans cette affaire ne plaisait pas beaucoup à ses parents, qui craignaient – sans doute avec raison – qu'elle ne s'attire des ennuis en titillant Thaddeus et les chasseurs de la ville. Venant de sa mère, elle avait trouvé ça franchement hypocrite. Si elle voulait sauver les mutants en participant aux missions d'Insurgency, grand bien lui fasse, mais qu'elle n'empêche pas sa fille de faire de même en faisant appel à la Loi. La Loi était censée tous les protéger, et depuis qu'Isolde Saddler était maire, peut-être qu'ils pourraient en faire usage pour mettre Lancaster et tous ses petits copains derrière les barreaux, une bonne fois pour toutes.
Un paquet de documents dans les bras, Mina était entré chez Munroe & Duncan avec presque trois heures de retard, essoufflée, les joues rouges et de toute évidence secouée. Ce fut tout juste si elle n'avait pas secoué la secrétaire pour lui demander où était Caleb, et quand elle lui avait répondu qu'il était occupé, elle avait grogné et s'était mise à faire les cent pas dans le cabinet, s'attirant ainsi les regards agacés de la secrétaire et des collègues de Caleb. Elle s'en moquait bien, elle tenait dans ses bras quelque chose qui pourrait tout changer, la patience n'était pas son fort, alors ce fut tout juste si elle ne bouscula pas la sublime jeune femme qui sortait du bureau de l'avocat pour s'y précipiter comme si elle avait la mort aux trousses. Elle referma la porte derrière elle, et commença à parler sans même avoir pris la peine de prendre une inspiration. « Désolée. Je suis en retard, très en retard, je suis vraiment désolée, mais j'ai carrément la meilleure excuse du monde, là. » Mina était très ponctuelle, plus habituée à être en avance qu'en retard, c'était la première fois qu'elle n'était pas à l'heure. Et si elle n'avait pas pu le prévenir, c'était également pour une bonne raison. Elle se dépêcha de déposer sa pile de documents sur le bureau de Caleb et se retourna vers lui. « Je vais tout t'expliquer, il faut juste que tu me laisses parler jusqu'au bout, okay ? Alors, j'ai... Oh. T'as du rouge à lèvres sur la joue, juste là. » Mina pointa du doigt un endroit précis sur son visage. « C'est une chouette couleur, j'aime bien. Tu voudras bien demander à... Scarlett, c'est ça ?... la couleur que c'est ? » Mina secoua la tête en levant les mains. « Bref. » Quand Mina était nerveuse, elle parlait très vite et beaucoup, comme si elle avait peur d'oublier quelque chose.
« Je suis allée à la prison pour récupérer les papiers signés du client de Jack, comme tu me l'avais demandé. Rien à dire là dessus, c'était comme à chaque fois... » Mina haussa les épaules, puis elle alla attraper un épais classeur sur l'une des étagères du bureau et le posa sur le bureau, à côté de la pile de papiers qu'elle avait apporté. Elle fouilla dedans, jusqu'à y trouver le dossier qu'elle cherchait. « J'ai croisé un autre avocat. L'avocat de Ren Townshend. » Elle ne perdit pas de temps à décliner l'identité de l'homme, Caleb savait aussi bien qu'elle qui il était – le bras droit de Lancaster. « Il était là, lui aussi. Au début, il ne disait rien, il se contentait de me fixer, peut-être pour m'impressionner, j'en sais rien... Ça m'a pas plu, je l'ai traité de connard. Ça l'a fait rire. Et puis son avocat m'a demandé si je travaillais bien pour toi, et quand j'ai dit oui, il m'a dit que son client était prêt à faire des aveux complets. J'ai cru qu'il se foutait de ma gueule, mais après il m'a dit qu'il était prêt à tout avouer, là, maintenant. J'ai appelé le bureau, mais Mary n'a pas voulu me basculer sur ta ligne... Alors je me suis dit que j'allais rester, tenter ma chance, je me serais vite rendue compte s'il me prenait pour une conne. » Mina se tut un instant, cherchant comment aborder le plus important de l'histoire. « Son avocat était dans la pièce avec nous, et avant que Townshend ne commence à parler, il a voulu négocier la peine de son client. Perpétuée plutôt que peine de mort... Je lui ai dit que ça dépendrait de ce qu'il avait à me dire. Et puis ça, ce sera à toi de voir au procès, je suppose... Enfin, ce sera toi le procureur dans son cas ? » Mina haussa un sourcil, avant d'ouvrir le dossier qu'elle tenait dans les mains. Elle tendit à Caleb la photo d'une scène de crime, légèrement dérangée par cette dernière. Finirait-elle par s'habituer à la vue de cadavres ? Elle espérait, sans quoi son métier serait difficile.
« Costia Manning. C'était une jeune infirmière de vingt-huit ans. Une mutante. Elle a été assassinée... Townshend et elle étaient amants. On soupçonne fortement Lancaster d'être derrière sa mort, mais l'assassin court toujours. » Appuyée contre le bureau, Mina croisa les bras. « C'est vieux comme le monde, le coup de l'amant blessé qui veut se venger... Je lui ai posé toutes les questions qui me venaient à l'esprit. Au début, il n'était pas coopératif, mais il a fini par commencer à parler. Et après, il ne s'est plus arrêté. » Il lui aurait fallu une éternité pour lui répéter tout ce que le chasseur lui avait raconté ; les nombreux détails sordides la chamboulant encore. Elle avait entendu des choses atroces, sans pour autant être étonnée. Elle tendit alors à Caleb une pochette en carton, avec une expression très sérieuse. « Il a une cassette vidéo de l'entretien là dedans, ainsi que toutes mes notes. Townshend a également signé ses aveux. Et son avocat a joint ses demandes là dedans. Ce qu'il m'a donné, c'est peut-être ce qu'il te manquait pour enfoncer le dernier clou dans le cercueil de Lancaster. En retrouvant l'assassin de Costia Manning, on devrait pouvoir convaincre Townshend de témoigner devant la Cour. Et quand bien même il ne le voudrait pas, maintenant on a des noms, des lieux, des dates... Et je suis certaine qu'il ne m'a pas tout dit, pour garder de quoi négocier sa peine. Je veux dire, ce serait malin de sa part... » Mina soupira longuement, vidée par son entretien avec Townshend. Si bien qu'elle finit par s'asseoir sur le siège juste à côté d'elle ; toujours tournée vers Caleb. « Si jamais il revenait sur ses déclarations, je suis prête à témoigner. Tout ce qu'il m'a dit, tous ces détails... Personne n'aurait pu l'inventer. J'ai eu l'impression d'avoir en face de moi un homme blessé et rongé par l'envie de se venger. C'est quand même ironique, le coup du chasseur qui tombe amoureux de sa proie... Ça doit être une histoire de karma. »
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Sujet: Re: if we burn, they burn with us (CALEB) Ven 21 Oct 2016 - 20:07
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Caleb était dans son bureau depuis l’aurore, alors qu’il ne l’avait quitté qu’une demi douzaine d’heures plus tôt. Il fallait dire que lorsque Scarlett était de nuit et que le petit était chez les Blackwood ou chez la nounou, il ne comptait pas ses heures pour avancer ses dossiers les plus sulfureux : l’heure des jugements des hunters de la ville approchait, et il voulait que sa plaidoirie manque le moindre point, le moindre détail qui pourrait permettre de tous les mettre hors d’états de nuire pendant de longues années. De plus, depuis qu’il avait appris ce qu’ils avaient pu faire à son ami Cesare, et surtout les menaces qui planaient sur Scarlett, il mettait les bouchées doubles, voire triples. Il était capable de s’épuiser à la tâche pour atteindre son but, et il ne s’arrêterait pas avant cela, quitte à y laisser sa santé. D’ailleurs, tout le monde était au courant de cela au cabinet : quand la porte du bureau de maître Munroe était fermée, il était de très très mauvais gout de venir le déranger, à moins que cela soit pour le fournir en caféine fumante. D’ailleurs, même sa secrétaire avait pour ordre de ne pas lui transférer les appels entrants, à l’exception de ceux de Scarlett et d’Isolde. Quand il voulait être productif, Caleb s’en donnait les moyens.
Une stagiaire au déhanché de sirène venait de se risquer à toquer à sa porte, non sans son fameux gobelet de café brûlant, son sourire enjoleur un tout petit peu crispé sur le visage : Caleb était un bon formateur, un bon avocat, mais il n’avait jamais semblé être sensible aux charmes de ses collaboratrices. Elle s’y était risquée un peu, subtilement au début, et s’était heurtée à un mur d’indifférence particulièrement douloureux pour une jeune femme aussi habituée qu’elle d’attirer le regard et l’attention des hommes. Le professionnalisme et le désintérêt de l’avocat avaient été tels qu’elle s’était même demandée, un moment, si il ne préférait pas l’autre sexe. Et puis elle avait vu le sourire qu’il arborait en ouvrant la porte de son bureau à une petite rousse au teint pâle et elle avait compris. Tellement compris qu’elle n’avait plus jamais essayé de briller autrement qu’avec son sérieux au travail. Bref, toujours était il qu’aujourd’hui, elle n’avait pas réussi à attirer l’attention de son mentor, qui n’avait qu’à peine relevé la tête quand elle avait posé sa tasse sur la table. Elle avait tenté de lui toucher un mot du dossier sur lequel il l’avait mis, mais il lui avait vite signifié qu’ils en reparleraient demain. Elle avait hoché la tête, penaude, puis s’était éclipsée, manquant de bousculer Mina, une autre étudiante du cabinet. Demain serait un autre jour pour la jeune femme, et heureusement d’ailleurs.
Toujours le nez à ses fiches, Caleb se crispa légèrement en entendant sa porte claquer. Il n’y avait qu’une seule personne pour claquer les portes s’en faire attention, c’était Mina. C’était la seule de ses apprenties qui lui avait demandé ouvertement d’être affiliée au dossier à charge contre Lancaster. Avant d’accepter, il avait été contraint d’enquêter sur la jeune femme, d’avoir quelques garanties sur sa bonne foi et sa volonté de bien faire : il aurait été trop facile pour Lancaster de lui envoyer une taupe pour ravager ses dossiers. En réalité, il avait appris que la propre mère de la jeune fille était un membre des Insurgency, et que si la demoiselle elle-même n’était pas directement impliquée dans la lutte, elle n’en était pas moins déterminée. C’était ce qu’il fallait sur ce genre de dossier.
- Bonjour Mina, tu as cinq minutes…
Le ton n’était pas sec, simplement préoccupé. Il était sur une partie particulièrement sensible du dossier, et il ne pouvait pas se permettre de perdre trop de temps et de concentration. Il rougit légèrement en se frottant la joue quand Mina lui fit la réflexion à toute vitesse : Scarlett l’avait embrassé sur la joue alors qu’il partait au travail et qu’elle rentrait de sa nuit au bloc. Il n’avait pas croisé son reflet dans la glace ce matin, et comme il n’avait pas parlé à grand monde ce matin… forcément, Mina était la première à le remarquer.
- Hum… quatre minutes… Et je lui demanderai.
Otant ses lunettes pour les remonter sur sa tête, il leva enfin les yeux sur Mina qui s’agitait sur sa chaise, avait de se lever d’un bond pour chercher un dossier, qu’elle ouvrit à coté d’une pile d’autres documents que Cal ne reconnaissait pas. Elle parlait vite, très vite, si bien qu’il devait plisser les yeux et tendre l’oreille pour saisir toute la teneur des propos de la jeune femme. Prison, ok .. Ren Townshend, ok … surprenant, mais pourquoi pas. Les doigts croisés sous le menton, il écoutait le reste du récit de Mina d’un air circonspect : c’était intéressant comme histoire, mais tellement … improbable. Malgré tout, il la laissa continuer, malgré ses sourcils froncés.
- Oui, c’est moi le procureur, mais ce n’est pas moi qui fixe la peine au final, ce sera le jury … Tout ce que je peux faire pour lui, et encore, je n’en ai pas forcément envie, c’est requérir la perpétuité avec remise de peine possible, plutôt que la peine capitale… Son avocat est au courant, on en a déjà parlé.
Un type d’Hugues et Reed, bien évidemment. Doué dans ce genre de contentieux, mais qui ne s’était jamais retrouvé dans une telle situation. Contre Townshend, il y avait des preuves bien, bien tangibles, implacables. S’en sortir pour lui relevait d’un doux rêve éveillé. Il attrapa les photos que Mina lui tendait, et se crispa légèrement, malgré son air impassible : Costia, il l’avait connu, rapidement. C’était une collègue de Scarlett, une des filles les plus douces qu’il lui ait été donné de connaitre. Son assassinat était un terrible, un immense gachis. Cal’ avait été mis au courant pas les Uprising, mais il n’avait pas encore réussi à relier son meurtre aux autres. A moins que…
- Donc tu es en train de me dire qu’il a accepté de parler, de tout te dire comme ça, avec l’idée en tête au petit déjeuner, et que l’avocat n’a rien dit ?
Il baissa les yeux sur la pochette en carton contenant la cassette : c’était bien trop beau pour être vrai, et il ne croyait plus au père noël depuis longtemps.
- J’écouterai ça, mais il ne faut pas oublier qu’il est l’ancien bras droit de Lancaster. Des aveux complets c’est … Assez inespéré. Et douteux. Ça va être terriblement long de s’assurer que chacune des informations données est juste et exploitable. Ces types là sont perfides et tordus, Mina, on ne peut pas prendre tout ce qu’ils disent pour argent comptant, sous prétexte d’une vengeance ou d’un amour tragique… Enfin, c’est prometteur.
Il serra l’arrête de son nez avant de prendre une gorgée de sa boisson, avant de rester un instant silencieux, songeant que les informations de Mina seraient peut être déterminantes pour la suite. Mais pour ça, il lui en faudrait plus de détails :
- Bon… Qu’est ce qui t’a le plus marqué dans son comportement, son aspect physique, son état d’esprit ? Comment réagissait son avocat à tout ça ? Je t’écoute.
Elle avait toute l’attention de Caleb sur elle, son regard pénétrant dans le sien, et elle serait probablement la seule à en obtenir autant de lui aujourd’hui, avant qu’il retourne chez lui.
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Sujet: Re: if we burn, they burn with us (CALEB) Mer 26 Oct 2016 - 10:47
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Mina s'était peut-être emballée un peu vite, mais cela avait été plus fort qu'elle. Elle avait l'impression que pour la première fois depuis des semaines, elle rapportait à Caleb quelque chose d'utile, quelque chose qui pourrait peut-être faire pencher la balance en leur faveur au moment fatidique. Comme lui, Mina voulait voir Lancaster et sa bande de chasseurs tomber, pour qu'ils paient enfin pour tous les crimes qu'ils avaient commis et les traumatismes infligés aux mutants de Radcliff. Si la jeune Barnes avait choisi d'être vaccinée, elle savait que cela n'avait pas été le cas de Caleb et Fiona, et elle connaissait d'autres mutants qui avaient perdu leur mutation parce que quelqu'un avait décidé de jouer à Dieu. Et le plus dramatique dans l'histoire, c'était que les mutants vaccinés étaient censés se considérer comme des chanceux. Combien des leurs avaient fini au cimetière de Radcliff parce qu'un beau jour, un grand malade avait décidé qu'ils n'avaient pas leur place sur Terre ? Mina avaient vu des dizaines de photos de cadavres, des dizaines de dossiers classés faute de preuves, une police débordée, et une Justice inefficace. Elle voulait faire les choses bien, donner une chance à la Loi, mais plus le temps passait, et plus elle se demandait si finalement, les groupes comme Uprising et Insurgency n'étaient pas plus efficace avec leur méthode du "œil pour œil, dent pour dent". Ce n'était peut-être pas très juste, mais combattre le feu par le feu était parfois la seule chose à faire. Mina espérait sincèrement qu'elle avait rapporté quelque chose de concret, qui pourrait les aider, et pas une énième piste qui ne mènerait à rien. Elle commençait à en avoir assez de brasser de l'air, elle n'avait certainement pas le même quota de patience que Caleb et sa tolérance avait atteint ses limites. Elle voulait les voir payer, tous autant qu'ils étaient.
« Si tu veux mon avis, tous ces connards méritent la peine capitale, pour toutes les vies qu'ils ont pu détruire. » Mina n'était pas véritablement en faveur de la peine de mort, mais pour ces types là, sa morale prenait des vacances. « Mais je suppose qu'en épargner un, si ça nous permet de faire tomber tous les autres, c'est un sacrifice qui vaut le coup. » Encore fallait-il que le témoignage de Townshend ait de la valeur et du poids contre celui de Lancaster, et c'était sans compter sur toutes les zones d'ombres et les flous juridiques que les deux partis tenteraient d'exploiter pour arriver à leurs fins. Les bras croisés sous sa poitrine, Mina haussa les épaules avant de relever les yeux vers Caleb. « Son avocat est resté pour toute la durée de notre conversation. Il avait l'air de penser que faire des aveux complets étaient pour son client le meilleur moyen d'échapper à l'injection létale. » Mina ne voyait pas pourquoi Townshend mentirait. Si c'était le cas, ils le découvriraient et il prendrait la peine la plus lourde. « Et puis de toute façon, s'il termine en prison avec tous ses petits copains, je ne donne pas cher de sa peau. » La jeune femme n'exprimait pas la moindre compassion pour ces gens là. Les chasseurs avaient détruit sa famille, et les vies de nombreux de ses proches. Et même s'ils mettaient Lancaster et sa bande derrière les barreaux, ils ne se débarrasseraient que d'une infime proportion de chasseurs. Ces gens là étaient comme de la mauvaise herbe, on ne pouvait pas les chasser complètement. Mais ce n'était pas pour cette raison qu'il fallait renoncer. Mina avait l'âme d'une battante, elle l'avait prouvé à de nombreuses reprises – comme la fois où elle avait pris une hache pour défendre Fiona contre la créature dégénérée qui avait terrorisé Radcliff. Si elle avait pu, elle aurait mis son poing dans la figure de l'ancien maire directement, ça l'aurait sans doute soulagée.
« Caleb... C'est pas un miracle inespéré, ce n'est pas ce que j'ai dit. Mais c'est quelque chose, c'est plus que ce qu'on a pu récolter comme infos ces dernières semaines. C'est pas pour être pessimiste, mais on pédale dans la semoule, là. » Mina soupira longuement. Évidemment, Caleb avait raison d'être méfiant, il connaissait ces types là mieux qu'elle... Ce qui ne l'empêchait pas d'avoir envie de le prendre par les épaules pour le secouer. L'air un peu renfrogné, elle se laissa tomber sur le fauteuil en face du jeune homme. « Ce type, c'est clairement pas un enfant de chœur, mais ça reste un être humain. Si un enfoiré torturait et assassinait ta jolie Scarlett, t'aurais pas envie de lui coller une balle entre les deux yeux ? » Elle leva les yeux au ciel. Ce n'était clairement pas le meilleur moyen pour elle de se donner du crédit, mais ça avait été plus fort qu'elle, elle ne savait pas comment Caleb faisait pour rester aussi calme. « Si tu veux vraiment savoir ce qu'il pensait, faut demander à ma mère, c'est elle la télépathe de la famille... Et puis tu la vois plus souvent que moi, ces temps-ci. » Mina prit une profonde inspiration et passa une main dans ses cheveux avant de répondre à la question qu'il lui avait posé. « Il avait l'air sincère... Et très en colère. Quand son avocat a sorti une photo de mademoiselle Manning, il a semblé... Bouleversé. Il était tendu, le genre de nervosité associée à la colère... Et toutes les informations qu'il m'a données me semblent bien trop précises pour qu'il ait tout inventé. Il ne sait pas plus que nous qui a tué Costia, et je crois que ça le ronge. » Mina soupira, avant de suggérer : « Tu crois qu'il faudrait lui faire passer une évaluation psychiatrique ? D'après son dossier, il n'a pas encore été évalué. » Comme la moitié des chasseurs en prison. Cela prenait trop de temps, coûtait trop cher. C'était souvent une histoire de coût, et cela dégoûtait Mina. La Justice aurait dû faire partie de ces choses qui n'auraient pas dû être compromises par l'argent.
L'expression sérieuse de la rouquine se détendit soudain, et Mina s'enfonça dans le fauteuil. « Tu n'en as pas assez, de se sentir impuissant pendant que ces gens détruisent nos familles, nos vies et tout ce qui nous est cher ? » Personne ne le disait de cette façon, mais c'était une véritable guerre qu'ils livraient contre les chasseurs. « Il y a encore deux semaines, mon père ne se souvenait même pas de ma date de naissance. Et ça fait presque un mois que je n'ai pas eu de conversation avec ma mère. Tout ça parce que quelqu'un a un jour décidé que mon père n'était pas normal. Je n'ai plus de famille, j'ai presque tout perdu. Et ça me rend folle de rage, parce que je n'ai rien pu faire pour empêcher ça. J'ai tout vu, et j'ai été impuissante. » Son regard était tourné vers Caleb, mais elle ne le regardait pas vraiment. « Fiona m'a raconté ce qu'on vous a fait. Elle m'a dit ce que tu as perdu à cause de ces gens là. Et tu sais quoi ? J'en ai ma claque d'être le témoin silencieux de toutes ces atrocités. Faut qu'il paient, tous autant qu'ils sont. Je suis pas magicienne, mais je fais tout ce que je peux pour aider, pour t'aider. Mais à quoi ça sert tout ça si on ne peut pas appliquer la Loi comme il faut ? » Elle tendit la main et attrapa la photo de la pauvre Costia, abandonnée mutilée dans le bois. Elle l'observa un long moment, jusqu'à ce que tout ce qu'elle voyait perde son sens. « Les gens commencent à faire justice eux-mêmes. Et tu sais quoi ? Je les comprends. Ils ne font plus confiance à la Loi. On doit leur prouver qu'ils peuvent nous faire confiance. Sinon, une véritable guerre civile va finir par éclater ici. À ton avis, comment est-ce que ça va se passer quand le gouvernement forcera Isolde à appliquer la loi de recensement des mutants ? Ça va être la chasse ouverte. » Un sifflement furieux s'échappa d'entre ses lèvres pincées, et son air se fit plus dur. « C'est une loi à la Hitler. On commence à stigmatiser les gens, et après... » Elle n'avait pas besoin de terminer sa phrase. Caleb verrait seul où elle voulait en venir. « On ne peut pas laisser faire ça. On ne peut pas les laisser gagner. On doit faire quelque chose. Et on doit gagner. Sinon, des innocents vont encore mourir. Et je ne peux pas... Je ne peux pas perdre encore quelqu'un. »
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Sujet: Re: if we burn, they burn with us (CALEB) Sam 5 Nov 2016 - 15:37
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Mina était son interne depuis quelques semaines, mais il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour cerner le caractère de la jeune femme : aussi flamboyante de caractère que de chevelure, il avait tout de suite ressenti cette impression d’urgence qui émanait de Mina. Il reconnaissait bien cette envie de vitesse, de rapidité, de décision, elle ressemblait énormément à Fiona, une vraie tête brûlée qui bouillonnait d’envie d’apprendre d’abord, et d’agir surtout. C’était cette fougue qu’il se devait de canaliser chez la jeune élève avocate, ou plutôt qu’il devait lui apprendre à gérer pour ne pas brûler d’étapes. Dans ce métier, l’empressement n’était pas toujours signe d’efficacité : ce qui semblait être à première vue une bonne affaire se révélait parfois être décevant, voire pire, carrément piégeur, et c’était exactement l’impression que lui donnait les révélations rapportées par Mina. Cette odeur de trop beau pour être vrai, et l’enthousiasme de Mina ne faisaient que l’interroger un peu plus.
- C’est ton avis, il n’est pas forcément partagé par tout le monde. N’oublie pas que pour d’autres, ce sont les gens comme nous qui méritent la peine de mort, uniquement pour être ce que nous sommes.
Il tapota son stylo sur son menton comme il le faisait souvent quand il était en pleine réflexion. Il écoutait attentivement le reste des explications de Mina, alors que son cerveau moulinait à toute vitesse : cela faisait beaucoup d’informations, beaucoup d’opportunités, le tout saupoudré de l’opiniâtreté de la jeune femme. Il tacha de faire fi de l’avis biaisé de la jeune femme pour se concentrer sur les faits et uniquement les faits : les aveux d’un hunter de cet acabit étaient un apport inespéré à leur dossier, mais encore fallait il que chacune de ces informations soient vérifiables, avec des preuves à l’appui. Or, en tant qu’avocat, il n’était pas flic, ses demandes et requêtes auprès des forces de l’ordre n’étaient pas toujours reçues positivement, et même quand c’était le cas, avoir une réponse pouvait prendre des jours, voire des semaines… Or, du temps, il ne leurs en restait pas tant que cela, et ils ne pouvaient se permettre d’avancer des arguments non vérifiés. Vraiment, cette histoire était aussi tentante que dangereuse. Avaient ils assez d’éléments à ce jour pour faire tomber Lancaster ? Presque. Sauf que presque, ce n’était pas une victoire assurée. Les aveux de Townshend seraient peut être de ceux qui feraient pencher la balance en leur faveur, mais … Mais. Il y avait toujours un mais, et c’était bien cela qui freinait les ardeurs de l’avocat associé.
- Mouais, en attendant Townshend n’a pas été encore condamné, et je doute que son avocat le laisse dormir en prison avec ses petits camarades… Je serais à sa place, je ferai transféré mon client dans un centre de rétention de l’autre coté de l’Etat, voir dans un autre Etat. Ce n’est pas bien compliqué, je suppose que dans la longue liste de ses victimes, il doit en avoir qui viennent d’autres Etats, et donc des crimes qui seront jugés ailleurs… en un sens, ce serait sa porte de sortie, et je pense que son avocat y pensera aussi …
Malgré le bon sens de Caleb, Mina ne semblait pas convaincue, trop certaine que la proposition du chasseur avait quelque chose d’inespérée et d’inratable. Sauf que voilà, Mina n’était pas aussi aguerrie que lui, ni aussi terre à terre. Il suffisait d’entendre ses arguments, qui tirèrent un petit sourire au Munroe en même temps que le soupir de Mina. Cependant, ce sourire s’effaça légèrement de ses lèvres quand cette dernière tenta de le convaincre à grand renfort de chantage affectif. Ce qui était à peu près tout ce qu’il ne fallait pas faire avec lui.
- Mademoiselle Barnes, l’avocat qui use d’arguments affectifs pour rallier quelqu’un à sa cause est au mieux maladroit, au pire carrément médiocre. Ce n’est pas en essayant de me projeter dans une situation d’hypothétique détresse que vous allez me faire adhérer à vos propos, loin de là. Et je vous signale que je suis contre le Talion, peu importe les circonstances. Même en face de celui qui nous a vacciné, ma sœur et moi. Les fers plutôt que l’enfer, parce qu’une fois mort, je ne suis pas certain qu’il se rende compte de ce qu’il a fait. Enfermé dans 8m² de cellule grise et sans fenêtre, il en aura en revanche tout le loisir. Alors pas besoin de remettre ce genre d’argument sur le tapis, entendu ? Sinon je vous renvoie au pôle fiscalité, c’est moins brûlant comme sujet.
Généralement, quand Caleb se mettait à revouvoyer ses stagiaires, il était de bon ton de ne pas insister et de s’écraser un peu, mais ce n’était clairement pas le genre de Mina, qui avait poursuivi avec la même fougue, comme par crainte qu’il la fiche dehors avant d’avoir terminé tout son raisonnement. D’ailleurs, elle était revenue à des arguments plus juridiques, plus concrets, qui permirent à la jeune femme de raccrocher son attention : une évaluation psychiatrique … Pas bête, mais serait ce suffisant… Pas sur :
- Ça pourrait être un début. Après, est ce qu’un simple psy humain pourrait être aussi lucide et clairvoyant qu’un mutant télépathe ou motiopathe, je ne sais pas. Mais comment permettre à un civil de participer à un interrogatoire, c’est là la difficulté du process… à voir.
La question de Mina lui fit relever la tête, légèrement surpris par la franchise de cette dernière. Etonnement, non, il n’en avait jamais assez, pas une seule seconde. C’était là la force de Caleb : il ne devenait pas cynique, il ne s’était jamais aigri de son métier. C’était parce qu’il avait la Justice chevillée au corps et quelque chose d’idéaliste qui se refusait à baisser les bras, jamais. Il savait qu’un jour ou l’autre, ils allaient finir par les faire tomber, les uns après les autres. C’était un travail, de longue, de très longue haleine, mais il fallait tous types de résistance pour que celle-ci soit efficace. Il laissait le glaive aux autres, lui se battait avec la balance de la justice. Et surtout, il n’avait pas peur, il n’avait pas peur de s’attirer des ennuis, de se faire des ennemis, simplement parce qu’il avait des alliés également puissants et influents. Lui-même était craint et reconnu, et si cette pseudo célébrité l’exposait, elle la protégeait un peu, dans un certain sens. Peut être que cet état d’esprit était du aussi à son age. Il avait bien dix ans de plus que Mina. Le temps avait fait son œuvre sur le caractère de l’avocat, l’avait policé, l’avait affuté aussi. Alors non, il n’en avait pas assez. Il n’en aurait jamais assez.
- Ton point de vue est compréhensible Mina, naturel même, mais en avoir marre, répondre au feu par le feu, c’est leur donner toutes les justifications pour aggraver la situation. A nouveau, le Talion n’est pas une solution, et si on doit leur prouver qu’ils peuvent nous faire confiance, à tout ceux qui ont perdu des gens, des parties d’eux même, et bien nous le ferons. C’est à nous de mettre les bouchées doubles, à être les meilleurs et de ne jamais faiblir, jamais. Si nous, nous commençons à douter, alors c’est fichu. La justice est garante de paix sociale, et nous en sommes les défenseurs. Nous ne pouvons pas nous autoriser le luxe de douter Mina, jamais. Ce n’est pas et ce ne sera jamais une option, peu importe les arguments d’en face.
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Sujet: Re: if we burn, they burn with us (CALEB) Dim 27 Nov 2016 - 20:40
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CALEB & MINA
there is no justice in the world, not unless we make it
L'enthousiasme de Mina était retombé aussi vite qu'un soufflé raté. Ce n'était pas de la faute de Caleb, il avait raison de lui exposer toutes les failles de son raisonnement... Mais voilà, elle était extrêmement déçue. Elle avait cru avoir trouvé de quoi faire avancer l'affaire Lancaster, c'était tout juste s'ils feraient un pas. Comme son professeur, elle voulait vraiment avoir foi en la Justice, la vraie... Mais il fallait avouer que c'était une bataille de tous les instants. La loi les aidait à peine, tout était si compliqué que c'en était parfois ridicule... Les preuves contre Lancaster étaient incontestables, et pourtant le doute persistait quant à sa condamnation. C'était juste ridicule, et décourageant. Si Lancaster ne tombait pas, tous ses petits copains s'en sortiraient aussi sûrement que lui, et ce serait de nouveau chasse ouverte, avec une belle cible sur le dos de Caleb, et certainement sur le sien aussi. Après tout, Mina n'était pas connue pour sa discrétion, elle ne remuait pas les cailloux, elle donnait de grands coups de pied dedans. Ce n'était pas très subtil, on le lui avait dit et répété, mais c'était en y allant au culot qu'elle avait toujours obtenu les meilleurs résultats. Elle ne possédait pas encore le fameux titre d'avocat, alors elle impressionnait moins... Jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche. Sa plus grande qualité, et son plus grand défaut, c'était sa capacité à tourner et retourner les discours, à user des grands mots... Cela marchait presque sur tout le monde. Même Townshend semblait s'être fait avoir. Mais, évidemment, Caleb était totalement insensible à son don pour la parlote. Pas étonnant, après tout ce n'était pas pour rien qu'il était son enseignant... C'était un peu comme s'il était Batman, et elle Robin. Et ça aurait été franchement chouette qu'ils le soient, ils auraient pu distribuer de grandes paires de claques en toute impunité. Mais la réalité n'avait rien à voir avec la fiction, quand bien même Radcliff avait de grands airs de Gotham, avec son grand manitou du crime et ses bandes de meurtriers sanguinaires.
Histoire de ne pas jeter de l'huile sur le feu, Mina se retint de lever les yeux au ciel lorsque Caleb commença à lui faire la morale – franchement, elle aurait cru entendre sa mère – et se contenta de regarder ses mains ; ça lui éviterait d'avoir envie de répliquer sans réfléchir aux stupidités qu'elle risquerait de dire. Le pôle fiscalité, on ne pouvait pas dire que ça la faisait rêver, d'autant plus qu'elle savait très bien que Caleb serait capable de l'y coller pendant au moins deux semaines, le temps qu'elle se calme. Et puis elle avait eu tort de vouloir jouer sur ses sentiments, elle le savait bien... Elle avait dépassé les limites du convenable et n'avait pas été très fine, elle le reconnaissait. Elle était encore trop inexpérimentée pour savoir taire ses frustrations, et après tout ce qu'elle avait vécu récemment, elle avait parfois plus envie de vengeance que de justice. Enfoncée dans le fauteuil en face de Caleb, elle se pinça l'arrête du nez. « Peut-être qu'un psy sans mutation ne serait pas aussi efficace qu'un télépathe comme ma mère, mais si on utilise un mutant pour interroger Townshend et ses petits copains, ça finira par se savoir. Je suis certaine que ces enfoirés ont encore leurs détecteurs de mutants. Plus on sera fair-play, et plus on aura nos chances. » Cette mentalité là était la bonne, non ? Mina croisa les bras, pensive. « La dernière fois que ma mère m'a parlé d'Insurgency, elle a mentionné le nouveau bras droit d'Isolde... J'ai oublié le prénom de la fille en question, mais j'ai retenu qu'elle était psychiatre. Elle pourrait peut-être nous aider ? Je suppose que si Isolde l'a choisie, c'est qu'elle doit être assez douée... Enfin, je ne sais pas, je te laisserai lui demander. » Parce que elle, elle n'avait pas envie de s'approcher de trop près d'Insurgency. Elle aimait sa mère de tout son cœur, elle adorait Isolde et elle aurait été capable de prendre une balle pour Caleb, mais fricoter avec les rebelles, merci mais non merci.
Mina soupira longuement et sembla glisser dans son fauteuil. Elle ferma les yeux quelques instants, méditant les paroles de l'avocat. « Je doute parce que j'ai la trouille, Caleb... Si on perd ce procès... Non seulement les gens risquent de perdre confiance en nous, mais Lancaster et sa clique vont vouloir récupérer leur terrain de chasse et là... On pourra enterrer la paix sociale et déclarer l'état de guerre civile. » Ce n'était même pas dit avec cynisme. Elle avait sincèrement peur pour sa famille, ses amis, et les mutants en général. Combien de personnes devraient encore mourir avant que les drames et les morts de Radcliff n'attirent l’œil de plus gros poissons, en mesure de les aider ? À partir de combien d'attentats est-ce que l'on ferait enfin attention à eux ? Mina secoua prit une profonde inspiration et lorsqu'elle rouvrit les yeux, son regard tomba tout de suite sur une tâche écarlate sur son chemisier rose saumon. Instinctivement, elle porta une main à son nez, et fit la grimace en la découvrant pleine de sang. « Oh, merde. » Un saignement de nez, ce n'était généralement pas très grave. Sauf que chez Mina, cela annonçait quelque chose de beaucoup plus inquiétant. La main plaquée contre son nez, elle battit des paupières plusieurs fois, un air de panique évident affiché sur le visage. Et puis brusquement, plus rien, hormis un écran noir. Elle s'immobilisa d'un coup et s'agrippa aux accoudoirs du fauteuil, sans songer qu'elle allait les tâcher. C'était le dernier de ses problèmes. « Caleb, je ne vois plus rien. » Elle ne voulait pas se mettre à pleurer trop vite, ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait. Elle aurait dû avoir l'habitude. Mais ce n'était pas le cas. « Je suis aveugle, complètement aveugle. Je ne me moque pas de toi, je te jure... Je ne vois plus rien, plus rien du tout. » Les larmes avaient déjà commencé à couler sur ses joues, et elle sentait les gouttes de sang tomber sur son chemisier. Les mâchoires serrées, elle essayait de respirer par le nez, mais c'était compliqué. « Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, c'est rien, ça va passer, c'est juste... C'est juste... C'est le vaccin, je crois que c'est un effet secondaire... » Mina avait menti à Caleb, comme à tout le monde d'ailleurs. Personne ne savait qu'elle s'était injectée une dose de NH25 volontairement, poussée par le désespoir. « S'il te plaît, ne le dis surtout pas à ma mère... Elle ne comprendrait pas... Ça va passer, je dois juste... Attendre. » Quelques minutes. Quelques heures. Ou peut-être que cette fois ci, ça ne passerait pas du tout.
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Sujet: Re: if we burn, they burn with us (CALEB) Mar 13 Déc 2016 - 13:50
if we burn, they burn with us
CALEB & MINA
there is no justice in the world, not unless we make it
Caleb aurait voulu, vraiment, être en mesure de félicité la jeune femme pour son travail fabuleux et ses initiatives pertinentes. Il aurait préféré lui taper sur l'épaule avec un sourire, plutôt que d'effacer le sien de sa petite bouille rousse. Pourtant, il était de son devoir de faire retomber la demoiselle sur Terre. Il devait le faire maintenant plutôt que le juge le fasse lui même. La chute serait un peu moins douloureuse, bien qu'elle restât tout à fait désagréable. C'était le jeu, il fallait en accepter les règles, aussi tordues soient elles. Il retint un sourire en voyant la jeune femme se retenir, elle, de lever les yeux au ciel et de répliquer avec sa fougue ordinaire : au moins, la menace du pôle Fiscalité faisait son effet, c'était bon à savoir pour une prochaine fois, une prochaine idée lumineuse.
Aux reflexions plus raisonnables de la jeune femme, il hocha la tête doucement, la laissant continuer : de bons psychologues et autres comportementalistes, il devait y en avoir dans l’État, mais il n'en connaissait pas suffisamment personnellement pour être assuré qu'ils ne seraient pas à la solde d'un chasseur, d'une manière ou d'une autre. C'était l'une des nombreuses difficultés de cette enquête : les chasseurs, en dehors de quelques loups solitaires et autres vengeurs désaxés, étaient des gens de bonnes familles, riches, organisés, d'une certaine manière. Malins. Capables de se couvrir et de tirer des ficelles dans presque tous les milieux pour se tirer d'affaire : le juridique, l'économique, même le médical. Il se demandait d'ailleurs comment un serviteur d’Hippocrate pouvait accepter de couvrir ce genre d'atrocité. Quelle hypocrisie.
- Hmm, en effet, Gabriella est une excellente praticienne… Le souci, c'est que je ne sais pas si les hunters savent qu'elle fait parti du mouvement. Si ils ont des preuves de cela, leur avocat risque de s'en servir pour discréditer son expertise. De même, si elle connaît certaines des victimes … Je ne sais pas comment elle réagirait, surtout que la plupart de ces assassinats sont excessivement violents… Mais ce n'est pas une mauvaise idée. Peut être pourra t'elle me conseiller un confrère de confiance. Je l'appellerai.
Après tout, ça ne coutait rien d'essayer, et cela lui donnerait l'impression d'avoir quelques cartes en mains. Depuis le début de l'affaire, il travaillait seul, cherchant à épargner Isolde de toute cette histoire. Si il échouait, il ne voulait pas que cela éclabousse la responsable d'Insurgency, qui avait déjà bien des choses à gérer de son coté pour se retrouver avec ce fardeau supplémentaire. Mais l'échec n'était pas une option satisfaisante, ni même ne serait ce qu'envisageable. Ils Devaient réussir, sans quoi comme le disait Mina, ils iraient au devant de confrontation sanglante. Radcliff se ferait remarquer, encore, dans les journées nationaux, mais pas vraiment pour les bonnes raisons. Il avait rebaissé le nez vers les papiers que lui avait ramené la rouquine quand cette dernière lacha un juron, ce qu'elle ne faisait jamais en sa présence, d'ordinaire. Il la vit porter sa main à son visage, reniflant du sang avec un air contrarié.
- tu as besoin d'un mouchoir ou encore de quelque chos…
Je ne vois plus rien. Oh-oh. Ça lui arrivait des fois, à lui aussi, même si cela arrivait généralement après une grosse migraine ophtalmique. Il ignorait pour la vaccination de Mina, mais iol savait comment réagir en pareil situation. L'avantage de sortir avec un médecin, sans doute. Aussitôt, il avait tendu un mouchoir en tissus à la jeune femme, puis avait pris sa main pour qu'elle sente aussitôt sa présence, qu'il espérait apaisante, autour d'elle. Les dernières suppliques de Min lui firent froncer les sourcils, serrer les dents d'incompréhension, mais il tacha de maitriser le ton de sa voix. Ce n'était pas le moment de l'affliger encore plus :
- ça va aller, ca va aller, on va t'installer sur le canapé, à l'horizontal, le temps que ça passe… ça ressemble à un effet secondaire en effet, mais … Quel vaccin, Mina ? Quelqu'un t'a fait ça ? Ou tu as décidé de faire un… break dans ta mutation ?
Le ton était doux, mais les questions sérieuses. Caleb s'était vu arraché sa mutation de force et, bien qu'il fasse des efforts sur le sujet, il avait encore bien du mal à envisager que l'on puisse s'auto-mutiler ainsi volontairement ...