we fear violence less than our own feelings (CESARE)
Auteur
Message
Invité
Invité
Sujet: we fear violence less than our own feelings (CESARE) Jeu 27 Oct 2016 - 17:23
we fear violence less than our own feelings
CESARE & GABRIELA
Les premiers jours avec James avaient été difficiles. Gabriela aurait dû s'y attendre, mais elle avait été à ce point obsédée par l'idée de sauver son fils d'entre les griffes de son père qu'elle avait à peine songé aux conséquences que cette libération aurait sur le bambin. De son point de vue de tout petit, ce devait être elle la méchante de l'histoire, celle qui l'avait arraché à la vie qu'il avait toujours connu. James n'avait même pas passé une semaine avec sa mère avant que Katherine ne vienne le lui enlever, pas assez de temps pour qu'il conserve un quelconque souvenir de la femme qui l'avait mis au monde. Pendant plus d'un an, c'était Katherine qui avait pris soin de lui, c'était elle qui avait fait office de figure maternelle pour le petit, qui s'était probablement raccroché à elle car elle était la seule personne sachant faire preuve de douceur dans son entourage limité. Gabriela avait beau savoir que le bambin aurait besoin de temps pour se faire à elle, elle n'en était pas moins blessée à chaque fois que James appelait "mama", sachant parfaitement que ce n'était pas elle qu'il réclamait. Même morts, ses parents continuaient à la priver de son fils. La patience, ce n'était pas le point fort de Gabriela, et pourtant elle faisait des efforts, pour le bien de James et accessoirement pour ne s'en prendre gratuitement à Joren, qui ne demandait rien de plus que de l'aider. Pour le moment bien incapable de se séparer de James, Gabriela avait pris des congés, sans préciser à l'administration de l'hôpital la date de son retour à son poste. Elle n'oubliait pas ses patients, mais il était encore beaucoup trop tôt pour qu'elle confie James à qui que ce soit. C'était à peine si elle osait imaginer ce que le petit bonhomme pouvait ressentir, et ce qu'il aurait pu lui dire s'il savait parler. James communiquait autrement avec elle, son attitude était clairement celle d'un enfant stressé et perdu. Regard fuyant, pleurs, terreurs nocturnes... Gabriela faisait de son mieux pour qu'il se sente bien, mais ce n'était pas facile. Ce n'était pas facile, et elle craignait bêtement d'être une mauvaise mère.
Assise sur le canapé du salon, Gabriela observait James, qui jouait avec des cubes colorés sur son tapis d'éveil. Du moment qu'on ne le touchait pas, qu'on ne le brusquait pas, James était un enfant calme et curieux. C'était lorsqu'on le sollicitait qu'il s'agitait, au point que Gabriela se demandait si Eleazar ne l'avait pas violenté d'une quelconque manière, s'il ne l'avait pas terrifié pour qu'il reste silencieux dans un coin. Katherine mise de côté, James n'avait sans doute pas eu de contacts tendres et bienveillants ; et certainement pas avec son grand-père. Gabriela elle-même n'avait pas le souvenir d'un père attentionné, il s'était comporté avec elle comme un général avec son soldat. L'avait-il un jour aimée ? Sans doute ne le saurait-elle jamais. Mais contrairement à son épouse, Eleazar n'avait pas manifesté le moindre regret face à la mort, il n'avait même pas sourcillé. Gabriela avait eu la bonté de l'enterrer, mais c'était dans une tombe sans nom qu'il reposait. Personne ne se souviendrait de lui. Personne ne viendrait lui rendre hommage. Il serait oublié, et tout son "travail" fait pour purger le monde de la race mutante n'aurait servi à rien. Sa mort était arrivée de la main de sa propre fille, une mutante, et Gabriela espérait que l'ironie de sa fin ne lui avait pas échappé. Et si Enfer il y avait, comme il l'avait toujours cru, qu'il y pourrisse, peut-être que cela le forcerait à revoir ses croyances et à envisager la vie sous un angle moins radical.
« James... ? » Comme à chaque fois qu'elle l'appelait, il ne réagit pas. Gabriela soupira, et alla s'agenouiller devant lui, sans pour autant oser le toucher, et même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. « James. » Cette fois, le bambin consentit à relever la tête, et il la regarda avec une appréhension qui lui serra le cœur. Doucement, sans faire de mouvement trop brusque, elle caressa sa joue. James ne se déroba pas, mais demeurait timide, sur ses gardes. Il fallait que Gabriela l'aide à s'habituer à sa nouvelle vie, mais cela impliquait de le brusquer un peu, et elle n'en avait pas du tout envie. Face à ce bout de chou qui était pourtant le sien, elle était désemparée, même incapable de faire appel à ses talents de psychiatre pour le comprendre et l'aider. « James... Il faut qu'on sorte. On doit aller voir quelqu'un de très important. D'accord ? » Parler aux enfants était important, même s'ils ne comprenaient pas tout. Mais avec James, Gabriela avait l'impression de faire face à un mur. Joren lui disait qu'il faudrait du temps, elle le savait, mais elle avait passé plus d'un an à rêver de leurs retrouvailles, alors la désillusion était amère. Pour faire monter James dans sa poussette, elle rusa en l'attirant avec sa peluche préférée, et dut user le même stratagème pour l'installer dans son siège auto. Cela ne se fit pas sans quelques protestations, mais Gabriela était cette fois-ci parvenue à éviter la crise de larmes. Comme à chaque fois qu'elle devait emmener son fils quelque part, elle était nerveuse, chacun de ses gestes était réfléchi et elle ne laissait pas la moindre place à l'improvisation et au hasard.
Après quelques minutes de trajet, Gabriela se gara devant le domicile de Cesare et Isolde. Depuis que son cousin était sorti de l'hôpital, elle n'avait pas pris le temps de venir le voir. Ce n'était pas qu'elle l'avait oublié, ni qu'elle n'en avait pas envie, elle n'avait simplement pas trouvé l'occasion, trop occupée avec James. Mais cette fois ci, elle avait pris son courage à deux mains et avait décidé d'emmener son fils avec elle, quitte à devoir batailler un peu avec lui. C'était pour son bien, c'était ce qu'elle se répétait sans cesse. Le sac du petit sur l'épaule, elle l'avait réinstallé dans sa poussette aussi vite qu'il lui était humainement possible de le faire, puis elle avait remonté l'allée jusqu'à la porte de la maison. Elle hésita un instant et sonna, plantée sur le palier. Elle entendit des pas se rapprocher, et bientôt la porte s'ouvrit sur Cesare. « Bonjour. Désolée, je passe à l'improviste... J'aurais peut-être dû appeler... Je ne te dérange pas, j'espère ? » Elle afficha un sourire timide, presque gêné. Gabriela n'avait jamais été à l'aise avec les effusions de sentiments, Eleazar lui avait appris que c'était une faiblesse de laisser apparaître sur son visage ce que l'on ressentait. Une leçon apprise par cœur, mais que la jeune femme faisait de son mieux pour oublier. Eleazar mort, elle sentait enfin libre de se comporter comme un véritable être humain. « Je suis venue voir comment tu vas... Et je suis aussi là pour te remercier. Accessoirement. » Sans lui, elle n'aurait pas pu sauver James. Elle lui devait beaucoup, plus qu'il ne pouvait se l'imaginer.
Made by Neon Demon
Cesare DeMaggio
ADMIN - master of evolution
MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
Sujet: Re: we fear violence less than our own feelings (CESARE) Dim 27 Nov 2016 - 22:51
through all the loneliness and desperation - GABRIELA RIVERA & CESARE DEMAGGIO -
said a lot of words along the way. i meant them all while we reigned but shores of love get beaten by the waves. and after it was done i wish i'd saved time. one less spark from the flame, one more heartbeat away. i'll find you when our paths cross by the gold mines.
Prendre le rythme de vie de Clara n’avait pas été si compliqué, mais donnait parfois l’impression à Cesare d’tourner en rond, sans but, sans perspective d’avenir vers laquelle vouloir aller. Sans contact réel vers l’extérieur non plus, hormis un bébé de six mois, et Isolde. Evidemment que dès qu’elle rentrait, elle, c’était comme si tout le cycle assommant de la journée du DeMaggio prenait son sens : c’était vers des moments comme ça, en famille avec elle, qu’il allait chaque jour. Des moments qu’il était chanceux d’connaître, qu’on lui avait dit à sa sortie d’hôpital, comme si les médecins avaient senti déjà qu’il n’serait pas le plus soigneux des patients ; à lui tout seul, pour sûr, Cesare n’aurait ni respecté sa période de convalescence, ni son régime alimentaire soi-disant adapté, ni la prise des médicaments prescrits. Il aurait continué sa vie comme si rien n’s’était passé, râlant sur les dix jours qu’il avait perdus, à rester croupir dans un lit d’hôpital : ça lui avait permis d’se faire une petite culture cinématographique, comme Isolde lui avait promis. Mais pour l’coup, il s’demandait bien à quoi ça pourrait lui servir. C’était un peu comme tout, hein, il s’plaignait volontiers, mais y’avait toujours ces motivations, ces responsabilités qui le rappelaient à l’ordre ; était-ce alors parce qu’Isolde râlait, et était prête à faire la gueule s’il n’en faisait qu’à sa tête, ou parce qu’il n’pouvait pas se permettre de jouer avec sa vie comme il l’avait toujours fait, en tant que chasseur solitaire et voué à la cause, pendant des années ? Il avait Clara maintenant – et combien d’fois le désir de protéger leur fille avait poussé Isolde et Cesare, tous les deux tout autant, à faire des choix difficiles, mais plus saufs ? C’était bien la seule sensation, la seule attente qui le sauvegardait, parfois. Parce que qu’allait-il devenir, maintenant que les choses avaient pris une telle tournure dans sa vie ? Il l’avait, sa vie calme, reposante, avec Isolde et avec Clara, loin des préoccupations qui leur avaient tant bouffé la vie jusque-là. Ils les avaient enfin, ces jours tranquilles rien qu’à eux, où ils n’comptaient plus le temps et leur énergie : à quelques centimètres près, ils seraient passés à côté d’tout ça, et Cesare serait mort d’une hémorragie avant d’atteindre l’hôpital – ou au mieux, sur la table d’opération elle-même. Des songes qu’il s’répétait, qui se rappelaient disgracieusement à lui quand il regardait Clara, jouer ou dormir, juste être là, avec lui, maintenant qu’ils passaient la plupart de leur temps rien que tous les deux. Y’avait même des soirs où Isolde rentrait trop tard pour voir la petite, parce qu’elle était fatiguée, parce qu’elle avait râlé – il aimait s’dire, Cesare, que d’cette façon-là, il compensait tous les mois qu’il avait manqués auparavant. Ces longues semaines de campagne, durant lesquelles Isolde s’était réfugiée chez Insurgency avec leur fille, et où il n’avait pas pu les voir pendant de longues semaines : semaines dont il avait vu l’impact grandeur nature, quand il avait revu Clara pour la première fois après tout c’temps. Les bébés, ça changeait beaucoup en peu de temps : encore maintenant, les cheveux de Clara poussaient, elle grandissait, évoluait – mais quand il voyait tout ça, Cesare, c’n’était pas pour ressentir le vide abyssal de tout c’qu’il avait manqué. Ce serait si facile d’être heureux. Ça l’était, était-il prêt à jurer. Mais il était aussi heureux qu’un dauphin le serait, s’il avait passé sa vie dans un minuscule bassin, avant d’être relâché dans l’océan, après un tiers de sa vie passée d’une certaine façon. C’était nouveau, déstabilisant, et bien trop souvent encore, il égarait des songes négatifs et craintifs vers les hypothèses déplaisantes de ‘quand est-c’que ça s’arrêterait ?’.
Pourquoi est-c’que pour le coup, la mauvaise nouvelle, l’événement dégueulasse et déprimant, prenait autant d’temps à arriver ? Il se sentait encore tâtonner, alors, lui, comme s’il s’attendait à tomber dans un piège à chaque pas de travers. Son père était toujours en ville, au top de son pouvoir, membre d’un groupe de plus en plus agressif et acculé par les autorités de la ville – Rafael DeMaggio possédait qui plus est, d’nombreuses informations sur lui, sur Isolde. Des savoirs qui pouvaient à tout moment leur retomber sur la gueule ; et oublier ça, Cesare s’disait que ce serait stupide et dangereux. Alors il y pensait, régulièrement, une peur glacée au fond des tripes, quand ses songes s’arrêtaient sur Clara qui était juste là à côté de lui, ou sur Isolde qui était si loin à l’autre bout de la ville. La réalité, elle était toujours là, ramenée à lui quand il faisait un geste de travers sans s’en rendre compte, réveillant une douleur foudroyante à travers ses chairs. Ou quand il se déshabillait, pour voir les larges bandes blanches qui cachaient encore ses blessures trop fraiches. Il en avait tout un tas, des cicatrices pourtant ; d’autres plaies infligées par son père, elles aussi. Mais celles-ci… il n’savait dire pourquoi elles étaient différentes. Plus réelles. Plus douloureuses. Plus longues à proprement oublier ? Il avait manqué d’peu d’y passer, comme beaucoup de fois déjà en vingt-sept ans de vie. Mais là, y’avait eu Isolde, qu’il avait laissée à la maison ce soir-même. Il y avait eu Clara – il était passé à côté de la chambre de la petite, sans oser y entrer, de peur de la réveiller, de peur de la perturber, rappelé à l’ordre par des pensées raisonnables qui n’avaient plus eu le moindre sens, quelques heures plus tard. Et pire que tout, y’avait eu cette crainte viscérale et incontrôlable de crever comme ça, à deux doigts du bonheur, après cette conversation bien spécifique qu’ils avaient eue, Isolde et lui. Il avait encore eu en tête ce qu’elle avait dit, sur ce qui pourrait s’passer s’il mourait comme ça. Qu’elle n’pourrait pas continuer sans lui, aussi peu qu’il n’pourrait continuer sans elle. Dans le flou qui lui restait de cette nuit-là, Cesare n’savait plus où ses songes s’étaient arrêtés vers Isolde et Clara, quand il avait dansé avec la mort. Il savait juste qu’elle avait été là, Isolde, quand il s’était réveillé – la seule présence qu’il aurait voulue, la seule présence qui avait compté, à ce moment décisif bien précis. Elle avait attendu des heures et des heures, pourtant, dévorée par les hantises et les joues encore rosies par les larmes qu’elle avait lâchées toute seule. Il n’avait pas aimé, l’fait qu’elle ait été toute seule ; il n’avait pas aimé bien des choses dans la tournure des circonstances -… mais encore aujourd’hui, Cesare n’savait pas si ç’avait été des idées égoïstes ou une déception légitime. Pourquoi est-c’que personne n’avait été avec Isolde ? Parce qu’elle n’avait appelé personne ? A vrai dire, en toute logique, y’avait bien eu une personne qui aurait pu être à ses côtés ; ç’aurait été Gabriela. Gabriela qui l’avait conduit à l’hôpital, Gabriela pour qui il s’était pris ces coups de couteau, sauvant son fils par la même occasion. Il n’savait pas, alors, si c’était un péché d’orgueil, d’arrogance, injuste d’avoir attendu plus que ça. Elle avait probablement eu plein d’choses à faire, son propre fils duquel s’occuper. Isolde pourtant, elle avait eu Clara elle aussi. Bref-… il essayait d’oublier, Cesare, il essayait d’équilibrer la balance entre ce qui pouvait être normal, ce qui pouvait s’apparenter à la marque évidente que ça n’avait été qu’une histoire de marché entre eux deux. Que pouvaient-ils attendre d’autre, l’un de l’autre de toute manière ? Ils avaient appris à la dure, que les liens du sang n’voulaient rien dire ; que ça n’garantissait pas un quelconque lien bienveillant, ni un futur durable, ni la sécurité ou la confiance.
Alors comme Gabriela, il était retourné aux choses qui avaient de l’importance ; et il essayait d’tourner la page. A défaut d’pouvoir faire mieux, sans doute. Quand ses préoccupations de journée s’limitaient à Clara, sa nourriture, ses heures de sieste, son caca, son pipi, la fréquence de ses pleurs, les trucs qu’elle mettait en bouche, c’était facile de s’laisser distraire. De plus en plus, pourtant, le DeMaggio essayait d’penser à l’avenir ; Isolde avait payé les frais d’hôpitaux, mais le jeune homme n’voulait pas croire que c’était l’orgueil machiste qui lui donnait envie de compenser, d’aider, de trouver quelque-chose à faire pour rembourser au moins une partie de cette argent. Légalement, ils n’étaient rien l’un pour l’autre, alors c’était sans doute uniquement parce qu’elle avait tiré les bonnes ficelles, qu’elle avait pu rester dans sa chambre, avoir des nouvelles, et agir sur son dossier médical. Si tout ça devait être une question d’machisme, Cesare n’en serait pas à jouer les pères au foyer, à pouponner sa fille, à prendre autant de soin pour passer le plus de temps avec elle. C’était lui qui avait proposé, après tout, mais il mentirait en disant qu’il n’avait pas appréhendé la première journée – ou les premiers jours à plus vaste échelle. Son téléphone, il était toujours à proximité ; pour l’heure, quand il sonnait pour l’alerter qu’Isolde le contactait, c’était bien heureusement à cause de sujets bien différents d’une quelconque urgence dramatique. Le sujet, là, ç’aurait été le goûter de Clara, qu’elle n’était pas récalcitrante à prendre, pour une fois – au contraire, elle semblait avoir assez bien dormi pour être de bonne humeur. Des indices que Cesare aurait été incapable de saisir, quelques semaines plus tôt. Et c’n’était pas les livres stupides remplis de vocabulaire stupide sur les enfants, qui l’avaient aidé. C’était devenu tout un train-train, duquel ils se contentaient bien, Clara et lui, souvent ; quand on sonna à la porte pour interrompre le tout, ce fut alors une surprise, poussant Cesare à agir avec prudence. Y’avait malheureusement déjà eu des gens qui étaient arrivés par hasard jusqu’à la maison – mais encore aujourd’hui, bien peu de gens pouvaient prétendre savoir où trouver la maire de la ville. Ni les autres résidents de cette maison. Irrémédiablement, à chaque fois, Cesare et Isolde avaient facilement conclu que même dans le pire des scénarios possibles et imaginables, Clara était plus sauve à l’écart – là, dans sa chaise haute, attachée, avec un jouet pour la distraire, le temps que Cesare parcourt les quelques mètres pour atteindre la porte. La porte et le meuble à quelques pas de là, duquel il tira l’arme à feu qui s’y trouvait, l’habituelle précaution de laquelle ils s’armaient, dès que les visites opportunes pouvaient s’avérer être des attaques déguisées. Et il fut indéniablement surpris, alors, le DeMaggio, quand il ouvrit la porte sur Gabriela. Gabriela avec son fils. Ce fameux bébé que Cesare avait participé à sauver, sans pour autant avoir pu le voir avant aujourd’hui. « Hey… » c’est tout ce qu’il trouva à dire, face à sa cousine, lorsqu’il la dévisagea. L’ironie voulait que quoiqu’il soit arrivé entre eux, il aurait été plus naturel, plus à l’aise avec l’idée d’accueillir Rayen sur le pas de cette porte, plutôt que Gabriela. Il n’avait attendu personne pour aujourd’hui – et pour être honnête, hormis les récits d’Isolde et le silence de son absence, Gabriela n’avait pas vraiment fait partie de sa vie, ces derniers jours. Comme si elle y était entrée, par nécessité, pour avoir c’qu’elle voulait, sans essayer plus. C’n’était pas facile à digérer, mais il avait essayé d’faire avec – ce n’serait que justice, après tout, DeMaggio, Rivera, ils avaient tous une expérience particulière avec la famille. C’est pour ça sans doute, qu’il avait le visage fermé, comme s’il attendait quelque-chose – plus avec retenue qu’avec rancœur : qu’elle lui demande encore son aide, ou quoi. Elle n’semblait venir que pour ça, dirait volontiers une rancœur en lui, qu’il n’savait justifiée ou non. Fallait croire que ces sentiments étaient surtout preuves des réminiscences de réflexes qu’il avait à l’égard de ceux qui partageaient son sang. Toutes les trahisons d’sa vie venaient de là – et même au-delà, Gabriela et Cesare n’avaient jamais entretenu des rapports à même de laisser entendre quoique ce soit d’autre. Pourtant, rien que comme ça, ils semblaient en avoir tout un tas, des choses en commun. Et elle n’était pas venue voir comment il allait – il n’avait pas essayé non plus ; des égards pour lui que personne n’avait eu, de toute manière. A part Isolde, bien sûr. « Ehm… » quand il ouvrit à nouveau la bouche, ce fut pour remarquer qu’il n’avait plus parlé depuis un moment, et qu’ils étaient encore sur le pas de la porte – elle dehors, et lui dedans. « J’vais bien. » il dit simplement, parce que ça devait être la vérité ; il allait bien, techniquement, il avait été chanceux, il était vivant. Pour le reste, le temps faisait des miracles. « Tu veux… entrer ? J’dois retourner à la cuisine. » où il avait laissé Clara, dans sa chaise, avec quelques jouets pour distraction, qui n’faisaient plus l’affaire maintenant qu’elle se rendait compte que ça faisait de longues secondes qu’elle n’avait plus été nourrie. Elle n’était pas loin, juste au coin de son champ de vision, et Cesare l’entendait déjà râler. « Ca va toi… ? Et-… James ? » il adressa après qu’elle fut entrée, alors qu’il repartait vers la cuisine. Il n’savait pas s’il donnait l’impression de se faire arracher chaque mot comme il se serait fait arracher les dents. Mais comme il avait fini par s’faire à l’idée de n’pas la revoir – certainement pas chez lui à l’improviste – il n’savait pas vraiment quoi dire. Ça aussi, sans doute, ça courait dans le sang.
we fear violence less than our own feelings (CESARE)