Sujet: something we can never repair (mina&silas) Dim 18 Sep 2016 - 20:08
Something we can never repair
Mina & Silas
Back in the day, I can recall that my thoughts were unclouded and sage. There was no black staining the walls of my memories. Now there's a haze pushing me sideways, and leaving me nothing to gain, taking me back, locking me cold in disparity. Cure me, free me, help me, see me - no more worry, no more losing.
Silas était un étranger dans sa propre maison. Il avait grandi ici et il connaissait chaque pièce, mais plus rien n’était à sa place, plus rien ne ressemblait à ce qu’il avait connu. Cette réflexion, il se la faisait beaucoup trop souvent depuis près d’un mois, à chaque fois qu’il tournait sur lui-même au milieu d’une pièce pour essayer de déterminer où se trouvait ce qu’il cherchait, ou quand il se dirigeait d’instinct vers quelque chose qui n’était pas là. Sa maison d’enfance, qu’il avait quittée pour s’installer dans un appartement en ville quand il avait atteint ses vingt ans, ne lui semblait plus aussi accueillante qu’elle avait pu l’être par le passé. En réalité, il n’était pas à l’aise ici. Mais ça, ce n’était pas à cause de la maison ou des meubles étrangers. Silas soupira alors que cette pensée lui revenait une énième fois, et il la chassa avec agacement. Il en avait assez de revenir sans arrêt sur les mêmes regrets, tout en sachant qu’il ne pouvait plus revenir en arrière, et qu’il ne servait absolument à rien de se morfondre ainsi. Il n’était pas de ce genre, il ne se laissait pas abattre et il n’allait certainement pas se remettre à cogiter sur son sort encore une fois. Il l’avait déjà beaucoup trop fait ces dernières semaines. Mais il se tenait à l’endroit précis où le fauteuil de sa mère se trouvait quand il était plus jeune, où il l’écoutait jacasser sans fin sur des sujets auquel il ne prêtait qu’une oreille distraite, et le silence assourdissant qui régnait dans la pièce favorisait ses idées noires. Winona était sortie quelques heures plus tôt, sans lui donner de réelle explication – il avait supposé qu’elle rejoignait Insurgency, vu que c’était tout ce qui semblait l’intéresser – et Mina était montée dans sa chambre dès le dîner terminé, pour terminer ses devoirs. Ou pour travailler sur un dossier ? Est-ce que c’était ce qu’elle avait dit ? Il avait peut-être supposé, là encore. Il ne savait jamais ce que faisaient Mina et Winona, et plus encore il ignorait comment faire pour essayer de s’impliquer un peu plus dans leurs vies. C’était ce qu’il devait faire, d’une façon ou d’une autre, même si l’envie n’y était pas toujours. Il n’avait jamais rechigné à rencontrer de nouvelles personnes, il était même plutôt doué pour lier connaissance, mais c’était complètement différent quand il s’agissait de sa propre famille. Il avait fini par accepter ce fait si extraordinaire, qu’il ait une femme et une fille dans ce futur étrange, mais ça ne suffisait pas à le mettre plus à l’aise avec la situation. Il vivait dans cette maison, puisque c’était la sienne et que c’était ce qu’on attendait de lui. Mais il aurait tout aussi bien pu se trouver dans un motel en bordure d’une ville inconnue, pour l’effet que ça lui faisait. Il ne se sentait pas dans sa famille, il ne se sentait pas chez lui, et c’était encore plus dur à supporter quand il se trouvait, comme ce soir, seul dans un salon qu’il n’avait jamais connu ainsi.
Après avoir parcouru les chaînes de la gigantesque télévision qui ornait le salon, et sans avoir trouvé un seul programme qui retienne son attention, Silas se leva. Il était résolu à ne pas laisser cette soirée finir comme beaucoup d’autres, et il avait bien trop conscience du temps qui passait quand il ne faisait rien. Rien, c’était inadmissible. Rien, quand il avait une fille qu’il ne connaissait pas, et une femme qui lui en voulait de ne pas se souvenir d’elle, c’était une aberration. Il fallait bien qu’il commence par quelque chose s’il voulait se sortir de cette situation qui le rendait fou … Et il n’avait qu’une seule idée, pour ce soir. Il se dirigea vers la cuisine, puis fit chauffer une casserole de lait, dans laquelle il fit fondre du chocolat noir. Il ouvrit pas mal de placard sans trouver un seul paquet de marshmallow, mais il ne s’arrêta pas à cette première déception. Sa mère mettait toujours un énorme marshmallow sur ses tasses de chocolat chaud quand elle venait lui souhaiter bonne nuit, mais il s’en passerait pour ce soir. Demain, il irait en acheter, dans ce gigantesque centre commercial qui avait remplacé l’épicerie où il avait l’habitude de faire ses courses. Il fit couler le liquide crémeux dans deux tasses, et monta les escaliers menant à la chambre de Mina. Il commençait à se faire tard, mais la lumière filtrait toujours sous la porte. Il avait remarqué qu’elle se couchait toujours très tard – et il ne savait pas du tout quoi en penser. Il frappa à la porte et patienta, mais comme il n’entendait pas de réponse, il fini par entrer. A cette heure avancée, il s’était attendu à la trouver en train de bouquiner sagement dans son lit, prête à dormir. En fait, il avait en tête une image assez précise, peut-être sortie tout droit d’un film ou d’un magazine, et c’était toujours le même genre qui lui venait en tête quand il pensait à sa fille. Pas à Mina, mais à sa fille, dans le sens vague du terme, cette fille qu’il aurait dans une dizaine d’années, à qui il ferait des couettes et lui apprendrait à faire du patin à glace. Parce qu’avoir une fille, pour Silas, cela restait un concept assez flou et encore très théorique. Assez papier-glacé, il en avait bien conscience. Mais du coup, l’image de la gentille petite fille en pyjama repassé, qui l’attendait dans son lit pour pouvoir éteindre la lumière et s’endormir paisiblement … Ce n’était pas du tout ce qu’il trouva en ouvrant la porte de Mina. Mina qui n’était pas, et loin de là, le stéréotype des enfants de magazine … Et qui n’était pas une enfant non plus, d’ailleurs. Silas se sentit soudain terriblement déplacé devant cette jeune femme qui aurait pu être sa sœur, un casque de musique laissant échapper de violents riffs de guitare plaqué aux oreilles. Avec ses tasses de chocolat fumant, à quoi est-ce qu’il avait voulu jouer ? Il était loin d’être un véritable papa. Il s’avança dans la pièce pour poser les deux tasses sur le bureau. « Mina, je … Je voulais te souhaiter bonne nuit. »
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Sujet: Re: something we can never repair (mina&silas) Jeu 22 Sep 2016 - 22:38
SOMETHING WE CAN NEVER REPAIR
SILAS & MINA
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Complètement épuisée, Mina s'était endormie sur son exemplaire du Code Civil au beau milieu de l'après-midi, la tête carrément entre les pages du bouquin. C'était un coup à se réveiller avec une page copiée sur la joue, ça. Elle avait essayé de résister, vraiment, mais la fatigue avait été plus forte qu'elle et elle avait fini par s'avouer vaincue. Pour sa défense, elle avait eu une migraine affreuse toute la nuit, qui s'était poursuivie toute la matinée, matinée passée à travailler au cabinet d'avocats. Parce que non, pour Mina il n'était pas question de se faire porter pâle pour la journée. Elle avait préféré avaler des antalgiques, en priant pour qu'ils soient efficaces, rien que pour une fois. C'était raté, elle avait eu envie de se cogner la tête contre son bureau pendant des heures, et avait même manqué d'envoyer voir ailleurs si elle y était une paire de clients. Malheureusement, Mina avait l'habitude d'avoir envie de s'arracher les yeux ou de se planter les ongles dans le crâne. Les migraines étaient toujours allées de paire avec ses visions, mais depuis qu'elle avait pris le NH25, il ne lui restait plus que les migraines. Ce n'était pas parfait, mais c'était toujours mieux que de voir des choses que l'on ne pourrait jamais changer. Elle ne s'était jamais réellement habituée à la douleur, mais elle avait appris à vivre avec. Refusant de s'avouer vaincue, elle avait commencé à travailler sur un dossier que Caleb lui avait donné, avant de sombrer sans même s'en rendre compte. Elle aurait au moins le mérite d'avoir essayé, c'était ce qu'elle s'était dit lorsqu'elle avait émergé deux bonnes heures plus tard, un peu avant l'heure du dîner. La bonne nouvelle, c'était qu'elle n'avait plus envie de se fracasser le crâne contre un mur, et elle était assez reposée pour fonctionner encore quelques heures avant d'aller se coucher – dans son lit cette fois-ci.
Mina était descendue pour préparer le dîner, et elle s'était trouvée un peu bête quand elle avait vu que son père était rentré. Elle avait toujours un petit choc quand elle le voyait, elle avait du mal à se faire à sa "nouvelle" apparence, son apparence de jeune homme. À première vue, on aurait pu croire qu'il était simplement son frère aîné, parce qu'il ne paraissait vraiment pas en âge d'avoir une fille de vingt ans. D'ailleurs, quand le caissier du cinéma leur avait demandé s'il était son frère, Mina avait répondu sèchement que oui, il était son frère, parce que c'était beaucoup plus facile et crédible que la vérité. En résumé, c'était compliqué. Mais lui au moins, il était à la maison quand elle rentrait dîner, contrairement à sa mère qui était... Probablement encore fourrée chez Madame le Maire, ou chez ses grands amis d'Insurgency. Tant pis ou tant mieux ? Mina n'était pas sûre. Au moins, l'ambiance serait moins tendue que si elle avait été là ; il n'y avait rien qu'elle détestait plus que de se retrouver assise entre ses parents pour le repas, parce que l'atmosphère était plus glacée que dans un cimetière. Du coup, Mina avait eu un peu moins de mal à sourire, et elle avait préparé un plat de lasagnes pour son père et elle. Malgré tout, ils avaient échangé peu de mots, pour la simple et bonne raison qu'ils ne savaient plus comment se parler. La position de Mina n'était pas aisée, mais celle de Silas... Elle n'osait même pas imaginer ce qu'il pouvait bien ressentir. Se retrouver dans une époque qu'on ne connaissait pas, avec une famille dont on n'avait aucun souvenir... Ah, ça, ça aurait fait une excellente intrigue pour un roman, peut-être même pour une série télé. Sauf qu'en réalité, c'était l'horreur, la vraie. À chaque fois qu'elle fermait les yeux, Mina revoyait la vision qui avait précédé la vaccination de son père, et le bel échec qu'avait été sa tentative de sauvetage. Elle s'en voulait, comme elle s'en était toujours voulue à chaque fois que l'une de ses visions finissait par se réaliser. Sa mutation n'avait jamais été une bénédiction, toujours une malédiction.
Ne sachant pas quoi dire pour lancer une conversation, Mina avait fini par retourner dans sa chambre, avec le fol espoir de parvenir à travailler un peu. Au bout d'une petite demie heure, elle avait abandonné son Code Civil pour une pile de comics et son iPod. Wonder Woman entre les mains, du Within Temptation dans les oreilles, Mina s'était enfermée dans une bulle qu'elle ne crevait qu'à contrecœur à chaque fois, et quand elle n'avait pas le choix. Plongé dans son petit monde de super-héros et de riffs de guitare, Mina avait mis un petit moment à réaliser que son père était dans la pièce. Un peu étonnée, elle avait retiré son casque, et remarqué les deux tasses fumantes entre les mains de son père, ainsi que la bonne odeur de chocolat qui parfumait la pièce. Et elle sourit, parce qu'il ne lui avait pas apporté de tasse de chocolat chaud comme ça depuis au moins dix ans. « Bonne nuit... ? C'est gentil, mais, euh... Il n'est que neuf heures... » Elle jeta son ouvrage sur sa couette et se leva, pour aller récupérer l'une des tasses sur son bureau. « Merci, c'est gentil. Tu... Tu t'es souvenu que je n'aime que ça ? » Le chocolat. C'était la seule boisson chaude que Mina buvait. Pas de café, pas de thé, ni même de tisane. Juste du chocolat. Elle aurait bien aimé que Silas se souvienne, et pas qu'il ait préparé cette boisson par hasard. Ce serait bien, génial même, et ça lui remonterait le moral. Parce que l'air de rien, même si son père ne se souvenait pas vraiment d'elle, lui au moins faisait l'effort de passer d'essayer de passer u temps avec elle, pour réapprendre à la connaître. Ce qui n'était pas le cas de Winona.
Toujours souriante, Mina porta la tasse à ses lèvres. « Oh, wow. T'as carrément fait fondre du chocolat ? C'est encore meilleur qu'en poudre, comme ça. Merci, papa. » C'était toujours bizarre d'appeler quelqu'un qui avait presque son âge papa. Ça paraissait presque surnaturel, ça ne collait pas. C'était pourtant leur réalité, qu'ils allaient devoir apprendre à accepter. Mina avala une autre gorgée du liquide sucré et retourna s'asseoir sur le bord de son lit, en faisait un petit signe pour signifier à son père qu'il pouvait venir à côté d'elle s'il en avait envie. « Tu te souviens sans doute pas, mais quand j'avais sept ans, j'ai voulu boire cinq tasses d'affilée. Comme ça, juste parce que c'était bon et que j'en avais envie. T'as bien voulu me laisser faire... Puis j'ai été malade toute la nuit, maman était furieuse... Après ça, j'ai été interdite de chocolat chaud pendant six mois. Enfin, en théorie... En vrai, tu m'apportais une tasse quand elle avait le dos tourné. Je crois qu'elle savait, mais elle nous laissait croire que c'était notre petit secret... C'était... C'était plutôt cool. » Et dans le passé. « J'ai l'air un peu cruche au boulot, avec mon chocolat, pendant que tout le monde boit des cafés avec des noms à coucher dehors. Moi au moins je suis pas difficile, un chocolat chaud avec un peu de crème et de cannelle et je suis parée à affronter les débiles qui s'imaginent qu'on va s'occuper de faire sortir de prison toutes leurs connaissances. Enfin, voilà quoi... » Avec Silas, Mina parlait beaucoup. Parce qu'elle savait que son esprit était comme un puzzle, avec des pièces perdues. Alors elle essayait de combler les trous. Parce qu'elle avait besoin de lui ; au fond elle était et avait toujours été une fille à papa.
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Dernière édition par Mina Barnes le Sam 22 Oct 2016 - 18:36, édité 1 fois
Silas Barnes
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Sujet: Re: something we can never repair (mina&silas) Sam 15 Oct 2016 - 22:11
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Malgré ses efforts, Silas ne savait pas comment se comporter avec Mina. Il ne s’était pas préparé à être père avant d’atterrir ici, et il vivait encore dans une douce insouciance avant qu’on ne lui présente cette jeune femme en déclarant qu’elle était sa fille. Il n’avait pas eu le temps d’apprendre les bons gestes ou les bons réflexes, comme n’importe quel père peut le faire au fur et à mesure de la vie de son enfant. Il n’avait jamais lu un seul bouquin sur la paternité et sa mère ne lui avait pas donné de leçon sur la bonne façon d’éduquer un enfant. Encore que sur ce point il devait être tranquille, Mina était grande et n’avait sûrement plus besoin de quelconques directions d’éducation. Toujours était-il que même sans avoir la responsabilité de la faire bien grandir, il avait quelques devoirs envers elle. Le devoir de s’enquérir de l’évolution de ses études, par exemple, ou simplement le devoir de la réconforter quand elle n’allait pas bien, et tant d’autres encore ! Autant de fardeaux qui le terrifiaient, lui qui ne s’était jamais occupé de qui que ce soit d’autre que sa propre personne. Ce qu’il devait faire avec sa fille, il n’en savait rien, et sincèrement il s’en serait bien passé. Mais puisqu’elle était là, qu’elle le connaissait et qu’elle attendait sûrement de lui plus que ce qu’il ne se sentait capable de lui donner … Il faisait de son mieux. Il ne détestait pas l’idée qu’elle soit sa fille, il lui fallait juste plus de temps pour s’y faire. Et plus de temps pour ne plus être un clown empêtré dans de stupides réflexes, comme ce soir, tout ridicule à rester planté devant elle avec ses tasses de chocolat chaud, quand elle n’avait visiblement pas besoin ni envie qu’il la dérange à cette heure ci. Quand enfin elle se rendit compte de sa présence, il fut tout de même récompensé par son sourire, et se sentit un peu moins gauche. Jusqu’à ce qu’elle prenne la parole. « Bonne nuit... ? C'est gentil, mais, euh... Il n'est que neuf heures... » Il eut l’air sincèrement surpris. Il s’était tellement ennuyé au salon depuis qu’elle était remontée dans sa chambre qu’il avait cru qu’il était bien plus tard que ça. « Ah. Désolé. Je n’ai pas regardé l’heure. » Avoua-t-il, un peu penaud. Il la regarda se lever pour attraper une des deux tasses de chocolat, toujours avec ce sourire qu’il aimait tant. « Merci, c'est gentil. Tu... Tu t'es souvenu que je n'aime que ça ? » Ah. Il baissa fugacement les yeux à cette question qui ne manquait jamais d’apparaître de temps à autre, que ce soit avec elle, avec Winona ou avec n’importe qui d’autre. Il était censé les connaître et ils espéraient toujours qu’il se souvienne d’eux, même si ce n’était que d’un tout petit détail. Mais il ne se souvenait de rien. Il n’avait pas l’impression d’être amnésique, juste de n’avoir jamais existé dans leur vie comme ils semblaient le croire. « J’ai remarqué que tu ne buvais jamais de thé ou de café. » Fit-il sans répondre directement à sa question. Il faisait de son mieux pour observer les habitudes de sa fille et en apprendre le plus sur elle sans la submerger par ses questions.
« Oh, wow. T'as carrément fait fondre du chocolat ? C'est encore meilleur qu'en poudre, comme ça. Merci, papa. » L’usage de ce petit mot, qu’elle plaçait toujours de temps à autre quand elle s’adressait à lui, lui donna envie de la serrer dans ses bras. Il aimait la façon dont il sonnait dans sa bouche, il avait l’impression d’être … important. Il lui en était reconnaissant de continuer à le traiter comme ça et pas comme un étranger, au contraire de Winona. Il s’assit à côté d’elle, à la place qu’elle avait bien voulu lui faire, et acquiesça. « Ma mère le faisait toujours comme ça, elle disait aussi que c’était bien meilleur. Elle m’en portait une tasse avant que j’aille me coucher, et … Elle me demandait comment s’était passée ma journée. Mais elle ne le faisait plus quand j’avais ton âge. » Ajouta-t-il comme une excuse, pour avouer sans le dire qu’il oubliait souvent qu’elle était trop âgée pour tout ça. La tasse de chocolat, les confidences au bord du lit, tout ça n’était plus de son âge, mais c’était le genre de chose qu’il voulait faire avec elle. Une part de lui regrettait qu’elle ait vingt ans, qu’il ne puisse pas rattraper tous ces petits moments qui étaient passés sans qu’il ne s’en souvienne. Une enfant serait plus facile à aborder qu’une adulte. Avec une enfant, apprendre à être père lui semblait plus facile, étrangement. « Tu te souviens sans doute pas, mais quand j'avais sept ans, j'ai voulu boire cinq tasses d'affilée. Comme ça, juste parce que c'était bon et que j'en avais envie. T'as bien voulu me laisser faire... Puis j'ai été malade toute la nuit, maman était furieuse... Après ça, j'ai été interdite de chocolat chaud pendant six mois. Enfin, en théorie... En vrai, tu m'apportais une tasse quand elle avait le dos tourné. Je crois qu'elle savait, mais elle nous laissait croire que c'était notre petit secret... C'était... C'était plutôt cool. » Le souvenir de Mina fit naître un sourire amusé sur les lèvres de Silas. Il pouvait imaginer la scène avec beaucoup de clarté : une petite Mina qui pourléchait ses lèvres couvertes de chocolat, une Winona furieuse, et lui qui contournait l’interdit en venant rejoindre la petite fille avec des tasses fumantes rien que pour la voir l’accueillir avec des cris ravis … Son cœur se serrait douloureusement à l’idée que cette scène ne soit pour lui qu’une image sans plus de consistance qu’un rêve, mais au moins Mina s’en souvenait, elle. « Cinq tasses. » Répéta-t-il en secouant la tête. « Continue comme ça et je vais finir par croire que j’étais un père totalement irresponsable ! » Il ne pouvait s’empêcher d’en rire : il ne se refaisait pas. Il n’avait sans doute pas été le meilleur des pères, mais il n’avait pas été là souvent, et il ne doutait pas un instant qu’il ait cédé à tous les caprices de sa fille quand il avait l’occasion de la voir. « Et Winona me laissait faire ? » Il n’aurait sans doute pas du poser la question, qui reflétait bien trop son incrédulité. Il avait l’impression que Winona était une femme intransigeante, trop sévère, qui ne savait pas rire. C’était du moins tout ce qu’elle lui avait laissé voir depuis qu’il était arrivé, et il ne parvenait pas à la voir plus souple, moins dure. Mais elle avait été conciliante au point de les laisser faire … Et sans doute avait-elle été plus conciliante sur bien des choses, sans quoi il ne l’aurait jamais épousée. Il devait faire des efforts pour s’en souvenir : elle avait été sa femme et il l’avait aimée. Et elle l’avait aimé, également. Le visage de Silas s’était refermé en pensant à Winona, mais il sorti de ses pensées et retourna son attention à Mina quand elle reprit la parole. « J'ai l'air un peu cruche au boulot, avec mon chocolat, pendant que tout le monde boit des cafés avec des noms à coucher dehors. Moi au moins je suis pas difficile, un chocolat chaud avec un peu de crème et de cannelle et je suis parée à affronter les débiles qui s'imaginent qu'on va s'occuper de faire sortir de prison toutes leurs connaissances. Enfin, voilà quoi... » Silas hocha la tête avec vigueur et posa sa main sur l’épaule de Mina. « C’est très bien, assume tes goûts, les autres n’ont rien à y redire ! » Il retira sa main presque immédiatement après, une grimace atterrée sur le visage. « Et la palme de la phrase cliché me revient directement ! Excuse-moi, j’ai un peu trop essayé de jouer au père modèle. Mais le chocolat chaud, c’est très bien. Si c’est ça que tu veux, je t’en ferais encore un demain, et tant pis pour tes collègues au boulot. » Il but une gorgée de sa propre tasse pour reprendre contenance avec cette misérable démonstration de son malaise, et laissa le silence flotter quelques secondes avant de reprendre. « Je suis vraiment fier que tu veuilles devenir avocate, tu sais. » Enfin quelque chose de simple et de sincère.
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Sujet: Re: something we can never repair (mina&silas) Mer 26 Oct 2016 - 10:42
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Silas devait être la seule personne avec laquelle la patience de Mina n'avait pas de limites. Pour lui, pour leur famille, elle était prête à faire des efforts – des efforts que sa Winona ne faisait pas. L'absence de sa mère pesait toujours chez eux, il était évident qu'il manquait quelqu'un dans leur foyer, mais Mina ne pouvait pas courir après elle et prendre soin de son père en même temps. Winona se rendait-elle seulement compte du poids des responsabilités qu'elle avait déléguées à sa fille ? Recoller les morceaux de leur famille brisée, ce n'était pas le travail de Mina, elle n'était encore qu'une enfant. Si elle était la première à clamer haut et fort qu'elle n'avait besoin de personne, elle avait en réalité besoin de ses parents. Elle en avait déjà perdu un, et plus Winona s'éloignait, et plus Mina craignait que les choses ne deviennent trop compliquées pour pouvoir être arrangées. « Bien observé. Je n'ai jamais réussi à me faire au goût du café ou du thé... Le chocolat, c'est un peu plus calorique, mais il paraît que les meilleures choses le sont. » Elle souriait, parce que même si Silas ne s'était pas souvenu, il lui avait prêté suffisamment d'attention pour remarquer ce détail. Elle se doutait que les choses ne devaient pas être plus simples pour lui qu'elles ne l'étaient pour elle, mais afficher la volonté de la connaître, c'était déjà beaucoup. C'était probablement tout ce qu'elle pouvait lui demander de faire, après tout ce n'était pas comme si elle pouvait l'hypnotiser pour faire remonter tous ses souvenirs comme par magie. « Tu sais, ça ne me dérange pas que tu viennes me dire bonne nuit. Au contraire. Ça... ça m'a toujours fait plaisir, peu importe mon âge. » Les moments passés avec lui avaient toujours été précieux. Ne sachant jamais combien de temps il resterait, Mina profitait de chaque seconde avec lui.
Cette tasse de chocolat chaud qu'elle tenait entre ses mains lui rappelaient de bons souvenir, de son enfance qui avec le recul lui semblait presque normale. Quand Silas avait été là, il avait été un père exemplaire, et même quand il contournait les interdits de son épouse pour ramener une tasse de chocolat à sa fille. « Non, t'en fais pas, t'étais loin d'être irresponsable. Tu voulais juste me faire plaisir. C'est pour ça que maman te laissait faire. C'était notre vrai faux secret à tous les deux. » Winona n'avait alors rien à voir avec la femme que Silas devait réapprendre à connaître. Malgré les difficultés entraînées par son don, ils avaient réellement été heureux tous les trois. C'était ce qui manquait le plus à Mina, cette impression d'unité, d'appartenance. À présent, elle se sentait bien seule, même quand elle ne l'était pas. Mina détestait ne pas avoir le contrôle sur la situation, elle détestait ne pas savoir ce que le futur leur réservait. Ce qui, selon elle, ne manquait pas d'ironie quand on savait à quel point elle avait pu détester sa mutation. Et à ce sujet, ni Silas, ni Winona ne savaient qu'elle avait utilisé le NH25 pour se débarrasser de ses visions. Elle ne savait pas ce que son père en penserait, mais elle était absolument certaine que sa mère serait furieuse. Mais ce n'était pas elle qui avait eu à vivre avec ces terribles prémonitions, ces informations sur l'avenir qu'elles ne pouvaient même pas utiliser pour le changer. À quoi bon voir le futur si on ne pouvait pas le changer ? Peut-être aurait-elle consenti à s'accoutumer à sa mutation si Silas n'avait pas été vacciné. Elle avait essayé de le sauver, elle avait échoué, et la culpabilité pesait lourd sur ses épaules. On lui avait dit et répété que ce n'était pas de sa faute, mais Mina ne parvenait pas à l'accepter. Pour elle, savoir aurait dû lui donner l'avantage sur le destin, et au lieu de cela elle n'avait pu qu'être un témoin inutile. Peut-être était-ce un peu pour cette raison qu'elle faisait de son mieux pour aider Silas à retrouver sa place dans leur vie et dans cette époque, parce qu'elle se sentait responsable.
« Personne n'assume ses goûts mieux que moi, je te jure ! Ce n'est pas très délicat, mais j'ai tendance à envoyer voir ailleurs les gens qui cherchent à me convaincre que j'ai tort. » Mina afficha un large sourire avant d'avaler une gorgée de chocolat. « Enfin, sauf au boulot, quand même. » Quand Caleb la corrigeait parce qu'elle avait fait une erreur, elle ne lui disait pas d'aller voir ailleurs si elle y était. « Je ne suis pas contre un bon chocolat maison à apporter au boulot. Je risque de faire des jaloux, parce que ça sent quand même vachement meilleur que le café. » Et puis surtout, cela redeviendrait leur truc à eux. Il était fier qu'elle veuille devenir avocate, et si le compliment faisait plaisir, Mina baissa les yeux et son sourire se fana. « Merci, c'est gentil... C'est chouette comme job, ça me plaît beaucoup. » Mais il y avait un mais. « Mais ce que je voulais vraiment faire, c'est être danseuse. Je fais de la danse classique depuis que je suis petite. Je vais danser trois fois par semaines, après le boulot. » Mina n'était pas le genre de fille qu'on imaginait faire du ballet, et pourtant elle y avait consacré des années de sa vie. Pour rien, songeait-elle avec amertume. « Mais bon, c'est difficile de percer à Radcliff. Je veux dire, c'est perdu au milieu de nulle part... C'est carrément l'Amérique profonde, tu m'étonnes que le taux de criminalité batte des records... » Mina haussa les épaules, les yeux toujours rivés au sol. « J'avais passé un concours, j'ai eu une proposition pour intégrer une troupe new-yorkaise... » Mais elle n'était pas à New-York. Elle était encore dans sa petite ville du Kentucky, là où elle avait toujours vécu. « On... Je pouvais pas partir. » Pour une raison assez évidente. Winona n'avait pas voulu déménager, et si Mina n'était pas enchaînée, elle ne s'était jamais sentie assez libre pour pouvoir faire ses valises et quitter Radcliff sans culpabiliser.
Comme si elle avait été quittée par un insecte, Mina se redressa brusquement et planta son regard dans celui de son père. « C'est pas de ta faute, papa. » Elle secoua un peu la tête, et posa doucement sa tasse encore à moitié pleine sur le plancher. « Tu m'as jamais demandé de rester ici, tu m'as même dit plusieurs fois que je pouvais partir si je voulais. C'est moi qui suis restée, parce que... Je voulais pas te louper, quand t'étais à la maison. » D'un coup, Mina avait l'air d'une petite fille perdue, une enfant qui avait désespérément besoin que son père se souvienne d'elle. « Je me fiche de ce que maman pense, moi je sais que ce qui est arrivé, c'est pas de ta faute. » Elle ramena ses jambes contre sa poitrine et posa son menton entre ses genoux. Elle regardait le mur, parce qu'elle ne savait pas si elle aurait la force de soutenir le regard de son père très longtemps sans se mettre à pleurer comme une gamine. « J'ai tout vu, tu sais... J'ai eu une vision de ta vaccination, quelques jours avant que ça arrive... J'ai essayé de te sauver, je te jure que j'ai essayé... J'ai pas réussi... Je suis tellement désolée, papa... J'ai cru que cette fois, je pourrais faire quelque chose pour changer le futur... Mais cette vision n'a servi à rien, à rien du tout, j'ai rien pu faire... Je suis vraiment, vraiment désolée... » Mina fronça les sourcils, et son expression s'assombrit. « Je te jure que je ferai payer la personne qui t'a fait ça. Je sais pas encore comment, mais elle va payer ce qu'elle nous a fait. » Elle savait que sa garce de tante était responsable. Ce serait œil pour œil, dent pour dent, elle s'en était fait la promesse.
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Sujet: Re: something we can never repair (mina&silas) Dim 27 Nov 2016 - 22:04
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Mina & Silas
Back in the day, I can recall that my thoughts were unclouded and sage. There was no black staining the walls of my memories. Now there's a haze pushing me sideways, and leaving me nothing to gain, taking me back, locking me cold in disparity. Cure me, free me, help me, see me - no more worry, no more losing.
Silas avait encore beaucoup de choses à apprendre de sa fille. Il était terriblement frustré de ne même pas savoir des choses aussi élémentaires, comme le fait qu’elle ne boive pas de café mais uniquement du chocolat chaud. Et quel était son plat préféré ? Son groupe de musique préféré ? Dans quelle matière était-elle douée à l’école et dans laquelle avait-il du s’arracher les cheveux à lui faire apprendre ses leçons ? A quel âge avait-elle eu son premier chagrin d’amour, était-elle venue se consoler auprès de son papa ou avait-elle gardé ce secret jalousement caché ? Il ne savait rien. Il observait et il faisait de son mieux pour apprendre, mais il y avait des choses qu’il ne saurait jamais. Des choses qui étaient définitivement perdues parce qu’on ne pouvait jamais raconter une vie entière, et que c’étaient les détails qui comptaient le plus, mais qu’on n’évoquait jamais les détails aux absents … Tant pis. Il ne devait surtout pas s’apitoyer sur tous ces petits détails disparus, mais sur ceux qu’il pouvait glaner, et surtout sur les moments qu’il passait maintenant. Il était tout de même heureux d’être avec elle et de pouvoir discuter. Il était heureux de voir son sourire, parce qu’il lui était adressé. Et il était heureux que Mina soit dotée de tant de sensibilité qu’elle prenait soin de se raconter, autant qu’elle le pouvait. Au contraire de Winona, Mina n’était jamais avare de souvenirs, de précisions. Il en apprenait chaque jour un peu plus sur elle et sur leur relation, et il parvenait toujours davantage à imaginer les années passées ensemble. « Je reviendrais demain soir alors. Avec une tasse de chocolat chaud et à une heure plus décente pour dire bonne nuit, promis. » Fit-il avec un sourire plus serein. Il avait eu tellement peur de la déranger, de paraître déplacé ! Comme avec Winona, en somme. Mais Mina n’était pas sa mère, dieu soit loué. Il pouvait continuer à s’essayer à être un papa, en sachant qu’elle le recevrait comme ça. Mais être un papa, c’était une tâche ardue. Il n’avait jamais eu le caractère pour ça, il fallait bien le reconnaître. Et il avait eu Mina très jeune, alors qu’il était tout aussi irresponsable que maintenant … Il se demandait bien comment il avait pu gérer une telle chose. Sans être là tout le temps, il avait quand même du s’occuper d’elle de temps en temps. Et il avait du mal à s’imaginer dans ce rôle. Qu’il ait cédé à tous ses désirs – ou à tous ses caprices – ce n’était vraiment pas étonnant. Ce qui l’était davantage, c’était que Winona l’ait laissé faire. Cette femme que Mina évoquait, ce n’était pas celle qu’il croisait dans la cuisine le matin et qui le fusillait du regard sans même qu’il n’ouvre la bouche. Il aimait mieux l’idée d’une femme aimante et tolérante, qui le laissait apporter du chocolat chaud en cachette à leur petite fille alors que c’était formellement interdit … Oui, cette femme là semblait plus facile à aimer. « Oh tu sais, j’ai toujours eu du mal à m’occuper de moi, alors … M’imaginer avec un bébé dans les bras, ça me terrifie. Je suis persuadé d’avoir fait des erreurs monstrueuses, parce que c’est souvent ce que je fais au naturel. J’ai du en faire, mais au moins tu n’es pas traumatisée, et Winona non plus. » Ce n’était sans doute pas le genre de choses à dire à sa fille, surtout si par miracle elle ne s’était pas rendue compte en plus de vingt ans d’existence de ce travers de personnalité … Il s’était peut-être amélioré, au fil du temps, mais il avait tout perdu à nouveau en revenant au point de départ. « Et on en avait d’autres, des secrets de ce genre ? Ou juste des choses qu’on avait toi et moi … ? » Sans sa mère, en quelque sorte. Il voulait tout savoir, et il n’aurait jamais assez d’une vie avec elle pour se rassasier de cette soif de détails.
Silas se mit à rire quand Mina afficha clairement sa forte personnalité. Sur ce point elle était comme sa mère, bien plus que comme lui. C’était une bonne chose. Winona ne se laissait pas marcher sur les pieds et Mina faisait bien de suivre sa voie en assumant ses choix et ses goûts. « Tu auras ton chocolat pour faire bisquer tes collègues. Et pour l’envoyer au visage de ceux qui te cherchent des noises. » Il voulait bien lui faire un thermos de chocolat chaud tous les jours si ça pouvait lui faire plaisir ! Il était toujours prêt à se plier à ses moindres désirs, vingt ans plus tard. Mais il perdit un peu de son sourire quand elle évoqua son travail, et cette passion qu’il n’avait pas soupçonnée. Il savait qu’elle dansait, et il se doutait qu’elle aimait ça, mais il n’avait pas imaginé que ce soit aussi fort pour elle. Au point de vouloir en faire son métier … C’était à des lieues d’une carrière d’avocate, et avant qu’elle ne lui donne d’elle-même la réponse, il se demanda pourquoi elle n’avait pas poursuivi ce rêve. Un accident, peut-être ? Il avait connu une danseuse qui avait du arrêter sa carrière à cause d’une blessure au genou, et son cœur se serra en imaginant Mina devoir faire une croix sur sa passion pour cette raison. Mais elle continua sur sa lancée, sans évoquer une telle calamité. Juste Radcliff. Radcliff bien loin de New-York, Radcliff avec sa criminalité et son manque de culture. Pas de compagnie de danse à Radcliff, juste un père encombrant qui ne prévenait ni quand il venait, ni quand il repartait. « Mina … » Sa voix n’était qu’un souffle, pitoyable et brisée. Mina avait beau lui dire que ce n’était pas de sa faute, il se sentait infiniment responsable. Il n’avait pas du insister suffisamment pour qu’elle parte, il avait du la retenir d’une façon ou d’une autre. Il n’avait pas essayé suffisamment de maîtriser sa mutation pour qu’elle puisse vivre une vie correcte sans s’enchaîner à ses errances temporelles ! Il ne connaissait pas cet homme qui avait échoué à offrir une vie plus belle à sa fille, mais bon sang, il le détestait. Il se détestait. Il ne la méritait pas. Et elle, surtout, ne méritait pas d’avoir subi ses absences. Mais elle continuait de parler comme si c’était elle la fautive, ses mots sortant en un torrent qui l’ensevelissait sous des sentiments qu’il n’avait jamais vraiment appréhendés. Elle s’était faite toute petite, loin de la femme sûre d’elle qui irait défendre la veuve et l’orphelin dans des tribunaux contre vents et marées. Elle était redevenue une enfant, une enfant qui avait perdu son père … Silas resta pétrifié un instant, à contempler la douleur de sa fille, puis il s’approcha d’elle et passa son bras autour de ses épaules. Il la fit glisser contre lui et l’enserra entre ses bras. Il ne l’avait jamais prise ainsi de son plein gré, ça avait toujours été elle, avant, qui amorçait ce geste, et c’était elle qui y mettait fin en voyant son malaise. Pas ce soir. Ce soir, c’était lui son père, malgré tout. « Chérie … Je suis tellement désolé. » Il avait la gorge serrée, les mots sortaient difficilement. « Je suis désolé de t’avoir infligé cette vie là, alors que tu méritais bien mieux. Tu as été … une enfant exemplaire, à rester ici en mettant tes rêves de côté, juste pour moi. Je ne peux pas rêver mieux comme fille, tu sais. Même si je n’ai pas de souvenirs à mettre sur tout ça. » Il lui caressa doucement les cheveux, ce qui lui sembla presque naturel. « Merci d’avoir été là pour moi. Mais j’aurais du mieux m’y prendre avec toi. Il y avait forcément un moyen pour rester ici et j’aurais du le trouver. Pour te permettre de vivre ta vie au lieu de t’enchaîner à la mienne. Ce n’est pas ça qu’un père est censé faire. » Il soupira, son ressentiment envers lui-même enflant à nouveau. « J’espère que ça en valait la peine. Qu’on a … Que tu as quand même de beaux souvenirs pour compenser. » Ca ne rattraperait jamais ses sacrifices, il en était conscient. Et puis vint l’autre sujet, celui qu’ils n’abordaient plus de peur de provoquer les crises de rage de Winona. Sa vaccination. « Je ne savais pas que tu avais … Que tu avais vu ce qui s’est passé. Mais ce n’est pas de ta faute. Tu n’aurais pas pu arrêter ça, si c’était censé se produire. » Maigre consolation. Il ne pouvait qu’imaginer le calvaire qu’elle vivait avec un don pareil. L’entendre dire qu’elle ne pouvait pas empêcher les catastrophes qu’elle voyait venir, c’était atroce. Alors, il reprit la parole, et essaya de raconter ce qu’il n’avait encore jamais dit à quiconque, pas même à Winona. « Quand j’ai … Quand je suis apparu, ici, j’ai cru que j’allais mourir. Vraiment. C’était comme si je me divisais en deux, comme si ma tête allait exploser. Et d’après ce que Winona m’a raconté, je suis à peu près certain que ça ne s’était jamais passé comme ça avant, quand j’utilisais cette … mutation. Et quand j’ai reçu le vaccin, ça s’est calmé immédiatement. Bon, il y a eu tout le reste ensuite, mais même en ayant perdu mes souvenirs, même en sachant que j’ai perdu toute ma vie avec vous … Je n’arrive pas à me souvenir de ce moment sans me sentir reconnaissant à cette personne de m’avoir vacciné. Parce que je suis sûr qu’il ou elle m’a sauvé la vie. » Il se tut un instant, puis reprit : « Je suis désolé, ce n’était sans doute pas ce que tu voulais entendre. Mais avec tout ce qui se passe en ville, avec ces hunters qui massacrent les mutants, je ne veux pas que tu te mettes en danger à cause de moi. » Surtout pas pour ça. Même s’il regretterait toute sa vie d’être amnésique, il ne voulait surtout pas que Mina aie des ennuis en voulant le venger. Ca n’en valait pas la peine.
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Sujet: Re: something we can never repair (mina&silas) Dim 12 Fév 2017 - 18:13
SOMETHING WE CAN NEVER REPAIR
SILAS & MINA
all those memories will be lost in time, like tears in rain
Pour Mina, passer un moment avec son père avait toujours eu quelque chose d'un peu exceptionnel. Ne sachant jamais quand il serait là, elle avait profité de chaque instant avec lui ; pour autant elle avait été loin de se douter qu'un jour, tout serait à recommencer. Quelque part, elle pouvait comprendre le comportement de Winona à l'égard de son époux, devoir repartir de zéro après des années et des années, ce n'était pas facile... Mais ce n'était pas une raison pour laisser Silas tâtonner dans le noir. Pour elle aussi c'était compliqué, elle avait perdu son père, et elle ne pensait pas avoir la maturité suffisante pour remettre leur famille à flot. Au moins, elle essayait, elle faisait de son mieux. Silas lui aussi faisait des efforts, mais Winona... Elle avait tout simplement pris la fuite, et c'était une chose que Mina ne parvenait pas à lui pardonner. C'était difficile pour tous les trois, elle n'était pas la seule à souffrir. Parfois, Mina se demandait si ses parents n'allaient tout simplement pas divorcer... Elle avait beau être – presque – adulte, ce n'était pas pour autant que cette idée l'enchantait. Elle avait toujours connu ses parents unis malgré les épreuves, elle avait du mal à les imaginer chacun de leur côté, et elle au milieu... « Bah, tu sais il paraît que devenir parent, ça s'apprend... Je crois que tu ne t'en es pas trop mal sorti, je suis entière, pas trop folle... Je pense que t'as plutôt fait du bon boulot. » Elle avait beau y réfléchir, elle n'avait pas un seul mauvais souvenir avec son père. Probablement parce qu'ils avaient eu envie de se créer de bons souvenirs, et cela uniquement. Silas avait toujours été aux petits soins avec sa fille, Mina n'avait jamais rien eu à lui reprocher. Pas même sa mutation ; elle avait toujours su qu'il n'y était pour rien. « Je ne sais pas si on peut vraiment appeler ça un secret, mais on adorait... on adore aller au cinéma ensemble. C'est un peu notre truc, depuis que je suis petite. On va voir n'importe quoi, du film Disney au thriller du moment... C'est chouette. Ça... ça me manque. » Beaucoup de choses lui manquaient, mais elle ne voulait pas lui forcer la main, ou aller trop vite. Elle avait compris qu'ils devraient y aller pas à pas, réapprendre à se connaître... Pour une impatiente comme Mina, ce n'était pas aisé, mais pour son père elle était prête à tous les efforts.
« Tu sais, le pire, ce n'est pas vraiment les collègues... Ce sont les clients. Les gens qui s'imaginent que parce que tu travailles dans un cabinet d'avocats, tu n'as qu'à claquer les doigts pour faire s'envoler tous leurs problèmes. Ou ceux qui te traitent comme une bonniche parce que tu n'es que l'assistante... Certains devraient s'estimer heureux de ne jamais m'avoir croisée quand j'avais ma tasse dans les mains ! » Son caractère bien trempé, Mina avait dû apprendre à le maîtriser rapidement quand elle avait commencé à travailler pour Caleb. Mais, bon sang, certaines personnes lui donnaient envie de s'arracher les cheveux. Mais elle ne se plaignait pas, pas trop. Travailler avec le frère de Fiona lui permettait de changer d'air, d'oublier ce qui se passait chez elle. Grâce à ce job, elle avait une autre vie, un endroit où allait quand elle n'avait pas envie de rentrer directement à la maison. Des heures supplémentaires, Mina en faisait beaucoup, et elle avait pris très à cœur le dossier Lancaster, comme si envoyer l'ancien maire de Radcliff en prison l'aiderait de façon quasi thérapeutique à accepter ce qui était arrivé à son père, à leur famille. Elle avait besoin de passer ses nerfs sur quelque chose, sur quelqu'un, et Lancaster était la cible idéale. Sauf qu'elle prenait les choses un peu trop personnellement, Caleb le lui avait déjà dit... Mais c'était ça ou risquer de péter les plombs, comme l'avait fait sa mère. Mina soupira lorsque son père la prit dans ses bras, et se laissa aller contre lui lourdement. Elle sentait les larmes qui montaient ; elle renifla et essuya ses yeux avec la manche de son pull. En fin de compte, Mina n'était encore qu'une enfant, elle avait besoin de ses parents, besoin qu'on lui tienne la main et qu'on la rassure.
« Ce n'était pas de ta faute, papa... Tu as fait tout ce que tu pouvais pour rester, pour prendre soin de moi, soin de nous... Ce n'était pas de ta faute... » Pendant un temps, elle avait été en colère. Incapable d'accepter ce qui leur était arrivé, elle avait cru que c'était de sa faute, qu'il aurait pu – et dû – trouver un moyen de gérer sa mutation... Elle avait même pensé qu'il aurait mieux fait de prendre le vaccin, au lieu d'attendre qu'un chasseur ne se charge de lui administrer le NH25... Puis elle avait compris que ça n'aurait pas été la solution. « Je n'aurais jamais pu t'abandonner, papa... » Comment aurait-elle pu ? Mettre ses rêves de côté, c'était une chose, mais son père... Elle l'aimait bien trop pour le quitter, et ne voulait surtout pas qu'il culpabilise. Il ne l'avait pas enchaînée, elle était restée à Radcliff parce qu'elle l'avait bien voulu, pas parce qu'on lui aurait fait un odieux chantage. Oh, il lui arrivait de se demander ce qu'aurait pu être sa vie si elle pris d'autres décisions... Mais elle ne regrettait pas. Mina était quelqu'un d'entier, pas du genre à s'apitoyer sur son sort. En revanche, ça ne l'empêchait pas d'être triste, très triste. Elle avait parfois l'impression d'être en deuil, d'avoir perdu son père, malgré sa présence à ses côtés... Mettre des mots sur leur situation n'était pas facile, et c'était un exercice douloureux. « Je n'ai jamais pu arrêter quoi que ce soit, papa... Mes visions n'ont toujours été que ça, des visions de choses qui devaient arriver... Quel intérêt de me montrer un avenir contre lequel je ne peux jamais rien ? C'est de la torture. » Elle en parlait au présent ; elle n'était pas encore prête à avouer à quiconque qu'elle avait pris le NH25 après avoir échoué à sauver son père. Elle se disait qu'elle le ferait une fois les effets secondaires définitivement dissipés, pour n'inquiéter personne.
Mina se redressa à peine, pour écouter ce que son père avait à lui dire sur le jour où il avait été vacciné. Les mots n'étaient pas facile à entendre, mais comment aurait-elle pu lui en vouloir ? Sa propre mutation n'avait toujours été qu'une malédiction pour elle, mais elle ne disparaissait pas en passant d'époque en époque, elle. En y réfléchissant de plus près, peut-être que Winona ne les comprenait pas parce qu'elle n'avait jamais considéré sa mutation comme un poids. Elle n'avait pas souffert comme eux, alors elle ne pouvait pas avoir le même point de vue qu'eux... Était-ce aussi simple que ça ? « Ne t'en fais pas pour moi, je n'ai pas l'intention d'enfiler des collants et de me mettre à porter un masque pour défendre la veuve et l'orphelin... J'essaie... J'essaie d'utiliser la loi à bon escient. Caleb dit qu'il faut prouver au gens que notre système judiciaire fonctionne encore... Depuis que Lancaster a été arrêté, les Hunters font moins les fiers. Je fais de mon mieux... Pour aider comme je peux... Je suis incapable de rester les bras croisés, papa... Je ne me mets pas en danger comme le fait maman en soutenant Insurgency, je te le jure, mais j'ai besoin... J'ai besoin de faire quelque chose, tu comprends ? »
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Spoiler:
ce retard impardonnable
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