1992, Domicile des Allen, Paris, Texas

La porte d'entrée de la maison s'ouvrit, et le petit garçon se précipita jusqu'à l'homme qui venait d'entrer, avant de le serrer dans ses bras quand ce dernier le souleva « Papa! » « Toujours pas couché petit monstre? » « Maman m'a dit que je pouvais rester debout jusqu'à ce que tu rentre. » Répondit le petit garçon alors que son père le reposait « Nathan, laisse-donc ton père respirer un peu. » Lança sa mère sur un ton faussement réprobateur avant d'embrasser son mari « Ton voyage s'est bien passé? » « D'un ennui mortel. » Se désintéressant totalement de la conversation que pouvaient avoir ses parents, Nathan retourna dans le salon, avant de s'allonger face au coloriage sur lequel il était depuis plusieurs dizaines de minutes, puisqu'il prenait un soin tout particulier à ne pas dépasser des lignes. Ses parents retournèrent dans le salon, et Richard Allen se servit un verre, avant de s'asseoir à son fauteuil habituel, pour pouvoir regarder la télévision tout en discutant avec son épouse.
Soudain, le téléphone se mit à sonner et le père de Nathan décrocha. Au bout d'une ou deux minutes, il finit par raccrocher, avant de se diriger vers l'entrée de la maison « Qui c'était? » « Un collègue, ils ont besoin de moi au travail pour une urgence. Rien de bien long ne t'en fait pas, je devrais être rentré d'ici une heure ou deux. Tu as pensé à sortir les poubelles? » « Non. » « Je vais le faire, on sera débarrassés comme ça. » Le trentenaire se dirigea vers la cuisine, et on entendit un bruit de sacs que l'on déplaçait, puis une porte qui s'ouvrait, celle qui donnait sur l'arrière de la maison. La mère de Nathan se leva, avant d'attraper son fils « Allez, c'est l'heure d'aller au dodo! » Mais alors que mère et fils se dirigeaient vers le couloir de l'entrée, la porte fut défoncée et plusieurs hommes armés entrèrent dans la maison en hurlant « FBI! Ne bougez plus! » Nathan se mit à hurler à son tour alors que sa mère tentait de se mettre à l'abri, mais elle fut arrêtée par un homme, qui semblait être à la tête de toute la bande « Madame Allen? Agent spécial Jack Murphy, FBI. Ou est votre mari? »


2002, Venice Beach, Los Angeles, Californie

Assis à la terrasse ombragée qui jouxtait une grande piscine chez un de ses amis, Nate sirotait tranquillement une bouteille de bière en compagnie de quelques copains de lycée, alors que d'autres profitaient de la piscine « Alors t'es décidé Ellsworth? » Ellsworth, un nom de famille qui était le sien depuis dix ans. Après la fuite de son père, qui s'était révélé être un criminel d'envergure internationale qui faisait dans le trafic d'à peu près tout ce qui pouvait se revendre au plus offrant, sa mère avait été interrogé pendant des heures et des heures par le FBI et un nombre incalculable d'autres agences fédérales dont les sigles avaient pour la plupart trois lettres. Quand ils avaient jugés qu'elle était innocente et n'avait absolument rien à voir avec son mari, ils l'avaient laissée partir, en lui conseillant toutefois d'intégrer le programme de protection de témoins. Ce qu'elle avait fait, avant tout pour protéger son fils. Ils avaient intégrés le programme de protection de témoins, avaient changés de noms, et ils avaient quittés le Texas pour la Californie, s'installant à Los Angeles pour être plus précis. Depuis une décennie, la mère et le fils vivaient ici, et pour ce qu'ils en savaient, jamais Richard Allen n'avait cherché à les retrouver. Il avait visiblement tiré un trait sur son ancienne vie pour se consacrer à ses activités criminelles.
Posant sa bouteille sur la table, Nate détourna le regard du panorama et se tourna vers son ami Josh « Ouais, j'ai réussi à faire plier ma mère. » « Franchement Nate, t'es dingue. » S'exclama Jenny, la petite-amie de Nathan, en sortant de la piscine, avant de se pencher vers lui pour l'embrasser « C'est pas pour ça qu'on sort ensemble? » Répliqua ce dernier en souriant « J'avoue que ça fait partie de ton charme. » Puis elle se dirigea vers un des transats, et y attrapa une serviette. Nate la suivit du regard un instant, avant de se tourner vivement vers Josh quand ce dernier lui mit un léger coup de poing au niveau de l'épaule « Tu pourrais arrêter de bécoter ma sœur devant moi? » « Y a que toi que ça dérange. » Josh ne répondit rien, préférant se réfugier derrière sa bouteille de bière « Et il en dit quoi ton oncle Rick? » « Pas grand-chose, du moment que c'est ce que j'ai envie de faire... »  L'oncle Rick n'était en réalité absolument pas son oncle, mais un ancien agent du bureau des marshalls qui les avait protégés pendant six ans, et qui continuait à le faire même maintenant qu'il était à la retraite. Depuis dix ans, il était comme un père de substitution pour Nate, et lui avait appris tout un tas de trucs et lui avait raconté tout un tas d'histoire sur l'époque ou il bossait dans l'armée, chez les Rangers. Histoires qui avaient finies par captiver Nate, et lui donner envie de faire pareil « Franchement, je te vois tellement pas dans l'armée. » « Tu sais ce qu'on dit, les filles craquent sur les types en uniforme. Je suis certain que ta sœur me trouvera follement attirant. » Et avant d'avoir eu le temps de dire ouf, Nate se retrouva dans la piscine, non sans éclabousser tout le monde au passage.


2008, Domicile des Ellsworth, Boston, Massachusetts

Le taxi s'arrêta, et Nate sortit du véhicule, avant de payer le chauffeur. Se dirigeant vers l'entrée de son immeuble, il grimpa les marches rapidement, soulagé de rentrer enfin chez lui. Comme prévu, il avait finit par rentrer dans l'armée à la fin de sa scolarité, et avait lentement mais sûrement tracé son chemin jusqu'à intégrer le 75e Régiment de Rangers, l'une des unités les plus prestigieuses de l'US Army. Six mois qu'il était parti, huit mois qu'il n'était pas rentré chez lui, auprès de Jenny. Sa petite-amie du lycée avait finit par devenir sa femme deux ans plus tôt, et ils s'étaient installés à Boston l'année passée, après que Jenny ait décroché dans un grand cabinet d'avocats de la ville.
Sortant ses clés d'une poche de sa veste, il posa un instant son sac par terre, le temps d'ouvrir la porte. Puis il grimpa les trois étages jusqu'à leur appartement en passant pas les escaliers, avant de remonter le couloir. Cependant, il s'arrêta quand au moment ou il allait mettre les clés dans la serrure, quand il remarqua que la porte était légèrement entrouverte « Jenny? » Posant son sac, le jeune homme poussa la porte et rentra dans son appartement, aux aguets. Ce n'était pas dans les habitudes de sa femme d'être étourdie au point de laisser la porte d'entrée ouverte, et vu l'heure qu'il était, elle était forcément rentrée du travail « Jenny, tu es là? » N'obtenant aucune réponse de son épouse, il avança un peu plus dans le couloir, prêt à la moindre éventualité. Et quand il vit la jeune femme attachée sur une chaise en plein milieu du salon, son cœur loupa un battement. Il se précipita vers elle, indifférent aux cris qu'elle essayait de pousser malgré le bout de ruban adhésif qu'elle avait sur la bouche, mais il avait fait à peine trois pas dans le salon qu'il sentit le canon d'une arme se poser sur sa tempe. Il tenta de faire face à son opposant, mais un violent coup porté avec la crosse du pistolet sur sa tempe le fit tomber à genoux « Inutile d'être aussi violent Victor. » Lança une voix en provenance du coin salle à manger.
Nate sentit tous ses poils se dresser sur sa nuque quand il reconnut la voix qui venait de parler. Non, ça ne pouvait pas être possible. Mais il dut se rendre à l'évidence quand il entendit un bruit de chaise qui raclait le parquet suivit de pas, et que son père se retrouva dans son champ de vision « Bonsoir fiston. » « Qu'est-ce que tu fous là? » « J'ai appris pour ta mère. Toutes mes condoléances. Je serais bien venu te voir à ton travail, mais le problème avec le Moyen-Orient ce que je n'y ais pas que des amis. » Son père traversa le salon jusqu'au buffet, d'où il sortit deux verres et une bouteille de whisky. Il servit deux doses généreuses, tira une chaise qu'il installa face au fauteuil du salon, avant de s'asseoir dans ce dernier. Le dénommé Victor força Nate à se relever, avant de l'obliger à s'asseoir sur la chaise. Puis il lui fourra le verre restant dans les mains « Jenny, ça va? » « Ta charmante épouse va très bien. Elle et moi avons eus une longue discussion à ton sujet et je dois avouer que je suis très fier de toi mon garçon. » Nate tenta de se lever, mais l'homme de main de son père le força à rester assis « Reste donc un peu tranquille Nathan. J'ai interdit à Victor de te faire le moindre mal, mais pour ce qui est de Jenny... » « Qu'est-ce que tu veux? » « Discuter. Rattraper le temps perdu entre autres, mais j'ai aussi deux ou trois questions d'ordre... professionnelles. Et si tu tiens à ta femme, tu va me donner les réponses que je veux. »


2010, Académie du FBI, Quantico, Virginie

Nate sentait les regards de ses camarades de promo rivés sur lui, mais il ne leur prêta pas attention, préférant jeter un regard à celle qui se tenait à quelques mètres d'elle. Elizabeth, ou Eli comme elle préférait qu'on l'appelle d'après les infos qu'ils avaient réussis à dégoter sur elle. Née à Radcliff, un petit bled paumé en plein milieu du Kentucky, partie à New York quand elle avait dix-sept ans, diplômée en criminologie, première de sa promo à l'école de police, ainée d'une fratrie de quatre dans une famille de militaires, deux frères dans l'armée et l'autre chez les pompiers. En gros, pas le genre de fille à prendre à la légère, mais lui non plus n'était pas à sous-estimer. Il avait finit par quitter l'armée au bout de huit années de service, et deux choix s'étaient offerts à lui. Bosser dans la sécurité privé, ou rejoindre une agence fédérale. Il aurait très bien pu opter pour n'importe quelle agence avec un acronyme en trois lettres ou plus, mais il avait opté pour le FBI. Principalement pour des raisons plus que personnelles. La "visite" de son criminel de père chez lui avait totalement bousillé sa vie. Non seulement son père avait réussi à disparaitre au nez et à la barbe du FBI, non sans laisser quelques cadavres derrière-lui, mais en plus Jenny et lui avaient finit par divorcer, son ex-femme ne supportant plus la vie bien trop risquée que menait Nathan, et la possibilité que son père puisse revenir une fois de plus dans leur vie. Pour lui, entrer au FBI n'était que le début d'une longue quête pour fermer une page de sa vie qui refusait de se fermer depuis ses huit ans.
Le bruit d'une détonation le fit brutalement redescendre sur terre, et il s'élança à l'assaut du parcours d'obstacle avec un léger retard sur sa concurrente. Une stupide compétition entre deux promos, qui allait se solder par quelques têtes coupées au sein de la promo perdante. Autant dire que Nate n'avait pas franchement envie de perdre, surtout si sa tête risquait de se retrouver sur le billot. Ils arrivèrent au premier obstacle presque en même temps, une simple palissade de deux mètres de haut. L'ancien Ranger l'escalada sans la moindre difficultés et passa de l'autre côté tout aussi rapidement. Il passa le second obstacle tout aussi rapidement, mais sa rivale était collée à ses basques. Nate entendait ses camarades l'encourager de vive voix, et il accéléra la cadence, dans l'espoir de la distancer un peu. Le jeune homme arriva au principal intérêt de ce tour de la compétition. Ils devaient traverser une "maison" en abattant tous ceux qui étaient déguisés en criminels, sans pour autant tirer sur les civils, sous peine de rester comme un gland sans bouger pendant cinq précieuses secondes, et dix si jamais on se faisait toucher par un des criminels. Dégainant son arme, Nate défonça la porte sans ménagement, et tira sur le premier criminel, lui laissant deux belles marques de peinture rouge au niveau de la poitrine. Il progressa de pièce en pièce à un rythme soutenu, mais il fit l'erreur de tirer sur un criminel trop tôt, et la bille de peinture lui passa à côté avant de toucher la pseudo-maman juste derrière « Et merde! » Nate profita malgré-tout des cinq secondes de pénalité pour recharger son pistolet, et quand on lui fit signe qu'il pouvait repartir, Nate s'élança dans la pièce suivante, déterminé à ne pas se laisser battre à cause d'une erreur stupide.
Retrouvant l'extérieur après avoir abattu sans ménagement un pauvre criminel de six balles en pleine poitrine, Nate eut la satisfaction de voir qu'il était le premier, mais une porte s'ouvrit à quelques mètres sur sa droite, laissant échapper sa rivale légèrement essoufflée, avec une belle trace de peinture jaune au niveau du bras. Se jetant à peine un regard, ils s'élancèrent vers la fin du parcours en piquant un sprint, et Nate vit la jeune femme le devancer centimètres après centimètres. Dans une dernière tentative d'arracher la victoire pour sa promo, il se jeta en avant à moins d'un mètre de la ligne d'arrivée, et vit le visage de sa rivale se décomposer quand il franchit la ligne le premier. Allongé sur l'herbe, l'apprenti-agent entendit ses camarades hurler de joie, et un sourire s'afficha sur son visage « Pas mal le soldat. » Laissa échapper Elizabeth en reprenant son souffle « Entre nous, t'étais pas mal non plus. » La jeune femme tendit une main à Nate, qui s'en servit pour se relever « Elizabeth c'est ça? » « Eli. » « Va pour Liz. Tu sais, j'espère sincèrement que tes copains de promo vont pas te virer, t'as l'air douée. Et sympa. » Lança le jeune homme en s'éloignant pour rejoindre ses camarades « Pareil pour toi le soldat. »


2013, Domicile de Nathan Ellsworth, Washington DC, District de Columbia

Nate fourra une paire de jeans dans le sac de voyage posé sur le lit, avant de se diriger vers la penderie, ou il commença à fouiller dans ses chemises « Nate... » « On en a déjà parlé. » Lança le jeune homme d'un ton qui voulait couper court à toute discussion. Mais depuis le temps, il savait très bien qu'il en fallait plus que ça pour la faire taire « Tu pourrais penser à moi. Penser à nous. » Le texan s'arrêta un instant, pour regarder Liz dans les yeux. Suite à leur rencontre pour le moins mouvementée, leurs promos respectives avaient finies par n'en former plus qu'une seule, et par le plus grand des hasards, Nate et Liz s'étaient retrouvés voisins de chambrée, à partager une salle de bains pour quatre. Ils avaient finit par sympathiser, et par se rapprocher peu à peu jusqu'à devenir intimes. Ils étaient ensemble depuis deux ans et demi, avaient finit par emménager sous le même toit et tout se passait pour le mieux « Et tu crois que je fais quoi là? » « Une énorme connerie. Nathan, fous pas ta vie en l'air une fois de plus à cause de lui. » « C'est justement ce que j'essaye d'empêcher. » Rétorqua le jeune homme en posant plusieurs chemises à côté du sac. Le FBI avait récemment obtenu des informations de la part de la CIA sur l'endroit ou se trouvait son père, et Nate n'avait pas hésité un seul instant avant de se porter volontaire pour partir à Berlin, le dernier endroit ou il avait été vu, et ou il se trouvait encore d'après les informations qu'ils avaient « Nate, ils ont des tas d'agents aussi expérimentés que toi à Berlin, t'es pas obligé d'y aller. » « Ils le connaissent pas aussi bien que moi. Je sais comment il fonctionne. Ça fait des années que je me renseigne sur lui, sur tout ce qu'il a fait. » Nate fit une pause, le temps de ranger dans son sac les chemises qu'il venait de plier « Il faut que j'y aille. Je... j'en ais besoin. Tu peux comprendre ça? » « Non. Désolée mais non, j'arrive pas à comprendre comment tu peux foutre en l'air tout ce qu'on a construit comme ça à cause de lui. » Visiblement, Liz perdait le peu de patience qu'elle avait à sa disposition, mais lui s'en foutait. Sa décision était déjà prise, et il partirait pour Berlin qu'elle l'accepte ou pas.
Fermant son sac d'un geste sec, Nathan se dirigea vers la porte d'entrée de l'appartement, mais comme à son habitude, Liz fut plus rapide que lui et posa sa main dessus dans un geste clair « Ne fais pas ça... » Elle avait les larmes aux yeux, mais elle faisait tout pour les retenir. Sans pour autant enlever sa main de la porte, elle fouilla dans la poche de son sweat, avant d'en sortir une petite boite, et le jeune homme savait très bien ce qu'elle contenait « Je l'ai trouvée ce matin. Tu veux vraiment faire comme si ça n'existe pas? » « Je serais pas long, ça... ça prendra quelques semaines au pire. » « J'attendrais pas quelques semaines. » Répliqua Liz avant de s'écarter de la porte « Soit c'est lui, soit c'est moi. » Pendant ce qui sembla être une éternité, personne ne bougea dans la pièce. Liz tenait toujours l'écrin dans sa main, comme la promesse d'un avenir qui s'offrait à lui. Mais il devait avant ça en finir avec son passé si il voulait avancer dans la vie l'esprit serein. Sans un mot, il se dirigea vers la porte, attrapa sa veste accrochée au porte-manteau, avant de l'ouvrir. Il se tourna vers Liz, qui avait toutes les peines du monde à retenir ses larmes « Je te supplie... reste avec moi. » « Je peux pas. » Il franchit la porte, et alors qu'il la refermait, il entendit sa petite-amie... son ex-petite-amie éclater en sanglots.


2015, Bureaux du FBI, Washington DC, District de Columbia

Remontant le couloir à grandes enjambées, Nathan déboula dans la salle de repos comme une furie, avant de fermer la porte d'un geste sec et en prenant grand soin de la claquer « À quoi tu joue? » « Comment ça, à quoi je joue? » Demanda Liz en se retournant, un mug dans une main et un muffin dans l'autre « Tu sais très bien de quoi je parle. De cette affectation dans ce trou paumé. » Totalement indifférente à la colère de son ex-petit-ami, Liz se dirigea vers la table et y posa ce qu'elle avait dans les mains « Hey oh, ce trou paumé c'est l'endroit ou je suis née. Le directeur a décidé d'envoyer quelques effectifs supplémentaires là-bas, et comme je suis du coin mon nom s'est présenté de lui-même. J'ai demandé au directeur de t'envoyer avec moi et il a accepté. Fin de l'histoire. » « Pourquoi moi? » Demanda Nathan en se retenant pour crier « Tu sais très bien pourquoi. » Se contenta de répondre son ex avant de mordre dans son muffin « Et tu pouvais pas choisir n'importe quel autre agent? C'est une blague, on est à deux doigts... » « À deux doigts de quoi? De coincer ton paternel? Mais Nate, tu crois vraiment qu'ils vont encore te laisser approcher à moins de dix mètres de lui après le fiasco de Chicago? » L'agent spécial serra les poings et garda le silence. Ils avaient fait choux blanc à Berlin, et n'avaient retrouvé la piste de Richard Allen que huit mois plus tard à Chicago. Mais dans son désir d'arrêter son père coute que coute, Nathan avait fait foirer toute l'opération qu'ils avaient mit en place, et le trafiquant s'était enfuit avec plus de trois millions de dollars d'armes volées alors que Nate manquait de tuer leur seule prise en le tabassant. Autant dire que le trentenaire s'était fait souffler dans les bronches par sa hiérarchie. Six semaines de suspension et l'obligation d'aller voir un psy à cause de son... obsession « En plus de ça, d'après mes sources à la CIA, ton père est en Afrique. Ils s'en chargent, alors tourne la page. »
Poussant un soupir, Nate finit par se diriger vers le frigo, avant d'en sortir une bouteille de soda. Sortant un couteau de sa poche, il fit sauter la capsule, avant de s'asseoir de l'autre côté de la table. Liz posa sa main sur celle de Nathan, mais ce dernier la retira vivement « Nathan, arrête de me repousser. » « Je sais très bien à quoi tu joue Liz. Faut vraiment que je te rappelle comment ça c'est terminé la dernière fois? » Comme on pouvait s'y attendre, le départ de Nathan pour Berlin avait marqué la fin de leur relation, et un froid polaire s'était installé entre eux. Il savait qu'elle avait essayé de passer à autre-chose, mais l'un comme l'autre ne pouvaient se résoudre à tourner la page. Sauf que lui passait son temps à faire un pas en arrière à chaque fois qu'elle faisait un pas en avant « Ne joue pas à ce petit jeu là avec moi. Tu as beau t'être barré comme un voleur et passé ces dernières années à me fuir comme la peste tout en te comportant comme une enflure, je sais que tu m'aime encore et que tu es persuadé de me protéger en faisant ça. Tu as raison en disant que j'aurais pu demander à n'importe qui de venir. Mais j'ai pas besoin de n'importe. J'ai besoin de quelqu'un qui protègera mes arrières, et en qui j'ai une confiance absolue. Je sais que tu feras l'impossible pour me protéger. Tu l'as déjà fait. » Elle avait raison. Si il s'était éloigné d'elle et l'avait maintenue aussi loin que possible, c'était pour essayer de la protéger. C'était un fait indéniable, il était prêt à tout pour elle. Autre fait indéniable, si ils voulaient remplir à la mission qui les attendait sans finir par s'étriper au bout d'une semaine, Nate allait devoir réapprendre à travailler avec elle, à vivre avec elle, et à arrêter de se comporter avec Liz comme si c'était une inconnue « T'y es retournée? » « À Radcliff? Pas depuis que le maire du coin a placé la ville sous quarantaine. C'est fini je crois, mais la moitié des habitants là-bas sont des radicaux anti-mutants. » « On parle de quoi là? Psychopathes sectaires ou tarés du KKK qui votent pour Trump? » « Trump. » « Sympathique. Et on y va comment au pays du poulet frit? » Demanda Nathan avant de sourire devant le regard désespéré que lui lança sa future partenaire.