STORIES ARE WHERE MEMORIES GO WHEN THEY'RE FORGOTTEN

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Une danse de parapluies se déroule dans la rue. Les passants se pressent sur les trottoirs alors que la nuit tombe sur la ville. L’eau dégouline sur le visage de la femme oiseau, perchée sur le rebord du toit d’un immeuble. Raeden se perd dans la contemplation de la vie qui se déroule plusieurs mètres plus bas, observant les hommes et les femmes inconscients du regard brun d’une transmuttante rivé sur eux. Raeden pourrait passer des heures ainsi, mais elle finit par jeter un regard distrait sur sa montre. Elle sera bientôt de service, il est temps pour elle de rentrer se sécher. La jeune femme se lève souplement et avec grâce, sans un bruit, vestige de ses années de danse classique. Les deux appendices repliées dans son dos se déploient dans un claquement sec et Raeden se laisse tomber de l’immeuble pour disparaitre dans la pénombre naissante.

Quelques années plus tôt

« Ces êtres que l’on nomme transmutants sont des abominations de la nature. Si Dieu a créé l’homme à son image, ces transmutants sont sans aucun doute l’œuvre d’une puissance maléfique… »
Raeden soupira en entendant le discours de son père, un homme politique qui exploitait le filon de la haine des dégénérés pour gravir les échelons. La jeune femme avait toujours pensé différemment de son père, tout d’abord par esprit de contradiction à l’adolescence. Depuis qu’elle était enfant, elle se sentait différente de sa famille. Elle n’avait pas l’âme d’une compétitrice, ni la volonté d’écraser les autres pour réussir contrairement à ses deux sœurs. A croire qu’elle avait été échangée à la maternité plaisantait l’ainée de la famille. Du côté de sa mère, elle n’était pas plus proche. Sa mère était une femme froide qui se complaisait dans la richesse et l’admiration des autres. La maladie l’avait emporté alors que Raeden n’avait que quinze ans. La jeune fille ressentit énormément de tristesse d’avoir perdu une mère qui finalement n’en avait jamais été une et ne le serait jamais. Le jour de l’enterrement, elle pleurait la mère qu’elle n’aurait jamais. Son père était extrêmement strict avec ses filles et il était clair qu’une différence de traitement existait entre Raeden et ses sœurs. Ses sœurs étaient parfaites, là où Raeden n’était qu’une élève moyenne et se rebellait. Plus d’une fois, elle fut enfermée dans sa chambre pour avoir fait le mur et Raeden s’amusait régulièrement à provoquer son père en se vantant devant leurs invités d’avoir fumer des joins.

L’affront ultime eu lieu lorsque Raeden découvrit sa vraie nature, devant son père estomaqué. La jeune fille trouvait ses ailes sorties de son dos magnifique et cela la conforta dans l’idée qu’elle était différente de sa famille. A seize ans, une nouvelle voie s’ouvrait devant elle. Les idées politiques de son père se trouvaient désormais menacées par sa propre fille même s’il émettait de sérieux doute sur la fidélité de sa défunte femme car jamais il n’aurait pu engendrer un tel monstre. L’accueil de la mutation de Raeden par ses sœurs fut mitigé. Elles ne souhaitaient pas tourner le dos à leur petite sœur mais elles se firent plus distantes. Le jour de ses dix-huit ans, son père lui demanda de quitter la maison et de garder le silence sur sa filiation en échange d’un gros chèque. Raeden accepta sans réfléchir, heureuse de pouvoir choisir la voie qu’elle voulait emprunter. Elle pose donc sa valise à Radcliff et y vit toujours aujourd’hui. Elle est contre les mesures prises par les politiciens en général et s’indigne de la dernière mesure en date qui d’indiquer leur statut sur leur papier d’identité. Il s’agit une nouvelle fois de différencier les humains des mutants et elle le sait, des différences de traitement seront faites quotidiennement lorsqu’ils devront présenter leur papier d’identité. Raeden cache sa mutation même si elle en ait fière. Comme elle l’a souvent entendu, vivons heureux, vivons cachés.