Comme il l’avait pensé, Kaisa n’avait emmené avec elle que le strict nécessaire – mais ce nécessaire en question était sans doute tout ce qu’elle possédait. Lui et elle avaient vécu dans des environnements particulièrement spartiates, alors Grayman était assez sûr de lui en imaginant qu’elle avait là tout ce qu’elle avait jamais possédé dans son petit appartement. Cela dit, avec une colocataire comme Aspen, elle ne garderait pas seulement deux cartons de vêtements très longtemps. Après tout, la petite rousse avait l’air particulièrement enjouée et très décidée à s’occuper de la nouvelle arrivante de la maison, aussi se demandait-il combien de temps s’écoulerait avant qu’elle ne commence à lui faire faire un peu de shopping. L’idée ne lui déplaisait pas ; bien au contraire : ç’aurait été là la preuve qu’elles s’entendaient bien et que tout allait mieux dans le meilleur des mondes ou presque. C’était l’occasion d’un nouveau départ pour eux trois et il comptait bien s’assurer que tout se passerait au mieux et qu’aucun d’eux ne serait déçu.
La colocation semblait bien démarrer, cela dit : la jeune Wolstenholme avait pris la parole et, comme souvent, avait parlé d’une traite sans prendre le temps de souffler. Le géant attendait, patient, la valise de Kaisa à côté de lui, l’un de ses cartons dans les mains. Lorsqu’il vit Aspen se saisir de l’autre et se tourner vers lui, il plia légèrement les genoux pour lui faciliter la tâche. Cependant, il ne put s’empêcher d’arquer un sourcil et de sourire à la demoiselle en entendant son ordre déguisé.

- Très bien, madame.

Il s’éloigna vers la chambre qui serait celle de Kaisa et y déposa les cartons dans un coin de la chambre, puis retourna dans l’entrée, vérifia que la porte était bien verrouillée et attrapa la valise de la brunette avant de la ramener dans l’autre pièce. L’endroit sentait bon et avait été aménagé par Aspen avec un soin presque maniaque. Le moins que l’on puisse dire, c’était que la jeune femme prenait soin des gens avec lesquels elle vivait.
Sentant quelque chose pousser contre son mollet, le grand homme baissa les yeux pour voir Quinn se frotter contre son pantalon. L’animal leva les yeux vers lui et miaula, et le vacciné laissa échapper un léger rire de gorge avant de s’accroupir pour le caresser.

- Je suis sûr que ta gamelle est encore pleine.

Cette remarque ne sembla pas rebuter le chat qui se mit à ronronner avec entrain. Grayman continua un moment avant de finalement le prendre dans ses bras et de se redresser. Quinn sembla surpris de se retrouver si haut soudainement, mais il resta sagement dans les bras du basané qui le grattouilla doucement avant de repartir dans la maison à la recherche de ses colocataires. Une fois Kaisa et Aspen retrouvée, il approcha tranquillement, le chat toujours dans les bras.

- Tu lui as fait visiter toute la maison ?

Il se tourna ensuite vers la petite brune et lui sourit.

- J’espère que l’endroit te plaira. C’est un peu grand, et plutôt animé, mais on s’y fait vite.

Lui qui n’était pas habitué à autant de vie dans un même endroit avait été un peu pris au dépourvu au départ, cachant son trouble à Aspen, mais petit à petit, il s’était accommodé de l’énergie de la jeune femme, au point où il avait l’impression qu’à deux, ils avaient trouvé un certain équilibre. Et l’arrivée de Kaisa ne ferait que le renforcer davantage encore.