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| En fait, c'est un peu toi mon "quatre murs et un toit" (Benjamin & Maïna ) | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: En fait, c'est un peu toi mon "quatre murs et un toit" (Benjamin & Maïna ) Dim 5 Mar 2017 - 18:12 | |
| Lundi 7 mars 2016, aux alentours de 20h30
Bienvenue à Radcliff, trou du cul du Kentucky ! J'ai jamais aimé cet état. Ce que je vois depuis ce matin ne fait que confirmer mon aversion pour les petite villes de campagne. De leurs enseignes publicitaire en passant par leurs baraques, jusqu"à la façade de leurs boutiques, tout me semble kitch à l'excès. Franchement, quelle personne saine d'esprit et de corps voudrait s'enterrer ici ? Des villes comme Radcliff, j'en ai vu passer un tas dans ma vie. Elles se ressemblent toutes, avec les mêmes conflits, les mêmes espoirs déçus, et les mêmes abrutis qui se prennent pour des superstars sous prétexte qu'ils sont populaire dans leur trou à rats. Ces endroits étaient sans doute les pires de tous pour des gens comme moi. Je ne collais pas à l'image nauséabonde de la parfaite petite immigrée. Je faisais tâche dans leur si joli paysage. Alors, venir ici, de mon plein gré, c'est un peu inattendu pour moi. Qu'est-ce que Benjamin peut bien vouloir foutre ici ?
La journée a été longue. J'ai écumé les cafés et les endroits fréquentés dans l'espoir de trouver des indices sur la localisation exacte de mon frère. J'ai recherché l'aiguille dans la botte de foin. Je ne m'en suis finalement pas si mal tirée que ça. Ça m'aurait pris toute la journée pour avoir un coup de chance en tombant sur la bonne personne. On m'a refilé un nom. Moi, je me suis démerdée pour dégoter l'adresse qui allait avec. J'ai fermé mon ordi et payé ma conso avant de filer droit à l'adresse indiquée. À aucune moment, je ne me suis arrêtée pour réfléchir à ce que j'allais faire une fois sur place. Sauf que là, j'y suis. Sur place.
Et maintenant, je fais quoi ? Non, parce que c'est bien beau de faire des super plans sur la comète, de passer des semaines à retrouver sa trace, de faire le tour de la ville pour trouver une foutue adresse et de me retrouver là, devant chez Scarlett Faust mais, merde. J'me suis lancer tête baissée dans ce projet débile et ce n'est que maintenant, que je me mets à me poser des questions. Ça sonne un peu comme la fin du voyage. Je rajuste ma veste en cuir, serrant mes bras contre mon ventre. J'regarde la porte d'entrée. Plantée comme un tronc d'arbre devant l'immeuble, à me les geler sous la pluie glaçante, je fais le comptes des années perdues. 19 ans, c'est beaucoup. On a grandi l'un sans l'autre, finalement. Peut-être que... Et puis, qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire ? Comment je vais présenter les choses ? J'me vois mal lui faire le coup du "Salut, c'est moi ! On se fait une bouffe ?" Sérieux, tout ça c'est à chier.
"Mademoiselle ? Vous..."
La question reste en suspend. Je dois avoir l'air sacrément conne. Je fais un geste de la main. Genre, non merci, ça va, j'ai besoin de rien. L'avantage de cette intrusion est qu'elle me sort de ma torpeur. L'inconnu ouvre la porte de l'immeuble et je me faufile derrière lui, trempée. Il me balance une connerie concernant le temps. Je hoche la tête poliment. Je le laisse rentrer chez lui avant de monter les escaliers quatre à quatre. Fini la réflexion. J'ai un objectif, je m'y tiens. Arrivée, devant la porte, je cogne trois coups sonores.
J'ai la respiration coupée. Y'a comme un sentiment étrange qui me tord le ventre. Et puis, je nous revois, nous. Moi, gamine, le pourchassant à côté de la caravane parce qu'il m'avait taxée ma poupée. Lui, roulant des épaules dans la cours de récré pour effrayer ce petit con qui m'avait mal parlé. Tout y passe : les engueulades, les chicaneries, les secrets partagés et les fous-rires. On formait un duo assez épatant quand il s'agissait de tenir tête à nos vieux. La solidarité fraternelle primait sur nos petites rancœurs. L'école buissonnière, la musique, le clair de lune... Ensuite, j'me rappelle que la dernière fois que je l'ai vu, j'ai levé mon majeur pour l'envoyer se faire foutre. Ce n'est pas que j'ai jamais pensé à lui ces dernières années... Plus que j'ai jamais rien fait pour renouer le contact. Après tout, c'est lui qui s'est barré. Lui qui m'a abandonnée. Après ça, ce sont les informations grappillées qui envahissent mon cerveau. Benjamin s'est marié, Benjamin a eu un gosse. J'ai eu un neveu que quelqu'un a buté... Et j'ai rien fait pour l'aider. J'ai un sacré culot de me pointer là.
Quand la porte s'ouvre, je fourre mes poings dans mes poches et je hausse les épaules comme pour me donner l'air de... de quoi ? D'en avoir rien à foutre ? Je sais pas vraiment... C'est difficile de mettre des mots sur ce que je ressens. La meilleure solution pour moi est encore de me donner des allures de caïd.
" Salut..." J'ai le regard qui brille. Je relève le menton, bravache. " J'passais dans le coin et..."
Mon mensonge se perd sur mes lèvres tremblantes. Je les serre l'une contre l'autre pour ne rien dévoiler. Benjamin, tu sais. T'étais mon meilleur ami, mon frère, mon pilier. Je t'admirais tellement que je m'étais mise en tête de devoir te ressembler. T'étais un peu comme mon super-héros. Et, j'ai bien besoin d'un héros en ce moment.
"Tu me fais entrer ?"
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| | | Benjamin Moreno ADMIN - master of evolution MESSAGES : 671
SUR TH DEPUIS : 29/10/2015
| Sujet: Re: En fait, c'est un peu toi mon "quatre murs et un toit" (Benjamin & Maïna ) Sam 11 Mar 2017 - 14:06 | |
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far away from the memories. maïna moreno & benjamin moreno Depuis qu’il avait signé les papiers de divorce pour les balancer à Nissa, Benjamin n’avait pas franchement eu de nouvelles de la jeune femme. Peut-être qu’ils étaient officiellement divorcés alors. Tant mieux pour elle, après tout, ça ferait tâche si elle était mariée avec un transmutant et d’ici quelques mois, ce serait officiel, il serait un transmutant jusque sur ses papiers d’identité. C’était ce que voulait le dépistage. Ça avait déjà commencé, au lycée, y avait des gamins qui loupaient des cours pour aller répondre à leur convocation de recensement. Benjamin, il ne savait pas trop quoi en penser. Y avait ses instincts de hunter, qui lui disait que c’était une bonne chose, peut-être que ça pourrait protéger certaines personnes, peut-être que si ça avait été su, que la personne qui avait tué son fils était un transmutant, il n’aurait pas été là, dans cette rue, ce soir-là et alors, Aaron serait encore en vie. Mais en même temps, maintenant qu’il était e l’autre côté de la balance, il savait aussi très bien qu’y avait des transmutant qui étaient complètement innocents et y aurait des hunters, qui en profiterait de cette histoire. Ils disaient que ce serait privé, que personne de non autorisé ne pourrait avoir accès aux dossiers, mais si c’était inscrit sur les cartes d’identité, c’était pas difficile de savoir qui était transmutant ou non. Ils étaient bien capable, les hunters de voler des portefeuilles juste pour jeter un coup d’œil à la carte d’identité des gens. A croire qu’il faudrait la planquer celle-là et ne se servir que de son permis de conduire comme papier d’identité. Mais Benjamin, il travaillait dans un lycée, et il savait qu’y avait un certain nombre de gamin, qui n’avait pas leur permis, alors, ils n’auraient que ça, comme pièce d’identité, un truc prouvant aux personnes les moins bien intentionnées, qu’ils étaient ou non, des transmutants.
Clémentine lui avait dit, en plus, qu’il y avait au moins un gamin, rangé du côté des hunters dans le lycée, vu la ville dans laquelle ils étaient, il était prêt à mettre sa main à couper qu’il devait y en avoir plus d’un. Alors, cette histoire de recensement, ça n’avait rien de rassurant. Maintenant, y avait plus rien à faire de toute façon. Le gouvernement avait pris sa décision et tout le monde devait s’y plier. Radcliff avait bien essayé de résister, mais ça n’avait été qu’une question de temps avant que cette histoire de recensement soit également imposée dans la ville de Radcliff. Au moins, lui, il avait encore quelques temps avant d’y passer et en plus, il n’avait pas besoin de retourner à Phoenix, pour le faire, quand bien même il n’avait fait aucun changement d’adresse, techniquement, sa résidence principale, elle était encore là-bas, cette baraque qu’ils avaient abandonné, Nissa et lui, elle était encore à leur nom, complètement abandonnée, puisqu’ils étaient partis après la mort de leur fils. Il n’aurait certainement pas eu envie de remettre un pied dans cette ville, celle qui lui rappelait trop son histoire avec Nissa, ce moment où, pour elle, parce qu’il l’aimait, il avait laissé sa famille derrière lui. Cette ville dans laquelle son fils était né, là où il était mort aussi. Maintenant Phoenix, ça semblait être le pire endroit du monde, là où y avait d’excellents souvenirs qui avaient fini par être ternis par tout ce qui pouvait lui être arrivé ces dernières années. Maintenant, il n’avait même plus Nissa. Il l’avait perdue, sans doute en même temps que leur fils, mais tant qu’ils avaient été ensemble, tant qu’ils avaient été mariés, il avait encore eue une lueur d’espoir. Maintenant, il n’avait plus rien, juste une bague à son annulaire gauche qui ne représentait rien d’autre qu’un mariage foutu en l’air.
Il n’arrivait pas à s’en défaire, c’était complètement débile sans doute. Il l’aimait encore Nissa, malgré tout ce qu’elle était devenue et ça lui faisait mal au cœur, que les choses se soient terminées comme ça. Il espérait que le mariage de Scarlett serait plus heureux. La rouquine avait de quoi nager dans bonheur, fiancée, enceinte, elle avait tout pour elle, si bien que Benjamin, il se disait qu’il allait vraiment falloir qu’il quitte son appartement, pour laisser un peu plus d’espace eux deux tourtereaux et à la petite qui allait bientôt venir au monde, pour rejoindre Garrett, le fils que Scarlett avait adopté. Il lui manquerait d’ailleurs, le petit, quand il aurait quitté cet appartement. Mais il avait quand même souvent l’impression d’être de trop. Il soupira en entendant quelques coups contre la porte, il se disait que c’était sûrement Caleb qui venait voir Scarlett et Garrett. Mais ils n’étaient pas là, y avait que lui pour l’instant, avachi sur le canapé devant un film qu’il ne suivait même pas, trop occupé à ressasser ses idées noires. Il se leva du canapé pour aller ouvrir et la surprise se dessina sur chacun de ses traits, alors que la personne en face de lui, il l’aurait reconnue entre mille, malgré les trop nombreuses années qui s’étaient écoulés depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Il avait essayé, parfois de recontacter les Moreno, mais ils n’étaient que trop rarement au même endroit alors, de fil en aiguille, il s’était complètement détaché de sa famille, y compris de sa sœur, qui pourtant, avait longtemps été la personne la plus importante de sa vie. « Maïna … » Son prénom, ce fut bien la seule chose qu’il fut capable de prononcer, avant de se pousser de devant la porte pour la laisser entrer, refermant derrière elle. « Tu passais dans le coin ? Est-ce qu’on peut vraiment passer dans ce coin pourri juste par hasard ? » Il laissa échapper un léger rire, il n’aimait pas franchement Radcliff, il y restait plus par défaut qu’autre chose, parce qu’y avait encore Nissa quelque part et qu’il n’avait nulle part ailleurs où aller de toute façon. « Ça fait, un bout de temps. » Vingt ans ? Quelque chose qui s’en approchait en tout cas. Il l’avait laissée tomber, égoïste, pour vivre sa propre vie. Là, il ne résista pas à la prendre dans ses bras. Elle avait été une gamine, la dernière fois qu’il l’avait vue. Elle était une femme maintenant. Elle lui avait manqué et maintenant qu’elle était là avec lui, il en avait plus conscience que jamais.
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| | | | Sujet: Re: En fait, c'est un peu toi mon "quatre murs et un toit" (Benjamin & Maïna ) Lun 13 Mar 2017 - 23:45 | |
| Maïna... J'hoche bêtement la tête. Une putain de vague d'émotion menace de me submerger. Ça fait un bail que personne n'a prononcé mon prénom de cette façon. La dernière fois s'est adressé à moi en me nommant, le ton était très différent. Le calcul est assez rapide. Je crois que c'est ma garce de belle-mère cherchant à distiller son venin, enrageant tant que j'existe sur le testament qu'elle ma pratiquement accusée d'être responsable de la mort de son fils. D'une responsabilité active. À croire que c'est moi qui ait pressé la détente. Le souvenir s'impose à moi. Pourquoi ça me revient en pleine gueule maintenant ? J'ai pourtant bien réussi à fuir toute cette merde jusque là. Se concentrer sur un objectif : ça aide.
J'entre à la suite de Benjamin. Je parcours rapidement la déco du regard, par habitude. Ici, ça ne lui ressemble pas du tout. Mais, est-ce que je peux vraiment dire ce qui lui ressemble ou non ? C'est juste que je ne nous y reconnais pas. C'est si différent du souvenir que j'ai gardé. Il en profite pour pointer du doigt mon mensonge. J'expire un rire sans âme. "Ouai, je sais. C'est bidon. Personne de sain d'esprit viendrait se terrer dans un coin pareil !" Je me sens pas encore le droit de poser la question sous-jacente. À savoir : qu'est ce que, lui, il fout là ? Je finis par me tourner vers lui, en quête de son regard. "J'avoue, je te cherchais." Il y a une impression étrange de familiarité qui se dégage de tout ça. C'est moi qui me suis pointée. Pourtant, j'ai l'impression d'être celle qui attend. Un mot, un geste, n'importe quoi. Une porte ouverte, même juste une fenêtre par laquelle je pourrais me faufiler dans sa vie. Je me rassure en me disant qu'il a l'air au moins aussi paumé et maladroit que je le suis. Un bail ? Ouai, tu peux le dire. Plus de la moitié de ma vie. "19 ans." J'ai dit ça sans réfléchir. Les mots sont tombés de mes lèvres sans que je le veuille vraiment. C'est pas que j'ai compté les années mais... Putain, j'ai compté les années. Mes deux mains ne suffisaient pas à tout rassembler.
Quand je sens ses bras se refermer autour de moi, je ne peux pas m'empêcher de répondre à son étreinte. Mes bras s'accrochent autour de lui. Je respire un grand coup, soulagée. Son odeur n'a pas changé même si lui, il a grandi, poussé. C'est devenu un homme, mon frère. Mes yeux me brûlent tandis que je contiens mes larmes. Y'a trop d'émotions différentes qui me chamboulent la tête. Je nage en plein brouillard. J'ai pas de raison de pleurer. J'me répète ça en boucle dans ma tête, comme un mantra protecteur. J'ai pas de raison de pleurer, j'suis quelque part où je dois être. "Tu te rappelles de ce que disais M'man ?" demandé-je en me décollant de mon cocon. "Genre que quand t'es vraiment dans la merde, que tu peux compter que sur ta propre famille ?" Mes yeux interroge les siens au moins tout autant que ma voix éraillée. C'est facile d'y lire mon malaise, je crois. On a peut-être pas eu une enfance typique mais, on était soudé. Le sang prime sur tout autre lien par chez nous. Ça et la liberté.
Poser cette question me permet de faire le tri dans ma tête. Je sais pourquoi je suis venue ici. Sauf que c'est plus difficile de cracher la pastille quand dans les discours que je me suis imaginée en cours de route. Même si ce putain de film, je me le suis passé en boucle dans ma tête. J'avais un plan, logique et imparable. J'avais prévu de démontrer à Benjamin qu'il me devait bien un coup de main. Ça me semblait clair. Maintenant, les mots ont du mal à sortir. J'ai parlé à personne de tout ça. Personne. De toutes façons, j'ai quasiment rompu le contact avec la majorité de mes connaissance depuis. Je serre les dents en détournant la tête. J'essaie de toute mes forces de contenir cette putain de douleur qui m'inonde. Cette peur qui me broie les entrailles. Je déploie un effort conséquent pour pas sombrer. Alors, je fais ce que je sais faire de mieux, je gagne du temps. "J'peux fumer ou ça pose un problème ?" Ma voix est tremblante. Je déteste ça. Putain. La faiblesse ne fait pas partie de moi, je l'ai toujours rejetée.
Je recule finalement pour regagner un espace qui me semble soudainement devenu vital. J'essaie de rassembler les morceaux de moi qui se sont éparpillés tout en gardant un semblant de dignité. On se raccroche à ce qu'on peut dans la vie. Sauf que cette pute, elle décide de voler en éclat, révélant la fissure qui me ronge :"C'est la merde pour moi, Ben. Vraiment la merde. Faut que tu m'aides. J'sais plus quoi faire." Je marque une pause. Par où commencer ? Comment résumer 19 ans en quelques phrases ? J'ai besoin d'un verre, bordel, quelque chose de suffisamment fort pour me délier la langue. Essayer de parler, c'est un peu comme forcer sur une serrure qu'on aurait volontairement cadenassé. J'ai laissé tout ça macérer dans le noir. J'inspire un grand coup. "J'veux retrouver le fils de pute qui a tué mon mari et j'y arriverai pas toute seule."
[HRP : Surtout, t'hésites surtout pas si quelque chose cloche ] |
| | | Benjamin Moreno ADMIN - master of evolution MESSAGES : 671
SUR TH DEPUIS : 29/10/2015
| Sujet: Re: En fait, c'est un peu toi mon "quatre murs et un toit" (Benjamin & Maïna ) Mer 29 Mar 2017 - 16:02 | |
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far away from the memories. maïna moreno & benjamin moreno Revoir Maïna après tout ce temps, c’était bizarre. Le passé, il aurait juré l’avoir laissé derrière lui Benjamin, ce jour où il avait décidé de suivre sa propre voie, d’essayer d’être quelqu’un, un type avec une vie stable et normale. Il avait réussi à avoir tout ça, il avait réussi à se construire une vie dont il avait été fier et au milieu de tout ça retrouver sa famille, reprendre contact avec eux, ça n’avait pas été dans ses priorités. Ça faisait probablement de lui un connard de première. Il avait abandonné les siens, il ne l’avait jamais vraiment regretté, se complaisant dans la vie qu’il s’était construite. Il ne pouvait pas dire qu’il n’avait jamais repensé à sa sœur et à ses parents, mais il n’avait jamais eu le courage de refaire un pas vers eux. Maintenant, il aurait facilement pu penser que c’était trop tard, qu’il avait tout perdu et que courir après les siens était complètement inutile. Qu’est-ce qu’il aurait de beau à leur dire de toute façon ? Qu’il avait eu un beau mariage, un fils qu’il avait aimé de tout son cœur, une carrière prometteuse et que tout ça maintenant, il l’avait perdu. Il avait signé les papiers du divorce, puisque c’était ce que Nissa semblait vouloir. Aaron, il était mort et y avait rien pour le ramener, même pas la vengeance, même pas le fait de tuer tous les transmutants qu’il pouvait croiser sur sa route. Niveau carrière, il était prof dans un lycée à présent, on faisait mieux comme carrière florissante d’après lui. Il ne jugeait pas ceux qui avaient l’ambition de faire ça, mais ça n’avait jamais été son cas à lui, c’était juste un choix par défaut, pour pouvoir manger et payer un loyer, avoir quelque chose à faire de ses journées plutôt que de broyer du noir dans son coin comme un imbécile.
Revoir Maïna, repenser à sa famille, dans le fond, y avait rien de mieux pour lui rappeler les échecs de sa vie. Il avait vraiment tout raté, il n’était même pas fichu de se tirer une balle dans la tête pour en finir et c’était pas faute d’avoir essayé, mais y avait ce pouvoir qui l’en empêchait. Il était évidemment moins surpris qu’elle soit là parce qu’elle le cherchait que parce qu’elle passait dans le coin par hasard. Cela dit, il restait surpris qu’elle ait eu besoin de le chercher, après tout, il l’avait laissée tomber, il était parti sans se retourner, il avait fait sa vie en l’oubliant. Dix-neuf ans. C’était ce qu’elle avait répondu, une précision qui le força à recompter, à se souvenir de cette fois où il avait décidé de rester à Phoenix, il avait eu seize ans à l’époque, il en avait trente-cinq maintenant, le temps passait vite, mine de rien, les années s’enchainaient sans cesse, sans la moindre pause. Il en laissa échapper un léger soupire. « Désolé. » C’était tout ce qu’il avait à dire pour sa défense. Il était désolé, d’avoir laissé passer tout ce temps sans retourner vers elle, désolée, que ça ait été à elle de faire le premier pas vers lui alors que c’était lui qui était parti. Désolé pour tout un tas de choses qu’il ne pouvait pas changer. S’il avait été capable de changer le passé, il aurait changé tout un tas de choses et il n’en serait pas là aujourd’hui. Mais le passé, c’était le passé, il était là, immuable et cruel. Alors tout ce qu’il pouvait faire maintenant, c’était être désolé et c’était pathétique dans le fond. Il était un pauvre type pathétique, il en avait bien conscience de toute façon, ça c’était loin d’être une surprise pour lui.
Il était con et il le savait. Mais au moins serrer sa sœur dans ses bras, même après autant de temps, c’était le truc qui le rendait le plus heureux depuis un moment. Pour lui arracher un peu de bonheur, fallait le faire, alors même qu’il avait l’impression qu’y avait plus rien qui en valait la peine dans sa vie. « Ouais, je m’souviens. » Qu’il répondit aux propose de la brune, lui pourtant, il n’était pas allé chercher la famille quand tout s’était barrer en couilles dans sa vie. Il était allé tuer des transmutants en compagnie de sa femme. Maintenant, il ne peut pas s’empêcher de se demander ce qui a pu lui arriver Maïna, pour que ce soit vraiment la merde dans sa vie, parce que c’était bien ce qu’elle avait sous-entendu dans sa question, que c’était vraiment la merde. Il prit le temps de la regarder, comme s’il s’attendait à pouvoir trouver les réponses à ses questions rien qu’en la fixant. Il avait cru que ça marchait comme ça entre eux, à une époque, mais il était celui qui avait brisé ce lien. « Ouais tu peux. » Il haussa les épaules. Scarlett n’était pas là de toute façon, et comme il ne fumait pas, elle n’avait jamais eu à établir de règle sur la cigarette, au pire, il ouvrirait les fenêtres pour chasser l’odeur. Il l’avait laissée s’éloigner sans arrêter de la regarder, attendant qu’elle explique ce qu’elle faisait là. La réponse, elle tomba comme un coup de massue contre sa tête. Son mari avait été tué, elle voulait retrouver celui qui avait fait ça. Il aurait préféré ne jamais retrouver ce genre de points commun entre sa sœur et lui. « Je suis désolé pour ton mari. » Décidemment, il était désolé pour beaucoup de chose. » Qu’est-ce que tu comptes faire quand tu l’auras retrouvé ? » Il ne pouvait s’empêcher de demander alors qu’il était déjà presque sûr d’en connaitre la réponse. « J’suis toujours à la recherche de celui qui a tué mon fils. » Peut-être que c’était sa façon de dire qu’il la comprenait, si elle le voulait mort ce type, si elle se sentait la volonté de lui arracher la vie de ses propres mains, il la comprenait et il ne jugerait pas. Il était la dernière personne au monde à avoir le droit de juger de toute façon. Il avait du sang sur les mains et malheureusement, c’était celui d’innocents, pas celui de celui qui avait tué son fils.
- Spoiler:
t'inquiète, tout est parfait
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| | | | Sujet: Re: En fait, c'est un peu toi mon "quatre murs et un toit" (Benjamin & Maïna ) Mer 5 Avr 2017 - 21:38 | |
| Désolé. Le boule grossit dans ma gorge, m'empêchant d'émettre le moindre son. C'est sûr que si j'ouvre ma grande gueule, la tout de suite, ça va se briser. J'vais pas pleurer. Non, je me l'interdis. Même si ça me brûle déjà les yeux et que je me force à les garder ouvert pour ne pas que les larmes s'échappent. Moi aussi, je le suis. Tellement que parfois, ça m'empêche de dormir. Je peux me mentir à moi-même, me rassurer, même, en prétendant que je n'ai pas appuyé sur la gâchette. Sauf que la vérité, c'est que sans mon putain d'article, ça ne serait pas arrivé. Christopher serait toujours en vie. C'est quand même dégueulasse que ce soit lui qui soit mort pour mon entêtement. Tout ça parce que je n'ai pas voulu lâcher le morceau. Chercher à me venger m'aide à éloigner le monstre de culpabilité qui me ronge le ventre. Est-ce que quand ce sera fini, il me dévorera entièrement ? Pour donner le change, je cherche frénétiquement mon paquet de cigarette dans mes poche et en cale une entre mes lèvres. Mes mains tremblent un peu. J'actionne mon briquet plusieurs fois sans succès. "Fais chier." L'injure est partie toute seule. Je préfère camoufler mon trouble derrière une pseudo colère. D'un geste rageur, je fais rouler la pierre. La flamme se déploie. Enfin. Je me laisse le temps de tirer longuement sur ma clope et d'exhaler la fumée. Ça justifiera peut-être mes yeux mouillés.
Qu'est-ce que je compte faire ? Mes yeux trouvent les siens. La rage pulse férocement dans mes veines. Elle est si forte qu'elle m'en donne la nausée. Mon estomac se révulse, il proteste. "J'veux lui mettre une balle dans la tête." J'annonce ça du but en blanc, sans aucune fioriture. La haine donne une teinte particulière à mes mots. J'ai jamais tenu une arme de ma vie. Je me suis toujours défendue avec mes poings et mes pieds. Mais, là, c'est différent. Cet ordure de merde a buté Chris sans sourciller. Hors de question de laisser l'état faire le sale boulot à ma place. D'autant plus que les hunters ne sont pas si mal vus. Il suffirait de tomber sur un juge corrompu pour que l'autre s'en tire. Non. Ce n'est pas envisageable. Et puis, de toutes façons, si cette raclure constate que je suis encore en vie... C'est lui ou moi. Et, il est hors de question que je meure sans qu'il y passe d'abord. L'expression de mon visage traduit la fermeté de mon engagement. Benjamin le sait, je suis butée. Je ne lâcherai rien. Il vaut mieux qu'il n'envisage même pas de tenter de me dissuader. Je suis prête à sortir les griffes s'il le faut ! Alors, j'attends. J'attends qu'il essaie de contrer mon projet. Ça ne vient pas tout de suite.
Quand il évoque son fils, je hoche péniblement la tête. C'est comme une coup de poing dans l'estomac. Ce gosse, je l'ai pas connu, c'est vrai, mais, il était de notre famille, de notre sang. Ces choses là compte pour moi. "J'aurai bien aimé le connaître." Dire ça, ça me semble plus juste qu'un "désolée" sur le coup. Je suis sûr que je l'aurai aimé même à l'époque où il portait des couches et se contentait sans doute d'hurler et de chier dedans. Il me faut deux secondes pour envisager que ça puisse être mal interprété. J'essaie de reformuler maladroitement. "J'veux dire, je suis sûr que c'était un super gamin" C'est ma façon maladroite de lui dire que je partage sa peine. Si je pouvais prendre un peu du poids qui pèse sur lui, j'le ferai sans hésiter. Je laisse quelques secondes passer avant de reprendre. "Je suppose que tu ne comptes pas te contenter de mettre dans la poing de la gueule du responsable ?" Mon ironie elle-même est moins cynique que d'ordinaire. Le sujet est sans doute trop grave. Je déglutis difficilement, comme s'il n'y avait plus assez de salive dans ma bouche. Je sais d'avance que si lui aussi veut lui coller une balle en pleine gueule, j'accepterai. Je serais même du genre à l'aider à cacher le cadavre et détruire les preuves. "On pourrait s'entraider..." Y'a beaucoup trop d'émotions dans ma voix, dans mon regard. Je n'avais pas du tout prévu de quémander. J'imaginais que j'allais exiger et qu'il cèderait. J'pensais qu'il faudrait que je me batte. Je secoue la tête.
Si le monde médical est d'accord pour dire que la cigarette tue, les miennes m'offrent bien des portes de sorties. Avisant la cendre qui menace de tomber, je file vers la fenêtre et l'ouvre. Quelques secondes de répits. Il pleut toujours autant dehors. Le temps est raccord avec mon humeur. Je reporte mon attention sur l'appartement. Je balaie du regard la déco, les photos. "Scarlett, c'est genre ta meuf ? T'es plus avec Nissa ? " Ça peut avoir l'air de sortir de nul part mais j'ai besoin de savoir si quelque chose retient Benjamin ici. Nissa, elle, je ne l'ai jamais aimé. J'ai toujours eu la certitude que c'est à cause d'elle qu'il m'a laissé. J'ai jamais encaissé ça. Parce que moi, jamais je serais partie pour un mec, jamais. |
| | | Benjamin Moreno ADMIN - master of evolution MESSAGES : 671
SUR TH DEPUIS : 29/10/2015
| Sujet: Re: En fait, c'est un peu toi mon "quatre murs et un toit" (Benjamin & Maïna ) Jeu 13 Avr 2017 - 22:01 | |
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far away from the memories. maïna moreno & benjamin moreno Il en avait commis des erreurs Benjamin, beaucoup plus que ce qu’il voulait bien admettre. Quitter sa famille, construire sa vie loin des siens, se faire une vie de sédentaire, ça n’en était pas une. Il n’avait jamais regretté la vie qu’il avait menée, les belles années de son mariage, son fils, sa carrière qui aurait pu le mener encore bien loin. Mais, il regrettait de ne pas avoir laissé une place à Maïna et à leurs parents là-dedans. Il avait fait sa vie presque en oubliant ses racines, ça faisait de lui un pauvre type sans doute, une preuve de plus, pour marquer une chose qui ressemblait à une évidence à ses yeux à présent. Il était un pauvre type, c’était un fait. Il était un hunter, un transmutant, un gars qui avait eu le cul entre deux chaises pendant trop longtemps si bien qu’il ne savait plus où il en était. Il défendait ceux qu’il avait tué à une époque et ses grands plans de rejoindre Uprising pour mieux les trahir, balancer tout ce qu’il savait sur eux à tous les hunters du coin, il les avait abandonnés depuis longtemps. Peut-être que ça voulait dire qu’il avait choisi un camp, autrement qu’en se disant juste, qu’il devait être là où était Nissa. Ça ne faisait pas de lui quelqu’un de bien pour autant, qu’il ait sauvé Scarlett des hunters, d’autres transmutants et qu’il essaie d’aider les gamins du lycée avec Clémentine, ça ne défaisait pas toutes les conneries qu’il avait pu faire par le passé. Pour tout ça, les meurtres ou le fait d’avoir abandonné sa famille, la seule chose qu’il pouvait faire à présent, c’était être désolé tout comme il l’était pour la mort du mari de sa sœur, son beau-frère, quelqu’un qu’il n’avait jamais connu. Comme si être désolé, pouvait changer quoi que ce soit à l’histoire.
Il observa sa sœur du coin de l’œil alors qu’elle se battait avec son briquet, il ne savait pas quoi faire, pas que l’aider à allumer un briquet soit le problème, ce qu’il aurait voulu, là maintenant, ça aurai été de trouver les mots justes, les gestes adéquats pour la consoler, la rassurer. Elle avait perdu son mari, y avait rien qui pouvait simplifier les choses dans ce genre de circonstances, il le savait bien, lui qui avait perdu son fils et qui était à présent en pleine procédure de divorce. Il se disait qu’à une époque, dix-neuf ans plus tôt, il aurait trouvé quelque chose à dire à Maïna, quelque chose qui aurait pu aider, au moins un peu, mais là, il n’avait rien. Ce fut le silence aussi, qui suivit sa réplique, qu’elle collerait une balle dans la tête de celui qui avait fait ça. Il avait su que ce serait la réponse de sa sœur et il n’allait pas la juger pour ça, ou essayer de la convaincre de choisir une autre voie, parce que la vengeance, c’était loin de résoudre tous les problèmes. Non, évidemment, ce serait hypocrite de sa part. Alors, le regard qu’il lança en direction de la jeune femme, il disait qu’il la comprenait, qu’il ne la jugeait pas et le silence, il était la preuve qu’il n’avait pas l’intention d’essayer de la raisonner ou quelque chose dans le genre. Il évoqua son fils alors, comme une preuve supplémentaire de ce qu’il ne disait pas. Il la comprenait ouais, parce que lui, il avait perdu son fils, lui, il cherchait encore le responsable, quand bien même Nissa semblait penser qu’elle était la seule à vouloir venger leur enfant. Il cherchait et lui aussi, quand il l’aurait trouvé, il lui collerait une balle en pleine tête, ou pire encore, qu’il puisse ressentir, au moins un peu de la douleur que lui, il portait au quotidien, depuis qu’on lui avait pris son fils.
« Ouais, il était vraiment super » Il laissa échapper un soupire, alors qu’il haussait les épaules. Il avait été parfait Aaron, c’était ce qui résumait le mieux ce gamin, plus que super. Il aurait pu trouver des milliers de qualificatifs, mais les citer n’auraient fait que ramener des souvenirs douloureux à sa mémoire. « Il aurait adoré connaître sa tante. » Et le reste de la famille, si seulement son père n’avait pas été un imbécile fini qui avait complètement coupé les ponts avec sa famille. « Non, je veux qu’il paie pour ce qu’il a fait. » Et par payer, il ne parlait pas de l’envoyer en prison pour le restant de ses jours, c’était un transmutant dangereux après tout, sans doute qu’aucune cellule le pourrait le retenir. Non, la prison, ça ne suffirait pas, le coup de poing en pleine gueule non plus, il voulait le tuer. « Ouais, j’veux bien t’aider. » Et il ne refusait pas son aide en retour, mais peut-être qu’il était déjà plus avancé qu’elle, au moins, il savait aux dernières nouvelles que c’était dans cette ville, à Radcliff qu’il allait pouvoir trouver le responsable. « T’as déjà des pistes ? » Qu’il demanda alors, il pourrait demander de l’aide à Uprising aussi, y en avait plein là-bas, des gens qui avaient essuyé ce genre de tragédie et qui du coup étaient prêts à aider sans trop poser de questions. L’entraide après tout, ça marchait plutôt bien. Il se rapprocha un peu de la fenêtre, posant son épaule contre le mur, pour faire face à sa sœur. « Non, c’est juste une amie et ma colocataire. » Décidément, vivre avec une femme quand on était un homme, ça laissait tout de suite supposer qu’on était en couple, mais non, Scarlett, n’était qu’une amie. « Nissa a demandé le divorce, je suis tout seul. » Il avait beau porter encore son alliance au doigt, il n’était plus avec Nissa même si le divorce n’avait pas été prononcé officiellement, ça n’allait pas tarder de toute façon, alors, même s’il aimait Nissa, il était célibataire à présent et Scarlett elle, elle avait sa vie de son côté, un fils qu’elle avait adopté, un fiancé qu’elle avait retrouvé et un bébé qui ne tarderait pas à pointer le bout de son nez. Il aurait pu être jaloux, elle avait tout ce qu’il avait perdu, mais il se contentait d’être content pour elle, elle le méritait. |
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