i. comment êtes-vous entré parmi les hunters?
Quand on veut, on peut. Je le voulais. Je le voulais tellement fort. Cela ne fait pas de moi une idéaliste, bien au contraire, mais il m'a simplement suffit de le vouloir. Mes parents, ma famille, ce sont des gens puissants. Même dans chez les hunters. Surtout chez les hunters. Ma place m'a toujours été réservé. Il m'a simplement fallu le vouloir. Il m'a simplement fallu tendre la main pour l'obtenir. Elle attendait, sagement, que je le veuilles. Je n'y ai pas été obligé. Non, mes parents savaient que je n'y entrerais pas sans le vouloir. Il fallait que cela vienne de moi. Les portes m'ont tout de suite été ouverte, mais comme n'importe quel membre, il m'a fallu trouvé ma place.

ii. avez-vous déjà effectué votre devoir de chasseur ?
Oui. J'ai tué. Tellement que je ne les comptes plus. Ils ne sont rien. Ni des nombres, ni des visages, pas même des humaines. Ils sont une erreur de la nature. Une erreur que je me dois de réparer, pour tout ce que j'ai de cher en ce monde. Je peux même vous dire que j'en éprouve du plaisir. Ce n'est pas temps le fait de tuer. C'est la chasse, la traque. J'adore jouer avec mes proies avant de leur coller une balle dans le crane.

iii. les mesures du traité de protection des mutants vous font-elles peur ?
Peur? Absolument pas. Je suis avocate. Je connais les lois mieux que personne. Je sais également que les lois sont faites pour être contournée. Il faut juste savoir comment les contourner. Et je sais parfaitement les contourner. Alors, non, cela ne me fait absolument pas peur.

iv. que pensez-vous de l'élection récente de thaddeus lancaster à la tête du comté ?
Je susi dans la politique depuis bien trop longtemps pour être dupe. Des politiciens comme lui, j'en ai croisé bien plus qu'il n'en faut. Ils ont tous énormément de choses à caché. Des parts d'ombres dont on n'imagine même pas l'existence. Les campagnes politiques ne reflète pas ce que sont les gens. Ce qu'ils sont réellement. Les campagnes politiques sont des enchaînements de représentations, orchestrés par des pros qui savent exactement comment attirés les votes. J'ai voté pour cet homme, mais je suis incapable de vous dire si mon choix était le bon. Je suppose que je le découvrirais dans les mois à venir. Les bons politiciens ne sont pas que des bons parleurs, ils sont également des hommes d'action.

Calipso, tu ne peux pas rester ici. Cette affaire va te faire perdre toute crédibilité si elle venait à sortir. Cali. Je serre les dents. C'est tout ce que je trouve à lui répondre. Pas qu'il ait réussi à me faire taire, mais je ne sais que trop bien où cette discussion mènera. Je ne veux pas l'entendre. Je n'en ai pas besoin. Je le sais déjà. Je me suis comprise. Oui, je le sais. Il n'y a rien à dire de plus. Il n'y a rien à ajouter. Je laisse échapper un soupire alors que je me laisse tomber contre le dossier de mon fauteuil. Dans quelle situation me suis-je encore fourrée? Mes doigts se soulèvent pour venir délicatement masser mes tempes. Je sens le regard de mon père peser sur moi. J'ai énormément de respect et de considération pour lui, mais je n'ai pas besoin de lui, pas maintenant, pas comme cela. Ses conseils me sont souvent d'une grande aide, mais cette fois, je veux m'en sortir seule. Je dois prendre mon envole. Je dois faire mes preuves. Je dois leur montrer qui je suis. Je veux leur faire voir la femme au-delà du nom de famille que je porte. Calipso. CALI, papa. Cali. Je m'appelle Cali. Je me mords l'intérieur de la bouche. Je ne veux pas laisser ce flot de mot sortir. Pas sous le coup de la colère. Il pourrait dépasser ma pensée. Au fond, je sais qu'il ne veut que mon bien. Mon bras retombe mollement contre l'accoudoir alors que je porte mon regard sur lui. Je sais exactement ce qu'il faut faire papa. Je sais que tu t'inquiètes, mais je fais cela tous les jours. Je répare et dissimules les erreurs des gens. C'est ce que je fais. Alor, je sais ce que je dois faire. Il faut juste que tu me laisses un moment. Juste le temps d'accepter la situation. Juste quelques minutes. Ma voix n'était plus qu'un murmure. Ces derniers jours n'avaient été qu'une succession de mauvaise nouvelle, pour en arriver au point de non retour. Des erreurs de débutantes. Des erreurs que je n'aurais probablement pas faites si je n'étais pas impliquée émotionnellement. Ne jamais s'impliquer. Et pourtant, je l'étais, malgré moi. Tout ça pourquoi? Pour lancer une carrière et finir sous le bureau de politicien. Ce n'est pas moi. Non, c'est une autre. Je ne suis pas ce genre de fille. Je ne suis pas une briseuse de ménage. Je me suis laissée bernée par les belles paroles d'un politicien, oubliant qu'un politicien sait manier les mots pour que vous entendiez ce que vous désiriez. Plus jamais je ne me laisserais avoir. C'est une erreur, une terrible erreur, mais j'en sortirais grandie... Seulement, ce ne sera pas ici. Je veux un nouveau départ. Une nouvelle chance de faire mes preuves.

Cali. Il est mort. Cali? Tu m'entends? Je t'entends, oui, mais ça n'a aucun sens. Le temps semble s'être arrêté. Je suis en suspens. Je me sens vide. Je reste silencieuse, fixant le néant. La voix de ma soeur essaye de me raccroché et la réalité. Je l’entends prononcer mon nom. Elle me semble tellement loin. Je me laisse glisser contre le mur. Mon coeur loupe un battement. Cette foutue réalité me rattrape bien trop vite. Elle me frappe et me cloue au sol. Il est mort. Les larmes roulent sur mes joues alors que je me blottis dans l'étreinte de mes bras. Ça fait mal. Tellement mal. Je ne pourrais jamais m'en remettre. Jamais. La douleur est violente, fulgurante. J'ai l'impression que l'on vient de m'arracher le coeur. Je prends une bouffée d'air. J'essaye de trouver un second souffle, d'emplir à nouveau l'air dans mes poumons, de respirer. Je perds le contrôle de mon corps. J'ai tellement froid. Et tellement chaud à la fois. Des frissons parcours mon échine alors que des sanglots font frémir mon corps tout entier. Le monde s'écroule. Mon monde. Ma crâne vient heurter le mur derrière moi. A plusieurs reprises. Mon cerveau est en ébullition. CALI. Ma soeur. Toujours aussi lointaine. Je l'entends à peine. Elle me saisit par les épaules et me secoue violemment, essayant en vain de me faire sortir de ma torpeur. Je ne la sens pas. Je ne suis qu'une coquille vide. J'ai à peine conscience de ce qui m'entoure. Je ne suis plus qu'une spectatrice dans ce monde. On m'a pris ma seule raison de vivre. Alors, à quoi bon continuer? C'est... C'est de la faute d'une de ces abominations. Elle se pose à côté de moi. Elle ne me touche plus. Elle ne me parle plus. Un mutant. Merde. Mes parents m'avaient pourtant prévenus. Ils m'avaient mise en garde face au danger que ces créatures représentaient. Ils ne sont pas comme nous. Ils ne répandent que le malheur sur leur passage. Je tourne avec lenteur mon regard vers elle. Je suis vide. Fatiguée. Épuisée. Ma tête bascule contre son épaule. Ils payeront. Ma voix n'est qu'un murmure, brisé et nourrit par l'espoir d'une vengeance prochaine. Ils m'ont pris mon meilleur ami. Le seul homme que j'ai jamais aimé. Ils me l'ont pris avant que j'ai pu lu dire tout ce qu'il représentait pour moi.Aujourd'hui, il est trop tard. Je n'ai plus que mes yeux pour pleurer et les regrets de ne pas avoir oser lui dire trois petits mots. Trois petits mots pourtant si simple. Je t'aime.

Game over. Je tendais le bras, posant le canon contre son front. Je ne le laisse pas dire le moindre mots. Mon doigt appuie sur la gâchette. Le sang éclabousse les murs, se mêlant aux morceaux de cervelle. Le corps sans vie tombe. Je laisse échapper un soupire, rangeant mon flingue dans mon sac à main. Sac à main que je réajuste sur mon épaule. Je me détourne du cadavre. Je n'éprouve ni culpabilité, ni joie, juste la satisfaction du travail bien fait. Je m'éloigne, le laissant vulgairement pourrir dans cette ruelle mal famée. On mettra probablement quelques jours avant de le retrouver. Les talons claquent joliment sous mes pas, rythmant mon avancée. J'adore ce bruit, j'adore ce claquement sonore qui résonne, annonçant mon arrivée. J'adore ce que cela me fait ressentir. Je sors mon miroir, vérifiant mon apparence avant de rejoindre la rue principale. A cette heure-ci, les habitants affluent, se pressant pour rentrer chez eux après une journée interminable. Mes doigts pianotent déjà sur mon cellulaire avant de le porter à mon oreille. La sonnerie. Un cliquetis. La personne à l'autre bout du fil n'a pas le temps de dire quoi que ce soit. Contactez Jackson Berry et demandez lui de me faxer le dossier de Jehro Burtham. Je le veux aussitôt que possible. Annulez également tous mes rendez-vous de cet après-midi et prévenez la prison de mon arrivée. Le cas de Jehro m'a été sifflé plus tôt dans la journée. Cette affaire devenait une priorité. Ce jeune homme est exactement ce que cherche les Hunters. Des nouveaux membres qui ont une bonne raison de mépriser les mutants. Plus encore, des visages, des victimes fortes. Jehro a ce type de profil. Il est donc essentiel qu'il soit pris sous les ailes des hunters le plus rapidement que possible. Je me plais beaucoup plus dans ce genre de boulot que dans l'élimination de cible. Je suis une femme d'affaire et mon arme de prédilection reste les mots.

Je passe une main dans mes cheveux, les rejetant en arrière. Je lui lance un regard, le sourire en coin. Mi amusée, mi agacée. C'est dingue ce que ce gars peut me faire ressentir. C'est contradictoire. C'est agaçant. C'est excitant. Je le regarde, je le bouffe du regard, partagée entre l'envie de lui balancer des vacheries à la gueule et l'embrasser. C'est dévastateur. C'est exaltant. Regarde-le, ce magnifique connard. Ses défauts m'exacerbent et ses qualités m'envoûtent. Ce n'est pourtant pas de l'amour. Non. J'ai déjà connu l'amour et ce n'est pas ça. C'est différent. Il y a quelques choses en lui qui m'attire, inexorablement, profondément. Cela me fait peur. Je suis attachée à lui, malgré moi. Je m'implique. C'est une erreur, une grave erreur. Je finirais blessée, comme à chaque fois. Je ne veux plus m'attacher. Je ne veux pas prendre le risque de le perdre. C'est bien cela le problème. J'ai peur de perdre ce que nous avons. Peu importe ce que c'est. Je crève de trouille à l'idée que les choses puissent changer. C'est la preuve qu'il a pris plus de place qu'il ne le devrait. Je reviens toujours vers lui. C'est plus fort que moi. Je ne me l'explique pas. Je le toise, soutenant son regard. Il n'y a pas besoin de mots, la tension est constante, la tentation omniprésente. On se plait dans notre silence. On se cherche pour mieux se repousser. D'une certaine façon, tout ce que je déteste chez lui est également ce qui me fait l'apprécier, chaque jour un peu plus que le précédent. C'est électrique. C'est insoutenable. Je souris un peu plus, me redressant pour lui faire face. Je n'ai pas besoin de parler pour déclencher son agacement. S'en est presque trop facile. Plus son regard s'assombrit, plus cela me fait sourire. Je lui tapote l'épaule, tournant les talons. C'est loin d'être terminé. J'ai provoqué la confrontation, sans trop savoir pourquoi. J'ai juste envie de me heurter à lui. De le détester pour mieux le désirer. Je ne l'admettrais jamais à haute voix, mais j'éprouve une certaine dépendance vis-à-vis de ce que j'éprouve pour lui. Sans savoir exactement ce que j'éprouve. Que la joute verbale commence.