-aspen & elspeth-

new life. new sofa

Déménager, ça angoissait Elspeth méchamment. Ou plutôt, c’était la colocation qui l’angoissait. Elle avait peur d’être difficile à vivre, d’énerver Aspen… Bref, les questions tout à fait légitimes quand on a été très seule pendant une bonne partie de sa vie. Rien que le fait que ce soit une maison, elle se sentait déjà perdue. Ce serait plus grand que tout ce qu’elle avait connu et il y avait le jardin, et le chat. Tout ça était nouveau et Els espérait s’y faire. Au moins, le plâtre était de l’histoire ancienne et elle pourrait être utile à la maison. Pourtant, Aspen lui avait demandé de venir un peu plus tard, le temps qu’elle puisse préparer un peu tout ça. Elle ne savait pas à quoi s’attendre mais elle avait accepté.
Au fond, Els n’avait pas grand-chose à déménager, ça irait très vite. Elle avait même déjà commencé quand elles avaient trouvé la maison. Ses fringues tenaient dans un gros sac et pour le reste, une grosse valise à roulette et un autre sac avait suffit. Ses possessions se limitaient à peu de choses puisque l’appart’ était meublé de base. Normalement, les quelques meubles qu’elle avait été déjà là, ce qui ne tenait pas non plus à grand-chose. Elspeth savait qu’avec Aspen, elle aurait des milliers d’occasion de devoir sortir de son trou pour faire des choses qu’elle ne ferait jamais. Par exemple, elle savait pertinemment qu’elle n’échapperait pas un seul instant à la sortie déco, un moment qu’elle appréhendait un peu d’ailleurs. Franchement, elle n’avait pas la moindre idée de ce qui pourrait bien lui plaire.
Arrivée devant chez elles, elle sonna, elle n’en revenait pas que ce soit, chez elles. Une maison… sans blague. Quand elle était arrivée à Radcliff, Els avait été persuadée qu’elle passerait sa vie dans le motel à faire des boulots de merde. Ça avait été plus ou moins vrai au début, mais les choses avaient changé.

- « Salut. » c’était tellement bizarre. « Par moment, j’y crois toujours pas, qu’on ait une maison, rien qu’à nous. » Elle déposa ses 3 sacs et les autres petits trucs et hocha la tête, gênée sans l’être. « Euh… ouais ? J’ai tellement déménagé qu’il fallait que ce soit facile alors… j’ai jamais rien accumulé. C’était plus facile. Et merci pour le café. »

Quand elle vit le canapé, jaune pétant, elle avait presque envie de s’y jeter, u de faire un câlin à Aspen. Elle avait vraiment pris ça ? Pour lui faire plaisir ? Els doutait franchement que son amie trouvait ça très joli. Même si Aspen était solaire, ça ne devait pas du tout être son genre. En fait, elle ne savait pas vraiment ce qui lui plaisait non plus.

- « T’as vraiment fait ça ? T’as pris un canapé jaune canari ? T’es la meilleure. »

Pour Els, c’était un peu la lune. Elle se sentait à la fois super gênée qu’Aspen ait fait ça et elle était en même temps très emballée. Pendant quelque seconde, elle mordilla un ongle, comme elle le faisait souvent. Elle avait besoin de faire un truc, juste un truc. Alors elle se releva, délaissa pour quelques secondes la chaise qu’elle avait choisie pour attraper une peluche dans un de ses sacs et la poser sur une étagère dans le salon.

- « Ça t’ennuie pas ? C’est… ma façon de me sentir chez à la maison. »

Parce que sa mère, parce que c’était tout ce qui lui restait d’elle et que, même si elle aurait pu le dissimuler dans la chambre, elle avait besoin de l’avoir dans le cœur de la maison pour se sentir à l’aise. Elle avait conscience que c’était un peu étrange, voire carrément idiot, mais elle voyait ça comme ça. Elle se réinstalla après ça et comme pour faire bonne mesure et lui prouver qu’elle ne rêvait pas, qu’elle était bien chez elle aussi, Quinn vint se poser et squatter ses genoux.

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Cette histoire de colocation était allée très vite. C’était facilement compréhensible étant donné ce qu’Aspen avait vécu, même si en toute franchise, Elspeth n’avait pas totalement compris les tenants et les aboutissants de ce qui s’était produit. Ce qu’elle savait en revanche, c’était que son amie avait besoin de vivre dans un endroit où elle serait en paix. Els pouvait lui apporter ça, un peu. Elle n’allait sûrement pas être du genre envahissante même s’il avait été convenu qu’il ne valait peut-être mieux pas qu’elle s’occuper de leur faire à manger. Ses talents culinaires se résumaient à des pâtes et du steak haché. Avec un sourire, Els leva les yeux au ciel. De toute façon, elle comptait pas partir après un an de colocation, à moins que les choses se passent atrocement mal, mais elle en doutait. Elle aimait beaucoup Aspen et elle ne voyait pas ce qui pourrait bien clocher.

- « J’compte te laisser toute seule. » Et c’était une promesse. « Mais ça fait quand même bizarre d’avoir son nom sur une boîte aux lettres devant une maison. »

Leur maison… Bon, pas vraiment puisque c’était une location, mais la leur quand même. Et puis, il y avait un canapé jaune canari dans le salon et une tasse avec son nom. Non, elle ne pouvait pas filer de toute façon.

- « Honte d’avoir un canapé qui ressemble à Titi ? » Amusée, Els haussa un sourcil en posant sa question.

En vérité, ce canapé, aussi flashy soit-il, elle l’adorait. C’était clairement l’acte le plus idiot et le plus beau qu’avait fait Aspen pour elle, qu’autant qu’elle se doutait bien que ça n’était pas du tout le genre de son amie de posséder un truc pareil. Ça lui faisait d’autant plus chaud au cœur.

- « On lui apprendra ça avec le temps. Et puis, on peut toujours lui offrir sa peluche à elle. Même si je doute que ça fonctionne. »

Elle n’avait jamais eu de chat, mais elle savait bien ce qu’il en était. Les chats n’en faisaient qu’à leur tête quand vous aviez le dos tourné. La preuve, Quinn venait de lui grimper dessus et histoire de contenter le fauve d’appartement, Els lui gratouilla les oreilles. Elle avait déjà des poils partout et de toute façon, elle s’en fichait, un coup de brosse adhésive et on en parlait plus. Si c’était ça le pire, elle s’en accommoderait très bien. Après avoir bu une gorgée de café et avoir posé le chat sur la chaise, Els suivit Aspen pour la suivre, se laissant entraîner en souriant, jusqu’à se retrouvée bouche bée devant sa chambre.

- « Pas possible… Mais c’est super grand ! » Même trop. Le salon de son ancien appartement faisait la taille de cette chambre. Ce qu’elle s’empressa de signaler. « Tu sais que la chambre fait la taille de mon ancien salon ? Comment j’suis censée prendre possession de l’espace ? »

C’était sûr qu’avec ses quelques sacs, c’était pas gagné. Au fond, c’était très intimidant pour elle comme situation. Elle n’avait jamais vécu dans des endroits très grands depuis un long moment et là, elle avait une pièce qu’elle jugeait gigantesque pour elle seule. C’était un changement monstrueux. Elle allait s’y faire, elle espérait en tout cas.

- « Je compte sur toi pour m’aider à faire la déco… j’ai aucune idée de comment on… s’approprie un espace pareil. »

C’était peut-être pas l’idée du siècle en connaissant la passion d’Aspen pour les magasins, mais là, elle n’avait pas vraiment d’autre solution que de s’en remettre à elle, parce qu’à part quelques photos et sa peluche dans le salon… Elle n’avait rien pour y arriver.