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  "You took my love away from me. I'll take your life"

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MessageSujet: "You took my love away from me. I'll take your life"     "You took my love away from me. I'll take your life"  Icon_minitimeSam 6 Juin 2015 - 11:34

Monster.
|►   La nuit était froide. Glaciale même. Il ne neigeait pas, mais le vent balayait l’asphalte pour le recouvrir d’une fine couche de givre. Il était tard, l’heure du couvre feu était dépassée depuis bien longtemps, mais Malachi savait ce qu’il faisait. Il était venu en moto, avait ôté sa plaque d’immatriculation, et savait qu’au moindre pépin, il pourrait rouler jusqu’à l’extérieur de la ville sur des kilomètres. Etonnement, il était confus, tendu, mais il n’avait pas peur. La peur l’avait quitté au moment même où il avait pris sa décision. Ça devrait être Elle ou Lui. Ce serait la huntress ou sa propre mort. Dans sa poche, il sentait le métal froid de l’arme qu’il s’était procuré auprès de Seth. Ce dernier, s’il était intrigué, ne s'était pas permis de lui poser la moindre question, se contentant de lui prodiguer les conseils de base : porter des gants quand il tirerait, ne pas oublier la sécurité, ne pas chercher à cacher le corps : avec la bataille ouverte entre les mutants et les hunters, il n’y avait plus besoin de se prendre la tête : si sa cible faisait partie d’un des deux camps, l’affaire serait vite classée. Malachi inspira profondément, faisant les cent pas dans l’impasse où il se tenait, vérifiant son téléphone toutes les cinq minutes. Elle viendrait, bien sûr qu’elle viendrait. Elle tenait trop à lui pour qu’il en soit autrement. Malachi n’avait prévenu personne de sa décision : les taupes pouvaient être partout, elles pouvaient même l’être sans le savoir, alors il avait gardé son projet pour lui. Même Evangeline n’était pas au courant. Si cela tournait mal, il ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même.

Grâce à ses nombreux contacts d’Uprising, Malachi avait pu faire un listing de tous les chasseurs de Radcliff, ou en tout cas une liste la plus exhaustive possible : il y avait les hunters « célèbres », qui s’affichaient sans complexes, comme les Lancaster, les Morren ou encore les Callahan, et il y avait quelques … Surprise, comme Ezekiel Blackwell.  Malachi connaissait bien le médecin de l’hopital de Radcliff, et c’était senti presque trahi de découvrir l’identité réelle de Zeke. Bien sur, au sein de son propre établissement, il ne pouvait rien faire, et Mal en avait pris son parti, tourmentant l’homme de science à la moindre de leur rencontre, insidieusement, sans que Zeke ne sache avec certitude que Malachi fut la source de ses malaises. Et puis un jour où il s’était retrouvé dans le bureau du docteur Blackwell, ce dernier dut sortir précipitamment du bureau pour s’occuper d’un déchoquage, et le mutant en avait profité pour faire le tour du propriétaire : il vida les tiroirs, ouvrit les placards, les dossiers, dans l’espoir d’avoir des informations à transmettre à l’organisation, mais rien. Le bureau était vide. Il allait d’ailleurs quitter la pièce quand il entendit le téléphone portable d’Ezekiel vibrer dans sa poche de blouse, qu’il avait oublié sur le dossier de sa chaise. Quand il débloqua la page d’ouverture de l’appareil, il faillit lacher le téléphone. Il y avait un nom, un nom bien connu du professeur, et devant, une simple question, lapidaire, destructrice : « Tu viens chasser avec nous ce soir ?». Il n’eut pas besoin de plus, et rentra chez lui sans demander son reste. Alors que la révélation l’avait giflé en plein visage, il s’enferma dans son bureau chez lui, toute l’après midi, à remuer le passé de la chasseuse, tout ce qu’elle avait éludé, qu’avec un peu d’acharnement, on pouvait trouver : son enfance, sa décente aux enfers, son hospitalisation … Puis sa carrière. Elle avait tué partout dans le monde, sans logique apparente, mais sans aucune interruption : elle  avait chassé pendant plus d’une dizaine d’années sans jamais être inquiétée. Il n’en revenait toujours pas, et alors qu’il se prenait la tête dans les mains, il fut pris d’un terrible doute : et si … ?  Cette après midi là, il appela Ellie pour qu’elle lui rende un coup de main : il lui fallait retrouver des factures, des traces de dépenses en écosse, il y a 7 ans de ça, sur le compte d’une certaine personne. Ellie n’avait pas mis une demi heure pour lui répondre, et ce qu’elle avait trouvé fit gronder le tonnerre sous le crâne de Malachi : Elle avait été là. ELLE était LA ce soir LA. Elle faisait partie des hunters de l’attentat de Cardiff. Elle avait participé à ça, elle l’avait séparé de sa femme pendant 7 ans. Elle lui avait peut être même tiré dessus. Il devait faire quelque chose. Il ne pouvait pas rester sans rien faire.

Sa montre sonna deux heures du matin, alors qu’une ombre glissait en sa direction. Un sourire triste s’étira sur ses lèvres, alors qu’il s’avançait vers elle. Elle était venue. Elle était venue mourir et n’en était pas consciente. Elle n’avait fait que répondre à un texto rapide, pressant : «  Ai un gros pb. Rejoins moi à Turner Lane ce soir, je te fais confiance »

- Merci d’être venu. Ce ne sera pas long, promis.

Il ne lui expliquerait rien, elle mourrait sans savoir pourquoi lui, et pas un autre. Peut être lui parlerait il de Cardiff après avoir appuyé sur la détente, mais il n’était pas dans un film, il n’allait pas avoir une conversation à cœur ouvert avec sa némésis avant de la tuer. Il était suffisamment secoué comme ça pour prendre le risque qu’elle lui retourne le cerveau. Il était prêt, avait déployé son don dans toute sa grandeur : si l’arme ne suffisait pas, il la ferait mourir de chagrin, ou de peur. Il en était capable. Sans attendre les premières politesses, il sortit le pistolet de sa poche alors qu’elle était à un moins d’un mètre de lui, pointant le canon de l’arme sur le front de la jeune femme, alors qu’il s’était emparé de son aura pour l’anesthésier totalement.

- Nous nous sommes mentis Sloane, et je me suis trompé sur toi. C’était une erreur. Je n’aurais jamais du te faire confiance.

Son accent écossais était terriblement prononcé ce soir. Peut être se souviendrait telle du jeune mutant qu’elle avait tenté de tuer, ce soir là. Et de son fantome venu réclamer vengeance….






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MessageSujet: Re: "You took my love away from me. I'll take your life"     "You took my love away from me. I'll take your life"  Icon_minitimeSam 6 Juin 2015 - 15:52

T’aurais dû te douter que quelque chose ne tournait pas rond. L’ancienne Sloane—la chasseuse, la guerrière, l’automate—elle, elle aurait su. Elle aurait suivi ses tripes, écouté cette petite boule insidieuse qui s’est glissée au sein ton estomac dès la seconde où ton vibreur a fait trembler ta table basse. « Ai un gros pb. Rejoins-moi à Turner Lane ce soir, je te fais confiance. » Il aurait pas fallu plus de dix secondes à l’ancienne Sloane pour comprendre que quelque chose clochait avec ce message. Un SMS, de Mal. Reçu au beau milieu de la nuit. Habituellement, ça t’aurait fait sourire. Sauf que dès les premiers mots, le ton est donné : il est sérieux, élusif, presque mécanique. Ce sont les derniers mots qui te font tiquer. Je te fais confiance. Ils résonnent dans tes tympans, hantent ton esprit comme une berceuse, tandis que t’enfiles une veste avant de quitter ton appartement.
Tu lances un dernier regard à l’inconnue dans le miroir. Fut un temps où tu la trouvais plutôt jolie. Fut un temps où elle ne ressemblait pas à un cadavre ambulant. Fut un temps où elle était vivante, féroce. Animée par un désir ardent. Aujourd’hui, elle est crevée ; ça fait des semaines qu’elle dort pas, qu’elle dort plus, comme en témoignent les jolies spirales qui cernent ses yeux. L’insomnie a fait d’elle sa chienne et elle est hantée, habitée par une force impérieuse qui l’assaille et la tourmente. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Ta veste enfilée, tu te saisis de tes clés que tu fourres dans la poche avant de ton jean et claques la porte de ton appartement. Avant que quitter l’immeuble, tu sors ton portable pour vérifier le lieu du rendez-vous. Turner Road, qu’il a dit ? Dans l’intensité du moment, t’as pas réfléchi. Tu t’es laissée emportée par le sérieux de ses propos et l’inquiétude qui, malgré toi, guide tes pas. Je te fais confiance. Ça sonne faux, répété. Comme une promesse empoisonnée. Un truc pour te leurrer. Je te fais confiance. Ça pue le traquenard à plein nez.
Le froid glacial te gifle le visage, comme une tentative vaine de Mère-Nature de te ramener à la réalité. De te dire de détaler au plus vite et de retourner te coucher. Mais tu te stoppes pas, tu continues. Et en une quinzaine de minutes, t’es arrivée. Il te remercie et tu t’avances, la gorge serrée. Tu sais pas si c’est le ton anormalement sérieux qu’il emploie, ou juste son accent écossais qui refait surface, mais tu peines à reconnaître sa voix. Et ça te fait peur, un peu.
T’as même pas le temps de dire un mot qu’il dégaine déjà son arme, braquée sur ton joli petit minois incrédule. Un rire amer transperce ta gorge, tandis que tu sens les dernières traces de volonté s’évaporer de ton organisme.
T’es désarmée, sans défense. Impuissante. Du dedans, tu bouillonnes. Idiote. T’as même pas pensé à ramener un flingue. Une dague, une lame, n’importe quoi. Un truc pour te défendre au lieu de rester plantée là. Un petit rire résonne dans tes tympans. Un rire narquois, un rire moqueur et supérieur.
Tu fulmines, tu tempêtes. Contre toi, contre tout. Contre ton corps, qui s’obstine à ne pas suivre le mouvement. Tu commandes à tes poings de se serrer, mais ces idiots restent parfaitement immobiles et semblent n’en faire qu’à leur tête, comme contrôlés par une force impérieuse. Alors tu relèves les yeux vers Malachi. Malachi et son visage implacable. Malachi et son regard d’un bleu autrefois si pur, dorénavant parsemé d’éclairs sinistres et brûlant d’une ardeur dont tu le croyais incapable. Et tu comprends. Et tu le détestes. De te faire te sentir aussi impuissante, de te faire perdre le contrôle. T’es plus tienne, Sloane—l’as-tu vraiment été un jour ?
Dorénavant, t’es à lui. C’est lui le marionnettiste. Il a fait de toi sa chose, sa poupée de sucre glace, et cette simple pensée te révulse.
« J’savais que t’étais trop beau pour être vrai. » que tu lances, dans un murmure, ta voix comme du cristal. Comme si, au fond, tu ne voulais pas vraiment qu'il t'entende.
Tu t’es faite avoir comme une bleue. Règle numéro 1, rabâchée et assenée par Jay : ne pas s’attacher. À qui que ce soit, à quoi que ce soit. C’est l’un des impératifs du métier. Sauf que t’as voulu croire, t’as voulu espérer. T’as croisé cette bouffée d’air frais, un soir, dans un bar et tu t’y es agrippée. Comme une dératée. Comme une gamine apeurée, avec un besoin viscéral de reprendre goût à la vie. Tu t’es laissée aveuglée par la potentielle promesse de ce qu’il représentait et tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. T’as été faible. Faible et beaucoup trop naïve. T’aurais dû t’en douter : les monstres n’ont pas le droit au bonheur.
« C’était qui ? »
Ta voix est soudainement plus dure, plus mûre. Ce qui va suivre, tu veux qu’il l’entende. Une dernière fois, t’essayes de bouger. Mais t’as les bras et tout le reste du corps engourdis, comme anesthésiés. Tu déglutis, et son regard d’acier s’oppose au tien, insolent. Tu souris. Du sourire de celles qui se retiennent très fort de pleurer.
« C’est lequel de tes potes dégénérés que j’ai buté ? Ta femme, ton gosse ? »
Simple provocation de ta part ; t’as jamais eu les couilles de tuer un enfant. Mais s’il veut te détester, autant qu’il le fasse jusqu’au bout. Tu ne lui donneras pas la satisfaction de te voir brisée.
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MessageSujet: Re: "You took my love away from me. I'll take your life"     "You took my love away from me. I'll take your life"  Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 16:08

Monster.
|►   Malachi dévisageait Sloane qui se tenait devant lui, frigorifiée, immobile. Bien sur, elle n’avait pas vraiment d’autre choix que d’être immobile, il l’avait complétement paralysé. Même si elle avait toutes les raisons du monde de réagir, bouger, se jeter au sol ou sur lui, mais il l’avait vidé de toute raison de faire ça. Ce n’était pas dur pour lui, en revanche, tenir cette arme braquée sur elle lui était insupportable. Peut-être même qu’elle verrait qu’il tremblait, mais il espérait qu’elle mettrait ça sur le compte du froid. Quand elle prit la parole, sa gorge se noua, et il secoua la tête sans rien dire : c’était ça le plus tragique dans cette histoire, il s’était vraiment lié d’amitié avec elle. Il appréciait sa bonne humeur, son bon gout pour la musique, sa simplicité. Elle lui avait été d’une aide précieuse, sans le savoir, pendant ses derniers mois : elle lui avait permis de tromper la solitude, de rire de choses légères, de ne pas cogiter constamment. Elle était marrante, vive, intéressante, tout ce qu’il pouvait aimer chez un être humain. Ils avaient passé des journées, des nuits entières ensemble, comme deux amis, presque deux membres de la même famille. Et elle l’avait trahi. Pire que ça, elle avait menti, tout ce temps, en éludant cette partie de son identité qui était pourtant le but même de son existence. Mais Mal’ n’était-il pas un peu hypocrite de lui en vouloir pour ça, alors que lui-même ne lui avait jamais parlé de son don ? Peut-être bien. Mais si Sloane lui avait posé la question, il ne lui aurait pas menti, il le savait. Alors qu’il était à peu près sur qu’elle ne lui aurait pas dit la vérité, s’il lui avait demandé. Il en était persuadé. Et maintenant, c’était de sa faute. Il était tout aussi déçu qu’elle. Sauf que c’était lui qui pointait son arme sur elle.

Une bourrasque de vent hurla dans la petite allée obscure, ébouriffant la chevelure sombre du mutant qui plissa les yeux en entendant, à moitié étouffée, la question de Sloane. Il frissonna, mais pas à cause du froid : c’était la question de a jeune femme, toujours stoïque, qui faisait dresser ses poils sur ses bras et sur sa nuque. Il pencha la tête sur le côté avec un air triste, parce qu’il l’était, vraiment. Maintenant toujours son emprise émotionnelle sur la jeune femme, drainant la moindre goutte de colère et d’agressivité en elle, il répondit doucement, presque en murmurant à son tour :

- Tu ne te souviens vraiment pas alors ? Ou alors tu refuses de te souvenir ?

Un soupir, alors qu’il devait se faire violence pour ne pas baisser son arme et la jeter par terre. Elle avait du blesser, mutiler, occire tellement de monde qu’elle ne se souvenait pas de tous ceux à qui elle avait oté la vie. Ils n’étaient peut être que des numéros pour elle. Bon sang, ça lui donnait le tournis : après tout quel âge avait-elle à l’époque de Cardiff ? 21, 22 ans à tout casser ? Elle était à peine sortie de l’adolescence que déjà, elle traquait. Ça lui donnait envie de vomir. Alors il reprit, d’une voix calme, malgré l’émotion vibrante qui y transparaissait :

- C’était moi. Le mutant que tu visais ce soir là, c’était ma femme. Elle est morte. Et toi, où l’un de tes acolytes, vous m’avez tiré dessus. J’ai perdu ma jambe. Le souci …

Il fronça les sourcils, serrant plus fermement l’aura de la jeune femme entre ses « mains », il voulait qu’elle sente, le désespoir, la peur, la solitude qu’il avait vécu pendant 7 ans, quotidiennement, à cause d’elle. Et il ne doutait pas un seul instant qu’il retrouverait ses émotions dans l’aura de la jeune femme. Et qu’elle saurait que cela venait de lui :

- C’est que ce n’était pas elle, la « dégénérée » la plus dangereuse du couple …



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MessageSujet: Re: "You took my love away from me. I'll take your life"     "You took my love away from me. I'll take your life"  Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 18:48

T’aimerais pouvoir lui dire que t’es désolée—tu lui dois bien au moins ça. Y’a pas qu’à toi que t’as menti. Tu l’as trompé, lui aussi. Tu t’es jouée de lui. Tes sentiments étaient sincères—t’as jamais voulu lui faire du mal. Il fait ce truc où il penche sa tête de côté—comme un adorable petit bébé panda attristé—et cette expression de tristesse dans la plus pure de ses formes t’arrache un sourire amer. Si pur, si innocent. Au fond, tu t’en veux. De l'obliger à faire ça. De faire de lui un dommage collatéral. Presser la détente, c’est la partie facile. C’est ce qui vient après—les monstres tapis sous l’oreiller, les relents de culpabilité—c’est ce qui le détruira.
T’aimerais pouvoir lui dire que t’es désolée. Et surtout, t’aimerais le penser. La vérité, c’est que tu t’en souviens même pas, de cette soirée. Et tu dois avouer que ça te fait un peu de la peine. Ça te tue tout doucement, du dedans. Quelque part en chemin, t’essayes de déterminer à quel moment exactement, y’a un truc chez toi qui s’est cassé. Et maintenant, t’es toute cabossée du dedans. Tu vis plus, tu fais semblant. T’es plus qu’une coquille vide. Une coquille vide, qui fait ce qu’on dit, quand on lui dit. Et qui tente en vain de s’échapper de la réalité. Au fond, t’es déjà morte du dedans ? Alors, à quoi bon lutter ? S’il veut presser la détente, qu’il le fasse. Peut-être que là, enfin, tu ressentiras quelque chose.
De cette nuit-là, aucun souvenir. Aucun remords. T’as tout compartimenté, tout rangé. Tout scellé et mis sous clé dans une petite boîte au fin fond de ton esprit.
Et tu refuses d’invoquer les vieux démons.
« Tu devrais le faire avant de changer d’avis. Allez, mon grand, montre-moi de quoi t’es capable. »
Là, furent tes bras encore contraints à ta volonté, tu les aurais tendus en l’air, dans un geste dramatique. En guise d’abandon. Il gagne, tu perds. Fin de la partie ; merci d’avoir joué. Ton lot de consolation à toi, c’est qu’il ne te verra pas brisée. Tu ne pleureras pas, c’est décidé. Il peut te tuer, te torturer, mais tu lui ne accorderas pas cette mince satisfaction : tu refuses de lui accorder les derniers vestiges de ton humanité.
Si t’avais été autre chose que sa marionnette à cet instant précis, t’aurais haussé les épaules, un sourire faussement mutin pendu aux lèvres, dans l’espoir vain de cacher ta peur. Parce que t’as beau ne pas vouloir l’admettre, t’as beau lutter farouchement contre l’idée même, mais t’as la trouille, Sloane. T’es terrifiée. Parce qu’au fond, Parce que tu t’es jamais vraiment retrouvée avec un flingue braqué sur le front, face à un mec dont t’es incapable de prédire les réactions. Devant toi, c’est un inconnu qui se dresse. Un parfait inconnu, avec les mêmes traits brisés, mais désormais armé d’une motivation nouvelle. Et y’a rien de plus imprévisible qui a tout perdu.
De la colère se mêle à l’angoisse provoquée Malachi tandis que ce dernier continue son intrusion dans ton essence même. De la colère. Contre toi, contre lui. Contre ta ridicule impuissance devant son omnipotence. L’amère réalité t’acènes un coup à l’estomac et tu réalises que tu n’es plus que le misérable jouet de ce monstre de puissance. Depuis sa cage thoracique, ton cœur se manifeste lui aussi : il tambourine, joue sa curieuse symphonie un peu plus fort à chaque seconde qui passe et tes battements flirtent désormais dangereusement avec le point de non-retour.
Mais tu ne pleureras pas. Peu importe la flopée d'images brutales qui t'enveloppent et s'imposent soudainement à toi. Peu importe la terreur qui s'imprime sur ton faciès, contre ton gré. Peu importe ces maudites convulsions successives qui crispent et tordent un peu plus douloureusement à chaque fois les muscles de ton estomac.
« C'est toi ce que t'as ? Allez, je mérite quand même mieux. J'veux de la rage, de la passion. Pas un gamin trop flippé pour finir le travail. »
L’intonation se veut fière et caustique, mais ta voix te trahi au dernier moment et se brise à la fin de ta phrase, sous le coup de la douleur. Malgré toi, la peur t’irradie et la douleur t’envahit tandis que tes tempes cognent contre les parois de ton crâne.
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MessageSujet: Re: "You took my love away from me. I'll take your life"     "You took my love away from me. I'll take your life"  Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 19:35

Monster.
|►  
Elle ne dit rien. Elle ne dit rien parce qu’elle ne se souvient pas. Malachi le voit dans son regard, ses yeux cherchent vaguement dans le ciel, comme un enfant qui cherche la solution d’une de ses table de multiplication mais non. Rien ne vient. Elle ne se souvient pas de cette nuit là, mais ne semble pas nier non plus. Elle y était surement, elle ne cherchait même pas à se dédouaner, seulement, elle n’en a aucun souvenir. Elle s’en ficherait, probablement, si elle n’avait pas le canon de son flingue pointé sur le front. Le pire peut être, c’est qu’elle ne fera même pas semblant de s’excuser, elle ne levera pas des yeux plein de remords dans les siens. Aurait il pu lui pardonné, si elle lui avait demandé ? Il ne savait pas, et de toute façon, Sloane ne s’excusait jamais. Elle ne s’excusait pas d’être à la bourre pour le café, elle ne s’excusait pas de renverser du vin sur le tapis, et elle ne s’excusait pas de l’avoir rendu infirme et de l’avoir privé de sept années de sa vie. Au final, tout cela réagissait à une logique implacable. Sloane était Sloane, dans toute sa dimension humaine et monstrueuse.

Il aurait voulu ouvrir la bouche, lui demander pourquoi, lui demander si elle avait fait exprès, si il était le prochain sur sa liste, si d’autres savaient pour lui. Mais de toutes façons, elle dirait rien, il en était intimement convaincu : il ne connaissait que trop bien la version lumineuse de la jeune femme pour ne pas deviner jusqu’où sa noirceur pourrait aller. Alors il préféra rester silencieux, soutenant son regard, la fixant se décomposer lentement aux rythmes des angoisses qu’il lui instillait, de la peur, du désespoir. Il n’avait eu aucun mal à trouver tout ça en Sloane, ça avait même été tellement facile qu’il se dit qu’elle n’avait probablement pas eu une vie bien heureuse, au final. Et il ne lui ferait pas la grâce d’une mort extraordinaire. Elle mourrait d’une balle dans le crâne, sans mise en scène grandiose, sans message peint avec son sang sur le mur, sans éclat de voix ni performance. Elle mourrait comme des centaines de gens meurent tous les jours. Par vengeance, rattrapés par leur passé.
Elle pouvait lui lancer tous les défis, toutes les moqueries du monde, il lisait dans les yeux de la chasseuse qu’elle savait. Elle savait que c’était la fin, qu’il ne reculerait pas, pas cette fois ci. Qu’il ne prendrait jamais le risque de la laisser partir, maintenant. Elle serait une menace pour lui, mais surtout pour sa femme, ses amis. Sa cause. Lui le professeur, le grand maladroit, le timide, le rêveur, le musicien, c’était lui qui tenait ce foutu pistolet entre ses doigts, et qui s’apprêtait à tirer. Il allait trahir ses idéaux pour une très ancienne promesse. Est-ce que ça le rendrait plus heureux ? En dormirait il mieux la nuit ? En tirerait il la moindre fierté ? Il n’en était même pas sûr et pour l’instant, ça ne comptait pas. Tout ce qui comptait, c’était qu’elle meure. Ses doigts débloquèrent la sécurité sur l’arme dans un « clic » qui lui parut monstrueusement bruyant dans le silence de la nuit, alors qu’il se pinçait les lèvres jusqu’à ce qu’elles disparaissent dans une minuscule ligne pâle. Ses pupilles n’étaient plus que deux têtes d’épingles, rétrécis par l’adrénaline. Il allait tirer. Il tirerait. Et s’en serait fini de Sloane St James.

Quand le coup partit, il n’y eut pas un bruit dans la ruelle, en dehors du petit bruissement mécanique de la douille tombant sur le sol : Seth avait bien préparé son coup, et l’arme était dotée d’un silencieux particulièrement efficace. Malachi n’eut pas le courage de viser la tête de Sloane, craignait que l’image ne le hante pendant des nuits entières. Aussi, il avait baissé légèrement le canon, et avait tiré dans la poitrine, à de multiples reprises. Il avait vidé son chargeur sans même s’en apercevoir. Sloane tomba en avant, le fixant dans sa chute, mais il se refusait à lui dire quoique ce soit. Ses lèvres étaient scellées, et seul son regard, dur, parlait : tu mourras seule, dans le silence de la nuit. Dans le froid. Comme j’ai cru mourir il y a sept ans, comme Evangeline a cru mourir il y a sept and. Il jeta l’arme sur le sol, et se retourna sans un autre regard sur la jeune femme, les poings profondément enfoncés dans les poches. Il tremblait. Il chevaucha sa moto sans atteindre, s’éloignant de la ruelle dans la nuit, la laissant là, sans aucune autre forme de procès. Cette nuit-là, Malachi Porter rentra chez lui sans croiser la moindre patrouille. Il rangea sa moto dans son garage, quitta ses chaussures de marche, se déshabilla pour retrouver la peau chaude de son épouse, qui dormait encore paisiblement. Il vint se blottir contre elle, calquant sa respiration sur la sienne, tellement calme. Il n’arriverait pas à dormir, pas tout de suite, mais son contact lui faisait du bien. Il ferma les yeux avec le sentiment que quelque chose d’important venait de se passer. Une page s’était tournée, il avait descendu l’un des grands méchants loups de son histoire. Et tant pis si ce dernier avait l’apparence de la plus gracieuse des biches …





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