Dhan avait été tout excité quand on lui avait proposé de partir en mission avec l’équipe d’intervention des uprisings. Il s’imaginait déjà sauver des gens, voir des mutants super puissants en actions dans des bagarres épileptiques contre des hunters bodybuildés, avec des explosions de partout façon film à gros budget, mais en moins dangereux pour a vie quand même. Alors oui forcément, quand on lui avait proposé de faire équipe avec Cassidy en plus – une mutante super badass avec qui il s’entendait bien en plus- , il avait du se retenir de sauter de joie comme un môme de trois ans devant le sapin de noel garni. Pourtant, on l’avait bien prévenu que cette mission serait délicate : il s’agissait d’une extraction, c’est-à-dire d’un sauvetage de mutant kidnappé par des hunters. Dhan ne connaissait pas la prisonnière, mais il savait que sa vie était en danger, qui dépendait probablement de la réussite de cette mission…. Sauf que voilà.

Tout était allé très vite : C’était bien simple, lui n’avait rien vu venir, et pourtant il était plutôt du genre réactif. Cassidy avait créé une ouverture dans la paroi métallique du hangar, enfin de la maison, enfin du bâtiment devant lequel ils se trouvaient. Pas facile de déterminer précisément dans le noir. Elle était passée en première, et lui sur ses talons, chacun une arme à la main bien qu’elle ne soit d’absolument aucune utilité dans celles de Dhan. Ils n’avaient pas fait plus d’une quinzaine de mètres qu’une alarme s’était mise à hurler immédiatement, et Dhan se demanda si ils n’avaient pas marché sur un piège, un rayon laser de protection ou dieu seul savait quoi. Toujours était il que Cassidy le poussa brutalement contre le mur, en lui hurlant d’aller se planquer quelque part. Trébuchant contre les étagères qui occupaient tout l’espace de la pièce, il se mit à raser les murs pour se planquer dans un coin, alors que la mutante partait dans le sens opposé pour trouver un endroit où se cacher aussi. Elle fut bien bien moins chanceuse que lui. Dhan entendit des cris, des détonations, des bruits de « PSSSSH » et de « FLOUUUUSH » distinctifs des pouvoirs de Cassidy, des « ARGH » et des « UGH » aussi. Et puis plus rien. Enfin si, des bruits de talkie walkie grésillant et des marmonnements provenant d’une voix masculine. Cela sentait la poudre, la sueur et l’adrénaline, avant que le pompier ne flaire un parfum qu’il pouvait reconnaitre entre mille avec son boulot. : l’odeur du sang. D’une grosse quantité de sang d’ailleurs, vu comme ça lui prenait le nez et la gorge. Il recula toujours, blanc comme un linge, enfin autant qu’il pouvait l’être au regard de sa carnation, alors qu’il rasait toujours les mur avant que le contact d’une poignée de porte dans son dos le fit sursauter, manquant de lui arracher un cri d’effroi. Sauf que c’était juste une bête poignée de porte. Il se sentait vraiment pas bien le petit. Il actionna cette dernière d’une main tremblante, son arme toujours au poing, ouvrant la porte le plus lentement et silencieusement possible, avant de la refermer brusquement derrière lui, priant pour ne pas se retrouver nez à nez avec une paire de chasseurs en colère. Bon, il était presque sur de les avoir vu partir dans une autre direction, mais chanceux comme il semblait l’être aujourd’hui …

Il s’approcha du centre de la pièce, où deux femmes attachées à des chaises se faisaient face. Il entendait la respiration sifflante de l’une d’elle, alors que l’autre se tenait parfaitement immobiles. Bon sang, c’était quoi ce délire de tarés encore… il avançait lentement, l’air mi paniqué, mi suspicieux, alors qu’il découvrait le visage des deux prisonnières. Dans le lot, la plus mal en point été la mutante qu’il devait libérer. Mais vu son état, il n’était même pas sur d’être capable de la sortir de là sans aggraver son  cas. De toute manière, les cordes semblaient entraver sa respiration, alors la première chose à faire, c’était de tout couper. Puis de libérer l’autre aussi, parce qu’elle était surement là  pour les mêmes raisons :

- Ok les filles, tonton Dhan va vous sortir de là… Hey mademoiselle je lance des regards noirs qui font peur, elle a été consciente à un moment donné ? * qu’il demande en entamant les lien de la mutante inconsciente* tu sais si elle respire ? Ce qu’ils lui ont fait ? On peut la transporter ou c’est chaud ?

En temps normal, il aurait demandé à l’autre tous les détails de ce qui leur était arrivé, histoire d’établir un diagnostic sérieux. Sauf que là, ils étaient quand même un peu chaud, niveau timing. Aussi, les liens de la mutante rompues, il s’était approché d’Ivory, son canif en main, se s’était penché au niveau de ses pieds pour se mettre à taillader la corde, son arme encore bien en vu dans la poche arrière de son pantalon. L’erreur de débutant classique quoi.

-dhan & ivory-

Their hunger never ends

C’était pas la joie, ni la grande forme. Seth allait péter les plomb et Charlie… Merde, Ivory espérait juste la revoir. Manquerait plus qu’elle pense qu’elle l’avait abandonné. Ce qui était vraiment préoccupant, là, tout de suite, c’était le fait qu’Ivo ne pouvait rien toucher et donc, elle ne pouvait pas muter même si elle n’était pas sûre de le pouvoir. Depuis elle ne savait pas quand, les hunters essayaient de savoir quel monstre elle était, mais vu qu’elle n’était pas très coopérative, ils l’avaient cognée et s’en étaient pris à l’autre fille, qu’elle ne connaissait pas. Ils croyaient peut-être qu’elle parlerait plus vite après. Sauf qu’ils y avaient été trop forts, beaucoup trop et vu que l’autre fille avait arrêté de répondre, Ivory s’était dit qu’elle s’était évanouie, un truc du genre puisqu’elle ne disait plus rien. Elle préférait cette version là à une autre moins optimiste. Cette bande de connards avaient dû frapper trop fort. Elle l’espérait en tout cas.
Quand tout était devenu bruyant, et bruyant d’une façon très déplaisante et qui n’annonçait rien de bon, Ivo n’était pas tout à fait bien. Elle avait pris quasiment autant de coups que l’autre fille et elle n’y était pas franchement habituée vu qu’elle mutait quand ça devenait risqué. Ils y avaient été forts et c’était parfois un peu dur pour elle de faire le point, sauf qu’Ivo étant Ivo et n’étant pas du genre à flipper à moins d’entendre le prénom de Roman le psycho ressortir dans une conversation, elle ne s’en faisait pas. Très paradoxalement, elle n’avait plus franchement peur de grand-chose et se stressait encore moins qu’avant. Sa seule crainte était qu’on ne la retrouve pas, si ça se passait mortellement mal. Elle ne voulait pas que Seth et Charlie se demandent ce qui lui était arrivé ou pense qu’elle les avait abandonnés. Elle les aimait trop pour ça.
De fait, quand un type entra pour leur balancer un truc un peu badin, elle n’était pas sûre de savoir si elle voulait lui mettre un pain ou l’embrasser. Disons qu’elle n’était pas vraiment d’humeur à lâcher des conneries, elle avait mal au crâne.

- « Ouais, elle respirait et j’en sais… » Ivory ne termina pas sa phrase et tenta de lui filer un coup, ce qui ne réussit pas vraiment. « Nan mais ça vous éclate de torturer les gens espèces de connards ! »

Il croyait quoi ? Qu’elle allait se mettre à parler parce qu’il se montrait sympa en essayant de la détacher pour pouvoir se faire descendre après ? Ces mecs étaient vraiment des tordus bordel. Manque de bol, le coup ayant foiré, la chaise bascula et elle avec. Se faire mal soi-même, une grande idée Ivoresque ça encore. C’était pas ça niveau coordination et encore moins depuis qu’elle avait pris un coup de trop sur la tête. Ça tournait un peu d’ailleurs. Histoire de se resituer, Ivo ferma les yeux. Il allait falloir qu’elle bosse encore plus sa mutation, il fallait absolument qu’elle n’ait pas besoin de toucher les objets avec ses doigts pour être en sécurité. Si ça pouvait arriver dans cette ville bien sûr.

Dhan savait qu’il fallait qu’il se magne s’il voulait revoir sa femme un jour. Vivant hein, s’entend, et pas enfermer dans un sac poubelle dans une morgue. Il savait qu’il n’était pas le plus fort, certainement pas le plus rapide, alors pour sauver sa peau il n’avait plus que l’effet de surprise et la chance, grand max. Alors il priait très fort pour que son karma soit suffisamment boosté pour réussir à se sortir de ce mauvais pas. Et encore, c’était hyper poli comme description de cette situation. Il s’escrimait donc à défaire les liens de la première mutant, malgré ses doigts rendu malhabiles par le stress et la pression, alors qu’il abandonnait l’idée de prendre son pouls, le sien battant tellement fort dans ses temps qu’il ne pourrait rien écouter du tout. Une fois qu’il eut libéré la jeune femme encore totalement inconsciente, il la souleva sous les bras pour l’étaler sur le sol, en PLS, avant de s’approcher de l’autre jeune femme. Elle n’avait pas l’air mieux lotie que l’autre, mais au moins, elle était consciente, et c’était toujours ça de pris. Il était en train d’essayer de dénouer les cordes qui entravaient ses pieds quand elle fit tanguer sa chaise, manquant de lui mettre un coup de pied dans le menton qu’il n’évita qu’au tout dernier moment.

- Non mais oh ça va pas la tête non mais didont Dindon ? gardez vos coups de tatannes pour les méchants hein, y en a assez pour occuper vos deux pieds…

Oui bon, il avait eu des répliques plus inspirées que celle là, mais il était dans un tel état de stress que son cerveau ne semblait pas fonctionner correctement. Il ne prit même pas le temps de se satisfaire bassement de la gamelle que la brune venait de se prendre, profitant plutôt de son immobilisation pour venir chercher les nœuds de la corde dans le dos de cette dernière, libérant ainsi ses liens tout en grommelant :

- Moi pas ennemi, moi pas chasseur, moi sensé vous libérer avec super pote mutante qui vient de se faire dézinguer y a cinq minutes… Alors on est cool, on dit merci et surtout on se triture les méninges pour trouver une stratégie pour qu’on sorte d’ici vivants, tous, et en un seul morceau si c’est possible …

Ce qu’il espérait surtout, c’était que la brune puisse marcher toute seule comme une grande. Parce que s’il se sentait de porter la minuscule blonde évanouie à coté d’eux, il n’était pas tout à fait sur d’être capable de faire de même avec Ivory, dont il ne connaissait pas le nom d’ailleurs… Peut être que quelques mots d’introduction s’imposaient, si on y réfléchissait bien :

- Je, euh… Désolé, je voulais pas te crier dessus, le stress tout ça… Je d’appelle mhan… fin je m’appelle Dhan, je suis d’uprising, sensé juste faire le back up de cette mission de libération… Mais comme j’ai plus personne a back uper, va falloir qu’on se débrouille tout seuls …

-dhan & ivory-

Their hunger never ends

La première chose qui vint à l’esprit d’Ivory quand elle l’entendit faire un espèce de jeu de mot à la con, c’est vouloir lui en coller une, indépendamment du fait qu’elle ne savait foutrement pas qui c’était et s’il était de son côté. C’était franchement pas le genre de truc à faire dans une situation pareille. Là, tout de suite, elle n’avait aucun humour, elle voulait juste se casser très, très, très loin.

- « Sans déconner ? Et comment j’suis sûre que vous en faites pas partie, des méchants ? »

Honnêtement, elle s’en doutait qu’il n’en faisait pas partie. Elle imaginait mal un hunter lâcher ce genre de phrase à la con au milieu d’un merdier pareil. À moins qu’il ait pris une sacrée dose de colle dans le nez et elle avait un gros doute. N’empêche, la situation ne se prêtait à rien en ce moment, rien de joyeux en tout cas.

- « Super la cavalerie… On est mal. » Si c’était vrai, encore une fois.

La première chose qu’Ivo fit, c’est se protéger en s’éloignant directement. Maintenant qu’elle pouvait enfin toucher quelque chose d’assez solide pour éviter d’y passer tout de suite, elle n’allait pas se gêner. Elle récupéra les breloques qu’on lui avait prise et les remis et sans plus attendre, assimila la matière de son bracelet. Ça ne serait pas aussi bien que l’acier mais…
Dès qu’il se remit à parler pour s’excuser, elle sentait le fer faire son petit bonhomme de chemin. C’était lent, trop lent à son goût, mais ça n’avait rien de surprenant vu qu’elle n’était pas en pleine forme.

- « Et moi désolé d’avoir… bref. Si tu pouvais attendre un petit peu que j’ai fini, on pourra mettre les voiles. »

Sa mutation prenait son temps et ça la faisait prodigieusement chier. D’habitude, son déclencheur marchait très bien, mais faut croire qu’elle avait pris un peu trop de coup pour que ça se passe bien. Le fer n’en était qu’à ses épaules, ça aurait déjà dû être presque terminé.

- « D’ici une minute… » C’était long une putain de minute. Trop long. « J’m’appelle Ivory. » Il n’empêchait qu’elle risquait malgré elle de l’appeler Mhan. C’était à la fois si con et facile que Dhan lui paraissait difficile à prononcer maintenant. « J’dois savoir quelque chose en plus ? »

Tant qu’à faire, si c’était la merde à ce point, autant savoir à quoi ça ressemblait là dehors. Sa question posée, elle ferma les yeux, tenter d’essayer de booster la manœuvre, de se calmer. Elle pensa à Charlie qui lui ferait sans doute bouger son cul, à la fois agacée et inquiète, mais qui ne la laisserait pas rager en criant que ça n’avançait pas. Et ça marchait, ça allait un peu plus vite. De soulagement, Ivo soupira.

- « Presque fini. On va pouvoir y aller. »

L’ennui dans l’affaire, c’était qu’elle tenait debout déjà un peu par hasard et qu’il allait falloir se traîner quelqu’un d’autre. L’espace d’un instant, elle se dit qu’elle devenait égoïste, atrocement égoïste pour ne pas s’inquiéter plus que ça pour quelqu’un d’autre qui risquait sa vie. Il avait fallu le temps, mais cette ville était vraiment en train de la changer… encore une fois.

Il faisait de son mieux Dhan, vraiment il faisait de son mieux, mais il n’avait vraiment, vraiment pas signé pour ça. Il était censé juste faire le secouriste planqué derrière sa super co équipière et mettre des pansements sur des bobos et faire des bisous magiques – et encore, que sur les joues et les parties non intimes des anatomies-, pas jouer les super héros de l’extrême. En plus, la nana qui venait de manquer de lui mettre une beigne n’avait pas une tronche de side kick. Elle avait plutôt l’air soit d’une super méchante, soit de l’anti héroine badass qui sauve le gentil juste parce qu’il lui fait pitié. En même temps, il voulait bien faire pitié si ça permettait qu’on lui vienne en aide :

- Bah ouais sans déconner ! bah tu es sure déjà parce que je viens de te détacher, et ensuite parce que je te demande comment on fait pour sortir de là sans que ce soit dans un cercueil ?

La tension était palpable, mais il ne pouvait même pas contredire quand elle ironisait sur la qualité des secours… ils avaient clairement plus de gueule quand son binome était encore là, mais maintenant il n’y avait que lui, alors il faudrait faire avec, zut de flute. Il laissa la jeune femme se mettre à distance respectable, une réaction qu’il trouvait relativement logique dans une situation totalement dingue, avant de s’excuser, alors qu’elle semblait se concentrer sur un truc. Est-ce qu’elle était en train de faire un machin trop cool de mutant ? Ne sachant pas si c’était un peu intime ou pas, il se détourna un peu pour vérifier les constantes de l’autre mutante encore inconsciente : son pouls était faible mais lui semblait constant. Avec une infinie précaution, il palpa les cotes de la jeune femme pour vérifier qu’elle n’avait rien de cassé, ou en tout cas pas qui soit potentiellement dangereusement orientées en direction de ses organes vitaux si il devait la porter. A priori, il ne sentait rien d’effrayant, mais il lui faudrait faire excessivement attention.

- OKAY ! mais euh, je dois attendre que quoi soit fi- … Oh. Trop. Stylé.

Il ne s’en lassait pas. Sérieusement, il ne se lassait pas de voir les mutants à l’ouvrage, et il fallait dire que la mutation d’Ivory avait quelque chose de spectaculaire, alors il la fixait comme un gamin devant un feu d’artifice surprise : voir le métal recouvrir progressivement sa peau d’un reflet argenté avait quelque chose de … Magique. Il resta immobile à coté de la blessée, les yeux brillant d’émerveillement en fixant la jeune femme qui se présentait enfin. Ivory, c’était joli ça comme nom.

- Salut Ivory, enchanté. Enfin, j’aurai été encore plus enchanté dans d’autres circonstances mais bon, on fait avec ce qu’on a, n’est ce pas ? … Du coup, euh … J’ai entendu trois voix, mais je suis pas sur qu’ils soient si peu nombreux. En revanche la bonne nouvelle, c’est qu’on a une voiture qui nous attend à, allez, deux cents mètres de la sortie de l’entrepot, et j’ai la clé dans ma poche. Si on arrive déjà à sortir, hum, je pense que je pourrais jusqu’à l’hopital en 5 minute maxi, j’ai la sirène dans la voiture… Mais bon du coup, faut réussir à sortir quoi …

Il hocha la tête doucement, avant de passer ses bras de part et d’autre du corps de la seconde mutante toujours inconsciente. Il avait l’habitude de porter des gens, mais les personnes évanouies étaient toujours plus lourdes que les autres. Il poussa un grognement, puis avança vers Ivory :

- …Je peux courir. Mais je pourrais rien faire d’autres, a part éventuellement hurler comme une fillette et me faire dessus. Désolé.