Sujet: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Dim 19 Juin 2016 - 19:38
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Aspen vérifia sa coiffure dans le miroir de l’entrée, prit ses clés et enfila ses chaussures pour partir. Elle avait laissé une petite note à Elspeth pour lui dire qu’elle était sortie, qu’elle ne rentrerait probablement pas tard mais qu’au cas où, elle avait son portable sur elle, comme toujours. Elle avait pris un paquet de gros dragibus dans un placard – elle avait toujours, toujours des sucreries chez elle, surtout ces derniers temps-, et l’avait fourré dans son sac avant de fermer la porte derrière elle. Il faisait encore bon en ce mois de septembre, l’été ne semblait pas encore décidé à céder sa place à l’automne, et Aspen n’allait pas s’en plaindre : elle n’avait pas eu franchement le temps de profiter du mois d’aout pour parader en robes et jupes légères, alors elle n’était pas pressée de les troquer contre des pantalons et des pulls plus épais. Elle hésita à prendre la voiture, puis se décida à faire le trajet à pied. Elle n’était d’habitude pas du genre flemmarde, et le parc n’était qu’à une dizaine de minutes à bon pas, alors prendre l’air lui ferait surement du bien. Elle ne se pressa pas pour rejoindre le parc, consciente d’abord qu’elle serait de toute façon en avance, mais aussi parce qu’en réalité, elle ne sortait pas beaucoup depuis qu’elle avait quitté l’hopital : elle ne chassait plus, ça c’était une certitude, mais surtout, elle n’avait pas vraiment le gout d faire des folies. Le soir, elle se sentait mieux à rester dans son nouveau salon à discuter avec Elspeth ou regarder des films, voire de continuer à bosser une fois à la maison, pour rattraper le retard qu’elle avait pris sur ses différents projets au boulot. Elle travaillait surement trop, mais de toute façon, elle n’avait pas l’impression d’avoir grand-chose de faire d mieux en ce moment, alors …
Arrivée devant les grilles du parc, elle s’adossa au dossier d’un banc, vérifiant sur son téléphone qu’elle n’avait pas de nouvelles de Marius et d’un potentiel contre temps : A priori, non, il serait donc probablement presque à l’heure. Elle envoya quelques messages à son frère et sa sœur pour passer le temps – et parce qu’ils se montraient particulièrement protecteurs à son sujet depuis son agression-, avant de balayer son environnement du regard : ce parc, elle y avait passé des heures, peut être même des mois si on mettait bout à bout tous les après midis affalée sur l’herbe avec ses amis, ou trottinant autour du petit plan d’eau aux aurores, avant d’aller travailler. Ce parc, elle le connaissait mieux qu’elle ne se connaissait elle-même, le moindre recoin, la moindre cachette pour les gamins, le moindre buisson, le moindre essaim dans un arbre. Ça lui faisait bizarre de s’imaginer que, dans quelques mois, un nouveau parc allait sortir de terre, à quelques pâtés de maison de là, et qui celui-ci, ce serait elle qui le bâtirait de toute pièce. C’était un sacré challenge quand on y réfléchissait bien, parce que tous ses plans allaient devenir un vrai lieu de rencontre et de jeux pour une nouvelle génération. Elle y pensait depuis plusieurs mois d’ailleurs, et elle avait réfléchi justement à faire de ce parc un lieu pour tout le monde, les jeunes, les vieux, les familles et les sportifs. C’était une sacrée pression, mais au moins quand elle plongeait le nez dedans, elle ne pensait plus à rien d’autre. Et ça, ça n’avait pas de prix ces derniers temps. Elle venait d’appuyer sur la touche « Envoyer » à destination de Lorcan quand le bruit des roulettes d’une poussette se fit entendre derrière elle : Marius, un peu pâle mais souriant, qui poussait devant lui un adorable landau contenant une petite demoiselle encore plus adorable encore. Aspen n’était pas du genre à s’émerveiller devant les bébés, mais elle ne pouvait pas nier que la petite de Marius et Astrid était particulièrement craquante. Elle offrit un sourire éclatant à son meilleur ami, venant le prendre dans ses bras sans retenue, avant de l’embrasser sur les deux joues :
- … Je suis vraiment contente que tu sois là.
Parce qu’il avait beau ne pas lui avoir donné beaucoup de nouvelles depuis son … problème, voir pas du tout, il avait beau avoir refusé fermement qu’elle vienne le voir à l’hôpital, elle était quand même contente de le voir. Quand on avait un ami aussi fidèle que Marius, on ne pouvait pas se payer le luxe de se montrer susceptible. Aspen en tout cas ne l’avait pas, et elle n’était de toute façon pas du genre ….
Marius Caesar
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Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Lun 27 Juin 2016 - 23:08
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Aspen & Marius
S’il me répète encore une fois la liste des choses que je peux et ne peux pas faire, je sens qu’il va devoir rajouter mettre un poing dans la gueule du médecin dans la deuxième liste. Parce que sinon, je vais lui donner mes phalanges à bouffer, et il m’en dira des nouvelles. Et prendra rendez-vous chez le dentiste aussi. Debout, adossé au mur, les bras croisés, je suis insolence pure avec un magnifique regard de petit merdeux. Un peu plus d’une semaine que je suis réveillé, un peu plus d’une semaine que mon état reste préoccupant et mon cœur sous surveillance constante. Mais au moins, j’ai arrêté de faire des chutes de tension, j’ai arrêté de m’évanouir et j’arrive même à faire des allers-retours dans les couloirs sans me retrouver aussi essoufflé qu’après un match de hand ce qui est en soi un exploit lorsqu’on regarde le bordel monstre autour de mon lit. A croire qu’ils ont peur que mon cœur se décide à faire grève dans mon sommeil, trololo. Dans tous les cas, j’attends qu’il termine de réexpliquer qu’il faut absolument que je me ménage, que j’évite de forcer, que je ne prenne pas les escaliers, que je ne courre pas, que je… mon soupir exaspéré et mes yeux levés au ciel interrompent brutalement son monologue. « Vous ne m’écoutez plus. » Sans-Blague. Ce mec devrait postuler pour jouer Captain Obvious dans le prochain X-Men, il défoncerait tout au box office. Je ne prends même pas la peine de lui répondre, j’estime que mon regard appuyé vers ma montre veut tout dire. Aspen m’a donné rendez-vous dans vingt minutes au parc. En temps normal, il me faudrait genre cinq minutes en courant pour y aller, là, j’en ai pour bien un quart d’heure. Donc je vais avoir du retard. Je suis un fucking génie des maths. Et l’infirmier pourrait quand même me laisser passer, ce serait adorable, merci.
Une poignée de minutes, il me libère et l’ascenseur me recrache dans le hall où m’attendent Astrid et Ada. Quatre ou cinq mots jetés avec une tension palpable, Astrid me laisse pour aller à son rendez-vous, je souris à ma fille qui dort et quitte l’hôpital, non sans un regard à ma montre et au deuxième bracelet qui mesure en temps réel mon rythme cardiaque. Bon. J’ai dix minutes devant moins maintenant. Ça va le faire. En pressant un peu le pas. Et en enfreignant six des quinze règles énoncées et ré-énoncées par l’infirmier. Ça lui fera les pieds, tiens : une fois dans la rue, j’accélère le pas, savourant le simple fait de respirer de l’air frais, de faire jouer mes muscles autrement, avec cette envie de courir qui ne tarde pas à fourmiller dans mes jambes. Mais non, pas de footing avant un bail, avant au moins un mois, pas de jogging, pas d’entraînement, je suis un père raisonnable qui promène sa fille calmement et sans se presser. Ou presque. Je ralentis à l’approche du parc pour prendre ma respiration, essuyer avec mon tee-shirt mon front couvert de sueur et attendre que mon rythme cardiaque diminue un peu. Je suis en train de boire une gorgée d’eau lorsque je repère les cheveux flamboyants d’Aspen, inimitables, irremplaçables et un large sourire prend de lui-même ses aises sur mes lèvres. Je pousse le landau jusqu’à elle, ne le lâche que pour la prendre dans mes bras et lui rendre ses bises dans un sourire coquin. - … Je suis vraiment contente que tu sois là. Ah ouais ? « T’imagines même à quel point c’est réciproque. » Depuis quand est-ce que je ne l’ai pas vue, au juste ? Depuis son réveil à l’hôpital, ou depuis la naissance d’Ada. Oui, ça doit être ça, depuis la naissance de la petite, plus ou moins trois semaines plus tôt. « Tu as l’air en meilleure forme, c’est chouette. » Tout en parlant, je fronce les sourcils en essayant d’ajuster la capote du landau – si on m’avait dit un jour que je galèrerai à mettre une capote, hein… - pour préserver ma petite blondinette du soleil. « Tu as repris le boulot ? Tu fais quoi de beau ? Tu vas bien ? » Mes questions s’enchaînent pour rattraper le temps perdu. Elle m’a manqué, un truc de fou. Et entre la discussion avec mon père et les emmerdes qui lui tombent dessus, entre les bilans cardiaques qu’on m’oblige à faire et les réserves éloquentes du personnel soignant quant à mon autonomie, ça me fait juste tellement du bien de souffler un peu que je n’ai pas du tout l’intention de me taire avant de ne plus avoir du tout de souffle. « Tu as vu, elle a bien grandi. Je ne l’ai pas vue beaucoup, avec… bref, ces dernières semaines, mais je trouve qu’elle a changé de ouf, et qu’en plus, elle me ressemble. Bon, Astrid maintient qu’elle a mon nez mais j’arrive juste trop pas à voir ce qu’ils ont de spécial, nos nez, à Ada et moi. » Je m’arrête un instant de parler pour reprendre ma respiration. Ça me fait suer d’avoir un cardio aussi lamentable. Un rien m’épuise, un rien m’essouffle.
Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Jeu 30 Juin 2016 - 18:21
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Entre Aspen et Marius, il y avait quelque chose qui relevait presque du lien filial, une amitié en mieux. Contre toutes les statistiques qui prédisaient une bonne vieille haine en ex amants, ils étaient devenus inséparables, soutien mutuel et inébranlable dans leurs conneries respectives. Enfin, dans les conneries de Marius, et les caprices de la rousse, qu’il avait pu supporter avec une patience proverbiale parfois. Et pourtant Patience et Marius dans la même phrase…
- Evidemment que c’est réciproque, c’est quand même toi qui m’a invité !
Elle balança ses cheveux derrière son épaule dans un geste typiquement aspénien, avant de faire un petit tour sur elle-même comme pour faire profiter à Marius de la vue exceptionnelle de sa personne remise d’aplomb :
- Je pète le feu ou presque ! au moins si y en a un qui doit se barrer en courant avec la petite dans les bras, je serais là pour faire de boulot.
Elle le taquinait bien sur, mais si il y avait bien un indicateur de la bonne humeur de la jeune femme, c’était bien sa capacité à titiller ses interlocuteurs et, aujourd’hui, l’invitation de Marius avait illuminé sa journée. Elle en avait mis de coté le projet sur lequel elle bossait à la maison, considérant qu’il lui était bien plus important de voir le Caesar et son adorable progéniture que de calculer la quantité exacte de sable dont elle avait besoin pour ce fichu ponton en béton. Elle laissa Marius galérer avec le landau avec un petit sourire amusé, cherchant à voir la petite Ada à travers le tissu : elle ne l’avait vu qu’une fois quand elle était allée visiter Astrid à l’hôpital, et elle était tombée instantanément amoureuse de la magnifique petite fille avec ses immenses yeux et sa peau de lait. Elle avait du se retenir de la couvrir de bisous à l’hopital, elle était un peu trop jeune pour se faire trop bisouiller pas des gens venant de l’extérieur, mais cette après midi… Elle ne se gênerait pas. Elle se pencha un peu pour la voir mieux, tout en répondant tranquillement au papa précautionneux :
- J’ai repris le boulot oui, mais je bosse un peu en télétravail. Les bureaux sont en travaux, alors faire mes rapports avec les peintres et le plombier qui papotent, c’est proprement insupportable. Et puis, j’ai déménagé, tu sais ? Du coup j’ai une plus grande chambre avec un immense bureau, c’est plus confortable de travailler de là bas. Je fais ce que je sais faire le mieux, j’architecturise, et OUI, je vais bien, aussi bien qu’on peut aller quand on passe de momie à gazelle en trois semaines. Et toi alors ? Tu es en sueur, tu veux un mouchoir, un peu d’eau ?
Là, elle ne plaisantait plus, et c’était avec un air attentionné qu’elle avait tendu une bouteille d’eau minérale à Marius. Hors de question qu’il lui claque entre les doigts maintenant, non mais. Elle le laissa reprendre son souffle, retenant au fond de sa gorge toutes les questions qu’elle pouvait avoir concernant son état de santé : elle savait ce que c’était, de voir tout son entourage vous poser mille fois la même question, alors elle préférait épargner cette tanasse à Marius. D’ailleurs, c’était surement pour ça qu’il l’avait appelé elle, parce qu’elle savait, et qu’elle ne lui prendrait pas la tête avec ce genre de considérations bassement … Vitales ? Un peu de futilité, que diable !
- C’est dingue comme elle a grandi oui, elle est toute mignonne et toute rose ! J’ai l’impression que c’est un autre bébé tellement elle a l’air éveillée !
Si elle restait aussi craquante en grandissant, c’était son papa qui aurait du souci à se faire. Elle observa le minois du bébé, puis celui de son meilleur ami, cherchant à déceler la ressemblance entre ces deux là, avant de sourire à nouveau, l’air taquine encore :
- Mouais … Non, désolée, je trouve que son nez est bien, bien plus beau que le tien tout cassé par les ballons que tu as pris dans la tronche. Vous jouez pas dans la même cour tous les deux, clairement.
Elle s’arrêta un instant de marcher pour laisser à Marius le temps de reprendre son souffle, plissant à son tour son petit nez retroussé. Ça faisait bizarre de voir Marius aussi … Diminué, même s’il faisait tant d’efforts pour ne pas le montrer. Elle lui ferait le cadeau de ne pas lui faire la remarque, mais tout de même, c’était inquiétant… Il avait intérêt à se reposer et à suivre son traitement à la lettre, parce qu’elle comptait bien le trainer au prochain de marathon de New York pour fêter son rétablissement.
Marius Caesar
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Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Mer 6 Juil 2016 - 23:52
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Aspen & Marius
La plupart de mes exs me détestent. Je crois. Je n’en suis pas très sûr parce que je n’ai vraiment pas songé à faire des stats et que j’ai vraiment la flemme de toutes les recontacter pour avoir leur avis sur la chose et noter scrupuleusement toutes leurs réponses. D’autant plus que, honnêtement, à partir de quand on peut dire que la personne est une ex ? Une nuit ? Deux ? Une semaine à se tenir main dans la main ? Un baiser volé dans une soirée et l’autre qui se fait des idées, juste parce que je lui ai souri, que je l’ai embrassée et qu’on s’est affiché en public trois ou quatre fois ? La notion de couple me dépasse depuis tellement longtemps que faire une liste de mes exs est une tâche impossible. Et donc, pour le constat la plupart de mes exs me détestent, je suis obligé d’être approximatif. Et on s’en fiche complètement. Mais tout ce qui est important, dans le cas présent, c’est qu’Aspen est une exception en tout point. Déjà, elle est canon et pourtant j’ai mis quand même plusieurs années avant de la draguer. Ensuite, on est toujours ami malgré nos trois semaines en couple et le fait que j’aie réussi à la tromper trois fois dans l’intervalle. Enfin, et bien… elle est canon et pourtant je n’ai rien retenté avec elle depuis. Ou pas vraiment. Ou… et puis on s’en fiche, Aspen est une exception, au même titre que Moira, ce qui les rend toutes les deux exceptionnelles et resplendissantes et… Et putain que je suis heureux de la voir. - Evidemment que c’est réciproque, c’est quand même toi qui m’as invité ! J’éclate de rire comme je peux, avant de rétorquer au tac-au-tac un goguenard « J’aurais pu avoir juste pitié de toi… ou alors m’emmerder tellement que j’aurais pu appeler tout mon répertoire » visant plus à l’emmerder qu’autre chose. Avec un large sourire, je la vois tourner sur elle-même comme pour me prouver qu’elle est encore aussi belle et en un seul morceau. - Je pète le feu ou presque ! Au moins si y en a un qui doit se barrer en courant avec la petite dans les bras, je serais là pour faire de boulot. J’ouvre la bouche dans un « Hééé » digne d’un adolescent qui mue, juste pour protester. Pour la forme. Parce qu’en toute honnêteté, hein, si on devait courir un marathon, j’aurais plutôt le rôle de la carpette que du grec torse nu qui se jette dans les bras de ses admiratrices pour fêter sa victoire. Je la quitte du regard pour me concentrer sur mon loukoum qui fait fondre les gens au lieu de fondre lui-même, au fond de son landau. Du coin de l’œil, je vois Aspen qui essaye de voir Ada et délibérément, je me mets systématiquement entre elle et ma fille, juste pour l’emmerder. Comme ça. Gratuitement. Je suis comme ça, moi, chieur jusqu’au bout, et encore plus chieur lorsque je suis heureux. A croire qu’on fait une belle paire d’emmerdeurs, elle et moi, sur ce plan là. Et je continue à poser des questions, aussi, pour rattraper le temps perdu. Depuis quand est-ce qu’on ne s’est pas vu exactement ? Une éternité. Et on aurait très bien pu ne jamais se revoir. Je chasse cette pensée dérangeante, me calfeutrant derrière la conviction qu’elle ne saura jamais que mon hospitalisation cache une tentative de suicide. Je continue à poser des questions, pour parler, pour m’intéresser à sa vie, pour ne pas laisser de vide occuper mes méninges. Et elle me répond, avec diligence, m’arrachant tour à tour des sourires, un froncement de sourcil inquiet, un oh étonné et un nouvel éclat de rire lorsqu’elle réinsiste sur le fait que oui, elle va bien. Momie, gazelle, je trouve presque quelque chose à répondre lorsqu’elle me sabre mes pensées d’un Et toi alors ? Tu es en sueur, tu veux un mouchoir, un peu d’eau ? bien placé.
Et moi alors ? J’hausse les épaules… sans refuser la bouteille d’eau. Et en me redressant maintenant que ma petite princesse est bien à l’abri. « Juste un peu d’eau. » Mon tee-shirt me sert de mouchoir, dans la grâce et la délicatesse de sportif n’hésitant pas une seule seconde à dévoiler ses abdos qui persistent à rester finement dessiné malgré les cicatrices blanchies et mes passages à l’hôpital. On dira ce qu’on voudra, mon obstination à faire des pompes et des abdos tous les jours quoi qu’il arrive paie quand même. Mon front épongé, la bouteille vidée à moitié, je me réintéresse à ce qu’elle dit… sans avoir pour autant répondu à sa question. - C’est dingue comme elle a grandi oui, elle est toute mignonne et toute rose ! J’ai l’impression que c’est un autre bébé tellement elle a l’air éveillée ! Mouais … Non, désolée, je trouve que son nez est bien, bien plus beau que le tien tout cassé par les ballons que tu as pris dans la tronche. Vous jouez pas dans la même cour tous les deux, clairement. J’en profite pour rire encore.
Bordel, je crois que ça va vraiment me faire les abdos, cette sortie avec Aspen, et que je n’aurai même pas à tromper la vigilance des infirmières pour faire ma séance de pompes ce soir. Mes doigts serrés sur la poussette pour ne surtout, surtout pas la lâcher, je prends le temps de regarder ma fille qui dort, comme si je la redécouvrais ; En soi, à chaque fois que je la vois, j’ai l’impression de la redécouvrir. Elle change à une vitesse phénoménale, peut être même encore plus vite que Sam si c’st possible. « Ah bah tu sais… la dernière fois que tu l’as vue, c’était un nourrisson, maintenant c’est un vrai bébé… ou presque, hein, parce que la petiote, elle refuse toujours de faire ses nuits, Maman m’a dit… » Je suis gaga, je l’admets sans réserve. Gaga de ma fille. Gaga de sa mère, aussi. Un peu. Je souffle, profitant de la pause qu’Aspen m’a laissé prendre sans même me demander. Sans même insister dessus. Ça, c’est une vraie amie. La meilleure. Une exception. « Et qu’est ce que tu racontes, il est très bien mon nez. » Clown jusqu’au bout, je lâche le landau pour tâter mon nez, comme pour vérifier qu’il est toujours à sa place. Avant d’effleurer le sien d’une pichenette pas méchante. « C’est un pic, c’est un cap, que dis-je c’est un cap, c’est une péninsule, mon nez » Je ne sais pas pourquoi j’ai cette citation française en tête mais… mais la voilà qui est placée dans la conversation et qui me donnerait presque l’air intelligent. Je regarde ma montre, consulte mon rythme cardiaque avec un pli soucieux, me force à me dérider en cherchant une excuse. « C’est cool, le soleil se couche encore tard, il est à peine… pas tard. » Excuse foireuse étant donné que je n’ai pas regardé l’heure. Je désigne du menton le landau. « Tu veux conduire ? T’as ton permis poussette ? L’important, c’est que la petite chose, à l’intérieur, ne s’enfuie pas. Et accessoirement que le soleil ne lui tombe pas trop dessus. » Je me décale, les mains venant présenter le landau comme si j’étais en train de faire du téléachat. « Tadaaa… tu vas voir, c’est facile. » De toute manière, j’ai décidé que je ne lui laissais pas le choix. J’avance, j’impose d’avancer dans un petit sourire en inspirant à fond. « C’est chouette que t’aies trouvé un nouvel appart, t’es en coloc ? » Je laisse traîner la prochaine question. A laquelle elle doit s’attendre. « C’est une fille, elle est jolie ? Elle aussi à de jolies jambes de gazelle et un boulot aussi classe qu’architecte ? » Je vais me faire frapper, je crois. Mais… mais en même temps, Aspen, tu devais t’y attendre, non ? Marius heureux, ça signifie Marius débile. Et Marius qui veut se changer les idées, ça veut dire Marius se cherche une copine. Et j’exagère à peine.
Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Ven 8 Juil 2016 - 16:27
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Quand elle avait raconté à ses anciennes amies de Fac qu’elle fréquentait toujours Marius en tant qu’ami, ces dernières avaient poussé des cris d’offrai, toutes en cœur : pour la plupart de ces filles, il paraissait juste impensable qu’elle soit restée en bons termes avec l’indélicat qui avait quand même été pris la main dans le sac trois fois, durant la courte période durant laquelle ils avaient été ensemble. Aspen secouait la tête à ces moments là, et partait dans un monologue pro Caesar qu’elle n’assumerait probablement pas de prononcer en sa présence, sous peine d’en entendre parler pendant des siècles par la suite : Bien sur que Marius était allé voir ailleurs quand ils étaient « ensemble », mais premièrement, ils avaient même pas vingt ans, et elle savait très bien ce dans quoi elle s’embarquait, à l’époque, et savait par avance ce qu’il risquait de se passer. Et puis durant cette période, et toute celle qui avait suivi, Marius n’avait pas juste été un petit copain. C’était un ami, un presque frère, une oreille attentive, une épaule réconfortante, et surtout une loyauté à toute épreuve. Alors il pouvait bien courir tous les jupons de la terre, elle ne lui en tiendrait pas rigueur : il était bien meilleur ami que partenaire de vie, et elle ne le changerait pour rien au monde. Aussi, elle lui infligea un vigoureux coup de coude dans les côtes, un petit sourire aux lèvres :
- Mouais, même si c’était le cas, je dois être la première dans ton répertoire, à moins que tu ais une Alice ou un Amandine qui passe avant Aspen … Mais j’y crois même pas.
Elle lui tend une bouteille d’eau pour qu’il puisse se désaltérer, et surtout reprendre son souffle : elle ne savait pas si il était au courant ou non, mais elle avait demandé des nouvelles du Caesar à son propre médecin à l’hopital, pendant l’une de ses visites de contrôle. Et elle était sacrément persuasive, la Wol », quand elle le voulait, et elle avait appris à peu près tout ce qu’elle voulait savoir. Ce n’était pas forcément foncièrement rassurant, mais elle préférait l’entendre par le corps médical plutôt que de la bouche légèrement mythomane de Marius. Et puis ne pas trop l’embêter avec ça, et orienter la conversation vers des sujets plus légers, et plus particulièrement vers l’adorable petit bout de chou qui les accompagnait aujourd’hui. Les petits commentaires totalement gateux de Marius étaient la confirmation que c’était le meilleur sujet à aborder avec lui a ce moment là. Elle roula des yeux en l’écoutant déclamer Edmond Rostand, dans la version originale. Elle ne bafouillait que quelques mots de français, mais elle avait bien saisi la référence malgré tout.
- Non mais quel Cyrano en toc… Et puis te connaissant, tu dois être un peu Christian aussi sur le bord, monsieur le joli cœur.
Le regard d’Aspen s’illumina un peu quand Marius lui proposa de conduire un peu le landau de la petite, alors que ses joues se coloraient tout autant : elle n’avait pas encore beaucoup d’amis jeunes parents, en dehors de Marius, bien sur, et elle était l’une des petites dernières de sa famille. Les bébés, elle n’était pas encore très rôdée, mais Ada était tellement mignonne que le fait de pouvoir la contempler de plus près tout en la baladant était terriblement séduisante. Au moment d’attraper le guidon, Aspen se rendit soudain compte de tout le potentiel de ragot qu’elle encourait à se promener ici avec Marius et la petite : elle avait été hospitalisée il y avait un peu moins d’un mois, elle était restée cloitrée chez elle depuis lors, et maintenant qu’elle repointait son nez dehors, c’était avec une poussette et un grand blond à ses cotés…. Clairement, il y avait de quoi lancer les rumeurs les plus folles. Oups. Roh et puis Zut, ce n’était pas la mort non plus, elle survivrait bien si les langues se faisaient trop pendues encore cette fois.
- En effet c’est facile. En même temps t’y arrives sans rien faire tomber, c’était que ça devait pas être sorcier !
Elle gloussa devant l’air outré de son ami à cette remarque, avant de lâcher un petit couinement attendri en voyant la petite se retourner dans son berceau et prendre une posture absolument adorable en se rendormant. Elle s’enfonça dans la partie un peu plus ombragée du parc, avant de répondre à la rafale de questions de Marius :
- Alors je ne suis plus en appart, on a pris une petite maison dans un lotissement à coté du centre, genre à dix minutes à pied du parc et du boulot, donc c’est plutôt cool. On a un jardin, un barbecue, juste une vieille voisine mais elle est gentille et plutôt marrante donc ça va, ahah… Et ma colloc s’appelle Elspeth, elle est très jolie parce que je ne m’entoure que de gens beaux, et si tu l’approches je fais en sorte que plus jamais on ose dire que ta fille à ton nez, si tu vois ce que je veux dire … Et personne n’a un boulot aussi classe que le mien, même un cascadeur de l’extrême, non mais.
Jetant un coup d’œil discret à Marius qui palissait à vue d’œil malgré leur rythme tranquille, la rouquine décida de garer la poussette devant un banc sous un grand arbre, juste à coté du petit plan d’eau du parc où s’ébattaient joyeusement quelques canetons, surveillés par leur mère. Elle observa Ada un moment, avant de tourner la tête vers l’heureux papa :
- Dis, on ne devrait pas la faire boire, vu la chaleur ? Tu .. .Tu crois que je peux la prendre et la faire boire ?
Elle avait pris une voix soudain bien timide et mijaurée pour appartenir vraiment à la Wolstenholme. Mais en même temps, elle ne l’avais jamais fait, alors elle pouvait comprendre que Marius refuse …
Marius Caesar
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Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Dim 17 Juil 2016 - 22:24
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Aspen & Marius
Je la charrie. Gratuitement. Vraiment. Mais toujours avec le sourire, jamais avec méchanceté, juste pour lui faire comprendre que je suis bien content de la revoir. De sortir de l’hôpital, de me sortir des regards accusateurs et inquiets de mon père, de ne plus penser à Astrid. Presque. Presque. Son coup de coude m’arrache un exagéré glapissement. - Mouais, même si c’était le cas, je dois être la première dans ton répertoire, à moins que tu ais une Alice ou un Amandine qui passe avant Aspen… Mais j’y crois même pas. J’éclate de rire, avant d’accepter la bouteille d’eau qu’elle me tend. « Tu n’imagines même pas le nombre de prénoms féminins qu’il y a dans mon répertoire » Je lui rends son coup de coude, tout en buvant quelques gorgées en tentant de reprendre mon souffle. Et en l’écoutant me répéter à quel point ma fille est bien réussie. Normal qu’elle soit magnifique, oh, c’est ma fille et c’est surtout celle d’Astrid, comment est ce qu’on peut seulement envisager qu’elle puisse être moche, hein ? Je suis gaga de ma fille, complètement gaga et je ne m’en cache pas. Au moins, ça, je l’assume. Et je l’assume même carrément. Oh que oui, qu’elle a grandi, oh que oui, qu’elle est belle. Et si elle ne fait pas encore ses nuits, et bien c’est normal lorsqu’on est un bébé de moins d’un mois. Nos pas tranquilles nous emmènent dans le parc, je joue, je fais le pitre en tâtant mon nez qui est décidément voué à être au cœur de toutes les discussions lorsqu’on parle des ressemblances entre Ada et moi. J’arrache de ma mémoire une citation française, jusque parce que ça m’éclate, je ralentis le pas au même rythme qu’Aspen, gardant à l’esprit que ces pulsations dans ma poitrine sont bien trop faibles pour que je leur en demande plus que cette innocente promenade dans un parc. - Non mais quel Cyrano en toc… Et puis te connaissant, tu dois être un peu Christian aussi sur le bord, monsieur le joli cœur. J’éclate de rire, encore. Toujours. En levant les yeux au ciel. « Je proteste, je n’ai rien d’un Christian Grey, moi, non mais oh ! » Je lui tire la langue, sans aucun complexe quant au fait de ne pas savoir de quel Christian elle parle, pour juste vaguement – il serait con de croire que j’aie réellement lu Cyrano lorsqu’on me l’a demandé.
Je prends le temps de souffler, encore, et j’en profite pour lui confier le landau. Sans la moindre appréhension. C’est dans des moments comme ça que je me rends compte que j’ai une confiance pleine et entière en Aspen. Mes enfants, j’en suis gaga mais je suis surtout extrêmement protecteur, plus encore qu’avec Martial ce que je ne pensais pas possible. Je ne lui laisse pas le choix, croisant de toute manière le sourire dans les yeux d’une de mes rousses préférées. - En effet c’est facile. En même temps t’y arrives sans rien faire tomber, c’était que ça devait pas être sorcier ! « Héééé ! » Je fais mine de bouder mais n’y parviens pas plus d’une fraction de secondes, me déridant instantanément au couinement attendri d’Aspen. Pour mieux lâcher une flopée de questions et faire la conversation. Son appart, sa coloc, son boulot, que de choses qui ne devraient pas m’intéresser mais qui ont le mérite d’attirer mon attention. - Alors je ne suis plus en appart, on a pris une petite maison dans un lotissement à coté du centre, genre à dix minutes à pied du parc et du boulot, donc c’est plutôt cool. On a un jardin, un barbecue, juste une vieille voisine mais elle est gentille et plutôt marrante donc ça va, ahah… Je souris en secouant la tête. Une vieille voisine, ce n’est pas ce qui m’intéresse, ma chère Aspen, tu le sais bien, et… « Et ma colloc s’appelle Elspeth,… » Je grimace instantanément à ce prénom. « … elle est très jolie parce que je ne m’entoure que de gens beaux, et si tu l’approches je fais en sorte que plus jamais on ose dire que ta fille à ton nez, si tu vois ce que je veux dire … Et personne n’a un boulot aussi classe que le mien, même un cascadeur de l’extrême, non mais. Je lui tire la langue en réponse, déjà, dans cette attitude très mature qui est constamment la mienne. Avant de répondre de manière un peu plus… complète. « Espeth, c’est pas celle que tu m’avais présentée y’a un an et demi, deux ans ? Merde, je suis déjà sorti avec elle, j’suis grillé sur ce plan là, ça craint… t’es nulle, tu peux pas renouveler tes amis parfois, toi ? » Je fais semblant de bouder, encore, mais si d’habitude je suis capable de tenir au moins cinq minutes, j’ai du mal aujourd’hui. Parce qu’il y a les paramètres cœur et fatigue qui entrent en jeu et que je n’arrive pas à ignorer. Ma respiration reprise, je lâche la dernière question qui a été laissée de côté pendant que je respirais. « Elle va bien ? »
Un banc, un peu d’ombre, Aspen nous guide, sûre d’elle, vers un endroit où se poser. Elle est adorable, putain, pourquoi est ce qu’on a rompu déjà ? Parce que c’est l’une de mes meilleures amies, peut être, et que chercher à aller plus loin, ce n’est clairement pas une bonne idée. Et aussi, peut être, parce que je suis un sale con qui ne comprend pas le principe de l’exclusivité et de la fidélité. Ouais, peut être. Et aussi… je me passe une main dans les cheveux, récupérant le landau que je fais rouler jusque devant moi, pour avoir la tête de ma fille juste sous les yeux. - Dis, on ne devrait pas la faire boire, vu la chaleur ? Tu .. .Tu crois que je peux la prendre et la faire boire ? Je fronce les sourcils. Hum. C’est vrai qu’il fait chaud mais… je fais une petite moue, avant de dégager la petite couverture jetée sur ma princesse et aller l’embêter en lui chatouillant les pieds avant de l’attraper avec précaution, pour vérifier qu’elle ne transpire pas trop. « Je sais pas trop, normalement non, Astrid lui a donné à manger avant que je passe la chercher, donc on devrait être tranquille pendant au moins deux heures et demi. Après, j’ai un biberon d’eau minérale, sous la poussette. » Ma voix presque assurée, presque habituée, me fait un peu flipper. Deux enfants. J’ai deux enfants. Je sais changer des couches, vérifier qu’ils vont bien, qu’ils n’ont pas trop chaud, pas trop froid, je n’ai même plus besoin de réfléchir pour prendre ma fille dans mes bras sans oublier de tenir sa tête ou autre. Ca a quelque chose de flippant, pour moi, de me sentir à ce point… adulte. Je lui donne mon doigt, elle me fixe de ses grands yeux et commence à le téter, trompée, comme son grand frère avant elle. « Tu l’as déjà prise dans tes bras ? On peut essayer de lui donner à boire, mais je te préviens, elle risque de jouer avec la tétine. L’important, c’est de bien tenir sa tête. » Je me relève pour me mettre en face d’Aspen. Qui est droitière si je me souviens bien. Ma main libre rectifie sa position, Ada ne râle même pas, se contente de nous regarder tous les deux avec une petite moue qui me rappelle Astrid lorsqu’elle ne reçoit pas mes blagues comme elles le mériteraient. « Voilà, tu la tiens bien ? Ton coude tient sa tête, et avec ta main, tu tiens, bien sa jambe, comme ça, bah… c’est sécurisé. Et le bib, regarde, y’a des points, là, c’est pour les différences vitesses. C’comme conduire une voiture, tu commences pas en cinquième. Tu montes petit à petit. Si tu sens qu’elle joue avec la tétine, donne lui plutôt ton doigt. Et si elle pleure, c’est pas grave, hein, c’est juste que… bah… je sais pas, elle aime pas l’eau. Ça va, tu te sens bien ? T’es bien installée ? » Je crois que je parle beaucoup. Mais j’ai beau avoir une confiance pleine et entière en Aspen, je reste sur mes gardes, au cas où. Le temps d’être sûr qu’elle tient bien ma princesse. Et là, seulement là, je retourne sur ma partie du banc, récupérer ma bouteille d’eau. Je me mords la lèvre, jetant un coup d’œil à Aspen. J’hésite un peu à continuer à parler. Une fraction de seconde. « Je vais bien, tu sais. » J’ai besoin de le dire. Pour m’en convaincre. Un peu. Et la rassurer. Aussi. « Je vais aller bien. »
Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Jeu 21 Juil 2016 - 22:28
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Le fait était que Marius pouvait la charrier sans qu’elle ne montre les crocs, et ils n’étaient pas nombreux ce qui pouvaient s’en targuer. Elle avait tellement l’habitude de la répartie terrible du français et de sa mauvaise foi légendaire qu’elle n’arrivait même plus à en prendre ombrage. C’était juste … juste Marius, il était comme ça, à prendre ou à laisser, et elle ne comptait pas le laisser filer. D’ailleurs, elle ne fit pas la moindre remarque sur le nombre de numéros de téléphone de demoiselles dans le téléphone de Marius. D’abord parce qu’il était probablement indécent, et ensuite parce qu’elle se doutait bien aussi que les trois quart des filles de son répertoire avaient surement à l’heure qu’il était envie de lui casser la figure une fois qu’elles avaient découvert quel genre de garçons il était. Le pauvre. En revanche, la référence à Christian Grey lui tira un gloussement, et la fit lever les yeux au ciel.
- Mince Rius, pas CE christian là… Quoi que, l’autre est pas des masses plus glorieux. Cela dit, tu trouves tes phrases d’accroche toi-même toi au moins…
Il n’avait pas lu Cyrano de Bergerac, non mais quelle tristesse. Il allait falloir lui refaire son éducation à ce petit, ça expliquait peut être quelques unes de ses lacunes vis-à-vis des attentes féminines. La rousse secoua la tête, poussant toujours le landau bien droit devant elle, prenant garde de ne pas trop dévier. Elle préférait éviter de laisser tomber l’Héritière dans la mare aux canards, si c’était possible. D’ailleurs, c’est en lui parlant d’els qu’elle se souvient qu’elle les avait fait se rencontrer en effet, et qu’à l’époque, ça avait failli très,très mal se finir. Elle ne savait même pas où ils en étaient ce moment, si il vallait mieux que Marius prévienne avant de débarquer à la maison ou si il pouvait squatter le canapé en toute sérénité.
- Déso, mais maintenant mes copines je les choisis soit parmi les tiennes comme Moira, soit lesbienne, pour qu’elles s’intéressent plus à moi qu’à toi… J’ai appris de mes erreurs hein ! Et, oui, elle va bien. Elle a eu besoin d’un petit temps d’adaptation à la maison, mais elle se porte comme un charme.
Elle avait garé la poussette, prit place sur le banc, laissant à Marius tout le loisir de souffler un peu. Elle savait bien qu’il ne fallait pas lui demander son avis, sans quoi il allait se mettre à sautiller de partout en prétextant qu’il pétait le feu et qu’il n’avait pas besoin d’une pause, alors que si. Et puis, elle faisait ça pour le bien être de la petite, bien évidemment. D’ailleurs, Marius avait sorti sa fille de la poussette presque tout de suite quand ils s’étaient arrêtés. Aspen l’avait déjà vu à l’œuvre avec Samuel, plusieurs fois même, et à chaque fois l’évidence la frappait : Marius faisait un bon père. Un père excellent même, doux, attentionné, protecteur. Et surtout, surtout, il dévorait sa fille des yeux, un amour incommensurable et sans la moindre concession. Alors Marius n’était peut être pas l’homme idéal, loin s’en fallait. Mais il était sans aucun doute un super papa. D’ailleurs elle se sentit bien plus gauche que lui quand il lui cala la petite fille entre les bras. Elle lui paraissait tellement fragile qu’elle n’osait pas trop bouger, écoutant scrupuleusement tout ce qu’il pouvait lui expliquer. Le coude, Ok, la jambe bien calée, c’était bon aussi. Il ne manquait plus que le biberon et … Ah, voilà, le fameux. Aspen présenta le biberon au bébé, et Ada eut la gentillesse de venir têter doucement en s’agitant à peine dans les bras de la rousse, qui la fixait d’un air émerveillé. Bon, ça n’éveillait pas un instinct maternelle dévorant en elle non plus, mais elle pouvait convenir que ce petit bout là était absolument adorable.
- Super bien, elle est moins difficile à vivre que son père, ça c’est sur.
Elle aurait pu se mettre à roucouler, si elle n’avait pas senti la tension de Marius à coté d’elle, et surtout, surtout, si elle ne l’avait pas entendu cette phrase. Il allait bien. Il allait aller bien. Elle releva la tête du petit minois d’Ada, posant le biberon de cette dernière sur le banc pour tendre sa main à présent libre en direction de la nuque du jeune homme, qu’elle gratta tendrement.
- Ça j’en ai jamais douté une seule seconde Marius. T’es insubmersible.
Il n’y avait pas grand monde à qui Aspen accordait aussi ouvertement son affection et sa tendresse. Simplement, elle se reconnaissait de la bravoure gauche de Marius. Elle avait quasiment prononcé ces mots là sur son lit d’hopital, quelques semaines plus tôt. Alors elle savait exactement ce qu’il ressentait, ou en tout cas elle le pensait sincèrement. Enfin, histoire de le faire sourire un peu, elle enfonça ses mains dans les cheveux blonds du jeune homme pour le forcer à les regarder, Ada et elle, avec un petit sourire mutin :
- Bon, on peut dire officiellement que je suis la meilleure tata de la terre pour cette gamine ou pas ? vu qu’elle a déjà une marraine, j’exige un autre titre honorifique !
Marius Caesar
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Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Sam 23 Juil 2016 - 18:15
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Aspen & Marius
- Mince Rius, pas CE christian là… Quoi que, l’autre est pas des masses plus glorieux. Cela dit, tu trouves tes phrases d’accroche toi-même toi au moins… J’éclate de rire devant sa réaction, avec l’air très, très fier de ma propre connerie. Je mets un point d’honneur à être toujours au top sur ce plan là, il en va de ma réputation et de mon charme, j’en suis certain. En même temps, lorsqu’on est une fille aussi intelligente qu’Aspen, ça doit être rafraîchissant d’avoir un meilleur ami au QI inférieur à celui d’une moule et à la culture G nourrie à la téléréalité et aux ballons reçus dans le crâne. Bon, les ballons et ma flemmardise sont en l’occurrence bien plus à blâmer que la téléréalité dans mon cas mais le résultat est le même. J’éclate de rire. Qu’elle ne s’en fasse pas, je n’ai ouvert ni l’un, ni l’autre des deux livres auxquels on vient de faire référence, je tiens à me préserver de tout ça. Vraiment. On n’a pas idée à s’encombrer la tête de choses inutiles, mieux vaut être léger comme l’air, on a bien moins de souci comme ça.
D’un coup d’œil, je suis Aspen qui tient bien fermement le landau, toute à sa tâche avec une concentration admirable. La discussion se poursuit, je m’intéresse à sa vie, je m’intéresse à ses copines, je m’intéresse à tous ces sujets qui me caractérisent si bien, pour mieux faire la conversation et, justement, garder la tête bien vide. De tout problème, de toute pensée, de toute intelligence. Une grimace, malgré tout, vient plomber l’ambiance sur ma tronche. Elspeth, merde alors, Aspen ne peut pas renouveler ses amies de temps à autre, j’ai l’impression que j’ai tenté ma chance avec toutes celles dont elle me parle, ce qui craint tout de même assez quand on y pense deux secondes. - Déso, mais maintenant mes copines je les choisis soit parmi les tiennes comme Moira, soit lesbienne, pour qu’elles s’intéressent plus à moi qu’à toi… J’ai appris de mes erreurs hein ! Et, oui, elle va bien. Elle a eu besoin d’un petit temps d’adaptation à la maison, mais elle se porte comme un charme. Je lève les yeux au ciel. « Tu es une amie cruelle, Aspen, tu le sais ça ? Qu’est ce que je vais faire, moi, si je reste tout seul ? Et puis, piocher dans mes amies, c’est tricher, vraiment, c’est honteux, totalement honteux. C’est un devoir que tu as en tant qu’amie de me faire rencontrer de nouvelles personnes. Un Marius a besoin de sociabilité, sinon il dépérit, et tout... » Je m’offusque, comme un Marius seul sait s’offusquer. Je dramatise, comme seul un Marius sait dramatiser. Il n’y a rien de sérieux dans mes répétitions, dans mes exagérations, il n’y a que de la comédie et du jeu. « Mais cool si elle va bien. Je me demande si j’ai encore une chance avec elle, tiens… » Je fais semblant de réfléchir en enfonçant mes mains dans mes poches. « Peut être une chance de finir castré, en fait… » J’ai un petit sourire amusé à cette seule idée avant de suivre diligemment Aspen vers un arbre.
Et un banc. Et un peu d’ombre. Et un peu de repos. Donner à boire à ma princesse ? Je récupère Ada qui gazouille comme seul un bébé de moins d’un mois sait gazouiller dans les bras de son père, je veille à ce qu’elle n’ait pas trop chaud et je regarde Aspen. Plus j’apprends à connaître Samuel et Ada, moins je parviens à comprendre le comportement de ma mère. Vraiment. Mes enfants, c’est la prunelle de mes yeux. Mes enfants, je n’en ai désiré aucun mais je les chéris tous les deux comme les nouvelles merveilles du monde. Et même si je ne me sens en aucun cas indispensable pour eux, eux en revanche le sont complètement pour moi. Mon oxygène, des rayons de soleil, ils éclipsent mes amis et mon frère – oui, même mon frère – sans la moindre difficulté. Il n’y a au final qu’Astrid qui réussisse encore à faire concurrence, mais en même temps, Astrid… voilà. J’ai mal au cœur rien que d’y penser, ça veut tout dire. Dans tous les cas, mes enfants… je confie ma petit à Aspen non sans appréhension, rectifiant avec la maniaquerie d’un psychopathe la position de ma rouquine d’amie pour être sûre que tout va bien, qu’Ada va bien, qu’Aspen la tient bien, que le biberon est bien positionné, pas trop froid, que… ça va, elle se sent bien ? Je reste quelques secondes supplémentaires à côté d’elle pour être sûr. Juste pour être sûr. - Super bien, elle est moins difficile à vivre que son père, ça c’est sur. Un sourire, je me détends et me réinstalle à côté d’elle, le temps de respirer. « Ah bah ça, c’est pas compliqué à ce qu’il parait. Mais je ne me fais pas de souci, elle inversera la tendance lorsqu’elle sera ado et quand moi je serai vieux et… » Vieux ? La bonne blague. « grabataire » On va dire qu’atteindre ses trente ans, c’est être vieux, non ? Je joue un instant avec ma bouteille d’eau, mes pensées gesticulant dans mon crâne au rythme d’une macarena effrénée et désorganisée. Je vais bien. Mais bien sûr. Si, je t’assure, je vais aller bien, j’ai promis à mon père de tenter de le croire. - Ça j’en ai jamais douté une seule seconde Marius. T’es insubmersible. A nouveau, je souris. Mais un petit sourire, bien plus timide que d’habitude. « Je suis un putain de sous-marin nucléaire, ouais… » Hum… peut être pas un sous-marin. « Ah non, plutôt un porte-avion… Vvvvvm… » C’est ma main, l’avion qui vrombit pour aller se loger à son tour dans le cou d’Aspen pour la caresser, juste avant que je l’embrasse sur la joue. - Bon, on peut dire officiellement que je suis la meilleure tata de la terre pour cette gamine ou pas ? Vu qu’elle a déjà une marraine, j’exige un autre titre honorifique ! Je fais une moue songeuse, alors que ma décision est déjà toute prise. D’ailleurs… je saute sur mes pieds et je me plante devant elle, à la regarder comme un sélectionneur avant un match qui devrait décider de qui, de tous ses joueurs, ira sur le terrain ou non. « Hum… un titre honorifique ? » Je tourne sur moi-même pour observer mon environnement. « Attends, faut faire ça dans les formes ». D’un bond, décidant d’ignorer ma santé, je me précipite sur une branche qui ne traîne pas loin pour la brandir fièrement. Et la poser sur sa tête. « Aspen, euh… » J’ai déjà perdu le fil de mes pensées. « Est-ce que tu jures de toujours protéger ma princesse, envers et contre tout, et surtout des méchants garçons qui lui tourneront autour plus tard ? en dehors de moi bien sûr ? » Oui, je suis en train de l’adouber… quoi… marraine ? Non, ça c’est Moira. « Si oui, alors en vertu des pouvoirs qui me sont conférés parce que je suis un putain de papa qui déchire, je te… hum… » Je ne trouve pas le mot qu’il faut en anglais. « Je te sacre tante de ma petiote, parce que de toute manière, je n’ai pas de sœur… », coucou Lily, « Et que tu es presque comme ma sœur, si on oublie le petit côté inceste. » Je lui fais un clin d’œil avec un sourire goguenard aux lèvres. « Et voilà ! » Je jette mon bout de bois un peu plus loin dans un « Tadaaaam » qui se fait retourner deux ou trois personnes. Bon score. « Plus sérieusement, si un jour il m’arrive quelque chose, tu veilleras sur elle, hein ? »
Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Jeu 28 Juil 2016 - 21:03
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Il riait rius, le rieur, le taquin, le saltimbanque bancal. L’amour comme épée, l’humour comme bouclier, elle avait lu ça dans un bouquin d’un auteur français d’ailleurs, et cela lui allait terriblement bien. Le rire de Marius était peut être une des plus belles choses chez lui, en dehors de ses abdominaux. Oui, pour de vrai. Il avait quelque chose de tellement frais, tellement rafraichissant, qu’il pouvait faire oublier toutes les inepties qu’il pouvait bien avoir raconté en amont. Aspen se joignit a son rire de bon cœur, avant qu’ils ne s’installent sur le banc, qu’elle prenne la petite et laisse son regard dériver vers le plan d’eau et les canards qui s’y ébattaient tranquillement. Il y avait quelque chose d’apaisant à tenir la toute petite fille dans ses bras, qui gigotait faiblement tout en vidant son tout petit biberon, en profitant de la fraicheur de l’ombre des arbres, en compagnie d’un Marius plus calme que d’ordinaire. Si si, légèrement, la fatigue surement. Il continuait de raconter toutes ses bétises, bien sur, mais il s’agitait moins, son corps paraissait moins souple, ses gestes plus économes. C’était assez impressionnant, quand on connaissait bien l’ancien cascadeur. Aspen continua de lever les yeux au ciel toutes les douze secondes exactement devant les inepties et les billevesées du grand blond, alors que son héritière terminait son biberon dans un hoquet proprement adorable. Elle gloussa en sentant la main de Marius passer dans sa propre nuque, chatouilleuse comme toujours. Mais le geste était agréable, réconfortant aussi. Pourtant, ce n’était pas elle qui avait vraiment besoin être rassurée, mais … Une vie sans Marius n’aurait pas la même saveur. Il y manquerait forcément du sel.
- T’en fait un beau de porte avion, De Gaulle… Mince, même quand on cause bateau, on en revient à ta fixation sur le sport de chambre.
Si elle commençait à faire elle-même des blagues douteuses, ils n’étaient pas franchement sortis de l’auberge. Elle l’observa se lever en cherchant quelque chose derrière le banc, alors qu’elle raffermissait son emprise sur Ada pour éviter que la petite glisse en se rendormant dans ses bras. Elle le voit choisir une branche, brindilles et demis feuilles incluses, et la pointer en sa direction, alors qu’elle couvrait instinctivement la tête du bébé de sa main : il allait la griffer à faire l’idiot avec son petit baton par-dessus le marché. La rouquine le laissa s’agiter alors qu’il cherchait ses mots, avant qu’il ne déclame son serment avec presque autant de sérieux qu’une demande en mariage. A part que c’était clairement plus cool qu’une demande en mariage. Elle hocha la tête d’un air grave, son regard pétillant d’amusement :
- Je la protégerai jusqu’au jour où elle sera assez grande pour que je lui apprenne toutes mes super prises de ninja girl pour qu’elle les ratatine le corps et leur brise le coeur avec classe et style comme Tata !
Si si, si le papier c’était clairement crédible comme promesse. Fallait juste pas qu’elle croise la prochaine cuvée des Callahan. Quoique pour l’instant, c’était mal parti pour qu’il y ait une descendance, avec un peu de chance elle serait bien plus vieille qu’eux. Elle lui souhaitait, en tout cas. Elle le laissa lui ajouter le bout de bois mort devant le nez puis le tira par la manche pour le forcer à se rassoir à coté d’elle. ça allait bien cinq minutes les bétises, non mais :
- Marius, sérieux, tout le monde nous regarde, j’ai une réputation à préserver moi hein ! Et plus sérieusement comme tu dis …
Elle déposa délicatement ada dans son landau, avant de venir tordre le nez de Marius entre son pouce et son index en faisant les gros yeux :
- Il ne t’arrivera rien du tout avant qu’elle soit en âge de te trouver trop lourd et collant comme paternel, okay ? J’veux dire, évite de te retrouver coincé au milieu d’une fusillade, et a priori, ça devrait le faire. Et puis ta petite aura toujours une pléiade de gens pour s’occuper d’elle et la faire grandir … Ses parents, les DEUX, Martial, sa marraine, sa toute nouvelle tata officielle… Et sera jamais seule, pas une seule seconde, et ça deviendra la plus badass des héritières Caesar, ok ?
Elle sourit, avant de lui cogner à nouveau l’épaule :
- Alors arrête de chougner nom d’une pipe, c’est vraiment, vraiment pas sexy, ça me donne vraiment pas du tout envie de retomber amoureuse de toi quoi, réagis !
Marius Caesar
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Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Mar 2 Aoû 2016 - 22:52
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Aspen & Marius
Mais qu’elle est con, mais qu’on est con, quand même, tous les deux. Je ris de ses bêtises, je ris de mes bêtises, je ris parce que c’est ce que je sais faire de mieux et parce que, mine de rien, ça me pousse à me relever encore et toujours, de rire comme ça avec une fille aussi géniale que peut l’être Aspen. Qu’elle ne cherche pas chez moi la moindre trace de sérieux ou de maturité, je crois que j’ai tout laissé à l’hôpital. Oui, tout, absolument tout, ces quatre cacahuètes d’adulterie qui m’ont été refourguées de force à la naissance de Samuel et à celle d’Adaline. Je ris lorsqu’elle me reprend sur le Christian dont je parle, je ris encore lorsqu’elle me fait remarquer qu’elle est suffisamment maline pour taper dans mes propres amies histoire que je n’aille pas les draguer elles aussi, je ris, encore, un peu moins, plus timidement, lorsqu’on dérive sur Elspeth. Et je ris de moins en moins, je souris de plus en plus, lorsque mon sérieux me rattrape, lorsqu’une cacahuète miracle saute hors de ma poche pour me contaminer et m’inquiéter quant à la santé de ma petite princesse. Si elle a soif ? Si elle peut lui donner à boire ? Si elle n’a pas trop chaud ? Si elle est bien ? Si elle va bien ? Si, si, si ? Je confie Adaline à Aspen, avec toute la concentration du monde, avec le savoir faire du jeune papa, aussi. Peut être. Je ne sais pas vraiment. On verra bien. Dans tous les cas, Aspen fait bien attention donc ça me rassure. Pas que j’en doutais mais quand même… ça me rassure. Et quelque part, à la voir comme ça veiller sur ma fille avec précaution… Je vais bien. On va dire que j’y crois. T’es insubmersible. Je souris, encore, parce que je ne sais pas faire autre chose dans ce genre de situation. Je souris, franchement, un peu timidement quand même. Et je fais le con, parce que ça aussi, c’est la seule chose dans laquelle je me débrouille bien, vraiment bien. Et le gloussement que j’arrache à Aspen en perdant ma main dans son cou avant de déposer sur sa joue un bisou, ça vaut quand même tout l’or du monde. Et même, j’irais jusqu’à dire que ça vaut tous les carambars du monde, et ce n’est pas rien, loin de là. - T’en fais un beau de porte avion, De Gaulle… Mince, même quand on cause bateau, on en revient à ta fixation sur le sport de chambre. Je m’immobilise un instant, en regardant Aspen d’un air étonné. Sérieusement, sérieusement ? « Aspeeeeeeeen » J’éclate de rire, spontanément. « Non mais… nooon… c’est toi qui fais une fixation, là… » Mon rire est si clair, si spontané que je suis soulagé de le retrouver. Comme quoi, tout n’est pas perdu pour moi. J’ai promis à mon père de chercher une bonne raison de vivre et d’exister, des éclats de rire, et moi bondissant sur mes pieds en réponse à la question, ou plutôt l’exigence !, d’Aspen, des éclats de rire comme ça, donc, ça me motive à effectivement chercher. Ou plutôt, à vivre l’instant présent sans songer à tout le reste.
Un titre honorifique ? Oh, mais qu’à cela ne tienne, ni une, ni deux, je m’arme d’une épée improvisée et je la fais chevalier de l’Ordre des Tantes qui gèrent leur race, Ordre duquel j’ai d’office exclu Lily, cela va sans dire. - Je la protégerai jusqu’au jour où elle sera assez grande pour que je lui apprenne toutes mes super prises de ninja girl pour qu’elle les ratatine le corps et leur brise le coeur avec classe et style comme Tata ! J’envoie le bâton balader dans un tadaaaam qui nous affiche clairement et qui m’arrache un sourire supplémentaire lorsqu’Aspen me tire le bras pour me faire rasseoir. « Paaaarfait alors, mais évite de lui apprendre à trop bien briser les cœurs, sinon elle va briser celui de son petit papa adoré… » Je fais une pichenette gentille à ma fille, avant d’en faire une moins gentille sur le nez d’Aspen. Non mais. Et puis, qu’elle fasse attention au cœur d’Ada, aussi costaud que celui de son père… - Marius, sérieux, tout le monde nous regarde, j’ai une réputation à préserver moi hein ! Et plus sérieusement comme tu dis … Je lève les yeux au ciel. « Mais au diable la réputation, non mais ! Tu as la classe ou tu ne l’as pas, faut assumer d’être une superstar, Aspen ! » Je regarde ceux qui ont ralenti à mes gesticulations, l’un de mes bras encadre Aspen, l’autre la présente comme je présenterais une star internationale. « Mesdames ! Messieurs ! Aspen Wolstenholme, la Tata qui déchire tout ! » Le tout avant de sonner le repli lorsqu’elle vient tordre mon nez après avoir reposé Adaline dans son landau. Putain, ma fille est vraiment trop parfaite, elle ne pleure même pas. - Il ne t’arrivera rien du tout avant qu’elle soit en âge de te trouver trop lourd et collant comme paternel, okay ? J’veux dire, évite de te retrouver coincé au milieu d’une fusillade, et a priori, ça devrait le faire. Et puis ta petite aura toujours une pléiade de gens pour s’occuper d’elle et la faire grandir … Ses parents, les DEUX, Martial, sa marraine, sa toute nouvelle tata officielle… Et sera jamais seule, pas une seule seconde, et ça deviendra la plus badass des héritières Caesar, ok ? Alors arrête de chougner nom d’une pipe, c’est vraiment, vraiment pas sexy, ça me donne vraiment pas du tout envie de retomber amoureuse de toi quoi, réagis !
Et voilà… je n’éclate pas de rire, cette fois. Non. Je souris, encore. En fait, à bien y réfléchir, ça doit être facile de savoir quel temps il fait dans mon crâne : éclat de rire, je vais bien. Simple sourire : c’est Guernica à l’intérieur. Je finis par lever les mains, comme pour lui offrir ma reddition, pleine et entière. « Okay ! Okay ! J’arrête de chouiner ! Et puis d’abord, je ne chougne pas, j’essaye de me comporter en adulte lucide et décomplexé vis-à-vis de sa propre mort, très chère ! » Mon père me tuerait, à me voir plaisanter là-dessus à peine quelques jours après avoir enchaîné les arrêts cardiaques. Mais mon père n’est pas là. Et je fais ce que je veux. Et puis… et puis merde. « Et ne crois pas que je ne t’ai pas vue, venir, tiens, bien sûr qu’elle aura ses deux parents, c’est pas parce qu’avec Astrid, c’est fini, que je vais lâcher mes princesses, hein ! » J’ai dit mes ? Non, non, j’ai dit ma, bien sûr. « Et les fusillades, dans le milieu du cinéma, c’est très fréquent, alors je ne peux rien te promettre… plus sérieusement… » Je n’ai pas déjà dit ça ? « Oh merde, trop de sérieux, là, je crois que je me sens mal… » Faites moi taire. « plus sérieusement donc… » Je prends un air sérieux, ou du moins l’air sérieux que j’arbore lorsque je veux décrédibiliser le sérieux. En un mot comme en dix, j’ai l’air con, et particulièrement stupide, avec mes yeux plissés dans une imitation parodique de mon père. « D’où je suis lourd et collant ? Je ne suis pas une guimauve, moi, ni même un marshmallow ! Parce que c’est bien ça que tu insinues, hein ? Vile de toi, vile de vile de vile de toiiii » A chaque vile, mon index percute son épaule, comme une abeille. « Vile vile vile vile vi… » C’est mon cœur qui est vil parce qu’il me coupe en plein élan, dans une quinte de toux et une pointe de douleur dans ma poitrine. Je prends mon inspiration, pour me calmer. Tout en fermant les yeux pour éviter le regard d’Aspen.
Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Mer 10 Aoû 2016 - 10:28
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C’était quand même un sacré personnage ce Marius, un homme enfant, fort et si fragile en même temps. Bien, bien plus complexe que cette image d’insupportable playboy qu’il aimait à afficher avec son sourire de pub pour dentifrice. C’était peut être ça qui les rapprochaient et les soudaient ainsi, cette espèce de fêlure qu’ils partageaient tous les deux, tout en préférant mourir plutôt que de l’avouer. Marius cachait tout ça derrière un humour décapant, elle derrière un sarcasme grinçant, chacun son truc : finalement, ils connaissaient tellement bien les parades de défense de l’autre qu’ils pouvaient deviner uniquement aux piques qu’ils s’échangeaient ce qui allait ou n’allait pas, parfois sans aller plus loin : chacun savait que parfois, parler était plus dur que tout le reste, et que le moment opportun se faisait rare. La compagnie à elle seule était un cadeau précieux.
- MOI une fixation ? mais alors là paaaaass du tout, dans tes rêves mon chou !
Et ils rigolent encore, comme des ados, et ça fait du bien. Plus de bien qu’un restau gastro, qu’une bonne nuit de sommeil ou qu’un verre de vin. Ça remplit les poumons et le cœur d’un air moins vicié, tout en tendresse. Elle plisse le nez en souriant, se penchant un peu vers la petite qui gazouillait :
- T’inquiète pas, va, tant que tu restes sont petit daddy adoré, tu seras bien le seul homme à qui elle brisera pas le cœur …Tant que tu touches pas au sien.
Et elle parlait en connaissance de cause, la Wol’ : son père avait été l’homme de sa vie, son modèle et son héros pendant les vingt cinq premières années de sa vie, alors que la patriarche n’était pas foncièrement l’homme le plus doux et présent dans la vie de sa fille. Elle ne doutait pas qu’Ada aurait un papa bien plus gâteux et calin qu’avait pu l’être Alistair, et c’était tant mieux. Aspen observe Marius qui gesticule, s’agite à grand renforts de moulinets avec les bras, et elle ne s’étonne pas que son cœur ait du mal à suivre : il lui faudrait une pile nucléaire dans son pace maker pour que ce dernier suive le rythme. Quand enfin il s’assoit, levant les mains comme pour agiter le drapeau blanc, Aspen a envie de le serrer fort dans ses bras, très très fort, jusqu’à l’étouffer, pour lui dire qu’elle est là et qu’il n’a pas intérêt à mourir avant qu’ils ne soient deux vieux désagréables et acariâtres. Enfin, elle serait surement désagréable et acariâtre. Pépé Marius lui ferait du skate, même avec une prothèse de hanche, et draguerait surement les infirmières. Mais là il a du monde, et au final ils sont trop pudiques tous les deux pour le blottir dans ses bras sous les regards inquisiteurs et souvent trop curieux des passants. Tant pis.
- Laisse tomber la lucidité et le sarcasme, ce sont MES spécialités. Elles ne te vont pas au teint.
Ses princesses… C’était trop mignon, et Aspen aurait presque pu être jalouse, si elle ne désespérait pas de voir Marius se languir d’une femme qui n’attendait qu’une promesse de fidélité de sa part pour lui retomber dans les bras. Il s’acharnait à s’imaginer que leurs vies seraient plus simples à être séparés, et même sa presque mort n’avait pas suffis à le faire tilter, c’était à s’en arracher les cheveux. Elle aurait tellement aimé que cela soit si facile et pour … Bref, sa vie sentimentale quoi.
- Ouiiiii tu es lourd et collant espèce de gros tas d’abdominaux et d’after shave onéreux, et toi aussi tu vile, vile viiiilllle…
Et encore une fois, leurs chamailleries sont interrompues par une violente quinte de toux, si profonde qu’elle en a presque mal pour lui. C’était qu’elle avait presque oublié qu’il était encore convalescent, le Caesar. Bien trop énergique pour un type qui était sensé se reposer et prendre des forces. Alors elle le laisse reprendre son souffle, jouant avec les pieds de la toute petite fille et ignorant superbement Marius. Elle avait des questions au bord des lèvres, mais Marius n’avait pas besoin de son inquiétude. Il avait probablement bien assez à faire avec la sienne.
- Du coup, tu as pu aller voir Moira à son dernier concert ? J’étais hors de l’Etat pour une réunion avec mes bigs boss, j’étais dégoutée …. * un silence* . Ils aimeraient m’avoir pour leurs bureaux de New York, tu sais ? que je passe au siège, là où ils y a les plus gros projets …
Marius Caesar
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Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Sam 27 Aoû 2016 - 17:14
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Aspen & Marius
- MOI une fixation ? mais alors là paaaaass du tout, dans tes rêves mon chou ! J’éclate de rire, encore, comme un gosse. Parce qu’en soi, lorsque nous sommes comme ça, tous les deux, nous sommes deux gosses, voire pire encore. « Geeeenre… GENRE ! Aspen Wolstenholme, vous êtes d’une mauvaise foi, c’est affligeant, très chère ! » J’exagère à peine.
Comme j’exagère toujours tout. Titre honorifique, serment de chevalier servant, Tata d’exception, je sors le grand jeu pour Aspen, avec une vitalité que je retrouve ou que je m’invite et qui me fait sauter sur mes pieds et gesticuler comme un imbécile à grand renfort de gestes démesurés et d’un bout de bois faisant office d’épée. Protéger ma princesse, voilà la mission d’Aspen, une mission qu’elle a intérêt à prendre à cœur, surtout quand je ne serai plus là. Prises de ninja, briser des cœurs et classe et style, voilà un programme qui me convient totalement, en dehors d’un tout petit détail que je pointe du doigt lorsque je balance mon épée improvisée à distance. Mes doigts font une pichenette à ma fille, puis à Aspen, dans un sourire. - T’inquiète pas, va, tant que tu restes sont petit daddy adoré, tu seras bien le seul homme à qui elle brisera pas le cœur …Tant que tu touches pas au sien. Je lève les yeux au ciel. Comme si je pouvais en vouloir au cœur de ma petite Adaline. De toute manière, je me fais la remarque qu’elle n’aura pas le temps de le connaître son daddy adoré, alors bon… « T’inquiète pas pour ça… son petit cœur est en sécurité. » Et il le sera encore plus lorsqu’elle sera en âge d’être opérée, d’ici deux ou trois ans si tout se passe bien. Dans tous les cas, je finis par arrêter mes gesticulations grandiloquentes, me laisse retomber à côté d’Aspen pour écouter mon cœur battre dans ma poitrine à un rythme presque raisonnable. Et je fais bien, parce qu’Aspen a beau me reprendre sur le temps de la rigolade, je ris bien moins lorsqu’elle me somme d’arrêter de chougner, et qu’elle m’affirme qu’il n’y a pas de raison pour que je ne connaisse pas la crise d’ado de ma fille, dans bien trop d’années. Il ne m’arrivera rien du tout, c’est ce que je veux croire, c’est ce que je veux faire croire, c’est aussi ce que je ne peux pas croire. Je ne ris pas, je me contente de sourire, et de lever les mains comme en signe de reddition. - Laisse tomber la lucidité et le sarcasme, ce sont MES spécialités. Elles ne te vont pas au teint. Je lui tire la langue, faussement vexé, bougonnant un « Genre j’ai pas le droit d’innover, c’pô juste » trop peu crédible, avant d’enfoncer le clou concernant Astrid, histoire qu’elle se mette bien dans le crâne ce magnifique mensonge que je brandis obstinément depuis… combien… trois mois maintenant ? Plus, certainement plus. Peut être quatre. Je ne sais plus. Passons à autre chose. Trop de sérieux dans cette conversation, trop de sérieux dans mes phrases, je préfère m’attarder sur les caractéristiques de guimauve qu’elle vient de m’affliger, c’est bien plus dramatique. Et marrant. Et honteux. Et insultant. Et… elle est vile, très vile. Si vile que mes doigts martèlent son épaule à toute vitesse pour faire passer le message. - Ouiiiii tu es lourd et collant espèce de gros tas d’abdominaux et d’after shave onéreux, et toi aussi tu es vil, vil viiiillll… « Vile vile vile vi… » J’aurai pu continuer pendant longtemps à lui rendre la pareille et à me chamailler avec elle sur cette broutille sans la quinte de toux qui m’interrompt et me coupe le souffle. Je ferme les yeux, attendant des questions, attendant une sollicitude dont je ne veux pas. Et bordel, c’est agréable de ne rien entendre venir. Un coup d’œil à ma montre, l’écran qui venait de virer au rouge repasse au orange, se calme et s’apaise lentement. J’ai toujours les yeux fermés lorsque la voix d’Aspen, sortie de nulle part, reprend, comme si de rien n’était. - Du coup, tu as pu aller voir Moira à son dernier concert ? » Je la regarde, sans oser articuler un merci qui rendrait concret ce qu’elle évite d’aborder et ce dont je ne veux pas parler. « J’étais hors de l’Etat pour une réunion avec mes bigs boss, j’étais dégoutée… Le dernier concert de Moira ? Réunion avec ses big boss ? Je n’arrive pas à déterminer ce qui est le plus important, des deux. « Et… ça s’est bien passé ? » Désolé Momo, je choisis la carrière professionnelle d’Aspen. Parce que de toute manière, je n’y étais pas, à ce concert, trop occupé à parlementer avec mon agent. Ils aimeraient m’avoir pour leurs bureaux de New York, tu sais ? que je passe au siège, là où ils y a les plus gros projets… J’écarquille les yeux. « Putain, t’es sérieuse là ? Mais c’est trop classe ! Fonce, c’est une opportunité qui ne se refuse pas, ça, non ? Enfin… niveau carrière, c’est un trampoline, une telle proposition, même moi qui suis pas très futé, j’suis capable de le voir. Si je me trompe pas. » Enfin… je crois ! « Des gros projets de quels types ? Genre des constructions à l’échelle nationale ? » New York, ce n’est pas rien, tout de même. Mais… « Tu n’as pas l’air motivée… ou plutôt, t’as l’air d’hésiter. Qu’est ce qui te retient ici, Asp ? » L’évidence s’impose. « Lorcan ? »
Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Ven 2 Sep 2016 - 15:51
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C’était facile de parler avec Marius. Aspen ne s’en était pas rendue compte tout de suite. Au début, elle était comme tout le monde : Marius l’agaçait un petit peu, à être incapable de rester sérieux trente secondes, à tout prendre à la rigolade et rien au sérieux. Et puis elle était sortie avec lui, et elle ne découvrit rien de plus. Et puis ils devinrent plus que ça, apprenant à se connaitre au dela des apparences et de leur vernis respectifs de petits gosses de riche : Déjà, Marius était un brillant mathématicien, au dela de ses propres compétences déjà avancées. Comme quoi, on pouvait être un génie avec la maturité d’un ado de quatorze. Ensuite, Marius était quelqu’un d’ouvert, dans le sens noble du terme : elle pouvait tout lui dire, lui confier le moindre de ses problèmes, chacun de ses états d’âme, sans craindre le regard du jeune homme. Même vis-à-vis de Noeh, Marius n’avait jamais eu le moindre mot déplacé à son attention, et c’était quelque chose de précieux pour elle. C’était peut être pour cela qu’elle se montrait moins opiniâtre sur les mœurs du Caesar comme elle aurait pu l’être avec d’autres de ses amis. Les autres, ce n’était pas Marius.
C’était d’ailleurs parce que Marius était Marius qu’elle ne lui faisait aucune réflexion sur son état de santé : elle savait que c’était tabou pour lui, alors elle se taisait. Si cela avait été Lorcan ou Calista, elle les aurait trainé par les cheveux jusqu’à leur chambre d’hôpital et aurait joué les chiens de garde au pied du lit pour qu’ils se reposent. Marius lui vivait pleinement ou ne vivait pas du tout. Vivre à en crever, comme il dirait avec son sourire à dévorer le monde, les gencives rougis par le sang de sa gorge écorchée par ses quintes de toux. Même comme ça il était beau, et c’était bien cela le drame de cette affaire.
- Yep mon tout beau, j’ai tout déchiré, comme à mon habitude. Bon, il a fallu leur demander de se concentrer un peu, mais comme d’hab avec les mecs, surtout les quinquas… on dit que les vingtenaires sont de gros obsédés, mais même toi bourré t’es un gentleman par rapport à la façon qu’ils avaient de me reluquer, que je sois en pantalon ou en robe d’ailleurs, s’en est lassant … Bref ils étaient épatés, mon chef à moi jubilait. Du coup une fois la réunion avec tout le monde terminé, le big big boss m’a convoqué dans son bureau, et voilà …
Et voilà, c’est tout. C’était dingue qu’elle puisse avoir l’air aussi détachée, non ? A sa place, d’autres jeunes auraient perdu leur sang froid, seraient en train de pépier et de sauter au plafond, mais elle non. Pourtant, elle aimait dire qu’elle ne vivait que pour son boulot depuis trois ans. En vérité, c’était un peu plus compliqué que cela.
- Genre des constructions pour tout le pays. Le siège et les décisions se prennent à New York, après ils dispatchent les projets aux bureaux de secteurs, mais gardent les plus gros et l’international pour eux, en fait, c’est pas plus compliqué que ça. En gros c’est premier arrivé, premier servi, donc New York se sert toujours en premier. Je sais par exemple qu’ils ont signé un contrat de trois ans pour un barrage dans la chine intérieure. C’est totalement hallucinant.
Pour une architecte en tout cas ça l’était, elle pouvait comprendre que cela ne parlait pas forcément à ses interlocuteurs. A la question finale de Marius, Aspen haussa les épaules, regardant droit devant elle le petit plan d’eau et les oiseaux qui barbotaient : encore une fois, c’était plus compliqué que cela : si il n’y avait eu que Lorcan, elle aurait surement réussi à le convaincre de la suite. En tant que cuisinier, il aurait eu mille fois plus d’opportunité dans la grande ville que dans ce trou perdu qu’était Radcliff. Il aurait pu reprendre des études de cuisine, ou faire des formations auprès de grands chefs, et Aspen aurait payé le loyer pour deux le temps qu’il ait son job, ça aurait été du gâteau. Sauf que voilà, il n’y avait pas que Lorcan… Il y avait Sam aussi, et puis Priam, et puis sa sœur et son père, malgré tout … Ils ne lui avaient rien demandé, bien sur, elle savait qu’aucun d’eux ne la retiendrait ni lui tiendrait rigueur de partir, mais … Au regard des circonstances, elle aurait surement l’impression des les abandonner au pire moment, elle ne pouvait pas faire ça, à aucun d’entre eux. De plus, il y avait quelqu’un d’autre, qui n’avait probablement plus besoin d’elle d’ailleurs, mais dont la présence dans sa vie avait encore un gout d’indispensable, aussi aussi ce gout soit il…
- Je sais pas, je me dis que je suis peut être pas prête… Je n’ai géré qu’une paire de projets d’envergures, si je vais là bas… Imagine que je me plante ? Genre, que j’essaye de grimper trop vite les échelons, que je rate une marche et que je me viande ? J’n’ai jamais échoué pour le moment, alors je crois que ça me ferait vraiment bizarre je crois … tu vois ce que je veux dire ?
Elle était forte Aspen pour se trouver des excuses, quand elle le voulait…
Marius Caesar
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Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Mar 6 Sep 2016 - 8:15
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Aspen & Marius
S’il y a bien un domaine dans lequel je reconnais exceller sans la moindre hésitation, c’est bien cette double compétence de savoir se vexer et bouder pour un rien et d’oublier tout ça dans la minute qui suit. En un mot comme en dix, je suis du genre à hurler au scandale dès qu’on me titille et à changer d’attitude parce qu’un papillon a réussi à me déconcentrer. Alors voilà, j’imagine que ça fait de moi un pitre, et que ça fait aussi de moi un ami qu’on peut traiter en punching-ball des sarcasmes sans qu’il n’y ait trop de dégâts derrière. Et un ami fidèle, aussi, lorsqu’on ne regarde pas trop côté cœur. Et en conséquence directe de ce domaine dans lequel j’excelle, il y a son cousin : cette capacité à devenir brutalement sérieux puis à lâcher une connerie sans signe avant-coureur, le tout dans une même phrase. Là aussi, je suis plutôt bon. Sauf que là, pour le coup, face à Aspen qui me demande si j’ai été au concert de Moira et qui, dans la foulée, me fait part de ses derniers déboires professionnels, si on peut dire ça… je suis sérieux. Et juste sérieux. A croire que je grandis. Imperceptiblement mais sûrement. Tardivement mais indéniablement. - Yep mon tout beau, j’ai tout déchiré, comme à mon habitude. » Mon sourire est sincère. Lumineux, même. « Bon, il a fallu leur demander de se concentrer un peu, mais comme d’hab avec les mecs, surtout les quinquas… on dit que les vingtenaires sont de gros obsédés, mais même toi bourré t’es un gentleman par rapport à la façon qu’ils avaient de me reluquer, que je sois en pantalon ou en robe d’ailleurs, c’en est lassant… » « Geeeenre comment ça, même moi ? » Mon innocence, ou du moins celle que je brandis dans ce genre de situation, tout en clignant des yeux et en lui offrant ce que j’ai de plus choupi, me perdra, j’en suis sûr. « Bref ils étaient épatés, mon chef à moi jubilait. Du coup une fois la réunion avec tout le monde terminé, le big big boss m’a convoqué dans son bureau, et voilà… Et voilà. Voilà. New York. Ce n’est pas rien, ça c’est certain. New York, en dehors d’être une ville énorme, passablement à côté téléportationiquement… téléportatiquement… parlant, c’est aussi un peu le cœur de pas mal de boîtes. Et des constructions à l’échelle nationale, je suppose. - Genre des constructions pour tout le pays. Le siège et les décisions se prennent à New York, après ils dispatchent les projets aux bureaux de secteurs, mais gardent les plus gros et l’international pour eux, en fait, c’est pas plus compliqué que ça. En gros c’est premier arrivé, premier servi, donc New York se sert toujours en premier. Je sais par exemple qu’ils ont signé un contrat de trois ans pour un barrage dans la chine intérieure. C’est totalement hallucinant. Je vois ça. J’acquiesce, machinalement presque, parce que j’essaye de comprendre pourquoi, si c’est aussi génial et intellectuellement stimulant, elle ne semble pas vraiment motivée pour se déplacer jusqu’à là bas. A dire vrai, entre mon bond transatlantique à mes quatorze ans, et surtout lorsque j’ai commencé à jouer à l’international, partir loin, changer de pays, de continent, de fuseau horaire et de température, ça ne m’a jamais vraiment dérangé de m’éloigner comme ça de la ville où j’étais implanté. Tant que j’avais des nouvelles de Martial.
Martial, toujours Martial, encore Martial. Et donc… Lorcan, selon toute vraisemblance. Je me redresse pour jeter un coup d’œil au landau et à ma petite princesse qui roupille comme… ah ben merde, l’expression comme un bébé ne marche plus, comme un rondoudou, donc, pendant qu’Aspen me répond. - Je sais pas, je me dis que je suis peut être pas prête… Je n’ai géré qu’une paire de projets d’envergures, si je vais là bas… Imagine que je me plante ? Genre, que j’essaye de grimper trop vite les échelons, que je rate une marche et que je me viande ? J’n’ai jamais échoué pour le moment, alors je crois que ça me ferait vraiment bizarre je crois … tu vois ce que je veux dire ? Je fronce les sourcils, cédant à la tentation de récupérer ma fille dans mes bras et de la caler contre mon torse, avec minutie pour ne surtout, surtout pas la réveiller. Je prends mon temps, pour une fois, pour répondre. Monter trop vite les échelons, peur de l’échec, ça se tient ce qu’elle me raconte mais en même temps… Aspen est une fille tellement forte, tellement brillante, tellement rayonnante que j’en oublie parfois à quel point elle peut s’avérer être fragile, lorsqu’on gratte sous la surface, et bien plus vulnérable que ce qu’on pourrait croire. Un peu comme moi. « Je ne pense pas que tu puisses te planter, Asp’. Sincèrement, s’il y a bien une personne au monde, après Martial » et après Astrid, même si Astrid s’est sacrément plantée en tombant amoureuse de moi, « que je n’imagine même pas échouer un jour, c’est bien toi. Vraiment. Corrige moi si je me trompe mais… mais tu serais plutôt du genre à t’installer un lit de camp dans ton bureau voire à ne plus dormir s’il le fallait pour boucler un dossier ou une connerie dans le genre. Après, c’est normal d’avoir peur mais… mais et si jamais tu laisses passer ta chance ? Est-ce que tu penses qu’ils te reproposeront le poste d’ici quatre, cinq, six ans ? S’ils te le proposent, c’est parce qu’ils croient en toi. Maintenant, t’as plus qu’à croire en toi, toi aussi… sauf si… y’a d’autres raisons qui te retiennent ici… » Qu’est ce que je suis en train de dire et de faire, là, très exactement ? Je suis en train de la conseiller professionnellement ? Mais pour qui je me prends, moi qui ai foutu en l’air ma carrière dans le hand, officiellement sur un coup de tête, à me permettre de…de quoi ? Je secoue la tête, comme pour rectifier le tir. « Désolé, j’ai sûrement rien à dire en fait, j’suis ni un exemple, ni un modèle et en plus, c’est loiiin d’être un milieu que je connais. Dans tous les cas, je suis certain que tu vas faire le bon choix, et que tu feras un choix que tu ne regretteras pas. Et si tu t’en vas, je passe suffisamment ma vie dans un avion pour faire un détour sur Ne York, occasionnellement, et si tu restes, bah… Radcliff deviendra la ville la plus styley du monde ! »
Ah ça… je suis doué pour me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais lorsqu’il s’agit après coup de rectifier le tir, il n’y a plus personne. Du bout du doigt, je viens chatouiller le nez d’Ada. Oh, elle ne se réveille pas mais… son petit éternuement est tellement adorable que je m’empresse de recommencer. « Regarde ça ! C’est trop marrant ! » Je suis un père indigne.
Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius] Dim 11 Sep 2016 - 21:51
‘... But the true ones stay like an octopus on your face
Parler de ses histoires de boulot, Aspen avait l’habitude de le faire avec Elspeth, mais en dehors de la jeune femme qui faisait l’effort de l’écouter déblatérer pendant des heures sur des histoires de poutres et de calculs d’angles compliqués, elle n’avait pas grand monde pour en parler. Bien sur, pendant une période, elle en parlait beaucoup à son père, mais … C’était difficile pour elle de discuter de manière légère avec son paternel. Ils se voyaient toujours, mais pas aussi souvent qu’avant … Avant le mois de juillet, en fait. Elle lui envoyait des textos tous les jours, ça ça ne changeait pas, mais il était difficile pour elle de papoter juste comme ça, de travail, alors qu’elle manigançait dans son dos pour protéger Lorcan. Elle n’était pas bonne menteuse, alors si elle pouvait éviter de se trahir bêtement, elle préférait ne pas tenter le diable. Tout ça pour dire que ses grandes tergiversions sur le bienfondé d’un déménagement et d’une petite mutation et des milliers de kilomètres de là, elle n’en avait encore parlé à personne, préférant tourner et retourner cela dans sa tête pendant des heures. Elle ne s’était pas imaginée en parler à Marius, mais comme on disait, c’était l’occasion qui faisait le larron. Et quel larron…
Aspen passe les mains dans ses cheveux pour les remettre en ordre, un tic classique chez elle quand elle doit occuper le silence alors que Marius attrape Ada pour la mettre contre lui. C’est quand même assez dingue, si on lui avait dit que Marius serait le premier de ses amis proches à avoir un enfant, elle n’y aurait clairement pas cru, alors deux… mais étonnement, ça lui allait bien, il était trop mignon comme ça. Est-ce qu’il avait déjà pris conscience du potentiel d’attraction d’un jeune père célibataire pour les filles de son age ? Elle espérait que non, sinon elle allait devoir le surveiller à chaque sortie avec ses petits, ça allait vite devenir épuisant. Et puis surtout, elle n’avait pas que ça à faire. Quand il se décida à lui réponde, elle se contenta de faire la grimace : elle avait beau faire la maline, et jouer les filles super sures d’elle la majorité du temps, elle n’était pas si confiante envers ses capacités, la petite Wolstenholme. Elle avait constamment l’impression de devoir bosser deux fois plus que les autres pour réussir, ou pire, simplement pour ne pas avoir l’impression d’être carrément nulle. Elle se demandait si cela faisait pareil à Martial, du coup, ou si c’était un truc bizarre parmi tant d’autres chez elle.
- Mouais, j’sais pas. Enfin, si, je travaille beaucoup, mais je me force pas quoi, j’adore ça. C’est comme toi quand tu pouvais encore faire tes cascades, je suis sure que ça te dérangeait pas de rester sur les plateaux jusqu’à pas d’heure pour que chaque prise soit parfaite, ben moi c’est pareil, mais sans saut périlleux… Et avec plus de plans. Mais je sais que tu as raison, que si je dis non, peut être qu’ils ne me le proposeront plus dans les dix prochaines années, mais … Je sais pas, j’ai pas l’impression d’avoir fait encore le tour ici…
Elle sourit à Marius, un peu tristement, alors qu’il s’excusait de lui donner des conseils, alors qu’elle posait sa tête sur l’épaule de ce dernier, baissant les yeux sur la petite qui dormait paisiblement.
- Arrête, si je t’en parle, c’est pour avoir ton avis, sinon j’aurai rien dit. Ça fait toujours du bien d’avoir un avis objectif, parce que bon … J’écouterai mes collègues, je devrais déjà être en train de faire ma valise, j’écouterai mon boss d’ici, je resterai et j’enverrai paitre new york… Je sais jamais vraiment qui pense à moi ou juste à ses intérêts persos au final… Tu vois ce que je veux dire ?
Pouffant légèrement à sa dernière remarque, elle lâcha un « Awww » attendri devant le minuscule éternuement de la petite. Ok, ça, c’était encore mieux qu’une vidéo de panda qui se roule dans la neige, et de loin :
- Ohlalalala elle est trop mignonne… Ok, entre elle et Sam’, on peut dire que t’as trouvé la bonne recette, tu en fais des beaux ptits bouts… si je finis vieille carriériste aigrie et sans mari, tu m’en feras ? il aura l’intelligence de sa mère et la beauté des gènes de son père, ça fera obligatoirement un truc cool. Promis je te demanderai pas de pension, rien.
C’était dit sur le ton de la plaisanterie, mais cette dernière phrase trahissait bien une des autres angoisses de la jeune femme : finir toute seule, auréolée de toute sa réussite sociale et de son argent, sans avoir personne avec qui en profiter. Parce que depuis Noeh, rien. Rien de rien, tout juste quelques flirts de soirée, mais son cœur restait désespérément vide. Impossible à combler. Etait elle devenue trop exigeante, ou alors ne plaisait elle plus ? elle n’arrivait pas à trancher. Surement un peu des deux.
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Sujet: Re: Friends come and go like the waves of the ocean [aspius]
Friends come and go like the waves of the ocean [aspius]