Sujet: just another contract ☼ pv valentina Mer 6 Juil 2016 - 23:40
Just another contract
Valentina & Razen
Certains pourraient penser qu’à reprendre contact de cette manière, après plusieurs mois si ce n’étaient années de silence avec une connaissance, partenaire mais certainement pas une amie fidèle, Razen a quand même un sacré culot. Mais les affaires sont les affaires et cela fait des années que Razen l’a bien compris. Sa sensibilité, déjà fortement amochée par ses années en foyer, il l’a rapidement mise au placard lorsqu’il a décidé de commencer à extorquer les aides et autres fonds visant à l’aider à subvenir à ses besoins et à ceux de son frère en tant qu’handicapé et orphelin à charge d’un enfant. Sa moralité, il l’a rangée dans un coin de sa poche, soigneusement enveloppée dans un mouchoir, lorsque lui et Alvin ont fait leurs premiers pas dans l’illégalité et lorsque leur duo d’humain et de mutant leur a permis non seulement de dégoter quelques contrats, mais aussi de flouer leurs cibles et leurs employeurs pour facilement disparaître dans la nature dans les jours et les semaines qui suivaient. Alors sincèrement, reprendre contact avec Valentina tout en sachant très bien que ce n’est peut-être pas une chose très saine pour la survie de la mutante que de traiter avec un chasseur tel que Griske et bien… et bien, les affaires sont les affaires, il faut bien vivre ma p’tite dame et puis basta.
Quelques billets bien placés et quelques informations distribuées au compte-gouttes à des personnes de choix lui ont permis de retrouver un moyen de se rappeler au bon souvenir de la dolorokinésiste, quelques confidence sur l’oreiller et glissées à l’oreille lui ont même permis de vérifier ce qu’on lui disait et de passer du bon temps, Razen n’aura pas mis plus d’une dizaine de jours à établir le contact. Et à proposer ces charmantes retrouvailles autour d’un verre, dans un bar méconnu de Radcliff où ne se glissent pas souvent les représentants de l’autorité mais où il est fortement conseillé de garder une main sur ses affaires, au risque de s’en retrouver rapidement délesté. En un mot comme en dix, ce n’est guère le genre d’endroits où l’on s’attend à rencontrer un aveugle, mais c’est bel et bien un nichoir adéquat pour les mercenaires et les honnêtes hommes de la trempe de Razen, et ce dernier insiste bien sur le terme d’honnête, avec toute l’ironie tranquille et insolente que distille son constant petit sourire.
Son petit sourire, bien évidemment, il l’a quand il rentre dans le bar et baisse la tête par réflexe, ne situant que grâce à sa mutation le haut de la porte. La main plaquée contre le mur, il contient son savoir pour ne pas céder à la tentation d’en savoir plus sur l’ensemble du bâtiment, guère enclin à sentir à ses narines perler une goutte de sang. Trop d’agitation, structure trop grande, trop vaste, trop complexe, il est peut être insupportable, l’Anglais, il est peut être désinvolte en apparence comme il y a une poignée de jours face au Russe, il joue peut être avec les limites avec la nonchalance qui le caractérise, il sait très bien où s’arrêter avec sa mutation pour ne pas se mettre en danger et surtout ne mettre la puce à l’oreille de personne, merci bien. Sa canne blanche claque contre un mur, heurte une paire de jambes une première fois. Le petit sourire de l’Anglais frémit un peu. Il est bien gentil, comme mec, mais… il s’éclaircit la gorge, provoquant une légère toux. Sa canne heurte à nouveau des jambes, sa main se pose sur un dos qui s’obstine à discuter avec une tierce personne, bloquant le passage. Le visage de Razen, loin de rester débonnaire, se durcit avec une certaine violence, faisant disparaître son sourire. Dans d’autres milieux, il s’excuserait, prendrait son mal en patience, insisterait sans trop de force pour rester bien aimable, évidemment. Dans d’autres milieux. Pas dans celui-là. Il y a un monde entre la tranquillité et l’innocence des supermarchés – encore qu’il soit difficile de parler d’innocence, selon Razen, lorsque l’on y traîne pendant les soldes – et cette atmosphère légèrement tendue de l’illégalité la plus sévère. Dans les premiers, le Razen n’a aucun intérêt à s’imposer et à se faire remarquer. Dans la deuxième… vraiment, dans ce genre de bar… il préfère de loin forcer le passage pour que personne n’ait l’idée saugrenue de le considérer comme une proie facile, pour s’imposer et… et puis il a un rendez-vous, presqu’un rendez-vous galant, donc il ne va pas attendre trois heures non plus. Un soupir d’avertissement, la main de l’aveugle trouve son chemin vers l’épaule de l’imbécile qui s’arrête, enfin, de parler. Pour se tourner vers l’Anglais. Qui lui envoie son poids dans la figure, localisant sa mâchoire avec sa mutation et un peu de jugeote. Ses phalanges s’écrasent sur la joue du mec, Razen se retrouve à secouer sa main dans une expression exagérée de surprise et de douleur. Exagérée. Jouée. C’est un comédien, l’anglais, c’est un vrai bon gros comédien qui en rajoute une couche sans tomber pour autant dans l’excès ridicule. Et son petit « Oh, mille excuses, je ne vous avais pas vu… » sur un petit ton empressé et inquiet, avec un sourire ouvertement insolent, est un mélange magnifique de provocation et de gentillesse. Quelque chose dans le genre. Dans tous les cas, avec un petit air suffisant, Razen ne laisse pas traîner les choses et trace son chemin sans plus de cérémonie, reportant son attention sur la salle enfin accessible et sur son ouïe. Il regarderait bien l’heure pour savoir s’il a de l’avance, mais malheureusement, c’est un peu compris. Et c’est aussi sa principale excuse, en général, pour justifier sa ponctualité douteuse. Ses doigts trouvent le bord du bar, une voix juste devant lui lui indique le barman. « Jolie entrée. Evitez de recommencer. » « Bonsoir à vous aussi, vous êtes charmant. » Le contraste entre la voix atone et le ton guilleret de Razen a quelque chose de comique. Et ça le fait sourire, aussi. Toujours. « J’attends quelqu’un. Si une blonde chez un Juan Porto Rico, vous pourrez me l’envoyer ? Vous serez un amour » L’aveugle fait un clin d’œil, son index tapote quelques dollars. « Et ce sera un Whisky. »
Son verre à la main, il est assis depuis quelques minutes à une table dans un coin de la pièce qu’on l’a gentiment aidé à atteindre. Ses doigts percutent un rythme irrégulier sur la table pendant qu’il trempe ses lèvres sans boire, trop perdu dans ses pensées. Razen est redevenu sérieux, contre toute attente, pour la simple raison qu’il se demande comment présenter la chose à Valentina. En général, les mutants qui s’amusent à exploiter d’autres mutants, à collaborer avec des chasseurs et à se faire du fric sur le dos de leurs semblables, ces mutants ne courent pas les rues. Mais quelque chose lui dit que Tina en fait partie, aussi bien que lui, même s’il n’en a aucune certitude. Et c’est cette absence de certitude, justement, qui… Eviter de parler de Roman dès le début, ça peut être une solution. Mentionner d’abord le fric, la simplicité du contrat, ça peut en être une autre. Les pensées du mutant s’agencent lentement, selon un ordre bien précis. Après tout, la compréhension immédiate prend des formes multiples et sa capacité à comprendre ne se limite pas aux objets et aux humains. Elle est plus diffuse, lorsqu’on la confond avec l’intellect, mais elle est belle est bien là.
Un mouvement dans sa direction arrache Razen à ses pensées. « Ah, tu m’as trouvé ? » Il tend une main amicale. Autant pour s’assurer des intentions de la personne que pour être certain de son identité. Et accessoirement par politesse, ça ne mange pas de pain aux dernières nouvelles que d’être poli. Parfois. « Ca fait... longtemps... j'espère que tu te souviens de moi... » Petit sourire taquin.
Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Sam 30 Juil 2016 - 22:11
La proposition sortait de nulle part. Etonnante, détonante même pour une femme ayant abandonné ses anciens contacts pour reprendre une vie bien rangée. Valentina n’avait pas revu Razen Townshend depuis des années, et elle l’avait remisé dans un coin de sa mémoire avec tous ceux qu’elle ne comptait plus revoir. Ils faisaient partie d’une ancienne vie, qu’elle avait essayé de supprimer pour ne plus y penser … Et pour ne plus être tentée. Elle avait fait le choix de laisser cette existence derrière elle pour devenir une autre personne, il fallait qu’elle s’y tienne. Et pendant des mois, elle s’y était tenue, sagement et presque facilement. La ville de Radcliff offrait pourtant de nombreuses opportunités de reprendre les excès auxquels Valentina avait été habituée … Mais non. La seule chose qu’elle s’était permise, c’était d’intégrer le groupe de résistance contre les hunters, Insurgency, mais il y avait des règles très claires à tenir au sein de cette organisation, et c’était tellement différent de ce à quoi elle avait été habituée qu’on ne pouvait pas considérer qu’elle avait repris du service. Pour le reste, elle se tenait à carreaux. Elle menait une vie bien rangée, comme une bonne petite citoyenne de Radcliff à qui on ne pouvait rien reprocher. Et de temps à autre, elle se faisait violence pour rester ainsi. Comme ce jour, où le message de Razen lui était arrivé. Un message des plus anodins, pour de simples retrouvailles autour d’un verre, rien de très folichon. Seulement avec lui, il n’y avait jamais de retrouvailles pour bavarder, surtout pas après tant de temps sans se voir. Alors oui, Valentina avait été surprise. Mais surtout, elle avait été tentée. Elle savait ce que ça cachait, cette petite approche. S’il avait pris la peine de la chercher, alors qu’elle était à l’autre bout du pays la dernière fois qu’ils s’étaient croisés, c’était qu’il avait quelque chose de juteux à lui proposer. Et forcément, il y avait un bon paquet de cash à la clé. Dans le temps, il ne lui en fallait pas plus pour se lancer, mais cette fois, Tina avait hésité. Et elle hésitait toujours, le jour du rendez-vous venu. Sa raison lui soufflait de ne pas accepter, de ne surtout pas tremper dans les affaires toujours trop tordues de Townshend, de ne pas risquer de mettre sa sécurité en péril juste pour retrouver l’espace de quelques heures le frisson de jadis. Parce qu’elle n’avait pas besoin d’argent, elle en avait déjà amassé bien assez pour vivre tranquillement … C’était toujours le frisson qui la faisait avancer, bien avant l’appât du gain.
Tina ne savait pas ce qu’elle ferait de cette invitation, pourtant elle s’était rendue au bar où il lui avait donné rendez-vous. Elle était arrivée en avance, très en avance, autant pour se donner le temps de réfléchir que pour ne pas le manquer quand il arriverait. Au fond, elle se méfiait toujours de tout et de tout le monde, et si Townshend projetait de la doubler, elle devait avoir un coup d’avance. Assise dans un coin de la pièce bondée et surchauffée, elle attendait, un Martini posé devant elle. Elle ne connaissait pas cet endroit, qui n’était pas de ceux qu’une femme comme elle était censée côtoyer, mais elle en avait fréquenté des dizaines faits sur le même modèle, par le passé, et il avait suffit de quelques regards noirs pour qu’on la laisse tranquille. Ainsi installée, elle ne manqua pas l’entrée de Razen. Il était difficile de le manquer, tant sa présence semblait incongrue dans un lieu pareil. A première vue, l’aveugle était encore plus déplacé ici qu’elle ne l’était elle-même. Mais les apparences étaient trompeuses … Et Townshend se fit un devoir de le signaler à tous les soulards de la pièce en abattant son poing sur le visage d’un importun – en toute innocence et dans un geste qui passait presque pour une erreur. Cette petite démonstration de force tira un sourire à Tina, qui eut l’impression d’être projetée d’un bond dans le passé. D’aussi loin qu’elle le connaisse, elle n’avait jamais vu l’handicapé subir sa cécité. Sa canne blanche semblait parfois être le seul signe indiquant sa faiblesse, car l’agilité qu’il possédait pour tout le reste, que ce soit son intellect ou ses actes, le mettait au-dessus de bien des hommes valides que Valentina avait connu. L’aveugle était un mercenaire des plus doués, et c’était ce qui avait plu à Tina les quelques fois où ils avaient travaillé ensemble. Mais de là à dire qu’elle était prête à remettre ça …
Elle le regarda s’installer à une table après avoir atteint le bar et échangé quelques mots avec l’homme derrière le comptoir, mais elle resta assise encore un moment. Elle était certes nostalgique de certaines parts de son passé, elle savait que ça devait rester ainsi : du passé et rien d’autre. C’était le plus raisonnable et elle avait décidé d’être raisonnable. Et pourtant. Pourtant, elle était là, pourtant elle y avait réfléchi, pourtant elle s’était dit que rien qu’une fois, une petite dernière, ça ne lui ferait pas de mal. Alors elle se leva et elle rejoignit la table de Razen, en se promettant qu’aucune décision ne serait prise tant qu’elle n’aurait pas entendu sa proposition. Il serait toujours temps de refuser … L’aveugle tourna la tête vers elle quand elle fut arrivée à sa table. « Ah, tu m’as trouvé ? » Tina hocha bien inutilement la tête, et serra la main qu’il lui tendait. Elle allait devoir reprendre les vieilles habitudes pour s’adresser à lui de façon plus claire que par de simples sourires ou mouvements de la tête. « Difficile de manquer ton entrée. Pour un aveugle, tu as une droite foudroyante. » Fit-elle d’un ton moqueur. « Ca fait... longtemps... j'espère que tu te souviens de moi... » Cette fois, elle eut un petit rire bref. Elle n’oubliait jamais ceux avec qui elle collaborait, au moins pour s’assurer qu’ils ne lui plantaient pas un couteau dans le dos par la suite. Ca n’avait jamais été le cas avec Razen, par chance. Elle prit le temps de s’asseoir en face de lui avant de répondre. « J’ai eu un doute en voyant ton nom, et puis je me suis souvenue de la merveilleuse nuit que j’ai passée avec ton frère, ça m’a rafraîchi la mémoire. Je pensais que tu l’amènerais avec toi et qu’on s’amuserait tous les trois, je suis déçue. » Elle ne s’embarrassa même pas de paraître réellement déçue, son ton était clairement celui de la taquinerie. Ce n’était pas avec Alvin qu’elle avait travaillé, mais bien avec Razen, et c’était ce Townshend là qui l’intéressait. Il le savait très bien et elle n’avait pas besoin de le préciser. « Alors, je t’ai manqué ? »
Razen Townshend
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Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Sam 20 Aoû 2016 - 15:25
Just another contract
Valentina & Razen
Il plie et déplie sa main depuis qu’il l’a envoyée percuter la mâchoire du crétin qui refusait de se décaler. Il plie et déplie sa main au rythme de ses pensées et de ses interrogations. Comment présenter la chose à Sandrelli très exactement ? C’est une bonne question, et c’est surtout une question à laquelle il n’a toujours pas de réponse. Ce qui ne va pas tarder à devenir gênant, au fur et à mesure que l’horloge tourne dans tic-tac exaspérant. Les doigts de l’aveugle jouent autour du verre, jouent avec les contours du verre. Il rassemble, l’Aveugle, il rassemble dans son esprit tous les éléments qu’il possède, autant sur Griske que sur Sandrelli, autant sur ses précédents contrats avec le chasseur que ses collaborations passées avec la mutante. Et lui au milieu, et lui, traître à son espèce, et lui, étrangement père, et lui qui doit préserver les intérêts de sa famille, et lui, qui ménage la chèvre et le chou, la chèvre et le fou, sans parvenir à savoir qui de Valentina et Roman est la chèvre et qui est le fou. Peut être est-il les deux, lui, peut-être n’est il pas le fermier, juste l’imbécile qui… Razen trempe ses lèvres dans l’alcool, attentif à son environnement, brutalement arraché à ses réflexions et autres digressions. Sa mutation crépite sur son épiderme, racle contre le tissu de sa chemise comme une brûlure. Il est sur les nerfs depuis qu’il a serré la main de Roman et accepté l’argent. Il est sur les nerfs, son comportement, sa nonchalance et ses mouvements s’en ressentent. Ce qui l’a arraché à ses pensées ? Une personne, à proximité, qui s’est déplacée de toute évidence en toute connaissance de cause dans sa direction. Les hypothèses pavent une voie dans l’esprit de Razen, une voie sur laquelle il s’élance sans plus tarder. Elle l’a trouvé, s’il ne s’abuse sur l’identité de la personne, et la poignée de mains qui s’en suit le lui confirme. Elle n’a pas vraiment changé, voilà ce qu’il comprend instantanément par ce simple toucher. « Difficile de manquer ton entrée. Pour un aveugle, tu as une droite foudroyante. » Le ton moqueur de Sandrelli n’échappe en rien à Razen qui sourit un peu plus. « Une droite foudroyante ou une maladresse exaspérante, ça, personne ne le sait » Rétorque-t-il d’une voix malicieuse, bien conscient que sa petite démonstration de force d’un peu plus tôt n’avait rien d’innocente.
Ca fait longtemps, voilà une certitude, et il ne se gêne pas pour la poser sur la table en se réinstallant confortablement, attirant d’un geste de la main un serveur. Un raclement de chaise, il entend sa vis-à-vis s’asseoir à son tour. Bien, les choses sérieuses ne vont pas tarder à commencer, une fois qu’il aura la certitude que l’un comme l’autre, ils se souviennent avec justesse des capacités et du caractère de l’autre. Véritable sens de sa question. « J’ai eu un doute en voyant ton nom, et puis je me suis souvenue de la merveilleuse nuit que j’ai passée avec ton frère, ça m’a rafraîchi la mémoire. Je pensais que tu l’amènerais avec toi et qu’on s’amuserait tous les trois, je suis déçue. Alors, je t’ai manqué ? » Il lui offre une moue boudeuse, sans qu’elle ne puisse être une seule seconde crédible bien que ses pensées s’assombrissent instantanément lorsqu’il pense à Abberline, à Alvin et à tout le bordel que les choix de son frère ont provoqué autour des Townshend. En voilà un autre de problème qu’il va devoir résoudre, et vite, son épaule brûlée a beau être guérie depuis le temps, il garde comme un goût âcre dans la gueule de sa dernière rencontre avec l’une de leurs cibles. « Tu m’aurais manqué davantage si c’était avec moi que tu l’avais passée, cette nuit, c’est sûr, mais je dois admettre que ta délicieuse compagnie manquait à ma vie... » Il n’est pas le moins du monde sérieux et ne cherche en rien à le cacher. Il se penche sur la table, ses coudes s’appuyant sur le bois, imprimant dans sa chair au travers du tissu les irrégularités du support. « Mon frère est occupé actuellement. » Occupé, bien grand mot. Razen trempe ses lèvres dans l’alcool. « Petite crise de la trentaine, il veut se ranger. Une drôle d’idée. Ce qui fait qu’il n’y a que toi et moi. Et le whisky. Un ami fidèle. » Il s’adosse à nouveau au dossier de sa chaise dans un « M’enfin... » éloquent qu’il laisse traîner. Contrairement au suspens. « On m’a contacté pour un contrat facile, j’ai pensé à toi. » Il se passe une main dans sa barbe, avant de rajouter. « Tarif intéressant, risques encourus relativement gérables, ça me semble vraiment être un bon deal. » Si on oublie que Griske cherchera forcément à l’éliminer après, bien sûr. Mais de ça, il ne compte pas lui en parler tout de suite. « Rassure moi, tu es toujours sur le marché ? »
Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Sam 3 Sep 2016 - 23:26
Il avait beau jouer à l’aveugle innocent, cela ne prenait plus depuis longtemps avec Tina. Elle s’était méfiée de lui depuis le début, le trouvant là où on ne s’attendait pas à le voir, et elle ne l’avait jamais considéré comme un homme diminué. Elle avait appris très tôt qu’on ne doit jamais se méfier des apparences … Et elle avait eu raison. S’il continuait à jouer de cette carte, c’était pour l’apparence, pour le jeu, mais ce n’était pas pour elle. Sa maladresse exaspérante, comme il disait, était un mythe qu’il se plaisait à entretenir, rien de plus. Elle savait qu’il pouvait se montrer dangereux, tout autant qu’elle. Mais elle ne se méfiait pas de lui davantage que de n’importe qui d’autre. Elle était même prête à lui faire confiance sur certains points, grâce à ce bout de passé qu’ils avaient partagé. En tout cas, elle se trouvait assez contente de le voir. Et mécontente de ressentir ce genre de plaisir, alors qu’il faisait partie d’une vie qu’elle aurait du abandonner pour de bon. « Tu m’aurais manqué davantage si c’était avec moi que tu l’avais passée, cette nuit, c’est sûr, mais je dois admettre que ta délicieuse compagnie manquait à ma vie... » Elle se mit à rire plus franchement à sa réplique, et elle croisa les bras sur sa poitrine et s’adossant à sa chaise. « Il fallait être plus rapide que ton frère, alors. Mais ce serait une expérience qui ne me déplairait pas. Un jour, peut-être … » Elle laissa planer cette possibilité, au milieu de cette petite joute qui n’avait rien de sérieux et qui ne faisait que rallumer une relation que les années avaient forcément ternie. Quant à savoir si elle était sincère, elle lui laissait le loisir de se poser la question. « Mon frère est occupé actuellement. Petite crise de la trentaine, il veut se ranger. Une drôle d’idée. Ce qui fait qu’il n’y a que toi et moi. Et le whisky. Un ami fidèle. » Tina haussa un sourcil. Alvin voulait se ranger ? Voilà qui devait bien contrarier Razen, qui était son premier et meilleur collaborateur. Mais elle ne pouvait pas dire qu’elle ne comprenait pas … Même si leurs raisons devaient être bien différentes. Razen se trompait : il était seul avec son whisky. Elle n’avait pas encore accepté son deal, et pour l’instant elle était tout aussi rangée que le second Townshend. « Drôle d’idée, en effet. » Lâcha-t-elle avec un sourire, mais sans faire plus de commentaire. Le moment de parler d’elle viendrait bien assez tôt.
« M’enfin... » Ah, ils allaient enfin passer au vif du sujet. Tina n’était pas venue là pour discuter tranquillement autour d’un whisky, qui n’était même pas fameux. Elle évitait généralement de faire ami-ami avec ses anciens collaborateurs, elle appréciait leur présence, elle aimait discuter avec eux et sentir le courant passer, mais dès que la mission se terminait, ils partaient chacun de leur côté et s’en était fini. Jusqu’à la fois suivante. Avec Razen, il n’y aurait pas du y avoir de fois suivante, pourtant elle était là, à attendre avec une certaine impatience ce qu’il avait à lui proposer. « On m’a contacté pour un contrat facile, j’ai pensé à toi. » Immédiatement, la jeune femme se sentie piquée au vif. « Je te remercie. » Le ton était acerbe, signe qu’il venait de faire un faux pas. S’il avait pensé à elle parce que le contrat était facile, il pouvait d’ores et déjà considérer qu’elle ne participerait pas. Pour qui est-ce qu’il la prenait ? Pour une mère au foyer devenue trop impotente pour s’occuper des choses sérieuses ? Tina avala une gorgée de son verre, les lèvres pincées par l’agacement. Finalement, elle risquait de ne pas se laisser tenter. « Tarif intéressant, risques encourus relativement gérables, ça me semble vraiment être un bon deal. » Et ça ne semblait vraiment pas l’être pour Tina. Plus il parlait, et moins ça l’intéressait. Même l’idée du tarif intéressant ne suffisait pas à l’exciter. Elle l’avait connu plus doué que ça pour lui vendre ses contrats … A moins qu’elle n’ait changé, tout simplement. Mais il n’était plus question de se remettre sur le marché pour des affaires faciles. Elle avait une haute estime de ses capacités, elle avait travaillé avec des mutants qui l’avaient toujours poussé à se défoncer. Ses dernières années dans le métier, elles les avaient passées avec de vraies charognes, et elle avait risqué sa peau plus souvent qu’à son tour. Elle avait prit goût à cette étincelle d’adrénaline, et maintenant qu’elle avait décidé que ce n’était plus sa vie, elle savait qu’elle ne pourrait jamais y retourner pour quelque chose qui ne lui procure pas au moins la même sensation. Et pour l’instant, Razen échouait à provoquer quoi que ce soit en elle. « Rassure moi, tu es toujours sur le marché ? » Tina poussa un petit soupir, mi-amusé, mi-agacé. Elle prit son temps avant de répondre, reprenant une gorgée de son verre. « A une époque, tu savais mieux te vendre que ça, Townshend. » Fit-elle remarquer avant toute chose. « De toute façon j’ai arrêté. J’ai fait comme ton frère, crise de la trentaine et retraite bien méritée. » Voilà, maintenant elle allait peut-être enfin savoir. Pourquoi est-ce qu’il était venu vers elle après tout ce temps, pourquoi pas vers un autre. Et surtout, elle allait savoir si ça valait vraiment le coup. S’il ne la retenait pas, il n’y aurait rien à regretter d’un espoir trop vite envolé.
Razen Townshend
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Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Sam 17 Sep 2016 - 11:10
Just another contract
Valentina & Razen
Razen n’est clairement pas une personne fragile. Encore moins vulnérable. Quant à son innocence, n’en parlons plus, elle a été réduite à néant le jour où il a dû enterrer ses deux parents et enlacer ses deux petits frères en leur promettant qu’ils resteront ensemble, quoiqu’il puisse leur arriver, qu’il sera toujours là pour les protéger, qu’il fera tout pour que jamais, ô grand jamais, ils ne soient séparer. Alors lorsqu’il se vante d’être maladroit, ses propos ne sont rien d’autres que de l’humour masqué derrière des faux-semblants dans lesquels il s’enveloppe pour se protéger. Le sous-estimer, c’est faire un premier pas vers la défaite, l’échec ou l’arnaque. Et c’est un premier pas que la plupart des personnes font sans même s’en rendre compte. Malheureusement ou heureusement, Razen n’a pas encore tranché là-dessus, Valentina ne fait clairement pas partie de la plupart des personnes. Au contraire, leur collaboration date d’il y a quelques années, et elle a suffisamment eu à traiter avec lui pour savoir qu’il est bien moins sans défense qu’il ne peut le laisser paraître. D’ailleurs, le simple fait qu’elle le connaisse suffisamment bien pour mentionner Alvin et surtout comparer les deux Townshend veut tout dire. Ou presque tout dire. La moue boudeuse de Razen titille ses lèvres, se transforme en sourire mutant quand il fait remarquer que sur certains sujets, il faut tester les deux frères pour se faire un véritable avis, et que surtout Valentina s’est certainement faite avoir. Oh, il ne le formule bien évidemment pas comme ça mais… le rire de sa vis-vis – intéressante expression lorsqu’on connaît l’acuité visuelle du mercenaire – lui prouve qu’au moins, elle est toujours d’une compagnie plaisante. « Il fallait être plus rapide que ton frère, alors. Mais ce serait une expérience qui ne me déplairait pas. Un jour, peut-être … » C’est au tour de Razen d’éclater de rire, spontanément, rétorquant immédiatement un « Plus rapide qu’Alvin ? C’est pas possible, malheureusement. Je ne veux pas me moquer de mon frère, mais il parait qu’il a toujours été très précoce, si tu vois ce que je veux dire… » totalement gratuit. De toute manière, Alvin est parti.
Alvin l’a abandonné. Alvin a définitivement quitté le navire et Razen a beau savoir que c’est de sa faute à lui, il n’accepte toujours pas l’idée d’avoir trahi doublement la promesse faite à ses parents. Mon frère est occupé. Il minimise ça en crise de la trentaine, mais la vérité est si amère qu’il préfère tremper ses lèvres dans l’alcool pour mieux en dissiper le goût. Alvin est parti. Alvin s’est rangé. Alvin l’a abandonné. « Drôle d’idée, en effet. » Le voilà qui hausse les épaules, saute sur l’occasion pour changer drastiquement de sujet et surtout se reconcentrer sur ce qui les intéresse vraiment. Quitte à avoir perdu Alvin pour se libérer du contrat de Wolstenholme, autant ne pas risquer de perdre Aily avec le contrat de Griske. Razen est un beau salaud, mais il préfère largement sacrifier une alliée de choix telle que Valentina dans l’affaire. Et empocher du fric pour faire vivre ce qu’il reste des Townshend. Ce qu’il n’a pas encore détruit. La nouvelle gorgée d’alcool lui brûle l’œsophage, il se passe une main dans la barbe tandis que son regard vide énonce ce qui lui semble le plus intelligent à dire dans le cas présent. En général, les gens aiment s’assurer de leur survie. Fric facilement gagné, ça fait pousser des ailes. « A une époque, tu savais mieux te vendre que ça, Townshend. » Mais Valentina semble plus terre à terre. C’est bien sa veine. Si Razen ne se départit pas de son sourire, la légère grimace qui le tord un instant est éloquente : il ne s’attend pas à une telle réaction. « De toute façon j’ai arrêté. J’ai fait comme ton frère, crise de la trentaine et retraite bien méritée. » Et sa grimace ne risque pas de disparaître de sitôt. Voilà deux réactions inattendues et puisque le proverbe jamais deux sans trois ne n’est pas vraiment du genre à se dégonfler… il s’attend à une troisième remarque tout aussi plaisante.
Mais non. Rien ne vient. Juste le silence. J’ai arrêté. Qu’ont-ils donc tous à se ranger ? Si le contrat n’était pas aussi important pour l’aveugle, il ne se serait pas fait prier pour lui demander d’un ton acerbe si elle aussi, c’est parce qu’elle est devenue fleur bleue qu’elle a tout foutu en l’air. Si le contrat et la coopération de Valentina n’étaient pas aussi importants pour lui, Razen ne s’évertuerait clairement pas à conserver son calme et son petit sourire. Et s’il n’était pas aveugle, il la fusillerait bien du regard, malgré ses lunettes de soleil qui masquent son regard immobile. Mais non. Razen reste suffisamment lucide pour garder le silence. Et chercher un autre angle d’attaque. Sa main tâtonne devant lui, à la recherche de son verre dont il sait pourtant la localisation. Tout ce qu’il veut, c’est effleurer la main de Valentina. Rencontrer son épiderme. Savoir ce qu’elle attend, ce qu’elle souhaite entendre, savoir avec quels leviers jouer pour lui présenter le contrat de telle manière qu’elle sera incapable de le refuser. Il finit par s’humecter les lèvres. « Je… je suis surpris. J’imagine que je vais devoir chercher quelqu’un d’autre dans ce cas. » Surpris ? Ce n’est pas le terme exact. Si Razen devait être honnête, il lui dirait qu’il est déçu. D’abord Alvin, ensuite elle, qui sera le prochain ? Pas Griske tout de même, ce serait bien sa veine. « Depuis la désertion d’Alvin, tu es bien la seule en qui je puisse avoir suffisamment confiance pour demander ça. » Razen joue un jeu dangereux. Sans contact épidermique avec Valentina, il navigue véritablement à l’aveugle, et inutile de dire à quel point il déteste cette sensation. Il navigue même à l’instinct. Surtout à l’instinct. Surtout à l’instant. « Dis-moi, si je te dis hunter, qu’est ce que tu me réponds ? » Premier test. Si elle lui dit d’aller se faire voir, il peut accessoirement lui faire miroiter une cible huntress. Si au contraire, ça ne la choque pas plus que ça, il peut éventuellement lui dire la vérité. Ce qui ne serait pas du luxe. « Réponds sans honte, hein, je ne juge pas. » On sait jamais, si ça la rassure…
Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Ven 23 Sep 2016 - 21:44
« Plus rapide qu’Alvin ? C’est pas possible, malheureusement. Je ne veux pas me moquer de mon frère, mais il parait qu’il a toujours été très précoce, si tu vois ce que je veux dire… » A nouveau, Valentina se mit à rire à la réponse immédiate de Razen, absolument pas charitable pour l’absent. Mais c’était prévisible de la part d’un frère à un autre, et puisque les absents ont toujours tort … Valentina se garda bien de commenter, reprenant une gorgée de son verre avec un sourire moqueur aux lèvres. Sa nuit avec Alvin était loin de la performance médiocre à laquelle Razen semblait s’attendre, mais ils n’étaient pas venus pour parler de sujets aussi triviaux. D’autant que le point Alvin n’était pas le meilleur qui soit pour l’aveugle, qui semblait encore trop sur les nerfs suite à sa petite désertion. Tina ressentait une vague curiosité envers le plus jeune des deux Townshend, mais pas suffisamment pour poser de questions. Elle tenait à ce que Razen passe au sujet qui les intéressait, pas qu’il prenne la mouche et devienne intarissable sur cette trahison qui semblait l’avoir tant marqué. Parce qu’il avait beau être resté concis, son expression ainsi que sa froideur parlaient pour lui.
Finalement Razen finit par aborder la véritable raison de sa présence ici. Mais ce qu’il en disait était loin de satisfaire Tina, qui attendait le véritable challenge qui la pousserait à sortir de sa retraite anticipée. Elle menait une vie qui lui convenait très bien, dans la légalité presque la plus totale, et si Razen ne le savait pas encore, il était temps qu’il l’apprenne. Elle savait que cette nouvelle ne lui plairait pas, il devait être de ceux qui n’envisageaient pas de se ranger, jamais. Plutôt mourir que d’entrer dans une routine de métro-boulot-dodo, voilà ce qui était sa philosophie. La vie de l’aveugle vie se résumait aux coups qu’il réussissait, à leur préparation, à leur exécution, et ensuite à la jouissance de ses gains. C’était un éternel recommencement, un shot d’adrénaline perpétuel, et il lui en fallait toujours plus. Elle connaissait très bien le sentiment, elle y avait goûté pendant de très longues années et elle savait à quel point il était dur de s’en sevrer. Pendant longtemps elle avait cru que jamais elle ne pourrait cesser, elle avait ça dans le sang elle aussi. Mais … Mais elle s’y était faite, finalement. Après les effusions d’ultra-violence, l’engrenage irrépressible s’était enfin stoppé. Pour le meilleur sans aucun doute. Elle n’avait besoin de rien de plus. L’argent, elle l’avait. La sécurité, elle l’avait. L’excitation … Ca venait à manquer, mais elle trouvait une certaine alternative dans les actions avec Insurgency. Alors la proposition facile de Razen, ça ne l’intéressait pas. A moins qu’il ne sache faire preuve de plus de persuasion. « Je… je suis surpris. J’imagine que je vais devoir chercher quelqu’un d’autre dans ce cas. » La jeune femme plissa les lèvres dans une moue dépitée, et détourna le regard pour le laisser planer sur la salle, sans voir tous les soudards qui s’y vautraient. Tout ça pour ça. Il n’était même pas capable de surenchérir, il s’avouait déjà vaincu. Elle était extrêmement déçue de Razen, et elle fut à deux doigts de lui faire remarquer qu’il s’était ramolli, quand il reprit la parole. « Depuis la désertion d’Alvin, tu es bien la seule en qui je puisse avoir suffisamment confiance pour demander ça. » Elle reposa ses yeux sur l’aveugle, se redressant légèrement sur sa chaise, et posa une de ses mains sur la table tandis que l’autre venait flotter distraitement sur son menton. « Quel subtil petit mensonge. » Ironisa-t-elle, sans faire mine de se lever ou de mettre un terme à la conversation. Savoir qu’il la flattait n’enlevait rien à son effort. Il se rattrapait, mais ce n’était pas encore fameux. Elle attendait davantage de lui, et elle savait qu’il pouvait lui donner ce qu’elle attendait. « Dis-moi, si je te dis hunter, qu’est ce que tu me réponds ? » Cette fois il la prit véritablement de court en évoquant ce petit mot tant haï. Ses doigts se crispèrent légèrement sur la table, ses ongles raclant imperceptiblement le bois avant qu’elle ne se reprenne. Les hunters. Elle aurait des tas de choses à répondre sur ce vaste sujet, mais elle ne saisissait pas totalement ce qu’il attendait d’elle en lui posant une question aussi vague. Elle le toisa sans répondre, lui donnant le loisir d’ajouter : « Réponds sans honte, hein, je ne juge pas. » Elle secoua la tête et tapota vaguement du doigt sur la table. « Ne t’inquiète pas, ce sujet là ne risque pas de me faire honte. » Il fallait le dire vite. Elle avait bien failli faire sa vie avec un hunter, elle lui avait même fait un enfant. Mais elle s’était admirablement rattrapée de cette erreur de parcours en lui plantant un couteau dans l’abdomen et en le laissant à moitié mort sur le carrelage étincelant de leur si belle cuisine. Elle n’avait pas spécialement honte de ça, juste de ne pas l’avoir su plus tôt. Mais ce n’était pas ce que Razen voulait savoir. « J’aurais bien des choses à te répondre, mais ça dépend de ce que tu vas me proposer ensuite. » Elle se pencha légèrement vers lui, bien qu’elle n’ait sans doute pas besoin de ce geste pour qu’il entende parfaitement la suite. Il avait une ouïe bien plus développée que tous les alcooliques qui les entouraient, mais Tina restait toujours prudente. « Tu me connais mon chou, pourquoi est-ce que tu te fatiguer à poser la question ? Avec ce que je sais faire, je ne pense pas qu’on puisse me mettre dans la catégorie de leurs partisans. » Elle se radossa à son siège et le contempla, essayant de déterminer ce qu’il comptait lui proposer. Il n’y avait pas cent cinquante solutions, quand il s’agissait de hunters. Soit les hunters seraient les proies, soient ils seraient les commanditaires, soit … « Ne me dis pas que tu as pris une carte du parti ? » Demanda-t-elle soudain, le sarcasme suintant de son ton. Elle n’y croyait pas une seconde, parce que même si Razen n’avait jamais démontré de pouvoir particulier, elle était persuadée qu’il était mutant lui aussi. Il était tordu et ne répondait qu’à l’appât du gain, mais c’était tout bonnement impossible qu’il soit devenu hunter.
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Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Mer 5 Oct 2016 - 0:00
Just another contract
Valentina & Razen
Se ranger : l’idée a, contrairement à ce que l’on pourrait croire, effleuré plus d’une fois l’esprit de Razen. Mais se ranger, vivre une petite vie tranquille, rythmée par les heures de travail, les heures de métro, les heures des repas, ce n’est plus le rêve de Razen et ce depuis des années. Pour la simple raison que cela lui est impossible. Il sait très bien que tous les orphelins, tous les frères aînés en charge de leurs deux petits frères, que tous les enfants qui se retrouvent livrés à eux mêmes, ne deviennent pas des mercenaires à la morale presque inexistante, aux scrupules complètement absents et aux choix aussi controversés que dangereux, il le sait bien qu’il a certainement dû faire des erreurs dans sa vie des mauvais choix, qu’il a dû emprunter plus d’une fois un mauvais embranchement mais il ne peut pas revenir en arrière. Et maintenant qu’il n’a plus Alvin pour le seconder, il est encore plus enchaîné à cette vie : sa liberté et son indépendance sont liées à l’illégalité dans laquelle il évolue et qui lui colle désormais à la peau bien plus qu’il ne voudra jamais l’admettre. Son autonomie, il la perdra le jour où il décidera de se ranger parce qu’un aveugle, lorsqu’il ne se bat plus pour vendre et acheter des informations et des noms, redevient un handicapé qui ne peut et ne pourra jamais faire quelque chose d’aussi simple et élémentaire que de lire une liste de course. Se ranger. Razen est un homme intelligent mais avant tout c’est un homme prudent : il ne prendra jamais le risque de perdre ce qu’il a mis tant d’années à construire. Pas plus qu’il prendra un jour le moindre risque quant à l’un de ses contrats, du moins pas tant qu’il pourra l’éviter.
Comme maintenant. Valentina s’avère être un cul de sac. Et ça… ça ne lui plaît pas vraiment. Déjà parce qu’il ne s’y attendait pas le moins du monde. Ensuite parce que sans contact épidermique avec elle, il ignore tout de comment la convaincre et qu’il est condamné à rester dans le noir. Enfin… et bien : il déteste être dans le noir, aussi ironique que cette affirmation puisse l’être. Il déteste ne pas avoir de point de vue mutant, il déteste devoir avancer à l’aveuglette, et tout l’humour qu’il pourrait rassembler en y mettant du sien, et il y met du sien, vraiment, ne parviendrait pas à éclairer sa lanterne. Il est hésitant, Razen, il est prudent, aussi, lorsqu’il finit par sortir de son mutisme. Sa main a tâtonné suffisamment longtemps à la recherche de son verre pour qu’il puisse continuer à chercher le contact de la sorte sans que cela ne paraisse suspect. Surpris, il l’est sûr. Qu’il doive chercher quelqu’un d’autre est un contretemps, et un contretemps des plus fâcheux. Il n’a pas envie de se disperser à chercher un autre pigeon, et encore moins un pigeon mutant avec qui il aurait déjà travaillé, qui présenterait des capacités aussi impressionnantes et utiles que celle qui se trouve présentement face à lui. « Quel subtil petit mensonge. » Il n’a pas envie de jouer à ce petit jeu, son soupir est le principal ambassadeur de sa fatigue. Et le glas qui sonne définitivement la mort de la conversation presque plaisante juste que là. Les méninges de l’aveugle carburent à toute vitesse. Ne pas laisser de silence, ne pas marquer sa réflexion, continuer à parler, à faire des pauses et à choisir ses mots comme si tout cela n’était rien de plus qu’un effort supplémentaire à fournir ou une précipitation de ce qu’il comptait de toute façon, lui dire.
Hunter. La table crisse sous sa peau moite qui fourmille de connaissance. La table est raclée, imperceptiblement, mais cela suffit pour vibrer à ses tempes. De toute évidence, le mot ne la laisse pas indifférente, Razen ne se fait pas prier pour en rajouter une couche. « Ne t’inquiète pas, ce sujet là ne risque pas de me faire honte. » Les sourcils du mutant se froncent, alors qu’il commence à percevoir un schéma informe, aidé par une mutation bien plus complexe qu’il n’y parait. Elle le prive de ses yeux, mais lui offre la possibilité de comprendre. « J’aurais bien des choses à te répondre, mais ça dépend de ce que tu vas me proposer ensuite. » Il garde le silence. Ecoute. Attise ses capacités, au détriment de sa santé, laissant une migraine poindre. « Tu me connais mon chou, pourquoi est-ce que tu te fatigues à poser la question ? Avec ce que je sais faire, je ne pense pas qu’on puisse me mettre dans la catégorie de leurs partisans. » Un petit sourire, un petit rire se pose sur ses lèvres, de toute évidence pour acquiescer. Bien évidemment, qui irait penser une seule seconde qu’un mutant puisse sympathiser avec des Hunters. Quelle idée grotesque, quelle idée ridicule… « Ne me dis pas que tu as pris une carte du parti ? »
S’il a eu un petit sourire, là, c’est un rire presque sincère qui franchit ses lèvres. « La carte du parti ? C’était donc ça le bout de papier qu’un gentil monsieur a glissé dans ma main ? Merde alors, je pensais que c’était un billet. » Son rire n’est pas forcé, il met juste en avant le caractère ridicule de l’idée bien saugrenue que Valentina vient d’avancer. Non, vraiment, très peu pour lui que de s’enfermer dans une secte qui n’a pour but que de le brûler sur la place publique. « Je te connais, mon lapin, et j’ose espérer que tu me connais un peu aussi. » Ses doigts tapotent sur la table, sa réflexion ne connait aucun repos. « Je souffre depuis l’enfance d’une grave intolérance à la connerie humaine. J’essaye d’éviter de m’y exposer trop longuement donc non, pas de pin’s pour moi. » La conclusion s’impose à l’instant même où il vient de prononcer le dernier mot. Il joue à un jeu dangereux depuis plusieurs minutes, mais là… « Mais tu fais bien de me demander : il se trouve justement que mon ami qui m’a demandé un service » Tu sais, Griske, l’un des pires de son espèce « se demande justement si l’une de ses connaissances ne l’aurait pas prise, cette carte. Avec le pin’s, le tee-shirt et même la casquette qui va avec. » Le verre trouve sa place entre mes doigts, miraculeusement rempli. Une gorgée, et ça repart. « Et mon ami aimerait bien en être certain avant d’intervenir, d’une manière ou d’une autre. » Sa nervosité n’est pas tout à fait sincèrement, mais elle a un vrai fond. Bien réel. Bien présent. Il ne sait pas qui il pourra appeler d’autre si elle s’obstine à refuser. Et pour tout dire, il rechigne malgré tout un petit peu à devoir employer la manière forte, comme la menace par exemple. « Tu commences à voir où je veux en venir ? » Il se retient tout juste de rajouter un peut être trop insistant alors, ça t’intéresse ça ?
Razen est un génie en son genre. Un équilibriste. Un funambule qui marche constamment sur la corde raide, maintenu droit grâce à son instinct, sa mutation, son intuition la plus diffuse et la plus complexe. Razen est un génie en son genre, un génie qui a bien trop conscience de pouvoir chuter à n’importe quel moment. Et qui craint plus que tout le jour où il fera un faux pas fatal.
Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Lun 31 Oct 2016 - 18:17
Les hunters, c’était vraiment un vaste sujet, sur lequel Tina préférait ne pas trop s’appesantir. Elle détestait le concept même des hunters, elle qui s’était toujours considérée de la race supérieure. Des gens qui avaient voué leur vie à massacrer ses semblables sans aucune distinction d’âge, de sexe ou même de dangerosité, cela ne passait pas, forcément. Elle avait participé à en tuer beaucoup quand elle était plus jeune, bien qu’elle n’ait jamais manié l’arme finale elle-même. Et elle continuait, en prenant part aux actions d’Insurgency. Comme pour beaucoup d’autres, son but était de voir disparaître pour de bon ces chasseurs de mutants. Elle ne se faisait aucune illusion, pourtant : ils n’atteindraient jamais ce but. Comme il y avait toujours eu des violeurs et des assassins malgré la chaise électrique et la prison, il y aurait toujours des hunters. Mais au moins elle ne restait pas les bras croisés en les regardant se multiplier. Et chaque mutant devrait faire comme elle, plutôt que de geindre et de se cacher sous leur lit en tremblant. Elle comprenait que certains ne veuillent pas s’impliquer dans cette guerre qui n’était pas prête de s’arrêter. Par contre, jamais elle ne comprendrait que certains mutants cautionnent les actions des hunters. Ca, c’était impardonnable, c’était inadmissible. Tina considérait ceux-là comme des traîtres qui devaient être traités de la même façon que les hunters. Elle n’avait jamais vraiment su si Razen était mutant, elle n’en avait jamais eu de preuve, mais elle était certaine qu’il était de la même race qu’elle malgré tout. Et elle ne pouvait pas croire qu’il puisse s’allier avec des hunters. Non, c’était impossible. Et puis, quel idiot la connaissant aurait pu revenir lui proposer de s’allier aux hunters ? Non, bien sûr que non. Razen la connaissait trop bien pour savoir qu’elle était plutôt du genre à faire se tordre de douleur les chasseurs de mutants, et il avait assez de jugeote pour ne pas espérer qu’elle change d’avis. Il devait donc avoir une autre idée en tête et elle attendait de moins en moins patiemment qu’il la dévoile.
« La carte du parti ? C’était donc ça le bout de papier qu’un gentil monsieur a glissé dans ma main ? Merde alors, je pensais que c’était un billet. » Sa réponse tira un demi-sourire à Valentina. Sans qu’il n’ait besoin d’en rajouter, cela valait confirmation : il n’était pas dans le camp hunter. Elle n’en avait pas douté mais elle avait pour principe de tout vérifier avant de prendre quelque chose pour acquis. « Je te connais, mon lapin, et j’ose espérer que tu me connais un peu aussi. Je souffre depuis l’enfance d’une grave intolérance à la connerie humaine. J’essaye d’éviter de m’y exposer trop longuement donc non, pas de pin’s pour moi. » Voilà qui ne faisait aucun doute, même s’il avait un caractère qui s’avérait quelquefois un peu trop extrême, même pour Valentina. Ils étaient bien d’accord au moins sur le point que la connerie des hunters devait rester éloignée d’eux le plus possible. « Mais tu fais bien de me demander : il se trouve justement que mon ami qui m’a demandé un service se demande justement si l’une de ses connaissances ne l’aurait pas prise, cette carte. Avec le pin’s, le tee-shirt et même la casquette qui va avec. » Ils en venaient enfin au vif du sujet, et Valentina se carra sur sa chaise, bien plus intéressée soudain. « Et mon ami aimerait bien en être certain avant d’intervenir, d’une manière ou d’une autre. » Des dizaines d’options défilèrent immédiatement dans l’esprit de Valentina pour mettre en marche cette fameuse vérification, mais elle se morigéna et essaya de faire arrêter ce mécanisme trop familier. Elle n’avait pas encore accepté, il fallait qu’elle s’en souvienne. Même si elle avait les capacités de mener à bien cette requête, ça ne signifiait pas qu’elle allait le faire. « Tu commences à voir où je veux en venir ? » Bien sûr qu’elle voyait, elle n’était pas demeurée ! Ce n’était pas parce qu’elle avait arrêté ses activités qu’elle s’était ramollie à ce point. Elle leva les yeux en émettant un claquement de langue réprobateur. « Ton ami, c’est un mutant ? » Demanda-t-elle au lieu de répondre à une question aussi stupide. En vérité, le fait qu’il soit mutant ne déterminerait pas forcément sa décision, mais cela l’aiderait fortement. Et elle avait besoin de se faire une idée de la situation générale. « Il va falloir être plus précis que ça si tu veux que je t’aide. » Elle se remit à pianoter distraitement sur la table, se remettant à réfléchir aux moyens d’agir. « Ton ami peut intervenir, mais il ne peut pas s’assurer lui-même si sa connaissance n’est pas devenue hunter ? » Il y avait un loup là-dessous, et elle n’était pas certaine que Razen le lui dévoile aussi facilement, mais elle ne perdait rien à essayer. « Quelles sont ses conditions ? Je ne fais pas dans la dentelle, j’espère que tu le préviendras de ça avant qu’on ne commence et qu’il ne soit … choqué. » Valentina faisait son travail discrètement, mais jamais aucune de ses cibles n’en était ressortie indemne. Elle ne voulait pas avoir de plaintes de ce côté-là, et préférait mettre les points sur les i avant même d’accepter le travail. « Quel tarif est-ce qu’il a mis sur le job ? » Mine de rien, c’était tout aussi important que le reste.
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Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Lun 21 Nov 2016 - 21:33
Just another contract
Valentina & Razen
Razen est un homme particulièrement méprisable sur bien des sujets, et il le sait. Mais il ne s’en excusera jamais, certainement pas, ce serait totalement contre-productif. Il sait que bon nombre de ses décisions ne sont motivées que par l’argent, l’intérêt et le trafic d’informations ; il sait que du point de vue de la moralité et de l’intégrité, cela fait des années qu’il a vendu son âme au diable. Mais il en a tiré un bon prix, et maintenant il fait fructifier son capital de la manière la plus efficace possible, sans se fixer la moindre limiter. Lui, lui, et accessoirement le reste des Townshend, voilà son maître mot et voilà ce qui le pousse à faire affaire non seulement avec les pires crapules mais aussi avec des assassins, des sociopathes et lorsqu’il le faut, des mutants ou des hunters. Ne pas choisir de camp, ce n’est pas une question de principe, ce n’est pas non plus une question de praticité, c’est juste que de toute manière, il n’a jamais envisagé de se sentir lié d’une manière ou d’une autre à l’un des deux groupes.
Les mutants, il est bien placé pour le savoir, peuvent être peuplés autant de connards que de bisounours, autant de dangers sur pattes que d’innocentes peluches. Et il en est de même chez les Hunters. La carte du parti, il ne la prendra jamais, ou s’il le fait, il ne se contentera pas de prendre la carte d’un seul parti, il se créera un éventail des plus complets pour pouvoir distraire ses adversaires dans des tours de magie ou les lancer sur d’éventuels fouineurs pour brouiller les pistes. Razen est un magicien, un prestidigitateur, un caméléon qui se plait à être ce que les gens attendent de lui, qui se plie aux désirs de ceux qui ont le malheur de lui serrer la main et de lui livrer sans le savoir leurs aspirations les plus élémentaires. Un petit rire, il relève en toute discrétion le ridicule de la suspicion de Valentina, insiste en revendiquant une intolérance aiguë à la bêtise humaine – ce qui n’est pas tout à fait faux, de toute manière – et rebondit sans plus tarder en axant la conversation sur ce qui l’intéresse. Certes, il modifie quelques détails, ajuste la situation à bien des égards et livre à la mutante une version bien déformée de la réalité mais tout y est, en définitive.
Un ami, une carte du parti, l’intégrale de la panoplie même, tout y passer. La victime devient le bourreau, le bourreau devient l’ami, l’ami se transforme en outil, dans l’esprit de Razen, tout se réorganise pour traduire la pièce de théâtre en une autre langue que celle d’origine. Le verre se vide, retrouve sa place entre ses doigts, humecte ses lèvres et éclaircit ses pensées, l’aide à se focaliser sur ce qui est en jeu. Valentina, sans être son dernier espoir, est le plus évident des choix qui s’offrent à lui en matière de mutant. Elle a tout pour elle, de l’expérience à l’efficacité en passant par la mutation tout à fait adéquate et fascinante. L’aveugle ne désire en aucun cas en être un jour la victime, mais il doit bien admettre que faire fourmiller sa propre mutation sur l’épiderme d’une victime de Valentina pourrait avoir quelque chose de tout particulièrement… fascinant, c’est le terme le plus exact qu’il puisse avoir en tête. Fascinant et dangereux. Mais Razen, de toute manière, flirte avec le danger depuis tant d’années qu’il en est, quelque part, tombé amoureux. Le danger est un moyen de se dépasser, parcourir inlassablement la corde d’un funambule entre deux tours, un moyen de se sentir vivant et libre. Razen est un équilibriste, un magicien, un funambule. Et un homme d’affaire. « Ton ami, c’est un mutant ? » La question directe manque de lui arracher une grimace. Ce n’est pas qu’il répugne à mentir, il n’est plus à ça près, c’est qu’il doit construire autour de cet ami tout un ensemble de détails pour le rendre réel. Et, surtout, il ne doit pas faire le moindre faux pas pendant cette manœuvre. La corde raide devient coupante sous ses pieds, il repousse la question dans le temps en trempant à nouveau ses lèvres dans son verre. « Il va falloir être plus précis que ça si tu veux que je t’aide. » Sa main posée sur la table, ressent le doigt de Valentina qui pianotent de leur côté. Cherchent un sens, monopolise une part de sa concentration. Le problème, lorsque l’on comprend ce qui se passe, c’est que l’on cherche à tout comprendre et que se retenir est un effort en soi. Un effet que Razen ne comptait pas avoir à fournir en plus de construire mentalement cet ami qu’il va inévitablement devoir rendre réel. « Ton ami peut intervenir, mais il ne peut pas s’assurer lui-même si sa connaissance n’est pas devenue hunter ? » Il la laisse poser ses questions, un sourire flottant sur ses lèvres, un sourire qu’il s’échine à conserver tranquille, à qui il interdit la moindre crispation. « Quelles sont ses conditions ? Je ne fais pas dans la dentelle, j’espère que tu le préviendras de ça avant qu’on ne commence et qu’il ne soit … choqué. » Il a un petit rire, à cet instant, un petit rire qui ne manque certainement pas de le détendre. Si Valentina a réellement les capacités de choquer Griske par une quelconque violence débridée, Razen tient absolument à être présent pour savourer la scène et il se sent prêt pour cela à déployer toute sa mutation, quitte à y laisser la vie, pour embrasser le tout et comprendre suffisamment l’air qui l’entourera pour voir véritablement un air outré s’étirer sur le visage du pire Hunter qu’il ait pu croiser jusque là. « Quel tarif est-ce qu’il a mis sur le job ? »
La dernière question de la mutante, sans le prendre au dépourvu, intervient à point nommé pour le faire sortir de ses pensées et lui offrir un support auquel se raccrocher. Et lui donner de quoi rebondir et reprendre la parole, puisqu’elle en a visiblement terminé. L’aveugle s’humecte à nouveau les lèvres, laisse son index cueillir une goutte d’eau sur le bord du verre et dessiner sur la table un montant qu’il ne dira pas à haute voix. Mais un montant pour le moins appréciable. « Fois deux, la moitié avant, le reste après. Auquel je prélèverai bien évidemment une petite commission, puisqu’il faut bien que je mange. Pour le reste… » Il ferme les yeux, réarticule les différentes questions de Valentina pour n’en oublier aucune. « Il n’est lui-même pas mutant. Mais si j’ai bien compris, l’un de ses proches en serait un, il a juste refusé de me dire qui. Et cette réserve me confirme que c’est une personne sérieuse. Quant à plus de précision… je n’en ai moi-même pas bien plus, je dois bien l’admettre. La personne à… tester… proclamerait être de la famille de mon ami, mais il en doute, très sérieusement. Et il craint naturellement que ce ne soit qu’une fable pour approcher son proche mutant. » Tout cela lui semble aussi limpide qu’une mare à la vase remuée par des pierres jetées dans l’eau. Les vaguelettes heurtent Razen au rythme des battements de son cœur, lui rappelant qu’il joue avec le feu.
C’est lorsqu’il repense à l’interrogation de la mutante sur la violence qu’elle est capable de déployer, la minutie avec laquelle elle sait jouer de sa mutation sur une personne que Razen se surprend à envisager de prévenir Valentina. Ou de la mettre en garde, suffisamment du moins pour ne pas se la mettre à dos si elle survit à Griske, suffisamment aussi pour qu’elle ne puisse pas lui en vouloir pour l’avoir envoyée dans la gueule du loup. Pendant une fraction de seconde, il envisage même de revenir sur ses précédents propos pour créer chez son ami une certaine insécurité face aux mutations, pour mieux encourager Valentina à être relativement discrète sur ce plan là. Pendant une fraction de seconde, aussi, il envisage de partir. Finalement, une troisième solution s’impose. « Ses conditions sont un minimum d’échange. Il t’indique l’identité de la cible, tu la testes, tu lui rapportes tes trouvailles, il te paie et tu disparais aussitôt. Il ne peut pas s’en charger lui-même déjà parce qu’il sait ne pas être de taille mais aussi parce qu’il ne veut pas être impliqué s’il s’avère qu’elle était… innocente. En revanche, n’aie pas peur de le choquer. Au pire, il y réfléchira par deux fois la prochaine fois. »
Lorsqu’il exécute son mouvement d’épaule, Razen se fait la remarque que la légèreté avec laquelle il envisage que Valentina blesse et traumatise réellement une personne innocente peut être mal perçu. Mal interprété. Et que ce haussement d’épaule peut tout à fait être son faux pas, celui qui le précipitera dans le gouffre qui lui tend la main depuis bien trop d’années.
Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Sam 17 Déc 2016 - 23:12
Valentina avait besoin de détails. Elle ne partait jamais à l’aveuglette dans une aventure de ce type, et elle aimait que tout soit calculé, discuté, analysé plusieurs fois. Elle n’aimait pas prendre de risques inutiles, elle en avait déjà bien trop pris quand elle était plus jeune. Elle avait frôlé la mort à de nombreuses reprises, la prison également. Elle ne voulait obtenir ni l’une ni l’autre, et elle s’en était rendu compte en prenant un peu de plomb dans la cervelle, les années passant. Ca ne la dérangeait pas de travailler de l’autre côté de la loi, là où la mort et la souffrance faisaient le boulot à la place des flics et des juges. Mais risquer sa peau, pas question. Plus maintenant. Elle vivait confortablement, elle n’avait pas besoin de ça pour remplir son frigo ou se faire des petits plaisirs. Il faudrait donc que Razen soit plus clair que quelques phrases sibyllines lancées en l’air pour l’appâter. Elle se demandait d’ailleurs pourquoi il faisait tant de mystères : elle l’avait connu bien plus direct, et elle soupçonnait une entourloupe quelconque. A moins qu’il n’ait juste pris la manie de se faire mousser en cultivant le suspense, ce qu’elle n’appréciait pas particulièrement. Mais pour l’instant, elle préférait entrer dans son jeu et rester calme. Elle lui faisait encore confiance, pour autant qu’elle puisse faire confiance à quelqu’un de sa trempe. Mais elle le connaissait, et leurs travaux ensemble avaient toujours été aussi lucratifs qu’intéressants. Il n’y avait pas de raison pour que cela change.
Razen ne lui donna pas immédiatement les éclaircissements qu’elle demandait. Il préféra lui indiquer le prix fixé à cette demande particulière, et elle regarda les chiffres tracés sur la table – avec une netteté remarquable pour un aveugle, comme toujours. Elle eut un claquement de langue approbateur. Le chiffre en lui-même était bon, mais la précision de Razen le rendit encore meilleur. Pour ce qu’elle avait compris jusque là de leur affaire, le prix était raisonnable, voire légèrement élevé. Elle attendait encore ses explications, mais elle se doutait déjà que les choses ne seraient pas si simples, sans quoi la somme serait bien plus basse. Dans tous les cas, jamais elle n’aurait accepté une mission de bas étage, peu payée et peu intéressante. Le prix lui plaisait, restait maintenant à déterminer ce qu’il en serait du reste. « Il n’est lui-même pas mutant. Mais si j’ai bien compris, l’un de ses proches en serait un, il a juste refusé de me dire qui. Et cette réserve me confirme que c’est une personne sérieuse. Quant à plus de précision… je n’en ai moi-même pas bien plus, je dois bien l’admettre. La personne à… tester… proclamerait être de la famille de mon ami, mais il en doute, très sérieusement. Et il craint naturellement que ce ne soit qu’une fable pour approcher son proche mutant. » Les choses devenaient plus précises, et soudain bien plus intéressantes. Valentina commençait enfin à comprendre les motivations du donneur d’ordre, et si tout ceci était de bonne foi, alors elle le comprenait à merveille. Un humain potentiellement hunter, potentiellement prêt à nuire à un mutant : les choses semblaient claires. Assez claires pour quelqu’un qui avait passé le plus clair de sa vie à traquer des hunters, et qui ne refuserait pas de s’y remettre. Valentina ne pouvait cependant s’empêcher de trouver tout ceci très nébuleux, et elle ne s’enlevait pas de la tête l’idée que Razen se comportait bizarrement. Mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt sur un indice précis pour justifier ce sentiment. Elle faisait confiance à son instinct, mais elle savait aussi qu’elle avait perdu l’habitude de ce monde. Elle s’était enfermée dans une paranoïa aigue depuis qu’elle avait poignardé Logan, et elle savait qu’elle devait arrêter de voir le mal partout. « Ses conditions sont un minimum d’échange. Il t’indique l’identité de la cible, tu la testes, tu lui rapportes tes trouvailles, il te paie et tu disparais aussitôt. Il ne peut pas s’en charger lui-même déjà parce qu’il sait ne pas être de taille mais aussi parce qu’il ne veut pas être impliqué s’il s’avère qu’elle était… innocente. En revanche, n’aie pas peur de le choquer. Au pire, il y réfléchira par deux fois la prochaine fois. » Un sourire narquois étira les lèvres de Valentina : c’était toujours la même chose. Les donneurs d’ordre ne voulaient jamais être impliqués, et ils prenaient de grandes précautions pour que cela ne soit jamais le cas. Comme ici, à passer par Razen qui usait de détours tarabiscotés pour décrire une situation finalement très commune.
Tina avait déjà réalisé des repérages de ce genre, et plusieurs fois. Elle aimait qu’on lui laisse les mains libres, elle aimait pouvoir utiliser sa mutation comme elle le désirait. Visiblement, c’était le cas de cette mission, et la mutante eut un petit frisson d’excitation en s’imaginant devant sa victime. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas laissée aller … Et si cette personne était vraiment hunter, alors elle pourrait s’en donner à cœur joie. Un peu plus pour tous les autres qui s’en sortaient impunément. Elle se remit à pianoter sur la table, perdue dans ses pensées. « Et toi dans tout ça, quel est ton rôle ? Messager uniquement ? Ta commission va en prendre un coup, si tu restes à l’écart. » Il n’était pas question qu’elle lui laisse une trop grosse part de la somme s’il ne prenait pas part à la mission. Elle ne désirait pas forcément qu’il travaille avec elle, mais elle avait besoin de savoir si elle devait le compter dans l’équation. « Si la connaissance de ton ami s’avérait hunter, il ne veut pas que je m’en occupe différemment ? » Ca aussi, c’était un détail important à préciser. Valentina ne tuait pas, elle torturait certes, mais jamais jusqu’à ce que ses victimes en perdent la vie. Ils pouvaient perdre bien d’autres choses au passage, cependant … « Il va falloir que j’y réfléchisse. » Lâcha-t-elle finalement d’un ton pensif. Elle ne voulait pas que Razen prenne son accord comme acquis, et elle avait réellement besoin d’y réfléchir … Même si, les secondes passant, elle avait de plus en plus en envie d’accepter. « Quel est le degré d’urgence ? »
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Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Mar 3 Jan 2017 - 20:44
Just another contract
Valentina & Razen
Razen n’est en rien de ces personnes qui hésitent à prendre des risques, qui s’effrayent pour un peu d’eau tiède ou qui, sous prétexte d’une constitution fragile, n’osent mettre la tête dehors lorsqu’il bruine très légèrement. En un mot comme en dix, Razen sait se mouiller lorsqu’il le faut, sait miser, parier et gagner gros lorsque le jeu en vaut la chandelle et sait plus encore lorsqu’il n’a d’autre choix que de jouer le tout pour le tout, en fermant les yeux, serrant les dents et priant pour que sur un malentendu ça passe. Et en sachant que vu sa compréhension habituelle des faits, des tenants et des aboutissants, des différents enjeux… en général, ça fait bien plus que passer. Razen n’est peut-être pas un grand joueur, il n’est pas poltron pour autant. Et s’amuser à déformer la réalité pour qu’elle colle aux attentes de Valentina, voilà à ses yeux ce qui s’apparente davantage à un risque calculé qu’à un simple jet de dé. Un risque calculé, qu’il tempère à l’avance par une somme alléchante dessinée du bout du doigt sur la table. Une somme qu’il faut compter doubler si tout se passe bien. Il est comme ça, le Razen, il sait qu’il est un bon, il sait qu’il est désormais - sous une foule de pseudonymes parmi lesquels se perd son véritablement nom - une référence parmi les mercenaires et le marché noir d’informations qui fait bombance au milieu d’une atmosphère tendue comme peut l’être celle du conflit mutant-hunter. Le regard vide du mercenaire se perd sur un point indéfini lorsque ragaillardi par le claquement de langue approbateur de Valentina, il sent la situation s’éclaircir et la brume méfiante se dissiper. La fable de Razen gagne en substance, s’articule de mieux en mieux sur les fondations solides d’un mélange subtil entre mensonge et vérité. Tout n’est pas faux dans ce qu’il dit, bien au contraire : tout n’est qu’affaire de perspectives après tout.
De perspectives, de point de vue et pour un homme tel que Razen aux principes moraux relativement… controversés, c’est amplement suffisant pour signer. En revanche, pour une mercenaire telle que Sandrelli qui, selon ses dires, a arrêté d’accepter des contrats, tout n’est apparemment pas aussi évident. Le Townshend est nonchalant dans son discours, assuré dans ses propos, mais il y a quelque chose qui le turlupine malgré tout: il craint de ne pas être suffisamment convainquant. Alvin lui a tourné le dos, Sandrelli peut très bien faire de même. A la nuance près que si elle tente une telle manoeuvre, l’aveugle risque d’y laisser des plumes et elle aussi. Un minimum d’échange, une conclusion somme toute prévisible des conditions posées par Griske, une conclusion qui ne devrait pas surprendre la mutante. Razen a beau conserver l’attitude désinvolte de celui qui est sûr de lui, il ne peut pas s’empêcher d’écouter les doigts de la mutante qui heurtent la table, il ne peut pas s’empêcher de guetter la moindre information. Misère qu’ils ne soient pas suffisamment intimes et qu’elle ne soit pas suffisamment tactile pour qu’un contact épidermique le laisse percevoir quelques données, histoire de ne pas rester dans le noir.
« Et toi dans tout ça, quel est ton rôle ? Messager uniquement ? Ta commission va en prendre un coup, si tu restes à l’écart. » Misère, aussi, si elle commence à poser de telles questions. Sa commission, Razen la prélève un peu partout, de manière plus ou moins officielle et organisée. Le sait-elle ? Certainement pas. « Ne t’inquiète pas pour ma commission, va… mon travail n’est pas de me mêler de tout ça, c’est justement de ne pas m’en mêler. » Il a un petit sourire, en se faisant aussi la remarque qu’il peut à tout moment choisir de gonfler sa commission par bien des manières. En vendant Griske à des mutants, Sandrelli à des hunters, la magouille Griske-Sandrelli à des policiers corrompus cherchant un peu partout des occasions de se faire bien voir de leur hiérarchie… les solutions sont multiples lorsque la moralité est moindre. « Si tu dis oui, je toucherai le reste de ma paie. Si tu dis non, et bien… j’irai voir quelqu’un d’autre. » Qu’elle ne s’inquiète surtout pas. Razen n’est pas du genre à perdre de l’argent, surtout lorsqu’il ne fait que jouer les intermédiaires.
Et qu’il sait très bien jouer les intermédiaires. La question de Valentina le laisse un instant songeur. « Si la connaissance de ton ami s’avérait hunter, il ne veut pas que je m’en occupe différemment ? » Sa main se porte à son menton, ses doigts se frottent dans sa barbe, grattent même sa joue, signe de réflexion. « Il ne m’en a rien dit, mais je doute qu’il le veuille réellement. Tu sais, si c’est un hunter… » Le terme, qu’il n’emploie pas bien souvent à haute voix, mine de rien, le laisse lui aussi bien songeur. « … je pense qu’il voudra avoir une discussion en tête-à-tête avec lui. La plupart des gens se pensent capable du pire mais s’avèrent finalement incapable de se comporter autrement que comme des gentils oursons lorsque leur pire cauchemar se concrétise. Ce que je veux dire, c’est que je ne sois pas sûr qu’au final, il veuille supprimer le problème. Juste l’anticiper. » Tout le monde, somme tout, n’est pas comme elle et lui, à mettre en application leurs menaces sans la moindre hésitation. Tout le monde n’est pas prompt à vendre son meilleur ami pour un compte en banque ou son âme pour protéger son frère, sans une once de remords. La plupart, et Razen ne le sait que trop bien, hésitent. Doutent. Font marche arrière. Parce qu’ils n’avaient pas songé un seul instant que peut-être, un jour, ils se retrouveraient confrontés à une telle situation. Peut-être parce que ce sont des gens honnêtes. Peut-être. Razen ne sait plus suffisamment ce que c’est, l’honnêteté, pour la reconnaître.
Oh, bien évidemment, l’aveugle range Griske dans le même sac que lui et la mutante, mais sait-on jamais, l’employeur qu’il a inventé de toute pièce peut être un ange, au fond, non ? Bien évidemment, le fait que le hunter puisse ne pas vraiment apprécier retrouver un cadavre s’il s’avérait que la cible était dans le bon camp n’entre absolument pas en jeu dans les réponses que l’Anglais donne à Valentina. Absolument pas. Vraiment. Razen a un demi-sourire qu’il n’essaye même pas de cacher et que la dernière question que Valentina lui pose ne fait pas disparaître. « Il va falloir que j’y réfléchisse. Quel est le degré d’urgence ? » Le degré d’urgence ? Razen apprécie retomber sur un terrain où il n’a pas à se creuser la tête pour trouver un discours solide. Il n’a qu’à dire la vérité. Avec une moue légèrement embêtée, une petite facétie qu’il se permet. « Assez élevé, je me dois de te le concéder. Mon contact est assez nerveux, il ne veut pas rester dans l’ombre plus longtemps. Et je n’aimerais pas qu’il me file entre les doigts. » Une double raison, et tout ce qu’il peut raconter est tout à fait vrai : cette réponse coule de source. « Tu as besoin de combien de temps pour te décider ? Pour que je sache s’il faut que je contacte d’autres personnes… j’imagine que si tu as arrêté, tu n’as pas trop envie de remettre le nez dedans et que ça te bloque… » Razen lui offre une petite moue qu’il veut compréhensive. « … on peut aussi songer à arrêter de parler boulot et à rattraper le temps perdu. Si tu t’es rangée, c’est pour enfiler quel tablier ? » Il lui offre maintenant un sourire taquin. « Cinq jours, c’est ce que je peux te donner niveau réflexion. Sachant qu’au troisième, j’aurais déjà commencé à lancer des cailloux dans d’autres mares, si tu vois ce que je veux dire. » Ses méninges sélectionnent sans y penser des mutants qu’il ne contactera pas. Parce qu’il veut que Valentina signe. De tous ses contacts, Razen n’a pas vraiment de doute : c’est celle qui a le plus de chance de survivre à la sociopathie carabinée de Griske. Et celle qui a aussi toutes les clés en main pour protéger l’Anglais, si un jour le Hunter décider de se retourner contre lui. Parce que, bien évidemment, Razen n’envisage pas que les choses puissent mal tourner et qu’il puisse se retrouver à un moment donné avec la mutante et le chasseur sur le dos.
Razen est dotée d’une intelligence hors du commun. S’il n’avait pas ce soupçon d’orgueil pour l’aveugler bien davantage que sa propre cécité, peut-être aurait-il les capacités pour vivre de très longues années. Peut-être.
Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Dim 5 Fév 2017 - 15:03
Les choses se précisaient, et Valentina commençait à avoir une image globale de la situation. Il lui restait toujours ce sentiment diffus de malaise, qu’elle ne savait pas à quoi attribuer, mais elle avait qu’il finirait par disparaître – dès qu’elle aurait pris sa décision. Peut-être n’avait-elle pas fait ce travail depuis trop longtemps, et qu’elle avait plus de mal à jauger les caractères et les situations, d’où ses craintes informes. C’était possible, bien que déplaisant, et elle ne voulait pas croire à une explication aussi dégradante. Non, elle n’avait rien perdu de ses capacités. Alors peut-être que Razen lui cachait vraiment quelque chose et qu’elle le sentait, mais qu’il était trop doué pour qu’elle puisse déterminer d’où venait l’embrouille. Elle le connaissait, elle savait de quoi il était capable, et il n’était pas du genre à reculer devant quoi que ce soit. Même la doubler, elle, alors qu’il savait qu’elle le lui ferait payer au centuple. Il n’avait pas peur d’elle, mais elle n’avait pas peur de lui non plus. Qu’il essaye réellement de la doubler, pour voir. Qu’il s’y frotte, et elle retrouverait avec plaisir le costume de bourreau qu’elle avait laissé au placard quelques années plus tôt. Mais pas encore. Il n’avait rien fait pour l’enfumer et tant qu’elle n’avait aucune preuve tangible, autre que son pressentiment, elle n’avait aucune raison de ne pas accepter. Presque aucune, car sa propre décision de rester en dehors de ses magouilles aurait du être un frein suffisant. Seulement, ça ne l’était pas. Elle ne voulait pas freiner, elle voulait y retourner. Elle n’avait pas tenu le rôle de l’innocente bien longtemps avant d’être à nouveau tentée, et de céder …
« Ne t’inquiète pas pour ma commission, va… mon travail n’est pas de me mêler de tout ça, c’est justement de ne pas m’en mêler. » Elle haussa un sourcil ironique : elle ne s’inquiétait pas le moins du monde de sa commission, elle voulait juste savoir quel serait son rôle dans cette histoire. « Si tu dis oui, je toucherai le reste de ma paie. Si tu dis non, et bien… j’irai voir quelqu’un d’autre. » De ça, elle n’en doutait pas. Il connaissait bien assez de monde pour ne pas dépendre d’elle, même si le fait qu’il ait fait l’effort de la rechercher et de la contacter parlait un peu pour lui. C’était elle qu’il voulait obtenir, en premier. Et elle avait parfaitement pourquoi : elle était faite pour le rôle qu’il avait dépeint. Elle savait délier les langues comme personne d’autre, avec ce don qui était le sien et qui faisait avouer n’importe quoi à n’importe qui. Personne ne lui résistait, quand elle décidait d’obtenir ce qu’elle voulait. D’où la question qu’elle posa ensuite : si leur employeur le souhaitait, elle pouvait faire bien plus que d’arracher des réponses à leur cible. Sans aller jusqu’à le tuer, elle pouvait lui faire amèrement regretter d’avoir choisi la voie des hunters. Elle s’en donnerait à cœur joie, d’ailleurs. Mais pour cela, elle avait besoin d’un feu vert, pour le moins. Elle n’avait pas le droit de prendre ça sous son chapeau … Malheureusement. « Il ne m’en a rien dit, mais je doute qu’il le veuille réellement. Tu sais, si c’est un hunter … je pense qu’il voudra avoir une discussion en tête-à-tête avec lui. La plupart des gens se pensent capable du pire mais s’avèrent finalement incapable de se comporter autrement que comme des gentils oursons lorsque leur pire cauchemar se concrétise. Ce que je veux dire, c’est que je ne sois pas sûr qu’au final, il veuille supprimer le problème. Juste l’anticiper. » Valentina était déçue d’une telle réponse. Pas surprise, néanmoins. Elle avait connu bien assez d’employeurs de cette trempe pour savoir de quel bois ils étaient faits. Exactement comme l’avait dit Razen, ils se prenaient pour des cadors mais au final, ils ne levaient pas le moindre petit doigt pour résoudre le fond du problème. Une fois la personne démasquée, s’il n’agissait pas, il en resterait au même point. Mais ce n’était pas le problème de Tina, qui s’occuperait de sa part du contrat. Elle haussa donc les épaules. « Pathétique. » Lâcha-t-elle d’un ton peu amène. « Il se retrouvera avec une balle entre les deux yeux avant d’avoir pu comprendre ce qui lui arrive, mais tant qu’il paye avant, ça me va. » Cet homme là finirait trahi par sa propre faiblesse, mais elle n’en avait cure.
Maintenant que cette question était résolue, il restait un dernier détail à préciser avant que Tina ne prenne sa décision. Elle n’avait pas l’intention de la prendre dès maintenant, et quoi que Razen lui réponde quant au degré d’urgence, il faudrait qu’il patiente. « Assez élevé, je me dois de te le concéder. Mon contact est assez nerveux, il ne veut pas rester dans l’ombre plus longtemps. Et je n’aimerais pas qu’il me file entre les doigts. » Bien sûr, c’était le blabla habituel. Dans toute transaction cet argument était présenté, mais Tina avait cessé d’y accorder une réelle importance. Quand on venait la chercher, c’était qu’on avait besoin d’elle. Elle n’avait pas besoin d’eux. La balle était dans son camp à elle, ils ne lui feraient pas croire le contraire. « Tu as besoin de combien de temps pour te décider ? Pour que je sache s’il faut que je contacte d’autres personnes… j’imagine que si tu as arrêté, tu n’as pas trop envie de remettre le nez dedans et que ça te bloque… » Le ton légèrement condescendant fit hausser un sourcil à Tina, tout en sachant très bien ce qu’il essayait de faire en disant ces mots. « … on peut aussi songer à arrêter de parler boulot et à rattraper le temps perdu. Si tu t’es rangée, c’est pour enfiler quel tablier ? » Tina se mit à rire à cette question pour le moins incongrue. Elle aurait presque pu lui parler de la femme au foyer qu’elle avait failli devenir, quand elle était encore attachée à Logan et prête à lui donner un enfant … Presque. « Cinq jours, c’est ce que je peux te donner niveau réflexion. Sachant qu’au troisième, j’aurais déjà commencé à lancer des cailloux dans d’autres mares, si tu vois ce que je veux dire. » Elle voyait. Elle hocha la tête distraitement, pesant à nouveau les pours et les contres. Les pours allaient l’emporter, sauf si elle découvrait dans les jours à venir ce que Razen lui cachait. « Ecoute mon chou, je ne pense pas que mes histoires de Desperate Housewive t’intéressent tant que ça. Et tu dois bien savoir ce que je suis devenue, si tu as réussi aussi facilement à me retrouver, non ? » Qu’il ne lui fasse pas croire qu’il ignorait qu’elle avait acheté une librairie et qu’elle y passait ses journées. Pour Insurgency, là, peut-être qu’il l’ignorait, même si elle n’en aurait pas mis sa main à couper. Il savait bien plus de choses qu’il ne le laissait voir. « Pour la discussion sur le temps perdu, on se fera ça une autre fois. Si tout se passe bien, tu m’inviteras dans un restaurant avec une belle carte, et on refera le monde devant un bon repas. Pour ce soir je vais te laisser, j’ai passé trop de temps ici et mes vêtements vont puer, ça fait mauvais genre. » Elle écarta sa chaise, se leva et fit mine de s’en aller, avant de faire demi-tour et de se pencher vers Razen. « Dans une semaine, tu devrais avoir une réponse. » Sur ces mots, elle tourna pour de bon les talons. Trois jours ? Elle valait tellement mieux que ça.
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Sujet: Re: just another contract ☼ pv valentina Lun 20 Fév 2017 - 19:43
Just another contract
Valentina & Razen
La discussion touche à sa fin, Razen ne peut que le sentir. Ils n’en sont plus aux formules de politesse initiales, ils sont posés sur la table les raisons de leur rencontre, ils ont même détaillé les termes du contrat, et plutôt deux fois qu’une. Tout ce qu’il reste à régler, finalement, ce sont les formalités d’usage, si on peut appeler ça comme ça, et les limites dans lesquelles ils vont pouvoir, ou plutôt elle va pouvoir, s’amuser et prendre ses aises. Des limites qui, malheureusement, n’autorisent pas le meurtre si la victime s’avère être un hunter. Des limites qui, heureusement, autorisent Razen à prélever une dîme un peu partout pour arrondir ses fins de mois, négocier des pourcentages de rémunérations auprès de tous les partis, surtout après de ceux qui ne risquent pas d’en discuter à l’avenir. Razen est un escroc, un mercenaire et c’en est un des plus retors, jusque dans sa façon de jouer avec la vie et l’honnêteté des gens tout en légèreté et sans aucune éthique. L’éthique… voilà encore un des grands principes de vie que ces parents lui ont offerts avant de lui être brutalement arrachés, un de ces grands principes de vie qu’il a soigneusement enveloppé dans du papier bulle avant de le ranger dans un coin de son placard pour ne surtout, surtout pas l’abîmer; et donc de ne surtout, surtout pas l’utiliser. On sait jamais. Il risquerait de l’user. Un sourire amusé, Razen s’écoute faire remarquer à Valentina que même si certains de leurs employeurs ont conscience de plonger dans l’illégalité et de franchir toutes les limites, la plupart sont des novices qui se rendront compte un peu tard qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. « Pathétique. » L’aveugle a un petit rire devant cet adjectif qui convient si peu, si peu, au hunter caché derrière tout ça. « Je te le fais pas dire... » s’amuse-t-il même. « Il se retrouvera avec une balle entre les deux yeux avant d’avoir pu comprendre ce qui lui arrive, mais tant qu’il paye avant, ça me va. » Pendant un instant, l’anglais essaye de se représenter un scénario s’achevant par un Griske terrassé d’une balle entre les deux yeux mais il faut avouer que même son imagination plus que fertile est tenue en échec. Parce qu’il ne s’imagine pas le hunter dont il connaît le charisme, la force et la détermination, mourir aussi rapidement. Et aussi proprement. Le jour où quelqu’un fera tomber Griske, Razen pressent que ce sera dans le sang et la violence, dans l’illégalité et au milieu d’un maelstrom de mutation. Non. La seule personne qui a des chances de mourir dans les suites de l’opération, ce sera la personne à tester, qu’elle soit humaine, mutante ou hunter. Et aux yeux vides de Razen, ça ne le concerne en rien. « Tout à fait, une fois le cash versé, ce qui adviendra ensuite sera son problème, nous sommes bien d’accord... » murmure-t-il toujours dans son demi-sourire amusé. Parce qu’il s’amuse de la situation, il faut bien le dire, il s’amuse encore plus des non-dits et des sous-entendus cachés, il s’amuse de s’imaginer que lorsque tout sera fini, que l’argent sera versé, les choses risqueront de prendre une tournure amusante si Valentina est prise en chasse par Griske.
En espérant que les regards ne se tournent pas, alors, dans sa direction. Bien sûr. Bien sûr. Razen soupire et se détend. La discussion en arrive à son terme, toutes les formalités étant remplies, les détails explorés. Il ne lui reste plus qu’à avoir un oui de la part de la mutante et l’affaire sera achevée, ses poches seront lestées de quelques milliers de dollars et tout ira bien dans le meilleur des mondes. Le degré d’urgence ? Il est prêt à attendre, à se montrer complaisant, mais pas trop tout de même: si Valentina tarde, il n’hésitera pas à aller chercher d’autres personnes de moindre talent. Tout lui va, tant qu’il ne perd pas la confiance de Griske et de son porte-monnaie, tant qu’il ne sacrifie pas des pions et des contacts inutilement. Il peut patienter, mais pas plus d’une poignée de jours. Et si en plus, elle s’est rangée… Razen liste déjà dans son esprit des noms qui pourraient faire l’affaire, au cas où. Des noms de moindre qualité mais, d’une certaine manière, qui seront moins risqués puisque moins curieux.
Le silence qui répond aux cinq jours qu’il offre aiguise la curiosité, justement, de Razen. Valentina et lui sont issus, par bien des aspects, d’une même moule. Pas la même histoire, pas les mêmes buts et clairement pas la même manière d’appréhender les choses mais… « Ecoute mon chou, je ne pense pas que mes histoires de Desperate Housewive t’intéressent tant que ça. Et tu dois bien savoir ce que je suis devenue, si tu as réussi aussi facilement à me retrouver, non ? » Il sourit instantanément - pas que son sourire ait disparu à un seul instant mais disons qu’il se raffermit - devant cette confirmation: Valentina et lui se ressemblent. Bien sûr qu’il sait ce qu’elle est devenue, bien qu’il sait qu’elle vend des livres - objet inutile par excellence lorsqu’il n’est pas rédigé en braille - et bien sûr qu’il a toutes les informations qu’il veut sur elle. Mais… « Oh… quelle rabat-joie, si on ne peut plus être poli... » Son sourire se fait espiègle. « Je m’essaye à de nouvelles techniques de drague, tu vois, et dans l’une d’elles, ils conseillent de faire sembler d’être intéressé par la vie de l’autre… tout un concept... » Tout un concept, en effet, comme si Razen avait besoin de ça pour connaître intuitivement tous les désirs conscients et inconscients des personnes qu’il côtoie. Mais bon… il s’amuse comme il peut, et rarement méchamment, n’est-ce pas ? « Pour la discussion sur le temps perdu, on se fera ça une autre fois. Si tout se passe bien, tu m’inviteras dans un restaurant avec une belle carte, et on refera le monde devant un bon repas. Pour ce soir je vais te laisser, j’ai passé trop de temps ici et mes vêtements vont puer, ça fait mauvais genre. Dans une semaine, tu devrais avoir une réponse. » Razen sourit.
Encore. Ca en deviendrait presque lassant si ce n’était pas l’une de ses si nombreuses armures pour pallier sa cécité. « La proposition n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, juste dans celle d’un aveugle. Une semaine, c’est noté. Une semaine, pas plus, sinon la place risquera d’être occupée. Tu vaux bien que j’attende sept jours, mais pas huit. » Un clin d’oeil et un sourire moqueur. Une semaine, il aura le temps de préparer ses arrières. Parce qu’elle va dire oui. Il en est convaincu. Il a dit oui, et s’ils se prévoient un dîner en tête à tête, il y aura une chance infime que tout cela tourne en noces pourpres s’il ne se protège pas suffisamment des représailles de Griske ou de celles de Sandrelli. Les doigts de Razen pianotent un instant sur la table alors que ses oreilles distinguent dans la foule le pas de Valentina qui s’éloigne. Il verra bien.