Your love is air, I breathe it in around me
Don't know it's there but without it I'm drowning

Aspen se fichait de lui, même quand elle ne riait pas ouvertement il pouvait voir dans ses yeux qu’elle profitait bien de la situation. Il fallait avouer que ça faisait un bail qu’il ne lui en avait pas donné l’occasion, puisqu’il n’avait eu personne dans sa vie depuis qu’il avait découvert sa mutation – ça commençait à faire long. Alors elle en profitait maintenant qu’elle le pouvait … et qu’elle connaissait si bien celle qui était au cœur du débat. Lorcan ne lui en voulait pas vraiment, il râlait pour la forme mais il arrivait quand même à se détendre de plus en plus. Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il appréciait ça, parce qu’il n’était pas à l’aise avec ses propres pensées et qu’il ne pouvait donc pas prétendre en discuter à cœur ouvert de façon totalement naturelle. Mais au moins Aspen essayait de détendre l’atmosphère en se fichant de lui, et elle y réussissait assez bien. Enfin, il aurait préféré qu’elle s’abstienne quand même de lui projeter ces images de Sam et elle en train de s’embrasser. Ca, il s’en serait bien passé. « Tu veux vraiment vraiment savoir ? Parce que je suis pas sure que tu sois capable de faire face à la vérité chouchou … » Il plissa les yeux, moitié amusé et moitié inquiet, avant de lui balancer un morceau de pain au visage en rigolant. « M’en fiche, t’aimes pas les filles et ça fait longtemps que c’est terminé, alors tant que vous avez pas couché ensemble je peux faire face à n’importe quoi. » Il était quand même certain qu’Aspen n’aurait jamais fait ça avec Sam, ou alors il ne connaissait pas du tout sa jumelle. Qu’elles se soient échangé des bisous quand elles étaient ados, passe encore, mais c’était tout ce qu’il y avait eu entre elle et c’était très bien que ça reste ainsi. Sam était bien mieux avec lui qu’avec sa jumelle ! « Et bien au moins ce brave Kevin est devenu un gentil garagiste dans le patelin d’à coté, il a une jolie petite vie de famille et une maison, alors il était pas un si mauvais partie non ? Et puis vous étiez pas mieux toi et Noeh, à baver sur, comment c’était déjà ? Ah ouiiii , Christy Weber. Sacré Christy, je la plains en y pensant bien, vous étiez tous comme des hyènes autour d’elle uniquement parce que ses seins avaient poussé d’un coup, bande de gros pervers… » Lorcan se remit à rire aux souvenirs qu’évoquait Aspen. « Ah ouais, Christy … Elle était super bien foutue ! Mais t’étais pas au courant ? Je suis sorti avec elle, pendant … une semaine ? Quelque chose comme ça. Et ouais, c’était surtout pour ses seins énormes. Mais on était un peu cons à cette époque. » Ajouta-t-il en haussant les épaules, assumant parfaitement ses désirs d’adolescent. Sortir, dans ce cas, était un bien grand mot quand ça se résumait à s’embrasser derrière le gymnase, mais à l’époque c’était bien tout ce qui l’intéressait, surtout avec une fille comme Christy. Il avait quand même bien évolué depuis le collège, et sa relation avec Sam était à des années lumières de la brève histoire qu’il avait eue avec Christy. Cette pauvre Christy qui lui avait demandé s’il l’aimait après quelques jours à se tenir la main et à s’embrasser sans jamais discuter, ce qui l’avait fait fuir en quatrième vitesse. Voilà un souci qu’il n’aurait pas avec Sam ! « Méfie toi quand même, parce que si elle a les même problèmes avec la boisson que toi, ça peut aller vite… » Lorcan éclata de rire. Aspen marquait quand même un point pour leur problème d’alcool, mais il ne s’inquiétait pas outre mesure. « Vu toutes les fois où on s’est soulés ensemble à cause … » Il ne termina pas sa phrase, se rappelant soudain qu’il y avait encore un bon gros détail sur Salomé dont Aspen n’était pas au courant, mais il poursuivit comme si de rien n’était : « Si elle avait voulu des déclarations d’amour, elle a déjà loupé pas mal d’opportunités. » Mais il fallait avouer que depuis qu’ils couchaient ensemble, ils avaient beaucoup réduit leurs soirées picole. Finalement, le sexe était une bonne option pour garder le moral sans se prendre la tête sur leur mutation … Et sans finir complètement alcooliques, ce qu’ils avaient été en bonne voie de devenir.

Pas de sentiments, c’était la base de ce qui les reliait. Rien que du physique, ils s’étaient mis d’accord là-dessus très vite pour supprimer la gêne qui pouvait encore flotter entre eux. Alors forcément, Lorcan ne pouvait pas décider pour Salomé si elle voulait aller voir ailleurs. Mais quand même … « Oh t’inquiète pas pour sa réaction, on a passé un pacte : elle doit m’aider à trouver une nouvelle distraction masculine, et moi je peux lui envoyer des suggestions, juste au cas où. Bon elle m’a dit ça y a des semaines, mais si tu me dis que du coup ça change rien à sa situation de nana célib, on sait jamais, non ? on a jamais trop de sexfriends quand on s’ennuie tu sais, quand on doit passer le temps ou qu’on a eu une mauvaise journée … » Décidemment, Lorcan n’aimait pas où cette discussion le menait, et il aimait encore moins le fait qu’il ne puisse pas juste hausser les épaules et laisser faire Aspen. Mais non, il ne supportait pas l’idée que Marius se mette à draguer Sam, même si c’était juste pour un coup d’un soir. Et Lorcan préférait se dire que c’était juste parce que Marius était un connard, que ça aurait été différent s’il n’avait pas connu le mec qu’Aspen voulait présenter à Sam. Il se força donc à détacher son regard du téléphone d’Aspen, et essaya de ne pas se poser plus de questions. Il n’y avait aucune question à se poser de toute façon ! « Ouais, j’suis d’accord sur le principe, le truc c’est qu’avec moi elle n’a pas besoin d’un autre sexfriend, tu vois. Je suis bien trop bon pour qu’elle ait besoin d’aller voir ailleurs. » Un grand sourire, aucune intention de se vanter mais simplement d’énoncer une vérité … Et ils pouvaient maintenant passer à autre chose, il avait bien assez prouvé que Sam n’avait pas besoin de Marius. Non ? « Hummmm … Peut être que si il reste un peu de dessert encore dans un coin de ton frigo, mes mains seraient trop occupées pour écrire quoi que ce soit, ça peut être une idée non ? » Il haussa les sourcils et considéra Aspen une seconde, avant de se lever. « Sacrément bonne idée même, et si tu pouvais t’étouffer avec en prime, ça me ferait tellement plaisir ! » Lui lança-t-il en se dirigeant vers la cuisine.  Dans le frigo il attrapa deux bols qu’il revint déposer sur la table : l’un était plein de panna cotta aux fraises, l’autre de morceaux de nougatine. Tout ce qu’il fallait pour une bonne discussion avec Aspen ! Il avait appris depuis longtemps qu’il valait mieux multiplier les quantités de dessert s’il cuisinait pour elle. Il attrapa un morceau de nougatine qu’il plongea directement dans la panna cotta, et poussa un soupir. « Pas Marius. C’est une tête de con et il m’a déjà piqué assez de copines comme ça. Trouve-lui quelqu’un de mieux, elle mérite pas de finir avec ce type, il va juste se foutre d’elle. »

acidbrain

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Cette chère Christy. C’était une des premières filles avec qui il était sorti, si on pouvait réellement appeler ça sortir. Lui ne s’était pas entraîné à embrasser avec un pote – sur qui est-ce que ce serait tombé s’il l’avait fait ? sur Noeh ? – et il était passé directement aux filles. Ce qui était quand même beaucoup mieux. « Ouaaaah, bravo, une semaine, le premier soutif que tu ais vu qui n’appartenait ni à Cali ni à moi, c’est ça ? T’as du raconter de ces énormités à tes copains pendant des semaines, j’ose même pas imaginer. » Lorcan hocha la tête avec un large sourire : Aspen avait raison sur tous les points, et même s’il se trouvait terriblement débile quand il repensait à cette époque, ça avait été de bons moments. « Ouais, vaut mieux que t’imagines pas. » Ils avaient beaucoup trop ricané aux dépends de Christy, en bons ados qu’ils étaient à ce moment … C’était un peu nul, il fallait avouer. Mais qui peut se vanter d’avoir été déjà mature à cet âge, hein ? Ils étaient tous au même niveau, torturés par leurs hormones, excités à la moindre allusion mais pétrifiés de peur à l’idée de franchir un pas vers quelque chose de plus concret. L’important, c’était d’avoir grandi et d’être passé à autre chose. Lorcan avait rapidement cessé de choisir ses copines par rapport à leur taille de bonnet de soutien-gorge, il avait eu quelques histoires assez sérieuses depuis, et quelques ruptures qui avaient fait mal, également. La dernière en date, c’était Nerea. Pas le meilleur souvenir qui soit. Et il n’avait aucune envie de remettre ça pour l’instant, il avait bien assez de problèmes pour ne pas en plus rajouter une petite copine sur le tas. Ce qu’il avait avec Salomé était tout ce dont il avait besoin. Elle restait une amie proche, ils partageaient le même lot de difficultés et ils s’aidaient l’un l’autre à les surmonter … Et ils se détendaient mutuellement sous les draps dès que le besoin ou l’envie se faisait sentir. Ca, c’était une relation quasiment parfaite. Ils ne se prenaient pas la tête avec des sentiments, ils continuaient à vivre leur vie et à se retrouver régulièrement. Mais si Aspen venait y fourrer son nez en posant des questions qu’il ne s’était encore jamais posées, ça compliquait immédiatement les choses. Lorcan n’avait aucune envie de compliquer quoi que ce soit. Est-ce que ça le dérangerait si Sam avait un autre sexfriend ? Est-ce que c’était juste Marius le problème, ou juste l’idée générale qu’elle couche avec un autre type ? Il n’y avait pas encore réfléchi et c’était très bien comme ça ! Aspen pouvait quelquefois se montrer très agaçante, quand elle s’y mettait, en touchant directement le cœur du problème. Il comprenait très bien où elle venait en venir, avec ses petites insinuations, mais il n’était vraiment pas prêt à la suivre dans cette voie.

« Arrête, tu serais trop triste si j’mourrais bêtement à cause d’un bout de nougatine. J’ai survécu au poison et aux lames aiguisées, c’est pas du biscuit qui pourra me terrasser. » Il haussa les épaules en riant à moitié. « Ca prouverait juste que je suis un bien meilleur assassin, il suffit de trouver le bon poison et ça passera inaperçu avec la nougatine. » Le nombre de fois où il l’avait maudite et où il avait rêvé de l’étrangler, sa jumelle chérie … Il n’en était pas encore à ce point là aujourd’hui, elle était juste un peu agaçante, mais elle restait encore mignonne et pleine d’intentions pas trop mauvaises. Il garderait le poison pour une autre fois. Il ne voudrait pas gâcher une si bonne nougatine … « Fais pas l’rageux toi, il est super Marius, il est beau, malin, drôle, sympa et attentionné. Alors certes, c’est un cœur d’artichaut, mais il a aimé toutes ses copines, absolument toutes, et il est suffisamment honnête pour prévenir les filles de quel genre d’homme il est, au moins il ne trompe personne sur la marchandise, contrairement à d’autres. » Le discours d’Aspen laissa Lorcan sans voix et au comble de l’indignation, mais il retrouva très vite l’usage de la parole pour exprimer son ahurissement total. « Un cœur d’artichaut ?? C’est quoi la définition pour toi ? Tout ce qu’il sait faire, c’est coucher avec toutes les nanas qu’il rencontre, s’il tombe amoureux à chaque fois il a un sacré problème, faut qu’il consulte ! » Il pointa sa cuillère sur sa jumelle en secouant la tête, à moitié dégoûté. « Prends pas sa défense parce que t’es tombée sur pire que lui, si tu cherches bien y’a toujours moyen de trouver pire, mais ça efface pas toutes les meufs qu’il a démolies en leur faisant croire qu’elles étaient l’heureuse élue. S’il prévient qu’il cherche que des coups d’un soir, c’est une nouveauté, il faisait pas ça avec mes copines. » Ca, Lorcan ne risquait pas de l’oublier, il se souvenait un peu trop nettement de deux filles avec qui il était sorti, qui l’avaient largué pour Marius Caesar, et qui étaient ensuite revenues en pleurant toutes les larmes de leur corps. « Hum, okay, okay, donc pas de Marius pour Sam…. Mais faudra que j’lui en touche un mot autour d’un verre de vin, à la poulette, parce que blablabla c’est que physique et tout … On va quand même se mettre d’accord qu’ils nous fassent pas un grand chelem de cœur brisé, les Callahan … » Lorcan venait d’attraper un morceau de nougatine, mais il s’arrêta avant de le mettre dans sa bouche et fixa Aspen avec un peu de scepticisme. Il n’était pas certain de bien saisir ce qu’elle sous-entendait par là. « Si c’est ça qui t’inquiète, rassure-toi, on n’a pas l’intention de rejouer vos scènes. Je suis pas Noeh … Je lui briserais pas le cœur et elle ne brisera pas le mien. C’est juste plus simple maintenant de rester ensemble, mais quand on se trouvera quelqu’un d’autre, ce sera terminé, et on n’en fera pas un drame. J’ai pas l’intention de m’attacher, ou quoi que ce soit. Elle non plus. » Il fit tourner le morceau de nougatine entre ses doigts avant de fixer à nouveau son regard sur sa jumelle. « C’est comme ça que ça avait commencé alors, entre Noeh et toi ? Juste une histoire de cul ? » Bon, voilà, la question était posée, ça le taraudait trop depuis qu’elle avait commencé à le cuisiner sur Sam. Vu la façon dont elle en parlait, il craignait de connaître déjà la réponse. Mais avec Sam, c’était totalement différent.

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Lorcan ne s’était pas attendu, en invitant Aspen à manger ce soir pour fêter son rétablissement, à en arriver à un tel sujet de conversation. Marius Caesar, rien de moins ! Et la possibilité de pousser Salomé dans ses bras. Il savait qu’il devait cracher le morceau sur sa relation avec  Sam, il savait aussi que ça risquait de tourner au vinaigre ou au moins de ne pas être une partie de plaisir. Mais il n’aurait pas cru qu’ils en viennent là ! Autant dire que s’il avait su, il aurait veillé à détourner les sujets pour qu’ils n’en arrivent jamais à là … C’était du Aspen tout craché ça, réussir à le pousser dans des retranchements qu’il n’attendait pas, et qui le forçait à réfléchir à des choses qu’il préférait ignorer allégrement. Mais elle ne le ferait pas changer d’avis, quoi qu’elle dise : pour lui Marius était un cas désespéré, un don juan qu’il ne pouvait pas voir en peinture. « Oui, un cœur d’artichaut, aussi étonnant que cela puisse paraitre. Et j’crois sincèrement qu’il a l’impression que chacune d’entre elles est la bonne, juste que bah … Y a des gens qui ont des problèmes avec le concept de monogamie que veux tu … Et puis bon, tes copines, elles ont pas été forcées de faire péter la petite culotte, si elles sont prêtes à tomber face aux grosses ficelles de la drague de Marius, c’était qu’elles n’étaient clairement pas à ta hauteur… » Lorcan secoua la tête avec force. Ses copines n’auraient jamais du aller voir Marius, okay, mais il en restait au même point : c’était la faute du blondinet, qui faisait le paon devant tout ce qui portait une jupe sans se soucier de savoir si elles étaient déjà prises ou non. « Ben tiens … Dans cinq minutes tu vas lui mettre une auréole autour de la tête, au pauvre Marius ? » Il descendait encore plus dans son estime s’il avait réussi à embobiner Aspen au point qu’elle le défende comme ça, elle qui était pourtant à cheval sur certains principes dans le couple. Ca, Lorcan ne le comprenait pas. En toute logique, c’est des baffes qu’elle aurait du filer à son pote pour qu’il cesse de prendre toutes les filles pour des connes. Mais non, elle le défendait … Et c’était à Lorcan qu’elle faisait la morale quand il osait dire qu’avec Sam, ils avaient juste une histoire de cul ! Au moins, il était réaliste, il ne s’inventait pas des excuses bidon.

Il laissa ensuite de côté le sujet Marius pour se concentrer sur quelque chose qui avait tout de même plus d’importance. Sam et lui étaient effectivement plus réfléchis qu’Aspen et Noeh quand ils avaient commencé à sortir ensemble, du moins il l’espérait beaucoup. Mais même sans en avoir discuté ensemble, ils savaient à quoi s’en tenir dans leur relation. Ils n’attendaient rien l’un de l’autre, rien de plus que ce qu’ils avaient toujours attendu. Elle était sa meilleure amie et ils gardaient ce lien privilégié. Le fait qu’ils se connaissent maintenant sous un angle inédit, qui avait pu les plonger dans un moment de gêne monumental après leur première fois, ça ne changeait rien. Ils avaient dépassé l’instant de flottement où ils s’étaient demandé si ça n’allait pas tout détruire, et ils s’en étaient très bien sortis. Lorcan ne voulait pas penser plus loin que ça. Cette situation lui allait parfaitement bien, il était enfin détendu, il n’y avait aucun problème entre eux. Que demander de plus ? Il n’allait pas se prendre la tête avec des questions de couple alors qu’il n’y avait pas lieu de s’en poser. Mais il se demandait maintenant comment cela avait pu se passer entre Noeh et Aspen. Il se souvenait très bien que leur relation était explosive au temps du lycée : souvent, il s’était même demandé s’ils s’appréciaient ou s’ils ne se supportaient pas. A partir de là, on pouvait sans mal imaginer à quel point il avait été choqué d’apprendre leur relation. Comment est-ce que les choses avaient pu évoluer entre eux pour qu’Aspen soit si amoureuse de lui ? « Hum, pas vraiment non en fait… ça a commencé par une dispute sur le toit du lycée. Il m’embêtait et m’empêchait de lire un bouquin pour l’anglais. Je me suis mise à l’engueuler parce qu’en plus de ça, il voulait que je vous fasse vos fiches de lecture, alors pour me faire taire il m’a embrassé. Et voilà. Simple, efficace. Mais, non, si c’est ça qui te perturbe, on a pas couché ensemble tout de suite, loin de là. On a bien mis trois ou quatre mois à dépasser le stade du baiser. Déjà parce que niveau logistique c’était coton, et ensuite parce qu’on était probablement deux gros puceaux terrorisés par l’idée de passer à l’acte. » Là, Lorcan eut un borborygme à mi-chemin entre le dégoût et la stupéfaction. Parce qu’en plus ils avaient été leur première fois respective ? Sa jumelle et son meilleur pote ? Il se garda bien de faire de commentaire, mais il n’en pensait pas moins. « Et puis bon, fleur bleue comme je l’étais, j’voulais être amoureuse, blablabla, que ce soit le bon et tout. Donc voilà, on s’est fait des cinés dans votre dos, des ballades la nuit, on vous a fait croire qu’il était en retenue et moi au volley alors qu’on était en train de compter les pâquerettes dans le parc…. On s’est donné beaucoup de mal pour pas grand-chose, quand on y réfléchit bien… » Ca faisait beaucoup d’informations d’un coup, et Lorcan avait un peu de mal à visualiser tout ça. Depuis la fête des fondateurs, il n’avait eu que des bribes d’informations sur cette étrange relation, et il avait essayé de reformer le puzzle comme il le pouvait. Là, les choses devenaient plus claires, mais c’était d’autant plus perturbant. « Ouais, je comprends toujours pas pourquoi vous ne nous l’avez jamais dit. » Grogna-t-il pour la forme. « Je pensais que tu le détestais ! Sérieux, vous étiez tout le temps en train de vous chercher, même avant le lycée. » En clair, il croyait que si Noeh tentait de l’embrasser, elle lui mettrait sa main dans la figure. « Toutes les fois où tu m’as menti parce que tu voulais pas sortir, et toutes les fois où tu m’as fais des scènes parce que je sortais avec une copine et que je pouvais pas rester avec toi ! Tu t’es bien fichue de moi. La prochaine fois que t’es amoureuse, enfin sauf si c’est de Marius, tu peux me le dire direct, ça nous évitera des problèmes. » Il y avait prescription pour tout ce qui s’était passé au lycée, et Lorcan n’était plus en colère envers sa sœur pour ses cachotteries avec Noeh. Elle avait fini par tout lui raconter et il préférait ça, plutôt que d’avoir l’impression d’être celui à qui elle ne parlait plus. Il attrapa finalement le bol de panna cotta vide. « Ca fait plaisir de voir que tu as retrouvé ton appétit. » Fit-il avec un sourire. Si elle mangeait autant, c’était qu’elle était en bonne santé et rien ne pouvait plus lui faire plaisir. « Tu veux un digestif pour terminer tout ça ? T’as déjà sifflé toute la bouteille de blanc, je sais pas si c’est bien raisonnable. » Ajouta-t-il, moqueur.

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