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 Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi

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MessageSujet: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeLun 4 Avr 2016 - 22:49

Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi...



- Tu te débrouilles bien mon petit, allez, on recommence. Un, deux, Trois !

Assis autour de la table de la cuisine, Malachi avait disposé les jouets de Peter devant eux en ligne, attendant que le petit garçon active son don en tapant des mains. Le samedi, c’était « Atelier Magie » : quand ils étaient au manoir ce jour là, l’enfant avait le droit de jouer avec ses jouets vivants toute la journée, sous l’œil attentif du motiopathe. Le petit garçon avait déjà énormément progressé depuis le jour où il était arrivé au manoir, et Malachi ne savait pas si c’était une évolution naturelle des capacités du petit, ou si c’était cet environnement presque uniquement mutant qui avait servi de catalyseur pour ce dernier. Il était vrai que depuis qu’il était arrivé chez Malachi, Peter était devenu la petite mascotte de tous les mutants passant au manoir, pour un jour ou une semaine : sa bonne humeur enfantine et les cabrioles de ses jouets pouvaient attendrir le plus ronchon des mutants, et il ne manquait pas de réclamer, en échange, des démonstrations des pouvoirs de chacun. Ainsi dans le salon du manoir, l’enfant avait pu assister à la combustion spontanée de l’un, la télékinésie de l’autre, ou encore au spectacle des transformations d’ivory en magnifique statue de cristal. Jamais Malachi n’avait vu le petit garçon aussi heureux et épanoui, et cela allégeait légèrement sa culpabilité de tenir l’enfant loin de ses parents biologiques. C’était pour son bien, bien sur, mais il n’empêchait que Peter aurait besoin de savoir la vérité un jour. Mais le plus tard serait le mieux, quand il serait devenu un adolescent ou un jeune homme suffisamment fier et à l’aise avec sa propre nature pour pouvoir l’imposer à la sœur et au beau frère du motiopathe, et on y était encore loin. En attendant, Malachi profitait de la bonne bouille de son neveu-fils, le décoiffant tendrement alors que son éléphant en peluche se redressant maladroitement sur ses pattes, avançant sa trompe vers les deux humains comme pour essayer de leur serrer la main. Pour l’instant, Malachi ne savait pas jusqu’ou pouvait aller le don de l’enfant, ni quels étaient les contre coups de son utilisation intensive. Aussi, le professeur poussait doucement l’enfant à aller plus loin, toujours par le jeu, à la recherche de signe extérieur de mutation. Andréas avait très tot remarquer le changement de couleur de ses iris quand il était enfant, et c’est parce qu’il lui avait appris à moduler ses capacités que Malachi n’avait jamais été repéré. Il comptait bien faire la même chose avec Peter. Il allait lui proposer un autre « tour de magie » quand la sonnette de l’entrée retentit, faisant lever la tête du motiopathe et aboyer Jumbo dans le salon.

- Il est magnifique ton éléphant mon chéri, tu peux aller jouer avec dans le salon si tu veux, tu es pas obligé de l’éteindre, profites en pour une fois !

L’enfant hocha la tête, enthousiaste, détalant vers le grand salon, impatient de confronter la peluche vivante au chiot un peu curieux. De son coté, Malachi listait mentalement les noms des individus pouvant potentiellement se trouver de l’autre coté de la porte : il y avait quelques mutants à l’étage, et il ne voyait pas qui pouvait venir le voir en plein milieu de l’après midi. Un voisin, peut être ?

- …. Lorcan ?

Pour une surprise, c’était une surprise. Lorcan Wolstenholme était bien le dernier qu’il se serait imaginer venir toquer à la porte du sanctuaire des mutants de Radcliff. Fils de chasseur, Lorcan était un jeune mutant totalement perdu, tiraillé entre sa fidélité aux opinions familiales et une nature transmutante implacable. Malachi avait déjà été témoin de la lutte intérieure de Lorcan, de son dégout envers ses pairs comme pour lui-même, ce jour où il l’avait planqué in extrémis de chasseurs venus sur le campus. Il ne pensait pas revoir le jeune mutant de si tôt et pourtant, ce dernier se tenait sous le porche, pas plus à l’aise que la première fois qu’ils s’étaient vus.

- … Tu souhaites rentrer ?

Si Lorcan n’avait pas grand-chose à lui dire, probablement préfèrerait il rester sur le palier, pour détaler le plus vite possible. Mais si Malachi lisait correctement l’aura du jeune homme qui luisait sous ses yeux, ce dernier aurait surement envie de s’asseoir à l’intérieur pour être un peu plus au calme …


Dernière édition par Malachi Porter le Jeu 7 Juil 2016 - 20:28, édité 1 fois
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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeVen 29 Avr 2016 - 13:48

Lorcan avait longuement hésité avant de se rendre dans cette rue éloignée du centre de Radcliff, et il hésitait encore davantage à présent qu’il s’y trouvait. Devant le manoir imposant, il se demandait s’il n’était pas en train de faire une bêtise plus grosse que lui, et il ne parvenait plus à avancer. Les mots de son père résonnaient encore en lui, sous-entendant d’un ton perfide que les mutants à qui il se confierait ne chercheraient qu’à l’utiliser pour atteindre sa famille. Le nom de Wolstenholme était un peu trop connu parmi les mutants ces derniers temps, même s’ils étaient encore épargnés par la vague d’arrestations qui frappait la ville.Ca ne tarderait pas, il le savait. Ils finiraient tous par se retrouver plongés dans les ennuis jusqu’au cou, des ennuis juridiques bien différents de ceux qui les torturaient déjà, et ils ne les auraient même pas volés. Mais c’était la dernière chose que Lorcan souhaitait : voir sa famille déchirée comme pouvaient l’être les Lecter actuellement. Malgré tout ce qui s’était produit, malgré la rupture avec son père, il restait un Wolstenholme. Et s’il y avait bien une chose qu’il ne pourrait jamais se résoudre à faire, c’était trahir les siens … Qu’est-ce qu’il était en train de faire, là ? Est-ce qu’être devant ce manoir, ce n’était pas déjà un peu de la trahison ? Ou était-ce simplement la suite logique de ce qu’il avait essayé d’expliquer à son père ? Lorcan ne savait plus du tout sur quel pied danser, mais il fallait bien faire un choix. C’était écouter son père ou continuer à suivre ses propres décisions. Quand Calista avait été vaccinée au NH25 et qu’elle s’était retrouvée clouée à son fauteuil roulant, il avait décidé d’arrêter le NH24 et de se débrouiller pour ne plus en être dépendant. Il avait décidé d’assumer ce qu’il était … Ou au moins de ne plus brider sa mutation comme avant et d’essayer de vivre avec. Et seul, il ne pouvait pas y arriver.

C’était pour ça qu’il se retrouvait devant ce manoir, parce qu’il n’avait pas des milliers d’autres possibilités. Et sauf s’il avait l’intention de retourner voir son père en lui demandant une injection de NH25, il devait s’avancer, et sonner à cette porte. Ravaler son orgueil de fils de hunter, oublier tout ce qu’il avait appris sur les mutants, essayer de mettre de côté la méfiance naturelle qu’il avait envers tous ceux qui se trouvaient derrière cette porte … Ca n’avait rien de facile, mais Lorcan se répétait qu’il n’avait pas le choix, et que ça se passerait bien. Ca s’était bien passé une fois, pourquoi pas une seconde ? Il y avait des tas de raisons qui pouvaient justifier que la seconde fois soit catastrophique et le mène à sa perte, en vérité, et il les avait toutes listées avant de venir, mais il les avait mises de côté, comme tout le reste. Maintenant il fallait y aller, un point c’est tout ! Prenant son courage à deux mains, Lorcan s’avança dans l’allée. Il avait le cœur battant, comme s’il se rendait à l’échafaud, c’était ridicule. Il ne faisait rien de mal – pour l’instant – et il n’avait encore aucune raison de craindre que le pire se trouverait derrière cette porte. C’était ce qu’il se répétait quand il sonna à l’entrée, et quand il se força à ne pas déguerpir avant que qui que ce soit vienne lui ouvrir. Les mains enfoncées dans les poches, il espéra que quelqu’un d’autre lui ouvre. Il savait qu’il était à la bonne maison, mais peut-être que celui qu’il était venu voir n’était pas là, peut-être que c’était sa femme qui lui ouvrirait et qui lui dirait de revenir … S’il n’était pas là aujourd’hui, il ne reviendrait pas. Il prit cette décision soudainement, sur un coup de tête, et se sentit bizarrement rassuré par cette idée. Oui, voilà, il ne reviendrait pas, il avait fait un effort, ça n’avait pas marché, fin de l’histoire.

«  …. Lorcan ? » A sa grande déception, c’était Malachi Porter en personne qui venait de lui ouvrir, ruinant tous ses espoirs de ne pas avoir à revenir. « Bonjour … Monsieur Porter. » Fit-il d’un ton gêné, passant d’une jambe sur l’autre, ne sachant pas trop comment s’adresser à lui. A Andreas, il donnait constamment du Professeur Kovalainen, mais Porter n’était pas son professeur. Pas encore. Jamais ! Bon sang, il n’aimait pas cette idée ! « … Tu souhaites rentrer ? » Pas vraiment. Pas du tout, même. « S’il vous plaît, oui. » Comme s’il allait lui taper la causette sur son perron, à la vue de tous … Enfin, à la vue des éventuels voisins, qui n’avaient pas l’air d’être légion. Mais quand même ! Lorcan était mortifié à l’idée que quiconque sache qu’il était là. Rien que lui, de savoir qu’il était là … Mais il ne fallait plus réfléchir à tout ça. Il suivit Malachi à l’intérieur, jetant un regard nerveux autour de lui. Comme la toute première fois, il notait les issues de secours, juste au cas où. Ca aussi, c’était complètement con, mais c’était un réflexe. « Je vais pas vous déranger longtemps. » Commença-t-il après avoir eu encore plusieurs secondes d’hésitation. « J’ai besoin d’apprendre à contrôler ma … ma mutation. Et je voulais savoir si votre proposition de m’aider tenait toujours. » Lâcha-t-il, très vite, en fixant un tableau au mur, comme si cette question qu’il venait de poser n’avait pas tant d’importance que ça.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeSam 30 Avr 2016 - 11:54

Apprends moi, Montre les moi, ses étrangers qui seraient faits comme moi...



Il n’était pas bien compliqué pour le professeur de voir la détresse dans laquelle Lorcan surnageait, tant elle dégoulinait de tous les pores de sa peau. Pour tout dire, ça lui faisait même mal au cœur de le sentir aussi mal. Alors qu’ils se tenaient encore sur le porche, il sentait la panique monter chez le jeune mutant, et du se faire violence pour ne pas agir tout de suite sur son aura : il ne connaissait pas suffisamment le Wolstenholme pour se permettre d’agir sur lui sans autorisation, surtout s’il s’en rendait compte et que cela le bloquait par la suite. Aussi, il se contenta d’hocher la tête quand Lorcan accepta de rentrer, et s’effaça de devant la porte pour le laisser passer. Le samedi était un jour relativement calme au manoir, et il n’y avait presque personne dans les chambres, à part peut être un ou deux lèves tard qui ronflaient encore paisiblement dans leur lit. Il referma la porte derrière eux, alors que le jeune homme se planta sur le tapis de l’entrée, comme si un mur invisible l’empêchait d’avancer un peu plus dans le corridor « Je vais pas vous déranger longtemps. J’ai besoin d’apprendre à contrôler ma … ma mutation. Et je voulais savoir si votre proposition de m’aider tenait toujours. »

Malachi sourit à demi, avant de lui répondre simplement :

- Viens dans le salon, on sera plus à l’aise pour discuter.

D’un mouvement de la main, il invita Lorcan à le suivre, traversant le couloir pour arriver sur le salon immense, au milieu duquel jouait Peter et sa peluche éléphant animée, alors que Jumbo lui se redressait d’un bond pour quitter sa place sur le canapé et venir sauter sur cet humain inconnu qui se tenait à coté de son maitre. Malachi jeta un coup d’œil à Lorcan alors que le petit dalmatien venait lui renifler les doigts en couinant joyeusement. Il espérait que le jeune homme n’avait pas trop peur des chiens.

- Il n’est pas méchant, juste très curieux. Peter, est ce que tu peux amener Jumbo dans la véranda et le surveiller pendant que je discute, s’il te plait ?

Le petit garçon hocha la tête, puis appela le chiot pour l’amener jusqu’à la pièce d’à coté, non sans faire un petit signe timide de la main à Lorcan, son éléphant miniature suivant maladroitement en poussant de petite barrissements aigus. Tout ce petit monde là installé plus loin, Malachi invita Lorcan à prendre place dans l’un des fauteuils, s’installant lui-même sur le canapé.

- Je suppose que tu as une nouvelle et excellente raison d’avoir besoin d’un coup de main maintenant ? Qu’elle qu’elle soit, apprendre à contrôler ses pouvoirs n’est jamais une mauvaise idée, même si tu comptes t’en défaire un jour.

En tant que fils de chasseur, Lorcan avait du probablement déjà penser à se faire vacciner définitivement, malgré les risques que cela comportait. D’ailleurs au regard du comportement qu’avait eu ce dernier à leur dernière rencontre, il était même agréablement surpris que ce dernier n’ait pas pris cette décision, plutôt que de venir toquer à sa porte.

- Pour savoir ce que je peux faire pour toi, je dois d’abord te poser quelques questions sur ton don, ta mutation, selon comment tu appelles ça. Chacun d’entre nous à un mutation différente ou presque, mais qui se ramifient en familles de capacités, ce qui permet ensuite d’adapter un enseignement avec ce que tu peux et ne peux pas faire. La dernière fois que nous nous sommes vus, nous avons parlé d’Hémokinésie. Est-ce que tu as réutilisé ton don, volontairement ou non, depuis ?

La voix de Malachi était calme et posée, exactement comme il aurait pu s’adresser à un étudiant en difficulté avec la rédaction d’une synthèse ou d’un mémoire. Ce n’était pas la première fois qu’il essayait d’aider un jeune mutant, mais un enfant de chasseur, c’était inédit. D’aucun parmi les Ups lui aurait probablement conseillé de lâcher l’affaire avec Lorcan, de le laisser se débrouiller avec sa famille et ses histoires. Simplement, il ne s’imaginait pas refermer sa porte au nez de qui que ce soit. Famille de chasseurs ou non, si Lorcan avait besoin de son soutien, alors il le lui donnerait, sans regard sur son pedigree. S’il commençait à faire de l’élitisme entre mutants enfants de mutants et les autres, ça risquait de compliquer grandement les choses, et il se refusait à ces fantasmes de suprématie génétique.
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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeMer 1 Juin 2016 - 19:20

Lorcan suivi Malachi sans discuter, pas vraiment désireux de se pencher sur les sentiments que lui inspiraient sa présence ici. Le professeur, quant à lui, était égal à lui-même, et la légère surprise qu’il avait montrée en le trouvant sur son perron semblait tout à fait effacée. Il n’avait même pas eut l’air étonné que Lorcan lui demande son aide. Soit il avait l’habitude de faire ça, soit il avait un contrôle de lui-même remarquable, parce qu’il ne devait certainement pas s’attendre à le voir débarquer. Lorcan lui-même n’y aurait jamais songé sans l’incident avec son père. Il s‘abaissait à l’impensable, en venant ici. Mais au moins Malachi avait le bon goût de ne pas montrer ce qu’il pensait de cette reddition. Ils pénétrèrent dans le salon, et Lorcan salua d’un signe de tête le petit garçon qui y jouait. Il caressa distraitement le chien qui vint lui lécher les doigts, il n’était pas particulièrement attiré par les animaux en temps normal, et encore moins aujourd’hui. Par contre, ses yeux s’écarquillèrent d’une surprise mêlée d’horreur quand il vit la peluche qui bougeait toute seule, et qui suivit le garçonnet quand celui-ci s’éloigna jusqu’à la véranda. Lorcan détourna le regard à contrecœur, mais il était choqué de voir un enfant si jeune développer des capacités mutantes, et les utiliser aussi librement. C’était contre-nature … Mais il ne dit rien, essaya de ne pas trop y penser – sans parvenir néanmoins à se l’ôter complètement de la tête – et retourna son attention à Malachi.

« Je suppose que tu as une nouvelle et excellente raison d’avoir besoin d’un coup de main maintenant ? Qu’elle qu’elle soit, apprendre à contrôler ses pouvoirs n’est jamais une mauvaise idée, même si tu comptes t’en défaire un jour. » Lorcan eut un geste fugace d’agacement avant de se reprendre. Il n’aimait pas la façon dont ça commençait, il avait l’impression que Malachi essayait de le faire parler. C’était sans doute faux, mais il n’arriverait pas facilement à lui faire confiance et à lui voir de bonnes intentions là où son instinct de hunter le poussait à voir le pire. « J’ai de bonnes raisons, oui. » Confirma-t-il simplement. Il n’avait pas l’intention de lui parler de son père, ni de la façon dont ce dernier l’avait menacé de le tuer en apprenant sa mutation. Il voulait en dire le moins possible au motiopathe, même s’il sentait bien qu’il devrait se livrer bien davantage que ce qu’il souhaitait. C’était sans doute le prix à payer pour son aide, et c’était une des raisons pour laquelle Lorcan avait tant rechigné à venir. Il ne voulait pas qu’un mutant, quel qu’il soit, en sache plus sur lui ou sur les Wolstenholme. « J’ai pris du NH24 assez longtemps, mais j’ai pas l’intention de passer à l’étape supérieure. Je … connais quelqu’un qui a été vacciné, et qui a failli y rester. Tant que ce ne sera pas plus stable, je prendrais pas de ce truc. » Répondit-il, son ton trahissant autant le dégoût qu’il avait pour sa propre faiblesse que pour le vaccin et ses prétendus miracles. Il avait toujours un peu de mal à se dire qu’il n’était plus sous NH24, tout en se trouvant pathétique d’y avoir été aussi dépendant. Quant au NH25, il était hors de question d’en prendre depuis qu’il avait vu les effets sur Calista, mais il ne perdait pas l’espoir qu’un jour, un remède plus efficace et sans danger fasse son apparition sur le marché. A ce moment, il le prendrait, et sans doute sans aucune hésitation. « Pour savoir ce que je peux faire pour toi, je dois d’abord te poser quelques questions sur ton don, ta mutation, selon comment tu appelles ça. Chacun d’entre nous à une mutation différente ou presque, mais qui se ramifient en familles de capacités, ce qui permet ensuite d’adapter un enseignement avec ce que tu peux et ne peux pas faire. La dernière fois que nous nous sommes vus, nous avons parlé d’Hémokinésie. Est-ce que tu as réutilisé ton don, volontairement ou non, depuis ? » Lorcan eut un rictus quand Malachi évoqua la façon dont il appelait sa mutation. Il considérait ça plutôt comme une dégénérescence que comme un don, mais il se garda bien de lui en faire la remarque, il n’avait pas l’intention de se payer une leçon de morale sur la façon dont ils avaient été bénis par leur mutation, ou dieu sait quelle autre connerie pro-mutante. Il voyait bien Malachi en train de faire ce genre de discours pour motiver les mutants un peu déprimés, assorti d’un petit coup de son pouvoir pour donner une jolie teinte rose à la vision grisâtre de ses suicidaires. C’était ce qu’il avait dit la dernière fois non ? Il aidait les dépressifs. Lorcan n’aimait pas plus cette idée aujourd’hui que quand ils en avaient discuté à la fac, des mois plus tôt. « Je sais. J’ai eu plus de cours sur les dégé… les mutants et leurs mutations que vous dans toute votre vie, j’imagine. » Lui rappela-t-il, supprimant de son vocabulaire le terme insultant, un peu au dernier moment. Il était parfaitement au courant des différents types de mutations, il en avait ingurgité des pages et des pages lors de sa formation de hunter, et ce depuis son adolescence. Il n’aurait d’ailleurs pas du en parler avec autant de nonchalance devant celui qui aurait du être sa proie, par égard pour le secret hunter, mais il retardait inconsciemment le moment où il devrait répondre à sa dernière question. Il gigota un peu sur son siège, mal à l’aise. Il n’avait pas l’habitude d’en parler aussi librement, et surtout, il n’avouait pas facilement qu’il avait déjà utilisé ses pouvoirs de façon volontaire. Mais il était là pour ça, non ? « Je l’ai utilisé quelques fois. Des accidents, une fois ou deux. » Lâcha-t-il d’un air sombre, en songeant à la façon dont il avait repoussé son père en tombant en arrière, lors de l’attentat à la mairie. « Et les autres fois parce que j’essayais d’apprendre à me contrôler. J’arrive assez bien à réprimer ce truc au quotidien, mais plus ça va et plus j’ai peur que ça explose vraiment quand je relâcherais mon attention. C’est pour ça que je suis là. J’aimerais bien que ça cesse d’être aussi … » Il joignit ses deux mains d’un geste sec, faisant claquer ses paumes, pour illustrer ce qu’il ne parvenait pas à exprimer : la pression qui lui comprimait les veines, la violence qu’il avait peur de laisser échapper. « … Aussi fort dans ma tête. Je sais pas comment dire, mais c’est toujours là, et c’est l’enfer d’y penser chaque seconde en me disant qu’il faut pas que je relâche quoi que ce soit. »
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeLun 6 Juin 2016 - 20:09

Apprends moi, Montre les moi, ses étrangers qui seraient faits comme moi...



La situation était un mélange de quotidien et d’inédit pour le professeur d’histoire : de quotidien d’abord, parce que Lorcan n’était pas le premier jeune mutant à venir toquer à sa porte en quête de conseils. Inédit, parce que le Wolstenholme ne ressemblait pas vraiment au stéréotype du gamin perdu en quête de repères : bien en contraire, des certitudes, le jeune en avait, beaucoup. Trop, même, probablement, alors qu’il avançait dans le couloir du manoir, puis dans le salon, avec un regard de bête traqué. Pas besoin d’être motiopathe pour sentir la nervosité du jeune homme, mais en revanche, la capacité de Malachi lui permit d’observer quelque chose qu’il n’apprécia que très moyennement : L’aura de Lorcan se teinta de dégout quand il croisa Peter et sa petite peluche animée. Cette réaction était juste impensable pour le mutant, qui ne releva pas, pas verbalement en tout cas. Pour autant, cela ne raviva pas foncièrement la sympathie que ce dernier avait pu avoir pour le jeune homme à leur première rencontre. Peut être parce que beaucoup de choses avaient changé pour lui aussi depuis la dernière fois, et qu’il avait un peu moins de tolérance pour l’air dégouté à peine dissimulé par le fils de chasseurs. Assis en face du Wol’, il croisa les bras en hochant légèrement la tête : tout les mutants avaient leurs raisons de chercher à contrôler leurs capacités, qu’elles soient bonnes ou non.

- … Je vois.

Le moins que l’on puisse dire, c’était que c’était laconique comme réponse. Simplement, Malachi avait bien compris ce que signifiait le jeune homme : qu’on lui donne un vaccin sans accoutumance ni effets secondaires désagréables, et il se shooterait avec l’application et l’empressement d’un junkie. Pas vraiment la philosophie du motiopathe qui, sans être pro mutants dans la version transhumaniste du genre, trouvait que la vaccination était, dans la majorité des cas, un immense gachis. Il tâcha de ne pas s’arrêter sur cette nouvelle réponse décevante de Lorcan, pour attendre la suite, qui valait le coup d’être entendu. Un sourire presque moqueur, non, ouvertement sarcastique, apparut sur les lèvres pourtant closes du motiopathe : le jeune homme faisait preuve d’une prétention qui serait presque amusante, si elle n’était pas aussi vaine. Qu’il s’imagine que sa formation de chasseurs soit aussi exhaustive qu’il lui plaise, il parlait tout de même à un expert émérite à la matière, qui avait rencontré plus de mutants différents dans sa vie que la famille Wolstenholme avait pu réussir à en tuer. Et parmi eux, certains possédant des capacités qui feraient faire des cauchemars à Lorcan, s’il en avait la moindre idée :

- C’est vrai qu’en général, les cours, je les donne plutôt que de les recevoir. Je suppose que sur ce point, tu as donc un peu d’avance.

Voilà, ça, c’était fait. Il n’avait pas, plus, la patience de subir les rodomontades de Lorcan et son air supérieur : aux dernières nouvelles, c’était lui qui avait besoin de lui, et pas l’inverse. Un membre des uprising ou des insurgency moins ouvert d’esprit que lui aurait déjà eu tôt fait de l’assommer, de le vacciner un coup et de s’en servir comme appât à chasseurs ou comme simple outil de représailles. Peut être que l’idée ne lui était pas venue à l’esprit, mais dans celui de Malachi, oui, évidemment. Comme pour n’importe qui ayant eu des proches mis en danger par les proches et la famille du jeune homme. Il laissa Lorcan poursuivre à nouveau, observant autant l’aura du jeune homme qu’il écoutait ses mots : parfois, les deux éléments ne collaient pas ou plus, et il ne pouvait que s’attrister de sentir le jeune homme dans la tension et la dissimulation perpétuelle de ses émotions. Il était du matériel à psychanalyse de qualité, il n’y avait pas à discuter ce point. Le motiopathe resta un instant silencieux, songeant à la meilleure façon de répondre aux interrogations du jeune homme, sans l’effrayer ni avoir l’air trop compatissant. Pour être tout à fait honnête, il ne l’était pas tant que ça.

- Hum … je vais utiliser une métaphore peu gracieuse, mais plutôt efficace. Pour toi, ta mutation est une maladie. Honteuse, implacable, que tu préfèrerais ne pas avoir mais qui s’accroche et qui n’a pas encore de remède pour l’instant, et surtout, surtout, que l’on ne peut pas exposer en public, n’est ce pas ? Et bien, tu réagis exactement comme quelqu’un qui a la nausée, et qui essaye de faire croire au reste du monde qu’il n’est pas malade, malgré son teint verdâtre et son envie de vomir. Alors il y a les gens comme toi, qui essaye de faire illusion tout en pensant constamment au moment fatal où ils vont se mettre à vomir sur tout le monde. Et il y a les autres, qui apprennent à gérer leur symptome et à s’enfermer dans une salle de bain quand la nausée se fait trop forte. Et plus ils connaissent leur maladie, plus ils arrivent à gérer les pics de leur maladie. Par parce qu’ils en sont satisfaits ou fiers, mais tout simplement parce qu’ils ont arrêté de se persuader qu’ils peuvent tout gérer en faisant semblant que tout va bien, et qu’ils ne sont pas malades.

Malachi se tut un instant pour laisser Lorcan assimiler la comparaison. Il aurait préféré faire dans la dentelle, mais la conversation ne semblait pas vraiment se faire sur ce ton. Il se pencha un peu plus vers le jeune homme, les coudes sur les genoux, alors qu’il fixait ce dernier de son regard volontairement perçant et plus clair qu’à l’accoutumée :

- Je ne suis pas magicien, Lorcan. Je ne peux pas claquer des doigts et t’offrir une maitrise parfaite d’une capacité comme la tienne, aussi intensément liée à tes émotions. Or, je suis à peu près persuadé que tu ne l’as jamais déclenché autrement que par peur ou par colère. Pire encore, quand tu y penses, à ce sang que tu manipules, c’est du dégout que tu ressens. Du dégout pour cette dégénérescence qui souille ton sang pendant que toi, tu manipules celui des autres. Tant que tu n’arriveras pas à te détacher de ces émotions négatives pour observer tes capacités avec plus d’objectivité et de neutralité, elle sera comme une roulette russe, impossible à prédire et à gérer au quotidien. Alors je vais reposer ma question, et j’aurai besoin d’une réponse plus claire: pourquoi es tu venu ici ? Qu’est ce que tu attends de moi ?
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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeDim 3 Juil 2016 - 19:36

« … Je vois. » Malachi ne semblait pas satisfait de la réponse de Lorcan, mais ce dernier était encore trop sur ses gardes pour s’en soucier. Il ne voulait pas donner trop d’informations au mutant en face de lui, après tout il ne savait pas grand-chose sur lui, et même s’il essayait d’éteindre sa méfiance naturelle il ne pouvait s’ouvrir du premier coup et lui déballer sa vie sans filtre. « C’est vrai qu’en général, les cours, je les donne plutôt que de les recevoir. Je suppose que sur ce point, tu as donc un peu d’avance. » Et bien, les choses commençaient assez mal, s’il en jugeait par l’air ironique de Malachi et sa réponse cinglante. Lorcan haussa les épaules, sans se formaliser outre mesure. Le motiopathe n’avait pas l’air de bien comprendre d’où il venait, ce qu’avait été sa vie jusque là, et les efforts qu’il avait du faire pour mettre son éducation de côté et venir jusqu’à lui. Il était hunter dans les gènes, bien plus que mutant, c’était une voie qu’il avait désiré suivre pendant des années et qu’il avait beaucoup de mal à abandonner. Malachi connaissait sans doute beaucoup de choses sur les mutants, mais il n’avait jamais été entraîné à les chasser. Lorcan avait ingurgité des centaines de façons de traquer, capturer, torturer et tuer les gens comme lui. Il ne les avait jamais mises à exécution sur de vraies personnes, mais ses connaissances restaient présentes. Beaucoup trop pour accepter sa propre mutation. Beaucoup trop pour considérer sa présence ici de façon sereine. Beaucoup trop pour regarder sans frémir un enfant de même pas dix ans capable de donner la vie à des objets inanimés. Chez eux, si n’importe quel enfant Wolstenholme avait fait une telle chose devant les parents, il n’aurait pas survécu. Un tragique accident aux yeux de la communauté, une froide mise à mort pour des parents qui préféraient encore faire le deuil d’un enfant que de supporter sa mutation. C’était facile, pour Malachi, de juger de sa fenêtre et de donner des leçons, mais Lorcan avait été élevé avec une conscience aiguisée de ce qu’il ne devait surtout pas devenir. Et si Malachi trouvait cela facile à accepter, c’est qu’il n’était pas un si bon empathe que ça.

Malachi reprit ensuite la parole, lui exposant ce qui devait être le fleuron de ses leçons de morale. Lorca s’assombrit en l’écoutant lui parler ainsi, à décrire sa mutation comme si c’était quelque chose dont il pouvait s’accoutumer avec un simple petit effort de volonté. Comme si la maladie honteuse pouvait se transformer en fierté, peut-être ? Lorcan secoua la tête. « Ouais, c’est vrai. Même quand ce n’était pas un accident, toutes les fois où je l’ai utilisé pour de vrai sur quelqu’un d’autre, c’était parce que j’étais en colère ou que j’avais peur. La tête froide, jamais je voudrais faire ça de mon plein gré. » Il le reconnaissait sans peine : il ne savait que très peu contrôler ses propres émotions, et quand il était en proie à une forte colère, comme cela avait été le cas à la fête des fondateurs avec Noeh, il agissait sans réfléchir. Pour la peur, c’était encore pire. Et c’était bien ça, son problème, le fait qu’il ne sache pas se calmer. Il avait eu de la chance de ne jamais blesser qui que ce soit pour de vrai. « Comment vous voulez que je pense à ma mutation et que je ressente quoi que ce soit d’autre que du dégoût ? Au mieux, je peux causer des bleus. Au pire, des AVC ou des hémorragies généralisées. C’est génial, ça donne envie ! » Il ne comprenait pas que Malachi semble aussi aveugle à ce qu’il essayait de lui dire. Il voulait savoir clairement la raison de sa présence ? Ca semblait pourtant parfaitement évident aux yeux de Lorcan. « Pourquoi vous croyez que je suis là ? Ca va faire deux ans que je me saigne comme je peux pour être certain de ne pas saigner les autres. Me cacher pour vomir, ouais, ça je l’ai déjà fait, littéralement, et beaucoup trop souvent. Mais la question, c’est pas de savoir si je vais montrer à tout le monde que je suis malade. J’ai pas envie que tout le monde le sache, okay, mais vous croyez que c’est ça qui me réveille la nuit ? Juste la peur qu’on me regarde comme un pestiféré ? » Il secoua la tête. Bien entendu, il y avait de ça, mais depuis que son père était au courant, il considérait que le pire lui était déjà arrivé. Il ne voulait pas que tous les hunters de la ville soient au courant, mais cette peur là passait bien loin derrière. Son père garderait le secret et veillerait à étouffer tous les débuts de rumeurs, au moins pour conserver l’illusion que les Wolstenholme étaient une famille pure. Non, ce que Lorcan craignait, c’était de perdre le contrôle et de tuer quelqu’un. Quand il se réveillait en sueur la nuit, le cœur battant après un énième cauchemar, et qu’il voyait Salomé couchée à côté de lui … A chaque fois, il était terrorisé à l’idée de lui faire du mal en la touchant, de perdre le contrôle quand il était avec elle. Et il n’y avait pas qu’elle, il y avait Aspen, Calista, et tous les autres, ses collègues ou même les inconnus qu’il croisait dans la rue. « Je veux tuer personne. Si j’embrasse mes sœurs, je veux pas les regarder ensuite en cherchant les hématomes sur leur peau. » Il avait déjà blessé Aspen une fois, et bien que cela ait été bénin, il savait qu’il pouvait faire bien pire. Il ne voulait pas en arriver là. Il ne voulait pas donner raison à son père, devenir le monstre qu’il voyait en lui, et devoir accepter la libération qu’il lui offrait. S’il tuait quelqu’un, la seule libération à sa portée serait la même que celle de sa mère. « Je voudrais … Si vous acceptez … Que vous m’aidiez à me contrôler. A maîtriser mes émotions, peut-être, si c’est par là que ça passe. Je ne sais pas à quoi ma mutation peut servir, et je ne veux même pas être capable de m’en servir un jour, en fait. La télépathie, l’empathie, le contrôle du feu et tous ces trucs, ça peut … peut-être, se révéler utile. Mais mon truc à moi, c’est destructeur. Même vous, vous devez le reconnaître. Et je voudrais juste … ne rien détruire. »
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeJeu 7 Juil 2016 - 20:27

Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi...



Vu de l’extérieur, la scène entre les deux mutants pouvait prêter à sourire, et surtout à confusion : le professeur était un mutant pur souche, qui avait grandi parmi ses semblables et dans la tolérance et l’ouverture d’esprit toute sa vie, tant et si bien qu’il avait fait de sa singularité le sujet de sa propre thèse de Doctorat. En face, on retrouvait l’exact inverse, un jeune homme tellement mal dans sa peau et sa mutation qu’il se serait arracher la peau à l’épluche légume lui-même si on lui avait promis que ça le débarrasserait de ce qu’il considérait probablement comme le fardeau de son existence. Malachi faisait un effort, vraiment, pour comprendre le ressenti du jeune homme sans se laisser aller à un jugement qui serait probablement expéditif pour des pro mutants plus excessifs que lui : si il était pas content de sa mutation, il avait qu’à aller se faire planter du NH 25 dans les fesses en priant pour ne pas imploser dans les vingt quatre prochaines heures. Le Gallois était conscient de la chance qu’il avait d’avoir toujours évolué dans un milieu ouvert, et maintenant c’était à lui de se montrer le plus consciencieux et patient possibl avec ceux qui n’avaient pas eu le même privilège. Alors il laissa Lorcan secouer la tête et tâcher de démonter sa rhétorique avec autant de soin que celui qu’il avait mis pour la monter. Malgré la mauvaise foi consciente ou non du jeune homme, ce qu’il lui expliqua éclaira bien plus le motiopathe qu’il ne pouvait l’imaginer : alors que l’aura de Lorcan se teintait d’agacement et de toute la palette de couleurs qui l’accompagnait, Malachi restait bloqué sur une seule chose : « c’était parce que j’étais en colère ou que j’avais peur ». C’était peut être ça, la clé de la lutte intérieure de Lorcan, mais de là à réussir à lui expliquer…

Avec toute la patience du monde, le motiopathe laissa le jeune homme continuer son monologue sans l’interrompre une seule fois, alors que ce dernier s’agitait, regardant un peu partout dans le salon, secouant la tête entre deux réflexions vaguement décousues. Peut être n’avait il pas l’habitude de parler de tout cela si ouvertement, peut être même qu’il n’avait jamais vraiment réfléchi à tout cela suffisamment longtemps pour savoir quels mots posés sur ses maux justement. Malachi notait mentalement avec grand soin toutes les expressions utilisées Lorcan, le menton posé sur ses doigts croisés, fixant ce dernier presque sans ciller, alors que son esprit tournait à plein régime. Quand le Wol’ en eut enfin fini, il resta silencieux quelques minutes, pensif. Par où commencer ? Il y avait tellement à dire…

- J’ai entendu ce que tu voulais dire.

Entendu, parce que dire qu’il avait compris, Lorcan n’y aurait jamais cru, et c’était peut être un petit peu prétentieux, puisqu’il n’avait jamais eu à craindre des conséquences de sa mutation, aussi potentiellement  dangereuse qu’elle pouvait être : oui, lui aussi, il pouvait tuer des gens, dans un sens. Il lui suffisait de tout éteindre, joie, enthousiasme, jalousie, frustration et rage, jusqu’à ce que sa victime ne soit plus rien qu’une coquille vide, sans émotion pour stimuler son cerveau, sans entrain pour motiver ses actions. Lorcan pouvait bien arrêter physiquement les cœurs, Malachi le faisait métaphoriquement, et pourtant il n’avait jamais eu à affronter le pire. Pas encore en tout cas.

- Tu me dis donc que les rares fois où tu as utilisé ta capacité sciemment, c’était sous l’emprise d’une émotion forte, et qui plus est négative. Sais tu ce que tu pourrais être capable de faire, si tu décidais d’activer Tout Ca volontairement dans un état d’esprit plus … Serein ?

C’était une vraie question, dénuée d’ironie et de sarcasme. Pour l’instant, Lorcan n’avait utilisé sa capacité que dans des optiques de défenses ou de vengeance : pas étonnant que le résultat soit peu reluisant, n’importe quelle mutation, utilisée à ses desseins, pouvait se révéler terrifiante. L’utilisation non violente, peut être était ce ça la piste à exploiter. Mais une idée pareille, il aurait du mal à la faire avaler au bébé chasseur si facilement.

- Je ne sais pas si je serai capable de t’aider à te « contrôler » comme tu dis, ou en tout cas dans le sens auquel tu l’entends. Ce que je peux essayer, si tu m’autorises et si tu veux bien aller jusqu’au bout, c’est de te faire passer par différents stades émotionnels, et observer ce qu’il se passe. Peut être que comme ça, tu pourras identifier ton point de rupture, le moment où justement, tu perds le contrôle et devient un … Danger pour ton entourage. Est-ce que cela te parait raisonnable ?

Il pensait sincèrement que le don de Lorcan était bien plus que ce qu’il voulait bien en voir, mais ça non plus, il ne pouvait pas vraiment le lui dire de manière assez frontale. Alors il tâtonnait un peu, lui posait des questions, dans l’espoir que Lorcan comprenne le sens de sa démarche, et ne se montre pas trop buter. Si il y avait bien une chose qu’il n’aimait pas faire, c’était passé à travers l’aura de quelqu’un de force, et encore moins avec quelqu’un d’aussi méfiant et opiniatre que le jeune homme…
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeSam 30 Juil 2016 - 22:15

Lorcan n’avait encore jamais parlé comme ça, à personne. Avec Salomé, ils évitaient le sujet la plupart du temps, aucun des deux n’étant assez à l’aise avec sa mutation respective pour espérer en parler à cœur ouvert et avec tant de franchise. Ils essayaient de s’aider respectivement, mais moins ils en parlaient et mieux ils se portaient. Avec Aspen, le sujet était plus ou moins tabou également. Lorcan ne se voyait pas confier de telles choses à sa jumelle, même si elle aurait certainement été très volontaire s’il lui avait demandé de l’aider.  Elle l’avait soutenu quand il prenait encore du NH24, et la scène à laquelle elle avait assisté dans une de ses crises de panique était déjà bien suffisante, il ne voulait pas lui en faire subir davantage. Il était hors de question de la mêler à ça, elle restait une hunter et elle était déjà assez mise en porte-à-faux comme ça. Lorcan ne voulait en parler à personne, mais exprimer ses peurs comme il venait de le faire, et de façon aussi claire, sembla le soulager un peu. Le fait que ce soit Malachi en face de lui, quasiment un inconnu qu’il ne côtoierait pas au quotidien, rendait les confidences plus faciles, dans un sens. Comme s’il s’était confié à un psy, qui garderait le secret sur leur entrevue. Il espérait en tout cas que Porter n’irait pas raconter tout ça autour de lui … Mais Lorcan sentait que sur ce point au moins, il pouvait lui faire confiance.

L’agacement du professeur semblait s’être estompé à mesure que Lorcan parlait, et quand il reprit la parole, il semblait déjà plus enclin à l’aider. « Tu me dis donc que les rares fois où tu as utilisé ta capacité sciemment, c’était sous l’emprise d’une émotion forte, et qui plus est négative. Sais tu ce que tu pourrais être capable de faire, si tu décidais d’activer Tout Ca volontairement dans un état d’esprit plus … Serein ? » Lorcan  fut surpris de cette question. C’était quelque chose qu’il ne s’était jamais demandé, ça n’avait aucun intérêt à ses yeux. Il voulait se contrôler, et surtout pas utiliser sa mutation. « Mais je n’y arrive pas. Quand je suis seul et que j’essaye de … faire des trucs, je ne suis même pas serein. Ca me dégoûte tellement que je suis tendu, quoi que je fasse. » Il avait essayé, pourtant. D’abord ça n’avait été que par pure nécessité, pour laisser s’échapper un peu de la pression qui le comprimait constamment. Et puis après avoir décidé qu’il arrêtait de prendre le NH24, il s’y était mis avec un peu plus de bonne volonté, sans y être contraint. Mais le sang qui coulait lui serrait toujours l’estomac, lui donnant des nausées qui exprimaient toute la répugnance qu’il avait pour sa mutation. « J’ai jamais rencontré personne qui ait la même mutation que moi. » Mais ce n’était pas comme s’il avait côtoyé énormément de mutants non plus. « Et puis forcément, on ne m’a jamais appris les bons côtés des mutations. » Ajouta-t-il avec un sourire amer, comme si cette idée même lui semblait saugrenue. Son père avait dépeint les hémokinésistes comme tous les autres, en décrivant avec force détails les horreurs dont ils étaient capables. C’était la norme pour Lorcan, et il lui faudrait encore longtemps pour accepter que quoi que ce soit de positif puisse sortir d’une mutation. Encore plus quand il s’agissait de la sienne. « Alors il ne me reste que mon imagination, et je crois que j’en ai pas assez pour imaginer ce que je pourrais faire en étant serein. » Il se garda de répéter que ce n’était pas non plus son but. S’il arrivait à contenir sa mutation dans les moments d’émotions intenses, il y arriverait aussi en étant calme. Et le problème serait résolu. Tout le reste, ce n’était que des fioritures qui n’intéressaient pas Lorcan.

«  Je ne sais pas si je serai capable de t’aider à te "contrôler" comme tu dis, ou en tout cas dans le sens auquel tu l’entends. Ce que je peux essayer, si tu m’autorises et si tu veux bien aller jusqu’au bout, c’est de te faire passer par différents stades émotionnels, et observer ce qu’il se passe. Peut être que comme ça, tu pourras identifier ton point de rupture, le moment où justement, tu perds le contrôle et devient un … Danger pour ton entourage. Est-ce que cela te parait raisonnable ? » Lorcan écarquilla légèrement les yeux tandis que Malachi lui exposait son idée. Ni plus ni moins que de manipuler ses émotions à l’aide de sa mutation pour voir comment il réagirait. Le jeune Wolstenholme se leva de son fauteuil avant même que Porter n’en eut fini, et il s’éloigna pour faire quelques pas nerveux dans la pièce. Il tournait le dos au professeur pour ne pas avoir à le regarder dans les yeux, oubliant encore une fois que ses émotions resteraient aussi claires pour lui que s’il les lui avait criées au visage. « Je … » Commença-t-il, sans parvenir à terminer. Ce qu’il aurait voulu lui dire, c’était un non clair et net. Il était hors de question qu’il laisse qui que ce soit manipuler ses émotions comme s’il était une marionnette. Mais il était venu demander de l’aide, et la solution que Malachi lui offrait était sensée, elle découlait naturellement de leur discussion. Il avait lui-même demandé à apprendre à contrôler ses émotions. Mais pas de cette façon, jamais de cette façon. Il se passa la main dans les cheveux, ses yeux se posant sur les cadres au mur sans les voir, comme s’il cherchait quelque part une échappatoire à cette situation qu’il avait lui-même provoquée. Il acceptait que Salomé s’entraîne sur lui, mais uniquement parce que c’était elle, elle le connaissait depuis toujours ou presque et il avait une totale confiance en elle. Il ne pouvait pas accepter qu’un autre mutant utilise ses pouvoirs sur lui. Cela allait contre tous ses principes … « Ca ne me paraît pas raisonnable du tout. » C’était même la pire chose qu’il puisse entendre, mais il allait l’accepter. Il n’avait pas le choix, s’il voulait apprendre à maîtriser ses émotions pour contrôler sa mutation. « On va essayer une fois. Mais si … si d’une façon ou d’une autre, ça ne va pas, on arrête. » Juste une fois, c’était tout ce qu’il pouvait décemment accorder, et Lorcan sentait qu’il n’y en aurait pas de seconde. Il préférait se rassurer ainsi : ça ne marcherait pas et il arrêterait. Si Malachi ne profitait pas de cette seule et unique fois …
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeSam 6 Aoû 2016 - 23:00

Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi...



Malachi avait l’habitude de guider les jeunes mutants en proie à l’emprise de leur pouvoir et à leur manque de contrôle. Il avait vu toutes sortes de réaction face à ce genre de situation : il y avait ceux qui étaient proprement terrifiés par ce qu’ils étaient capables de faire, et en étaient même paralysés. Il y avait ceux qui restaient terriblement enthousiastes, mais qui par manque de concentration ou de maturité, étaient incapables de connaitre leurs limites. Toujours était il que le cas de Lorcan Wolstenholme lui était inédit : il était conscient que la nature de sa capacité ait de quoi effrayer, et même créer du dégout pour ceux qui n’avaient pas une certaine… Ouverture d’esprit. Mais le jeune homme était encore un cas à part. Il en était venu à se haïr lui-même, à se molester et se scarifier comme exutoire à sa mutation, plutôt que d’oser essayer de la contrôler. Cette haine viscérale était au-delà de tout ce que Malachi avait pu voir. Pourtant, certains cas comme celui de Bob étaient quand même gratinés.
Néanmoins, la langue du jeune mutant semblait se délier au fur et à mesure de leur échange, alors qu’il confessait ne jamais avoir essayé d’utiliser ses capacités dans des circonstances moins troublés. Il l’informa aussi ne jamais avoir rencontré d’autre hémokinésiste dans sa vie. En même temps, si cela avait été le cas, il l’aurait probablement descendu avant de réfléchir à un échange d’expériences, songeait Malachi sans mauvais esprit. Et puis cette capacité faisait partie des plus rares, à la fois de par sa dangerosité mais aussi l’amplitude de son utilisation. Pas étonnant que Lorcan n’est pas la moindre idée de tout ce qu’il pouvait faire de tout ce pouvoir qu’il avait en lui et, pour être tout à fait honnête, Malachi ne savait pas si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Parce que dans la famille où il était né, son pouvoir aurait pu être une arme terrible contre ses propres congénères… Malachi n’osait imaginer Lorcan en mutant chasseur, cuisant le sang de ses ennemis de l’intérieur, sans la moindre chance d’en réchapper.

- Hum… Je suppose que tu n’as jamais envisagé toutes les vertus thérapeutiques de ta capacité… Réanimer un cœur, réchauffer une personne en hypothermie, sauver un hémophile ou une personne en pleine hémorragie … Enfin, je suppose que cela dépend aussi d’un degré de maitrise et de ta motivation … Je suppose que si un membre de ta famille était en train de mourir dans tes bras, ton pouvoir trouverait son chemin pour aider ceux qui te sont chers, et non pour te trahir …

Il savait bien que Lorcan ne serait pas convaincu de ses arguments, mais c’était les premiers qu’il avait eu en tête à cet instant précis. Et puis il avait fait sa proposition, et attendit sagement la réponse de ce dernier. Il n’avait pas d’autres idées pour lui venir en aide : si Lorcan refusait, alors il ne pourrait probablement plus rien pour lui, et ça l’embêterait, vraiment. Il laissa le jeune homme se lever, faire les cent pas, se mordre les ongles, alors que le motiopathe assistait à un déferlement d’émotions contradictoires dans l’aura du jeune homme, qui le forçait presque à plisser les yeux. C’était tellement éblouissant, tellement complexe qu’il était bien incapable de mettre un mot, même dix ou cent sur ce que le jeune homme était en train de vivre. En tout cas, ça ne devait pas être franchement agréable. Le motiopathe resta silencieux jusqu’à ce que Lorcan reprenne la parole, avec hésitation d’abord, puis avec ce qui paraissait être un mélange de dépit et détermination. Le professeur hocha la tête doucement, puis se releva de son siège pour ouvrir une petite boite à couture et en sortir une aiguille. Il se plaça en face du jeune homme, son aiguille entre le pouce et l’index, avant de reprendre du ton le plus professoral - et donc rassurant - possible :

- Bien. On va commencer tout doux, je pense que c’est le moins déraisonnable, comme tu dis. Tu vas sentir progressivement ton agacement, ton stress s’apaiser, et je te propose de penser à quelque chose d’un peu naïf, d’agréable. Un bon moment qui me permettrait d’exacerber un sentiment de plénitude et de bonne humeur, rien de transcendant, mais de l’agréable. Je vais me piquer le doigt, suffisamment pour qu’il y ait une perle de sang. J’aimerai que tu essayes d’empêcher la goutte de tomber. Je ne sais pas de quelle manière, si elle doit retourner dans mon organisme, si elle va sécher ou si elle va flotter dans l’air, mais j’aimerai qu’elle ne tache pas le tapis. Ça te parait faisable ? C’est parti.

Doucement sans toucher Lorcan, il caressa son aura en la manipulant la plus progressivement et délicatement possible, avec une lenteur presque exagérée pour ne pas paniquer un peu plus le garçon.Une fois l’aura de celui-ci stabiliser, il releva son regard dans le sien, puis se piqua le doigt avec l’aiguille. Une petite perle vermeille ne tarda pas à poindre à l’endroit de la piqûre, alors que Malachi ne disait plus un mot. Lorcan était seul à présent, et il ne tenait pas à le déconcentrer alors qu’il allait faire mumuse avec son fluide vital. A bien y réfléchir, le professeur était décidément bien peu prudent …
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeLun 15 Aoû 2016 - 22:13

Lorcan écouta sans rien dire Malachi, qui pensa en quelques secondes à des choses qui ne lui étaient jamais venues à l‘esprit en presque deux ans. Ses idées étaient complètement folles pour la plupart, mais elles donnèrent au jeune mutant une image neuve de ce pouvoir qu’il détestait tant. Il n’espérait pas pouvoir faire tout ça, cela semblait dépasser le spectre des possibles que d’imaginer même pouvoir aider un hémophile ou un blessé, mais il y avait quelque chose d’agréable à entendre quelqu’un en parler avec tant de confiance. Pendant quelques instants, Lorcan put voir les choses avec les yeux de Malachi, et se dire que sans doute, il n’était pas si monstrueux que ça. Il ne fallait pas trop s’illusionner de cette façon, malgré tout. Lorcan ne savait déjà pas comment s’empêcher de blesser autrui, alors le jour où il pourrait réellement utiliser sa mutation de façon bénéfique, c’était une utopie. Une utopie à laquelle il pourrait repenser de temps à autre. Peut-être que ça l’aiderait, de voir les choses comme ça. Il fallait qu’il s’en souvienne. Mais il préférait ne pas imaginer ce que serait sa réaction s’il se trouvait devant un membre de sa famille blessé. C’était comme si on l’avait mis devant Aspen quand elle avait été empoisonnée, et qu’on lui avait demandé de la guérir … Cette image avait hanté ses cauchemars pendant longtemps, il savait qu’il était impuissant. L’espace d’un instant, il eut la vision d’un avenir où grâce à Malachi, il pourrait changer la donne et réussir toutes ces choses auxquelles il s’interdisait même de penser, pour sauver Aspen s’il le fallait, mais il secoua doucement la tête pour y enlever ces images trop délirantes. Ca n’arriverait pas. Tout simplement parce qu’il n’atteindrait jamais ce niveau, tout ce qu’il souhaitait c’était de pouvoir se contrôler. Et pour ça, il fallait en passer par la manipulation de ses émotions … Autant dire que les leçons allaient très vite s’écourter. Lorcan avait beau avoir accepté, pour cette fois, il savait qu’il n’y en aurait pas d’autre. Déjà, il sentait son cœur accélérer sous l’effet d’une peur diffuse, avant même que Malachi ne se soit levé et ait commencé quoi que ce soit.

Il le regarda aller chercher une boîte, y retirer une aiguille, mais il se força à rester immobile. Déjà, il n’aimait pas comme ça commençait, avant même qu’il se soit passé quoi que ce soit. Et quand Malachi prit la parole, il eut vraiment envie de revenir sur son accord. L’idée lui semblait d’autant plus irresponsable maintenant qu’elle était formulée à voix haute, et que "l’exercice" prenait forme. Il avait donné au motiopathe l’autorisation de farfouiller dans ses émotions, et il allait y avoir du sang répandu. Même une seule goutte, c’était déjà trop. Quelle connerie ! La nervosité de Lorcan ne faisait que s’accentuer à mesure que Malachi lui expliquait son idée, mais il hocha quand même la tête pour signaler son assentiment – comme s’il était vraiment d’accord pour se lancer dans cette folie ! Et presque immédiatement, il sentit son agitation diminuer. Ses muscles tendus à l’extrême se relâchèrent peu à peu à mesure que son anxiété se laissait vaincre par quelque chose de bien plus doux et rassurant. C’était artificiel et il le savait, mais il tâcha de ne pas combattre cette sensation. Il se souvint du conseil du mutant, et essaya de trouver dans sa mémoire une image à invoquer pour l’aider à se détendre. Quelque chose de naïf ? Le visage rond et enfantin d’Aspen s’imposa, éclairé par une lampe de poche. L’index posé sur ses lèvres, réprimant un fou-rire alors qu’ils s’étaient cachés dans leur fort de couvertures, dans le grenier, et qu’ils croyaient que personne n’aurait l’idée de venir les chercher là-bas. Et puis partageant leur butin de sucreries qu’ils venaient de chaparder dans la chambre de Calista alors qu’elle était au téléphone dans le salon … Ses dernières craintes s’effacèrent et il se sentit plus serein, un état d’esprit qu’il réussissait très mal à atteindre depuis que son père avait braqué son pistolet sur lui.

Et Malachi se piqua le doigt. Lorcan vit poindre la petite goutte de sang, et fut soulagé de ne pas ressentir le brusque élan d’angoisse qui suivait généralement. Cette fois, il n’y avait rien qui lui oppressait la poitrine et qui lui imposait d’agir rapidement pour mettre fin à la situation. Il avait l’esprit plus clair et il était en mesure de réfléchir posément, bien qu’il ne sache pas encore ce qu’il allait faire. Il s’approcha du professeur et avança les mains pour lui saisir le doigt, afin de faciliter le contact et de mieux appréhender la goutte de sang, mais il s’arrêta net. Non. S’il le touchait, il ne pourrait pas se concentrer sur cette seule goutte. Il sentirait le flot bien plus puissant et plus chaud qui coulait dans ses veines, et il risquait de s’y perdre. Cette certitude lui vint instinctivement, et il écarta légèrement les mains autour de celle de Malachi, pour ne pas le toucher. C’était vraiment étrange d’avoir les idées aussi claires dans un moment pareil, mais la sensation était loin d’être désagréable. Pour la toute première fois, il laissa son pouvoir agir dans le calme, et ce fut presque naturellement qu’il le sentit s’activer. La petite goutte de sang frémit puis s’éleva lentement au-dessus du doigt de Malachi. Elle lévita ainsi pendant une seconde, alors que Lorcan se demandait ce qu’il devait faire ensuite, puis il la fit se déposer sur son propre doigt. Avec un peu de surprise, il réalisa qu’il ne ressentait absolument aucun dégoût. Pourtant il avait développé une réelle répugnance à chaque fois qu’il voyait du sang … Simplement par la crainte de ce qu’il pourrait en faire ensuite. Mais pas cette fois. La petite goutte de sang se remit à trembloter, Lorcan ressentit une vague de chaleur affluer à son doigt, et la goutte disparut. Il écarquilla les yeux, bouche bée. « Elle a séché ! Je ne l’avais jamais fait avant ! » Fit-il en relevant la tête vers Malachi, son visage soudainement éclairé par un enthousiasme non feint. Il avait essayé et ça avait marché. Il eut un mouvement vers le professeur mais s’arrêta en réalisant qu’il ne pouvait pas recommencer et lui tirer une nouvelle goutte de sang, pas de cette façon. Aussi excité qu’il soit de cette découverte, saigner un homme contre son gré restait une abomination et il devait le garder en tête. « Vous pouvez le refaire ? »
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeMer 24 Aoû 2016 - 21:31

Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi...



Malachi était conscient que son idée ne plairait probablement pas à Lorcan, mais il doutait véritablement qu’il y eut une seule proposition efficace qui irait au Wolstenholme. Pour autant, le mutant se plia, plus ou moins de bonne grâce, à l’invitation du motiopathe qui s’était approché avec son kit de couture. Il sentait bien qu’il n’était pas à l’aise, loin de là même, et pourtant il tachait de faire bonne figure, et Malachi le respectait énormément pour cela. Alors qu’il laissait le soin à Lorcan de se calmer d’abord tout seul pour n’avoir qu’à effleurer son aura pour exacerber ce qui existait dejà en son sein. Il n’avait aucun moyen de savoir quels étaient les souvenirs qui apaisaient ainsi le jeune homme, mais il vit assez rapidement son cœur se colorer des teintes de la douceur et de l’attendrissement : typiquement celles d’un souvenir d’enfance. Il s’en empara avec douceur, exaltant les couleurs avec précaution, juste assez pour que Lorcan en profite sans sentir pour autant l’aspect totalement fictif de cette sérénité.

Le doigt ainsi piqué et la main tendue face à Lorcan, il se contenta de fixer le jeune homme qui se concentrait sur son index. Il n’était pas sur que ce dernier pourrait réussir à maitriser sa capacité du premier coup, mais il avait envie d’y croire. Il observait quelques variations dans l’aura de Lorcan, mais ne toucha à rien, le laissant gérer sa concentration et son appréhension de sa mutation tout seul, sans rien dire. Lentement, une petite goutte de sang qui perlait sur l’endroit de la piqûre grossit, puis se souleva pour se détacher de sa peau, comme au ralenti. Malachi retint un sourire fier, de peur de déconcentrer le jeune homme à présent absorbé par ce qu’il était en train de faire : déplacer le liquide vermeil de sa peau à la sienne, avant de le faire s’évaporer, purement et simplement. Les yeux de Lorcan s’écarquillèrent comme ceux d’un enfant surpris par un tour de magie, et à ce moment là, le professeur s’autorisa à sourire :

- C’était très, très bien.

Il n’en rajouta pas plus, peut être par crainte que Lorcan trouve son engouement un peu trop surjoué. Pourtant, il était très fier de Lorcan, comme il pouvait l’être avec tous les jeunes qu’il pouvait aider. Il hocha la tête, avant de reprendre d’un air toujours calme et docte :

- Bien sur. Souhaites essayer de modifier la difficulté de l’exercice, mais en restant dans un état d’esprit très serein, ou préfères tu réitérer celui-ci, mais en choisissant une autre émotion, peut être moins facile à gérer ? C’est à toi de voir, moi je m’adapte.

Toujours lui laisser le choix, qu’il puisse se sentir en contrôle de la situation, bien qu’il soit contraint de le perdre dès lors que Malachi activait sa mutation : il comprenait que l’on puisse considérer cela comme une intrusion, presque une violation de l’intimité, et c’était pour cela qu’il préférait attendre le choix de Lorcan, toujours, plutôt que d’être à l’initiative que quoi que ce soit, en dehors des idées. Sagement, il attendait le choix du jeune homme, presque aussi impatient que lui de savoir jusqu’où il pouvait aller, une fois mis en condition dans un environnement sécurisé. C’était une première pour lui, et Malachi en était conscient. Un peu curieux de savoir ce que la suite allait donner aussi, il pouvait l’avouer …

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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeLun 5 Sep 2016 - 19:19

Lorcan avait l’impression d’avoir réalisé un réel exploit en manipulant sans mal cette goutte de sang et en la faisant sécher. Il se sentait tout heureux, et c’était une sensation comparable à celle qu’il ressentait plus jeune, quand il gagnait une vraie compétition. Ca n’avait pourtant rien d’exceptionnel, et le résultat était du uniquement à l’action de Malachi sur ses émotions, mais tout de même … C’était lui qui l’avait fait. Il avait déjà manipulé du sang plus d’une fois, et une petite goutte comme ça n’avait rien de sorcier quand on y réfléchissait bien, mais il avait fait les choses proprement, calmement, et c’était une victoire. Et il avait innové ! Il n’avait jamais pensé à faire évaporer du sang avant que le professeur n’évoque cette possibilité devant lui. C’était idiot, mais ça ne lui était jamais venu à l’esprit. Il suffisait qu’on lui ouvre un peu l’esprit pour qu’il entrevoie ce qu’il pouvait faire … Et pour la première fois, Lorcan avait envie de recommencer. Jamais il ne s’était plongé dans sa mutation avec cette sensation volontaire, il l’avait toujours fait avec dégoût et par nécessité. Parce qu’à chaque fois qu’il avait essayé de se contrôler, il avait imaginé son père derrière lui, l’air réprobateur, une mimique dégoûtée sur les lèvres. Lorcan savait qu’il ne devait pas utiliser sa mutation, et ça le bloquait même quand il savait qu’il n’avait pas le choix. Mais avec l’intervention de Malachi, il avait été libéré de ce sentiment oppressant. Et soudain, il entrevoyait un avenir un peu moins sombre, s’il arrivait à ne plus être l’esclave de son hémokinésie. Il n’était donc plus question que cet essai soit le seul qu’il réalise, Lorcan avait balayé cette certitude au moment où il avait vu la goutte de sang s’évaporer sous ses yeux. Il devait recommencer, il voulait recommencer ! Il voulait au moins s’assurer qu’il n’avait pas rêvé et qu’il pouvait vraiment faire sécher du sang, au lieu de simplement le faire se déplacer, ce qui avait été la seule chose qu’il sache faire jusqu’à maintenant.

Il entendit à peine l’appréciation de Malachi, attendant uniquement son autorisation pour recommencer l’expérience. « Bien sur. Souhaites essayer de modifier la difficulté de l’exercice, mais en restant dans un état d’esprit très serein, ou préfères tu réitérer celui-ci, mais en choisissant une autre émotion, peut être moins facile à gérer ? C’est à toi de voir, moi je m’adapte. » Lorcan eut l’air perplexe. Modifier la difficulté de l’exercice sans toucher à ses émotions, cela signifiait faire couler plus de sang, il ne voyait pas d’autre solution. Et il n’avait pas tellement envie de se lancer là-dedans, il préférait éviter de faire couler trop de sang. Ce n’était pas un robinet qu’on pouvait ouvrir et fermer à l’infini, et bien qu’ils n’aient d’autre choix que de se blesser pour que Lorcan puisse s’entraîner, une goutte suffisait amplement pour commencer. « On va partir sur une autre émotion, je préfère. Une seule goutte de sang, mais laissez-moi … Disons, la colère. J’ai senti ce que ça faisait, de manipuler mon pouvoir quand je suis serein, mais ça n’arrivera pas en vrai. Il faut que j’essaye de retrouver le même contrôle, quand je ne suis pas tranquille. » Lorcan n’était pas certain de ce qu’il faisait, mais il savait que sa mutation se manifesterait toujours quand il serait effrayé ou en colère. Autant se jeter tout de suite dans la difficulté sans tourner autour du pot. « Mais allez-y doucement quand même sur la colère. » Ne put-il s’empêcher de préciser, en songeant soudain que s’il était trop énervé contre le professeur, il risquait de ne même pas chercher à se contrôler. Avec un peu d’appréhension, il attendit que Malachi agisse sur lui. Il eut du mal à sentir le changement, cela commença si silencieusement et presque naturellement qu’il aurait pu croire que cela venait uniquement de lui, s’il n’avait pas su la vérité. Cela commença par un agacement diffus, qui enfla peu à peu. C’était impressionnant, à vrai dire, parce que Lorcan savait qu’il ne contrôlait absolument rien. C’était la véritable nature du motiopathe, et le jeune Wolstenholme sentit ses poings se crisper convulsivement à l’idée qu’il était à sa merci, totalement. Tout son être se rebellait contre cette idée, c’était ignoble et contre-nature. Mais c’était ce qu’il avait demandé. Il secoua la tête et fronça les sourcils, partagé entre l’envie de tout envoyer balader et la frustration de ne rien pouvoir faire. S’il s’était écouté, il se serait jeté sur le professeur, il avait une telle envie de lui écraser son poing dans la figure, là, maintenant … Mais une part de lui-même, une toute petite part encore lucide, lui répétait que tout ceci faisait partie de la difficulté et qu’il ne devait pas y céder. « C’est ça, doucement, pour vous ? » Grogna Lorcan, son mécontentement enflant de seconde en seconde. Et quand Malachi se piqua une nouvelle fois le doigt, faisant perler la goutte de sang, Lorcan sentit son pouvoir jaillir de lui comme un animal enragé dont les barreaux de la cage venaient de céder. Avec un hoquet de surprise, il vit la goutte de sang enfler, puis crever, se changeant en un flot carmin qui se mit à couler le long du doigt de Malachi. La piqûre était minuscule, mais le sang s’y pressait avec violence, affluant comme animé d’une volonté propre. Et en même temps que Lorcan entendait à ses oreilles son père le traiter de monstre, il se souvint de ce que Malachi lui avait demandé. J’aimerai que tu essayes d’empêcher la goutte de tomber. Je ne sais pas de quelle manière, si elle doit retourner dans mon organisme, si elle va sécher ou si elle va flotter dans l’air, mais j’aimerai qu’elle ne tache pas le tapis. Ça te parait faisable ? Sur le tapis, à ses pieds … Lorcan tendit brusquement les mains en avant, et les gouttes de sang se figèrent dans les airs, mais le tapis était taché.  Une seule goutte de sang y était tombée avant qu’il ne reprenne ses esprits et qu’il ne se souvienne de ce qu’il était censé faire … Il avait échoué. « Merde merde merde …Donnez-moi quelque chose, un mouchoir, un torchon, je sais pas quoi … Mais ça va tomber, je suis désolé, je sais pas … je sais pas ce que je dois faire ! » Il fixait toujours les gouttes de sang qui tremblotaient au-dessus du sol, certain que s’il détournait son attention même une fraction de seconde, elles s’écraseraient toutes sur le tapis. L’esprit bloqué sur cette pensée, Lorcan était bien incapable de faire quoi que ce soit d’autre que les retenir tant qu’il pouvait.
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeLun 12 Sep 2016 - 0:16

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Il n’était pas bien difficile pour Malachi de comprendre que Lorcan était totalement électrisé par cette découverte de son don. Parce que oui, d’une certaine manière, le Wolstenholme faisait la rencontre de sa capacité pour la première fois dans un contexte qu’il ne subissait pas de A à Z. Il était dans un environnement protégé, où il ne risquait rien à se tromper ou à échouer, avec quelqu’un qui, aux dernières nouvelles, savait quand même plus ou moins de quoi il parlait. Rien que pour ça, Malachi espérait que le jeune homme puisse enfin voir son don avec un œil nouveau. Pas nécessairement en faire une qualité tout de suite, mais si il pouvait au moins ne plus la voir comme une abomination et un fardeau, il ferait un sacré pas en avant. Le motiopathe acquiesça silencieusement quand l’hémokiésiste se décida à changer d’émotion motrice. Soit, c’était son choix, Malachi n’avait pas à discuter, se contentant de sourire doucement quand ce dernier lui demanda d’y aller piano avec la colère. Le motiopathe comprit bien rapidement pourquoi : il n’avait pas eu à gratter plus de quelques secondes pour voir une tache rougeoyante de rage qui s’étalait comme de l’huile dans l’aura du jeune homme. Il y en avait un qui avait quelques anger issues à régler, ou il ne s’appelait plus Malachi Porter…

- Que veux tu, à priori tu as des prédispositions …

Ce n’était pas peu dire, et Malachi se demandait ce qu’il avait bien pu se passer dans la vie du jeune homme pour qu’il ait autant de rage et de ressentiment en lui. Certes, cela ne le regardait pas, mais tout de même, cela avait quelque chose d’assez impressionnant, l’éclat qu’avait la couleur de la colère de Lorcan. Le professeur rangea rapidement ses interrogations dans un coin de sa tête pour se concentrer sur l’exercice. Il avait décidé de se piquer le bout de l’annulaire gauche. Il n’eut même pas le temps de dire Ok à Lorcan qu’il sentit une sorte de fourmillement dans son doigt, puis des palpitations au bout de celui-ci, comme si son cœur avait migré au bout de ce dernier. Ce n’était pas douloureux, simplement étrange, comme sensation, alors que la minuscule plaie perlait d’abord discrètement de sang, puis ce dernier se mit à couler de plus en plus fort. Sans douleur, et c’était ce qui était surprenant, la petite piqure se mit à saigner comme si il s’était ouvert le doigt entier, le liquide giclant presque à la manière d’un mauvais effet spéciaux. Malachi haussa un sourcil, mais sans rien dire : c’était à Lorcan de jouer, d’essayer de gérer ses émotions et sa capacité. Si il sentait qu’il perdait trop de sang, il le ferait arrêter, mais pas avant. Il l’observa trembler, le regard dans le vide, probablement horrifié parce qu’il était en train de faire, puis se reprendre in extrémis avant que le tapis ne soit totalement foutu. Malachi observa les gouttes de sang figées en suspension dans l’air, et ne put s’empêcher de trouver ça très beau, esthétiquement. Pensée rapidement balayée par la voix paniquée du jeune homme en face de lui, qui semblait ne plus oser bouger une oreille de peur de crépir le sol.

- Calme toi Lorcan, si ça tombe, ce n’est pas grave, ce n’est qu’un tapis, mais je sais que tu peux tenir. Mieux encore, je sais que tu peux ne pas tout laisser tomber sur le sol, surtout, ne bouge pas, je reviens.

Il partit aussi vite que sa jambe handicapée le lui permettait pour atteindre le placard de l’entrée, pour poser un seau en plastique sur le tapis, pile en face de Lorcan :

- C’est exactement comme avec une seule goutte, toute petite. Il te suffit de les visualiser comme une grosse, grosse goutte, et de les agglomérer au dessus du seau. La grosse goute va tomber dans le fond du seau, et mon tapis sera sauvé. C’est une histoire de concentration, et là ces émotions sont les tiennes, je ne touche absolument à rien. Si tu arrives à faire ça Lorcan, je suis sur que tu pourras gérer face à n’importe quelle situation stressante. Tu peux le faire.

Malachi l’espérait, au moins pour son tapis, alors qu’il se frottait pensivement l’annulaire et le pouce. Autant de sang pour une si petite blessure, c’était impressionnant… Le pouvoir de Lorcan était parmi les plus puissants qu’il avait jamais vu de son vivant, et pourtant, des mutants, il en avait rencontré plus d’un. Il commençait tout juste à se rendre compte du potentiel énorme de Lorcan, tout en sachant pertinement que lui n’en avait probablement absolument pas conscience…
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeSam 17 Sep 2016 - 22:26

Des prédispositions à la colère, il ne faisait aucun doute que Lorcan en avait. Il avait surtout des prédispositions à ne pas pouvoir contrôler ses émotions, quelles qu’elles soient, et ce depuis tout petit. Ses parents avaient eu beau tout faire pour le calmer, il n’y parvenait pas. Trop excité, trop passionné, trop énervé … Le trop-plein ne l’avait jamais quitté, et il avait fallu composer avec, sans se douter que cela deviendrait aussi compliqué en grandissant. La colère n’était qu’une émotion parmi toutes les autres, mais elle avait pris l’avantage au fil des ans, à partir du moment où sa mère s’était suicidée et qu’on avait mis trop longtemps à lui expliquer pourquoi. Une explication qui ne l’avait d’ailleurs jamais satisfait, et qu’il n’avait pas pu pardonner, même après toutes ces années. La frustration, l’incompréhension et l’absence avaient participé à entretenir cette colère latente, mais il avait fini par apprendre à la garder enfouie sans trop l’exprimer. De temps à autres elle ressortait, et il explosait sans plus avoir aucun contrôle. C’était pour ça qu’il avait choisi la colère avec Malachi, parce qu’elle était l’émotion qu’il avait le plus de mal à maîtriser parmi tout le panel de celles qui lui faisaient aussi défaut. Mais il avait visé trop haut pour cette première fois, et sa réaction fut la même qu’elle l’avait toujours été. Il était incapable de réfréner la rage qui nourrissait ce pouvoir grondant en lui, alors le sang avait coulé trop vite, trop fort. Et à présent, c’était la panique qui le bloquait à l’idée qu’il échoue véritablement, s’il relâchait son attention et que les gouttes s’écrasent sur le tapis.

« Calme toi Lorcan, si ça tombe, ce n’est pas grave, ce n’est qu’un tapis, mais je sais que tu peux tenir. Mieux encore, je sais que tu peux ne pas tout laisser tomber sur le sol, surtout, ne bouge pas, je reviens. » La voix de Malachi se voulait sans doute rassurante, mais Lorcan ne parvint pas à se calmer pour autant. Il entendit plus qu’il ne vit le professeur disparaître pour aller chercher de quoi stopper les dégâts, mais le jeune mutant fut consterné en voyant apparaître un seau dans son champ de vision, alors qu’il se concentrait toujours désespérément pour garder les gouttes de sang figées dans les airs. Un seau, ça lui semblait excessif pour recueillir un peu de sang. Une serpillère aurait été plus adaptée, et surtout, sa surface aurait été bien plus étendue que cette petite ouverture qui semblait le narguer. « C’est exactement comme avec une seule goutte, toute petite. Il te suffit de les visualiser comme une grosse, grosse goutte, et de les agglomérer au dessus du seau. La grosse goute va tomber dans le fond du seau, et mon tapis sera sauvé. C’est une histoire de concentration, et là ces émotions sont les tiennes, je ne touche absolument à rien. Si tu arrives à faire ça Lorcan, je suis sur que tu pourras gérer face à n’importe quelle situation stressante. Tu peux le faire. » Les mains tremblantes, Lorcan essaya de se focaliser sur ce que venait de dire Malachi. Rassembler toutes les petites gouttes éparpillées pour en former une seule qui tomberait proprement dans le seau, ça semblait assez simple en théorie. Mais Lorcan avait déjà du mal à rassembler ses propres pensées, alors étendre sa concentration à ce point … Comment pouvait-il prendre chaque goutte séparément et la rapprocher de sa suivante, sans perdre toutes les autres ? Il n’était absolument pas capable de scinder son pouvoir en deux, pour maintenir en l’air toutes les petites sphères de sang tout en en déplaçant certaines, cela lui semblait infaisable. C’était une histoire de concentration, selon les mots de Malachi. Ca n’avait rien de bien sorcier, il suffisait de se concentrer. Mais il y avait cette bulle de panique qui l’empêchait de prendre du recul pour appréhender calmement cette épreuve, empoisonnant sa réflexion par la certitude qu’il n’y parviendrait pas et qu’il resterait incapable de contrôler cette chose qui faisait de lui une erreur de la nature. Et puis … Il y avait toujours la colère, comme une voix enragée au fond de son crâne qui lui répétait que ça ne servait à rien de s’abaisser à être comme les monstres qu’il détestait tant. Le mélange panique et colère n’avait jamais fait bon ménage chez Lorcan Wolstenholme. Pourtant, il était plein de bonne volonté. Il voulait réussir, il voulait atteindre ce point que Malachi avait décrit comme le plus déterminant. S’il y parvenait, il serait délivré. Il aurait fait le plus gros effort et le reste en découlerait. Il s’y efforça donc, rassemblant le peu de concentration qui lui restait encore. Il inspira laborieusement et tenta de se calmer, ce qui se solda par un cuisant échec. Il fallait faire avec ses émotions, il n’avait pas le choix. Il avait peur, il était énervé, ses membres étaient parcourus de tremblements, mais ça ne l’arrêterait pas. Une petite goutte de sang, au milieu de toutes les autres, vint se fondre dans sa voisine la plus proche, puis une autre. Les gouttes les plus éloignées des autres, lévitant bien au-delà du seau, s’étaient également mise à trembloter quand Lorcan avait commencé à manipuler les premières sphères pour les rassembler, et il dut les retenir de justesse quand elles commencèrent à retomber lentement, la gravité reprenant peu à peu ses droits à mesure qu’il relâchait sa concentration sur elles. Il les arrêta toutes en l’air, le temps de reprendre sa respiration qu’il avait bloquée inconsciemment, puis recommença sa manipulation avec précaution. La goutte principale grossissait à vue d’œil à mesure que les plus petites gouttes venaient s’y fondre, et Lorcan ressenti une infime pointe de satisfaction à cette image. Juste assez longtemps pour en ressentir immédiatement un dégoût profond, pour revoir l’air déçu de son père et entendre sa voix lui demander ce qu’il ferait de tout ce sang une fois qu’il aurait rempli le seau … Cette vision fugace suffit pour briser sa concentration, et toutes les gouttes chutèrent, quelques unes dans le seau, les autres sur le tapis, le piquetant de petits points carmins. Pantelant, Lorcan contempla ce désastre, le goût amer de l’échec emplissant sa bouche. « Putain. Y’avait à peine quelques gouttes et j’ai l’impression d’avoir couru un marathon. » Et ça n’avait même pas suffit à ce qu’il réussisse cet exercice, qui lui semblait soudain d’une facilité enfantine. Il se senti écrasé par le poids des efforts qu’il devrait encore fournir s’il voulait ne serait-ce qu’empêcher son pouvoir de jaillir à tout bout de champ, et il soupira. « Votre fils sait mieux se débrouiller que moi avec ses pouvoirs, et il a vingt ans de moins que moi. » Grogna-t-il, frustré. Faire gambader un éléphant en peluche semblait si facile pour le petit garçon qui avait quitté la pièce devant lui ! Et lui ne pouvait même pas empêcher un peu de sang de tomber là où sa volonté voulait le diriger. « Vous auriez quelque chose à boire ? Et … peut-être que vous devriez manger quelque chose, vous. » Lorcan était assoiffé, l’effort lui avait vraiment coûté malgré son échec, mais plus il contemplait le sang qui avait coulé, et plus il réalisait qu’il s’était bien trop laissé aller avec Malachi. Il était censé faire couler une seule goutte … « Désolé, j’ai pas contrôlé le flot … Enfin, vous vous en êtes rendu compte. » Le pire c’était qu’il voulait recommencer. Malgré l’échec – ou à cause de lui – Lorcan voulait absolument retenter le coup, pour se prouver qu’il pouvait le faire. Mais il n’avait aucune envie de faire subir ça à Malachi encore une fois. Et il craignait un peu de se laisser encore plus aller, et de ne pas s’arrêter à quelques gouttes …
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MessageSujet: Re: Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi   Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi ~ Lorcalachi Icon_minitimeMar 27 Sep 2016 - 13:36

Apprends moi, Montre les moi, ces étrangers qui seraient faits comme moi...


La rage dégoulinait de Lorcan comme le sang d’une plaie, la comparaison était douloureusement évidente. Simplement, Malachi ne savait pas contre qui cette haine était dirigée : Lorcan se haissait il tellement, haissait il tant son don et ce qu’il était au plus profond de lui, où était ce le motiopathe qu’il abhorrait avec autant de véhémence ? Pour tout dire, ce dernier n’était pas tout à fait sur, et n’était pas certain non plus de vouloir le savoir. Tout ce qu’il pouvait faire, maintenant qu’il avait posé le fameux seau au pied du Wolstenholme, c’était attendre, et observer. Il espérait que Lorcan réussisse, vraiment, il avait foi en lui, mais malgré tout, il était aussi conscient que cela demandait déjà beaucoup de maitrise, que le jeune homme n’avait pas. Plus encore, cela requérait de la confiance et du contrôle, alors… Il s’assit sur son canapé, et ne grimaça même pas en voyant le sang asperger son tapis, le tiers à peine atterrissant dans le bac. Bon, c’était toujours ça de pris. Malachi attrapa le bras du jeune homme, puis l’aida à s’asseoir à coté de lui, alors qu’il se redressait, lui, pour observer l’étendu des dégats avec un petit sourire :

-          Pour quelqu’un qui n’avait jamais réussi à figer du sang en suspension dans les airs, c’est déjà pas mal. Je suis à peu près sur que tu as éliminé autant de calories que pendant un véritable marathon, mon grand. Le fait que tu n’ais pas encore tourner de l’œil est en soi un véritable exploit dont tu peux être fier.

Il sourit en l’entendant parler de Peter, alors qu’il sortait d’un tiroir de la table basse un pot de sel qu’il renversa sur le tapis, rougissant le minéral en poudre instantanément.

-          Le sel c’est excellent sur les tissus contre les tâches de sauf et celle de vin rouge. Si jamais tu en as besoin un jour, c’est un truc presque magique. Et s’agissant du petit … Il vit depuis qu’il est né ou presque dans un monde où tout le monde, ou presque, est mutant. Enfin, magicien, comme il dit. Pour lui, c’est ça, la normalité. Il a fallu lui apprendre à cacher sa magie, lui dire qu’il n’avait le droit de l’utiliser qu’à la maison, quand il était avec moi ou les autres mutants. Son don fait partie de lui, il n’en a pas peur, et encore moins honte. A partir de là, il n’a aucune raison de pas le contrôler … En plus, il est particulièrement précoce dans la maitrise de ses pouvoirs. Peu d’enfants de quatre ans ont ne seraient ce qu’éveillés leur don, lui a commencé en même temps qu’il a appris à marcher et parler, c’est pour dire …

Il y avait une pointe de fierté dans la voix de Malachi quand il parlait de son fils adoptif, mais il ne s’étala pas trop là-dessus. Il sentait bien que ce qui lui semblait extraordinaire était juste extraordinairement glauque et écoeurant pour le Wolsteholme. Il s’éclipsa un instant pour revenir avec une carafe de jus de pomme et des brownies. Faits maison par Elsa, ils étaient bourrés de caramel et de noix de macadamia, mais du sucre et du gras, c’était exactement ce dont le jeune homme avait besoin à ce moment précis.

- Sers toi, et si il n'y en a pas assez, il m'en reste dans la cuisine. Et ne t'inquiète pas pour le flot. Si tu n'étais pas en contrôle, moi oui. Je t'aurais fait t'arrêter si j'avais senti que tu me faisais prendre le moindre risque, et ce n'était pas le cas.

Il se servit à son tour un verre de jus de fruit, laissant Lorcan se sustenter en silence. Ce dernier était bousculé d'émotions contradictoire, et Malachi pouvait deviner sans difficulté qu'il devait se demander ce qu'il allait bien pouvoir faire de tout cela. Il venait de gouter à un minuscule aperçu de ses capacités, et il n'avait pas paniqué autant qu'il ne l'aurait imaginé. Cela signifiait il qu'il était prêt à recommencer ? Qu'il aurait même envie de le faire ? Possible, mais pas sur qu'il ait le courage aussi de demander ouvertement à Malachi de poursuivre ce genre de séance.

- Je pense que nous en avons suffisamment fait pour aujourd'hui, et je dois dire que pour un débutant, c'était loin d'être mauvais. J'ai des créneaux le mardi soir et le jeudi en milieu d'après midi, où je ne suis pas à la fac ni au lycée. Généralement, la porte de la véranda reste ouverte au cas où. Libre à toi de faire ce que tu veux avec ces informations …

Il espérait sincèrement que Lorcan reviendrait. Pas pour la satisfaction personnelle ou par curiosité de voir jusqu'où il pouvait aller, mais parce qu'il sentait, viscéralement, que le jeune homme en avait besoin, et qu'il était de son devoir de l'aider. Qui sait peut être que cela pourrait un jour leur changer la vie, à tous les deux.
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