just some kind of friends, nothing more. ☼ pv anya
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Razen Townshend
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Sujet: just some kind of friends, nothing more. ☼ pv anya Lun 29 Fév 2016 - 21:13
Just some kind of friends, nothing more
Anastasia & Razen
C’est une envie qui a surgi comme ça, sans crier gare. Brutale, violente, elle l’a pris au creux des reins, lui a remué les tripes. Il dormait, pourtant, jusque là. Mais non. Ça l’a réveillé en sursaut, dans une inspiration rapide de celui qui mourrait étouffé dans son sommeil. Un besoin, urgent, pressant. Il en est plié en deux. Sa main tâtonne, part à la recherche d’un support pour l’extirper du canapé sur lequel il dort depuis que sa fille a envahi sa vie, leur appartement et plus prosaïquement sa chambre. Un dérapage, Razen perd l’équilibre et dégringole à terre dans un lourd grognement. Il a faim. Vraiment. Ce n’est pas faute d’avoir copieusement dîner, pourtant, mais il a faim. Peut être est-ce le résultat d’années d’insomnies qui l’ont amené à toujours grignoter au plein cœur de la nuit, peut être est-ce parce que le karma a décidé de venir frapper au carreau pour l’emmerder, mais quelle que soit la raison la conclusion reste la même : il a faim. Et heurtant un meuble, deux meubles, son pied nu se prenant dans un sac à dos de sa fille, il parvient tant bien que mal à rallier la cuisine. Les jurons qu’il énumère dans toutes les langues qu’il connait, murmure presque litanique, ne servent qu’à dissiper un peu de la douleur qui parcourt son petit orteil durement malmené.
Il a faim. Et il n’arrivera pas à se rendormir. « Putain… estomac de merde…” Il n’a aucune patience, lorsqu’il est… ses doigts consultent l’horloge murale avec lassitude, lorsqu’il est trois heures du matin. La pire heure, selon lui, pour se réveiller. La pire aussi pour se rendormir. Lentement, dans des gestes aussi calculés, il parvient à trouver de quoi grignoter malgré tout. Humeur exécrable à déplorer dans quelques heures ? Probablement pas, pourtant. Razen se passe une main lasse sur le visage, commençant à mâcher un morceau de pain sans grande conviction. Manger, puis tenter de se recoucher. Manger à nouveau, chercher le dernier livre en braille qu’il a pu trouver. Manger, encore, et être contraint de réfléchir à défaut de pouvoir retrouver le sommeil : les heures en perspective sont un ennui qui déprime déjà l’aveugle. Et malheureusement, dès son bout de pain avalé et sa fringale comblée, l’évidence s’impose : ses prédictions sont exactes. Il n’a plus sommeil. Des traces de bâillements, oui, bien sûr, toujours mais il sait aussi que se rallonger sur le canapé ne va mener qu’à un seul résultat : il ouvrira les yeux sur son obscurité sans parvenir ni à s’en extrême – chose somme toute logique – ni à plonger dans des rêves ou des cauchemars pouvant l’occuper et faire défiler rapidement les heures. Au moins une chose est sûre : ce ne sont pas ses déambulations qui vont réveiller Ailionora : la lumière a l’avantage de rester éteinte, indifférent qu’il est à l’éclairage de la pièce. Il erre d’ailleurs, dans le salon, donnant un coup de pied dans le sac d’Ailionora avant de s’en vouloir, de l’attraper et de le jeter dans le couloir sans plus de délicatesse. Qu’elle se prenne les pieds dedans demain matin, qu’il puisse savourer une délicieuse vengeance.
Ses doigts passent sur les meubles, il cherche une occupation, un livre, quelque chose, suppliant son esprit de vite trouver un objet auquel se raccrocher avant qu’il ne soit contraint de penser. Penser à quoi, penser à qui d’ailleurs ? Penser à bien trop de choses d’après Razen qui n’a pas vraiment envie de se prêter à l’exercice pour le moment. Surtout que s’autoriser à réfléchir, c’est divaguer sur ce qu’il touche, sur ce qu’il voit, sur… oh. Sa main s’écarte de la photo. Il a l’impression que ça lui brûle l’épiderme. Il déteste les photos et pour une raison évidente : s’il peut savoir jusqu’à la composition exacte de papier glacé, il est et sera à jamais incapable d’en décrire les détails visuels. Et ça le tue. Ça le ronge. Ça le fait violemment chier, même, pour rester poli. Ce n’est pas sa mutation mais son esprit logique qui lui fait déduire que le cliché est à sa fille. Certainement une photo d’Aily et de sa mère, d’ailleurs. Si Gillian manque à Ailionora ? Il ne sait pas vraiment et n’a même pas envie de le savoir. Si elle lui manque à lui ? Voilà pourquoi Razen n’aime pas penser, surtout en pleine nuit, surtout lorsqu’il se promène comme une âme en peine, à coup de aïe et de ouille lorsqu’il heurte les meubles négligemment déplacée par son diable de Tasmanie personnel. Gillian ne lui manque pas, ne lui manque plus depuis bien trop d’années. Mais… un soupir avoue ce que Razen refuse de reconnaître : avoir de la compagnie lui manque. Un peu. Quand même. Déjà qu’à bouger de villes en villes comme ils le faisaient, Alvin et lui, n’assuraient pas vraiment de relation stable, mais avoir une fille à gérer, c’est la pire ceinture de chasteté qu’il soit. D’ailleurs, depuis combien de temps n’est il pas sorti boire un verre, depuis combien de temps n’a-t-il pas discuté avec Anya ?
Hum. Trop de temps. Voilà ce qu’il va pouvoir faire, dans quelques heures. Passer prendre des nouvelles. Il n’a plus faim, le Razen. Plus vraiment le même genre de faim du moins. Les sourcils froncés, alors qu’il met enfin la main sur sa version en braille de sa grammaire italienne, il essaye de se souvenir de la dernière nuit qu’il a pu passer avec elle. Une amie, une amie de longue date. Un contrat implicite passé entre les deux, aussi, celui de prendre du bon temps, de se tenir compagnie, et de ne rien attendre ni espérer de l’autre. Tant mieux dans un sens, parce que Razen sait qu’il n’y a rien à attendre de lui. Et donc oui, voilà : dans quelques heures, lorsqu’il y aura suffisamment de luminosité à son goût, trololo, le Razen sauvage sortira de sa tanière et ira se sociabiliser un peu. Avec une boite de chocolat pour se faire pardonner pour son silence. Les gens normaux aiment le chocolat. Et puis, après, il pourra aller acheter un nouveau livre, aussi. En braille. Donc autant dire qu’il tentera d’aller acheter un nouveau livre, qu’il pestera, fera un scandale sur la discrimination des handicapés visuels et s’en ira comme un prince, bien heureux d’avoir pourri la journée d’un honnête libraire. Que de bons moments en perspective, putain Ailionora Townshend je vais te tarter, Razen est plutôt fier de son planning de la journée lorsqu’il se réinstalle sur son canapé après avoir reçu le coin de la table dans le tibia. Ses doigts glissent sur son bouquin, captent les reliefs du braille et les décryptent sans y penser. Aller voir Anya. Trouver un livre. Prospecter discrètement aussi, sur Wolstenholme. Son froncement de sourcil se fait plus grave à cette pensée, en accord avec les problèmes à venir avec le chasseur. Si Razen est aveugle, il voit sans souci qu’ils sont plongés, Alvin et lui, dans un merdier jusqu’au cou avec cette histoire d’Abberline que son petit frère refuse de vendre. Et autant ça le faisait déjà bien suer il y a quelques années, autant avec Ailionora en plus dans l’équation…
Lorsqu’il se réveille trois heures plus tard, Razen a la marque de la leçon sur le possessif imprimé sur la joue. C’est mignon, c’est tendance, c’est surtout très con pour un aveugle parce qu’il ne s’en aperçoit pas immédiatement. Tout juste se frotte-t-il sa barbe taillée à la va-vite en sortant de la douche. Avec une conscience relativement floue de l’heure, Razen sait qu’il ne va pas se rendormir, pas avant midi du moins. C’est d’ailleurs pour ça qu’il descend prudemment les escaliers, une main sur la rampe, après avoir approximativement crayonné sur un post-it – à moins que ce ne soit sur la table, il a un doute brutalement – qu’il sortait prendre l’air. Qu’Ailionora et Alvin comprennent ce qu’ils voudront, il va effectivement prendre l’air. Ce n’est qu’en bas de son immeuble que Razen se souvient que malgré ses quelques heures de sommeil supplémentaire, il est relativement tôt. Bien. Il lui suffit d’un haussement d’épaule pour chasser ce détail de ses pensées et pour poser une main sur la façade du bâtiment avant de mieux déployer sa canne, extension de lui-même. Il est aveugle, il n’aura qu’à dire qu’il n’a pas vu l’heure et l’affaire est pliée. Et au pire du pire, il n’aura qu’à faire demi-tour si Anastasia n’est pas du matin. Et au pire du pire du pire, il n’aura qu’à prétexte avoir une journée riche en rebondissement à venir, et qu’il ne pouvait pas faire autrement. En quelques pas, il rejoint la rue principale. En quelques minutes, il sort du premier commerce trouvé, le seul qu’il connaisse, avec une boite de chocolats sous le bras. Du moins… il croit. Il aura l’air, fin, tiens, se fait-il la remarque en entrant dans le taxi, s’il se ramène avec un – gros – paquet de coton-tige ou un paquet de riz. De toute manière, c’est trop tard, il pousse un grognement et s’installe confortablement sur la banquette arrière. Incorrigible bavard, il ne lui faut que quelques secondes pour discuter avec le chauffeur, histoire de meubler les dix minutes à venir. Il fait beau, vous avez bonne mine, ça fait longtemps que vous êtes chauffeur de taxi ?, Razen a tout un attirail de questions goguenardes à poser. Mais ce n’est que lorsque la voiture ralentit que la sentence tombe. « En tout cas, pour manger une pizza à presque huit heures du matin, vous devez avoir sacrément faim monsieur. » Une pizza. Pendant une fraction de seconde, Razen ne comprend pas. Puis un sourire rieur naît sur ses lèvres, dans un éclat de rire. C’est donc une pizza. Au moins, il aura évité les salsifis, c’est déjà une grande victoire.
Sans trop s’attarder, dans un remerciement, Razen échappe au chauffeur de taxi qui tenait absolument le guider, dans une volonté claire et nette d’avoir un pourboire ou de lui faire les poches comme le lui a appris la chaleureuse et mutante poignée de main échangée. Devant la porte, il la sent du bout des doigts, Razen s’immobilise enfin. Il est presque huit heures. Elle est réveillée. Elle est réveillée, non ? Et puis, elle n’avait qu’à regarder son téléphone, il lui a envoyé un SMS hasardeux il y a une vingtaine de minutes maintenant. Un coup, deux coups, trois et quatre coups rapprochés, Razen s’éclaircit la voix et garde quelques doigts sur le bois de la porte pour mieux la sentir s’ouvrir. « Hey ! Salut salut… » Pitié qu’elle ne le frappe pas tout de suite. Il brandit sa pizza dans un petit sourire, comme bouclier pour le protéger. « Pizza ? » Sans lui laisser le temps de dire quoique ce soit, l’Anglais se pare d’un air un peu plus sérieux, tout de même. S’il n’a clairement pas la maturité d’un presque quarantenaire, on ne peut lui reprocher un certain instinct quant aux limites à ne pas franchir. « Je peux rentrer ? Je voulais m’excuser pour le silence des dernières semaines… »
Sujet: Re: just some kind of friends, nothing more. ☼ pv anya Dim 13 Mar 2016 - 22:34
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THERE'S A DRUMMING NOISE INSIDE MY HEAD THAT STARTS WHEN YOU'RE AROUND. I SWEAR THAT YOU COULD HEAR IT IT MAKES SUCH AN ALL MIGHTY SOUND. THERE'S A DRUMMING NOISE INSIDE MY HEAD THAT THROWS ME TO THE GROUND. I SWEAR THAT YOU SHOULD HEAR IT IT MAKES SUCH AN ALL MIGHTY SOUND. LOUDER THAN SIRENS, LOUDER THAN BELLS, SWEETER THAN HEAVEN AND HOTTER THAN HELL (ambiance).
Assise à la table de la cuisine, Sasha relisait religieusement sa leçon d'anglais, tout en avalant ses céréales et son jus d'orange. Depuis son entrée à l'école, la petite Russe redoublait d'efforts pour apprendre la langue de son nouveau pays d'adoption, désireuse de pouvoir communiquer avec ses camarades autrement qu'en faisant de grands gestes en baragouinant quelques mots. Du haut de ses neuf ans, la petite fille faisait preuve d'une force de caractère qui étonnait son aînée, qui l'observait d'un œil attentif depuis le comptoir contre lequel elle était appuyée. Tous les jours, Anya se levait à six heures trente pour préparer les affaires de sa cadette, lui préparer son petit-déjeuner et son déjeuner pour l'école et passer un petit moment avec elle avant que le bus scolaire ne passe la prendre. Cette routine qui s'était installée, la jeune femme y tenait. Parce que cette routine leur offrait une impression de normalité, et la normalité, c'était une chose que toutes les deux avaient ignoré jusqu'à leur installation à Radcliff. Ce qui avait été leur quotidien pendant vingt-cinq et neuf ans n'avait rien eu d'ordinaire, et Anya insistait pour que Sasha le comprenne, pour qu'elle réalise que ce que Nikolaï et se sbires leur avaient fait subir pendant toutes ces années n'était pas la réalité de la plupart des gens. Ce qui était normal, c'était d'aller à l'école tous les matins le sourire aux lèvres, de jouer avec ses petits copains et petites copines, d'apprendre avec plaisir, et de rentrer chez elles le soir sans la peur au ventre. Sasha avait eu besoin de longues semaines pour se faire à ce nouveau rythme de vie, trop habituée qu'elle était à leur enfer russe. Ni l'une ni l'autre ne regrettaient Saint-Pétersbourg, ou la Russie. Anya n'avait pas la moindre intention d'y remettre les pieds un jour, et tout ce qu'elle espérait pour Sasha c'était qu'elle ait la possibilité de se construire un bel avenir aux États-Unis. Anya, le patriotisme ne l'avait jamais étouffée.
La jeune femme avala une gorgée de café le sourire aux lèvres, avant d'aller s'installer à côté de sa petite sœur, qui mâchait bruyamment. « Qu'est-ce que tu apprends ? » « Les verbes irréguliers. Madame Smith a dit que c'était super important, les verbes irréguliers. En plus on a un contrôle aujourd'hui, alors faut que je les connaisse par cœur ! » Anya passa une main dans les cheveux de sa sœur avant de pousser son verre jusqu'à elle. « C'est bien. Mais tu devrais vite terminer ton petit-déjeuner et filer te laver les dents, le bus passe dans vingt minutes. » La petite eut comme un sursaut, avant de refermer son manuel d'anglais. « Oh, mince ! » Elle termine ses céréales à la vitesse de l'éclair et fila dans la salle de bain, talonnée de près par Anya. L'aînée laissa la cadette se brosser les dents et se rincer la figure avant de la coiffer, et Sasha fut fin prête pour partir à l'école. Puisqu'il lui restait dix minutes avant que le bus ne passe, elle eut le droit de regarder un dessin animé pendant qu'Anya s'occupait de débarrasser la table. Ces moments là, elle les chérissait, en profitait comme elle n'avait jamais profité de rien. À vingt-cinq ans, elle avait l'impression de découvrir ce qu'était la vraie vie, qu'elle avait observée de loin depuis la fenêtre de sa prison. À elle aussi, il lui avait fallu un moment pour comprendre qu'elles étaient en sécurité, libres de leurs mouvements et de leurs décisions. Elle avait parfois encore l'impression d'être épiée, et se surprenait à se demander ce que Nikolaï pourrait penser de ceci ou de cela. L'emprise du mafieux sur elle avait été si forte qu'elle n'était pas toujours à l'aise avec sa propre liberté. Oh, ses chaînes ne lui manquaient pas, mais elle avait été guidée toute sa vie et trouver les réflexes d'une vie comme les autres ne se ferait pas du jour au lendemain. Le traumatisme était ancré trop profondément en elle pour que ce soit facile, et les stigmates qu'elle garderait à vie ne l'aidaient à rien.
« Sasha ? Le bus est là ! » Le petit coup de klaxon n'échappait jamais à la jeune femme, et bientôt Sasha déboulait du salon, cartable sur le dos et large sourire éclairant son visage. Elle fut à la porte avant Anya, qui ne manqua pas de la rappeler à l'ordre. « Et mon bisou ? » « Ah oui, pardon !! » Elle s'abaissa au niveau de la petite, qui fit claquer un baiser sur sa joue avant de filer prendre son bus. Comme tous les matins, Anya resta sur le pallier de la porte jusqu'à voir le véhicule disparaître au coin de la rue avant de rentrer, une énième de ses nouvelles manies. Sasha partie pour sa journée d'école, ne lui restait plus qu'à attaquer sa journée à elle, et le programme n'était pas particulièrement chargé. Elle avait quitté la Russie avec une partie de la fortune de Nikolaï, et si cet argent était sale, s'en servir ne lui posait aucun problème de conscience – elle l'avait bien mérité. La paume plaquée contre ses lèvres pour étouffer un bâillement Anya songeait qu'elle pourrait retourner se coucher lorsque l'on frappa à la porte. La jeune femme se raidit instinctivement, avant de soupirer en levant les yeux au ciel. Voilà qu'elle se mettait à craindre les visites inattendues... ridicule. Glissant une main dans ses mèches blondes encore emmêlées, Anya revint sur ses pas et alla rouvrir la porte ; son premier réflexe fut de hausser un sourcil à la vue de Razen sur le pas de sa porte, brandissant une pizza dont la simple odeur lui fit froncer les narines. « A cette heure ci, j'aurais préféré des croissants », se contenta-t-elle de lui répondre sans l'avoir salué, et les bras croisés sous sa poitrine. Pourquoi Diable l'aveugle avait-il décidé de lui rendre visite si tôt ? Elle avait bien sa petite idée, il n'avait jamais été question d'autre chose entre eux.
« T'as pas de comptes à me rendre, c'est pas comme si nous étions mariés. » Un petit ricanement la secoua, avant qu'elle ne s'écarte de l'entrée. « Vas-y, entre. Sasha vient tout juste de partir à l'école. » Sasha n'avait jamais rencontré Razen, parce que sa sœur s'était toujours débrouillée pour qu'ils s'évitent. Elle n'avait pas spécialement envie de lui présenter, parce que ce qu'ils partageaient n'était pas sérieux. Ils s'étaient rencontrés comme ça, se voyaient comme ça et les choses s'arrêtaient là. « T'étais vraiment pas obligé d'apporter une pizza. À huit heures du matin. Honnêtement... C'était vraiment l'idée ? » Sans se départir du sourire qui faisait tout son charme – et qu'il n'était pas du tout utile d'afficher en présence d'un aveugle – Anya retourna dans la cuisine. « Café, thé... ? » Elle ralluma la machine à café et retrouva sa place contre le comptoir, avant d'attraper un biscuit dans le paquet ouvert qui traînait à côté du paquet de céréales. « Je te trouve bien matinal... Encore une insomnie ? » Ah, oui, ils avaient aussi ça en commun. De longues nuits à se tourner et se retourner, à refaire le monde, à faire les cent pas dans la maison... Pour être debout aux aurores le lendemain, et être épuisé avant midi. Au moins quand ils étaient ensemble, ils savaient s'occuper.
Lles dialogues en italique sont en russe.
Razen Townshend
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Sujet: Re: just some kind of friends, nothing more. ☼ pv anya Sam 19 Mar 2016 - 21:14
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Anastasia & Razen
Il aurait pu la prévenir, il le sait. Il aurait pu, aussi, accessoirement, attendre une heure relativement décente pour se pointer aussi. Mais… mais. Razen n’en avait pas envie et Razen sait très bien qu’elle n’est pas du genre à faire la grasse matinée et à traîner au lit jusqu’à quinze heures. Déjà parce qu’elle doit s’occuper de sa sœur, qu’il n’a d’ailleurs jamais croisée, mais surtout parce que tout comme lui, elle ne dort pas. Ou peu. Ou rarement. Il ne sait pas vraiment quand est-ce qu’elle rattrape son manque de sommeil mais il sait d’expérience qu’elle ne fait pas de nuit complète. Et donc… et donc le voilà devant la porte, avec sa pizza et son sourire. Presque fier de lui, le Razen, il ne regrette en rien sa venue. La seule chose, au final, qui pourrait faire disparaître son sourire et sa bonne humeur, ce serait qu’Anastasia ne soit pas là ou qu’elle l’envoie paître. Et c’est certainement pour ça que dès que la porte se défile sous ses doigts, il brandit sa pizza comme un bouclier invulnérable. On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, surtout lorsqu’il s’appelle Razen et qu’on a honte de rien, ou de pas grand-chose. Il ne lui laisse pas le temps de parler, penchant légèrement la tête sur le côté comme pour se concentrer sur son ouïe. Ce qui n’est pas tout à fait faux. S’il peut entrer ? La question tombe sous le sens, au contraire de ce besoin illogique de s’expliquer qu’il ressent et auquel il cède. « A cette heure-ci, j'aurais préféré des croissants. T'as pas de comptes à me rendre, c'est pas comme si nous étions mariés. » Au moins, c’est rassurant : ils en rient tous les deux. Razen ne s’attarde d’ailleurs même pas là-dessus, il préfère rebondir sur autre chose, dans un petit sourire espiègle qui le caractérise. « J’ai toujours aimé l’originalité… » « Vas-y, entre. Sasha vient tout juste de partir à l'école. » Le voilà qui arque un sourcil, tendant un bras incertain pour frôler la porte et localiser Anya dans un frisson qui l’électrise au moment même où il effleure sa peau. Mutation à fleur de peau, au rythme de ses envies, indépendant de sa volonté, esclave de ses désirs les plus profonds, il échappe à l’épiderme de la russe pour se poser sur son épaule, son autre main embarrassée de la pizza et de sa canne blanche. « T'étais vraiment pas obligé d'apporter une pizza. À huit heures du matin. Honnêtement... C'était vraiment l'idée ? » Il fait mine de bouder, il maugrée dans sa barbe un faussement mécontent « Honnêtement, la seule différence qu’il y a entre du bacon, des œufs et une pizza, c’est la forme. Attends, regarde, tu as du pain, du fromage, de la viande, c’est un petit dèj condensé en une immense tartine bien grasse. C’est l’idéal ! » Parfois, Razen se dit qu’il aurait fait un excellent commercial dans d’autres circonstances. Mais pour le moment, il se détend, il libère une Anya en bonne santé, comme le lui a confié sa mutation, pour trouver le mur et se guider comme un grand en direction de la cuisine. « Sasha va bien ? » La question lui échappe sans qu’il ne cherche particulièrement à la retenir. Il ne l’a jamais rencontrée, la gamine, et s’il est plutôt curieux à son sujet – qui ne le serait pas ? – il est parfaitement que ça ne le regarde pas. En même temps, avec Anastasia, il n’y a strictement rien de sérieux et c’est très bien ainsi.
Déjà, s’il y avait quelque chose de sérieux, il serait certainement le premier au courant. Ensuite… et bien ensuite, il n’a rien besoin de sérieux sur ce plan-là dans sa vie actuellement et il doute en avoir besoin un jour. Des soucis en plus, voilà ce que ça serait. Et avec Ailionora dans la balance… Il s’adosse dans le cadre de la porte, cherchant à tâtons où poser sa pizza, pliant sa canne blanche pour la mettre dans la poche de sa veste. Il fait comme chez lui, le Razen. D’un mouvement d’épaule, il fait chuter son manteau qu’il cale sur son bras. Depuis combien de temps n’est-il pas venu dans le coin, déjà ? Trop longtemps : ses souvenirs de l’organisation de la maison sont trop flous pour qu’il envisage de rejoindre de lui-même le salon. Alors il reste là, bras croisés. Patient, comme il l’a si bien appris à l’être, surtout les premiers mois de sa cécité et tous les changements que ça a opéré autour de lui. « Café, thé... ? » Il se passe une main dans les cheveux pour les décoiffer. Il est craquant, Razen, quand il fait ça. Et le pire, c’est qu’il n’en a même pas conscience : il cherche juste à s’occuper, puni comme il est dans une maison étrangère, incapable de se débrouiller à l’aveugle et de survivre entre les meubles, les murs, et tous ces obstacles naturels qui s’imposent devant lui. « Un café, pourquoi pas. » Malgré son accent londonien qu’il ne prend pas la peine de corriger, Razen a au moins le mérite de ne pas collectionner l’intégralité des clichés qui lui collent à la peau. Pas l’intégralité, juste un certain nombre. « Je te trouve bien matinal... Encore une insomnie ? » Patient le Razen, mais pas trop quand même. Il fait un pas en avant, se heurte à une chaise, se heurte à une table, il en aurait presque l’impression de se plier à une mauvaise blague et finit par trouver un support et laisser tomber sa veste sur une chaise : il la retrouvera en temps voulu. D’ici là… il retrouve enfin Anya et surtout, ses doigts retrouvent enfin l’épaule de la russe, dans un contact qui lui est indispensable. Il espère, d’ailleurs, qu’elle n’a pas perdu l’habitude ces dernières semaines de son côté extrêmement tactile qui lui impose d’avoir un contact physique avec ses interlocuteurs. Léger, bien sûr, mais bel et bien présent. Léger pour l’instant. « Tout juste… je me demande même si ça vaut le coup d’appeler ça insomnie vu que c’est constant. Il faudrait presque inventer un nouveau mot pour… » Quelque chose le trouble, il s’impose un peu de lucidité pour terminer sa phrase. « … parler des nuits que je fais complètes, vu qu’elles sont plus rares. » Sa mutation s’est mise au travail, grappillant des informations presque contre son gré, piochant chez Anastasia une compréhension qui va plus loin que la normale. Ce qu’il cherche ? Il retire brutalement sa main pour croiser ses bras et s’adosser au plan de travail, dans une nonchalance qu’il affiche avec un naturel déconcertant, à des années lumières de sa nervosité. Il ne cherchait rien. Sa mutation, en revanche, il l’a senti à ce qu’elle veut absolument lui chuchoter, cherchait à savoir quelque chose. Elle lui a manqué. Est-ce que c’était réciproque ? En quoi ça l’intéresse, en quoi est-ce important ? « Alors, quoi de neuf depuis la dernière fois ? Tu m’as l’air fatiguée… » Depuis la dernière fois… depuis quand déjà ? Ses bras se décroisent, ses mains s’aventurent sur le plan de travail à la recherche de quelque chose avec quoi jouer. Aveugle oui, joueur plus encore. Il lui suffit d’un effleurement pour comprendre de quoi il s’agit, il part en quête de nourriture. « Je ne te dérange pas, j’espère. » De toute manière, s’il la dérange… et bien… il s’en fiche, n’est-ce pas ? Ce n’est qu’une amie, il a l’habitude de s’imposer chez les gens et la plupart de ses amis ne sont que des connaissances.
Sujet: Re: just some kind of friends, nothing more. ☼ pv anya Mar 29 Mar 2016 - 21:37
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THERE'S A DRUMMING NOISE INSIDE MY HEAD THAT STARTS WHEN YOU'RE AROUND. I SWEAR THAT YOU COULD HEAR IT IT MAKES SUCH AN ALL MIGHTY SOUND. THERE'S A DRUMMING NOISE INSIDE MY HEAD THAT THROWS ME TO THE GROUND. I SWEAR THAT YOU SHOULD HEAR IT IT MAKES SUCH AN ALL MIGHTY SOUND. LOUDER THAN SIRENS, LOUDER THAN BELLS, SWEETER THAN HEAVEN AND HOTTER THAN HELL (ambiance).
Avec Razen, les choses étaient simples, sans compromis, sans règles, sans obligations. Et c'était justement parce que c'était comme ça que la jeune Russe tenait à son étrange relation avec l'Anglais. La simplicité était une notion encore toute neuve pour Anya, qui dans un premier temps s'était surprise à se demander ce qu'il pouvait bien lui cacher, quel genre de problèmes il allait lui causer. Elle avait mis un certain temps à comprendre que les gens, même s'ils n'étaient pas nécessairement ce qu'ils prétendaient être, n'avaient pas tous de vilains secrets. Parfois, elle se demanderait ce qu'il penserait d'elle si elle lui racontait tout, des horreurs qu'elle avait vécues jusqu'à celles qu'elle avait commises. Parce que le tableau de sa vie, il n'avait rien d'une œuvre d'art, ce n'était rien qu'une grosse tache écarlate. Du sang, du sang, toujours du sang, Anya en connaissait les nuances et les effluves par cœur, elle savait le bruit que faisaient les os du corps humains lorsqu'ils craquaient, connaissait également celui de la chair que l'on écrasait... Son existence était un chaos total, un enchaînement de catastrophes et de cauchemars. Razen l'aurait-il jugée pour tout cela ? Elle n'en savait strictement rien. Parce qu'en fin de compte, ils ne se connaissaient pas, pas tant que ça. Ils parlaient sans rien dire, évitaient avec soin les sujets un peu trop personnels. Ce n'était pas qu'Anya ne lui faisait pas confiance, c'était simplement... plus facile comme ça. Sans attaches trop encombrantes... Il n'y avait jamais eu qu'une personne qui comptait réellement pour la Russe, celle qui venait de partie pour l'école le sourire aux lèvres. Tant qu'elle aurait Sasha, elle saurait s'accommoder du reste. À quoi bon s'attacher trop aux gens, alors qu'elles n'étaient même pas certaines de rester à Radcliff plus que quelques mois ? Il fallait bien avouer que ce n'était pas la ville idéale, si elle valait mieux que Saint-Pétersbourg elle n'avait en revanche rien d'un coin de paradis. Anya ne voyait pas Sasha grandir dans un trou pareil, elle méritait mieux. Peut-être New-York... La petite fille était toujours émerveillée lorsqu'elle en voyait des images à la télévision, alors la Grande Pomme pourrait être leur prochaine destination.
« Boje moï. C'est le genre de petit-déjeuner que je préférerais éviter, ne m'en veux pas... Je suis plutôt du genre café et tartines, le matin. » Ils n'avaient sans doute pas passé suffisamment de matinées ensemble pour qu'il s'en souvienne. La plupart du temps, Anya se débrouillait pour filer sans le réveiller, et ça n'avait jamais eu l'air de le déranger. Pas plus qu'elle ne lui en voulait lorsque c'était l'inverse, puisque leur drôle de liaison ne suivait aucune loi. Guère embarrassée par la cécité de Razen, Anya le laissa pénétrer dans la cuisine après qu'il l'ait lâchée, habituée à son mode de fonctionnement au point de ne plus y faire attention. Si elle était bourrée de défauts, elle possédait en revanche une ouverture d'esprit étonnante pour une jeune femme de son âge. Elle n'était pas du genre à juger son prochain en se basant uniquement sur ses caractéristiques physiques ou une première impression, elle était bien placée pour savoir que l'habit ne faisait pas toujours le moine. Elle même pouvait paraître un peu sèche et déplacée au premier abord, du genre qui s'y frotte s'y pique. « Sasha va très bien, merci. Elle a pris le bus il n'y a pas cinq minutes. Honnêtement, je n'ai jamais vu une gamine aussi contente d'aller à l'école... » En Russie, les choses étaient bien différentes. L'établissement du quartier avait beau être assez prestigieux, tous les enfants de riches honnêtes et malhonnêtes y allaient, et cela se ressentait. Sasha n'était épanouie que depuis leur arrivée aux États-Unis, et cela en dépit de la barrière de la langue. La petite fille se sentait aussi libre que sa sœur – même si elle se réveillait parfois encore en hurlant la nuit. Il arrivait à Anya de la découvrir dans son lit au petit matin, parce qu'elle avait fait un cauchemar et était venue se glisser sous ses couvertures sans la réveiller. Ça lui crevait le cœur à l'aînée, qui se demandait si elle n'aurait pas mieux fait de l'emmener voir un psychiatre, tout en craignant d'en faire un peu trop.
Anya fronça légèrement les sourcils lorsque Razen se heurta au mobilier de la cuisine, pour autant elle ne se précipita pas pour proposer à l'aveugle de l'aider, préférant le laisser arriver jusqu'à elle par ses propres moyens. Elle avait vite compris qu'il détestait que l'on pense qu'il avait en permanence besoin d'assistance, alors elle se retenait toujours de lui sauter dessus à la moindre occasion, elle lui laissait le choix de lui demander un coup de main – ou non. « Dormir, c'est pour les faibles », plaisanta-t-elle avant d'être secouée par un petit rire. Ils souffraient tous les deux d'insomnie, mais elle n'allait pas non plus en pleurer. Elle ne lui ferait certainement pas l'affront de lui conseiller d'aller consulter un médecin, d'abord parce qu'il y avait probablement déjà pensé, ensuite parce qu'elle savait que contre certaines choses, il n'y avait aucun remède. « Fatiguée ? Non, pas spécialement. Enfin, pas plus que d'habitude. » Anya soupira doucement avant de remettre une dosette dans la machine à café, qui fit comme à son habitude un bruit d'enfer lorsqu'elle la mit en marche. Sans prêter trop d'attention au tintamarre mécanique, la jeune femme remplit une petite casserole d'eau et la posa sur le gaz, préférant porter son choix sur un thé noir plutôt que – déjà – sur une seconde tasse de café. « Non, non, ne t'inquiète pas. Je n'ai rien d'important prévu aujourd'hui. » Pas de bureau auquel se rendre en urgence, pas de courses à faire, personne à rejoindre... La visite de l'Anglais tombait plutôt à point, il lui permettrait de s'occuper l'esprit pendant un temps.
Sans en faire des tonnes, Anya attrapa Razen par le bras et l'entraîna jusqu'au canapé du salon, et elle le laissa s'installer tranquillement le temps d'aller récupérer leurs boissons. Elle posa la tasse de Razen sur la table basse juste devant lui avant de s'asseoir à côté de lui ; jambes repliées sous elle et sa tasse brûlante entre les doigts. « Rien de neuf depuis la dernière fois. Je m'occupe de Sasha la plupart du temps et quand elle est à l'école... Pas grand chose. Je suppose que je pourrais me chercher un petit boulot, histoire de m'occuper, mais je ne saurais même pas par où commencer. » Mafieuse de haut niveau, ça faisait plutôt tache sur un CV. Et elle savait qu'elle n'aurait jamais la patience nécessaire pour faire un travail a contact du public. Sans compter que ses papiers n'étaient pas tout à fait légaux... « Oh, en passant, le café est peut-être un peu fort... J'ai l'habitude de le boire noir et serré, histoire d'être vite réveillée le matin. »[ Bon sang. Lui faire la conversation était beaucoup plus difficile qu'elle ne l'aurait cru, parce qu'ils n'avaient pas pour habitude de... parler. Pas comme ça, pas comme s'ils faisaient ça tous les jours... Sans être mal à l'aise, Anya était clairement embarrassée, ne sachant quel sujet aborder. La pluie et le beau temps ? Elle avait beau savoir que le ridicule ne tuait pas, il y avait des limites à ne pas franchir. Alors elle allait se contenter de lui renvoyer la balle, l'air de rien. « Et toi, alors ? Des raisons particulières à tes nuits blanches, ou un sommeil naturellement perturbé ? » Lui, qu'est-ce qui l'empêchait de fermer l'œil une fois la nuit tombée ? Des choses qui lui donneraient à elle envie de fuir ?
Razen Townshend
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Sujet: Re: just some kind of friends, nothing more. ☼ pv anya Dim 3 Avr 2016 - 21:07
Just some kind of friends, nothing more
Anastasia & Razen
Une poignée de secondes, peut être quelques minutes, et déjà Razen s’amuse, se pare d’une assurance commerciale pour revendiquer les capacités nutritionnelles de la pizza qu’il a brandie, avec un aplomb incomparable. Gras, fromage, viande, et un soupçon de légumes, très sincèrement, il ne voit pas ce qu’on peut reprocher à ce plat pour le moment, même à cette heure proprement scandaleuse. Il joue, Razen, parce qu’il sait très bien que son laïus n’a d’autre utilité que de lui donner le dernier mot et de justifier, avec plus ou moins d’efficacité, l’erreur malheureuse que ses doigts ont commise dans le supermarché. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’a vraiment pas pour but de convaincre Anya, juste de parler et de babiller comme il sait si bien le faire. « Boje moï. C'est le genre de petit-déjeuner que je préférerais éviter, ne m'en veux pas... Je suis plutôt du genre café et tartines, le matin. » Une petite moue vexée, Razen soupire en se faisant la remarque qu’il aurait pu, dû ?, le deviner. Avant de se faire aussi la remarque qu’ils ont beau avoir passé un certain nombre de nuits ensemble, les petits-déjeuners au lit n’ont jamais été dans leurs habitudes. Même aveugle, l’anglais sait très bien s’esquiver au petit jour ; et la russe n’en est pas de reste. Et c’est tant mieux. L’avantage, avec Anya et selon Razen, c’est qu’il n’y a pas de prise de tête entre eux, pas d’attente, pas de déception, pas d’illusions. Pas de reproches, aussi, même s’il doit bien avouer guetter sans trop savoir pourquoi ceux qu’elle pourrait lui faire pour son silence des dernières semaines. L’avantage, donc, c’est que Razen ne souffre d’aucune timidité mal placée, d’aucun scrupule et que lorsqu’il se laisse guider dans l’appartement jusqu’à la cuisine – il le présume du moins – il ne retient pas son « Désolé, je suis obligé de t’en vouloir. Pour te faire pardonner, tu vas au moins de voir la manger ce midi avec moi… » articulé sur un ton narquois. Joueur, il délaisse son sérieux et sa gravité sur un pari amusé, guidé seulement par ce qu’il a envie de faire et non ce qu’il devrait faire. D’ailleurs… il n’a rien à faire, juste à passer du temps. Ses recherches sur Wolstenholme pourront attendre encore un peu, Ailionora et Alvin sauront survivre une matinée, une journée sans lui : l’aîné Townshend doit bien entretenir son cercle d’amis et faire le sociable de temps à autre.
Ils débouchent sur la cuisine, le léger changement de température le lui soufflant, et Razen délaisse Anya pour mieux trouver un mur auquel s’adosser. La main plaquée contre la paroi lui chuchote des informations en continu, sans qu’il n’y prête attention, comme un sifflement constant et apaisant. Les proportions des différents minéraux sont une mélodie à laquelle il est habitué et qui lui permet de se concentrer sur le reste, et de perdre une question au passage. Interrogation, intérêt, curiosité ou babillage, il ne sait pas trop ce qui le motive mais Anya a ce petit quelque chose qui le met suffisamment en confiance pour qu’il laisse ses questions de débrouiller toutes seules sans prendre la peine de les peser et d’analyser leur potentiel informatif. En un mot comme en dix, il est incapable de savoir si la santé de la petite sœur d’Anastasia l’intéresse réellement. « Sasha va très bien, merci. Elle a pris le bus il n'y a pas cinq minutes. Honnêtement, je n'ai jamais vu une gamine aussi contente d'aller à l'école... » Un petit sourire répond dans un premier temps, pendant qu’il se déleste et de la pizza, et de sa canne, et de son manteau, dans un ordre bien précis semblable à l’invasion barbare. « Je veux bien te croire… lorsque je regarde mon frère, je me dis qu’un tel enthousiasme doit vraiment sembler contrenature. » En même temps, lorsqu’il regarde Alvin – outre le fait qu’il ne voie rien d’autre que le noir – il contemple un gosse qui n’a pas fait long feu à l’école. Et lorsqu’il s’hasarde encore plus à regarder du côté d’Ailionora, le sérieux de sa fille est proprement scandaleux, héritage direct de la branche je-m’en-foutiste des Townshend. Et le pire, c’est que même s’il sait qu’il n’est pas un père modèle sur ce plan là, Razen n’arrive pas à s’en vouloir. L’école et tutti quanti, ce n’est pas dans les gènes des Townshend, voilà tout. Un soupir, un café proposé, un café accepté, c’est au tour d’Anya de poser une question et au tour de Razen d’y répondre. S’il se heurte aux meubles, il a trop l’habitude des complications qu’implique sa cécité pour y faire attention et ses doigts retrouvent rapidement l’épaule de la russe, lui offrant un repère stable dans la pièce. Insomnie, le mot serait presque trop faible pour décrire ces nuits à tourner dans son lit, et maintenant sur le canapé, sans trouver le sommeil. « Dormir, c'est pour les faibles » Le petit rire d’Anya est contagieux, Razen se laisse prendre au jeu à son tour. Au moins, là-dessus, ils se comprennent tous les deux. Comme Razen et Alvin peuvent se comprendre eux aussi. Et en parlant de compréhension… Razen est troublé. Sa mutation a pris les commandes, le contact qu’il impose à Anya se fait imposant, insistant, comme si son inconscient partait désespérément à la recherche d’une réponse. Troublé, il se concentre sur l’évidence et sur ce qu’il sait. « Fatiguée ? Non, pas spécialement. Enfin, pas plus que d'habitude. » Le voilà qui fronce les sourcils, autant devant cette réponse peu satisfaisante que devant le soupir de la russe. Il hésite, une fraction de seconde, à creuser davantage la question mais se rabat plutôt sur un autre sujet, s’assurant un peu tard qu’il ne la dérange pas. Même si pour être honnête, la réponse lui importe peu. « Non, non, ne t'inquiète pas. Je n'ai rien d'important prévu aujourd'hui. » Il claque des mains, de satisfaction, diffusant dans ses muscles, dans ses veines, dans son attitude et dans sa voix de l’enthousiasme. « Parfait ! Ca nous laisse du temps pour papoter tranquillement, savourer ce délicieux café, grignoter ces fascinants biscuits vu que tu ne veux pas de ma pizza, et pour largement plein d’autres choses, jusqu’à ce que je t’insupporte et que tu me mettes à la porte ! » Il n’est pas contrariant, le Razen. Un peu envahissant lorsqu’il s’y met mais il est certain qu’Anya ne lui en voudra pas pour ça. D’ailleurs, lorsqu’elle lui attrape le bras, Razen se laisse faire, avec un naturel – et surtout une confiance – déconcertant.
Ce qui est bien dans leur amitié, c’est qu’il n’y a ni faux-semblant, ni illusion, juste la spontanéité. Il s’assoit, l’entend repartir, revenir, faire clinquer les tasses devant lui comme elle en a l’habitude pour qu’il puisse les localiser. S’installant sans aucune gêne, il enlève ses chaussures, se pose en tailleur, son genou effleurant les siens. Il tente d’attraper sa tasse, plante les doigts dans le café brûlant, les essuie sur son jean avant de tremper ses lèvres et de respirer l’odeur brute de la boisson. « Rien de neuf depuis la dernière fois. Je m'occupe de Sasha la plupart du temps et quand elle est à l'école... Pas grand chose. Je suppose que je pourrais me chercher un petit boulot, histoire de m'occuper, mais je ne saurais même pas par où commencer. » Hochant la tête, compatissant brutalement quant au fait de devoir s’occuper d’une petiote, lui le jeune papa d’une gosse de seize ans aussi mal foutue qu’il peut l’être, il s’apprête à avaler une gorgée de café lorsqu’elle tente visiblement de le dissuader. « Oh, en passant, le café est peut-être un peu fort... J'ai l'habitude de le boire noir et serré, histoire d'être vite réveillée le matin. » Un sourire narquois nait sur ses lèvres. « T’inquiète pas pour ça, même réflexe, avec le dosage encore plus hasardeux lorsque je ne suis vraiment pas réveillé donc… Et puis, il est très bon ton café, t’en fais pas. » S’avachissant, il cale sa tête sur le haut du canapé, regardant le plafond, ou du moins faisant semblant de le regarder. Il resterait bien silencieux, mais il sent, l’instinct dirons nous, qu’Anya est bien moins à l’aise que lui. La preuve ? « Et toi, alors ? Des raisons particulières à tes nuits blanches, ou un sommeil naturellement perturbé ? » Il se redresse, faisant glisser la tasse de café à moitié bue devant lui pour l’abandonner sur la table basse. Sa main ébouriffe encore ses cheveux, heurte ses lunettes. « Moi, ça va, pas de problème de ce côté-là, on s’occupe comme on peut. Ça te dérange si je les enlève ? » Ses doigts tapotent ses lunettes. En définitive, il n’attend même pas la réponse d’Anya, les pose devant lui à côté de la tasse. « Tu sais, la vie n’est pas trop compliquée quand tu glandes rien de la journée. Moi aussi je m’occupe de mon frère, même s’il doit être sacrément plus chiant à gérer que Sasha. » De son frère, de ses frères, de sa fille : ils sont bien plus grand que la petite puce mais vu les conneries qu’ils accumulent chacun de leur côté… Razen se marre rien que d’y penser. « Mais sinon… on va dire des soucis supplémentaires, la routine. J’en viens à me poser des questions, tout ça… j’ai commencé à apprendre le russe d’ailleurs, tiens. » Razen est lancé, Razen peut faire la conversation pendant des heures sans se fatiguer même si honnêtement, il n’est pas nécessairement là pour ça. « Enfin, je voulais apprendre le russe, mais comme Alvin ne sait pas lire le braille, il m’a pris un manuel d’italien. Je vais pas m’en plaindre, me encanta hablar italiano? » Un sourire malicieux, il est parfaitement conscient que sa phrase est en espagnol mais comme il n’est pas allé suffisamment loin dans sa grammaire italienne pour former une phrase construite et bien... il se contente de ce qu’il sait dire. « mais bon, à la base, je voulais parler russe histoire de te comprendre si un jour tu commences à m’insulter, établir une conversation, tout ça, tu vois... » S’il a retenu une partie des leçons d’italien, c’est bien la gestuelle. Ses mains parlent pour lui, traduisent même pour lui, la tête tournée en direction d’Anya. « J’avais même prévu de me ramener avec une boite de chocolat et un excuse moi pour ce silence scandaleux prononcé dans un russe parfait mais je crois que j’ai un peu tout foiré là-dessus. » Elle lui a manqué, cette certitude pulse dans ses veines. Amie, excellente amie. Sa seule véritable amie, aussi. Son index veut d’ailleurs se planter sur son épaule pour attirer son attention, il dérape sur sa poitrine ; le deuxième essai est le bon. « Allez, avoue que mon bavardage t’a manqué depuis le temps. Tu sais que j’ai… » Non, ne pas parler d’Ailionora. Il n’a pas envie de lui parler d’Ailionora, pas maintenant. Il ignore un peu trop comment elle pourrait réagir à la nouvelle. « j’étais en train d’essayer de calculer depuis combien de temps on se connait. Tu t’en souviens toi ? » Sa main posée sur l’épaule d’Anya dégringole sur son bras chercher un peu de son épiderme, trouve ce qu’il cherchait et remonte au niveau des omoplates pour appuyer sur des nœuds de tension qui s’y sont logés. Il ferait un sacrément bon masseur, le Razen, avec sa mutation. Le seul défaut étant qu’il est bien plus efficace lorsqu’il touche la peau de la personne sans tissu pour interférer avec son don. Sa main se glisse dans la nuque d’Anya, tout naturellement. « Tu es tendue, tu permets ? » Tout naturellement mais il ne faut pas pousser : il demande quand même l’autorisation.
Sujet: Re: just some kind of friends, nothing more. ☼ pv anya Sam 23 Avr 2016 - 11:58
just some kind of friends, nothing more
THERE'S A DRUMMING NOISE INSIDE MY HEAD THAT STARTS WHEN YOU'RE AROUND. I SWEAR THAT YOU COULD HEAR IT IT MAKES SUCH AN ALL MIGHTY SOUND. THERE'S A DRUMMING NOISE INSIDE MY HEAD THAT THROWS ME TO THE GROUND. I SWEAR THAT YOU SHOULD HEAR IT IT MAKES SUCH AN ALL MIGHTY SOUND. LOUDER THAN SIRENS, LOUDER THAN BELLS, SWEETER THAN HEAVEN AND HOTTER THAN HELL (ambiance).
Anya avait toujours joué au chat et à la souris avec les hommes. Elle ne s'était jamais laissée attraper plus de quelques heures, soucieuse de conserver sa précieuse liberté. Elle refusait de devenir comme sa mère, refusait de laisser un homme lui dicter sa conduite et diriger sa vie. Toute sa vie, elle s'était battue pour gagner son indépendance et se défaire des chaînes qu'elle avait eu aux chevilles et aux poignets. Elle avait été élevée dans un milieu où la femme n'était pas l'égale de l'homme, où le machisme était la norme et où il fallait savoir se taire pour éviter de prendre des coups. Son problème à Anya, c'était sa franchise exagérée. Elle ne prenait pas de gants, avec personne, et cela lui avait attiré une montagne d'ennuis parce que les mafieux russes détestaient voir une gamine leur tenir tête. De ce fait, Anya avait dons pris plus de claques qu'à son tour, et c'était sans compter les insultes qui lui pleuvaient dessus tous les jours. À force, elle avait fini par s'y habituer, ne plus rien sentir et ne plus rien entendre, à l'abri sous une armure de dureté qu'elle avait elle-même forgé. Accorder sa confiance aux autres – aux hommes – ce n'était pas inné chez elle. Ça lui demandait de faire des efforts considérables, de mettre de côté les griefs du passé pour tenter d'envisager l'avenir et les relations d'un œil nouveau. Elle aurait besoin de temps, ça ne se ferait pas du jour au lendemain. Si elle avait confiance en Razen ? Pas vraiment. Pas encore. Sans le considérer comme un éventuel adversaire, elle ne le voyait pas non plus comme une personne digne de confiance. Au fond, ils ne se connaissaient pas. Elle lui avait dit qu'elle était russe – à quoi bon le cacher, son accent l'avait trahie à la seconde où elle avait ouvert la bouche – mais pas d'où elle venait. Pas ce qu'elle avait fait, pas pourquoi elle avait atterri dans un trou comme Radcliff, alors qu'il y avait des centaines de villes plus attirantes et plus sûres dans le pays. Ses secrets étaient bien gardés, de façon presque obsessionnelle, comme si elle craignait ce qu'il pourrait advenir si l'on venait à savoir qui elle était réellement. Anya, paranoïaque ? À juste raison. En vingt-cinq ans, elle avait appris toutes les combines de la mafia russe, elle savait très bien que leur raison était mondial. Nikolaï avait eu beaucoup d'amis, beaucoup d'alliés, et puisqu'elle était responsable de sa chute et de sa mort, c'était autant de personnes qui étaient subitement devenues ses ennemis.
Détendue, Anya l'était sans jamais l'être totalement, elle demeurait inconsciemment sur ses gardes, au cas où. Ce qui ne l'empêchait pas de profiter d'un moment de détente en compagnie de son ami-amant, lequel ne semblait pas gêné par la perspective de faire la conversation pour deux. Razen était bien plus bavard qu'elle, mais ça ne l'ennuyait pas le moins du monde. Elle aimait l'écouter parler, même si ce n'était pas pour dire grand chose, c'était agréable. « Même si c'était le pire café du monde, tu ne me le dirais pas, t'es trop poli pour ça. » La jeune russe sourit en avalant une gorgée de thé, peu incommodée par la température élevée de la boisson. Un petit rire la secouant tandis qu'elle écoutait Razen lui conter ses déboires linguistiques, amusée par sa façon de rendre même les choses banales intéressantes. « Au moins, ton espagnol n'a pas l'air trop mauvais... » L'espagnol ne faisait pas partie des langues qu'elle parlait, mais elle en connaissait les bases. « Si tu tiens vraiment à apprendre le russe, je pourrais te l'apprendre. En commençant par le plus important évidemment... les insultes. » Elle sourit, oubliant l'espace d'un instant que le jeune homme ne pourrait pas le voir. Anya n'avait jamais pris de pincettes avec Razen, occultant totalement sa cécité. Sans doute était-ce comme ça qu'il aimait qu'on se comporte avec lui, comme s'il n'était pas le moins du monde différent – pour elle, il ne l'était pas. « T'en fais pas. C'est l'intention qui compte, et puis je suis sûre qu'elle est très bonne, ta pizza. On va juste attendre un peu pour la manger, si ça ne t'ennuie pas... » De toute façon, il semblait bien décidé à passer un moment chez elle, et ça ne l'ennuyait pas plus que cela. Elle n'avait pas souvent de la visite, parce qu'elle n'avait pas beaucoup d'amis. À vrai dire, hormis Razen et Duke, elle ne connaissait personne à Radcliff, personne qu'elle puisse considérer comme des proches. Anya n'avait pas fait beaucoup d'efforts pour se sociabiliser, elle s'était en priorité occupée de Sasha, dont l'intégration lui semblait plus importante que la sienne. En soi, c'était un petit miracle qu'elle ait rencontré Razen. Depuis combien de temps ils se connaissaient ? Anya haussa les épaules. « Pour être tout à fait honnête... aucune idée. Trois ou quatre mois ? Je ne sais pas. » Un nouvel éclat de rire la secoua, tandis qu'elle réfléchissait à la question. Elle n'avait vraiment pas fait attention. Tout s'était enchaîné si vite depuis qu'elle était arrivée à Radcliff... Elle en avait perdu le nord.
Un frisson la parcourut lorsque la main de Razen caressa sa peau nue avant de venir se loger dans sa nuque. Elle expira longuement et reposa sa tasse sur la table basse. Il la trouvait tendue ? Elle ricana doucement. « Si tu savais... » Mais justement, il ne savait pas. Parce qu'elle refusait de s'étaler sur sa vie personnelle, son passé. Anya n'avait pas envie d'en parler, pas envie de voir sa façon de la regarder – façon de parler – changer. Elle savait parfaitement que son histoire n'avait rien de glorieux, et qu'elle était plutôt atypique. Elle aurait bien aimé pouvoir dire qu'elle avait vécu une vie tout ce qu'il y avait de plus banal et ennuyeux, mais ce n'était pas le cas. « Vas-y, je t'en prie. Si tu parviens à défaire ce paquet de nœuds, tu seras mon héros... » Inutile de le nier, elle était plus tendue qu'une corde d'arc. La faute à ses insomnies, à la paranoïa... Rien ne lui était arrivé depuis qu'elle avait mis les pieds à Radcliff, Sasha et elle vivaient normalement, mais quelque chose empêchait Anya de véritablement se détendre. Un mauvais pressentiment, un sixième sens qui lui interdisaient de baisser la garde. Soupirant tout bas, Anya se rapprocha de Razen et baissa la tête pour mettre son cou un peu plus à nu. C'était agréable, il fallait bien le reconnaître. Les paupières closes, Anya laissait la magie opérer, ses nerfs et ses muscles semblaient se détendre petit à petit sous le toucher expert de l'aveugle. C'était donc vrai ce que l'on disait, les autres sens compensaient l'absence de la vue... Elle l'avait déjà remarqué, à l'occasion de contacts plus... sensuels. « Dis-moi... tu es certain de n'être venu que pour discuter autour d'un café ? » Elle ne faisait même pas l'effort de masquer un peu ses sous-entendus. Ce n'était pas dans ses habitudes de tourner autour du pot, et puisque leur relation était bien loin d'être celle d'un couple, à quoi bon prendre des pincettes ?
Spoiler:
je suis désolée, cette réponse est vraiment nulle de chez nulle
Razen Townshend
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Sujet: Re: just some kind of friends, nothing more. ☼ pv anya Sam 7 Mai 2016 - 0:08
Just some kind of friends, nothing more
Anastasia & Razen
Faire la conversation ne le dérange pas des masses. A dire vrai, si on le laissait faire, Razen serait capable de discourir sur la pluie, le beau temps, les conditions d’élevage des autruches et les danses reproductives de dindons toute la journée sans montrer signe de fatigue ou de lassitude, donc bon… Il lui suffit qu’Anya dise un mot pour qu’il trouve de quoi répondre, renchérir, questionner et placer une anecdote plus ou moins inventée. Par exemple le café, qu’il prépare en premier le matin, lorsque ce n’est pas Alvin, et dont il bazarde amoureusement les proportions avec tout le savoir faire engrangé au fil des ans. Avachi sur le canapé, il avale une gorgée de café avant de manquer de s’étrangler. « Même si c'était le pire café du monde, tu ne me le dirais pas, t'es trop poli pour ça. » Un éclat de rire, il secoue la tête. « Détrompe toi, tu serais la première au courant s’il était dégueulasse, t’en fais pas pour ça ! » Parce que oui, Razen est du genre poli, mais que lorsque ça l’intéresse et qu’il a quelque chose à y gagner. Comme un shot gratuit dans un bar par exemple, ou de l’aide pour faire ses courses. Mais dans des situations comme celle là… il n’a vraiment aucun intérêt à se prendre la tête avec des questions de diplomatiquement correct ou politiquement poli. Une nouvelle gorgée, Razen se met totalement à l’aise. S’il est capable de parler des heures sans se lasser, il est capable, aussi, de se la fermer. Et actuellement… il resterait bien silencieux, à savourer la proximité d’Anya et la tranquillité de l’instant, dans une petite vie bien rangée, bien normale, à des années lumières des questions de survie qui l’assaillent dès qu’il se retrouve entouré d’Alvin ou d’Ailionora. Silencieux, donc, il pourrait le rester. Sauf que… et bien… il est poli. Et puisqu’Anya tente de faire la conversation, il ne va pas la laisser se noyer sans l’aider. Qu’il est gentil, n’empêche, ce Razen. Un véritable héros des temps modernes, aux aventures aussi épiques que des pizzas aux brocolis. L’italien, l’espagnol et le russe, tout y passe lorsqu’il s’agit de parler pour ne rien dire. Ce n’est pas tant le fond intellectuel du babillage qui est pertinent mais le fond sonore que ça provoque. Il a pris leur discussion en même, son sourire malicieux et rieur est abonné à ses lèvres, ses mains s’agitent pour traduire ce qu’il veut dire. « Au moins, ton espagnol n'a pas l'air trop mauvais... » Simulant la plus profonde fierté, il répond un petit « Merci, je m’y applique » très sérieux. Ou pas. Dans des moments comme celui là, Razen est incapable de rester sérieux, il n’y a qu’à observer avec quel acharnement il tente de justifier son apprentissage du russe. « Si tu tiens vraiment à apprendre le russe, je pourrais te l'apprendre. En commençant par le plus important évidemment... les insultes. » L’anglais ne retient pas un petit rire, se redressant sur le canapé. Il essaye de s’imaginer Anastasia. Involontairement. Il essaye de dessiner ses courbes en partant de ce qu’il en sait. Il essaye d’imaginer son sourire, l’éclat de ses yeux. Tout en forme, tout en sensation, en chaleur et en caresse, cela fait des années qu’il ne se souvient plus des couleurs et de leur spectre continu. Pour lui, voir s’assimile aux formes, s’assimile aux odeurs. Et son sourire, sans qu’il n’en prenne conscience, devient rêveur et absent. Il en oublierait presque de parler, tiens. Fichtre alors, ce serait dommage. « C’est très important les insultes, Anya. » Il est très sérieux, Razen. Seul ce petit éclat de rire dans son sourire, à défaut d’être dans ses yeux, le décrédibilise. « C’est la base de la communication interculturelle, d’ailleurs. Le socle de la compréhension entre les peuples, le point commun entre toutes les civilisations ! Anastasia, écoute moi bien : les insultes sont un vecteur de paix, une petite graine précieusement plantée qui grandit, grandit pour donner une explosion de métaphores croustillantes. » Il s’emporte, le Razen, dans ses bêtises. Parce qu’une fois lancé, on ne l’arrête vraiment plus. « Ce serait un cadeau sans égal que tu me ferais, à m’offrir ces petites briques élémentaires qui me permettront à l’avenir de discuter sans barrière avec tes pairs et de toucher du bout du doigt toute la richesse du parler russe. » Il arrive à bout d’inspiration, finalement, presque déçu de n’avoir argumenté qu’une poignée de seconde sur le sujet. Et se demandant aussi où il va chercher toutes ces âneries.
Quelque part dans sa tête, à n’en pas douter parce qu’il continue sur sa lancée, l’aveugle. Tant qu’Anya ne l’interrompra pas de toute manière, il continuera de parler et de faire la conversation. Les langues étrangères sont d’ailleurs le terrain parfait, ses pensées continuant de tourbillonner autour de la russe sans vouloir s’arrêter un seul instant de la happer, de l’imaginer, de la projeter et de se soucier de son état. Elle lui a manqué, c’est une conclusion inévitable, et Razen s’aperçoit qu’il ne peut que vouloir l’entendre dire que la réciproque est vraie. « T'en fais pas. C'est l'intention qui compte, et puis je suis sûre qu'elle est très bonne, ta pizza. On va juste attendre un peu pour la manger, si ça ne t'ennuie pas... » Petit sourire fier, il cache son trouble grandissant. « Pas de souci, de toute manière, j’ai plus faim » Ou de moins, pas faim de pizza. Son index heurte l’épaule d’Anya, joueur. De plus en plus joueur, le Razen, de plus en plus à l’aise, il prend des libertés. Comme si quoique ce soit le retenait avant. Des libertés guidées par ce doute latent qui commence à un peu l’agacer. Et à le faire déraper, se questionner. « Pour être tout à fait honnête... aucune idée. Trois ou quatre mois ? Je ne sais pas. » Son éclat de rire contamine Razen qui est pourtant bien plus sérieux. Trois, quatre mois ? Si peu ? Lorsqu’il touche les gens, le mutant les connait bien. Très bien. Habitué depuis le temps à filtrer ce qu’il sait, il n’a pas laissé libre court à la puissance de sa mutation depuis des années, se privant par la même occasion des migraines désastreuses qui le submergeaient au début. Sauf qu’à force de contact, il connait les personnes. Par petites touches, comme un impressionniste, il devine un peu plus à contact de leur personnalité. Et Anastasia, il a appris à la connaître à force d’étreinte, de caresses. S’il ne sait pas ce qu’il se passe dans sa tête, s’il ne connait rien de son passé, il voit ses cicatrices, connait son odeur, s’est imprégné petit à petit de son caractère. Trois, quatre mois, donc, voilà qui lui semble incroyablement peu. Et si long.
Tout en parlant, ses mains ont trouvé toutes seules l’épiderme d’Anya. Des nœuds de tension, des crispations… ses doigts grimpent dans la nuque de la russe, caressent le grain de sa peau sans la moindre gêne. Il demande l’autorisation d’aller plus loin, n’ayant jusque là pas jugé beaucoup de la demander plus tôt. De toute manière, Anya est habituée à ce côté tactile qu’il ne cache ni ne bride. « Si tu savais... » Un sourire songeur s’étire sur ses lèvres. Oh si, il sait justement. S’il n’a aucune idée de ce qu’il se passe dans la tête d’Anya, il a une idée relativement précise de la santé de son organisme. Il forme un tout, le corps de la russe. Un tout qu’il a exploré, un tout qu’il comprend, un tout qu’il caresse. « Vas-y, je t'en prie. Si tu parviens à défaire ce paquet de nœuds, tu seras mon héros... » Son héros ? Un petit rire, il la sent se rapprocher, s’installe plus confortablement pour que ses deux mains se mettent au travail dans la nuque d’Anastasia. « Je relève le défi, tu vas voir, ça va te faire du bien. » Il a beau rien n’y voir, il sait y faire. Il a même conscience qu’elle vient de fermer les yeux. Sous ses doigts, sa mutation se libère au rythme de sa respiration. Il la sent se détendre, lentement, très lentement, alors qu’il presse les nœuds pour les délier. « Dis-moi... tu es certain de n'être venu que pour discuter autour d'un café ? » Les mouvements de Razen s’arrêtent une fraction de seconde. C’est une bonne question, ça. Et pour être tout à fait honnête, il n’en a foutrement aucune idée, l'imbécile heureux. « Initialement, je venais plutôt manger une pizza, tu sais, le café, ça a été le petit extra. » Il ne laisse jamais une question sans réponse, il cherche toujours à dire quelque chose le temps de réfléchir au reste. Et le reste, dans le cas présent… Il finit par hausser les épaules. Le sous-entendu d’Anya est plutôt clair et, en toute honnêteté, il ne voit pas trop ce qu’il aurait à se reprocher ou à regretter. Ou même, il ne voit pas trop de quoi il pourrait avoir honte. Ah, si, peut être ce massage qui se transforme en caresse. Et ces mains qui deviennent un chouillas baladeuses. Et ce petit rire dans sa voix, taquin, malicieux, joueur qui prend le dessus. « Après, si tu veux, on peut toujours faire autre chose que parler. Je connais une technique de massage très… » Sa main descend avec lenteur le long des courbes de la russe, comme pour mieux lui laisser le temps de le repousser, si jamais. « très efficace » Sauf que… sauf qu’il s’aperçoit à mi-chemin que… non. Il n’est pas venu pour ça. Clairement pas. Et c’est étrange. Ils ne sont pas du genre à parler des heures. Ils ne sont pas du genre à parler tout court. Ou juste ce qu’il faut. Et… Ses caresses se transforment en chatouilles : Razen est brutalement incapable de continuer. « Allez, ose moi me dire que tu es encore tendue, là. » Il connaît tous les points sensibles de la russe, sans avoir besoin de réfléchir.
Sujet: Re: just some kind of friends, nothing more. ☼ pv anya Jeu 23 Juin 2016 - 10:57
just some kind of friends, nothing more
THERE'S A DRUMMING NOISE INSIDE MY HEAD THAT STARTS WHEN YOU'RE AROUND. I SWEAR THAT YOU COULD HEAR IT IT MAKES SUCH AN ALL MIGHTY SOUND. THERE'S A DRUMMING NOISE INSIDE MY HEAD THAT THROWS ME TO THE GROUND. I SWEAR THAT YOU SHOULD HEAR IT IT MAKES SUCH AN ALL MIGHTY SOUND. LOUDER THAN SIRENS, LOUDER THAN BELLS, SWEETER THAN HEAVEN AND HOTTER THAN HELL (ambiance).
Anya savait qu'elle jouait à un jeu particulièrement dangereux avec le Townshend. Il n'était d'ordinaire pas dans ses habitudes de fréquenter le même homme aussi longtemps et aussi régulièrement. En Russie, c'était une chose qu'elle n'aurait jamais faite. Mais beaucoup de choses avaient changé depuis qu'elle avait quitté sa patrie, vers laquelle elle n'avait aucune intention de retourner. Que son père s'y trouve ou non, sa vie était à Radcliff à présent. Elle y avait trouvé quelques amis, un toit, et Sasha y était heureuse, et c'était le plus important aux yeux d'Anya. Peut-être finirait-elle par s'autoriser à effleurer le bonheur du bout des doigts, elle aussi... Mais en attendant, elle se contentait de ces moments passés avec Razen, sans songer à ce qu'ils représentaient ni à ce qui suivrait. Une fausse relation sans lendemain, voilà de quoi il s'agissait entre eux. C'était ce à quoi Anya était habituée, elle ne connaissait rien d'autre. Sa vie à Saint-Pétersbourg ne l'avait pas autorisée à expérimenter le quotidien normal d'une jeune femme de son âge, et Razen s'en doutait sans doute. Anya n'était pas une demoiselle comme les autres, cela se voyait au premier coup d'œil, s'entendait à la première conversation. Il y avait quelque chose de brisé en elle, et les démons qui l'habitaient n'avait nullement l'intention de déménager. Si Razen vouait vivre une aventure avec une femme simple et sans problèmes, il avait mal fait son choix. Mais quelque chose disait à Anya qu'il avait parfaitement conscience de ce qu'il faisait avec elle, et cela même s'ils ne se connaissaient en fin de compte pas si bien que cela. Et Anya l'admettait bien volontiers, elle n'avait jamais fait l'effort de chercher à en apprendre plus sur la vie privée de son amant, persuadée que moins elle en savait, mieux elle se portait. Pas de sentiments parasites, pas de sentiments un tantinet trop développés... Pas d'ennuis à la clé.
Entre Razen et elle, ce n'était pas une question de café ou de politesses. Depuis la première fois, c'était une relation purement physique, dissimulée derrière un joli baratin pour meubler les silences gênants et ne pas risquer de passer pour des bêtes sauvages dont la conduite n'était dictée que par le plus primaire des instincts. À mesure que les mains du Townshend glissaient sur sa peau, à la recherche des nerfs tendus, Anya se détendait, tout en sachant parfaitement où ce petit jeu risquait de les conduire. Elle le savait – comme à chaque fois – sans pour autant que cela ne l'ennuie ou ne l'agace d'une quelconque façon. Au moins, avec Razen, les choses étaient simples. La simplicité de la vie, Anya ne la connaissait que trop peu, voilà pourquoi elle embrassait à pleine bouche leur relation – peu importait ce qu'elle était, en fin de compte. C'était le genre de chose qu'elle n'aurait jamais pu s'accorder à Saint-Pétersbourg, alors que Nikolaï et ses sbires avaient toujours des yeux sur elle, elle ne pouvait pas faire le moindre geste ou prononcer le moindre mot sans que ce ne soit répété à son mafieux de beau-père. Il ne lui manquait pas le moins du monde, pas plus que sa sotte de mère. La seule chose – personne – importante qu'elle avait ramenée de Russie, c'était Sasha. Et l'une comme l'autre, elles étaient bien mieux loties dans ce petit patelin des USA qu'elles ne l'avaient été dans la grandiose Saint-Pétersbourg, qui avait pris pour elle des allures de cage dorée. Radcliff, ce n'était peut-être pas Los Angeles ou New-York, mais c'était un endroit où elles pouvaient se reconstruire et vivre, tout simplement. Anya sourit en songeant à sa petite sœur assise sur les bancs d'une école qu'elle adorait, à jouer avec ses petites camarades qui l'aidaient à apprendre leur langue. Sasha n'avait jamais été aussi épanouie qu'ici, cela valait tous les sacrifices.
Anya soupira longuement alors que le massage se transformait en caresses, et elle ne fit pas un geste pour repousser Razen. Elle aimait toujours jouer à ce petit jeu dangereux, en sachant pertinemment qu'elle pouvait décider au dernier moment de le repousser, il respecterait sa décision et ne chercherait pas à la faire changer d'avis. C'était ce qu'elle appréciait chez lui, le respect qu'il avait pour elle malgré la teneur physique de leur relation. Des hommes qui ne savaient pas prendre un non pour ce qu'il était, Anya en avait connu bien trop. Le milieu dans lequel elle avait été élevée ne s'embarrassait pas de quelque chose d'aussi... futile que le respect de la femme. « Je serais curieuse de savoir ce que tu entends par "très efficace"... » Curieuse, Anya ne l'est pas vraiment. Elle pense savoir exactement ce qu'il sous-entend. Il ne lui fallut qu'une poignée de secondes pour réaliser qu'elle avait tort, et un cri aussi strident que ridicule lui échappa lorsque le Townshend se mit à la chatouiller comme un enfant, et Anya s'agiter en tous sens pour essayer de lui échapper, comme elle le faisait quand c'était Sasha qui décidait de l'attaquer de la même façon. La jeune femme éclata ensuite de rire, tentant vainement de se défaire des mains de Razen. Cela devait faire des semaines, voire des mois, qu'elle n'avait pas autant ri. Et cela lui faisait le plus grand bien, c'était comme lâcher prise. Pour la première fois depuis une éternité, Anya donnait l'impression de faire son âge. Elle n'était finalement qu'une jeune femme de vingt-cinq ans qui avait vécu l'enfer.
« Okay, okay, je me rends ! T'as gagné, je me rends ! », couina-t-elle entre deux éclats de rire, à moitié étendue sur le canapé. « Arrête, j'arrive plus à respirer ! » Elle pouffa, prit une profonde inspiration, avant de décider d'attaquer Razen à son tour. Ses mains glissèrent sous sa chemise et elle aussi se mit à le chatouiller, complètement au hasard, cherchant à lui rendre la pareille. Anya était incapable de se souvenir de la dernière fois où elle s'était amusée de la sorte. Avait-elle jamais eu le droit de se laisser aller à de tels enfantillages ? Elle n'avait jamais eu d'amis, n'avait eu le droit de fréquenter personne en dehors de l'école... Alors peut-être était-ce même la première fois qu'elle se chamaillait gentiment ainsi. « Tu fais moins le malin là, hein ?! » Il y avait un éclat joyeux dans sa voix, le genre qu'elle ne réservait normalement qu'à Sasha. Razen s'était pointé chez elle avec une pizza, et finalement elle pourrait le remercier d'être parvenu à lui rappeler que tout n'était pas noir, ou un enchaînement sans fin de catastrophes et drames en tous genres.
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Sujet: Re: just some kind of friends, nothing more. ☼ pv anya Mer 6 Juil 2016 - 23:11
Just some kind of friends, nothing more
Anastasia & Razen
Ses mains commencent à la connaître plutôt bien, davantage que ses yeux, davantage que ses oreilles, davantage que tout le reste. Les mains de Razen, et par leur biais sa mutation, sont vecteurs de savoir et de curiosité. Et ce sont aussi elles qui lui servent de regard, de manière très détournée. Il commence à la connaître, la Russe qui fourmille sous ses doigts, sous ses mains expertes. Est-il venu uniquement pour un café, ou une pizza, quoiqu’il puisse arguer, quoiqu’il puisse dire ? Honnêtement… Razen n’en sait strictement rien. Et la question d’Anya le force à s’interroger et à se poser devant cette interrogation alors qu’il aurait bien aimé ne pas y penser, tout simplement et continuer à laisser ses mains mener la danse avec leur expertise coutumière. S’il n’est pas venu que pour grignoter ? Il répond sans réfléchir alors qu’en arrière plan, son cerveau turbine. Pour rien. Rapidement, ses épaules avortent un semblant de réflexion et rendent les armes dans un haussement explicite. Le sous-entendu d’Anya est clair, limpide, translucide même pour un aveugle tel que Razen. Surtout pour un aveugle tel que Razen. Ses mains se font plus douces, dérivent même un peu plus loin que la nuque seule de l’humaine. Oh, si elle n’attend que ça, il ne va pas la faire attendre, ça ne le dérange pas. Loin de là. Où du moins en est il persuadé. D’une voix amusée, joueuse, presque immature, Razen attrape la perche que lui tend Anya, transforme son massage en caresses.
Fréquenter aussi longtemps une même femme, ce n’est pas dans les habitudes du mercenaire. D’ordinaire, d’ailleurs, il ne peut même pas vraiment dire qu’il fréquente quelqu’un puisque ça se limite à une soirée. Ou une semaine. Sympathiser pendant des mois, dans une relation aussi ouverte qu’inexistante, c’est une première pour l’Anglais, une première depuis Gillian il y a des années de cela. Et encore, il s’empresse de corriger ses pensées : entre Gillian et lui, il y avait incontestablement quelque chose de bien plus fort que la simple amitié qui le lie actuellement à la Russe. Bien plus fort. Et bien plus destructeur aussi, ce n’est pas pour rien s’il a décidé de ne plus retomber dans le piège aussi facilement. Dans tous les cas, avec Anya, le problème ne se posait pas. Et c’était tant mieux. Et moins prise de tête.
Au fur et à mesure que les mains de l’aveugle dégringole l’épiderme d’Anya, il la sent se détendre sous son toucher. Et il sent de manière plus diffuse qu’elle sait aussi bien que lui vers où ils vont et qu’elle n’y oppose aucune résistance. Strictement aucune. Un sourire qu’il capte du bout des doigts, un soupir qu’il capte au creux de ses oreilles, Razen continue à jouer, dans une promesse de massage d’un autre genre. « Je serais curieuse de savoir ce que tu entends par "très efficace"... » Le sourire de Razen, déjà taquin, devient coquin. Très efficace, oui, bien sûr, il est capable de lui faire oublier tous ces soucis sans trop de difficulté, et de laisser lui aussi les siens à la porte. Seulement… pas cette fois. De coquin, son sourire redevient simplement malicieux en une fraction de seconde, après un instant de flottement imperceptible. Non, il n’est pas venu pour ça, il est juste venu pour la voir. Juste pour… parler. Renouer contact. La voir, oui, tout simplement. Et ça, plus que tout le reste, finalement, arrive à le déstabiliser. Jusqu’à ce qu’il redevienne maître de lui-même, toujours aussi prompt à ne pas laisser l’hésitation le tétaniser. Brutalement, ses caresses se transforment en chatouilles. Sans crier gare. Et l’éclat de rire d’Anya vaut toutes les récompenses du monde, le poussant à intensifier son attaque pour la faire rire, et la faire rire encore. Qu’elle s’essouffle de rire, il ne s’en lasse pas. Certainement pas. Et sa mutation qui lui permet de tout comprendre, il lui découvre un nouvel avantage. S’il sait où caresser une personne pour lui faire fermer les yeux de béatitude, il sait aussi effleurer les points les plus sensibles avec la délicatesse d’une plume. Et transformer ça en cruel supplice. « Okay, okay, je me rends ! T'as gagné, je me rends ! Arrête, j'arrive plus à respirer ! » Dans un éclat de rire, parce qu’il s’est joint à elle à il ne sait trop quel moment, dans un éclat de rire bien plus grave que le sien, il la libère enfin. « Ahah, tu t’avoues vaincue ?! » Il se redresse dans un large sourire. Encore. Avant de s’étirer, comme un vainqueur après un terrible effort. Erreur. Grossière erreur. Il sent avec un temps de retard se glisser sous sa chemise des mains baladeuses qui l’attaque à son tour, le faisant se plier en deux dans un éclat de rire. « Tu fais moins le malin là, hein ?! » S’il ne se débat pas complètement, bien moins chatouilleux qu’Anya sur ce domaine là, bien qu’il simule un chouillas, il en profite, presque par réflexe, plus qu’inconsciemment même, pour reprendre le dessus. Littéralement. Ses mains emprisonnent celles d’Anya en geste de défense, ils basculent sur le canapé, allongé, le souffle court l’un comme l’autre. Il ne la voit peut être pas, plus même lorsqu’il lâche ses mains pour s’appuyer sur l’accoudoir, encadrant la tête de la russe de ses deux mains, mais il sent sa respiration s’entremêler à la sienne, à quelques centimètres l’un de l’autre. « En effet, je fais bien, bien moins le malin. » Un sourire goguenard. Encore. Il faut croire que Razen passe son temps à sourire, de toute manière, et encore plus en présence de la Russe. D’ailleurs, il se retrouve à faire des pompes, pour trouver son front. Hum. Il rectifie le tir, ses lèvres embrassent le bout du nez d’Anya avant d’enfin atteindre leurs cibles premières. « Tu vois, je suis complètement… » Il embrasse la commissure des lèvres d’Anya. « terrifié… » Il est un peu bête, le Razen, lorsqu’il s’y met. Il veut faire le malin, avec son petit sourire et son regard vide dirigé vers les yeux d’Anya. Sauf qu’il est aveugle, l’imbécile, aveugle et pas aussi sportif qu’il aimerait le croire. Et il dérape, son pied surtout, et le voilà qui tombe du canapé dans un petit cri bien aigu qui laisse transparaître sa terreur, aussi profonde que temporaire, lorsque la chute envahit ses nerfs et les paralyse.
Son dos heurte la table basse, l’étourdit et son cœur bat la chamade. Sur son visage, son sourire est parti, bien évidemment, submergé par une panique que l’aveugle n’arrive pas à cacher. Sa main tâtonne à sa droite, se cogne contre la table, contre une tasse de café qu’il espère vide sans trop avoir d’espoir. Ses autres doigts, eux, s’agrippent au canapé, me noient sous les informations pour le maintenir à flots et lui offrir ce que ses yeux refusent de lui donner : quelque chose à quoi se raccrocher. Un point de repère. « Anya ? T’es là ? » Question bête, mais c’est la terreur qui parle.