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 it's raining men (marvily)

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Marvin Smedry
Marvin Smedry

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SUR TH DEPUIS : 29/03/2016
MessageSujet: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeDim 29 Mai 2016 - 16:24

it's raining men
Cecily & Marvin



Il pleut. Forcément. Il fallait qu’il pleuve. Lorsque j’arrête de courir, je suis trempé jusqu’aux os. Mes cheveux plaqués dans ma nuque me chatouille, l’eau dégringole mon front, mes joues, mes bras, mon corps en cascade. Et la moindre brise me glace le sang. Il pleut : il fallait forcément qu’il pleuve aujourd’hui. Un regard me suffit pour être certain que même si la nuit est déjà tombée, l’obscurité n’est pas juste due à l’absence de soleil. Et les nuages amoncelés au dessus de ma tête, l’orage qui tonne, les éclairs qui marbrent le ciel à rythme régulier… je suis perdu. Je ne reconnais plus rien autour de moi, j’ai beau faire des tours sur moi-même pour chercher un point de repère dans les rues obscurcies par ce bel orage de mois d’août, je ne reconnais rien. Forcément. Mes jambes me tirent, comme pour mieux me faire comprendre que je ne les utilise pas assez pour leur demander une telle fuite sans prévenir, sans échauffement. Un pas, deux pas maladroits, j’ai les bas croisés, serrés contre ma poitrine qui tentent de me réchauffer. Sans grand succès. Il faut que j’aille chercher de l’aide, vraiment. Il faut que je trouve un nom de rue, un nom de quartier, un abribus : n’importe quoi mais il faut que je trouve quelque chose. Pour me sortir de la tête le cauchemar qui me pendait au nez depuis mon retour d’Australie et qui m’est tombé dessus sans crier gare. Ça a commencé par une énième dispute. Rien de bien dramatique, nos haussements de ton ont toujours été plus que récurrents. Puis Josh s’en est mêlé et, pour la première, la toute première fois depuis mon retour définitif à Radcliff, mon fils a pris mon parti. Je suis incapable de savoir pourquoi il a fait ça mais alors que je me réfugie sous un porche, les yeux hagards, je ne peux que me faire la réflexion que… mon fils a pris mon parti. Ouvertement. En regardant sa mère adorée dans les yeux, avec une lèvre mordillée d’un petit qui prend sur lui pour faire ce qu’il pense être juste. A ce moment là, j’aurais dû m’en douter qu’Helen n’allait pas laisser ça. Mais j’étais trop estomaqué pour comprendre ce que ça impliquait. Et la journée est passée. Et lorsqu’elle a glissé cette lame contre ma gorge, je n’ai rien vu venir.

La pluie. Elle dégringole dans ma nuque, s’immisce dans mon tee-shirt trempé. S’infiltre dans ma poitrine. La moindre brise et je me recroqueville, humainement frigorifié. Je vais attraper la crève mais… Ma main file à mon cou, pour mieux tracer la ligne brûlante qu’a laissé son poignard sur ma gorge un peu plus tôt. Une mise en garde. Explicite. Un ultimatum, un avertissement. Ça ne laissera même pas de cicatrice, pas plus que les découpes minutieuses qu’elle a faites dans mon dos, lacérant mon tee-shirt pour mieux esquinter ma peau sur la surface. Il ne faut pas que ça se voit, il ne faut surtout pas que ça puisse se voir. Juste un avertissement, pour que je me souvienne que Josh est à elle et que l’incident n’a pas intérêt à se reproduire si je ne veux pas qu’elle enfonce sa lame plus loin. Je m’adosse au mur, sentant mes plaies légères rendues hypersensibles. Elle n’a même pas eu besoin de parler pour que je sois terrifié. Il est beau, il est fort l’ex soldat des forces spéciales, tétanisé pendant qu’une lame menaçait sa vie sans qu’il ne puisse faire le moindre geste. L’estafilade sur ma gorge, ça a été sa réponse à mon coup de pied pour me dégager. La plaie plus profonde dans le bas de mon dos, la conséquence de mon coup de coude et du cocard qu’elle va arborer pendant un temps. La blessure qui rend poisseux mes cheveux, le résultat de cette lutte au corps à corps qui m’a fait sortir vainqueur. Et de la baraque. Je suis parti en courant, je n’ai pas cherché à réfléchir, je me suis juste enfui dans un réflexe de survie pire que pathétique. Et me demandant comment j’aurais fait si j’avais été en fauteuil lorsqu’Helen a décidé de venir me rappeler que de nous deux, c’est elle qui a l’ascendant dans tous les cas, qui aura toujours l’ascendant. Je suis perdu. Sans savoir comment je vais pouvoir retourner chez moi après ça. Elle ne peut pas me tuer. Vraiment pas. Elle risquerait trop gros à m’éliminer, elle peut juste tenter de m’intimider de la façon la plus insidieuse qu’il soit. Et là, encore une fois, le coup que je lui ai porté au visage pour me défendre va me porter préjudice alors que les coups que j’ai au corps pourront être suffisamment bien caché pour que personnes ne les voient. Il faut que je trouve un allié. Ou une alliée. Il faut que je… Blackwood. Je déglutis. Il n’y a ironiquement que vers elle que je puisse me tourner vu qu’il est hors de question que je… un frisson dégringole ma jambe droite lorsque je me rends compte que le froid s’en est évaporé. Perte de sensibilité. Elle est là, je la sens encore, mais elle ne m’envoie plus d’informations autres que son existence pure et simple. Bien. Si je comprends bien comment fonctionne mon organisme, j’ai une heure, juste une heure, avant de perdre l’usage de ma jambe, voire de mes jambes si l’autre commence aussi à déconner. Il faut que je bouge.

Et que non seulement je me mette en quête d’un indice sur ma localisation dans la ville mais que je parvienne aussi à me souvenir de son adresse ou… oh. Mes doigts viennent chercher mon téléphone dans la poche de mon jean. Trempé, comme le reste. Et avec si peu de batterie que je me demande comme il fait pour s’allumer encore. Je tente comme je peux de le protéger, cherche dans mes mails l’adresse que j’ai noté machinalement lorsqu’elle est venue faire des démarches à la mairie. Coup de chance, comme pour mes jambes fonctionnelles jusque là. Oh, oui, mes jambes… je lâche un soupir en me décollant de mon abri et en lançant le GPS de mon portable en désespoir de cause, je n’ai que le temps de voir ma localisation dans la ville avant de voir le téléphone s’éteindre. Mais au moins, j’ai une vague idée d’où je suis et de la direction que je dois emprunter. C’est déjà ça. Et il ne faut pas que je tarde. Me frictionnant la poitrine en sautillant, je ferme les yeux pour visualiser mon trajet approximatif avant de commencer à courir. Quelle heure il est ? Aux dernières nouvelles plus de vingt-trois heures. Et je perds l’équilibre trois fois avant d’atteindre le bon quartier, je m’écroule une fois avant d’atteindre le bon numéro. Et lorsque je m’appuie au lampadaire, c’est pour…

Hésiter. Sauf que… je ne sens plus rien dans ma jambe gauche depuis vingt minutes maintenant. Et ma jambe droite n’est plus qu’un poids mort. Je n’ai plus vraiment le choix : il faut que je sonne, il faut que j’accepte de lui demander de l’aide, au risque qu’elle ne se pose des questions. Je passe au dessus du portail, je me glisse jusqu’à la porte où mon poing s’abat par trois fois. Pitié, faites qu’elle soit là. Du bruit, je n’attends même pas que la porte s’ouvre. « Blackwood, Cecily, c’est… Marvin, Marvin Smedry. Je… j’ai besoin d’aide. S’il vous plait.  » Je tremble. Il fait encore chaud, malgré la fin du mois d’août, mais… le vent qui me gifle depuis plus d’une heure et demi a rendu mes lèvres bleues de froid. « Il fait froid. Et mouillé.  »

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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeDim 29 Mai 2016 - 22:24

it's raining men
Marvin & Cecily



Une tasse de thé fumante à la main, j'observais la pluie s'abattre avec force et fracas sur les vitres de ma maison. C'était une chose que j'appréciais : le sale temps, la pluie, la boue, le vent... Quand j'étais tranquillement installée chez moi, au chaud, profitant d'un délicieux thé vert aux agrumes que j'avais rapporté dans l'après midi d'une petite épicerie du centre ville. La pluie ne me rendait pas mélancolique ou déprimée, comme bon nombre de personne. Au contraire, elle avait un effet cathartique sur mon humeur, elle me berçait et m’apaisait. Me détournant de la fenêtre, je soupirais d'aise et retournais m'asseoir dans mon canapé. Une semaine bien remplie s'était écoulée, et je n'étais pas fâchée de la savoir terminée. Un gros dossier venait d'être bouclé, j'étais rentrée me prélasser dans un bain brûlant, me vider la tête devant une émission ridicule, et je pouvais à présent me poser calmement devant le prochain dossier que j'avais à traiter. Quitte à occuper ma soirée, autant que ce soit avec quelque chose d'utile et d'intelligent. Une affaire banale, un meurtrier à mettre sous les verrous... J'avais tout de même l'impression que c'était plus que monnaie courante dans cette ville. Les meurtres se multipliaient, et j'avais entendu parler des méthodes de l'ancien maire, à commencer par cet effroyable groupe de chasseurs sans pitié qui agissait dans les rues en toute impunité. On ne pouvait que féliciter la population d'avoir eu suffisamment de jugeote pour voter pour un autre candidat lors des dernières élections. Où allait le monde si le meurtre et le crime étaient légalisés ? Où étaient les limites ?

Soupirant, je feuilletais quelques pages, annotais un paragraphe et ouvrais un carnet qui me servait de pense bête. J'allais arriver à une page vierge, quand mon regard fut attiré par quelques phrases griffonnées dans un coin du carnet. Le résultat de mon dernier entretien avec Marvin Smedry, cet... Insupportable ex-militaire, ex-agent spécial, ex-type potentiellement sympathique, ex-tout ce qu'on pouvait imaginer de plus horripilant sur Terre. Je ne savais pas ce qui m'agaçait le plus chez lui. Sa trop grande franchise un brin blessante ou son humour totalement déplacé. Si je ne pouvait que reconnaître sa ténacité et sa détermination, pour le reste... J'avais plus souvent envie de le frapper que de lui offrir un café. Et dire que son épouse... Enfin future ex-épouse, puisque j'étais partie à lister les ex, m'était encore plus antipathique. J'avais bien compris les menaces qu'elle semblait faire peser sur lui, tout en essayant d'avoir systématiquement l'air aimable, courtois, poli... La parfaite petite femme au foyer propre sur elle, en fin de compte ! Peut-être Marvin cherchait-il à me faire avaler une histoire qui n'avait ni queue ni tête, mais à force de côtoyer Helen, je sentais de plus en plus la méfiance monter en moi, comme un frisson de dégoût qui m'aurait parcouru l'échine à chacun de ses mensonges.

Quelque chose ne tournait pas rond chez ces deux-là, et j'entendais bien le découvrir avant que les choses n'aillent plus loin dans le projet de divorce. Quand étais-je supposée les revoir ? Je n'en avais plus la moindre idée, peut-être parce que mon esprit préférait se focaliser sur des choses moins déprimantes. Tournant la page de mon carnet, j'allais commencer à écrire, quand des coups frappés à la porte me firent sursauter. Un regard sur mon téléphone me suffit pour me confirmer que 23 heures n'était absolument pas une heure pour rendre visite aux gens. Surtout par ce temps-là... Et bon sang, comment il ou elle était entré dans l'allée ? S'il y avait un portail et un interphone, ce n'était pas pour les chiens !

Méfiante, je me levais et posais ma tasse encore chaude sur le couvercle fermé du piano qui trônait au milieu du salon, vestige de mes années d'études au conservatoire. Finalement, je n'eus pas le temps d'aller jusqu'à la porte qu'une voix familière s'éleva derrière celle-ci, me faisait lever les yeux au ciel en soupirant. Smedry... Un déluge et un portail ne l'arrêtaient pas, il fallait qu'il vienne m'emmerder jusque chez moi ! D'autant que j'étais en tenue de nuit et en robe de chambre, rien à voir avec mes habituelles tailleur et escarpins à talons hauts. Bah ! Au diable les convenances, je n'allais tout de même pas me changer pour ses beaux yeux ! J'ouvrais finalement la porte pour découvrir un ex-soldat trempé comme une soupe, la mine grave et grelottant. En un mot ? Pitoyable. Ou pathétique, au choix. Je le toisais de haut en bas avec un air quelque peu blasé.

« Vous avez besoin d'aide et c'est moi qui vous venez trouver ? J'ai l'air de ressemble à mère Teresa, peut-être ? Appelez donc la police si vous n'arrivez pas à vous mettre d'accord avec votre femme... »

J'allais lui claquer la porte au nez sans ménagement quand je remarquais soudain une chose étrange... Une chose qui n'aurait pas dû être possible pour un handicapé moteur.

« Attendez une seconde... Depuis quand tenez-vous sur vos deux jambes ? Le fauteuil c'est pour attendrir les petites vieilles et les procureurs ou bien... ? »

Je poussais un profond soupir, prise d'un élan de bonté qui me poussa à m'effacer pour le laisser entrer.

« Entrez... Et retirez vos chaussures, je ne veux pas voir des traces de rangers sur mon carrelage... »

Je refermais la porte derrière moi, m'éclipsais jusqu'à la salle de bain et ramenais une serviette éponge qui avait tiédit sur le sèche serviette.

« Tenez... N'allez pas attraper une pneumo... Attendez vous êtes blessés ? »

En m'approchant de lui, à la lumière du lustre du séjour, je remarquais ses cheveux poissés de sang et une estafilade dans son cou. Je n'étais pas une experte, mais ça ne ressemblait pas franchement au genre de coupure que pouvait se faire un homme en se rasant le matin.

« Racontez-moi tout, je vais vous chercher du désinfectant. Vous voulez boire quelque chose ? »

Mon ton s'était adoucit, mon humeur considérablement apaisée, bien que teintée d'inquiétude. J'étais peut-être froide et acide, mais je n'étais pas mauvaise pour autant. Il s'était passé quelque chose, et je doutais que Marvin soit venu me voir pour autre chose que sa femme. S'il avait perdu un quelconque combat dans un bar, il n'aurait pas mis en jeu sa virilité en venant quémander de l'aide chez moi.
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Marvin Smedry
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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeSam 4 Juin 2016 - 11:54

it's raining men
Cecily & Marvin



J’ai froid. Bon sang que j’ai froid. Pourtant je devrais y être habitué depuis le temps mais… mais non. Autant la douleur, la chaleur, la fatigue, l’épuisement même, l’inconfort, autant tout ça je sais les encaisser sans le moindre problème mais le froid, le froid mordant lorsqu’on est trempé et que le vent cingle la peau comme une lanière de cuir… je chancèle presque devant la porte, incapable de sautiller comme un peu plus tôt. Pitié, bon sang pitié, faites qu’elle soit là, faites qu’elle réponde, faites qu’elle m’ouvre et me laisse entrer. Je suis trop conscient des limites de mon propre corps pour ne pas savoir que d’ici une trentaine de minutes, mes jambes ne répondront plus et je m’écroulerai. Je grelotte, lorsque j’entends bouger. Je grelotte, lorsque je frappe à la porte, lorsque je cède à l’impatience et que je parle à une porte fermée dans l’espoir qu’elle accepte de m’ouvrir. Il n’y a que vers elle que je puisse me tourner, ou du moins c’est la première personne à laquelle j’ai pensée. Et j’avais son adresse. Et c’est la seule dans Radcliff qui me connaisse bien. Et qui connaisse Helen un peu différemment que le reste du voisinage qu’elle a dans sa poche. Je commence à désespérer lorsque la porte s’ouvre enfin dans un « Oh Dieu merci… » qui s’échappe de mes lèvres bleuies de froid. Son regard, son air blasé, sa tenue, rien ne me marque pour le moment, je ne pense qu’à une seule chose : entrer me mettre à l’abri. Et au chaud. Oh oui, rentrer me mettre au chaud. Je relève la tête en m’apercevant assez amèrement que même sans ses talons, même sans mon fauteuil, je reste plus petit qu’elle. Et ô combien plus misérable. « Vous avez besoin d'aide et c'est moi qui vous venez trouver ? J'ai l'air de ressemble à mère Teresa, peut-être ? Appelez donc la police si vous n'arrivez pas à vous mettre d'accord avec votre femme... » Je serre les dents, en glissant par réflexe mon pied dans l’embrasure de la porte pour la bloquer si jamais elle se met en tête de la fermer sans plus de cérémonie. Mais je n’ai même pas le temps de m’abaisser davantage à la supplier qui son regard change. Enfin. Tiens, elle a remarqué quelque chose quelque chose clochait ? « Attendez une seconde... Depuis quand tenez-vous sur vos deux jambes ? Le fauteuil c'est pour attendrir les petites vieilles et les procureurs ou bien... ? Entrez... Et retirez vos chaussures, je ne veux pas voir des traces de rangers sur mon carrelage... » Les bras toujours crispés autour de ma poitrine, je marmonne un vague « C’est compliqué à expliquer » chargé non seulement de la faire patienter mais aussi de lui faire comprendre, approximativement, que si jamais elle veut plus explicitement la question, et bien elle aura une réponse. Je titube à l’intérieur de la baraque, secoue mes cheveux trempés comme un chien avant de m’accroupir comme je peux pour dénouer de mes doigts tremblants les lacets resserrés par la pluie. Il me faut bien le temps qu’elle aille dans la salle de bain et qu’elle en revienne, vu ce qu’elle tient entre les mains, pour parvenir à tout défaire et je crains pendant une fraction de seconde de ne pas réussir à me relever. « Tenez... N'allez pas attraper une pneumo... Attendez vous êtes blessés ? » « Merci… ce serait con, ouais… et oh, c’est compliqué ça aussi… » Mes pieds nus se glacent sur le sol, je considère mon jean qui va tremper autant que mes chaussures le reste de la baraque, mon tee-shirt qui mériterait bien d’être essoré et mes cheveux qui ne font que goûter. Bon, si elle est assez mère soin-soin pour réclamer qu’on enlève ses chaussures en rentrant, elle ne va pas aimer que je fasse office de serpillère.

C’est étrange de me voir timide, à ne pas oser entrer dans le séjour, à me contenter de rester dans le couloir de l’entrée. Les bras serrés contre moi, à me sécher au moins le crâne avec la serviette. La trace rouge qui marque d’ailleurs le tissu m’arrache une grimace. Dommage, j’espère qu’elle sait effacer les tâches de sang, sinon elle va être bien emmerdée pour la récupérer. Un pas maladroit, je passe la tête dans le salon en m’appuyant comme je peux. Deux jambes insensibles, une qui ne répond plus : il va falloir que je m’essaye sous peu. « Racontez-moi tout, je vais vous chercher du désinfectant. Vous voulez boire quelque chose ? » Je grimace. C’est éloquent comme réaction : ça devrait répondre à une partie de ses questions. Je désigne un canapé du menton. « Est-ce que je peux… m’y asseoir ? Je vais tout inonder… si vous avez un tee-shirt, un pantalon, quelque chose… je ne serai pas contre… » Et bien, déjà que de base, je ne suis pas très présentable mais là, je suis plus que pitoyable : je suis pathétique. « Quelque chose de chaud ne serait pas de refus, je suis gelé. » Je fais une petite pause, regardant Blackwood dans les yeux, pour la première fois depuis qu’elle a ouvert la porte. « Merci de m’avoir laissé entrer, je… je ne savais pas vers qui me tourner, je ne connais pas grand monde en ville. » C’est lamentable. Je prends mon inspiration, considérant la serviette rougie et trempée avant de la mettre sur mes épaules pour mieux cacher mon dos, et réceptionner les gouttes qui dégringolent encore dans ma nuque. « Vous pouvez m’aider à aller m’asseoir ? Je… ma jambe droite ne répond plus. » Je dis ça tout à fait normalement, conscient que plus ça va, plus elle va me poser des questions et exiger des réponses. « Je me suis disputé avec Helen. On… je ne vous ai pas tout dit sur elle, et sur moi. »

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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeDim 5 Juin 2016 - 11:26

it's raining men
Marvin & Cecily



Je n'avais jamais été très sociable mais n'avais jamais pour autant cherché à le devenir. J'appréciais autant la solitude que la compagnie de quelques personnes, mais dès que je pouvais fuir pour retrouver le calme apaisant de mon chez moi, je le faisais. C'était peut-être pour ça qu'à presque quarante ans, je vivais toujours seule. Combien de fois avais-je entendu cet insupportable refrain dans la bouche de ma mère, à grands renforts de « tu devrais songer à te trouver quelqu'un ! Comment feras-tu quand tu ne seras plus en âge d'avoir des enfants ? Prends donc exemple sur ton frère et Evelyn ! » Et si je ne voulais pas d'enfants ? Si je ne me sentais pas l'âme d'une mère comme Evie ? Si je préférais être mariée à mon travail plutôt qu'à n'importe quel individu ? C'était mon choix, ma vie, et je n'avais pas à le regretter.

Toujours est-il que ma tranquillité, je la chérissais... Et voir un individu débarquer en pleine nuit pour interrompre ce moment de quiétude avait le moment de m'agacer. Du moins avais-je ressentit cet agacement jusqu'à ce que je comprenne que quelque chose n'allait vraiment pas. Ce manque d'assurance, cette façon de rester en retrait... J'avais beau ne pas beaucoup connaître Marvin, je ne le reconnaissais pas. Et mon sang... Dieu merci ? Cette phrase sonnait atrocement faux dans sa bouche ! Je le laissais entrer, faisant claquer ma langue avec nervosité lorsqu'il prétendit que son absence de handicap sur le moment était compliqué à expliquer. Peu m'importait la complexité de la chose, je ne comptais pas le laisser s'en sortir comme ça.

« Écoutez... Je me fiche que tout ça soit compliqué. Votre handicap, vos blessures... Je ne suis pas une enfant, et puisque vous êtes là, j'ai toute la soirée devant moi pour écouter votre palpitant récit. »

Autrement dit, je n'avais pas l'intention de le laisser s'en sortir aussi facilement. Ma bouteille de désinfectant et du coton à la main, je le regardais en plissant les yeux. Seigneur qu'il avait l'air piteux... On aurait dit un chiot abandonné sous la pluie. Si je n'avais pas eu ces animaux en horreur, je l'aurais probablement adopté sur le champ. Dégoulinant de flotte, il n'allait pas tarder non seulement à attraper une angine, mais en plus à tout me salir. Je posais ce que j'avais dans les mains sur la table du séjour.

« Non attendez... Vous n'allez pas rester dans cette tenue, je vous apporte quelque chose. »

J'eus beau fouiller dans mon dressing, je ne trouvais rien d'autre que l'une de mes tenues de sport, suffisamment ample et sobre pour ne pas lui faire un élégant moule popotin rose bonbon. Si ça avait été le cas, je crois que je n'aurais pu m'empêcher de me moquer de lui.

« Ce sont des vêtements de femme, mais je n'ai que ça... »

Il y avait vraiment quelque chose d'étrange dans son discours, quelque chose de désespéré... Et j'avais du mal à croire que sur tous les habitants de cette ville, je sois la seule vers qui il air décidé de se tourner. Le voyant tituber, j'attrapais la première chaise venue, la tirait vers moi et attrapais le bras de Marvin pour l'aider à s'asseoir. Cette fois, il avait véritablement réussi à me rendre soucieuse.

« Vous m'avez l'air plus mal en point que vous ne voulez bien l'admettre... Ça va aller ? Asseyez-vous, je vous apporte à boire... »

Je filais à la cuisine, lançais la machine à café, et lui ramenais une poignée de secondes plus tard une grande tasse brûlante.

« Tenez... Ça va vous réchauffer. Vous allez réussir à vous changer tout seul ? Ou vous voulez de l'aide ? »

Plantant mon regard dans le sien, je lui signifiais que j'étais totalement sérieuse en lui demandant ça. Je n'étais plus une adolescente, voir un quasi inconnu en caleçon dans mon séjour ne me ferait ni rougir, ni saigner du nez. Seulement, c'était sans compter les estafilades que je risquais de voir dans son dos. Pour le moment, j'étais surtout soucieuse de l'état dans lequel il était.

« Vous dites que vous ne saviez pas vers qui vous tourner... Elle vous enferme, n'est ce pas ? Je veux dire... Elle s'est constitué un groupe d'allié, vers qui vous ne pouvez vous tourner dans une situation de ce genre, j'imagine ? »

Après m'être assurée qu'il ne risquait pas de tomber de la chaise, je me redressais et attrapais ma tasse de thé qui commençait à refroidir.

« Ecoutez... Ce soir je ne suis ni procureur ni quoi que ce soit. Vous pouvez me parler sans détour, je n'ai rien à consigner. La première fois que nous nous sommes vus, vous avez été interrompu par Helen. Vous avez l'occasion de réparer ça, alors dites-moi ce que vous avez sur le cœur... Honnêtement, vous avez vraiment l'air mal en point et je commence à m'inquiéter... »

Il était franc, mais je l'étais aussi. Il y avait quelque chose de changé dans son comportement. Et s'il me rendait soucieuse, je devais avouer que le voir aussi sérieux avait quelque chose d'agréable. Je courais moins le risque de me prendre dans la figure une quelconque remarque acerbe de sa part.
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Marvin Smedry
Marvin Smedry

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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeDim 5 Juin 2016 - 11:27

it's raining men
Cecily & Marvin



Si je ne suis pas particulièrement attaché à mon apparence, il y a quelque chose d’incroyablement gênant à ne ressembler à rien face à une femme toujours tirée à quatre épingles. Et c’est pire encore face à une femme habituellement tirée à quatre épingles, qui ne perd rien de sa superbe même si on l’habillait d’un sac. Parce qu’il faut bien le reconnaître : Blackwood joue dans une autre catégorie que moi, et je ne peux même pas lutter contre. Et si en temps normal, et bien… je n’en ai rien à faire, là, ça ne fait que mettre encore plus en avant l’état totalement misérable dans lequel je suis. Je me frictionne comme je peux dès qu’elle me laisse entrer, je fais même tout mon possible pour rester cantonné au paillasson. Compliqué à expliquer. Voilà qui résume si bien ma situation que je ne sais pas quoi rajouter de plus pour le moment. En même temps, la seule chose à laquelle je suis capable de penser, c’est d’arrêter de trembloter comme un débile et rester debout pour ne pas m’amuser à m’écrouler par terre. « Écoutez... Je me fiche que tout ça soit compliqué. Votre handicap, vos blessures... Je ne suis pas une enfant, et puisque vous êtes là, j'ai toute la soirée devant moi pour écouter votre palpitant récit. » Une grimace pour toute réaction, je grommelle un « Puisque je suis là, autant faire une soirée pyjama, ouais… » destiné autant à mes oreilles qu’aux siennes. De toute manière, je savais bien en prenant la direction de sa baraque que j’allais forcément devoir passer aux aveux. Je fais un pas hésitant dans sa direction avant de me rendre compte que : un, je ne vais pas pouvoir rester debout bien longtemps, et deux, je vais transformer son salon en piscine si je m’obstine à rester dans ces habits plus que trempés. « Non attendez... Vous n'allez pas rester dans cette tenue, je vous apporte quelque chose. » Je serre les dents dans un sourire crispé en la voyant disparaître vers ce qui doit être sa chambre.

J’ai beau me demander ce que je fous là, et surtout me demander si c’est une bonne idée d’être venu ici précisément, je ne peux pas nier que je me sens bien plus en sécurité dans une maison que dans la rue, sous la pluie. Au moins, Helen ne viendra pas me chercher là. Au moins, il n’y a aucun risque qu’elle me retrouve, du moins pour la soirée. Au moins. « Ce sont des vêtements de femme, mais je n'ai que ça... » Je sursaute. Je ne me suis même pas aperçu que j’avais fermé les yeux… ah ça oui, il est bon le militaire surentraîné. Des vêtements de femme ? « C’est pas grave, tant que c’est sec et plus ou moins androgyne, ça me va… » Okay, le tee-shirt risque d’être un peu trop serré vu ma carrure, je ne pouvais pas espérer mieux. Et je ne suis heureusement pas du genre à me plaindre, loin, très loin de là. Bien au contraire. Je fais un pas, chancèle bien malgré moi, attrape le bras qu’elle me présente pour mieux m’écrouler avec la dignité que je peux rassembler sur la chaise qu’elle a tirée dans ma direction. « Vous m'avez l'air plus mal en point que vous ne voulez bien l'admettre... Ça va aller ? Asseyez-vous, je vous apporte à boire... » Un sourire, encore un, de plus en plus sincère au fur et à mesure que je cesse de trembler. Ce serait con, tout de même, d’attraper une pneumonie fin août, elle n’a pas tort bon sang. Con et effroyablement… con. Il n’y a pas d’autre mot. « Ca va aller, ne vous en faites pas… promis, je vais rester assis là sagement. » Un clin d’œil, je considère les vêtements qu’elle m’a passés d’un regard un peu plus critique maintenant que je ne risque plus de perdre l’équilibre. Au moins, en dehors de la forme, ils ne sont pas trop ridicules. Elle m’évite le débardeur ou le rose fushia. « Tenez... Ça va vous réchauffer. Vous allez réussir à vous changer tout seul ? Ou vous voulez de l'aide ? » J’attrape la tasse pour m’empresser de la tenir entre mes doigts tremblants, je ne tarde même pas à tremper mes lèvres pour mieux m’étrangler. Vous voulez de l’aide ? Encore heureux qu’elle ait l’air sérieuse, sinon elle se serait pris le café dans la tronche sans plus de cérémonie. Au lieu de ça, je sollicite ma jambe encore fonctionnelle pour me redresser et poser la tasse sur la table la plus proche, à côté du désinfectant. « Non, ça devrait aller. Des habits secs, un café noir et un abri, c’est tout ce dont j’avais besoin. » Oui, ce sont encore des remerciements. Il faut croire que ma franchise brutale n’a pas que des mauvais côtés parce que je n’hésite pas à lâcher ce genre de remarque lorsqu’il le faut. Et là… sincèrement là… je plie vaguement la serviette sur la chaise pour mieux enlever mon tee-shirt, ou ce qu’il en reste. J’ai plus senti que vu son couteau glisser sur ma peau, je ne me rends vraiment compte du sadisme d’Helen qu’en observant le tissu découpé. J’en oublie presque d’écouter Blackwood qui ne compte vraiment pas rester dans le flou. Une chose de plus que je respecte chez elle. « Vous dites que vous ne saviez pas vers qui vous tourner... Elle vous enferme, n'est ce pas ? Je veux dire... Elle s'est constituée un groupe d'allié, vers qui vous ne pouvez vous tourner dans une situation de ce genre, j'imagine ? Ecoutez... Ce soir je ne suis ni procureur ni quoi que ce soit. Vous pouvez me parler sans détour, je n'ai rien à consigner. La première fois que nous nous sommes vus, vous avez été interrompu par Helen. Vous avez l'occasion de réparer ça, alors dites-moi ce que vous avez sur le cœur... Honnêtement, vous avez vraiment l'air mal en point et je commence à m'inquiéter... » Je délaisse le tee-shirt pour froncer les sourcils. « La première fois ? Oh… oui… je vois. » Bon. Les choses marrantes ont commencé. Je soupire, tentant de plier mon tee-shirt trempé comme je peux. Je ne suis pas maniaque, je ne suis même pas ordonné, je suis juste un militaire, formaté pour l’ordre, les paquetages optimisés, les lits faits au carré en moins de temps qu’il n’en faut pour tousser. Ranger, Optimiser l’espace, se faire discret, ce n’était pas ma nature à la base mais ça l’est devenu sans que je m’en rende compte. « Bon déjà… j’imagine que ça ne changera rien que je vous le dise mais… ne vous inquiétez pas pour moi, ça va aller. J’ai juste… bon, d’abord je me change, ensuite je vous explique. » Un claquement de langue, je me rends compte que je ne sais ni par où commencer ni vers où aller. Comme un peu plus tôt dans la rue, je suis perdu. Sauf que je n’ai pas mon portable pour me guider, même une fraction de seconde. Je me pince l’arête du nez pour réfléchir, avant de me décider à enfiler ce tee-shirt qui, comme prévu… est un peu serré. Moins que ce que je craignais mais tout de même, il vaut mieux faire sécher l’ancien que le dégager. Mes doigts filent à ma ceinture, bataillent un instant pour la détacher. Heureusement qu’elle n’est pas procureur ce soir, sinon la situation aurait été relativement... gênante. Déjà que ce n’est pas non plus la chose la plus habituelle que de me foutre en caleçon devant une femme que je ne connais, au final, que très peu… voilà. Le pantalon de sport mis, je remercie l’expert en marketing qui a conçu les survêts unisexes, c’est la vie. J’essaye de faire de mon jean et mon tee-shirt le tas de tissu le plus petit avant de tituber le mettre sur le carrelage du hall d’entrée et revenir m’écrouler, de justesse, sur ma chaise, pour mieux récupérer ma tasse de café. « Bon sang que ça fait du bien de se sentir sec. Je vous revaudrai ça, Blackwood. » J’avale une gorgée de café avant de commencer à sérieusement réfléchir.

« Vous dîtes qu’elle m’enferme… c’est plus compliqué que ça. Disons que… Helen est installée à Radcliff depuis… je en sais plus quand, honnêtement. Plus de dix ans, c’est sûr. Du coup, elle a ses amis, ses connaissances, les voisins la connaissent… et moi, je ne connais personne parce qu’en dix ans, j’ai pas dû cumuler plus de vingt mois dans le coin. Et faites pas de remarques, s’il vous plait. Bref. Du coup… » Mes doigts partent à mon cou retracer la ligne brûlante, superficielle mais brûlante, qui l’esquinte. « C’est elle qui m’a fait ça. Et puisque toutes mes connaissances sont les siennes avant tout… elle m’aurait retrouvé et… je préfère attendre qu’elle soit calmée… » J’ai l’impression de soulever davantage de questions que je n’apporte de réponse. Un soupir, encore, un énième soupir. Il faut que je trouve un autre angle d’attaque. Mon regard se perd en direction de mes habits trempés pour revenir en direction de mes jambes. Insensibles. Les deux ne répondent plus, maintenant, comme la plupart du temps. « Que savez-vous des… mutants, Cecily ? Si je peux vous appeler Cecily ? » Ca me semble être un bon point de départ. Totalement sorti de nulle part mais… elle comprendra la logique plus tard.


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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeDim 5 Juin 2016 - 11:45

it's raining men
Marvin & Cecily



« Puisque je suis là, autant faire une soirée pyjama, ouais… »

Je levais les yeux au ciel, pas la moins du monde amusée parce qu'il venait de dire. Je ne comprenais pas pourquoi il était venu me trouver. Il n'y avait rien entre nous sinon un dossier et quelques messages échangés au sujet de son épouse. J'étais une représentante de la justice faisant son travail dans l'affaire qui l'impliquait, pas son... Son amie, sa confidente, ou qui que ce soit d'autre de suffisamment proche pour qu'il vienne spontanément me voir. Je lui tendais les vêtements avant de me diriger vers la cuisine pour lui faire un café. C'était tout de même ironique de voir qu'il m'était bien plus agréable lorsqu'il était trempé comme une soupe et vulnérable. Qu'avait-il bien pu se passer avec Helen pour qu'il en vienne à fuir en pleine nuit ? L'adorable mère de famille s'était-elle transformée en harpie de la pire espèce ? Difficile à dire... Si j'avais dû la juger en l'absence de son époux et dans un cadre personnel, je l'aurais probablement trouvée agréable. Énervante au possible pour sa soit disant bonté d'âme, mais agréable. Seulement... J'avais comme l'impression que sous le masque d'ange se cachait le visage d'une sorcière. Ou de Méduse, au choix... Dans un sens, ça aurait pu expliquer la paralysie de monsieur, elle avait dû changer ses jambes en pierre... Mais je digressais et ce n'était clairement pas le moment pour le faire. Ma tasse de thé dans les mains, je m'appuyais contre le bord du piano en l'observant, haussant un sourcil devant ce qui ressemblait à un... Merci ? Et bien ! Du progrès !

« Je vais prendre ça pour des remerciements et vous dire qu'il n'y a pas de quoi... », dis-je en esquissant mon premier sourire de la soirée.

Sourire qui se figea alors que Marvin commençait à retirer son t-shirt comme si c'était tout à fait naturel de faire ça sous mes yeux, au milieu de mon salon. Certes, je lui avais proposé mon aide mais.. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'il ait aussi peu d'hésitation à se changer ici. Trop estomaquée, j'en oubliais de lui proposer d'attendre dans la cuisine qu'il ait fini d'enfiler des vêtements secs. Déjà parce que j'étais chez moi, ensuite parce que si ça ne le dérangeait pas... Moi non plus. Je me fichais royalement de savoir qu'un type était en train de se changer chez moi, je n'avais plus quinze ans... En revanche ses frusques trempées sur ma table, c'était autre chose. Penchant légèrement la tête sur le côté, je remarquais une trace rouge dans son dos et plissais les yeux. Faisant mine d'aller poser ma tasse sur la table, je contournais la chaise et remarquais alors qu'il s'agissait de plusieurs estafilade relativement récentes et superficielles, dont le sang avait dégouliné avec l'eau dans son dos. Pourtant, je restais muette, préférant ne pas trop l'assommer de questions pour le moment. Après tout, il évoquerait peut-être la chose de lui-même.

« Ne pas m'inquiéter pour vous ? Navrée, mais c'est trop tard. Vous débarquez chez moi à 23 heures passées, trempés, l'air hagard et en vous étant visiblement battu avec quelqu'un, et vous espérez que je vais rire et vous proposer de regarder Dirty Dancing pour passez la soirée ? Vous en avez de belles... »

Je le laissais alors terminer de se changer, trouvant la situation décidément bien trop étrange pour moi. Pendant qu'il semblait peiner à se dépêtrer dans son pantalon trempé, je m'empressais d'aller mettre un peu d'ordre dans les papiers qui traînaient sur la table basse du salon. Au moins, ça m'évitait d'avoir l'impression d'être une voyeuse reluquant un semi-handicapé en train d'enfiler un pantalon. En me retournant vers lui, je ne pus m'empêcher de sourire, me retenant à grand peine de pouffer de rire.

« Au moins vous ne risquez pas d'avoir un feu de plancher avec le pantalon... Ça serait même le contraire... »

La taille mannequin versus le soldat court sur pattes. Un second remerciement, et je me contentais de hocher la tête en souriant. J'allais lui demander de m'appeler Cecily plutôt que Blackwood, ce qui avait le don de m'agacer, mais déjà il reprenait, et je préférais ne pas l'interrompre. Je l'écoutais simplement parler, suivant son geste lorsqu'il parti effleurer ce que je n'avais pas vu jusqu'à présent. Une autre marque laissée par une lame ou un autre objet contondant. Une autre question qui commençait à trouver une réponse. C'est elle qui lui avait fait ça. Elle qui, pour une raison qui m'échappait encore, l'avait menacé au point de laisser une marque physique sur sa peau et de le forcer à fuir de chez lui. Je l'avais sous les yeux, la preuve tangible de la dangerosité de cette femme. Je n'avais que la parole de Marvin en guise de témoignage, mais j'avais tout de même un élément réel en sa défaveur. Quelque chose qui serait susceptible de faire pencher la balance plus tard. Décroisant les bras, je m'approchais de lui sans un mot et soulevais son menton de manière à voir l'égratignure dans son cou. J'y passais un doigt, me rendant compte qu'elle était peu profonde, et m'emparais du désinfectant. Je l'appliquais avec une délicatesse quelque peu maladroite sur la blessure, puis tournais les yeux vers lui.

« C'est bien ce que je dis. Elle vous enferme. Pas physiquement, pas dans une cage, mais elle vous enferme au sein d'une communauté qu'elle a rallier à sa cause, communauté qui, si vous venez trouver l'un de ses membres, se retournera forcément contre vous. Mon pauvre ami, il va falloir vous faire des amis ici, si vous compter lui survivre... »

Je posais le coton tâché de sang sur la table, me redressais et croisais à nouveau les bras. Sa dernière question me laissa un instant sans voix, et je sentis mon cœur s'accélérer dans ma poitrine. Savait-il... Savait-il qui j'étais ? Une mutante moi aussi, cherchant à tout prix à rester discrète en gardant secrète ma fierté pour ma nature ? Mon regard se fit plus froid, et mon visage se ferma.

« J'allais vous le proposer, oui... Je préfère amplement que vous m'appeliez par mon prénom que par mon nom... Et je sais des mutants ce qu'il y a à en savoir. Ce sont des individus lambda, à ceci près que certains peuvent lire dans les pensées de leurs congénères ou faire jaillir du feu de leurs mains. Je sais aussi que cette ville a été dirigée par un véritable paranoïaque de la nature mutante. Pourquoi cette question ? Vous en êtes un et votre femme vous a menacé parce qu'elle œuvre pour l'autre camp, quelque chose comme ça ? A moins que ça ne soit l'inverse... »

Si c'était le premier cas, ça ne m'aiderait pas à avoir de l'empathie pour Helen. Si c'était le second... J'étais prête à mettre Marvin dehors sans plus de cérémonie. Mais pour moi, il était clair que c'était un cas ou l'autre.

« Alors ? Vilain chasseur ou vilain mutant ? Dans un cas comme dans l'autre, ça expliquerait l'attitude de votre femme, sans pour autant la justifier. »

Je lui attrapais alors un bras, le passait par-dessus mon épaule et l'aidais à se relever pour l'amener jusqu'au canapé. A en juger par l'absence de mouvement dans ses jambes et la totalité de son poids qu'il semblait reposer sur mes épaules – et croyez-moi quand je vous dis que ancien ou non, un agent des forces spéciales pèse lourd – il ne pouvait plus bouger le bas de son corps. J'étais bonne pour lui louer mon canapé pour la nuit. Une fois qu'il fut installé dans le canapé, je m'y assis à mon tour et me tournais vers lui.

« Je vous écoute. Et pas de « cette une longue histoire » ni de « c'est compliqué. » »
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Marvin Smedry
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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeDim 5 Juin 2016 - 11:55

it's raining men
Cecily & Marvin



Je ne sais pas quoi penser d’elle. Honnêtement… ça m’a semblé logique de me tourner vers elle parce qu’elle est ma seule alliée, ma seule connaissance, la seule personne vers laquelle me tourner et qui puisse réagir mais… je ne sais plus quoi penser de Blackwood. Parce qu’elle m’a ouvert la porte, parce qu’elle me file des fringues, parce qu’elle m’offre un refuge et que la situation a beau être incroyablement surréaliste, il y a quelque chose de logique là dedans. Je ne peux pas m’empêcher de grommeler des remarques à mi-chemin entre de l’humour et du sarcasme pas méchant pour me permettre de rester conscient et de garder les pieds sur terre, malgré ma paralysie qui revient grappiller mes jambes sans me laisser le moindre repos. Je considère les habits avec un regard plus soulagé que critique, je considère la tasse de café avec un besoin fou de chaleur pour dissiper les tremblements qui s’attardent, je considère le serviette trempée et tâchée qui m’a redonné à moitié figure humaine et m’a permis de ressembler à autre chose qu’un noyé. Et des remerciements brutaux se forment sur mes lèvres, sans que je ne cherche à les retenir. On peut me reprocher ma franchise en temps normal mais je refuse qu’on s’en plaigne lorsque je sais remercier sans détour, sans voile et sans fard les gens qui me sont venus en aide. Comme elle. Je ne sais pas quoi penser de Blackwood, je ne sais pas quoi penser de son sourire lorsqu’elle me sort un « Je vais prendre ça pour des remerciements et vous dire qu'il n'y a pas de quoi... » qui étire mes lèvres à mon tour dans un sourire.

Mais nos deux sourires ne tardent pas à se figer voir disparaître lorsque le contact du tissu collé m’insupporte et que son vous voulez de l’aide me revient en mémoire. Non, je n’ai pas besoin d’aide, lui ai-je assuré : je n’ai qu’une poignée de minutes avant de perdre définitivement toute autonomie et sans tarder, j’enlève mon tee-shirt trempé et lacéré pour mieux le changer contre celui, un peu juste, qu’elle m’a tendu. Je ne prête aucune attention à son regard, je me concentre surtout pour être efficace dans mes mouvements, et pour ne pas tout tremper, tout tâcher, pour ne pas laisser trop longtemps à l’air libre mes fines coupures sans gravité qui marquent mon dos, et celle un peu plus gênante au niveau des reins. Quelques mouvements supplémentaires, le vêtement sec est dans mes mains, passe ma tête, glisse sur mes abdos et me voilà moitié changé. Tout en m’activant, je ne peux pas m’empêcher de réfléchir, de plier mes affaires et surtout de répondre à ses questions. Ou du moins, commencer à y répondre. « Ne pas m'inquiéter pour vous ? Navrée, mais c'est trop tard. Vous débarquez chez moi à 23 heures passées, trempés, l'air hagard et en vous étant visiblement battu avec quelqu'un, et vous espérez que je vais rire et vous proposer de regarder Dirty Dancing pour passez la soirée ? Vous en avez de belles... » Je m’arrête un instant pour la regarder. « Je ne sais pas, moi… ça m’aurait bien plus comme planning pour une soirée pyjama… » J’hausse les épaules en dénouant ma ceinture, en troquant mon jean lourd de pluie contre le pantalon de sport que je dois retrousser au niveau des chevilles pour ne pas risquer de me prendre les pieds dedans. Rapidement, j’achève de plier les affaires pour lui lâcher une nouvelle salve de remerciements mérités. Et d’avaler une gorgée de café. « Au moins vous ne risquez pas d'avoir un feu de plancher avec le pantalon... Ça serait même le contraire... » Loin d’être susceptible, je ricane en réponse. Et je m’attelle enfin aux explications que je lui dois.

Non, je ne pense pas qu’Helen m’enferme. Ou du moins… différemment. Je me suis enfermé tout seul en ne prenant pas la peine en plus de dix ans de m’intéresser à la vie de ma femme, en ne prenant pas le temps de connaître la ville dans laquelle ma femme et mon fils vivaient et grandissaient. Dans un sens, je ne peux vraiment m’en prendre qu’à moi-même actuellement là-dessus. Je paye mes erreurs et je les paie plein pot, avec pas mal d’années d’intérêts. Ma main retrace le parcourt du couteau d’Helen. C’est elle qui m’a fait ça. Voilà un premier véritable aveu que je lui fais, dans un soupir. Je me laisse faire lorsque Blackwood revient à la charge et me pousse à lever le menton pour appliquer sur la coupure du désinfectant que je juge complètement… inutile ? Il faudrait vraiment que j’apprenne à ne pas me comporter comme un homme de cromagnon. Que je me civilise. Je la laisse faire, à défaut de pouvoir trouver d’arguments en faveur d’une absence de soins quelconques. « C'est bien ce que je dis. Elle vous enferme. Pas physiquement, pas dans une cage, mais elle vous enferme au sein d'une communauté qu'elle a ralliée à sa cause, communauté qui, si vous venez trouver l'un de ses membres, se retournera forcément contre vous. Mon pauvre ami, il va falloir vous faire des amis ici, si vous compter lui survivre... » Je ne peux pas m’empêcher de grimacer devant la justesse de ses propos. Elle n’a pas tort, c’est une sorte d’enfermement même si je ne peux toujours pas m’empêcher de savoir que c’est de ma faute, en partie. Torts partagés, comme la garde de Josh qu’on se dispute depuis notre retour d’Australie. Sauf que…

Sauf qu’il faut que ça change. Je soulève certainement des questions. Et il faut que j’y apporte des réponses, sans quoi Blackwood se retournera certainement contre moi ou du moins, je la perdrai en tant qu’alliée. Et c’est une alliée qui m’est précieuse. Très précieuse. Un soupir, un nouveau soupir, mes yeux se perdent sur mes jambes. C’est un point de départ, pour lui expliquer. Que sait-elle des mutants ?

Je ne suis pas formé pour analyser les comportements, pour décrypter le moindre mouvement de sourcil. Je ne suis même pas formé pour me fondre dans une population, pour moi-même cacher ce que je pense. A la rigueur, je suis formé pour garder mon sang-froid en n’importe quelle circonstance mais ça n’implique en rien de garder pour moi-même mes émotions. Aussi j’ai bien du mal à savoir ce que cache son attitude et ce visage qui se ferme. Soit elle n’aime pas vraiment les mutants, soit elle n’aime pas qu’on aborde leur sujet, soit c’est tout simplement le fait que je l’appelle Cecily qui la perturbe. « J'allais vous le proposer, oui... Je préfère amplement que vous m'appeliez par mon prénom que par mon nom... » D’un petit sourire, je raye mentalement la dernière option. Plus que deux. « Et je sais des mutants ce qu'il y a à en savoir. Ce sont des individus lambda, à ceci près que certains peuvent lire dans les pensées de leurs congénères ou faire jaillir du feu de leurs mains. Je sais aussi que cette ville a été dirigée par un véritable paranoïaque de la nature mutante. Pourquoi cette question ? Vous en êtes un et votre femme vous a menacé parce qu'elle œuvre pour l'autre camp, quelque chose comme ça ? A moins que ça ne soit l'inverse... » Je fronce les sourcils, déstabilisé. Je n’arrive toujours pas à savoir ce qu’elle en pense réellement. Et je n’arrive même pas à savoir si c’est ça qui me perturbe ou bien le fait qu’elle ne semble absolument pas s’inquiéter de côtoyer des personnes capables de lire dans les pensées ou de mettre le feu à un bâtiment d’un froncement de sourcils. Ou tout simplement qu’elle ait tout de suite trouvé ce que cachait véritablement ma question. « Alors ? Vilain chasseur ou vilain mutant ? Dans un cas comme dans l'autre, ça expliquerait l'attitude de votre femme, sans pour autant la justifier. » Je grimace. Vilain chasseur ou vilain mutant ? La réponse est ironique puisque les deux sont exacts, elle a touché dans le mille. Vilain chasseur, vilain mutant, j’ai été les deux, je ne suis plus ni l’un ni l’autre. J’ai juste vaguement les séquelles des deux inscrits dans ma chair. Comme le prouve ce bras qu’elle me tend, le poids que j’impose en étant incapable d’esquisser un pas, malgré tous mes efforts pour chercher dans mes jambes un soupçon de présence. Je m’écroule sur le canapé au moment où elle m’y dépose, tire sur mes jambes pour les plier comme si j’étais assis normalement, dans un simulacre d’illusion. « Je vous écoute. Et pas de « cette une longue histoire » ni de « c'est compliqué. » Je garde les yeux fixés sur la table basse pendant une poignée de secondes. Pas de c’est compliqué ? Soit, je vais donc effacer la moitié de la réalité pour ne me concentrer que sur le plus simple. « Je ne sais pas quoi penser de vous, Cecily. Ou du moins… c’est affreusement déconcertant de voir à quelle vitesse vous avez cerné le problème à partir d’une seule question… » Je laisse retomber mon dos sur le dossier du canapé, avant de me souvenir que je risque de le tacher et de me redresser immédiatement. « Savez-vous quelle est l’excuse officielle pour mes jambes ? » Question rhétorique : qu’elle la connaisse ou non, ça ne fait aucune différence finalement. « Mi-juin, mon hélicoptère a eu un disfonctionnement en entraînement. Nous étions trop haut pour que je puisse nous poser, trop bas pour sauter et déployer le parachute. Je n’ai pu que perdre le contrôle et l’appareil s’est crashé. Et j’ai assisté au crash du sol où je m’étais téléporté. L’appareil a explosé sous mes yeux, avec toute mon unité à bord. Je suis rentré à l’hôpital en pleine forme, Helen est passée me voir, m’a injecté je ne sais trop quel vaccin et je suis ressorti en fauteuil. » J’hausse les épaules. Je suis incapable de dire pourquoi j’en parle avec un tel détachement, si ça camoufle une amertume douloureuse ou juste une profonde indifférence. Ma mutation… elle n’a consisté qu’en une téléportation. Salvatrice, mais unique. Ce qui me blesse le plus, au final, c’est la conséquence du vaccin, c’est de savoir que je suis vulnérable et le jouet des moindres sautes d’humeur de ma femme. « Helen est une chasseuse, je suis… j’étais un mutant. Et je refuse ne serait-ce que d’imaginer voir mon fils être vacciné par cette tarée s’il s’avère que je lui ai transmis mes gênes. Voilà ce que j’aurais du vous dire, Cecily, la première fois qu’on s’est vu. » Sauf que le chantage d’Helen est redoutable et que son emprise sur moi est bien trop vicieuse pour que je parvienne à m’en défaire. Je lâche un énième soupir. « Ce soir… c’était juste une mise en garde. Si je ne m’étais pas défendu, rien n’aurait été visible, juste… de piqûres de rappel. Mais… j’ai riposté et ça a un peu dégénéré. Et je suis parti en courant, parce que je savais que mes jambes allaient me lâcher et que… je ne veux pas vraiment m’imaginer ce qu’elle peut faire à un paralytique… » J’ai un petit rire jaune. Je découvre ma femme. Après plus de dix, douze ans de mariage. C’est triste, tout de même.

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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeMar 7 Juin 2016 - 1:33

it's raining men
Marvin & Cecily



J'avais curieusement l'impression d'avoir une toute autre personne devant moi. Comme s'il avait toujours le même visage mais une manière totalement différente de parler, réfléchir... C'était assez déstabilisant pour moi, je ne savais ni comment appréhender ses réactions, ni comment me comporter avec lui. D'un côté, je ne pouvais humainement pas le mettre à la porte avec un parapluie sur la tête en le priant de rentrer chez lui, mais d'un autre la procureure en moi avait tiré la sonnette d'alarme. C'était mon client, je devais être capable de le juger de la même manière que sa femme, seulement en lui parlant ainsi, je prenais le risque de ne plus être totalement impartiale. D'ailleurs, même si cette entrevue n'avait rien à voir – ou du moins pas directement – avec le travail, j'aurais dû la consigner pour signifier à Helen que j'avais vu son mari. Pour être équitable, j'aurais dû... Mais n'aurais-je pas alors couru le risque de la voir s'acharner plus encore sur Marvin ? Ce qui était sûr, c'est que si je parlais, je perdrais immédiatement la confiance de ce dernier. Bon sang... Quelle idée avait-il eu de venir me voir ? Je ne pouvais décemment plus fermer les yeux sur tout ça. Ses blessures, même superficielles, son désarroi, la peur, quelque part... Seulement je savais que plus je m'impliquerais dans cette histoire, plus mon impartialité serait remise en question. Arriverait un moment où je serais forcée de me délester de cette affaire, si j'en venais à privilégier un parti malgré moi. Voilà pourquoi je me tenais tant à l'écart des Hommes ! C'était plus facile d'en savoir le moins possible sur le plan affectif, ça évitait de s'investir !

Seulement cette fois, je me retrouvais devant le fait accompli, cerné par deux belligérants dont une folle furieuse qui traçait des lignes sur le corps de son mari à défaut de faire comme tous les gamins en prenant une feuille et un crayon. C'est ça qu'elle comptait enseigner à son fils ? Comment obtenir n'importe quoi de papa en lui gribouillant des horreurs de la pointe d'un couteau ? Malgré moi, je sentais l'antipathie naître à l'égard d'Hélène. Bien sûr que Marvin n'était pas tout blanc, et il méritait sûrement plus d'une paire de baffes pour tout ce qu'il lui avait fait subir. Mais souffrir n'était pas une excuse pour imprimer son désaccord sur le corps de son époux. C'était finalement presque malsain, comme attitude, fourbe qui plus est. Un frisson me parcouru l'échine lorsque j'essayais d'imaginer ce qui aurait pu arriver si Marvin avait été incapable de bouger les jambes, comme la première fois où je l'avais vu. Jambes qui commençaient d'ailleurs à de nouveau cesser de lui répondre. Et lorsqu'il n'aurait plus de sensation dans le bas du corps, le haut suivrait-il ? Je me retrouvais avec un handicapé sur les bras, sans fauteuil, sans quoi que ce soit d'adapté... Et je n'était pas dotée d'une force surhumaine ou à défaut de muscles de sportif. Le simple fait de le traîner jusqu'au canapé m'avait suffit. Alors qu'il me fixait bizarrement, m'avouant qu'il ne savait pas trop quoi penser de moi, j'esquissais un sourire.

« Déduire et émettre des hypothèses fait partie de mon boulot, vous savez. Disons que j'ai déjà rencontré des problèmes de ce genre... Mutants et chasseurs cohabitants font rarement bon ménage. »

Il y avait de l'amertume dans ma voix, et pour cause. Unique mutante dans une famille d'humains ordinaires, confrontée à la violence de plusieurs de mes semblables qui s'en étaient pris à ma jeune sœur, j'avais pris de plein fouet la haine et la rancœur de mes frères à leur égard. Jamais ils n'avaient levé la main sur moi, mais je savais qu'ils avaient tué des gens comme moi. Des mutants. Des dégénérés comme certains nous appelaient. D'un autre côté, je me sentais étrangement flattée par la remarque de Marvin et fronçais les sourcils en sentant le rose me monter aux joues. N'ajoutant rien pour autant, je me calais nerveusement dans le canapé et écoutait la suite de son récit. Juin, hélicoptère, accident... Puis la téléportation. Je haussais un sourcil, puis mon visage se para d'un voile d'horreur à peine dissimulé. Helen l'avait vacciné. A peine avait-il commencé à se remettre, à encaisser le coup suite à la mort de tous ses équipiers qu'elle le privait de ce qui lui avait sauvé la vie... Et de ses jambes par la même occasion. Cette fois je ne pouvais décemment pas prendre sa défense : cette femme était le diable en personne et une véritable harpie. Si elle avait vacciné son mari, qui sait ce qu'elle pourrait encore lui faire s'il la contrariait ? Je n'osais m'imaginer dans son cas, si Nathaniel ou Adrian avait choisi de me vacciner de force... Mon génome réduit à une normalité déconcertante et les effets secondaires anéantissant mon système immunitaire ou me privant de l'un de mes sens... Et puis le sentiment d'être un monstre, une erreur aux yeux de mes proches. J'avais du mal à concevoir le concept de chasse aux mutants, car il revenait pour moi à du meurtre de masse et de l'intolérance pure et dure.

Tout se mettait en place dans mon esprit, mais je n'arrivais pourtant pas à tout comprendre. Lorsqu'Helen disait aimer Marvin, elle avait réellement l'air sincère. Même seule, elle m'avait confié ne pas vouloir de ce divorce pour bien d'autres raisons que l'argent, et même si je restais méfiante, je ne pouvais nier qu'elle avait l'air honnête. Comment une femme aimant son mari pouvait-elle le menacer et chercher à le blesser de la sorte ? Ça n'avait aucun sens... En revanche ce qui en avait...

« Je comprends mieux pourquoi elle ne vous a pas laissé m'en parler. Si beaucoup choses penchent en sa faveur quant à la garde de Josh, la crainte de la vaccination inverse la tendance. Si votre fils s'avère être un télépathe ou même capable de créer ce qu'il veut par la pensée, il aura bien du mal à le cacher à sa mère. Les vaccins peuvent avoir des effets secondaires ravageurs, j'ai appris il y a peu que certains étaient mortels. »

Paralysie musculaire provoquant l'arrêt respiratoire ou cardiaque, tumeur cérébrale, maladie dégénérative... Quand le NH25 ne privait pas un individu de son libre arbitre et d'une partie de lui-même, il tuait. A petit feu, douloureusement, dans la terreur...

« Il est évident que votre fils est en danger, si sa mère est capable de le vacciner. Mais... Êtes-vous capable d'évoquer la question devant un tribunal ? Pensez-vous être suffisamment en sécurité, vous et votre fils, si vous mentionner cela devant un public ? Même superficielles, vos blessures sont le reflet d'un sadisme évident. Qu'Helen ait ou non des circonstances atténuantes n'excuse en rien ce qu'elle vous fait subir... Vous avez peur, n'est ce pas ? Pas la peine de faire jouer votre orgueil masculin, j'y suis insensible. »

S'il n'avait pas eu l'usage de ses jambes, qu'aurait-elle fait de lui ? Il fallait bien avouer que l'on pouvait reconnaître une chose à Marvin : il était honnête mais n'extrapolait rien. Son récit était neutre, sans blâme à l'encontre de sa femme, et il avouait s'être défendu et l'avoir probablement blessée elle aussi. Une chose que j'appréciais chez lui et qui manquait cruellement à miss Maléfique.

« Il y a une chose que je ne comprends pas, en revanche... Une mise en garde contre quoi ? Qu'est ce qui a déclenché tout ça ? »

J'avais l'air calme, mais intérieurement j'étais en état d'alerte. Josh était-il en danger ? Et combien de temps s'écoulerait entre cette étrange soirée et le moment où Helen apprendrait que Marvin se trouvait chez moi ? Elle n'aurait alors aucun mal à m'accuser de corruption et remporterait la partie haut la main. Je me sentais lentement dériver dans un camp, et je savais que c'était mauvais pour le dossier.

« Et il n'y a pas que ça... Je suis en train de trop m'impliquer dans votre histoire. Ne vous en sentez pas coupable, mais je suis obligée de prendre parti étant donné les derniers événements, et malgré toute l'impartialité dont je peux faire preuve habituellement, un avocat de bas étage n'aurait aucune difficulté à prouver que je suis corrompue d'une manière ou d'une autre... »

Relevant les yeux vers Marvin, j'achevais d'une voix tranchante et sans appel.

« Il m'est difficile de ne pas prendre votre défense dans cette histoire. Bien plus qu'il y a quelques mois. Je ne peux pas rester aveugle et sourde plus longtemps. »

Voilà pourquoi je refusais toujours de dîner ou boire un café avec mes clients, voilà pourquoi je ne cherchais jamais à en savoir plus que le nécessaire à leur sujet... Pour ne pas me retrouver dans cette situation. Pour ne pas me mettre à apprécier un type qui perdrait sûrement son procès à l'arrivée.

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Marvin Smedry
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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeDim 12 Juin 2016 - 11:31

it's raining men
Cecily & Marvin



Je ne sais vraiment pas quoi penser d’elle. Et pourtant… je suis tellement à la dérive que je n’arrive même pas à me montrer un minimum méfiant. Tout ce que je sais, c’est qu’elle m’a ouvert sa porte et que quoiqu’elle puisse en penser, ça signifie beaucoup. Peut être trop, même. Parce que elle n’a pas tort lorsqu’elle dit qu’Helen m’enferme, elle est loin d’avoir tort : aussi étrangement déprimant que cela puisse paraître, Blackwood est ma seule alliée en ville, ma seule véritable alliée face à Helen et je suis bien forcé de l’admettre.

Je ne sais pas quoi penser d’elle, lorsqu’elle ne semble même pas montrer d’hésitation à m’aider à me déplacer, pour ne pas dire carrément me porter, jusqu’au canapé. Un grognement, j’essaye de m’installer confortablement, j’essaye de ne pas être trop lamentable et pathétique, autant que je le puisse, du moins, en tentant surtout de lutter contre cette colère qui consume mes pensées comme à chaque fois que je perds à nouveau l’usage de mes membres. Il y a quelque chose de terrible, d’horrible à les retrouver pour quelques heures ; ça rend ma paralysie encore plus cruelle qu’elle ne l’est déjà. Et répondre aux questions qu’elle me pose, lui donner l’histoire et les réponses que Cecily méritent, ça a au moins la conséquence d’écarter mes pensées de cet apitoiement qui me menace dangereusement. Et que j’exècre de tout mon être. Pas de c’est une longue histoire ? Soit, c’est comme elle veut mais qu’elle ne vienne pas se plaindre après coup que je laisse quelques broutilles de côté comme le fait que j’aie moi-même été un Hunter. Et à ce propos… la voir cibler si aisément le cœur de ce conflit insidieux qui m’oppose à Helen est déstabilisant. Ce que je ne lui cache pas. « Déduire et émettre des hypothèses fait partie de mon boulot, vous savez. Disons que j'ai déjà rencontré des problèmes de ce genre... Mutants et chasseurs cohabitant font rarement bon ménage. » J’hausse les épaules pour toute réponse. Ne font pas bon ménage… si seulement… avec Helen, notre ménage n’a été bon pendant des années que grâce à mon absence, nos disputes se faisant de plus en plus épuisantes au fil des années et de mes permissions. J’hausse les épaules, n’ayant finalement aucun avis sur la question. Parce que si Helen m’a vacciné… elle ne m’a pas tué. Ce qui me laisse perplexe – tout en m’arrangeant bien. Je ne m’attarde donc pas vraiment là-dessus, préférant me concentrer sur les réponses que Blackwood attend depuis bien trop de minutes maintenant. Pour ne pas dire de semaines.

Je suis factuel. J’ai toujours été très factuel. Habitué depuis des années à faire des rapports aussi complets que concis à mes supérieurs, je ne suis pas un homme qui va se perdre dans des détails futiles, bien au contraire. Je vais droit au but, je dresse un portrait schématique de la situation, restant neutre sans même m’en rendre compte, conditionné, formaté pour l’efficacité. Rapidement, je dresse le portrait du contexte, de mon hélico, de son crash, de ma survie… Je verrouille avec force la douleur d’une cicatrice qui refuse de guérir à la seule pensée de mes frères et sœurs d’arme morts dans ce crash. Même si je suis suffisamment lucide pour ne pas me tenir rigueur de l’explosion, il y a un soupçon de culpabilité qui sommeille dans mes pensées à la seule idée que j’en sois l’unique survivant. Et que j’étais aux commandes de l’engin. Un sentiment de culpabilité injustifié que je refuse de considérer, préférant me concentrer sur l’instant présent, sur ma colère contre Helen, sur mon fils, sur cette vie que je suis obligé d’accepter, sur mon handicap qui me force à tout recomposer… j’ai bien trop à penser pour m’attarder sur le contrecoup du deuil que je ne fais, au final, que repousser et repousser encore. Ma vaccination, à côté de ça, n’aurait fait office que d’anecdote si elle n’avait pas eu les conséquences qu’on lui connait. Que je lui connais et que Blackwood découvre… les traits de son visage qui se tendent me laissent songeur et interrogateur. Je n’arrive pas à les interpréter aussi facilement qu’elle, mes questions. Mais j’imagine que… elle doit connaître des mutants ou bien en être une elle-même. C’est bien ma veine. Je finis par me taire, ayant fait le tour d’horizon nécessaire. Je finis par me taire, dans un rire amer et une conclusion qui veut tout dire. Je suis un jouet entre les mains d’Helen, je n’ai aucune autonomie et je l’ai frappée, au visage, ce qui va forcément me retomber dessus. Je relève les yeux en direction de la blonde. Dans l’attente d’une réaction, au mieux, de… d’une indifférence complète au pire ?

« Je comprends mieux pourquoi elle ne vous a pas laissé m'en parler. Si beaucoup choses penchent en sa faveur quant à la garde de Josh, la crainte de la vaccination inverse la tendance. Si votre fils s'avère être un télépathe ou même capable de créer ce qu'il veut par la pensée, il aura bien du mal à le cacher à sa mère. Les vaccins peuvent avoir des effets secondaires ravageurs, j'ai appris il y a peu que certains étaient mortels. » Je grimace à cette simple phrase. « M’en parlez pas, ma paralysie se bornent à mes quatre membres pour le moment, mais je me demande ce qui arrivera si un jour elle s’étend à mes muscles respiratoires… » Josh. Mutant. Cette perspective me glace d’effroi, surtout que je me demande aussi quelle serait ma réaction si mon fils s’avérait capable de lire dans mes pensées. Je ne le vaccinerai pas, ça non. Je ne me tuerai pas non plus, je ne suis pas taré à ce point. Mais le rejet ? La peur ? Le dégoût ? Je les sais totalement à ma portée, j’ai bien réussi à le refouler aux extrêmes limites de ma conscience pendant des années comme pour faire payer à Helen de m’avoir arraché un gamin dont je ne voulais pas. J’ai peur de voir qu’elles seraient mes réactions si Josh s’avérait tenir plus de moi que prévu. Je préfère garder mes pensées pour moi dans un soupir et une nouvelle grimace, d’inconfort cette fois, lorsque je sens un peu plus le tissu s’accrocher à mes blessures, roulant des épaules, jouant des omoplates pour trouver une position plus agréable.

« Il est évident que votre fils est en danger, si sa mère est capable de le vacciner. Mais... Êtes-vous capable d'évoquer la question devant un tribunal ? Pensez-vous être suffisamment en sécurité, vous et votre fils, si vous mentionner cela devant un public ? Même superficielles, vos blessures sont le reflet d'un sadisme évident. Qu'Helen ait ou non des circonstances atténuantes n'excuse en rien ce qu'elle vous fait subir... Vous avez peur, n'est ce pas ? Pas la peine de faire jouer votre orgueil masculin, j'y suis insensible. » Je cesse immédiatement de bouger. Mon orgueil masculin ? Je ne pense pas faire partie de cette espèce pas si rare que ça d’imbéciles qui pensent qu’un mec est forcément une quantité de muscles inversement proportionnelle à celle de neurones et qui se prennent davantage pour des gorilles que pour des êtres humains. Si j’ai peur ? N’est-ce pas évident ? « Cecily… Il est hors de question d’évoquer ça devant un tribunal. Déjà parce que je n’ai aucun moyen de protéger efficacement Josh, ensuite parce qu’il a six ans, je ne veux pas qu’il sache que sa mère a charcuté son père, enfin parce que… » Je ferme les yeux, le temps d’inspirer. « Ce serait stupide de dire que je n’ai pas peur, ouais… » J’hausse les épaules, encore, avant de lever les yeux au ciel et de lâcher un soupir. « … et je n’ai beau pas posséder l’orgueil masculin démesuré que vous me prêtez, ça ne me tente pas vraiment de m’afficher en victime et en mari battu. Surtout que d’ici demain, les plaies seront résorbées et Helen aura parsemé la salle de bain d’éclats de verre pour faire remarquer à quel point son mari n’accepte pas son handicap et persiste à se mettre en danger en refusant de l’aide. » Il y a quelque chose de terrifiant à m’entendre comme ça, avec une telle facilité, composer un mensonge aussi plausible qu’imparable. Parce que même si je ne connais finalement pas Helen tant que ça, je la sais capable d’avoir le même raisonnement que moi, et surtout être capable de le ficeler bien mieux pour le rendre inattaquable. Je secoue la tête. « Là-dessus… Helen est intouchable pour le moment. »

Intouchable. Contrairement à moi. « Il y a une chose que je ne comprends pas, en revanche... Une mise en garde contre quoi ? Qu'est ce qui a déclenché tout ça ? Et il n'y a pas que ça... Je suis en train de trop m'impliquer dans votre histoire. Ne vous en sentez pas coupable, mais je suis obligée de prendre parti étant donné les derniers événements, et malgré toute l'impartialité dont je peux faire preuve habituellement, un avocat de bas étage n'aurait aucune difficulté à prouver que je suis corrompue d'une manière ou d'une autre... Il m'est difficile de ne pas prendre votre défense dans cette histoire. Bien plus qu'il y a quelques mois. Je ne peux pas rester aveugle et sourde plus longtemps. » Si le début de ses questions s’apprêtait à recevoir des réponses de ma part, la fin de son intervention au contraire… J’aimerai me lever pour quitter la pièce mais je ne peux que me contenter de sentir mon visage se fermer bien malgré moi. Déjà que je ne sais pas quoi penser d’elle, mais en plus je ne sais pas quoi penser de… de ce qu’elle me dit. « Attendez… qu’est ce que vous êtes en train de sous-entendre ? » Je m’appuie sur mes bras pour me relever mais c’est bien évidemment une tentative de fuite complètement vouée à l’échec. « Grosso modo, en venant vous voir, j’ai perdu ma seule amie ? » Hum. Amie n’est pas le terme adapté. « J’ai perdu ma seule alliée, plutôt ? Parce que… bon sang,… vous allez être obligé de dire à Helen que je me suis… réfugié chez vous, j’imagine ? Quoique… » Il est beau, le Marvin efficace, concentré, factuel, direct… Je me disperse, tandis que je tente de rassembler les conclusions auxquelles je ne peux que parvenir. « Vous êtes trop impliquée parce que vous êtes une mutante vous-même, ou parce que vous en connaissez, c’est ça ? Je n’aurais jamais dû vous en parler, c’était… stupide de ma part. » A dire vrai… je n’aurais même jamais dû foutre les pieds ici en sachant ce que ça allait impliquer. Mais maintenant, il est trop tard. Bien trop tard pour faire demi-tour. En réfléchissant, je laisse mes doigts courir sur ma gorge, tracer la ligne brûlante qui y subsiste. « Josh a pris ma défense. » Je reprends brusquement. « C’est ça qui a tout déclenché. Jusque là, Helen me laissait faire plus ou moins parce qu’elle était certaine de gagner. Mais… Josh a pris mon parti dans une de nos disputes et… elle a tenu à me rappeler qu’il valait mieux qu’au mieux, j’abandonne, au pire, je perde. » Je me mords la lèvre, avant de me redresser pour passer ma main au niveau des reines, effleurer la plaie bien plus profonde qui ne s’est pas encore arrêtée de saigner. Il faudra que je songe à la désinfecter. Mais pas maintenant. « Il faut que vous restiez aveugle et sourde, parce que si l’affaire passe dans d’autres mains, elle tombera dans l’un des alliés d’Helen. »

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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeLun 4 Juil 2016 - 0:32

it's raining men
Marvin & Cecily



On me reprochait souvent de manquer d'empathie, de faire preuve de trop de retenue dans mes sentiments. La pitié et les excès de pathos n'avaient jamais fait partie de ma personnalité. A vrai dire, je ne m'étais pas émue et n'avais pas versé la moindre larme depuis le jour où j'avais appris la mort d'Amelia, ma chère petite sœur. Je savais que l'effondrement d'Adrian resterait à jamais gravé dans ma mémoire, comme une purulente blessure incapable de cicatriser mais pour le reste... Il fallait bien admettre que j'avais tendance à faire preuve d'une retenue glaciale. Certains me qualifiait d'insensible, mais j'étais persuadée qu'il existait bien d'autres manières que les larmes ou le rire pour exprimer des sentiments. Or, à cet instant, ce n'est ni la pitié ni le maternalisme qui me caractérisaient tandis que j'aidais Marvin à s'installer dans le canapé. Il se retrouvait à nouveau paralysé, c'était triste, effroyable, injuste... Mais une main sur son épaule et le vocabulaire d'une mère s'adressant à un enfant de quatre ans ne l'aideraient en aucun cas à aller mieux. Alors qu'il me racontait l'accident de son hélicoptère, je me rendis compte qu'il avait cette même tendance que la mienne à aller droit au but, sans se noyer dans le pathos. Haussant les sourcils d'étonnement, je cherchais un tremblement dans la voix, une grimace, quelque chose... Mais rien. Rien que le compte-rendu concis et précis d'un militaire. C'est comme si nous étions censés nous émouvoir d'une histoire que nous ne serions pas en mesure de comprendre. La retenue de son côté, l'incompréhension du mien. La seule chose que je comprenais, c'est qu'Helen Smedry était à des années lumière de la parfaite petite desperate housewife qu'elle prétendait être. Elle n'avait pas tué son époux, sûrement par amour, probablement pour pas attirer les soupçons, mais elle l'avait tout de même vacciné. Bon sang... Celui ou celle qui avait brandit fièrement la première formule de cet effroyable pseudo remède pouvait bien aller au diable ! C'était de la pourriture en fiole, de la mort en sérum, rien de plus.

Cet élément-là, Marvin me le confirma d'une façon qui me fit frissonner d'horreur. Après tout pourquoi pas ? Si le vaccin paralysait les muscles de ses bras, de ses jambes... Pourquoi pas ceux de ses poumons ou de son cœur ? Je n'arrivais pas à concevoir que l'on puisse vivre avec une telle épée de Damoclès au dessus de la tête. Devais-je à mon tour lui dire que j'étais moi aussi une mutante ? Ou valait-il mieux que je me taise, de peur qu'Helen ne l'apprenne ? J'aurais pu m'enflammer, lui dire que je le comprenais, et tout un blabla insipide, mais je préférais finalement la retenue, trop méfiante pour le moment. Il y avait bien assez à faire pour ne pas ajouter ma propre mutation dans l'équation, et je fis claquer ma langue avec agacement en levant les yeux au ciel. Bien sûr qu'il refusait d'évoquer la question devant un tribunal, j'aurais dû m'en douter ! Les choses auraient été bien plus faciles dans le cas contraire ! Il m'aurait suffit de monter un solide dossier là-dessus, de tout confier à son avocat, de laisser à Marvin le soin de tout raconter devant un jury et l'affaire serait dans le sac, ou presque ! Mais non. Parce qu'il refusait de témoigner. J'étais bien trop obnubilée par mon idée de la justice et de la vérité pour comprendre ses raisons, trop détachée de tout ça pour saisir le traumatisme d'un si jeune enfant face à ses parents qui se déchirent. Soupirant, je me pinçait l'arrête du nez.

« Écoutez, Marvin... Vos intentions sont louables, je ne dis pas le contraire. Vous ne voulez pas que Josh subisse tout cela, mais... Pensez-vous sincèrement qu'il préférera grandir dans le mensonge ? Vous allez perdre face à Helen parce que vous refusez de dire la vérité. Ça n'a pas l'air de la déranger, elle, de mentir. Je ne vous parle plus de la garde de Josh, mais de votre sécurité à vous. Elle est toute aussi importante que celle de votre fils, mettez-vous ça dans le crâne ! »

Je commençais à m'agacer, mon ton se faisait plus sec, mais j'avais le mensonge et l'injustice en horreur. Pour moi, il était clair que cette affaire était sensible et bien plus grave qu'elle n'en avait l'air. Je ne pouvais nier que mes quelques entrevues avec Helen m'avaient laissées une bonne impression, celle d'une bonne mère, aimante, soucieuse du bien être de son fils... Mais supposons un instant que son fils s'avère être un mutant, quelle serait sa réaction ? Prendrait-elle le risque de le vacciner sans savoir si le NH25 n'aurait pas des effets dévastateurs sur lui ? Ou bien choisirait-elle une solution plus radicale qui me glaçait le sang rien que d'y penser ? Helen était peut-être intouchable pour le moment, mais ce ne serait pas le cas éternellement, si tant est que sa tête de bourrique de mari consente à parler... Et ça c'était une autre paire de manches. Je savais dorénavant que je serais amenée à revoir cette fois, pour l'amener d'une manière ou d'une autre à me confirmer ce que venait de me raconter Marvin. Je ne voulais pas faire de tout ça une affaire personnelle, mais je ne pouvais pas pour autant fermer les yeux... Et il fallait à présent que je le lui dise.

Sa réaction ne m'étonna d'ailleurs pas plus que ça. L'incrédulité, la tentative de fuite avortée par sa paralysie, je levais les yeux au ciel en posant une main ferme sur son épaule pour le forcer à rester assit. J'allais lui répondre, mais il enchaîna si vite que je n'en eus pas l'occasion, usant de termes qui me firent écarquiller les yeux d'étonnement. Une... Une amie ? C'était sérieux ou bien la tentative d’apitoiement la plus ridicule que j'ai jamais vue. A son regard, je compris rapidement que c'était sérieux, et n'eus pas le cœur à le contredire. Sa seule amie ? Sa seule alliée ? Bon sang... Etait-il donc le dernier soldat encore debout face à une armée décidée à en découdre ? Si c'était le cas, il n'avait pas l'air de comprendre que c'était peine perdue. Et je me retrouvais là, prise entre mes idéaux de liberté et de justice d'un côté, et l'envie de l'aider d'un autre côté, ce qui mettrait inévitablement fin à mon rôle de procureur dans leur affaire. Plissant les yeux alors qu'il haussait le ton, je profitais d'un bref moment de répit pour lâcher quelques mots.

« Je suis une mutante. »

Ce n'était pas une chose que j'avais l'habitude de dire, encore moins pour me défendre ou attaquer, mais j'avais insisté pour qu'il me raconte son histoire alors... Autant cesser de lui mentir.

« Je suis une mutante, tout comme vous. La différence étant que personne ne m'a imposé de me vacciner. Seulement, ce n'est pas du tout pour cela que je vous parle de mon implication. Je ne suis pas née de la dernière pluie et je ne suis pas idiote. Si votre épouse se pointait ici la bouche en cœur avec l'intention de me vacciner, excusez mon orgueil mais je ne suis pas certaine qu'elle y parviendrait. Venir me parler n'était pas stupide de votre part, c'est... C'est simplement que ça rend les choses plus compliquées. »

Je baissais les yeux, pestant contre mon rationalisme qui me poussait à éjecter toutes les solutions miracle de mon esprit.

« Vous allez trouvé ça complètement stupide, mais à force de travailler sur ce dossier, je commence à vous connaître. Ou plutôt j'en ai le sentiment. L'ennui, c'est que je commence à vous apprécier et à avoir envie de prendre votre parti de façon personnelle, et non juridique ou légale. Il faut bien que vous compreniez que si Helen apprend que nous avons discuté de cette affaire ce soir, je serais contrainte de lui rédiger un rapport, et ce serait valable dans l'autre sens. »

A peine avais-je fini ma phrase que Marvin reprenait, ajoutant de nouveaux éléments cruciaux dans l'histoire. Josh avait six ans, ce n'était pas si étonnant qu'il commence à comprendre le monde qu'il l'entourait, la notion de justice, de défense... Et qu'il choisi de prendre parti pour l'un ou l'autre de ses deux parents parce qu'il se sentait concerné. Seulement, si Helen était assez vicieuse pour faire payer à Marvin le libre arbitre de son fils, c'est qu'elle était plus folle encore que je ne l'aurais cru. Ou franchement désespérée. Je hochais la tête, relevant les yeux au moment où Marvin grimaçait en se passant la main dans le dos. Je fronçais alors les sourcils, remarquant le sang qui était venu tâcher l'un des coussins de mon canapé.

« Vous aviez l'intention de me dire que vous aviez subit plus que quelques coupures, ou c'est une habitude de garder vos blessures de guerre comme des trophées ? Je vous jure... »

Soupirant, je me levais, retournais chercher le désinfectant, le coton, et une bande de gaze pour stopper au mieux l'hémorragie.

« Tournez-vous... », grommelais-je en lui désignant l'accoudoir sur lequel il pourrait poser sa tête.

L'aidant à poser ses jambes sur le canapé, je m'agenouillais sur le tapis et relevais sans ménagement son t-shirt pour constater l'ampleur des dégâts. Cette blessure là était plus profonde, plus vicieuse aussi que les autres.

« J'espère que vous n'aurez pas besoin de points de suture... Je n'ai jamais été très douée pour le macramé », dis-je avec un sourire supposé détendre l'atmosphère.

Je m'attelais alors à nettoyer la plaie, me remémorant ce que Marvin venait de me dire.

« C'est important, ce que vous venez de dire... Le fait que Josh vous ai défendu... Il commence à comprendre ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, et s'il peut devenir un allié très puissant pour vous, c'est aussi dangereux pour lui. Si Helen est bien telle que vous me l'avez décrite, elle fera tout pour garder un contrôle total sur votre fils, quitte à vous décrédibiliser à ses yeux. Malheureusement, sans témoin dans cette affaire, je ne vois pas ce qu'on pourrait en faire... »

Reposant le coton sur la table basse, j'en attrapais un gros morceau, le posais sur la plaie, et commençais à l'entourer de la bande de gaze, avec une dextérité héritée des nombreuses fois où j'avais soigné les blessures de Nathaniel et Adrian. Marquant une longue pause, je ne savais pas quoi répondre à la dernière requête de Marvin. Quand finalement j'ouvrais la bouche, j'avais l'impression de marcher sur des œufs à chaque mot prononcé.

« Si je fais la sourde oreille, si je choisi de rester aussi impartiale que possible, vous ne pourrez plus compter sur mon soutien ou mon aide, parce que je devrais absolument tout répéter à votre femme. Et croyez-moi, je ne le ferai pas par plaisir. Seulement, si vous tenez à mon soutien, je suis obligée de me retirer de cette affaire. Le mieux que je puisse faire étant de vous trouver un confrère qui ne risquera pas d'être corrompu... Très honnêtement, je ne sais pas ce qui est le mieux dans cette histoire. »

Après avoir mis un morceau de sparadrap sur le bandage, je soupirais et fixais Marvin, dans l'attente d'une réponse. J'avais l'impression de veiller un gamin malade, et espérais qu'il ne s'endormirait pas au milieu de la conversation. Auquel cas je pouvais encore lui jeter ses vêtements trempés à la figure pour le réveiller.
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Marvin Smedry
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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeSam 23 Juil 2016 - 18:29

it's raining men
Cecily & Marvin



J’ai beau avoir eu des formations sur la façon de s’adresser à des civils, sur comment les rassurer, comment avoir un discours apaisant en cas de crise, comment s’adresser à des preneurs d’otage et des terroristes, je ne suis pas le mec le plus diplomate du monde. Incapable d’être hypocrite, me demander de mentir c’est risquer de se prendre un soupir éloquent dans la tronche. En général, on ne me confiait pas vraiment les missions nécessitant des capacités avancées sur le plan du tact et du politiquement correct. Je ne suis pas un diplomate et ça se sent, ça ne peut que se sentir dans ma manière d’agir et de parler. Je suis abrupt. Je suis direct. Presque agressif lorsque je me sens menacé. Je crache, je raille, je me moque et je suis un adepte du sarcasme blessant. Mais… et bien au moins, j’ai l’impression que Cecily est du genre à être sortie du même moule que moi à ce propos. Tout en étant certainement un modèle bien plus facile à vivre que moi sur ce plan là. Dans tous les cas, elle est glaciale, presque aussi douce que moi. Une femme si semblable à l'homme que je suis que c'en est perturbant. Intimidant. Apaisant. Il y a quelque chose de reposant dans le fait de ne pas avoir à être sur ses gardes dans une discussion aussi franche et directe. Et c'est clairement ce dont j'ai actuellement besoin, vu que je sature complètement avec l'hypocrisie constante de ma femme. De mon ex-femme. Jamais avec Helen je ne pourrais parler aussi crûment des conséquences de ma vaccination et encore moins des conséquences plausibles qui me pendent au nez. De base, de toute manière, je ne m’imagine pas le moins du monde avoir une réelle discussion avec Helen, maintenant. Pas que j’aie pu un jour m’imaginer en avoir une avec elle avant mais… mais dans tous les cas, ce n’est plus envisageable. Il n’y a qu’à voir sa capacité à admettre avoir eu potentiellement tort, mon dos s’en souvient encore. Alors qu’avec Cecily… je m’entends répondre franchement à ses questions, lui concéder des vérités que je conservais jusque là calfeutrées derrière mon regard dur et ma nonchalance factice. Ma désinvolture déployée pour mieux masquer à quel point mon quotidien me fait violemment chier.

Alors oui, je ne lui cache rien. Ou presque rien. Et je ne me cache pas grand-chose non plus. Tout comme je ne suis pas du genre à refuser de voir l’évidence quant à mes capacités de diplomate, je ne suis pas du genre non plus à me terrer derrière un orgueil masculin et à nier que s’il est hors de question que je parle de ma vaccination et de ma mutation devant un tribunal, ce n’est pas totalement dissocié du fait d’une certaine peur. Bien sûr que j’ai peur. Qui ne serait pas effrayé de devoir tous les jours vivre dans la même baraque qu’une folle à lier ? Et même si Helen est loin d’être folle, ça correspond malgré tout à ma situation. Encore une fois, demandez à mon dos si vous avez des doutes. Bien sûr que j’ai peur, mais plus encore, je refuse de faire voler en éclats l’innocence de mon fils. D’autant plus que d’ici quarante huit heures maximum, la plupart des plaies seront résorbées et n’auront de poids plus que mon témoignage et celui de Cecily et… comment que dire… non. Je ne suis pas seulement condamné au silence par le chantage de ma femme, je le suis aussi par son génie et sa capacité à toujours tourner les choses en sa faveur. Et en ma défaveur. Helen est intouchable pour le moment, c’est une certitude. « Écoutez, Marvin... Vos intentions sont louables, je ne dis pas le contraire. Vous ne voulez pas que Josh subisse tout cela, mais... Pensez-vous sincèrement qu'il préférera grandir dans le mensonge ? Vous allez perdre face à Helen parce que vous refusez de dire la vérité. Ça n'a pas l'air de la déranger, elle, de mentir. Je ne vous parle plus de la garde de Josh, mais de votre sécurité à vous. Elle est toute aussi importante que celle de votre fils, mettez-vous ça dans le crâne ! » Ma sécurité ? J’aimerais lui rétorquer que je suis parfaitement capable d’assurer ma propre sécurité mais je ne pense pas vraiment être en position d’être crédible actuellement. Mes mains se perdent dans ma nuque, reviennent dans mes cheveux pour les lisser machinalement. « Il grandit déjà dans le mensonge. Et puis, bordel, un gosse, ce n’est pas supposé tout savoir. Bien au contraire. J’y connais peut être rien en gestion des gosses, mais faut pas se leurrer, la vérité détruit bien plus que l’illusion, la plupart du temps. Josh a six ans… S’il grandit dans le mensonge jusqu’à ses seize ans, personnellement, ça me conviendrait très bien. » Six ans. J’ai un doute. Mais on va dire qu’il a six ans : qu’il les ait eus récemment ou qu’il les ait bientôt, ça ne change rien, on n’est plus à une vache près à ce niveau là de toute manière.

Une mise en garde. Ce sont les stigmates d’une simple mise en garde que je traîne avec moi. Et bien que je ne m’estime pas facilement intimidable, il y a certainement de ça, aussi, dans mon refus de porter cette affaire devant le tribunal. Une affaire de plus en plus simple et de plus en plus complexe. Une affaire que je déteste de plus en plus et que je ne vais de moins en moins pouvoir éviter sans pertes. Et de toute évidence, Cecily, ma seule alliée jusque là, risque d’en être une, de perte. Il m’est difficile de ne pas prendre votre défense. Qu’est-ce qu’elle essaye de me dire, là ? Que ce n’est plus seulement que je risque de la perdre mais qu’en venir ici, j’ai signé l’arrêt de mort de son soutien, ou du moins de son impartialité ? Elle est trop impliquée ? Mais pourquoi le serait-elle brutalement devenue ? Je ne suis pas le plus intelligent des hommes, mais les conclusions s’imposent d’elles-mêmes. Claires, nettes, efficaces, factuelles : « Je suis une mutante. » C’est une claque dans la figure que j’encaisse en cillant. Bien. Au moins, j’ai désormais la certitude – si elle ne ment pas – qu’elle ne me livrera pas à Helen. Mais j’ai aussi la certitude que son aveu n’est que la suite logique du mien. Et que si elle apprend un jour que je n’ai de mutant que les gènes et que je chasserais encore les siens sans un crash d’hélicoptère, je doute pouvoir encore compter sur sa… sympathie. « Je suis une mutante, tout comme vous. Je me retiens de rétorquer que je ne suis plus un mutant. Et que nous n’avons visiblement rien en commun sur ce plan-là. La différence étant que personne ne m'a imposé de me vacciner. Seulement, ce n'est pas du tout pour cela que je vous parle de mon implication. Je ne suis pas née de la dernière pluie et je ne suis pas idiote. Si votre épouse se pointait ici la bouche en cœur avec l'intention de me vacciner, excusez mon orgueil mais je ne suis pas certaine qu'elle y parviendrait. Venir me parler n'était pas stupide de votre part, c'est... C'est simplement que ça rend les choses plus compliquées. » Certes… mais il reste que les conséquences de cette soirée et de cette nuit s’étireront dans les semaines à venir… « Vous allez trouver ça complètement stupide, mais à force de travailler sur ce dossier, je commence à vous connaître. » Je fronce les sourcils. « Ah bon ? » « Ou plutôt j'en ai le sentiment. L'ennui, c'est que je commence à vous apprécier et à avoir envie de prendre votre parti de façon personnelle, et non juridique ou légale. » Mon froncement de sourcil s’accentue. « Vraiment ? » Je dois reconnaître que c’est parfaitement réciproque, ou peu s’en faut, mais… mais en somme nous vraiment là ? Le terme d’amie balancé un peu plus tôt était un peu précipité mais… de toute évidence… « Il faut bien que vous compreniez que si Helen apprend que nous avons discuté de cette affaire ce soir, je serais contrainte de lui rédiger un rapport, et ce serait valable dans l'autre sens. » Je lâche un claquement de langue agacé. « Putain, et vous ne pouvez pas mentir ? Personne ne le saura… » C’est un bougonnement peu convaincu que je lui concède, mais un bougonnement presque désespéré. Rester aveugle et sourde, c’est tout ce que je lui demande. Parce en l’état, les intentions d’Helen sont claires : pile je perds, face elle gagne. Lui donner un tel rapport, ce serait lui foutre dans les mains un carré d’as en complément de sa quinte flush royale. Non merci, inutile de lui rendre ce service. Je me redresse dans une grimace, m’attirant de la part de Blackwood un froncement de sourcils.

Je n’ai pas le temps de lui dire que ce n’est rien que déjà, elle… « Vous aviez l'intention de me dire que vous aviez subi plus que quelques coupures, ou c'est une habitude de garder vos blessures de guerre comme des trophées ? Je vous jure... » Nouveau claquement de langue en la voyant se relever chercher la trousse de soin délaissée sur la table tout à l’heure. « Ca va, il n’y a rien de mortel, je ne vais pas m’effondrer dans votre salon, ne vous en faites pas… » Mon grommellement n’a rien d’aimable, à la hauteur de mon agacement face aux soins à venir. « Tournez-vous... » Je lève les yeux au ciel, me relevant mon tee-shirt, passant la main dans le bas de mon dos pour la voir revenir légèrement rougie. Et me résigner à obéir. « J'espère que vous n'aurez pas besoin de points de suture... Je n'ai jamais été très douée pour le macramé. C'est important, ce que vous venez de dire... Le fait que Josh vous a défendu... Il commence à comprendre ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, et s'il peut devenir un allié très puissant pour vous, c'est aussi dangereux pour lui. Si Helen est bien telle que vous me l'avez décrite, elle fera tout pour garder un contrôle total sur votre fils, quitte à vous décrédibiliser à ses yeux. Malheureusement, sans témoin dans cette affaire, je ne vois pas ce qu'on pourrait en faire... » Je soupire, encore une fois. Mon fils qui prend ma défense… autant dire que ni Helen, ni moi ne nous y attendions. Une nouvelle variable à considérer, un nouveau paramètre à prendre en compte. Bras croisés sur l’accoudoir, menton posé dessus. Il faut dire que je ne dois pas être un patient trop chiant lorsque je me suis fait à l’idée d’être soigné. « C’est ce que je vous dis… je suis totalement dominé par l’intelligence d’Helen, dans cette affaire… tout ce que je peux faire c’est… attendre qu’elle fasse une erreur. Je commence même à me demander s’il ne vaudrait pas mieux que je me rétracte. » Me rétracter. Chose que je refuse obstinément de faire depuis que j’ai posé un pied, ou plutôt une roue, aux Etats-Unis. Chose que je n’avais même pas envisagée jusque là. Preuve que malgré tout ce que je peux affirmer, Helen commence à gagner. « Si je fais la sourde oreille, si je choisis de rester aussi impartiale que possible, vous ne pourrez plus compter sur mon soutien ou mon aide, parce que je devrais absolument tout répéter à votre femme. Et croyez-moi, je ne le ferai pas par plaisir. Seulement, si vous tenez à mon soutien, je suis obligée de me retirer de cette affaire. Le mieux que je puisse faire étant de vous trouver un confrère qui ne risquera pas d'être corrompu... Très honnêtement, je ne sais pas ce qui est le mieux dans cette histoire. » Je rabats le tee-shirt prêté sur mon dos, je me retourne tout en aidant mes jambes à basculer pour terminer allongé sur le dos, sur le canapé de Blackwood. En espérant qu’elle ne hurle pas pour ça.

Je suis amer, lorsque je reprends. « Alors il n’y a vraiment que ces deux solutions là ? Vous avez à ce point le mensonge en horreur pour qu’il ne soit même pas envisageable d’occulter cette soirée de votre esprit pour la suite ? Vous n’avez jamais dû traiter de cas, auparavant, pour lesquels il vous soit délicat d’être impartiale ? » Je me fais agressif. Involontairement. Signe de mon exaspération. « Si je comprends bien, impliquée mais pas trop ; Au mieux, vous me tapoterez sur l’épaule en me soufflant courage face au procureur corrompu qui se trouvera devant moi, au pire, vous donnerez à Helen de nouvelles raisons de se battre et d’exploiter toutes les ressources possibles pour me faire tour perdre, c’est bien ça ? Pourquoi est ce que la corruption n’est envisageable que du côté d’Helen, hein ? Vous êtes au dessus de ça, vous êtes bien trop bonne, bien trop intègre pour ça, et dommage pour moi, c’est ça ? » Je me redresse. Avant de m’intimer le silence, le temps de respirer, le temps de replacer mes jambes pour simuler la position assise. « Désolé, je m’emporte. C’est juste que… tout cela est particulièrement… pénible pour moi. Je suis désolé de vous impliquer comme ça. Il vaudrait peut être mieux que… la discussion à propos de ma femme et des événements de la soirée cesse dès à présent, pour ne pas complexifier davantage la… situation. » Il vaudrait peut être mieux, oui, ne pas s’appesantir sur le sujet. « Vous vivez seule ? Demain, à la première heure, j’appellerai un taxi, ne vous en faites pas. »

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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeDim 31 Juil 2016 - 19:25

it's raining men
Marvin & Cecily



Je me pinçais l'arrête du nez en soupirant. D'une soirée tranquille en compagnie de moi-même, j'étais passée à une situation des plus délicate : comment me positionner entre deux belligérants quand j'étais censée être la neutralité dans l'histoire ? Et comment faire rentrer dans le crâne de bourrique de Marvin que NON ! Mentir n'arrangerait rien à sa relation avec son fils ? Oui mentir par omission pouvait une nécessité parfois. Mais tout lui cacher, laisser Helen dresser le portrait peu élogieux d'un père absent à son fils sans chercher à au moins en arrondir les angles, était-ce vraiment la bonne solution ? Soupirant à nouveau, je baissais les armes, consciente que de toute manière, ce n'était pas mes affaires.

« Écoutez... Faites comme vous le sentez, ce qui vous semble le plus juste... Mais gardez en tête que Josh vous fera forcément la guerre le jour où il l'apprendra. S'il ne vous tourne pas déjà le dos d'ici là. »

Force était de constater que Marvin et moi ne serions pas d'accord sur ce sujet. Pourtant, nous avions l'air d'aussi mal connaître les enfants l'un que l'autre. Pour ma part, je n'avais pas la fibre maternelle, je ne courais pas après les enfants, et avais toujours redouté d'être une mauvaise mère le jour ça me tomberait dessus. Manque de patience, trop prise par mon travail, trop peu empathique... Alors oui, j'avais vécu plus d'une relation s'écourter par peur de m'engager.

« Je ne suis pas mère, je ne vous ferais pas l'affront de vous dire que je sais mieux que vous ce qui est bon pour Josh... Disons que ne pas vouloir lui dire la vérité, c'est une chose. Chercher à limiter les mensonges d'Helen, c'en est une autre. »

Mais, finalement, savoir si dire la vérité ou non à Josh était la meilleure chose à faire n'était rien comparé à ce qui suivit. J'étais une mutante, et quelque part, ça me coûtait de devoir l'avouer comme ça, de but en blanc. S'il avait l'air attentif, Marvin resta silencieux à ce sujet, se contentant de bougonner à nouveau lorsque je refusais de mentir aussi à sa femme. Bon sang qu'il m'agaçait... Ne pouvait-il donc pas comprendre qu'il y avait l'issu de son procès en jeu ainsi que ma carrière ? Sans parler de mon intégrité. Je me contentais de le fusiller du regard, lassée de devoir constamment me justifier simplement parce que ça déplaisait à monsieur. Qu'il se le mette au cul, son mensonge ! Entre les cachotteries d'Adrian et le silence radio de Nathaniel, j'étais suffisamment fatiguée des mensonges pour ne pas avoir envie de m'y mettre à mon tour. L'ennui, c'est que je voulais vraiment aider Marvin. Je ne me voyais tout simplement pas rester les bras croisés à ne rien faire, pas après ce que j'avais vu. Il avait l'air de dire que ce n'était rien, les petites blessures qu'il cachait. Et si ce n'était que le début ? Si Helen avait l'intention d'aller plus loin, ou de multiplier ce genre de traitements en s'arrangeant toujours pour que ce soit suffisamment discret pour que personne ne puisse l'accuser ouvertement de mauvais traitements envers son mari ? M'affairant à soigner la blessure de Marvin, je me figeais lorsqu'il parla de se rétracter. Bon sang mais avait-il seulement deux neurones fonctionnel ou l'armée lui avait-elle passé la cervelle au mixer ? Se rétracter, c'était donner à une femme qu'il n'aimait pas ce qu'elle voulait, c'était la laisser gagner... C'était lui donner l'occasion de le convaincre qu'il était le méchant, le coupable de l'histoire, le seul à blâmer. Mais je garde ça pour moi... Pour le moment... Parce que j'ai encore d'autres choses à lui dire, des choses plus graves, plus sérieuses encore que ça. Mon implication dans cette affaire et ce que nos choix vont entraîner.

Seulement, sa réaction à lui ne se fait pas attendre, bien au contraire. Le voilà monté sur ses grands chevaux et parti au triple galop pour mieux me baver des horreurs. Bon sang mais pour qui se prend-il ? Venir chercher de l'aide pour mieux m'insulter, c'est ça son plan ? J'avais l'impression de rêver, et me retenais à grand peine de ne pas le gifler au passage. Assise sur le bord de la table basse, je serrais les poings, le laissant finir sa petite crise qui, fort heureusement pour lui, fut de courte durée. S'il ne s'était pas excusé, je n'aurais eu aucun remords à le mettre dehors, me contentant d'appeler un taxi pour mieux le renvoyer chez lui. Si je n'avais pas eu ce petit élan d'attachement à son égard, si je n'avais pas eu cette pointe d'antipathie à celui de son épouse... Si j'avais été moins conne, oui oui. Le regard glacial, je penchais vers lui, posant un doigt sous son menton pour le forcer à me regarder.

« Reprenons dans l'ordre, vous voulez bien ? Premièrement, vous rétracter serait lui donner ce qu'elle veut, sa victoire, son illusion, et tant pis pour le reste. Vous enchaîner à une femme que vous aimez pas, c'est la torturer autant que vous-même. Et bon sang, vous n'allez pas me dire que vous compter baisser les bras si vite ? Deuxièmement, je suis procureur, c'est mon travail de démêler le vrai du faux, pas d'en rajouter une couche. Si je commence à mentir et que ça se sait, je ne donne pas cher de votre victoire dans cette affaire. Et dans mon cas, je peux dire adieu à toute profession juridique et bonjour à la prison. Merci, très peu pour moi. »

Je le lâchais, me relevant pour ramasser les restes de compresses tâchées de sang.

« Troisièmement, reparlez-moi une fois sur ce ton et je vous mets dehors sans sommation, est ce que c'est clair ? Je suis intègre, oui, et je ne vois pas en quoi ce doit être un problème. Alors je vous propose une chose, et après le début sera clos, d'accord ? Poussez-vous donc et faites-moi de la place. »

Je me glissais sur le canapé avec un soupir tout en me passant une main dans les cheveux.

« Il m'arrive régulièrement de finir ma journée assez tard. Si on vous demande où vous étiez ce soir, vous n'aurez qu'à dire que je vous ai trouvé dans la rue en rentrant et que je n'ai fais que vous aider et vous offrir l'hospitalité en attendant que la pluie cesse. Si on ne vous le demande pas et bien... Vous n'aurez qu'à rien dire, ça ne sera pas vraiment un mensonge. Ça vous va ? »

Rien que cette histoire me coûtait. Mais si nous corroborions la même histoire, il n'y avait pas de problème. Je pouvais l'avoir trouvé sous la pluie, recueillit, nous pouvions aussi bien n'avoir discuté de rien et l'histoire s'achèverait comme ça. Je me tournais alors vers lui.

« Pour répondre à votre dernière question, je vis seule, oui. A vrai dire, je ne vis ici que depuis un mois et demi. Ne vous en faites pas pour demain, j'appellerai un taxi en me levant, comme ça nous pourrons partir en même temps. Je vous aurais bien proposé de rester ici demain si ça peut vous aider, mais j'imagine que votre charmante épouse va vous chercher partout... »

A ce sujet, une question me taraudait depuis le début, et je m'étais toujours retenue de la poser, jusque là.

« Je peux vous poser une question ? Pourquoi elle ? Pourquoi Helen, pourquoi fonder une famille si vous vous saviez marié à votre travail ? Ce n'est pas un jugement, juste... J'aimerais comprendre... »

Tout en disant cela, je me relevais pour aller chercher un oreille et une couverture afin que Marvin puisse dormir sans grelotter toute la nuit. A mon retour, je les posais sur la table basse en attendant sa réponse.
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Marvin Smedry
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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeSam 20 Aoû 2016 - 15:23

it's raining men
Cecily & Marvin



Je me souviens comme d'hier du jour où j'ai annoncé à mes parents, entre le fromage et le dessert, sur le ton de la conversation, que j'allais me marier avec Helen. Je m'en souviens avec une certaine netteté, étonnante lorsqu'on sait que je n'ai aucune idée de la date de notre anniversaire de rencontre, que je me trompe une fois sur deux sur la date de notre mariage, une fois sur trois sur la naissance de Josh et une fois sur quatre sur mon âge. Je les revois s'immobiliser, me demander de répéter. Je revois mon père fondre en larmes, ma mère aussi, les deux vouloir me serrer dans leurs bras pour me féliciter alors que la seule chose que j'avais en tête, c'était que la glace chocolat-caramel-vanille était en train de fondre. La plupart du temps, les gens pensent que je suis un insensible que rien n'atteint. Que mon incapacité à montrer mes émotions, autant sur le plan de la joie que de son pendant négatif, est la preuve de leur inexistence. Si dans le cas de mon mariage, ce n'était pas tout à fait faux, le reste du temps... je suis un homme normal. Juste un peu plus pragmatique, réservé et introverti. Et complètement hors du monde pour un bon nombre de trucs. Et qui n'a pas conscience du terme limite lorsqu'il souhaite quelque chose. Et vu la tête que tire actuellement Cecily, je peux sans trop de réserve affirmer qu'elle ne fait pas partie de ces personnes. Ou que le mensonge évolue sur un autre plan. « Écoutez... Faites comme vous le sentez, ce qui vous semble le plus juste... Mais gardez en tête que Josh vous fera forcément la guerre le jour où il l'apprendra. S'il ne vous tourne pas déjà le dos d'ici là. » Je secoue la tête. Elle ne peut pas comprendre que l'affection de mon fils pour moi... n'a rien de naturelle, n'a rien de logique. Elle ne peut pas comprendre que je ne la mérite en rien. Elle ne peut pas comprendre que... « Je n'en ai rien à faire que Josh me fasse la guerre. Tant qu'il est, tant qu'il reste en sécurité le plus longtemps possible, il peut me conspuer et me haïr que je n'en aurais rien à faire. » Ou presque. Tout comme avec les émotions, ce n'est pas que je suis imperméable l'affection de mon fils, c'est juste que ma façon de gérer le tout n'est pas conventionnelle. Ou que j'ai appris à tenir loin de moi tout ça pour ne pas être distrait en opération. « Je ne suis pas mère, je ne vous ferais pas l'affront de vous dire que je sais mieux que vous ce qui est bon pour Josh... Disons que ne pas vouloir lui dire la vérité, c'est une chose. Chercher à limiter les mensonges d'Helen, c'en est une autre. » J'hausse les épaules en levant les yeux au ciel. De toute évidence, c'est un point sur lequel nous allons être en désaccord, l'un comme l'autre, sans possibilité de changement. Et comme nous ne sommes rien, l'un pour l'autre, rien d'autre que des amis ou du moins de ce qui s'en approche presque, et bien... ce n'est pas un problème.

Ca ne doit pas l'être. Tout comme sa mutation qu'elle m'avoue, qu'elle me confirme, tout de go, de but en blanc, sans même enrober l'ensemble sous des monceaux de sucre. Une mutante. Je cille, mais inutile de dire quoique ce soit. Elle est une mutante, visiblement elle le revendique sans honte. Je fus un mutant, et un chasseur. Autre point de discorde. Pourquoi est ce que je suis tombé sur le seul procureur non pourri du coin ? C'est une excellente question, mais je pense que la poisse n'est en rien étrangère à cela.

Une grimace, et voilà la discussion qui se met en suspens le temps qu'elle exige de soigner la plaie plus profonde que m'a infligé Helen. Et qui refuse de coaguler. Ma main rougie et un soupir me résignent à me laisser faire, je m'installe sur le dos comme je peux pour la laisser désinfecter et bander le tout. Tout en continuant de me parler. Helen fera tout pour garder un contrôle total sur mon fils. Voilà une chose dont je suis certain. Mais... je suis dépassé, complètement dépassé par l'aisance qu'à Helen pour retourner toutes les situations à son avantage. Me rétracter serait une solution, que j'envisage avec un goût âcre dans la gorge. Me rétracter, ce serait perdre non pas une bataille mais la guerre. Et sauver des vestiges d'une relation naissante entre Josh et moi. Me rétracter, ce serait me rendre, ce serait fuir, ce serait être plus lâche que jamais, chose qui m'a toujours été inenvisageable. Se rendre sans se battre, voilà qui m’écœure à la seule idée de l'envisager sérieusement. Mais... mais vu les propos que me tient Cecily, le nombre de solutions que j'ai se restreint de minute en minute. Et ma colère s'en ressent, mon agressivité aussi, mon impulsivité violente encore plus. Je vais trop loin, c'est évident, je ne contrôle ni ce que je pense, ni ce que je dis, ni ce qui dépasse ma pensée. Il faut que je me calme, mais me sentir pris au piège de la sorte, sans possibilité de fuite ni de réel combat ne rend pas les choses aisées. Je respire, je me force au silence. Je m'excuse, surtout, la seule chose à faire lorsque je considère le regard qu'elle me lance. Si j'avais mes jambes, je me serais déjà barré de là. Le contact de son doigt sur son menton est si infantilisant, que j'envisage un moment de la gifler. Mon immobilité ne tient qu'à la certitude d'être déjà allé trop loin dans l'inconséquence. « Reprenons dans l'ordre, vous voulez bien ? Premièrement, vous rétracter serait lui donner ce qu'elle veut, sa victoire, son illusion, et tant pis pour le reste. Vous enchaîner à une femme que vous aimez pas, c'est la torturer autant que vous-même. Et bon sang, vous n'allez pas me dire que vous compter baisser les bras si vite ? Deuxièmement, je suis procureur, c'est mon travail de démêler le vrai du faux, pas d'en rajouter une couche. Si je commence à mentir et que ça se sait, je ne donne pas cher de votre victoire dans cette affaire. Et dans mon cas, je peux dire adieu à toute profession juridique et bonjour à la prison. Merci, très peu pour moi. » Je me passe une main sur le visage. Je sais tout ça, je ne suis pas stupide, mais... « Troisièmement, reparlez-moi une fois sur ce ton et je vous mets dehors sans sommation, est ce que c'est clair ? Je suis intègre, oui, et je ne vois pas en quoi ce doit être un problème. Alors je vous propose une chose, et après le début sera clos, d'accord ? Poussez-vous donc et faites-moi de la place. » Cette fois, je fronce les sourcils, tente de me décaler le mieux que je peux malgré le poids mort que constitue tout le bas de mon corps et ces tiraillements dans mon dos. « Je vous écoute... » Inutile de s’appesantir davantage sur mon petit coup d'éclat, je me suis déjà excuser, ça devrait lui suffire. « Il m'arrive régulièrement de finir ma journée assez tard. Si on vous demande où vous étiez ce soir, vous n'aurez qu'à dire que je vous ai trouvé dans la rue en rentrant et que je n'ai fais que vous aider et vous offrir l'hospitalité en attendant que la pluie cesse. Si on ne vous le demande pas et bien... Vous n'aurez qu'à rien dire, ça ne sera pas vraiment un mensonge. Ça vous va ? » Je ne retiens pas une moue très peu convaincue. Ce n'est pas vraiment un mensonge, non mais... je sens une nette différence entre une avocate qui cherche à savoir la vérité et le militaire des forces spéciales formaté pour trouver une solution et une stratégie à toutes les situations possibles. Il y a des problèmes dans son histoire, comme le fait que je sois handicapé et que la première réaction logique aurait été d'appeler Helen. Mais... je soupire, avant de m'adosser au canapé pour mieux regarder le plafond. « C'est parfait. » C'est parfait, parce que ça tiendra le temps qu'il faudra et qu'Helen n'aura aucun intérêt à faire un scandale au risque de se trouver avec plus de questions épineuses qu'autre chose. Comme le fait que je puisse parcourir la moitié de la ville en fauteuil. Je ferme les yeux, histoire de me retenir d'en dire davantage et plus encore de pointer les défauts et failles, minimes, de l'histoire qu'elle nous propose de servir.

Je ferme les yeux, et sursaute presque lorsqu'elle reprend alors que je ne m'y attendais plus. « Pour répondre à votre dernière question, je vis seule, oui. A vrai dire, je ne vis ici que depuis un mois et demi. Ne vous en faites pas pour demain, j'appellerai un taxi en me levant, comme ça nous pourrons partir en même temps. Je vous aurais bien proposé de rester ici demain si ça peut vous aider, mais j'imagine que votre charmante épouse va vous chercher partout... » Sans ouvrir les paupières, j'hausse, encore, les épaules. « Oh, me chercher, je ne pense pas. Mais si je ne reviens pas rapidement, elle risque de croire qu'elle m'a fait peur. Et je ne veux pas que Josh s'étonne ne pas me voir. » Même si j'aurais accepté avec grand plaisir sa proposition. « Je peux vous poser une question ? Pourquoi elle ? » J'ouvre les yeux sans pour autant tourner la tête dans sa direction. Pourquoi elle ? « Pourquoi Helen, pourquoi fonder une famille si vous vous saviez marié à votre travail ? Ce n'est pas un jugement, juste... J'aimerais comprendre... » Je garde le silence.

Et je la suis du regard lorsqu'elle se lève pour aller chercher quelque chose. Le temps qu'elle revienne armée d'un oreiller et d'une couverture, j'ai eu le temps de réfléchir à la question. Même si je n'en avais pas besoin. Pourquoi Helen ? « Ne me jugez pas... mais... ce serait mentir que de dire que je n'en sais rien. Lorsque j'ai rencontré Helen, j'étais en permission, je m'entraînais pour rejoindre les SAS, les forces spéciales australiennes, mon objectif depuis... des années. Je ne suis pas quelqu'un d'extrêmement... sociable. C'est toujours Helen qui a fait les premier pas. Elle qui m'a approché. Elle m'a dragué. Elle qui... m'a demandé en mariage. » J'ai un petit rire à cette seule pensée. « Lorsque je suis entré dans l'armée, j'ai fait une croix sur la vie de famille, parce que je savais que concilier les deux, vu mon objectif de carrière, ne serait pas possible. Mais puisqu'elle savait très bien ce que je visais, qu'elle était jolie, intelligente, extrêmement séduisante, attachante, amusante... je me suis dit que ça lui ferait plaisir. Et puis... lorsqu'on rentre d'opex, on a beau dire, beau être solide, on est toujours fragile psychologiquement. Donc avoir une maison et une femme qui nous attendent... ce n'est pas indispensable mais c'est toujours mieux... » Ce n'est pas très glorieux comme point de vue mais... mais ça ne sert à rien, en l'occurrence, de maquiller la réalité. « Josh aussi, j'ai accepté qu'on l'ait pour lui faire plaisir. Je... je ne voulais pas d'enfant à la base, pour ne pas être un père absent. La plupart des gens me prendrait pour un monstre s'ils savaient que j'ai toujours eu conscience que rien, ni ma famille, ni ma femme, ni mes enfants, n'aurait pu passer devant ma vocation et ma carrière dans l'ordre de mes priorités. Mais maintenant, la question ne se pose plus et je suis contraint de composer avec ce que j'ai construit à distance. » Un moyen comme un autre de mettre un point final à cette conversation qui commence à me mettre mal à l'aise alors même que je suis le seul à m'étendre là dessus. « Enfin bref... voilà la petite histoire. Et vous, célibataire parce que mariée à votre travail ? Je serais curieux de savoir qui se cache derrière Cecily Blackwood. » Un petit sourire, je lui renvoie la balle, sans savoir si elle va la saisir ou non. « Quelle est sa... mutation ? Ses hobbys, sa vocation ? Et pourquoi est-elle venue s'enterrer dans cette ville si gérer des affaires de divorce lui plaît autant... »

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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeDim 25 Sep 2016 - 16:20

it's raining men
Marvin & Cecily



Depuis mon arrivée à Radcliff, j'avais l'impression que tout s'enchaînait trop vite, en particulier les mauvaises nouvelles. C'était pourtant une petite ville, on en faisait vite le tour, on connaissant vite tous les visages qui la hantaient... Et pourtant, j'allais de surprise en surprise. Un frère envoyé à l'hôpital avec des multiples fractures, un autre qui était aux abonnés absents et dont personne n'avait de nouvelles, des chasseurs plus virulents qu'ailleurs... Et maintenant un homme martyrisé par sa femme. Quelque part, je pouvais comprendre les envies de meurtre d'Helen, si Marvin était aussi désagréable avec elle, mais je ne les encourageais pas pour autant. Peut-être ne l'avait-il pas remarqué, mais ce n'était pas de gaîté de cœur que je lui mettais des bâtons dans les roues en lui expliquant que non, dans cette affaire, je ne pouvais pas mentir. Si je n'avais pas eu cette éthique, cette confiance aveugle en la justice, je me serais totalement fichue de savoir qui je mettais dans l'embarras. Il fallait qu'il comprenne qu'il n'y avait rien de personnel dans cette histoire, et que j'étais véritablement révoltée par l'attitude de son épouse. D'autant qu'il avait beau affirmer ne pas connaître son fils, avoir raté bien des étapes dans son enfance, ce qui n'était pas totalement faux, il était évident qu'il ne voulait que son bien et s'assurer qu'il soit en sécurité. Quelque part, tout mauvais père qu'il était, il était plein de bonnes intentions. Disons simplement que les intentions en question étaient extrêmement mal menées et maladroites. Consciente que ce débat ne menait à rien, je préférais soupirer que renchérir. Tout ce que je pouvais faire pour le moment, c'était lui offrir un mensonge que je détestais d'avance, et qui pourtant était loin d'aller aussi loin que ce qu'il me demandait de faire. Il n'était ni avocat, ni procureur, il ne semblait pas se rendre compte à quel point la situation était délicate pour moi : mentir avait un pouvoir autrement plus dévastateur pour moi que pour n'importe qui. Je mettais en jeu ma carrière, certes, mais aussi ses maigres chances de réussite. Je me contentais alors de hocher la tête et lâcher quelques mots.

« Ce serait problématique qu'il commence à craindre votre absence alors qu'il commence tout juste à prendre votre défense... »

Inutile de décevoir le petit alors qu'il commençait à avoir suffisamment confiance en son père pour se placer de son côté, c'était certain. Après lui avoir rapporté un oreiller et une couverture pour qu'il ne passe pas la nuit à grelotter, je me rasseyais dans le canapé, silencieuse et attentive. Marvin ? Pas très social ? Je ne l'aurais pas deviné toute seule, tiens... C'était tout de même ironique de voir une telle grande gueule incapable de dire non ou de faire valoir son propre avis. Il avait accepté la compagnie et la demande en mariage d'Helen par... Dépit ? Indifférence ? Y avait-il vraiment un choix et un engagement réfléchit dans sa façon de faire ? Je n'en étais pas certaine. Finalement, sa femme était devenue plus un confort de vie lorsqu'il rentrait, un récif inébranlable dans un océan de missions et de voyages à l'autre bout du monde, mais ça n'était pas sa confidente, sa moitié, ou je ne sais quelle autre connerie. Je n'arrivais pas à concevoir que l'on puisse ainsi s'enchaîner à quelqu'un sans véritables sentiments. A vrai dire, j'avais vu mon père partir et revenir de mission plus d'une fois, je l'avais vu, ce traumatisme sur son visage... Mais il avait toujours sincèrement aimé ma mère, elle n'avait jamais été sa béquille mais bien une partie de lui-même qu'il laissait derrière lui lorsqu'il partait en mission.

« Si je vous suis bien, cette situation aurait pu vous convenir longtemps si vous aviez pu continuer à être sur le terrain... S'il n'y avait pas eu cette vaccination... Ce n'est pas être un monstre que de vouloir faire passer votre vocation en priorité. Disons que c'est louable tant que vous vivez seul. L'ennui, c'est que vous me semblez un peu détaché de la réalité, vous n'avez pas eu l'air de comprendre que vous marier et avoir un enfant vous exposait à de lourdes responsabilités. Je ne vous juge pas, je ne saurais pas quoi faire dans votre situation... »

La question ne s'était jamais posée mais... Que se passerait-il si j'étais mère ? Si je devais du jour au lendemain passer d'une vie régler comme du papier à une musique à une existence en grande partie vouée à un petit être geignard et quémandeur dont je n'arriverais pas à comprendre la langue ? Je n'avais rien contre les enfants, mais je ne les comprenais pas. Et j'avais toujours crains d'être une très mauvaise mère, aussi n'avais-je jamais cherché à en avoir. Dans l'histoire, j'étais davantage tentée de blâmer Helen : si elle connaissait bien Marvin, elle devait avoir saisit qu'il n'avait pas conscience de tout ce que ses engagements sous entendaient, et avait délibérément profité de ça. Si c'était le cas, elle était plus sournoise, vicieuse et dangereuse que je ne l'aurais cru.

« Dans un sens, je comprends mieux vos motivations. Vous avez l'impression que toute votre histoire est bâtie sur un mensonge, non ? »

Lui arracher quelques confidences, c'était un peu comme tenter de faire avouer un coupable sur entraîné... Mission impossible. Ca ne m'étonna même pas qu'il préfère changer de sujet pour me renvoyer l'ascenseur. Je détournais le regard, un sourire un peu fade aux lèvres.

« Mariée à mon travail, on peut le dire... Il n'y a pas grand chose à dire de moi, je suis procureur depuis des années maintenant, j'ai principalement exercé à Chicago, et gérer des affaires de divorce n'est absolument pas ce qui m'enchante le plus, sans vouloir vous offenser. C'est peut-être un peu glauque, mais j'ai toujours préféré le criminel au social. »

Curieusement, je me sentais mal à l'aise, je n'aimais pas parler de moi. Ma vocation ? Rendre le monde plus juste, mais c'était tellement cliché que je préférais ne rien dire. Quant à mes hobbys... Mon regard s'attarda sur le piano, et je soupirais.

« J'ai joué du piano, dans une autre vie... Voilà bien longtemps que je n'en ai plus le temps ni le loisir. A vrai dire, Marvin, il n'y a vraiment rien à dire, ma vie est ordinaire, si l'on oublie cette mutation qui vous rend si curieux... »

J'esquissais un sourire plus franc en tournant la tête vers lui, et m'emparais de la couverture pour la déplier.

« N'y voyez pas là un excès de méfiance de ma part, mais je préfère garder la nature de ma mutation pour moi. Si un jour j'ai une confiance pleine et entière en vous, vous serez le premier à savoir. »

Dans mon esprit, il était clair que ce jour n'arriverait jamais, car je détestais parler de ma mutation au grand jour. Ce que je sous entendais, c'était que pour révéler à Marvin ma mutation, il faudrait que je sois amenée à m'en servir en sa présence, et je ne préférais pas envisager cette hypothèse.

« J'ai comme l'impression que nous avons tous deux quelques petits problèmes de dialogue avec le monde qui nous entoure... Enfin... Comme je vous le disais, je suis venue ici pour me rapprocher de ma famille, mes deux frères vivent à Radcliff. »

Les deux font n'importe quoi, spécialement Nate, dois-je vous en dire davantage ? Non. Définitivement, je n'avais pas envie d'évoquer le sujet, et préférais aider Marvin à s'allonger sur le divan avant de lui jeter négligemment la couverture. Comme si j'allais le traiter en handicapé et le border avant de lui tendre une peluche, tiens !

« Tâchez de vous reposer et... Si vous avez besoin de quelque chose, vous n'aurez qu'à hurler, je ferais mine de ne rien entendre ! » ajoutais-je avec un sourire malicieux qui ne me ressemblait pas vraiment.

J'étais moi aussi épuisée, et l'heure tournait. Si je ne voulais pas avoir une tête de zombie fraîchement sortit d'une crypte, il valait mieux que j'aille me coucher. Si tant est que le sommeil arrive à s'importe face aux mille et une questions qui me taraudaient.
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Marvin Smedry
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MessageSujet: Re: it's raining men (marvily)   it's raining men (marvily) Icon_minitimeMar 11 Oct 2016 - 21:34

it's raining men
Cecily & Marvin



Je ne suis pas un homme loquace. Je n’ai d’ailleurs pas été un bébé bruyant, encore moins un enfant bavard. Quant à l’adolescent exubérant, c’était mon voisin. Moi, j’étais celui qui fronçait les sourcils en faisant tourner son stylo entre ses doigts et en notant consciencieusement le cours, avant de se souvenir que de toute manière la matière était intéressante et que dans une vingtaine de minutes, il allait pouvoir se dépenser sur un terrain de tennis ou simplement à aller courir dans la forêt la plus proche. Je ne suis pas un homme loquace, je ne l’ai jamais été et je doute l’être un jour. Pourtant à m’entendre lui raconter ma vie sans savoir exactement ce qui me pousse à faire une chose pareille, on pourrait croire que je me transforme en véritable pipelette. Rien ne pourrait être plus éloigné de la réalité. Si ma voix et mon discours ont légèrement perdu en factuel et gagné en hésitation, tout conserve la rigidité du militaire, de l’organisation des propos à leur caractère concis en passant par cet objectif bien visible que j’ai d’expliquer comment d’une situation C, j’ai pu arriver à une situation M en passant par F. C pour célibataire, M pour marié, F pour Forces spéciales. Pourquoi Helen ? Parce qu’elle me l’a demandé la première, parce qu’elle était jolie, gentille, aimable, déterminée et qu’elle avait immanquablement ce petit quelque chose qui la rendait totalement supportable. Pendant une durée déterminée, qui est allée en s’amoindrissant au fil des années, mais qui existait bel et bien au début. Au tout début. Pourquoi Helen ? Parce qu’elle me l’a demandé : ce constat est si vrai et si triste que je me demande une fraction de seconde si ma vie aurait été réellement bouleversée sans ce mariage. Peut être aurais-je passé plus de temps chez mes parents, à revenir chez eux entre deux missions pour avoir un pied-à-terre habité. Peut être serais-je allé chez mon frère, sinon. Peut être aurais-je eu une vie de famille par procuration auprès de mes neveux et nièces. Peut être… mais ça ne sert à rien d’y penser : si on veut avancer en regardant en arrière, disait l’un de mes officiers, on se prend inévitablement un poteau dans la gueule. Dans tous les cas… je ne me cherche pas d’excuse. Je veux juste expliquer. Et, étrangement, je veux aussi que Cecily, sans me juger, essaye de comprendre. « Si je vous suis bien, cette situation aurait pu vous convenir longtemps si vous aviez pu continuer à être sur le terrain... S'il n'y avait pas eu cette vaccination... » J’acquiesce d’un infime mouvement de tête. « Ce n'est pas être un monstre que de vouloir faire passer votre vocation en priorité. Disons que c'est louable tant que vous vivez seul. L'ennui, c'est que vous me semblez un peu détaché de la réalité, vous n'avez pas eu l'air de comprendre que vous marier et avoir un enfant vous exposait à de lourdes responsabilités. Je ne vous juge pas, je ne saurais pas quoi faire dans votre situation... » Je ferme les yeux. Si j’ai pu avoir un instant l’espoir qu’elle me comprenne tout à fait et bien… j’ai beau savoir avoir un discours clair et concis, il semble que je ne sache pas encore faire passer le message que je veux lorsqu’il est légèrement plus complexe que la normale. Je n’étais pas le chargé des communications de notre équipe. J’en étais le pilote. Et désormais, la seule chose que je peux piloter, c’est ce fauteuil qui remplace des jambes inertes. Un soupir s’étiole à cette pensée, toujours présente en tâche de fond. « Dans un sens, je comprends mieux vos motivations. Vous avez l'impression que toute votre histoire est bâtie sur un mensonge, non ? » Je fronce les sourcils, pour fixer mes rétines dans les siennes. « C’est exactement ça… un mensonge qui a détruit ma carrière, en quelque sorte. Je dois vous paraître un peu égoïste… »

Et égoïste, sans me refuser à l’être, de toute manière, ce genre de préoccupation me passe largement au dessus de la tête, surtout depuis que je suis obligé de rester presque 24H assis, égoïste, donc, je vais essayer de ne pas l’être en lui retournant minutieusement des questions, comme pour lui renvoyer la politesse. Elle m’a arraché des confidences, je suis dans mon droit à essayer de la connaître un peu mieux. « Mariée à mon travail, on peut le dire... Il n'y a pas grand chose à dire de moi, je suis procureur depuis des années maintenant, j'ai principalement exercé à Chicago, et gérer des affaires de divorce n'est absolument pas ce qui m'enchante le plus, sans vouloir vous offenser. C'est peut-être un peu glauque, mais j'ai toujours préféré le criminel au social. » J’ai un petit sourire satisfait à la savoir véritablement mariée à son travail. Sans aucune raison. Préféré le criminel au social ? « J’ai toujours préféré traquer des terroristes dans les steppes de Sibérie à jouer les gardes du corps d’une starlette alors… » Alors je la comprends, voilà ce que signifie ce grognement que je viens d’émettre, pour mieux la couper. Son soupir me fait penser aux miens, je me surprends à nouveau à sourire, mais cette fois parce que je cherche à mettre en lumière ces multiples points que l’on semble avoir en commun, elle et moi. « J'ai joué du piano, dans une autre vie... Voilà bien longtemps que je n'en ai plus le temps ni le loisir. A vrai dire, Marvin, il n'y a vraiment rien à dire, ma vie est ordinaire, si l'on oublie cette mutation qui vous rend si curieux... » Mon visage se crispe lorsqu’elle déplie la couverture, que je m’empresse d’intercepter. Je refuse d’être un assisté. « Mutation dont vous ne me parlerez pas davantage, je présume. » Et je présume souvent bien, dans ce genre de situation. « N'y voyez pas là un excès de méfiance de ma part, mais je préfère garder la nature de ma mutation pour moi. Si un jour j'ai une confiance pleine et entière en vous, vous serez le premier à savoir. » J’hausse un sourcil. « Vous m’en voyez flatté. » Si un jour… si je ne me trompe pas, et je préfère me dire que je ne me trompe que très rarement, il n’y a aucune raison pour que ce jour existe à l’avenir. La méfiance, c’est ce qui maintient en vie, la plupart du temps. Une leçon que j’aurais peut être bien aimer apprendre avant qu’Helen ne me passe la bague au doigt… « J'ai comme l'impression que nous avons tous deux quelques petits problèmes de dialogue avec le monde qui nous entoure... Enfin... Comme je vous le disais, je suis venue ici pour me rapprocher de ma famille, mes deux frères vivent à Radcliff. » Rejoindre sa famille… « Choix parfaitement louable de votre part. » Mais quelque chose que je n’aurais jamais fait. Rejoindre mon frère et remettre en question ma carrière ? J’aime mon frère, mais certainement pas à ce point.

Je m’installe comme je peux, dans des grimaces crispées à chaque fois que le tee-shirt légèrement serré frôle les trop nombreuses coupures qui se rappellent à mon bon souvenir. Cette conversation touche à sa fin : ça ne me dérange pas le moins du monde. J’ai dépassé et de loin mon quota de sociabilité. « Tâchez de vous reposer et... Si vous avez besoin de quelque chose, vous n'aurez qu'à hurler, je ferais mine de ne rien entendre ! » J’hoche la tête, en me calant comme je peux, répondant à son sourire par un écho similaire. « Vous devriez vous présenter à ces jeux télévisés visant à récompenser le meilleur hôte, vous auriez toutes vos chances. Si j’ai besoin de quoique ce soit, je me démerderai comme un grand. Mais ne comptez pas sur moi pour vous faire un câlin si vous faites un cauchemar. » Tout comme je ne compte pas sur elle pour m’en faire un lorsque je vais revivre pour la énième fois le crash de mon hélicoptère.

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