Sujet: (fst, altaïr) it's a mean world that i've known. Mer 27 Avr 2016 - 20:35
– it's a mean world that i've known –
JANIS ET ALTAÏR / Cast me down where the devil don't go : Devil don't go where I make my home. Drown my woes in a lake of fire, Sing a song gonna take me higher. Good lord turned his back on me, Lucifer gonna set me free. It's a mean world that I've known, Now you'll find me where the devil don't go. – ELLE KING.
Plus d’ordres à recevoir, plus de volontés à exécuter. Elle goûte à la liberté depuis la première fois de sa vie, la blondinette — et faut avouer que ça lui plaît. Elle regarde autour d’elle, ses yeux bleus écarquillés, les incisives supérieures tenant la lèvre inférieure capturée. Elle a le droit de sortir comme elle veut, quand elle veut. Le droit de se promener ailleurs que sur le parking du motel — la permission de faire autre chose que de surveiller. Alors ce matin, elle en a profité ; ce matin, elle a mis le nez hors de la chambre qu’Altaïr lui a gracieusement payée, vérifiant au passage qu’il n’était pas encore réveillé : en le voyant étalé sous les draps, au travers des rideaux blancs, la tête enfoncée dans l’oreiller, elle s’était apaisée. Tout ça était bien en train d’arriver. Elle était avec lui, lui avec elle ; il ne l'avait pas abandonnée derrière lui, comme on lui avait assuré que n'importe qui le ferait.
Une fois rassurée, l’envie de découvrir le petit coin de pays où ils étaient arrivés l’avait prise. Elle s’était mise à marcher, s’éloignant du motel sans penser à laisser un mot à l’intention de son compagnon de route. Elle regardait autour d’elle, captant toutes les enseignes que présentait la rue, espérant trouver quelque part où récupérer de quoi déjeuner. Il méritait à tout le moins qu’elle lui rapporte des œufs et des toasts, qu’elle trouve du café. Finalement, elle entre dans le premier petit restaurant qui affiche la pancarte « déjeuners », sans se poser de questions. C’est déjà plus loin que là où elle n’a jamais été sans qu’on ne le lui ait ordonné. Et son cœur bat la chamade, d’excitation et d’impatience. Elle demande deux gros déjeuners à emporter, deux gobelets de cafés au grand format. Elle regarde autour d’elle, pendant que la serveuse va porter la commande en cuisine. Dans un coin, un type boit son café, sans la lâcher des yeux ; pas le temps de s’en inquiéter, pas le temps de lui demander s’il a un problème : elle le remarque à peine, trop occupée à lire les noms des albums sur les nombreux vinyles accrochés au mur. La veste sur ses épaules est empruntée à Altaïr ; trop grande pour elle, tout comme le t-shirt des Clashs qu’on aperçoit en-dessous, lui aussi prêté. La seule chose qui ne l’est pas, c’est le short qui attire le drôle de regard qu’elle sent sur son dos. Pourtant, son instinct ne réagit pas. Il s’est laissé noyer sous la fascination qui l’habite alors, et qui occulte toute trace de danger — de toute manière, qu’aurait-elle à craindre d’un type un peu bedonnant, assis sur une banquette à vider des tasses de café ?
Elle attrape les déjeuners et les cafés, paye avec les billets chiffonnés dans ses poches qu’Altaïr lui a donnés. Concentrée, elle pousse la porte d’un coup de hanches, sortant tant bien que mal en essayant de ne rien renverser. Le type au fond du restaurant n’a pas bougé ; les deux postés sur le trottoir d’en face quand elle était rentrée, par contre, ont remué. Et elle ne les voit pas lui emboîter le pas, la blondinette. Trop occupée à surveiller les deux cafés, à savourer le vent sur ses joues et dans ses cheveux. Impatiente de voir la tête que fera Altaïr, face à cette petite surprise improvisée.
Invité
Invité
Sujet: Re: (fst, altaïr) it's a mean world that i've known. Jeu 28 Avr 2016 - 2:15
– it's a mean world that i've known –
JANIS ET ALTAÏR / Today we let the curtain rise, Generation occupied - Welcome to your empty lives, Led astray with blinded eyes. No more utter solitude - Oppressive enough to escape your fate
Peut-être est-ce à cause des rayons de soleil filtrant à travers les rideaux blancs mal tirés et un peu miteux, ou bien est-ce à cause de la chaleur qui commence à monter sous les draps, ou bien tout simplement parce qu’il a fini par se retrouver le visage enfoncé dans son oreiller, mais toujours est-il qu’Altaïr finit par se réveiller en grognant un peu, comme à son habitude. Roulant sur le dos, s’emmêlant à moitié dans sa couverture, il s’étire longuement et reste allongé quelques minutes sans rien faire, se contentant simplement de fixer le plafond et de réfléchir à ce qu’était devenue sa vie ces derniers jours. Il avait toujours voyagé seul, et maintenant il parcourt les routes avec quelqu’un d’autre. Cela dit, il ne se voyait pas la laisser seule derrière elle, cette ombre qu’il avait trouvée et qui l’avait trouvé lui. Jai est cette dose d’inattendu, de surprise et d’aventure dans sa vie. Jamais il n’aurait imaginé trouver quelqu’un comme elle, et pourtant, elle était là maintenant – probablement encore en train de dormir elle aussi, à moins que les oiseaux et le bruit de la circulation aient fini par la réveiller également. Finalement, le vagabond se glisse hors de son lit dans un soupir et remet ses longs cheveux en place d’un geste rapide de la main. Il saute dans ses habits, enfile un t-shirt et la seconde de ses vestes – celle qu’il n’a pas prêtée à sa compagne de voyage – et vérifie rapidement son lot d’armes, cachées dans l’un de ses sacs, sous un double fond. La vente d’armes à feu et d’armes blanches a beau être légale, une quantité pareille aurait de quoi en inquiéter plus d’un, et à juste titre. Mais avec ce qu’il fait, avec ce qu’il pourchasse, le grand homme aux yeux clairs ne peut pas faire autrement, même s’il l’avait voulu. Après tout, on ne tue pas les mutants d’un regard ou de quelques mots méchants ; une balle dans la tête reste le meilleur moyen de s’assurer que ces dangers ambulants ne blessent personne. Le jeune homme referme le tout et glisse à nouveau dans le placard avant de le refermer. Il a loué sa chambre et celle de Jai pour une petite semaine, le temps qu’ils se posent une poignée de jour avant de reprendre la route. Après tout, le monde était vaste, et il est hors de question qu’ils s’enterrent tous les deux dans ce coin perdu. La liberté est trop ancrée dans ses gènes pour qu’il pense faire autrement, et de ce qu’il en a vu, elle le sera bientôt dans ceux de Jai. La grande blonde a beaucoup à découvrir, beaucoup à faire dans ce monde où elle pouvait enfin évoluer librement, et il compte bien lui montrer que la vie ne se limite pas qu’à ce que son ancien tortionnaire lui a enfoncé dans le crânes à coups de tortures et de railleries.
Verrouillant derrière lui, Altaïr remet sa veste en place et traverse le couloir ouvert jusqu’à la chambre de la jeune femme. Il frappe à la porte et attend. Cependant, après une demie minute sans réponse, il hausse un sourcil, perplexe, et frappe une nouvelle fois avant d’appeler.
- Jai ? T’es là-d’dans ?
Il se décale de quelques pas et regarde par la fenêtre. Il voit les affaires de Jai – les quelques maigres possessions qui sont à elle et celles qu’il lui prête – mais pas leur propriétaire. Plissant les yeux, il se demande où elle a bien pu passer et s’éloigne, traversant le parking du motel pour rejoindre la grande route qui coupait la petite ville en deux. Regardant de droite et de gauche, il se décide pour la direction qui partait vers le cœur de ce bled et remonte le trottoir, les mains dans les poches, lunettes de soleil vissées sur le nez pour ne pas être aveuglé par le soleil qui commence à être haut au-dessus de l’horizon. Il finit par apercevoir une masse de cheveux blonds – et deux silhouettes qui encadrent la propriétaire de ladite chevelure. En une fraction de seconde, Altaïr s’est tendu et sa colère s’est réveillée. Avalant la distance de quelques grandes enjambées, conservant son calme autant que possible, il finit par rejoindre le petit groupe et lance de sa voix venue des profondeurs :
- Y a un problème ?
Invité
Invité
Sujet: Re: (fst, altaïr) it's a mean world that i've known. Jeu 28 Avr 2016 - 7:57
Elle a fini par sentir que quelque chose clochait. Sentant une présence se rapprocher trop lentement de ses arrières, la fascination pour ce nouveau monde qui s’offrait à elle avait foutu le camp, laissé la place à l’instinct de bête captive qui avait animé la plus grande partie de sa vie. Et maintenant, elle se rend bien compte de la place étrange et choisie des deux hommes derrière elle. Elle n’accélère pas le pas, trop habituée à ne pas laisser montrer la moindre peur — trop habituée à ne pas en ressentir. Elle se demande simplement ce qu’elle a fait, et à qui. Elle cherche à comprendre la raison de cet évident intérêt, qui provoque en elle plus de tensions comportementales que de stress. Que faire ? Y a personne pour donner les ordres, personne pour remettre les choses en place. Personne pour lui dire « Les bouffe pas », ou « Tue-les. » Y a personne pour coordonner, et elle paye finalement les frais de ce libre-arbitre qu’elle a tant désiré. Elle n’a pas d’ordre de mission, à part celui qu’elle s’est donné : rentrer au motel avec ces deux déjeuners et ces deux cafés. Est-ce un objectif suffisamment important pour faire couler du sang sur le trottoir, et rompre le calme de la matinée avec quelques cris arrachés du bout des phalanges ? Elle n’arrive pas à savoir, elle n’arrive pas à trancher. Son cœur s’accélère face à l’indécision ; ses dents se serrent, ses pensées se perdent. Et alors qu’elle se rend compte que les deux hommes sont pratiquement à sa hauteur, chacun d’un côté, elle l’entend. La première voix, le début d’une cohue. Le début d’un brouillard épais et confus, qu’elle redoute peut-être plus que tout au monde.
Regardez…
Elle a ralenti l’allure sans s’en rendre compte, et les deux gars se sont tournés vers elle. Elle papillonne des cils, ses doigts crispés sur les hanses du sac contenant les déjeuners, son autre main tenant immobiles les deux cafés.
Regardez, regardez ! Ça brille… Ça danse. Et les fleurs dans ses cheveux… Regardez ! Regardez…
Les voix ne disent rien de censé, rien de concret. Et les mots des hommes à ses côtés ne lui parviennent qu’en filigrane, au travers du concert de murmures et de rires stridents qui commence son aliénant ballet.
J’ai cru voir… Nous sommes jeudi. Sentez ! C’est du bois de pin. Voyons, vous savez que c’est homme raisonnable. Il a toutes les raisons du monde de ne pas être des nôtres, j’en suis certain. Voyez-vous comme le linge danse aux fenêtres ? J’en ferais un poème. CRIE.
Les hommes ont commencé à la contourner ; animaux encerclant leur proie, se pourléchant à l’avance des quelques biens qu’ils pourront lui tirer. Et elle n’entend par leurs mots, noyés au milieu de la masse des voix qui susurrent, chuchotent, murmurent.
N’oubliez pas : un granulé ou deux, une fois par jour. Attends ! J’ai cru entendre quelque chose… Arrivez-vous à l'apprécier ? Surtout, ne bouge pas.
Lentement, elle se sent décrochée de la réalité, transportée loin de ce libre-arbitre qui s’est soudainement mis à la terrifier. Elle ne voit pas la main qui se lève avec l’intention de se poser sur son épaule, pas plus qu’elle ne l’aperçoit retomber lorsque qu’une voix familière éclate dans l’air. Et c’est ladite voix qui, finalement, la reconnecte.
Elle a les yeux écarquillés, la blondinette. Les lèvres entrouvertes, incapable de faire taire les voix, terrifiée à l’idée de les voir rester. Tétanisée par une scène qu’elle ne comprend pas, dans un monde qui lui semble soudain trop vaste et trop incertain. Tout était si facile, lorsqu’elle n’avait qu’à suivre ce qu’on lui disait. Tout était si facile, lorsqu’il n’y avait qu’à se laisser commander…
« J’crois pas me souvenir qu’on t’a sonné. Occupe-toi d’tes oignons, tu veux ? » Elle ne voit pas la main tapoter la poche d'une veste, comme pour dire « j'suis armé, alors dégage de là, et fissa ».Elle ne dit rien, ne réagit pas. Elle pourrait leur renverser les cafés bouillants sur le visage, tordre les doigts qui s’approchent vicieusement de son épaule, luxer l’épaule qui leur permet de se déplacer, tordre la nuque qui laisse passer les commandes nerveuses qui leur ordonnent bouger. Mais rien ne vient. Incapable de comprendre, incapable de se gérer. Si on lui veut du mal, c’est sûrement qu’elle a dû faire quelque chose pour les contrarier. Si on la touche, c’est sûrement qu’elle l’a mérité.
Paraît que lorsqu’on est lâché parmi les gens normaux, il ne faut pas s’énerver. Et après tout, pour le moment, il n’y a aucun mal de fait. Une main qui se pose sur une épaule et qui la serre un tantinet, y a pas d’quoi en faire une maladie.
Invité
Invité
Sujet: Re: (fst, altaïr) it's a mean world that i've known. Jeu 28 Avr 2016 - 18:06
– it's a mean world that i've known –
JANIS ET ALTAÏR / Today we let the curtain rise, Generation occupied - Welcome to your empty lives, Led astray with blinded eyes. No more utter solitude - Oppressive enough to escape your fate
Quand il a rencontré Jai, Altaïr ne s’était pas attendu à la prendre en affection un jour ou l’autre. Il n’avait croisé son chemin que grâce au hasard, que parce que l’homme qui la gardait comme un animal de compagnie et une merveilleuse arme vivante était quelqu’un avec qui il pouvait faire affaire. Il ne pensait pas grand’ chose de la jeune femme à l’époque, ne la voyant que comme un personnage étrange et un peu effacé qui se contentait de suivre son propriétaire comme l’aurait fait un animal de compagnie. Et puis, petit à petit, à force de discuter avec elle, il avait développé une certaine sympathie pour la grande blonde, sympathie qui s’était muée en amitié sincère et son instinct de protection s’était sans aucun doute éveillé au moment où il avait décidé qu’il ne supportait plus de la voir être traitée comme une esclave et une moins que rien. Elle aussi avait droit à une vie, une vraie, à la liberté et au libre-arbitre. Prenant le temps qu’il fallait, il avait instillé cette idée dans l’esprit de Jai, lui soufflant que si elle voulait partir, elle n’avait qu’à le faire, et si on tentait de la retenir par la violence, elle avait le droit de répliquer. Après tout, d’après ce qu’il avait compris, elle avait vécu ainsi presque toute son existence. Définitivement, il y avait bien mieux que la servitude comme prospective d’avenir, et puisqu’elle ne savait pas comment vivre par elle-même dans un monde qu’elle n’avait jamais eu la chance de connaître, il resterait avec elle jusqu’à temps qu’elle ait trouvé toutes les marques dont elle avait besoin. Et puis, voyager à deux, ce n’est jamais désagréable. Il vagabondait en solitaire depuis un long moment déjà ; une compagne de route ne serait pas de trop. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était qu’il la laisserait se glisser dans son ombre et qu’il deviendrait la sienne à son tour. Petit à petit, jour après jour, il laissait tomber sa garde comme jamais il ne l’avait fait, trouvant avec elle une stabilité qu’il poursuivait depuis des années. Ils étaient instables l’un comme l’autre, elle plus que lui peut-être, mais à deux, ils touchaient l’équilibre du doigt, et pour la première fois, il avait l’impression d’avoir une place quelque part, quelque chose de mieux et de plus confortable que ce que lui offrait la chasse.
Cet attachement qu’il a pour Jai, c’est aussi ce qui fait qu’Altaïr s’énerve en voyant ces deux grands abrutis lui tourner autour. Il ravale sa colère mais ne l’éteint pas, la laissant aiguiser ses sens. Déjà, il est prêt à se battre, même si son attitude n’a rien de menaçant – si l’on excepte la dureté de son regard clair et sa voix d’une froideur absolue. L’un des types lui répond, et tapote sa poche comme pour lui montrer qu’il est armé et qu’il n’hésitera pas à s’en servir. Le chasseur hausse un sourcil : il traque et tue des monstres à longueur de temps, alors un pauvre cul-terreux avec son petit calibre ne l’effraie sûrement pas. Il vrille son regard de glace dans le sien et lui répond tout en avançant pour se mettre à la hauteur de Jai.
- C’est mes oignons quand deux cons font chier mon amie. Barrez-vous.
Il n’élève jamais le ton, pas une fois. Il a l’air presque détendu même, mais ses mains aux doigts couverts de bagues peuvent se changer en poings à tout instant pour venir s’encastrer dans les mâchoires des importuns. Qu’un seul d’entre eux touche Jai, qu’un seul pose sa sale patte sur son épaule, et ce sera la dernière chose qu’il fera avant de perdre une bonne partie de ses doigts.
Invité
Invité
Sujet: Re: (fst, altaïr) it's a mean world that i've known. Ven 29 Avr 2016 - 3:49
Elle est pas sûre de comprendre ce qui est en train de lui arriver, ce qui est en train de se passer. Que deux types manifestent de l’animosité à son égard, c’est loin d’être la première fois que ça arrive ; mais que quelqu’un intervienne, en revanche, c’est une nouveauté. Et alors que les murmures dévorent ses tympans, peinant à lui faire garder pied avec la réalité, elle fixe le colosse qui s’est approché, prêt à s’interposer. Elle cherche à comprendre le mal qui a bien pu être fait, chercher à percer à jour les raisons pour lesquelles on s’en prend à elle. Elle n’a pas de fric — il lui reste peut-être cinq dollars dans les poches, à tout casser. Elle n’a pas d’objets de valeur, pas de bijoux. Tout c’qu’elle a, c’est deux déjeuners et deux cafés. Y a franchement un truc qui cloche dans la tête de l’humanité.
Et alors que son compagnon de voyage riposte, elle sent un léger choc électrique lui parcourir l’échine. Décharge d’adrénaline, lorsqu’elle sent une main se poser sur son épaule pour la tirer brièvement vers l’arrière, en réponse à la pique d’Altaïr. « Ton amie, bah voyons. On parie quoi qu’tu la connais même pas et qu’tu fais juste ton preux chevalier ? » « Allez, dégage avant qu’on s’énerve. » Ceux qui menacent sont faibles. Les forts, eux, ne menacent pas : ils frappent. Les mots percent la surface de ses pensées, intarissable litanie qu’elle s’est vue incruster dans le crâne à coups répétés. Et elle sent un frisson lui dévaler le dos, la petite blonde ; secouée par le souvenir d’un visage qu’elle aurait préféré oublier à jamais, mais qui avait l’air bien décidé à revenir la hanter — revenir lui rappeler ce qu’elle avait fait.
Et les voix. Les voix qui insistent, les voix qui sévissent. Elle les perçoit, stressantes, oppressantes. Elle a l’impression que son crâne va exploser ; elle sent ses muscles se mettre à trembler. « Alta... » « Ta gueule toi. » La main lui relâche l’épaule, et se saisit de son bras. Ça fait valser les deux gobelets de café, qui s’écrasent au sol. Foutu, le p’tit déjeuner. Et alors qu’elle voit les dégâts, alors que les mots montent à son esprit, et que la douleur de la poigne jaillit, tout dérape.
Celui qui la tient sort son canif, l’autre son couteau. La petite lame se précipite vers sa gorge en une menace, alors que la grande se tend vers Altaïr pour lui ordonner de s’éloigner. Et il en faut pas plus ; pas plus que des voix qui se mettent à hurler au fond de sa tête, capharnaüm d’incompréhensibles paroles. La folie qui l’assomme, et la peur de ne pas être capable de s’en débarrasser qui la fait bouger : en un éclair, sa main nouvellement libérée des cafés attrape le poignet de l’homme, le force à s’éloigner. Elle refuse de lâcher les déjeuners, refuse qu’ils s’écrasent au sol comme les deux sources caféinées. Et la seconde main de l’homme en profite, s’enroulant autour de sa gorge pour l’étrangler. Elle ne pense pas à se défendre, ne pense pas à riposter. Elle ne sait pas ce qu’elle a le droit de faire — ne sait pas si elle a le droit ou non de le tuer. Paraît que tuer c’est mal. Paraît que dans l’vrai monde, ça ne se fait pas.
Elle ne sait plus, elle ne sait pas. Et les voix qui lui flanquent la migraine, obscurcissant cruellement son jugement et sa lucidité, ne font vraiment rien pour aider.
Invité
Invité
Sujet: Re: (fst, altaïr) it's a mean world that i've known. Mar 17 Mai 2016 - 1:16
– it's a mean world that i've known –
JANIS ET ALTAÏR / Today we let the curtain rise, Generation occupied - Welcome to your empty lives, Led astray with blinded eyes. No more utter solitude - Oppressive enough to escape your fate
S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas dire d’Altaïr, c’est qu’il n’est pas protecteur. Il a beau être bourru, taciturne et du genre brutalement honnête, il n’en reste pas moins d’une fidélité désarmante pour ceux qui ont réussi à s’attirer sa sympathie et sa loyauté. Ils sont peu nombreux et se comptent probablement sur les doigts d’une seule main, mais pour ces gens-là, il irait au bout du monde sans hésiter une seconde, il soulèverait des montagnes et il se dresserait contre la terre entière pour les défendre envers et contre tout – sans pour autant les laisser s’en tirer en cas de connerie plus ou moins prononcée. Jai n’a pas fait de connerie ; Jai est un dommage collatéral d’un énorme connard qui a fini avec le poignard de la jeune femme planté dans la jugulaire. Jai est devenue sa meilleure amie à une vitesse folle, et s’il ne sait pas encore très bien pourquoi il a accepté qu’elle le suive ainsi, il est bien content d’être en sa compagnie en fin de compte. Il a l’impression étrange qu’avec elle, il trouve plus facilement une place que lorsqu’il est seul à parcourir les routes. A dire vrai, c’est peut-être la première fois qu’il a ce sentiment, la première fois qu’il a la sensation d’être au bon endroit au bon moment et non plus en décalé par rapport à l’humanité toute entière. Et rien que pour ça, il a développé une affection sincère et un sentiment de protection hyper développé envers la jeune femme. Alors forcément, lorsque l’un des deux abrutis la saisit par le bras pour la rapprocher de lui et qu’il sort sa lame en même temps que son compère, le jeune chasseur voit rouge. Instantanément, tous les muscles de son corps se tendent, l’adrénaline coule dans ses veines aussi librement que son sang et il met toute sa mesure de côté. Plus rien ne compte, plus rien n’existe à part le petit quatuor qui se retrouvera bientôt réduit à deux, car il est hors de question de laisser quoi que ce soit de mal arriver à Jai. Et lorsqu’il voit la grande blonde se retrouver à moitié étranglée, il ne réfléchit pas davantage. Ses yeux d’un bleu électrique se vrillent dans ceux de l’homme qui le menace de son couteau et il balaye sa main d’un revers de la sienne avant de lui saisir le poignet et de le tordre violemment, jusqu’à ce que les doigts s’ouvrent et laissent tomber la lame. Le poing libre d’Altaïr se serre et vient s’écraser dans le nez de l’imbécile – une fois, deux fois, trois fois, jusqu’à ce que le cartilage se brise en un craquement immonde et que l’autre finisse hors jeu, assommé par ces trois coups assénés avec une violence qui n’a rien de mesurée. Le jeune homme lâche l’inconnu comme s’il s’était sali la main rien qu’en le touchant et braque ses yeux glacés vers le dernier debout, celui qui tient toujours Jai coincée contre lui. Et il voit la lame se tourner vers elle, et une ride de colère se creuse au coin de son nez. Il ne peut rien faire sans risquer qu’elle soit blessée avant d’avoir pu agir. Elle en revanche …
- Défends-toi, Jai.
Cette fois, c’est elle qu’il regarde, c’est dans ses yeux que les siens se sont plongés. Elle a encore des choses à apprendre sur cette liberté qu’elle n’a jamais connu, mais il y a une chose qu’elle doit comprendre : elle n’a pas à se laisser faire. Elle n’aura plus jamais à se laisser faire, et si on l’agresse, elle a tous les droits de répliquer.
- Sois pas une victime comme tu l’as été. T’as le droit de répondre si on t’attaque.
Elle a le droit de répondre, elle a le droit de blesser, et elle a le droit de tuer si sa vie est en danger. Parce qu’il est hors de question que cette vie, elle la perde avant d’avoir réellement pu la commencer.
Invité
Invité
Sujet: Re: (fst, altaïr) it's a mean world that i've known. Lun 18 Juil 2016 - 8:08
Tout bouge trop vite, tout s’enchaîne sans qu’elle n’ait le temps d’y penser. Et la part de furie en elle ne demande que de surgir, cognant rageusement contre les parois de son crâne. Elle sent la poigne autour de sa gorge, les doigts puissants tenter de lui couper la seule source d’air de ses poumons. D’une main, elle tient toujours les déjeuners ; de l’autre, elle a agrippé le poignet féroce, sans pour autant avoir la force mentale de le tordre. Elle n’a jamais eu le droit de cogner si elle n’y était pas obligée. N’a jamais eu le droit de frapper si on ne le lui avait au préalable pas demandé. Et maintenant, il n’y a plus personne pour donner les ordres. Il paraît que les règles de la société sont trop compliquées, que le monde ne fonctionne pas comme celui qu’on lui a inculqué. On le lui a dit, redit, encore et encore, jusqu’à ce que l’idée s’enfonce dans son crâne, et qu’elle n’en vienne à avoir peur de s’enfuir de ce joug. Et maintenant qu’elle est seule, elle regrette. La terreur se distille au creux de son ventre, alors qu’elle se prend à souhaiter que tout ce qui lui est arrivé ces derniers jours ne soit plus qu’un lointain souvenir, et qu’elle puisse retrouver une puissance naturelle pour la gouverner. Elle perd pied, sa rationalité s’enfuit ; la menace de mort qui plane au-dessus de sa tête et qui serre son cou lui fait oublier à quel point elle a tort. Oublier qu’elle n’est pas seule.
Et ce sont les mots d’Altaïr qui la tirent de sa torpeur étrange. Ils lui parviennent, lui rappelant qu’elle n’a pas fait tout ça pour rien. Qu’elle n’est pas laissée en liberté sans personne pour la soutenir, sans personne pour lui apprendre ce qu’elle a besoin de savoir. Altaïr est là, et il s’en charge ; Altaïr est là, et il s’occupera d’elle jusqu’à ce qu’elle soit capable de le faire seule. Altaïr est là. Et il lui dit de se défendre. Qu’elle n’a pas à se laisser maltraiter. Il n’a rien besoin de faire d’autre, pas même besoin de s’approcher ou d’esquisser un quelconque geste pour la pousser : le fauve est lâché, et n’a aucunement l’intention de se laisser plus longtemps malmener.
Elle pourrait lui tordre le poignet, pourrait le neutraliser efficacement, simplement, et le laisser à terre. Mais elle en oublie l’hypothèse d’une quelconque civilité. Elle en oublie que la violence débridée n’est pas autorisée à tous les coins de rue, et que la police risque de ne pas apprécier ce qu’elle va laisser de ce type. Mais dans l’instant, ça n’a pas d’importance. Ses doigts lâchent le poignet, s’enfoncent dans les yeux du gars. Il hurle, dans le même temps que sa main relâche la gorge pour se précipiter vers la source nouvelle de douleur. Et sa lame fuse vers la petite blonde, qui a tôt fait de contrer le poing furibond. Et elle serre, la petite bête — elle serre, si fort qu’elle lui fait craquer les jointures, et qu’il finit par poser genoux à terre. Lorsqu’elle va pour relâcher la pression, elle sent le couteau lui glisser entre les doigts. Elle le rattrape, et d’un mouvement bref, le plante dans la clavicule du type, avant d’écraser sa main nouvellement libérée contre sa tempe, en coup de grâce. Et il s’effondre sans demander son reste, alors que les doigts de Jai se resserrent sur le déjeuner qu’elle n’a même pas pris la peine de lâcher. Elle s’est décalée d’un pas pour le laisser s’étaler à terre, face contre terre. Ses yeux se relèvent vers Altaïr, et le dévisagent. Les voix ne se sont pas calmées, et elle tremble comme une feuille, incapable de lâcher le sac en papier. L’adrénaline de frapper ce type est bien vite retombée, et elle n’a même pas eu le cœur de jouer davantage avec sa proie, la McLeod. Tout ce qu’elle a en tête, c’est les incessants murmures qui semblent l’attirer un peu plus dans la folie à chaque seconde. Et sa paume libre vient frapper sa tempe, geste désespéré de l’enfant qui veut faire partir son cauchemar et sortir les affreuses images de son esprit.
Et contre toute attente, les voix disparaissent en réponse au coup. Elle s’arrête un instant, scrute autour d’elle d’un air perdu. Plus rien. Et elle sent le soulagement l’envahir, la petite bête. L’ombre d’une expression soulagée passe sur ses traits, alors qu’elle tend le sac des déjeuners à son vis-à-vis. « Ils ont fait tomber les cafés. Est-ce qu’on peut retourner en chercher ? » Et doucement, les battements de son cœur finissent de retomber. Plus de voix, plus d’agresseurs. Plus que lui. Lui, elle, et la tranquillité de continuer à s’habituer à une vie des plus étranges, mais plus attrayante à chaque nouvel instant qu’au précédent.
( the end )
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: (fst, altaïr) it's a mean world that i've known.