Fst | And God created idiots... (Momoseth)

SUR TH DEPUIS : 30/04/2015

And God created idiots

Moira & Seth

Un soupir de soulagement et je posais à terre le dernier carton. Me redressant en me passant une main dans les cheveux, je grimaçais en me rendant compte du travail qui m'attendait dans les jours à venir... Tant d'affaires amassées au fil des ans, de partitions qui allaient finir par remplir deux bibliothèques à elles seules, de vêtements divers et variés, les affaires également de toutes les petites bêtes que j'avais recueillis comme si ma maison était l'arche de Noé... Décidément, j'avais vu un peu gros, et aurais peut-être dû me débarrasser de certaines choses en venant. A commencer par les souvenirs de douloureux... M'approchant de cette grosse boîte en bois sur laquelle était écrit en rouge « fragile », je me laissais tomber à genoux et en déverrouillais le cadenas. A l'intérieur, il y avait ce violoncelle, silencieux depuis trop longtemps... Un instrument dont j'avais maintes fois entendu le chant, qui m'avait fait vibrer par sa mélancolie, et qui n'avait jamais aussi bien sonné qu'entre ses mains. William. Mon fiancé disparu depuis maintenant cinq ans, et dont je n'arrivais pas à me détacher. Ce violoncelle, il allait fièrement orner mon salon, comme les vestiges d'un amour et d'une culpabilité qui me prenaient régulièrement à la gorge.

Alors que je caressais du bout des doigts la surface vernie de l'instrument, une grosse boule de poils blanche s'approcha et vint renifler la boîte de son énorme truffe noire. Avec un sourire, je passais affectueusement la main dans la fourrure de Biscuit avant de me relever. Ce n'était définitivement pas le moment de déprimer ! Nouvelle ville, nouveau départ ! Je n'étais pas venue me perdre dans le trou du cul du monde pour me laisser aller à la dépression ! Délaissant tous mes cartons en grande adepte de la procrastination que j'étais, je me dirigeais vers la salle de bain pour profiter des quelques litres d'eau chaude que le chauffe-eau était parvenu à faire tiédir depuis mon arrivée.

Il était pas loin de vingt heures lorsque je quittais ce nouveau chez moi que j'avais à peine pris le temps de visiter. Déterminée à rencontrer quelques autochtones sympathiques, j'avais balancé ma tenue de sport pour adopter une tenue de soirée un tantinet plus classe et sexy. Non pas que j'espérais séduire qui que ce soit avec des talons et un décolleté, mais c'était toujours plus glamour que le t-shirt informe et le vieux jogging. J'attrapais mon sac à main, ignorait le regard de reproche que me lancèrent Kissa et Biscuit, et verrouillais la porte derrière moi. J'avais vécu à New-York et Chicago pendant tant d'années que me retrouver dans une si petite ville, à l'apparence tranquille me faisait soudain bizarre. Je craignais même d'en avoir vite fait le tour et de m'ennuyer... Mais pour l'heure, il me restait tout à découvrir. A commencer par l'endroit qui réunissait en général tout le gratin d'une ville le soir : Un bar ! J'en avais repéré un à quelques rues de chez moi, et m'y engouffrais d'un pas décidé. A l'intérieur, une douce chaleur me monta aux joues, et mes oreilles mirent un moment à s'adapter au brouhaha ambiant. C'était on ne peut plus animé, d'autant qu'il semblait y avoir un genre de concours, ce soir-là... Une bande de gugus s'était réunie autour d'une table, et chacun y allait de sa voix de baryton enrouée pour encourager les deux adversaires. Étrangement, ce n'est pas vers eux que je me dirigeais d'entrée de jeu. Avant d'aller côtoyer un type bourré, mieux valait pour moi d'être dans le même état que lui... Ou pas loin.

Je préférais me diriger vers le bar, au moment même où l'un des braillards reculait en titubant. Il me marcha sur le pied, me faisant déraper et bousculer un type derrière moi. Je me retournais, le dévisageais un instant et bafouillais.

« Oh heu... Pardon, je ne vous avais pas vu... Voyez avec machin, c'est lui qui m'est rentré dedans... »

Puis je me faufilais loin d'eux pour ne pas me retrouver prise au milieu d'un règlement de compte. C'est qu'entre le grand baraqué et le petit nerveux avec sa crête, je ne donnais pas cher de ma peau ! Je commandais un étrange cocktail bleu à base de curaçao et de gin, et sirotait tranquillement mon verre en observant les gens autour de moi. Il me fallu bien deux minutes pour comprendre qu'à l'autre bout du comptoir, le type avec la crête m'observait. Et pour une raison qui m'échappait encore, j'agitais la main pour lui dire bonjour. Bravo, Moira, super comme entrée en matière !

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

– and god created idiots –

MOIRA ET SETH/ We live each day like there's nothing to lose, But a man has needs and that need is booze. They say all the best things in life are free So give all your beer and your rum to me. We are here to drink your beer And steal your rum at the point of a gun. Your alcohol to us will fall 'Cause we are here to drink your beer – ALESTORM.

Faire la fête, sortir, rencontrer du monde, c’était des choses que Seth savait faire et aimait faire. Oh bien sûr, il y avait d’autres moyens de se sociabiliser que de se planter dans un bar un soir dans la semaine, mais il avait eu envie de boire un verre et de ne pas le boire tout seul dans son coin comme un pauvre homme esseulé et solitaire. Et quitte à profiter de la soirée, autant aller s’installer à l’un des bars qu’il fréquentait régulièrement. Comme prévu, il y avait de l’animation, et comme prévu il joignit les festivités durant un temps. Il ne comptait pas non plus sortir de là ivre mort, aussi ne participa-t-il pas aux jeux à boire, se contentant d’encourager tout ce beau monde avec entrain, sa pinte de bière à la main – enfin, la deuxième, puisque son premier verre avait été rapidement bu. Le Calédonien tenait très bien l’alcool, même s’il ne fallait pas non plus trop le lancer sur le whisky, et il savait parfaitement qu’il ne se limiterait pas à deux pauvres bières. Se faufilant au milieu de la foule, il contourna le groupe de braillards enjoués rassemblé autour d’un duel de shots et s’adossa au bar pour mieux les regarder, amusé, lorsqu’il vit une silhouette reculer et involontairement en pousser une autre vers lui. Il eut le temps de poser son verre sur le comptoir pour ne rien en renverser et regarda la jeune femme qui bafouilla quelques excuses. Il haussa un sourcil et se tourna vers le dénommé « machin » et sourit en reconnaissant l’un des hommes qui travaillait sous ses ordres. Une poignée de main – ou plutôt, un check rapide plus tard et quelques phrases échangées dans la bonne humeur, le mutant se juchait sur l’un des grands tabourets et regarda autour de lui. Ses yeux bruns tombèrent sur la grande rousse qui l’avait bousculé et il la fixa, curieux. Il ne se souvenait pas l’avoir déjà vue quelque part. Bien entendu, il ne connaissait pas tout le monde en ville, mais il avait au moins aperçu quelques silhouettes reconnaissables, et il n’avait encore jamais vu à Radcliff de cheveux pareils. La demoiselle tourna la tête vers lui et … lui fit bonjour de la main. Seth haussa un sourcil et sourit avant de la saluer en retour, puis passa la main sur la fine barbiche de son menton lorsqu’elle tourna la tête. Finalement, il fit signe au barman et discuta rapidement avec lui avant de le regarder faire un cocktail nommé « It was mint to be ». A voir si l’inconnue avait de l’humour, sinon il irait voir ailleurs s’il y était, mais si elle était du genre à agiter la main pour dire bonjour à un homme qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam, il y avait fort à parier qu’elle avait un minimum de répartie et qu’il y avait moyen que leur échange, même à distance, soit particulièrement divertissant.

Spoiler:

SUR TH DEPUIS : 30/04/2015

And God created idiots

Moira & Seth

Un bar bondé le soir, en fin de semaine, c'était généralement le meilleur endroit qui soit pour faire connaissance avec les habitants du coin. L'inconvénient, c'est qu'on avait vite fait de tomber sur des types déjà à moitié torchés, incapable d'aligner deux mots et qui avait la délicatesse d'un pachyderme obèse au milieu d'un magasin de porcelaine. Entre ceux qui s'étaient lancé dans un jeu à boire derrière moi, et les abrutis dix mètres plus loin qui semblaient se marrer comme des baleines en faisant un concours de rot, je n'arrivais pas à savoir lesquels étaient les plus ridicules. Une chose était certaine : je n'avais clairement pas assez bu pour me joindre à l'une ou l'autre des deux tables. Sirotant mon cocktail en jouant avec le petit palmier que le barman avait planté dans une rondelle de citron, je rêvassais. Radcliff... Nouvelle ville, nouveau départ. Un coin perdu au beau milieu des Etats-Unis, loin de la magie de New-York que j'avais côtoyée pendant quelques années, ou encore de Chicago, que j'avais quitté à regret. Je préférais cent fois la ville qui avait vu sévir Al Capone à ce trou paumé de bouseux où on trouvait à peine trois bars pour contenter tous les poivrots qui y vivaient. Bon sang... A peine arrivée et voilà que je me montrais déjà condescendante. Ça partait bien !

A l'autre bout du comptoir, l'inconnu que j'avais bousculé répondit avec étonnement à mon salut, et je n'insistais pas. Il devait probablement déjà me prendre pour une folle, alors inutile d'en rajouter une couche. Finalement, j'envisageais de me sociabiliser en allant discuter avec un groupe attablé un peu plus loin, quand le barman m'apporta un second verre. Fronçant les sourcils, je le hélais.

« Heu dites ! Je n'ai rien commandé d'autre... »

« Je sais, ça vient du type là bas », dit-il en me désignant l'inconnu à crête, « il m'a dit de vous servir un « It was mint to be »... Si vous voulez mon avis, il a une idée derrière la tête... »

Je haussais un sourcil surpris face au clin d'oeil qu'il me fit, me tournais vers l'inconnu... Et me demandais si je devais poliment refuser le verre ou rentrer dans son jeu. Dans un sens... Je ne le connaissais pas, peut-être cherchait-il à se payer ma tête, ou c'était peut-être un dangereux psychopathe, qui sait ? D'un autre côté... Je n'avais rien à perdre. Je venais d'arriver, ne connaissais personne, et avec son sourire de crétin à l'autre bout du bar, il avait plutôt l'air sympathique. Après un instant d'hésitation, j'esquissais un sourire, le gratifiait d'un clin d’œil et portais la paille à mes lèvres. Une chance que j'aime la menthe, il n'y avait pratiquement que ça dans le verre. Une ou deux gorgées plus tard, j'interpellais à nouveau le barman, je priant aimablement de servir à l'inconnu à crête un « Sex on the beach ». Parce que la dentelle c'était bon pour les fillettes, et ma connaissance des cocktails était loin d'être aussi variée que je l'aurais voulu. J'attendis que le barman serve le verre, que l'autre l'accepte, et me levais de mon siège, mon propre cocktail à la main. En quelques enjambées, je fus à sa hauteur et me laissais tomber sur le tabouret à côté du sien.

« Alors, monsieur le mystérieux inconnu... On fait picoler les demoiselles sous couvert de messages secrets ? Vous avez un nom ? Dans ma tête ça donne « l'inconnu à crête » depuis cinq minutes, et je dois avouer que ce n'est pas franchement très glamour... »

Je sirotais mon cocktail avec un sourire mutin avant d'ajouter.

« Chouette coiffure, au passage ! »

C'était peut-être lui, le type qui allait me tirer de mon ennui... Après tout, c'était la première personne à qui je parlais depuis que j'avais posé mes valises. Pitié, faites que ça ne soit pas un abruti ni un psychopathe... J'ai assez donné...

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

– and god created idiots –

MOIRA ET SETH/ We live each day like there's nothing to lose, But a man has needs and that need is booze. They say all the best things in life are free So give all your beer and your rum to me. We are here to drink your beer And steal your rum at the point of a gun. Your alcohol to us will fall 'Cause we are here to drink your beer – ALESTORM.

Seth était quelqu’un de parfaitement sociable. Certes, il pouvait parfaitement vivre sans entrer en contact avec quelqu’un, et son travail l’obligeait à rester discret sur bien des choses, mais il était tout à fait à l’aise en société même si cette dernière avait tendance à le qualifier de paria, et il faisait un très bon invité avec l’alcool joyeux. Bon, se rendre ivre n’était pas non plus l’objectif de sa soirée ; il avait simplement envie de se détendre et de prendre l’air, de laisser trainer ses oreilles çà et là comme il le faisait toujours et puis, surtout, passer du bon temps. S’il ne participait pas à l’animation qui se tenait à quelques pas de lui à peine, en revanche il avait parfaitement repéré la grande rousse qui lui était rentrée dedans sans faire exprès. Assise à l’autre bout du bar, elle avait l’air à l’aise mais pas totalement détendue non plus. Peut-être n’avait-elle pas l’habitude de sortir, ou bien était-elle nouvelle en ville puisque rien dans son apparence ne faisait écho dans la mémoire du mutant ; dans tous les cas, il avait tenté sa chance avec un cocktail au nom ridicule mais assez équivoque pour qui saurait saisir le jeu de mots. Il sourit à l’inconnue en la voyant accepter le cocktail et il retourna à son verre. Ce n’était pas le plus subtil des premiers contacts, mais c’était son genre de faire ce genre de blagues qui n’en étaient pas forcément. Si elle avait de l’humour, peut-être y répondrait-elle ; si elle n’en avait pas ou si elle n’avait pas envie de pousser les choses plus loin, il n’insisterait pas. Des lourdingues, des dragueurs à la sauvette et des hommes qui avaient l’air plus dangereux qu’ils n’en avaient l’air, il en avait vu un certain nombre à l’œuvre et il n’en faisait pas partie – il avait des défauts, beaucoup même, mais lorsqu’un homme ou une femme lui disait non, il acceptait ce non comme une réponse.
Celle de la jeune femme, en revanche, arriva sous la forme d’un cocktail posé devant lui. Haussant un sourcil, ne se rappelant pas avoir commandé quoi que ce soit de plus, il leva les yeux vers le barman qui lui dit avant même qu’il ait pu poser sa question :

- C’est un « Sex on the Beach », de la part de la rouquine. Je crois qu’elle a aimé ton cocktail.

Il s’éloigna et laissa Seth hausser les sourcils. Le Calédonien regarda son verre et rit de bon cœur, très amusé de la situation. Si ça ce n’était pas un message direct, il ne savait pas ce que c’était. Il but une gorgée du liquide qu’il trouva un peu trop sucré à son goût mais pas désagréable pour autant. Et lorsqu’il sentit qu’on s’asseyait à côté de lui, il tourna la tête pour sourire à la grande rouquine qui venait de se poser sur son tabouret le plus naturellement du monde.

- J’ai oublié mon ardoise chez moi, c’était plus pratique le cocktail.

Il sourit, malicieux et un peu charmeur comme toujours. Il ne cherchait pas spécialement à la draguer – pas encore – mais s’il avait appris quelque chose de ses activités professionnelles, c’était que les gens qui ne se laissaient pas impressionner pouvaient très bien être séduite, et la séduction, c’était une chose qu’il maîtrisait à peu près.

- Inconnu à crête, ça m’plait bien. Mais sinon c’est Seth. Et merci, c’est la guerre à entretenir.

Il passa la main le long de son crâne, frôlant ses cheveux du bout des doigts avant de reporter son attention sur la grande dame.

- Et l’inconnue aux cheveux de feu, elle a un nom ou elle restera « grande rouquine à menthe » dans ma tête ?

Quelques petites rides se dessinèrent aux coins de ses yeux quand il sourit, joueur. Quitte à se présenter, autant lui demander la pareille. De toute façon, si elle était là, c’était qu’elle avait envie de parler, et ça aurait été assez stupide qu’ils ne s’adressent pas par leurs noms. Quoique … il avait la drôle d’intuition qu’ils auraient pu se lancer dans un concours de surnoms idiots et beaucoup s’amuser à trouver les pires apostrophes possibles. Avec quelques verres dans le nez, peut-être qu’ils en viendraient à ça. En attendant, il se demandait bien comment allait virer la conversation.

- Sympa au fait le cocktail. Super subtil, délicat et tout.

Il tira un peu la langue, moqueur, mais but une nouvelle fois malgré tout. Un verre gratuit n’était jamais à gaspiller.

SUR TH DEPUIS : 30/04/2015

And God created idiots

Moira & Seth

J'avais toujours une philosophie bien particulière. Les rencontres inopinées étaient souvent les meilleures, les organisées les plus désastreuses. Il n'y avait qu'à voir toutes ces magnifiques rencontres impromptues que j'avais pu faire et qui avaient marquées ma vie à jamais ! Et bien cette fois, j'avais le sentiment que cet étrange type à crête allait faire partie de la catégorie de ceux qui vous marquent au moins pour leur originalité. Après tout, personne n'avait encore jamais essayé d'engager la conversation avec moi en m'envoyant un cocktail au nom si délicat... Je me lançais alors, me posant sur le tabouret à sa droite. Je n'avais rien à perdre, sinon cinq minutes de ma vie ou un refus de converser. Si finalement il s'avérait être un beauf de bas étage doublé d'un couillon, je n'irais pas chercher plus loin et prétexterait n'importe quelle urgence pour m'éclipser. Si au contraire il se révélait être aussi intéressant qu'il en avait l'air, peut-être pourrions-nous évoquer je ne sais quels souvenirs autour d'un verre, qui sait ?

« Faut admettre que les cocktails ça fait un peu moins collégien que l'ardoise, ouais... »

Je lui tendis mon verre pour trinquer, pas gênée pour un sou ! Il avait l'air d'avoir de l'humour et ça me plaisait. Quitte à rencontrer quelqu'un en ville, autant qu'il ne soit pas triste comme un jour sans pain ! Ainsi donc, il s'appelait Seth... Et je me demandais d'où provenait ce curieux accent dans sa voix, qui m'en rappelait un que j'avais déjà entendu auparavant.

« Enchantée, Seth ! Moi c'est Moira. Je veux bien vous croire, pour la coiffure... J'ai tenté l'expérience une fois quand j'étais ado... Quand je suis revenue avec la moitié de la tête rasée, j'ai cru que mes parents allaient faire un infarctus ! Dommage, ça donne un petit genre sympa ! »

Ah ça... Je m'en souvenais de la voix étranglée de ma mère et du regard glacé dans mon père que j'étais revenue littéralement avec une crinière de lionne dressée sur le dessus de la tête... A l'époque je devais avoir quoi... 15 ans ? L'âge de la rébellion, comme on dit. D'un autre côté, je me serais bien vue gratifier Seth de toute un tas de surnoms ridicules, puisqu'il avait l'air de savoir en trouver lui aussi. Seulement nous n'en étions pas encore là. Après quatre ou cinq verres, en revanche... Je croquais dans le dernier morceau de fruit qui subsistait au bord de mon verre et regardais le sien.

« A vrai dire... En règle générale, je ne bois pas de cocktail, alors je connais pas grand chose à part la Margarita, le Mojito... Et celui-ci. D'autant que j'imagine que dans ce pays, les noms sont différents. Ça vous choque, le côté tendancieux de ce que vous avez dans les mains ? »

Aller hop ! Deux provocations en une phrase, s'il voulait de la subtilité il allait en avoir ! J'avais surtout l'air joueuse et taquine, car c'est avant tout ce que je recherchais : me détendre, me distraire... Certainement pas me prendre la tête.

« Je suis désolée, au fait... Pour tout à l'heure, je vous ai marché sur les pieds. Je viens d'arriver en ville et je n'ai pas encore trop l'habitude des gens d'ici. J'espère que l'autre gars ne vous a pas mis son poing dans la tronche ? »

J'esquissais un sourire un peu gênée, consciente que parfois, virilité oblige, certains se sentaient obligés de remettre les importuns à leur place à grands renforts de torgnoles dans la tronche. Sirotant tranquillement mon cocktail, je l'écoutais parler. C'était assez drôle de voir deux inconnus échanger presque sagement au milieu du brouhaha qui régnait. J'avais presque l'impression de retrouver l'ambiance des bars de Galway ! Le fiddle et le uilleann pipes en moins, bien sûr.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

– and god created idiots –

MOIRA ET SETH/ We live each day like there's nothing to lose, But a man has needs and that need is booze. They say all the best things in life are free So give all your beer and your rum to me. We are here to drink your beer And steal your rum at the point of a gun. Your alcohol to us will fall 'Cause we are here to drink your beer – ALESTORM.

Si Seth était un habitué des bars de la ville, ce n’était pas seulement pour passer du bon temps et chercher une potentielle compagnie pour la soirée. Il lui arrivait de faire affaire au fond d’une salle bondée, là où il savait que le bruit couvrirait ses propos et où les oreilles indiscrètes seraient vite repérées. Il avait fait du repérage aussi, profitant de la foule et de ses mouvements pour pouvoir observer en toute tranquillité sans paraître suspect. Mais ce soir, ce n’était pas du tout pour raison professionnelle qu’il était là, et il comptait bien profiter de la présence de la grande rousse à côté de lui pour rendre sa visite intéressante. Au pire, il se prendrait un verre sur le coin de la tête et il rentrerait chez lui bredouille – et trempé – et au mieux … eh bien, il ne tenait qu’à lui de le découvrir. Au moins, la demoiselle avait de l’humour, c’était déjà ça. Il n’aurait plus manqué qu’il tombe sur une grande tige parfaitement coincée ; mais vu le cocktail qu’elle lui avait fait porter et vu la répartie qu’elle semblait avoir, ça n’avait pas l’air d’être le genre du personnage. Il rit un peu et hocha la tête.

- Ouais, mes parents étaient moyen d’accord aussi quand j’suis arrivé avec ma première crête.

A l’époque, ce n’était pas grand’ chose, mais ça n’avait pas particulièrement plus à ses géniteurs de le voir revenir avec sur le crâne ce qu’ils avaient appelé « un animal mort ». Il s’était retrouvé avec la tête rasée très vite, et il avait laissé ses cheveux tranquilles jusqu’à ce qu’il se retrouve largué aux Etats-Unis et qu’il n’ait plus personne à vexer en testant différentes formes de capillarité.
A la remarque suivante de la dénommée Moira, il haussa un sourcil et sourit, baissant son verre dont il venait de prendre une gorgée.

- C’est pas le truc le plus tendancieux que j’ai eu entre les mains.

A subtil, subtil et demi, et si l’Irlandaise s’avançait sur le terrain des sous-entendus douteux, il la suivrait avec plaisir. Il adorait ça, et il adorait mettre les gens mal à l’aise en laissant échapper une phrase qui pouvait être interprétée de deux façons possibles. S’il pouvait trouver en la personne de Moira une partenaire de taille dans ce petit jeu, il en serait ravi. Il sourit et secoua la tête quand elle s’excusa.

- Nan, y a pas de mal et c’est un type avec qui je bosse de temps en temps. Manquerait plus qu’il me cogne, tiens.

Il n’avait pas de souci avec les personnes qu’il employait en général, et celui qu’il avait bousculé plus tôt ne lui avait jamais posé de problème. Ce n’était pas une petite chute qui allait les fâcher, d’autant que le Calédonien payait bien ses employés – l’équivalent d’une prime de risque pour activité illégale.

- Alors, qu’est-ce que vous foutez à Radcliff ? C’est loin de l’Irlande, ou d’une forme de vraie civilisation, et vous avez pas l’air du genre à vous enterrer dans un trou perdu pour le plaisir.

Il était curieux de connaître la raison de la présence de la jeune femme dans cette petite ville du fond du Kentucky. On n’y venait pas vraiment pour y faire du tourisme, et on était assez loin de la capitale du pays, alors à moins d’être très intéressé par les curiosités locales, il n’y avait pas vraiment de raison de venir s’y établir sur le long terme.

SUR TH DEPUIS : 30/04/2015

And God created idiots

Moira & Seth

Je connaissais des gens comme mon frère qui ne supportaient pas l'ambiance des bars. Trop de bruits, trop d'éclats de voix, une chaleur étouffante et trop grande proximité avec tout le monde. Pour ma part, j'adorais ça. C'était vivant, actif, on pouvait y rencontrer tout un tas de gens ou retrouver des amis... Et pourquoi pas échanger des cocktails aux noms farfelus avec un inconnu à crête ? D'ailleurs, en parlant de crête...

« Oh dommage ! C'est pourtant fun ! Et tellement plus cool comme coiffure que la raie gominée sur le côté... »

Un sourire, un clin d'oeil et je prenais à me dire qu'il était plutôt sympa, cet inconnu. Seth qu'il avait dit s'appeler. Il me confirma d'ailleurs qu'il avait un humour délicat et raffiné en ajoutant que le verre qu'il avait dans les mains n'était pas la chose la plus tendancieuse qu'il ait tenu. Si ça ça ne voulait pas tout dire... A moins qu'il ne connaisse pas le mot sous entendu, c'était impossible qu'il ait dit ça par hasard. Un sourire malicieux aux lèvres, je répliquais à mon tour.

« Vraiment ? Mince... Va falloir éclairer ma lanterne, je suis curieuse... »

Voilà. S'il voulait jouer au moins subtil des deux, j'étais prête à défendre mon titre. A vrai dire, ce qui m'amusait, c'était de savoir jusqu'où il pouvait aller, et qui de nous deux serait le premier gêné par les remarques de l'autre. A moins qu'il ne commence à partir dans le trash, je doutais qu'il soit capable de me mettre vraiment mal au point d'avoir envie de disparaître dans le sol. En fait, pour l'heure ce qui m'intéressait c'était surtout de savoir si le fait d'avoir bousculé un autre type un peu plus tôt n'allait pas lui attirer d'ennuis. Comme première approche, on avait vu mieux. Je haussais alors les sourcils et me tournais vers l'armoire à glace que j'avais percuté un peu plus tôt.

« Sérieusement ? Ce colosse bosse pour vous ? Si c'est pas indiscret, vous faites quoi dans la vie, pour avoir des types pareils à vot' botte ? »

Pitié, faites qu'il ne soit ni chasseur de mutants, ni tueur à gages, ou un truc glauque du même genre... Il avait l'air sympa, mais je n'oubliais ce vieil adage qui disait que l'habit ne faisait pas le moine. Mieux valait me méfier. En revanche, le dire à peu de choses près pourquoi j'étais à Radcliff, ce n'était pas un problème. Avalant une gorgée de mon cocktail, j'attaquais mon palpitant petit récit.

« Je suis musicienne... Violoniste, en fait. Il m'arrive souvent de bouger, je n'ai pas dû voir la verdure d'une pelouse irlandais depuis dix ans, à vrai dire. En fait je... Je suis ici pour chercher quelqu'un... »

Mon visage se ferma quelque peu tandis que je songeais à William, quelque part dans les environs... Je n'osais même pas imaginer dans quel état j'allais le retrouver, ni même s'il était vivant mais... Non. Il l'était, j'en avais la certitude. M'imaginer vivre le restant de mes jours sans lui, c'était encore trop dur. Alors, souvent, je comblais ce vide dans les bras d'un autre, le temps d'une nuit, déculpabilisant en me disant qu'il n'y avait rien de sérieux dans tout ça. Mais, plus que jamais depuis cinq ans, j'avais le sentiment que mon périple touchait à son but ici. Me forçant à nouveau à sourire, je relevais les yeux vers Seth.

« Et puis je me suis dis qu'un trou perdu me changerait peut-être des grandes villes, j'en ai un peu marre des gratte ciels à perte de vue... Qui sait, je vais p'tet me trouver un charmant petit paysan du coin et refaire ma vie ici ? »

J'esquissais un sourire amusé, pas le moins du monde convaincue par ce que je disais. Moi qui aimais les grandes villes, je n'étais pas prête de venir m'établir ici pour le restant de mes jours. A vrai dire, les choses étaient claires dans mon esprit : je comptais retrouver William et me tirer d'ici au plus vite, pour l'Angleterre ou l'Irlande, mais certainement pas pour un autre état de ce pays de cinglés.

« Bon bon bon... Et vous... Vous êtes ici parce que vous aimez les coins paumés ou pour affaire ? De la famille dans le coin, peut-être ? C't'à dire qu'à force de causer comme ça, on va finir par vite se connaître... »

De l'humour, encore et toujours, mais je préférais ça que me mettre à pleurer sur mon sort. Et puis, d'un autre côté, fallait bien admettre qu'en l'espace d'une petite heure, nous étions passés de simples inconnus s'échangeant des verres à celui... D'inconnus un peu moins inconnus, discutant de tout et de rien. Et ça, j'étais bien obligée d'admettre que c'était agréable.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

– and god created idiots –

MOIRA ET SETH/ We live each day like there's nothing to lose, But a man has needs and that need is booze. They say all the best things in life are free So give all your beer and your rum to me. We are here to drink your beer And steal your rum at the point of a gun. Your alcohol to us will fall 'Cause we are here to drink your beer – ALESTORM.

Renfermé et asocial étaient des choses que Seth n’était absolument pas. La preuve : il n’y avait qu’à la voir discuter avec cette parfaite inconnue comme si c’était parfaitement normal alors que dix minutes plus tôt, il ne savait même pas qu’elle existait. Cela dit, elle n’avait pas l’air d’avoir la langue dans sa poche non plus, alors il ne voyait absolument pas pourquoi il aurait dû se sentir gêné ou se retenir. Si jamais quelque chose qu’il aurait pu dire ne lui plaisait pas, elle était toujours libre de lui en faire part ou d’aller voir ailleurs. Mais en attendant, ils avaient une conversation parfaitement agréable et qui, intérieurement, le faisait beaucoup rire. Aurait-il trouvé quelqu’un avec autant de répartie et de sous-entendus que lui ? Il fallait le croire vu la facilité avec laquelle elle enchaînait sur ses répliques pas spécialement subtiles, à tel point qu’elle lui arracha un sourire franchement amusé.

- Ca s’rait avec plaisir, mais y paraît que ça se fait pas en public.

Dans l’intimité, en revanche, si elle continuait comme ça, il ne serait pas mécontent de lui expliquer les choses plus en … profondeur.
Buvant une gorgée de son cocktail, il regarda les yeux de Moira s’ouvrir tout rond en apprenant que l’homme qu’elle avait bousculé plus tôt travaillait pour lui. D’un côté, c’est vrai qu’on ne pouvait pas s’attendre à une telle révélation, et le trafiquant n’en dirait certainement pas plus que nécessaire, restant aussi cryptique que possible.

- Boarf, c’est pas l’plus baraqué du lot. J’bosse dans le commerce d’objets rares. Faut bien s’assurer que tout arrive à bon port.

D’un côté, il ne mentait pas vraiment : il y avait beaucoup de matériaux de valeurs qui transitaient par lui, et ses hommes de main, en plus d’être des petites mains fort pratiques, étaient aussi d’excellents gardiens. Il ne confiait jamais de mission d’importance à quelqu’un dont il n’était pas sûr de l’allégeance, et il avait fait sauter une ou deux taupes comme ça, à être plus méfiant qu’il ne semblait le montrer.
Regardant la grande rousse, il écouta son histoire et remarqua le changement d’expression lorsqu’elle mentionna cette personne mystérieuse après laquelle elle courait. Un ancien amant parti sans prévenir ? Un membre de sa famille perdu de vue ? Une question de vengeance ou de questions sans réponses ? En tout cas, le sujet avait l’air délicat à aborder, aussi acquiesça-t-il d’un simple hochement de tête.

- Je vois … en espérant que vous le retrouviez en un seul morceau.

Rien n’était moins sûr dans ce monde lorsque quelqu’un disparaissait, mais on ne sait jamais : les miracles arrivaient toujours au moment où on s’y attendait le moins.
Il sourit à l’idée qu’elle puisse s’installer ici avec l’un des péquenauds du coin et pouffa même de rire.

- Ah ouais, la grande violoniste de renommée internationale qui termine sa vie dans un trou perdu avec un type à peine capable de compter jusqu’à deux, c’est sûr que ça fait rêver.

C’était sûrement insulter les gens de la ville et ses alentours, mais il s’en fichait bien : concrètement, à part une petite poignée de personnes qu’il appréciait sincèrement, il ne s’occupait pas du bien-être des habitants de Radcliff.

- Pour affaires on va dire. J’aime pas rester trop longtemps au même endroit, j’me lasse trop vite. Mais pour le moment, y a des choses à faire dans le coin, aussi étonnant que ça puisse paraître.

A croire que la criminalité underground était plus facilement exploitable dans les campagnes du sud des Etats-Unis que dans les grandes mégalopoles.
Il s’apprêta à poser une autre question quand un deuxième serveur fit son apparition. Seth sourit en le voyant s’approcher et le salua en français, échangeant quelques mots avec lui. Comme quoi, le monde était vraiment petit puisque l’homme aussi venait de Nouvelle-Calédonie, et ça n’avait pas fait de mal au mutant de retrouver quelqu’un qui partage ses souvenirs de son île natale – ainsi que la même tare dans son code génétique.
Le barman posa deux cocktails devant Seth et Moira, et le Calédonien pouffa de rire avant de se tourner vers l’Irlandaise.

- Puis les gens cool sont tellement rares qu’on sympathise avec eux assez vite en fait. Cheers !

SUR TH DEPUIS : 30/04/2015

And God created idiots

Moira & Seth

En arrivant dans une ville paumée comme Radcliff, j'avais à la fois eu l'espoir de pouvoir prendre un nouveau départ et retrouver William, mais aussi la crainte de ne pas me faire à un environnement de campagne profonde peuplée de bouseux conservateurs. Habituée aux mégalopoles et à l'hyperactivité des carrefour culturels, je savais qu'un coin comme celui-ci me ferait grincer des dents à plusieurs reprises. Mais s'il y avait bien une chose à laquelle je ne m'attendais pas, c'était bien à tomber sur quelqu'un comme Seth. C'était même amusant de voir à quel point il dénotait dans le paysage ! Souvent, on me prenait pour un monstre, avec mon humour déplacé, ce qui ne semblait pas être le cas de ce charmant monsieur à crête. Alors qu'il m'expliquait que l'armoire à glace que j'avais bousculée bossait pour lui, j'écarquillais les yeux et tournais la tête vers le type en question.

« Vous voulez qu'il y a plus gorille encore que lui ? La vache... Z'avez intérêt à avoir une sacrée poigne, pour vous faire obéir de ces types-là, j'imagine... »

Je n'ajoutais rien, mais commerce d'objets rares, ça sonnait quand même vachement comme trafic. Probablement un revendeur d'objets volés... Bah ! Tant qu'il ne venait pas me piquer mon violon pour le revendre, je m'en fichais bien. Je notais simplement que Seth avait beau avoir l'air sympathique, ce n'était sûrement pas un bisounours adorable, s'il trempait dans ce genre d'affaire un peu louche. De toute manière, la discussion dérivait déjà, et l'inquiétude me saisit à la gorge lorsqu'il me souhaita de retrouver William en un seul morceau. Comment ça ? Cette ville était donc un enfer terrestre caché sous une apparente tranquillité ?

« Qu... Qu'est ce que vous voulez dire par là ? Cette ville est dangereuse ? Ou vous dites juste ça pour me faire peur ? »

Et si c'était le cas, c'était le dernier des cons de m'infliger ça. Je pouvais plaisanter sur bien des choses, mais certainement pas sur William. Inquiète, je préférais tourner ma présence ici à la dérision, pour oublier un instant l'angoisse qui ne cessait de me vriller les entrailles depuis trop d'années. Avec un sourire qui sonnait un peu faux, je répondais :

« Non, pas vraiment, c'est même plus l'opposé de la définition du rêve, je dirais ! »

C'était finalement plus simple de m'intéresser à ce que lui avait à dire plutôt que de raconter ma propre histoire, que je vivais bien assez au quotidien pour ne pas avoir envie de la partager avec d'autres.

« Ça fait longtemps que vous êtes ici ? Vous avez dû en voir, du monde, si vous n'aimez pas traîner trop longtemps au même endroit... Vous pensez qu'il... Y aurait moyen que vous me fassiez visiter, à l'occasion ? »

On me disait souvent naïve et influençable, mais Seth avait vraiment l'air d'être un chic type, pas prise de tête et détendu, alors... Pourquoi ne pas lui faire confiance simplement pour faire un tour de la ville ? Ou peut-être pour me présenter quelques personnes ici ? Me souvenant qu'il devait connaître du monde, je me mordillais la lèvre, hésitant à lui parler d'entrée de jeu de ce qui m'amenait à Radcliff, pour voir s'il était susceptible de pouvoir m'aider... Mais avant que je n'ai pu poser ma question, un barman s'approcha, et je réalisais que c'était ma première soirée dans cette ville, que je pouvais bien m'accorder un moment de détail plutôt que d'accroître inutilement mon stress. Je me tournais vers le barman, lequel s'adressa d'entrée de jeu en français à mon compagnon d'un soir. Haussant un sourcil, je les écoutais échanger, concentrant mes vieux souvenirs de la langue de Molière pour tenter de les suivre. L'ennui, c'est que j'avais toujours du mal avec leur affreuse grammaire, et confondait facilement leurs conneries de temps. Alors que le barman revenait poser deux cocktails devant nous, j'esquissais un petit sourire.

« Eh bien, eh bien... Je ne me serais jamais doutée que vous étiez français... Ça ne s'entend pas à votre accent, et pourtant ils sont connus pour en avoir un affreux... Enfin... J'vous dis ça mais on me reproche souvent le mien, d'accent... Vous venez de quel coin ? »

Ah ça... Même Artur m'avait souvent asséné d'un ton agacé que mon accent irlandais était incompréhensible. Il m'était même arrivée de ne pas me faire comprendre d'un américain, et... Et j'étais forcée d'admettre que ça me faisait beaucoup rire et que je ne faisais aucun effort pour le gommer ! Levant mon verre pour trinquer, j'ajoutais :

« Aux gens cool ! » avant d'avaler une grande gorgée de mon cocktail.

Je sentais l'alcool monter petit à petit, et d'autant plus vite que je n'avais rien mangé. Bientôt, je ne serais plus en mesure de marcher droit où retrouver le chemin pour rentrer chez moi – ce qui ne m'aurait pas étonnée vu mon sens de l'orientation pitoyable – aussi je préférais me lever, poser un billet sur le bar et remettre ma veste.

« Et bien... Seth, ce fut un plaisir ! Je commence à sentir que l'alcool me monte à la tête, et si je continue comme ça, je n'arriverais plus à rentrer chez moi... »

Farfouillant dans les poches de ma veste, j'y trouvais un stylo et griffonnais mon numéro sur la note qu'avait déposé le barman.

« Je cherche toujours un guide, alors si ça vous intéresse... »

Je me levais et, l'alcool aidant, lui donnait une tape sur le postérieur avec la spontanéité qui me caractérisait tant. Il pouvait le prendre comme il voulait, bien ou mal, mais je le gratifiais d'un clin d'oeil amusé.

« Chez moi, ça veut dire bonne soirée ! »

D'un autre côté... Ça ne m'aurais pas déplu qu'il me suive, alors que je quittais l'établissement. Y avait sûrement bien des choses à voir, à se dire... A faire, en cette fraîche soirée d'hiver.

» if idiots could fly ; this city would be an airport
» Music is the freedom of the idiots (ft. Noeh)

Fst | And God created idiots... (Momoseth)

Fst | And God created idiots... (Momoseth)

Sujets similaires

Sujets similaires