Sujet: feeding on fever. (barry) Mer 10 Fév 2016 - 12:47
– feeding on fever –
charge me your day rate, i'll turn you out in kind. when the moon is round and full, gonna teach you tricks that'll blow your mongrel mind. baby doll, i recognize - you're a hideous thing inside. if ever there were a lucky kind it's you. i know it's strange, another way to get to know you. you'll never know unless we go, so let me show you.
Un cliquetis synonyme de victoire résonne dans l’air, brisant le silence qui l’entoure, peignant son masque d’un sourire satisfait. La poignée tourne, la porte s’ouvre. Bonnie a gagné. Elle s’engouffre tranquillement à l’intérieur, se félicitant d’être passée professionnelle dans l’art de crocheter les serrures. Faut dire qu’elle en a eues, des occasions de s’entraîner – c’est probablement son modus operandi favori. Elle aime fracturer les demeures et attendre dans l’ombre que ses cibles rentrent, pour mieux les prendre à la gorge, pour voir la surprise et l’horreur se refléter dans leurs yeux le temps d’une seconde. Elle joue au grand méchant loup qui s’planque dans la pénombre, sans voir qu’elle-même n’est que la gamine prête à se faire dévorer. C’est qu’une question de temps, avant que des mâchoires ne viennent se refermer sur elle. Mais en attendant elle se prend pour le monstre planqué sous le lit, le cauchemar devenu réalité. Sauf ce soir. Ce soir, elle n’est pas chez n’importe qui. Elle est chez Barry. Et quand bien même il devrait lui aussi représenter une future victime, comme tous les autres, c’est pas pour ça qu’elle est là. Pas encore, qu’elle se répète mentalement.
Souvent, elle s’demande comment elle a pu en arriver là. Avoir envie de passer le voir, de partager une nuit, de l’ignorer quand il commence à raconter ses conneries. Rien que d’y penser ça lui file la nausée, et pourtant elle est là, et pourtant elle revient chaque fois. Elle devrait pas. Il est rien, juste un nuisible, un sale dégénéré – comme elle, qu’il se gêne pas de lui rappeler régulièrement. Il est sûrement même pire que les autres, avec ses idées de suprématie mutante, avec les paroles doucereuses qu’il vient susurrer à l’oreille de Bonnie et les baisers empoisonnés qu’il lui donne pour l’attirer dans ses filets. Elle le sait et c’est bien ça l’pire. Elle le sait mais elle ne fait rien pour l’en empêcher. Trop occupée à céder à ses instincts, l’appel de la chair et l’envie, le besoin d’se sentir en vie. Oh ça lui arracherait bien trop la gueule de l’admettre, mais Barry sait éveiller en elle des trucs qui l’animent, des trucs qui redonnent une lueur humaine à la machine qui se perd dans son mécanisme. Il sait s’y prendre et c’est là que réside tout le problème. C’est pour ça qu’elle aurait dû l’achever y a longtemps déjà. Probablement qu’elle l’aurait fait, s’il ne l’avait pas sauvée. S’il n’avait pas su trouver les points sur lesquels appuyer pour obtenir un minimum de réactions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Elles sont là, c’est ce qui fait toute la différence.
Il est déjà tard et elle sait pas à quelle heure il va rentrer – dans l’absolu elle s’en fout un peu, elle est pas à ça près. Ça la dérange pas d’attendre, mais elle compte pas rester assise dans le noir à ne rien faire jusqu’à ce qu’il arrive. Alors elle arpente les pièces qu’elle a déjà traversées brièvement par le passé, sans jamais avoir pris la peine de s’y attarder. Elle observe la décoration qui est plutôt sobre, les meubles et les bibelots, les livres sur les étagères et les papiers qui traînent. Rien d’bien intéressant. Ses pas l’amènent jusqu’à la cuisine, où elle se permet d’inspecter le placard ainsi que le frigo jusqu’à jeter son dévolu sur un paquet de gâteaux au chocolat. Elle l’embarque, commençant à grignoter tranquillement. Le propriétaire n’est pas là et elle voit pas de raison de se gêner, alors elle fait comme chez elle. C’est dans la chambre qu’elle se rend ensuite ; certainement l’endroit qu’elle connaît le mieux d’ailleurs. Elle laisse glisser sa main libre le long des murs et puis de la commode, tout en continuant de manger. Elle ouvre des tiroirs au hasard, ne trouvant rien de plus que des vêtements assez bien rangés, qui n’ont pas le moindre intérêt. Alors elle avance jusqu’au lit, jusqu’à la table de nuit. Elle l’ouvre à son tour, absolument pas gênée à l’idée de fouiller de la sorte dans des affaires qui ne lui appartiennent pas. Faut croire qu’elle prend trop ses aises, ou qu’elle n’a tout simplement pas la moindre once de respect.
Y a enfin quelque chose qui pique sa curiosité. Des photos, soigneusement consignées, visiblement importantes. Du bout des doigts, elle les attrape, venant s’asseoir en tailleur sur le lit. Ses prunelles scannent les images, s’attardant sur Barry avec quelques années de moins et un sourire plus lumineux que celui qu’elle a l’habitude de voir sur ses lèvres. À ses côtés, une petite fille et une femme, aussi souriantes que lui. Elle devine qu’il s’agit de son épouse et sa fille – ils ont jamais abordé ce genre de sujet, mais l’alliance qu’il porte au doigt parle pour lui. La seule question qu’elle se pose, c’est où elles sont passées. Mortes ? Disparues ? Envolées loin de lui ? Elle pencherait plutôt pour la première option, mais elle a aucun moyen d’en être sûre. Elle se contente de continuer à observer les photos, les unes après les autres, découvrant même quelques dessins d’enfant qui ont sûrement été offerts par la gamine. Ça doit avoir une sacrée valeur sentimentale pour lui, et ça la fait presque sourire ; comme quoi même les enfoirés dans son genre ont un cœur, et surtout une faiblesse. C’est plutôt bon à savoir pour elle et elle compte bien le garder en mémoire, pour s’en servir si le besoin se présente un jour.
Encore occupée à analyser les vieilleries de Barry, du bruit provenant du couloir lui annonce qu’il est rentré. Absolument pas perturbée, elle continue son petit manège avec toute la nonchalance du monde, attrapant un énième biscuit dans le paquet qu’elle a volé. Ce serait sans doute plus poli de ranger tout ça pour n’pas se faire prendre, ou au moins d’afficher un air désolé. Mais elle ne l’est pas, alors elle voit pas l’intérêt de mentir – pas là, pas sur ça. Elle s’en fout, qu’il la voie mettre le nez dans ses affaires. C’est pas comme si elle avait découvert un grand secret d’état, de toute façon. Alors quand il la rejoint dans la pièce, elle lui lance à peine un regard, avant de choisir l’une des photos qu’elle lève pour la lui montrer. « Tu faisais des expérimentations capillaires, ou t’avais juste un coiffeur avec une moitié d’cerveau en moins ? C’est criminel, cette coupe. » Elle ajouterait bien un commentaire sur la donzelle qui se trouve près de lui, mais elle se garde de le faire. Quelque peu insensible parfois, certes. Mais pas complètement stupide non plus. Elle a pas de raison de lui faire une remarque sincèrement désobligeante, alors elle ne dit rien de plus. Elle se contente de croquer dans un autre gâteau, observant avec attention le visage de Barry et les changements qui peuvent se deviner sur ses traits. Imperturbable la sale gosse, même quand elle viole les limites posées tacitement, même quand elle s’immisce là où elle ne devrait pas. Mais elle vient de trouver une faille, et elle voit pas pourquoi se priver de l’exploiter. Autant chercher jusqu’à quel point elle peut s’y faufiler.
Dernière édition par Bonnie Grimes le Dim 21 Fév 2016 - 16:24, édité 1 fois
Slade Bennett
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Sujet: Re: feeding on fever. (barry) Dim 14 Fév 2016 - 23:55
here's a beast, And I let it run
— bonnie grimes & barclay griffin —
There are things, I have done. There's a place, I have gone. There's a beast, And I let it run. Now it's runnin' my way. There are things, I regret. That you can't forgive. You can't forget. There's a gift, That you sent. You sent it my way. So, take this night. Wrap it around me like a sheet. I know I'm not forgiven, But I need a place to sleep. So, take this night. Lay me down on the street. I know I'm not forgiven, But I hope that I'll be given Some peace. — this night.
Accoudé au bar depuis trop longtemps, il avala son énième verre de whisky avant de décider qu’il était grand temps pour lui de rentrer. Retrouver cet appartement trop clean dans lequel il s’était installé depuis son arrivée à Radcliff. Cet espace trop vide, dans lequel il se sentait presque plus oppressé que derrière les barreaux de cette cellule qu’il avait quittée depuis un moment maintenant. Il avait accepté cette peine qui lui était tombée dessus, sans broncher. Il ne regrettait pas son geste. Il avait tout perdu à cause de deux types complètement drogués. Ils l’avaient dit eux, qu’ils regrettaient leur geste, qu’ils n’avaient pas voulu que ça se termine comme ça, que c’était la drogue et pas eux. Des excuses dont il se souvenait trop bien, des excuses absolument absurdes d’après lui. Il s’en souvenait si bien, de la façon dont ils l’avaient supplié, pleurnichant comme des gamins. Ça n’avait pas pris avec lui. Ils avaient tués sa femme et sa fille. Elles étaient innocentes, juste là au mauvais endroit, au mauvais moment. Ils les avaient tuées et y avait aucune raison derrière ça. Lui, il ne lui était resté que la haine et cette envie de vengeance démesurée, cette haine de l’espèce humaine et de ces conneries. Chacun des coups de couteaux qu’il avait plongés dans leurs corps, lui avait permis d’évacuer un peu cette haine qu’il ressentait et quand enfin, ils avaient rendus leur dernière souffle de vie, lui, il s’était senti soulagé. Toujours aussi triste, parce que sa femme et sa fille étaient toujours mortes, mais au moins, ceux qui avaient fait ça, ne pouvaient plus respirer cet air si précieux, dont ils avaient privés son épouse et sa fille. Y avait pas de regrets à avoir, leur sort, ils l’avaient mérité. Le sien aussi sans doute. Mais il ne s’était jamais plaint de ces années passées derrière les barreaux d’une cellule. Il avait eu quelques regrets, pour son fils, celui qui avait été laissé derrière, qui avait perdu son père en plus de sa mère et de sa sœur. Mais, il avait été adopté par une famille aimante, il avait été heureux et c’était tout ce qui comptait. Un bonheur auquel il refusait d’interférer. Lui, l’ex-taulard, devenu un homme sans foi ni lois. Son fils était forcément mieux loin de lui. Il n’était plus le même, la haine était toujours là et elle avait pris de l’ampleur. C’était toute cette espèce humaine qu’il maudissait à présent. Ces personnes si banales qui se donnaient le droit de tuer des transmutants pour une histoire de gènes, une mère et sa fille sur un parking, sans raison.
Le couvre-feu de Radcliff, c’était le cadet de ses soucis. Qu’on lui tombe dessus et il se défendrait. Il ne craignait pas les hunters, eux qui pourtant étaient toujours si sûrs d’eux. Toujours prêts à tuer des transmutants, parce que … pourquoi d’abord ? Dans le fond il n’en savait rien, ça n’avait pas de sens et il n’avait même pas envie de se donner la peine de comprendre. Sa clope en bec, les mains dans les poches de sa veste, il avait pris son temps pour rentrer chez lui. Tout ce qu’il faisait dans cette ville était illégal, alors autant continuer comme ça et trainer un peu dans les rues de cette ville, contrôlée par des timbrés. Son club était illégal, le fait qu’il soit ouvert à la nuit tombée le rendait hors la loi, les combats qu’on y faisait étaient illégaux, alors il n’était plus à ça près. Qu’on vienne l’arrêter tiens, ce n’était pas comme s’il appartenait déjà aux barreaux d’une cellule. Rien que sa liberté, elle était illégale. Parce qu’il n’avait jamais été libéré par les autorités judiciaires du pays. Ça avait été Dante qui lui avait offert cette liberté qu’il chérissait tant à présent. Il était un hors-la-loi, probablement recherché par la police, mais il s’en fichait complètement. Il avait les moyens de se défendre et il n’hésitait jamais à s’en servir. Et puis, il avait sa famille à ses côtés. Ce groupe de personnes, qui comme lui, étaient trop en colère contre le reste du monde, ces gens qui avaient perdu au moins autant que lui. Il savait que si jamais il avait vraiment des problèmes, ils pourraient compter sur eux. C’était comme ça que ça fonctionnait dans ce groupe, on assurait toujours les arrières des autres. Ils avaient échoués, quelques mois plus tôt. L’un des leurs étaient mort. Mais il serait venger, tôt ou tard ils tueraient la stupide gamine qui avait osé s’en prendre à l’un des leurs. C’était ça la justice dans ce bas monde, c’était comme ça que tout fonctionnait et c’était très bien du point de vu de Barclay, lui qui n’avait pas hésité à poignarder ceux qui avaient tué sa femme et sa fille, d’autant de coups de couteaux qu’ils avaient cru bon d’enfoncer dans les corps de celles qu’il avait tant aimé. Entre justice et vengeance, il y avait des moments où la frontière était mince. Et on pourrait lui dire ce qu’on voulait, lui son geste, il ne le regrettera jamais.
Arrivé à son appartement, il ne tarda pas à remarquer qu’il y avait quelque chose d’anormal. La porte qui n’était pas verrouillée, pourtant, il aurait mis sa main à couper qu’il l’avait fermée en partant. Un soupire passa ses lèvres alors qu’il la refermait derrière lui, observant aux alentours si quelqu’un était là, si quelqu’un avait volé quelque chose, mais à première vue, rien n’avait bougé. Il finit par voir de la lumière depuis la chambre. Il s’avança lentement vers la pièce avant d’en pousser la porte avec prudence, prêt à attaquer si jamais c’était nécessaire. Mais, il ne tarda pas à reconnaitre les traits de celle qui était assise sur son lit. Bonnie. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Sans invitation, sans prévenir. Ils n’avaient rien d’un couple qui partageait le même appartement, elle n’aurait pas dû être ici et il n’aimait pas vraiment cette intrusion, pas plus que celle à laquelle elle s’était laissée allée. Là, au milieu des vieux souvenirs de sa vie. Les fantômes de son passé. Une autre vie presque, une vie dans laquelle elle n’avait pas sa place et ça l’agaçait de la voir avec ces photos qui n’appartenaient qu’à lui, ces souvenirs qu’il n’avait jamais eu envie de partager. Pour qui est-ce qu’elle se prenait pour fouiller ainsi ? Il avait beaucoup d’affection pour elle, beaucoup trop sans doute, mais il se refusait à lui laisser le droit d’entrer dans son passé sans autorisation. C’était sa vie, son passé et ça n’appartenait qu’à lui. De son épouse, de ses enfants, il n’en parlait que très peu. Y avait cette alliance à son doigt qui témoignait d’un mariage, sans qu’il n’explique jamais ce qu’il en était. Il pouvait bien être infidèle aux yeux des femmes qu’il ramenait chez lui ça n’avait pas d’importance. C’était toujours mieux qu’être veuf après tout. « Bonnie. » Son nom passa le seuil de ses lèvres, entre ses dents, froid, glacial même alors qu’un regard teinté d’agacement s’était dessiné sur son visage. « Crois le ou non, mais c’était la mode il y a vingt ans. » Vingt ans, vint longues années qui s’étaient écoulées depuis que son bonheur, imprimé sur ces photos avait été mis à mal. Trop longtemps à présent. « Tu ne devrais pas fouiller comme ça dans la vie des gens, c’est mal poli. » Et agaçant. Alors, sans qu’il n’esquisse le moindre mouvement, les photos s’étaient de nouveau empilées les unes sur les autres. Pour retourner directement dans le placard duquel elle avait eu l’impertinence de les sortir. « Tu devrais partir. » Parce qu’il n’avait pas envie qu’elle reste là, il n’avait pas envie de l’entendre évoquer ce qu’elle avait pu voir sur ces photos, alors, qu’elle parte tant qu’il était encore calme, qu’elle ne cherche pas à mettre le feu aux poudres, sans doute, qu’elle pourrait le regretter.
Spoiler:
sorry jte fais une belle présa demain, ou plus tard là la flemme de tout
Dernière édition par Barclay Griffin le Jeu 10 Mar 2016 - 19:39, édité 1 fois
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Sujet: Re: feeding on fever. (barry) Dim 21 Fév 2016 - 18:43
– feeding on fever –
charge me your day rate, i'll turn you out in kind. when the moon is round and full, gonna teach you tricks that'll blow your mongrel mind. baby doll, i recognize - you're a hideous thing inside. if ever there were a lucky kind it's you. i know it's strange, another way to get to know you. you'll never know unless we go, so let me show you.
Son prénom résonne. Il se faufile entre les lèvres de Barry, plane dans l’air qui se charge de tension, reste en suspens alors qu’il l’observe de cet air froid et irrité. Bonnie. C’est son vrai nom qu’il utilise, c’est son vrai nom qu’elle lui a donné. Et chaque fois qu’il le prononce, elle est prise d’une pointe de regret. C’est pas dans ses habitudes. C’est pas dans ses principes. Son identité de naissance ne représente plus rien, juste des lettres qui s’assemblent sans véritable sens, des syllabes sélectionnées pour la désigner. On la lui a arrachée et elle aime la déformer, s’inventant de nouveaux patronymes au gré de ses envies, n’se présentant que rarement en tant que Bonnie – jamais au grand jamais en tant que Grimes, ce nom-là n’existe plus, ce nom-là est perdu. Alors pourquoi elle est Bonnie, avec lui ? Elle sait pas. Elle s’dit qu’elle a été conne, que c’était le coup d’avoir failli crever – l’adrénaline dans les veines et la fièvre au cœur, qui l’ont empêchée de réfléchir avant de répondre. Avant de dire tout simplement : Bonnie. Bonnie la menteuse, Bonnie la tueuse, Bonnie la gamine devenue machine. Elle aurait dû lui sortir un bobard, elle aurait dû choisir autre chose, un truc vieux, un truc moche, un truc mexicain ou même français ; n’importe quoi. Mais c’est la vérité qui est sortie. À croire que dès les premières secondes, il était destiné à foutre le bordel dans sa routine. Destiné à venir la faire chier et tenter de la faire dérailler. C’est un sabotage programmé, un carnage auquel elle n’arrive plus à échapper. Tout ça à cause d’un prénom ; parce que c’est plus facile de blâmer six lettres factices plutôt que sa propre personne.
Et il est pas content d’la voir, Barry. Peut-être pas forcément pour elle-même, mais plutôt pour ce qu’elle est en train de faire. Elle savait bien qu’elle déclencherait son courroux en agissant de la sorte, pourtant ça l’a pas empêchée de le faire, pourtant elle s’est lancée tête baissée. Elle se permet même de brandir une photo en critiquant sa coupe ; le sarcasme dans la voix et une légèreté dans chaque mot prononcé. Comme si c’était normal, comme si elle faisait rien de mal, comme si ça n’lui faisait ni chaud ni froid. Elle mord dans un gâteau, croque et mâche et broie sous ses dents, contemplant le mutant avec toute la nonchalance du monde. Elle bouffe et elle dévore, le biscuit autant que les souvenirs de Barry, les miettes de sa pâtisserie et celles de toute une vie. Celle qui n’est plus – celle qu’il a visiblement perdue. Parce que cette vie, la vie, elle prend et elle ne rend pas, elle rend jamais rien. Barry le sait. C’est écrit dans ses yeux, sur ses lèvres, le long de ses traits et au creux de ses paumes. C’est imprimé au fer rouge et même Bonnie le voit, même Bonnie est capable de déceler les dégâts qui se dissimulent derrière le masque. Mais c’est comme un iceberg, elle ne voit que la pointe et pas le reste, elle ne peut que tenter de deviner l’ampleur que ça prend sans jamais en avoir la certitude.
Il la trouve malpolie et elle a envie de lui rire au nez, mais elle se retient. Elle a jamais eu la prétention de se dire aimable – elle ne l’est pas, sauf lorsque les circonstances l’exigent pour une raison ou une autre. Elle ne répond pas, ni quand il évoque la mode du siècle passé, ni quand il se montre glacial. Qu’elle parte ? Et puis quoi encore ; elle a pas attendu là pour se barrer dès qu’il a fait son entrée. Sûrement qu’elle a mal choisi son jour pour venir le frotter dans l’mauvais sens du poil, ou tout simplement la mauvaise personne à emmerder. Elle est pas stupide, elle sait que c’est pas bon, de le chercher. Mais elle compte pas céder aussi facilement pour autant.
Y a un silence qu’elle fissure en poussant un soupir exagéré, enroulant ses phalanges autour du dernier gâteau dans le paquet. Lentement, elle se redresse et s’approche de lui, d’un pas aussi aérien que calculé. Elle s’arrête suffisamment près pour le défier du regard, pas assez pour que ça soit un réel affront. Un entre-deux ; elle danse avec la limite. « Je t’ai vexé ? » Sa voix est neutre et ne laisse rien transparaître, même si une lueur insolente brille dans ses pupilles. Et elle croque dans sa friandise, prenant son temps, savourant le dernier rescapé. Prenant la peine d’avaler sa bouchée avant de se remettre à parler. « T’as raison. La curiosité est un vilain défaut. » Mais peut-on vraiment la blâmer ? C’était pas son but premier, de fouiller – pas pour ça qu’elle est venue, pas ce qu’elle avait en tête quand elle s’est mise à fouiner. Elle a juste cherché à s’occuper et il s’trouve qu’elle est tombée sur des éléments qui ont piqué son intérêt. Certes elle n’avait pas à foutre son nez là-dedans, mais elle a été attirée par les photos. Par ces images figées d’un bonheur passé, des visages souriants qu’on appelle famille et qui deviennent des piliers. Ce concept qui lui est devenu presque étranger, qu’elle a du mal à saisir et comprendre. « Mais j’vais pas partir alors que tu viens d’arriver. Ça voudrait dire que je suis venue pour rien, ce s’rait con, tu trouves pas ? » Dans le fond, même s’il la foutait à la porte illico presto, elle aurait pas vraiment perdu son temps – après tout, elle a pu avoir un aperçu de tout ce que Barry renferme, derrière ses airs de psychopathe.
Sans le quitter des yeux, elle fait un pas vers lui. « C’est quoi au juste, qui te dérange le plus ? » Elle arque un sourcil, penche la tête sur le côté avec la curiosité imprimée sur sa tronche. Puis comme elle aime jouer avec le feu – ou juste avec lui – elle fait un nouveau pas en avant. « Que je t’aie volé un paquet d’gâteaux ? » Bien sûr que non, elle en a parfaitement conscience et ne l’évoque que pour le chercher. Pour tourner autour du pot comme un prédateur tournerait autour de sa proie, tandis qu’elle avance encore d’un pas. Elle n’a pas envie de le blesser ni de se le mettre à dos, mais une part d’elle ne peut s’empêcher de vouloir se mesurer à lui ; lui, cet amant-ennemi. « Que j’aie mis le nez dans tes affaires ? » Sa voix est terriblement calme, tellement que c’en deviendrait presque déstabilisant. Basse et régulière, ce serait probablement compliqué de la comprendre si y avait du bruit autour d’eux, ou si elle était plus éloignée de lui. Parce qu’à force d’avancer, elle est désormais campée à quelques centimètres de Barry, levant la tête pour darder ses prunelles dans les siennes. « Ou que j’aie vu le visage de ta femme et ta fille ? » Cette dernière phrase est prononcée du bout des lèvres, presque chuchotée. C’est pas tellement une provocation – ou du moins, son ton est cette fois dépourvu de toute trace d’insolence ou d’arrogance malvenue. C’est une réelle interrogation ; est-ce que ça l’emmerde, qu’elle ait vu à quoi ressemblait sa vie avant qu’il devienne l’homme qu’elle observe ? Est-ce que ça l’énerve, qu’elle ait aperçu cette facette de lui ? La différence entre le Barry figé sur le papier glacé, et celui auquel elle fait face, est telle que ça l’intrigue profondément. Il est où, c’type banal qui a de l’espièglerie dans les yeux et de la lumière dans le sourire ? Pas là, clairement. Bonnie, elle veut savoir s’il est mort ou juste planqué derrière la rage.
Slade Bennett
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Sujet: Re: feeding on fever. (barry) Jeu 10 Mar 2016 - 19:38
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There are things, I have done. There's a place, I have gone. There's a beast, And I let it run. Now it's runnin' my way. There are things, I regret. That you can't forgive. You can't forget. There's a gift, That you sent. You sent it my way. So, take this night. Wrap it around me like a sheet. I know I'm not forgiven, But I need a place to sleep. So, take this night. Lay me down on the street. I know I'm not forgiven, But I hope that I'll be given Some peace. — this night.
Barclay, c’était pas le genre de type qui appréciait qu’on vienne fouiller dans son passé sans en avoir la permission. Il ne disait que ce qu’il avait envie de dire et il appréciait quand on ne cherchait pas à en savoir plus. C’était son histoire à lui, alors, y avait bien lui que ça concernait. Elle qu’il lui en posait des questions à Bonnie, sur sa vie d’il y a vingt longues années, quand elle n’avait été qu’une gamine, une enfant en train de découvrir la vie ? Il s’en fichait sans doute. Ça expliquait peut-être pourquoi il ne posait pas de question. Il ne la faisait pas chier, alors il aurait aimé qu’elle en fasse de même. Y avait trop de peines, trop de colères et de déception dans son passé pour qu’il puisse apprécier de s’étendre là-dessus. Y avait eu l’amour aussi, les promesses d’une vie idéale, belle et tranquille, loin d’un monde qui partait chaque jour un peu plus en vrille. Mais c’était fini, parce qu’un soir, deux abrutis avaient décidé d’ôter la vie à sa femme et à sa fille. Elles étaient mortes, sa vie avait changée du tout au tout et la vengeance à laquelle il s’était livré avait été cruelle, sans pitié, meurtre avec préméditation qu’on disait, lui avait valu la prison. Parce qu’il les avait traqué comme des animaux – ce qu’ils étaient de toute évidence – pour les abattre, de la même façon qu’ils avaient tué sa femme et sa fille. Il ne regrettait pas son geste, il ne pourrait jamais le regretter. Ce n’était que justice après tout. Vengeance, justice, la frontière était si mince qu’il ne la voyait plus depuis longtemps. Cette histoire était celle qui avait fait de lui l’homme qu’il était à présent, bien différent du Barclay d’il y a vingt ans. Ça ne concernait pas Bonnie. Ça ne concernait personne. S’il n’en parlait pas, c’était bien parce qu’il y avait une raison à tout ça. Sa vie avait été détruite ce jour-là, mais il estimait qu’il était passé à autre chose, quand bien même y avait toujours son alliance à son doigt. Le passé était le passé et il préférait autant qu’il reste enfermé dans les vieux placards plutôt qu’il ne ressurgisse pour le torturer à nouveau. Bonnie devrait, de toute évidence, apprendre à s’occuper de ce qui la regardait. Cette fille, à la fois chasseuse et proie, elle avait forcément d’autres choses à faire de sa vie que de s’intéresser aux détails de celle de Barclay.
Alors non, il n’était pas content de la voir ici, dans son intimité sans y avoir été invitée. Il appréciait les moments passés avec elle. Il y avait quelque chose dans cette fille qu’il aimait. Peut-être le fait qu’elle avait presque toujours un couteau à portée de main, avec lequel elle pourrait l’égorger dans son sommeil sil elle le décidait. Y en avait combien de gorges qui avaient été tranchées par ce couteau ? Un grand nombre sans doute, puisqu’elle était une chasseuse. Mais lui, il était encore en vie et pourtant, des occasions de l’abattre, ce n’était pas ce qui lui avait manqué. Il avait si souvent baissé sa garde en sa présence, mais elle ne le tuait pas elle restait à ses côtés et il sentait bien que les idées qu’il essayait de glisser à l’intérieur de son crane faisaient peu à peu leur chemin. Et y avait clairement un truc de malsain dans la relation qu’ils entretenaient. Bien au-delà du fait qu’elle aurait presque pu être sa fille. Y avait rien de franchement serein dans cette histoire, elle qui devait avoir envie de le tuer au fond d’elle, ne serait-ce que pour lui prouver et pour se prouver à elle-même qu’elle était bel et bien une chasseuse et lui, il cherchait à manipuler chaque neurone de son cerveau pour qu’elle en vienne à lâcher les hunters et rejoindre une cause qui semblait, aux yeux de Barclay beaucoup plus noble. La sienne, celle de Dante et d’une poignée de personne à leurs côtés. C’était tellement malsain que la fureur dans ses veines en la voyant là le nez dans ses affaires aurait pu le pousser à la frapper et puis quoi ? Elle n’était pas une femme sans défense, elle aurait répliqué. Mais il n’en fit rien, l’observant les dents serrées. Alors qu’elle semblait tellement indifférente à la situation. Elle était si proche de lui qu’il aurait facilement pu l’attraper directement à la gorge pour lui faire comprendre à quel point il pouvait être vexé. Il en avait l’envie. Il serra avec force ses poings comme pour résister à la pulsion, lui renvoyer au mieux cette indifférence dont elle faisait preuve parce qu’elle ne méritait pas plus que ça. « A croire que chez les hunters, les règles les plus élémentaires du savoir vivre en société ont tendance à passer à la trappe. » Il n’était pas forcément à cheval sur la politesse, mais de toute évidence, il n’aimait pas qu’on vienne s’introduire dans sa vie comme elle venait de le faire. Il laissa échapper un soupire, reculant d’un pas alors qu’elle était décidée à rester dans cet appartement. Il pouvait la faire quitter les lieux s’il en avait l’envie et y avait bien une partie de lui qui en crevait d’envie, la pousser de là avec violence, récupérer ses droits sur sa propre vie et la foutre à la porte. Encore une chose qu’il ne fit pas, quand bien même il en avait les moyens.
Il reculait d’un pas, elle en faisait un en avant. Fallait croire qu’ils ne s’en sortiraient jamais tous les deux. Il serre les dents à ses paroles. Pour qui est-ce qu’elle se prend cette fille sérieusement ? Elle se croit tout permis, elle ne connait aucune limite et c’est peut-être pour ça qu’il l’aimait bien. Quand bien même, elle avait un don certain pour l’agacer. « Est-ce que mon passé t’intéresse vraiment Bonnie ? » Cette fois, il fit un pas vers elle, le regard plongé dans ses pupilles, réduisant à néant l’espace qui les séparait. Qu’est-ce qu’elle voulait savoir de plus hein, toute l’histoire de comment Bruce Griffin le gentil vétérinaire de San Diego, marié et père de deux enfants avait fini par devenir Barclay Griffin, fugitif, transmutant et haineux envers le reste du monde ? Qu’est-ce qu’elle y comprendrait elle ? Elle en avait assassiné combien des épouses, des enfants, sous prétexte qu’ils étaient des transmutants, des monstres à éliminer ? Elle avait autant de sang que lui sur les mains, mais lui au moins, il ne se cachait pas derrière une cause censée protégée l’humanité. Lui il assumait les cadavres laissés derrière lui et sa volonté de montrer au monde la puissance des transmutants. Il ne défendait personne. Comment est-ce qu’elle pouvait comprendre son histoire, elle qui avait tué en prétendant agit correctement ? C’était bien cette philosophie débile que les hunters utilisaient pour expliquer leurs crimes. Ils étaient pitoyables. Elle l’était aussi, elle la mutante qui servait une cause qui visait à exterminer les gens comme elle. Il avait continué d’avancer, encore quelque pas, la poussant à reculer, jusqu’à ce qu’il puisse ouvrir l’un des tiroirs de la commode pour en tirer un couteau planqué sous les fringues. Il vint en plaquer la lame contre la joue de la jeune femme. « Tu veux savoir comment elles sont mortes ? » Le couteau entre ses doigts aurait facilement pu servir d’arme du crime, vu comment elles étaient mortes. Il aurait pu la poignarder elle, pour lui montrer ce qui avait pu arriver à son épouse et à sa fille qu’elle avait vu sur cette photo. Quand bien même, ça n’avait pas été lui qui avait tenu le couteau ce jour-là, juste deux abrutis qu’il avait tué en retour, deux connards qui n’avaient rien mérité de mieux.
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Sujet: Re: feeding on fever. (barry) Dim 1 Mai 2016 - 6:02
– feeding on fever –
charge me your day rate, i'll turn you out in kind. when the moon is round and full, gonna teach you tricks that'll blow your mongrel mind. baby doll, i recognize - you're a hideous thing inside. if ever there were a lucky kind it's you. i know it's strange, another way to get to know you. you'll never know unless we go, so let me show you.
C’est un jeu bien dangereux qui s’installe et voilà la partie lancée ; voilà les pions placés. Les dés sont jetés, reste plus qu’à voir sur quoi ils vont tomber. C’est toujours un peu comme ça entre Barry et elle – bancal, risqué, aussi empoisonné que les crocs d’un serpent. La bestiole se tortille et s’enroule autour d’eux alors que l’étau se resserre à chaque seconde qui passe, amenuisant leurs chances de pouvoir s’échapper. C’est à s’demander qui finira broyé le premier. Pourtant Bonnie n’se pose pas la question ; elle en a rien à foutre, de tout ça. Elle fait même pas gaffe au piège qui se referme autour d’elle, quand bien même elle en a pleinement conscience. Parce qu’elle les sent trop bien, les griffes du mutant qui s’enfoncent sournoisement dans son esprit. Mais elle fait rien pour le stopper. Trop persuadée d’avoir encore la situation sous contrôle. Trop orgueilleuse pour avouer qu’il la fait de plus en plus douter. Trop conne, sûrement, pour enfin mettre un terme à tout c’merdier.
Selon lui, les hunters n’ont pas de savoir-vivre. Et elle a envie de rire, et elle a envie d’lui dire que les politesses n’ont plus leur place quand la guerre déchire la société qu’il se plaît à mentionner. À quoi bon s’empêtrer de ce ramassis de conneries ? Elle voit franchement pas l’intérêt – c’pas pour rien qu’elle ne se montre civilisée que lorsqu’elle veut atteindre un but, quel qu’il soit. La vérité c’est qu’il mesure pas l’ampleur de la chose, il voit pas les fissures que ça expose. Ça veut dire que Bonnie n’joue pas la comédie avec lui, ça veut dire qu’elle n’a pas pris la peine d’endosser un rôle quelconque, ça veut dire qu’elle ne cherche pas à l’amadouer. Elle se montre telle quelle ou presque ; avec les bords pointus, les coins ébréchés, les angles trop bruts et l’éclat trop sombre. Le masque est tombé mais la carapace reste, dernier rempart entre le prédateur et la proie – reste à savoir qui est qui. Un peu de l’un et de l’autre à n’en pas douter, les positions s’inversent continuellement, inlassablement. C’est flou, trop flou, et les limites sont toutes balayées. Y a plus que du chaos.
Le même que celui qu’elle perçoit chez Barry. Il lui rappelle un ciel orageux, la tempête qui gronde avant d’éclater. L’ouragan difficilement contenu dans la peau d’un homme, prêt à filtrer par les pores à tout moment, menaçant de tout dévaster sur son passage. Parce qu’il est impitoyable, Barclay. Colérique et vindicatif, bouffé par ce mal qu’elle apparente à une rage sourde, animé par la destruction. Rien qu’pour ça, elle devrait le tuer. Là, sur-le-champ. Pour rattraper toutes les occasions manquées. Mais faut croire qu’elle préfère en allonger la liste, trop occupée à venir le titiller, à presser tous les boutons en attendant de trouver celui qui fera tout péter. Après tout, il fait la même chose. Pas de la même façon, certainement pas dans le même but non plus, mais c’est tout comme. Il la teste et la pousse au bord de la falaise – elle le sent, au plus profond d’ses tripes. Et elle traîne des pieds sans trouver où se raccrocher, et elle se rapproche du vide sans aucun filet de sécurité. P’t’être bien qu’il réussira à la faire plonger. Faudra juste qu’elle pense à l’entraîner avec elle dans les abysses.
Pour l’instant, ils sont coincés dans des sables mouvants. Enfoncés dans les méandres de leur tournoi, paumés dans une mascarade aux accents malsains. Il a envie d’lui faire mal. Elle le flaire sans difficulté, elle le perçoit jusque dans le fond de ses pupilles. Elle a envie d’le faire saigner. Il le sait aussi bien qu’elle, c’est même pas un secret.
Leurs places s’inversent – c’est à lui d’avancer et d’la faire reculer, jusqu’à se retrouvée acculée contre la commode. Bloquée entre le meuble massif en comparaison de sa silhouette gracile, et le mur érigé par Barry lui-même. Elle sait plus si ça en vaut la peine. Il a raison de poser la question : veut-elle vraiment savoir ? Pour quoi faire, au juste ? Gagner du terrain ? C’est p’t’être stupide mais c’est pourtant le cas. Plus ça va, plus elle a l’impression qu’il prend l’ascendant sur elle et elle refuse catégoriquement de le laisser dominer la situation. Plutôt crever. Alors si elle met en lumière ses faiblesses à lui, p’t’être que ça pourra équilibrer la partie, redistribuer les cartes et lui donner une chance de reprendre le dessus. Et quand bien même ce n’serait qu’illusoire, ce serait toujours mieux que de se laisser faire sans broncher. Elle a besoin de bluffer et de le heurter, à défaut d’être sûre de gagner. À défaut d’avoir la certitude d’en sortir vivante.
Il attrape quelque chose dans le tiroir derrière elle et elle se raidit, attendant la sentence. Quand la lame apparaît dans son champ de vision pour se rapprocher dangereusement, elle esquisse automatiquement un mouvement pour attraper la dague planquée à sa ceinture, mais se stoppe en plein milieu. Le pouvoir est entre les mains de Barry et elle aurait pas l’temps d’attaquer sans se faire trancher la gorge ; autant rester tranquille pour pas le pousser au vice. Mais le vice est déjà ancré en lui et ça l’amène à faire danser le couteau contre la peau fragile de Bonnie. Elle le sent se loger contre sa joue, froid et rigide, acéré comme les crocs que le fauve découvre quand leurs prunelles se croisent. Elle a même pas besoin de lui répondre, même pas besoin de savoir. Elle a déjà compris. Poignardées, les dames de sa vie. Sûrement saignées à blanc, trouées sans la moindre pitié, abattues comme des bêtes. Elle est bien placée pour l’savoir – elle a trop souvent appliqué ce même schéma à ses propres victimes. Mais ça lui suffit pas. Elle veut l’entendre. Elle veut qu’il le dise. Elle veut voir la haine danser dans les yeux délavés du mutant, elle veut le forcer à dire l’indicible, à supporter l’insupportable. Elle veut le voir souffrir rien qu’en prononçant quelques mots, sans avoir à lever le petit doigt. Elle veut jouer avec le feu, et tant pis si elle se fait cramer.
« Ouais. Je veux savoir. » Y a une teinte de défi dans son regard alors qu’elle se tient immobile, comme si elle n’était pas perturbée par l’arme qu’il tient plaquée contre elle. Pourtant ses muscles sont tous bandés, ses sens aux aguets. Elle s’tient prête à bondir. Elle s’attend presque à le voir enfoncer le couteau dans sa chair, rien que pour la punir, rien que pour la faire taire, rien que pour se venger une énième fois. « Raconte-moi. » Sans le quitter des yeux, elle avance lentement sa main jusqu’à sa ceinture, sachant pertinemment qu’il a dû le capter. Il est pas débile ; il a sûrement compris qu’elle a déjà refermé ses phalanges autour du manche d’une arme qu’elle garde cachée. Mais elle ne bouge plus. Ne cherche pas à la dégainer, ni à se défaire de l’emprise de Barry. C’est une simple mesure de sécurité, comme pour lui rappeler à qui il a affaire, comme pour s’assurer qu’il n’oublie pas qu’ils sont dans des camps opposés. Quand bien même ça n’les empêche pas d’être beaucoup trop proches. « Montre-moi, si t’oses. » Elle se laisse clairement porter par une insolence qui ne lui attirera rien de bon. Mais elle peut pas s’en empêcher, pas quand il est là. Il provoque des tas d’choses en elle, mais c’est sûrement ça le pire – cette propension à la faire flirter trop près du danger. Trop près d’lui. « Mais quoi qu’tu fasses, te loupe pas. » Qu’il interprète ça comme il veut. Ça peut vouloir dire qu’il doit faire attention à n’pas la blesser, à n’pas la tuer. Comme ça peut vouloir dire que s’il veut le faire, il aura qu’une seule chance à sa disposition.
Et s’il la manque ; elle, elle ne le manquera pas.