Nora. Sage savait qu'elle allait pouvoir retrouver sa fille sur le parvis de l'hôtel de ville, et elle était bien décidée à la confronter. La brune avait refuser de lui adresser la parole depuis que Sage lui avait avoué la vérité, ce malgré les nombreux coup de fil et visites inopportunes. La mutante en avait assez. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas fait tant d'effort, qu'elle n'avait pas confronté ses sentiments de la sorte ; elle refusait de s'avouer vaincue. Cette fois, c'était différent, cette fois, il y avait Jemma. Depuis qu'elle avait rencontré sa petite-fille, Sage voulait entrer dans la vie de sa fille, et dans celle de l'enfant. Pour la première fois, elle voulait être là. A la longue, Nora finirait bien par lui pardonner -Sage espérait qu'elle comprenne la décision qu'elle avait faite des années auparavant. La mutante savait où trouver sa fille aujourd'hui : l'hôtel de ville, où Nora serait aux côté de cette gamine blonde que Sage trouvait insupportable. La brune lui avait parlé de son mouvement et de ses idées, à quel point elle respectait la Saddler. Sage ne questionnait pas son intégrité et son bon vouloir ; la centenaire ne pouvait pourtant pas supporter la voix de la leader d'Insurgency. Mais là n'était pas le problème, car elle savait que Nora serait présente pour la supporter. Sage descendit rapidement son verre de rhum avant de sortir de chez elle, elle n'habitait pas loin de la mairie.

Quelques minutes plus tard, elle arriva devant l'estrade où allait avoir lieu le discours de la gagnante. Sage n'avait pas voté, se souciant bien peu de l'avenir de la ville ; tant qu'on la laissait tranquille. Elle eut quelques regrets pourtant, lorsqu'elle avait pensé au futur de sa petite Jemma. Des regrets bien vite balayé par la perspective de faire la queue aux urnes. Les gens étaient venus nombreux assister au discours, la mutante était entourées de supporters et de curieux comme elle. D'un regard rapide, la centenaire scruta la foule en espérant repérer la tignasse brune de Nora, similaire à la sienne. Il lui fallut quelques secondes pour repérer sa fille, au plus proche du podium, un grand sourire sur le visage alors qu'elle applaudissait la vainqueur. Sage se fraya un chemin vers l'avant de la foule, mais elle n'eut pas le temps de faire plus de dix mètres quand la détonation balaya la scène.

La mutante fut projetée à plusieurs mètres de là où elle se trouvait, perdant connaissance le temps d'une minute. Sage ouvrit difficilement les yeux, aveuglée par la poussière soulevée par l'explosion. Autour d'elle, les flammes léchaient les débris qui avaient voler dans déflagration. Les cendres volaient autour d'elle, s'engouffrant dans ses poumons ; la belle voulu tousser, mais elle fut couper par une intense violente au niveau du ventre. La centenaire se redressa prudemment, serrant les dent alors qu'une nouvelle vague de douleur traversa son corps. Elle baissa les yeux pour découvrir le bout de bois profondément enfoncer dans son abdomen. Ceci expliquait cela. « Putain de merde ! » jura Sage avec agacement en roulant les yeux au ciel. Elle ne céda pourtant pas à la panique, ayant développer au fil des ans un sang-froid plus que prodigieux face à ces choses là. Pire, elle y était presque habituée, elle avait vu -et subi- bien pire au fil des ans. La belle enroula fermement ses mains autour du pieux, prête à la retirer de son ventre, quand une voix la stoppa dans son élan. « Ne bougez surtout pas ! » Sage roula une nouvelle fois les yeux au ciel. Il ne manquait plus que ça, une pauvre rescapée voulant jouer aux héros. La centenaire devait la stopper, ne voulant pas condamner la personne qui s'apprêtait à lui porter secours. Elle tourna vivement la tête à la recherche de la femme assez folle pour l'aider. « STOP ! » cria-t-elle alors que la brune se tenait à une distance encore respectable. Elle ignorait dans quel rayon son pouvoir pouvait agir, mais elle doutait de doute manière qu'il puisse la soigner alors que le pieux était encore dans son abdomen. « N'approchez pas ! » ordonna-t-elle clairement. « Je n'ai pas besoin d'aide je vous promet. » Ironique, venant d'une femme qui se vidait doucement de son sang au milieu des décombres fumants. « Je peux me débrouiller, tout va bien aller. Mais je ne peux pas promettre la même chose pour vous si vous restez dans la parages, allez-vous en ! » siffla-t-elle, un peu plus méchamment qu'elle ne l'aurait voulu. Après tout, la brune venait lui porter secours, elle ne pouvait pas savoir le risque qu'elle courrait en restant près de la mutante. Sage n'avait pourtant pas la patiente de prendre des pincettes, préférant la manière forte, espérant que sa sauveuse comprenne mieux ainsi.

En deux cent quatre-vingt-trois d’existence, la mutante pouvait se vanter d’avoir tout vécu -ou presque. Les expériences, elle les accumulaient dans son cerveau trop chargé, dans ce cerveau qui refusait d’emmagasiner tous les ces souvenirs. La belle perdait ses souvenirs au fil du temps, au fil des ans, mémoire finie pour une vie infinie ; Sage ne se rappelait que des quatre-vingt dernières années, et de quelques moments cruciaux avant cela. Elle ne se souvenait pas exactement qu’une telle situation lui soit déjà arrivé, mais peut-être qu’elle se trompait. Après tout, la belle en avait vu des horreur, elle en avait vécu. La centenaire avait vécu bon nombre de champs de batailles, et subit de multiples attaques. Pire, elle s’était même affligé ce genre de chose consciemment, lors des nombreuses fois où elle avait tenter de mettre fin à sa vie. Alors un pieux dans le ventre, ça n’avait rien de nouveau, ça avait presque un air de  déjà vu. Le sang pourpre coulait peu à peu sur son t-shirt blanc, recouvrant ses mains toujours fermement agrippées au bout de bois que dépassait de ses intestins. Malgré la situation, Sage ne pouvait retenir un sourire malsain ; elle avait toujours adoré ces vieux films d’horreur gore des années 70, ceux avec les litres de faux sang. Dans un sens, elle avait l’impression d’être la star d’un de ces navet. La voix de la jeune femme la ramena pourtant à la réalité, ignorant totalement les mises en garde de la mutante et s’approchant à pas vif de son allongé sur les débris. « Ne soyez pas stupide ! Vous avez un pieu enfoncé dans le ventre ! » « Jolie, et perspicace ! » se moqua gentiment la centenaire, en serrant les dents, avant de reprendre son sérieux ; elle devait vite faire comprendre à la belle que ses remarques étaient sérieuses. Si elle ne l’écoutait pas, elle pourrait finir dans le même état qu’elle. La jeune femme se tenait à quelques mètre de Sage, et ne semblait pas vraiment savoir faire, observant la situation en cherchant une solution. « Je suis l'Inspectrice McNally. Croyez-moi, j'ai vu pire, et j'ai une formation de premiers secours. ... Vous parlez, c'est déjà un bon signe ... » Plus la jeune femme parlait, plus Sage sentait le besoin de la repousser. La gamine avait l’air d’être quelqu’un de bien, quelqu’un qu’elle détesterait vider de son énergie. Pourtant, c’était bel et bien ce qui allait se passer si elle ne dégageait pas en vitesse de cette scène sanglante. « Et je suis médecin, Inspectrice McNally. Je peux vous assurer que je n’ai pas besoin de votre aide. » La policière s’essuyait à présent les mains sur son t-shirt, se préparant surement à inspecter la blessure de la centenaire. Plus elle se rapprochait, plus elle risquait de subir les conséquences du pouvoir de Sage ; la mutante devait lui faire comprendre avec un peu plus de fermeté. Sa sauveuse tâchait de la retenir de toucher au pieux, alors que les mains de Sage entouraient encore fermement le bout de bois qui lui trouait l’abdomen ; il lui suffirait de tirer un grand coup, et son pouvoir se chargerait de la soigner automatiquement. Au dépit de l’énergie vitale de la jolie inspectrice qui lui portait secours bien sur. Sage lui laissa à peine le temps de finir sa phrase, la coupant dans son élan. « Ecoute moi bien, sweetheart. De nous deux, j’te promet que c’est toi la plus en danger. Tu peux pas rester là, faut que tu partes. Faut que tu t’éloignes de moi. Va trouver quelqu’un d’autre à sauver. » Si la jeune femme refusait de partir, alors Sage essaierait de partir elle-même ; elle ne pouvait simplement pas supporter l’idée de voir la brune s’éteindre sous ses yeux impuissant. D’une main tremblante, la mutante se releva doucement, non sans émettre un gémissement de douleur. Elle avait beau supporter extrêmement bien la douleur après des années d’accidents, un pieux dans le ventre n’avait rien d’une partie de plaisir. La mutante se retrouva finalement -et difficilement- debout, et fit immédiatement volte-face. Sans un regard pour l’inspectrice, la Halstead s’éloigna en boitant, pressant fermement ses mains autour du pieux toujours planté dans son abdomen.

Sage n’avait jamais aimer son pouvoir, pas depuis qu’elle avait compris comment il fonctionnait. A ses yeux, elle n’était qu’un parasite, une sangsue qui vivait au prix de la vie des autres, qui pompait l’énergie des gens autour pour alimenter la sienne. La belle n’avait jamais rien demandé, ce foutu don elle n’en avait jamais voulu. Ce n’était pas faute d’avoir essayer de s’en débarrasser, de vouloir être plus maligne que cette malédiction ; la mutante avait tout essayé pour s’enlever la vie, sans succès. Même le vaccin ne marchait pas, réussissant toujours à soigner le poison qu’elle s’injectait. Elle était contrainte de vivre comme ça pour toujours, sans aucun moyen de quitter la partie. Et inutile de dire que la culpabilité la rongeait, ça faisait plus de deux cents ans qu’elle devait vivre avec ça sur la conscience. Elle détestait l’idée de vivre au dépit des autres, mais elle n’avait pas le choix. Elle essayait de minimiser les victime de ce don incontrôlable, comme dans ce genre de situation. Mais la brune ne semblait pas vouloir la laisser tranquille, peu désireuse de laisser Sage se débrouiller avec un pieux dans le ventre. C’était quelqu’un de bien, de trop bien. Ca allait lui coûter si elle s’entêtait ainsi à vouloir porter secours à la mutante. « Il est bien évidemment très courant et totalement sans risques de se retrouver avec un pieu dans le ventre, mais bien sûr ! » La centenaire roula les yeux au ciel ; apparemment elle n’était pas la seule à pouvoir faire preuve de sarcasme. Plus les minutes passaient, moins la Halstead avait envie de rire pourtant ; son pouvoir était une bombe à retardement, prêt à exploser à tout moment. Et si l’inspectrice n’était pas partie d’ici là, Sage ne pourrait plus rien faire pour elle. Une telle blessure devrait la vider d’une bonne partie de son énergie, pas sure qu’elle puisse marcher après ça. Et Sage était peu désireuse de devoir la porter jusqu’à une ambulance, ce n’était pas son genre à elle de jouer les héroïnes. Alors elle décida de prendre les choses en mains, se relevant difficilement et s’apprêtant à partir, sans réellement écouter les paroles de sa sauveuse. « (…) Plus vite vous me laisserez faire, plus vite ce sera fini, et on repartira gentiment de notre côté, vous en étant conduite à l'hôpital, et moi en passant à la prochaine personne blessée. Alors, fermez là, et rangez votre fierté de côté ! Hey, je vous parle ! » Sage ne prit même pas la peine de répondre, commençant à avancer -non sans difficultés- vers le centre ville. Pour une fois, ce n’était pas -seulement- une question de fierté, ce qui était rare pour la centenaire orgueilleuse. Cette fois-ci, c’était réellement pour faire une bonne action, et dieu seul savait que c’était rare de la part de Halstead. La mutante aurait voulu ignorer les remarques de l’inspectrice, mais cette dernière décida de la rattraper, lui empoignant le bras quelques mètres plus loin. Surprise, Sage se dégagea vivement, tout en trébuchant sur un débris au sol ; elle manqua de tomber, mais se rattrapa de justesse, non sans lui arracher un gémissement de douleur. Pourquoi ne pouvait-elle pas juste dégager ? Elle qui avait pour habitude de faire fuir les gens sans raison, elle n’était pas habituer à devoir les repousser elle-même. Sage serra les dents et ravala les larmes avant de se redresser ; son regard était noir à présent, elle avait perdu toute patiente. Au diable la culpabilité, et au diable la gentillesse. « J’aurais été patiente avec toi gamine, plus que j’en ai l’habitude. » Sage sentait son pouvoir faire doucement effet, peinant pourtant à refermer la blessure puisque le pieux était toujours ferment enfoncer ; sa sauveuse devait commencer à se sentir légèrement fatiguée, un sentiment qui ne ferait qu’empirer si elle restait ici. « Tu veux aider ? Très bien. Je te laisse dix secondes pour foutre le camp, où tu vas réellement m’aider. Et je peux te promettre que ça n’aura rien d’agréable pour toi. » Les mains autour du bout de bois, Sage était prête à tirer, laissant une dernière chance à la belle de sauver sa peau.

Il fut un temps où Sage était réellement concernée par ce qui se passait autour d'elle. Les humains à ses côtés, la vie qui continuait son cours alors qu'elle s'accrochait pour garder la tête hors de l'eau. La plupart du temps qu'elle avait passé ses dernières décennies, elle avait essayé de la passer en faisant profil bas et en ne se mêlant pas au reste du monde. Vivre sa vie, et ne pas se soucier du reste. Il y avait eu des exception bien sur, il y avait eu Nora notamment ; un rappel de plus que cette vie de mortelle n'était pas faite pour elle. Alors à force de vivre au dessus des règles et de se différencier ainsi du commun des mortels, Sage avait pris l'habitude de ne plus faire attention aux gens. Au gens comme l’inspectrice, aux gens comme toutes ces pauvres victimes qui n'auraient pas la chance de guérir comme elle allait le faire. Pour elle, ça aurait été tellement simple de retirer le pieux et de laisser la brune payer les frais de cette malédiction pendant qu'elle s'en allait prendre un verre au bar. C'est ce qu'elle aurait fait, à n'importe quel autre moment de cette vie trop longue. Mais depuis qu'elle avait retrouvé Nora, et Jemma, Sage voulait faire des efforts. Faute de réussir, elle voulait au moins essayer d'être une personne meilleure, une personne comme n'importe qu'elle autre, douée d'empathie et de pitié. Pour prouver à sa fille qu'elle n'était pas le monstre qu'elle pensait d'elle. C'était pour cela qu'elle avait été aussi patiente avec sa sauveuse, qu'elle ne l'avait pas laissé mourir pour se sauver elle. Sage lui avait laissé le choix, elle avait même essayer de fuir ; pourtant, l'inspectrice ne semblait pas vouloir lui laisser tranquille. Sur ses talons, la belle était têtue. Ce qui poussa le peu de patience de l'immortelle à bout, la forçant à lui poser un ultimatum. Halstead avait eu le mérite d'être claire, lui laissant le choix entre la fuite ou un futur qu'elle regretterait. Mais la brune était bien peu encline à partir. « De quoi est-ce que vous parlez ? Vous êtes sûre de ne pas vous être pris un coup à la tête, vous ne faîtes pas du tout sens là ! Et il n'est pas question de mon ressenti à moi, là : aux dernières nouvelles, moi, je fais bien, mais je n'en dirais pas de même pour vous ! » gronda l'inspectrice, qui répondait à la colère de Sage. La mutante roula les yeux au ciel face au tempérament de la belle ; pourquoi avait-elle dû tomber sur quelqu'un d'aussi bien ? « J'te l'ai dit : j'vais bien. Ou plutôt, je vais bien aller. » Un large sourire déforma les traits de la belle, un sourire empli de folie ; Sage était fatiguée, à bout de nerf. Elle n'avait plus la patience d'être gentille. « J'te l'ai dit, mais tu ne m'as pas écouté. Tant pis pour toi. » Elle agrippa le pieux qui lui perçait l'abdomen avec un peu plus d'assurance, avant de plonger son regard agacé dans celui de l'inspectrice. « J'suis désolée gamine, mais tu pourras pas me dire que je t'ai pas prévenu. » Et la mutante tira de toute ses forces, retirant le pieux sanglant de ses entrailles. La douleur lui saisit tout le corps ; son visage se crispa, ses yeux se fermèrent alors qu'elle étouffa un cri de douleur. Elle les ouvrit à nouveau pour lancer un regard dégouté -quoiqu'un peu amusé- vers le bout de bois ensanglanté. Si tôt le bout de bois sortis de son ventre, elle sentit son pouvoir faire effet. La belle souleva son t-shirt, admirant avec effroi sa malédiction prendre les choses en main. Sous ses yeux, elle pouvait déjà voir la plaie commencer à se refermer ; elle leva un regard concerné vers l'inspectrice qui lui faisait face, qui allait bientôt comprendre pourquoi Sage tenait tant à ce qu'elle s'éloigne d'elle.

Sage n'allait pas se mentir ; elle avait beau résister à la douleur comme personne, un pieux dans le ventre, ça n'avait rien d'agréable. Elle aurait voulu s'en débarrasser, et au plus vite, mais elle ne pouvait pas s'en défaire tant que la jeune femme était là. L'immortelle ne pouvait qu'admirer la ténacité de l'inspectrice, ce n'était pas faute d'avoir essayer de la repousser. Un détail qui rendait la culpabilité de Sage encore plus importe, en sachant que la belle était une personne altruiste. C'était tellement facile de profiter des mauvaises personnes, d'utiliser son pouvoir sur ceux qui profitait des plus faibles qu'eux ; mais de faire ainsi souffrir la femme qui tâchait par tous les moyens de lui venir en aide ? Il y a quelques décennies, ça aurait pu rendre la Halstead malade. Aujourd'hui, même si elle ne trouvait pas cela agréable, elle était imperméable quand au sort de sa sauveuse. Peut-être que Nora avait raison après tout peut-être qu'elle était bel et bien un monstre. Certes elle ne pouvait pas contrôler son pouvoir, mais ce n'était pas une raison. Elle était égoïste, sa fille avait raison ; et ça lui faisait mal de l'avouer. Ca lui faisait mal, et ça l'énervait au plus haut point. Sage n'avait jamais demandé à être comme ça, elle n'avait jamais demandé cette immortalité qui la rongeait. La belle devait subir cette malédiction, et les conséquence qu'elle entraînait. Sans son égoïsme, sans ignorer sa culpabilité, sa vie serait un enfer. Elle en avait fait les frais. Alors au diable Nora, et au diable la bonne volonté de l'inspectrice McNally. Sage en avait assez. Son discours changea du tout au tout, abandonnant l'idée de repousser l'insistante jeune femme. Tant pis pour elle. La mutante arracha le pieux qui lui transperçait l'estomac dans un long gémissement plaintif, ignorant le cri offusqué de la brune qui était témoin de cette scène d'horreur. Dès que le bout de bois fut sortie, elle se sentit de suite mieux, son pouvoir commençant déjà à faire effet. Elle souleva son tee-shirt pour admirer sa malédiction en action, avec se détachement morbide qu'elle avait acquis au fils des siècles. Sage laissa tomber le bout de bois sanglant à ses pieds, relevant finalement le regard vers la jeune femme qui allait faire les frais de cette guérison miraculeuse. La belle avait l'air effrayé par le spectacle que Sage venait de donner, elle semblait assembler doucement les pièces du puzzles, et réaliser ce qui venait de se passer. Réaliser pourquoi la mutante assurait qu'elle allait bien. Devant son regard embué, Halstead devina qu'elle ressentait déjà les effets de son pouvoir. La centenaire roula les yeux au ciel, soufflant bruyamment. Elle avait deux choix : fuir, et laisser la pauvre femme parmi les flammes ; ou bien rester, et l'aider à trouver une ambulance pour l'emmener à l'hôpital. Le premier choix la séduisait bien plus, c'était son instinct premier. Prendre la fuite, ça engendrait beaucoup moins de complications, c'était tellement plus simple. Elle pouvait ignorer la belle, et feindre que cette scène ne s'était jamais déroulée. C'était plus simple, mais c'était tellement ... elle. Ça lui ressemblait terriblement, et si elle faisait cela, Nora avait entièrement raison sur sa personne. Si elle laissait celle qui avait voulu la sauver mourir sans lui venir en aide, alors elle ne valait pas mieux que la désastreuse image que sa fille avait d'elle.

Bien sur, qu'elle devait l'aider, si elle voulait un jour être en paix avec sa fille. Être en paix avec elle-même. « Bien joué, Sloane ... » souffla finalement McNally, tenant à peine debout à présent. Sage jeta un rapide coup d’œil à son abdomen ; la plaie s'était presque refermée de moitié, pas étonnant que la jeune femme soit dans un tel état. La mutante accourut aux côtés de la brune, passant son bras autour de ses épaules pour éviter qu'elle ne tombe. « Hey hey hey. » souffla doucement Sage en cherchant le regard perdu dans le vague de sa sauveuse. « Sloane, c'est ça ? » lui demanda la mutante, en espérant que la brune soit encore suffisamment consciente pour lui répondre. « Sloane, reste avec moi, ok ? Je ne vais pas t'abandonner, on va aller te chercher de l'aide, d'accord ? »

Sage, elle avait jamais été douée avec les gens. Ou peut-être l’avait-elle été, dans un passé lointain, inaccessible. Un passé dont elle ne se souvenait plus. Peut-être qu’il y a de ça deux cents ans de cela, avant que la belle ne sombre dans l’amertume, elle avait été plus douce avec les autre. Plus patiente. Quand elle lit les pattes de mouches qu’elle a noircies sur ses nombreux carnets, qu’elle se replonge dans son propre pas oublié, l’immortelle s’étonne de ce qu’elle a pu faire. De la bonté qui l’avait un jour habité, avant que la vie lui enlève toute raison de vouloir être gentille. La belle avait aidé les autres, elle s’était attachée ; il y avait des chapitres entier où sur ses exploits dans l’armée, ou sur ces rares personnes qui avaient marqué sa longue vie. Peut-être que’à un moment, elle n’était pas si désagréable. Surement. Pourtant, si elle l’avait un jour été, plus rien ne lui restait de cette époque révolue. Aujourd’hui, elle ne savait plus y faire avec les gens autour d’elle. Trop défaitiste, trop arrogant, trop désagréable, rare étaient ceux qui appréciaient vraiment la vieille mutante. Elle n’y mettait pas du sien, il fallait avouer. A part avec les enfants -cette exception inattendue-, la belle ne savait pas réellement comment se comporter, comment leur remonter le moral. L’empathie était loin d’être une capacité qui la caractérisait. Alors avec la brune en si mauvais point, elle allait devoir improviser. Car la Halstead ne pouvait pas la laisser là, vidée de son énergie, à rôtir parmi les décombres fumants de l’explosion. Même si c’était tentant, elle devait se retenir, elle devait lui prêter main forte. Et même si ce n’était pas naturelle pour la centenaire, elle devait au moins essayer.

La belle se précipita sur la fameuse Sloane, passant son bras autour de ses épaules pour éviter qu’elle ne s’affale sur le sol. Ce n’était pas bien parti, il fallait l’avouer. Sage avait dû lui voler la majorité de son énergie pour se guérir d’une telle blessure -blessure quasiment guérie à présent. La centenaire tâchait de supporter le poids de l’inspectrice aussi bien qu’elle le pouvait, il ne fallait pas qu’elle tombe ; Sage ne savait pas si elle aurait la force de la relever. La mutante lui posa des questions, tentant de la garder consciente. Pourtant, la brune entre ses bras ne semblait pas pouvoir y répondre, se contente d’essayer de parler, sans grand succès. « Mason ... Il faut que ... Willow … » souffla Sloane, à peine audible. Mais la centenaire s’y accrocha, cherchant par tous les moyens à la garder éveillée. « Mason, Willow ? C’est qui ça ? » souffla-t-elle doucement, plus pour retenir l’attention de l’inspectrice que par réel intérêt. « Est-ce que tu veux que je les appelle ? Tu te rappelles de leur numéro ? » Sage avait peu d’espoir pourtant. Une idée lui vint à l’esprit pourtant alors qu’elle sentit la belle sombrer de plus en plus dans l’inconscience. « Reste avec Sloane, d’accord ? On va les prévenir. Où est ton téléphone, je vais les prévenir ? »

Peut-être qu'elle aurait dû partir. Ca aurait été tellement plus simple, tellement moins embêtant pour la belle. Peut-être qu'elle aurait dû laisser Sloane là où elle était, la laissant se vider de son énergie et priant pour que les secours arrivent à temps. Après tout, elle l'avait prévenu à plusieurs reprises ; la brune s'était attirée ça de plein gré. Pire même, l'inspectrice pourrait être chasseuse, personne n'était sur par les temps qui courraient après tout. En la laissant vivre, la Halstead courrait le risque de la voir débarquer chez elle, seringue à la main ou pire, prête à la tuer. Elle n'y arriverait pas, certes, mais elle pouvait essayer. C'était plus simple, plus sur, et nettement plus tentant de la laisser là ; et pourtant. Pourtant Sage se tenait toujours là, les bras autour des épaules de Sloane, la soutenant alors que ses jambes menaçaient de se dérober. Au fond de son cœur, Sage savait qu'elle avait pris la bonne décision ; au fond, il n'y avait jamais réellement u de décision à prendre dans un premier temps. Elle n'avait jamais été la plus patiente, ou la plus altruiste, pourtant elle n'avait jamais été le genre de personne à laisser quelqu'un d'innocent mourir par sa faute. Les vies humaines n'avaient plus beaucoup de sens pour Sage qui less voyait naître et disparaitre en un instant, mais elle se pouvait pas se résoudre à les sacrifier de la sorte, ne voulant pas tomber plus bas qu'elle ne l'était déjà.

La mutante sentait Soane trembler dans ses bras, son poids de plus en plus lourd. Elle sentait que la belle lui filait entre les doigts, ce n'était pas la première fois qu'elle assistait à une victime de son pouvoir. L'inspectrice devait s'accrocher. Sage la forçait à rester éveillée, ne voulant pas qu'elle sombre dans les bras de Morphée ; si elle s'endormait, c'était fini. Elle aurait voulu l'aider autrement, pourtant, même si elle était médecin elle était impuissante sur le moment. Son pouvoir lui avait ôté trop d'énergie, seul les moyens d'un hôpital pourrait la tenir en vie. Elle sentit malgré tout son cœur se relâcher quand en relevant le regard Sage aperçut les lueurs bleues et rouges des ambulances qui commençaient à arriver. Un sourire empli d'espoir déforma ses traits inquiets alors que la voix de Sloane s'éleva dans l'air lourd.  « Ma ... Ma poche arrière ... Mason ... Il ... Il faut appeler Mason. ... Lui dire de sortir Willow de là ... » Sage se jeta sur la poche de la brune, sortant le portable et essayant de le déverrouiller ; le code la stoppa. Bien sur, ça n'aurait jamais pu être aussi simple. Elle agrippa le visage de Sloane, la forçant à plonger son regard fatigué dans le sien.  « Aller, les secours arrivent, ça va aller. » Elle lui tendit l'appareil. « Il faut que tu fasses ton code, d'accord ? Comme ça je pourrais t'amener voir les secours, et j'appellerais Mason une fois que tu seras en sécurité. »