Veera cacha derrière sa main droite un énième baillement, et jeta à nouveau un regard vers l’horloge. Seulement deux minutes avaient passés depuis la dernière fois qu’elle avait regardé. Soupirant, elle retourna son attention sur le mot croisé posé devant elle. Il était près de onze heure, le restaurant était vide, et elle n’avait qu’une envie; s’en aller, aller chercher Mara, puis aller dormir. Elle avait un autre quart de travail le lendemain, aucun temps pour les folies. Elle savait qu’elle travaillait trop pour son propre bien, mais ce n’était pas comme si elle avait le choix; les factures s’accumulaient. Et malgré le retour de Jaime, les responsabilités ne s’étaient pas allégées. Au contraire, c’était comme si elles devenaient de plus en plus lourdes, car elle avait toujours le poids ce qu’elle avait fait sur les épaules, le poids de ce qu’elle avait refusé au père de sa fille. C’était le genre de choses qu’on n’oubliait pas, et Veera était incapable de se sortir cette soirée là de la tête, dans le hall de son appartement. Le visage de Jaime quand elle lui avait refusé l’entrée s’était imprégné dans son esprit, et elle le revoyait chaque jour qui passait depuis. Soupirant, Veera referma le journal. Elle détestait les mots croisés. Il ne restait plus que cinq minutes avant la fermeture; elle décida de fermer un peu plus tôt. De toute manière, il n’y avait plus personne, et ce n’était pas comme si quelqu’un allait entrer à l’instant pour commander une omelette. Elle indiqua au cuisinier qu’il pouvait s’en aller – il était affairé sur son téléphone intelligent – et elle commença la routine de fermeture. Compter la caisse, laver les tables, verrouiller la porte. Bientôt, tout était terminé, et elle retirait son tablier, attrapant ses clés, bien décidée à se rendre chez Bianca où Mara était restée pour la soirée pour ensuite aller directement au lit. Une bonne nuit de sommeil lui ferait le plus grand bien.

La main sur la porte, Veera entendit soudainement un bruit sourd provenant de la cuisine. Elle fronça des sourcils, intriguée. Le cuisinier était parti il y avait environ vingt minutes déjà – avait-il oublié quelque chose ? Ou bien le bruit était-il simplement le fruit de son imagination ? Veera hésita. Et si c’était eux ? Ces saletés de hunters, revenus pour la harceler à propos de Jaime, à propos de Mara. Elle ne voulait même pas le savoir – et elle décida de partir, quand elle entendit à nouveau un bruit – un bruit de pas cette fois. Pas de doute, il y avait bien quelqu’un dans la cuisine. Elle ne pouvait pas juste partir, s’il y avait quelqu’un le système d’alarme se déclencherait et elle n’avait aucune envie d’avoir à faire aux policiers ce soir. Soupirant, elle tourna sur ses talons et se dirigea vers la cuisine. « Javier, c’est toi ? » demanda-t’elle à voix haute, espérant que le cuisinier se ferait entendre. Mais il n’y eut aucune réponse. Veera entra dans la cuisine et alluma la lumière. Elle eut le temps d'apercevoir quelqu'un se glisser dans l'une des armoires - ce fut rapide comme l'éclair. Elle cligna des yeux, stupéfaite. « Mais qu’est-ce que - » Elle fixa l'armoire, qui était à présent fermée. Elle attrapa son téléphone d'une main tremblante. « Je sais pas qui vous êtes, mais j’vous conseille de sortir de là, et de vous en allez, sinon j’appelle la police » l’averti Veera.