(001), Helen est toujours bien apprêtée. Chez elle prime l'élégance, la l'assurance, le corps sublimé d'une femme qui n'a pas honte de l'image qu'elle dégage et qui sait attirer les regards quand elle en a besoin. Véritable fashion victime, Helen veut les plus belles robes, arbore les plus belles coiffures, les plus beaux maquillages. Elle peut passer des heures dans la salle de bain jusqu'à obtenir le résultat parfait pour donner l'illusion que le synonyme de sa personne est innocence. Elle sait que le plus gros de son travail de manipulation passe par son physique, alors autant en prendre soin jusqu'au bout. (002), Josh, c'est l'amour de sa vie, son bébé, son ancre, le petit bonhomme auquel elle s'est raccrochée quand il est venu au monde et qu'elle chérira de son trop-plein d'amour de maman jusqu'à la fin de sa vie – s'il ne s'avère par mutant comme son père. Josh, il lui a permis de sortir la tête de l'eau au moment où son mari l'a délaissée. La solitude c'est grâce à son petit garçon qu'elle l'a vaincue. Josh, Helen sait qu'il ne l'abandonnera jamais. Aussi, Josh, c'est le seul enfant qu'elle n'aura jamais puisque son mari a déjà tant rechigné à accepter de franchir ce cap avec elle et qu'à présent il refuse de reconsidérer la chose. De toute manière, si c'est pour essayer de lui arracher aussi leur second enfant qui n'arrivera jamais, Helen passe volontiers son tour aussi. (003), Pourtant, enfant, adolescente, jeune adulte avec des rêves de grande famille plein la tête, Helen avait toujours imaginé qu'elle aurait 5 enfants : trois garçons et deux filles – Antoin, Blai, Abbie, Moreen et Josh, seul prénom aux origines divergentes des siennes, irlandaises, mais qui a toujours sonné comme une évidence aux yeux de celle qui n'était pas encore mère à l'époque. La faute à une série télévisée qui passait dans le salon à cette époque, si elle s'en souvient bien. (004), Helen, c'est la voisine parfaite par excellence. Tous les matins, dès l'ouverture des volets de la charmante maison des Smedry, son sourire radieux, charmeur, ne peut qu'éveiller la sympathie de ses voisins. Enfin, de toute manière, avec un mari si peu présent et aussi aimable qu'une porte de prison, difficile de ne pas paraître plus qu'agréable en comparaison. Pour être certaine de se garder tout le monde dans la poche, Helen joue la desperate housewives des temps modernes : son jardin est toujours impeccable, sa cuisine sent bon jusque dans les autres maisons, Josh diffuse l'image d'un foyer aimant et sain car ne causant aucun ennui à personne. En somme, les apparences sont plus que trompeuses depuis toujours, tant la jolie Smedry a pris soin de soigner chaque détail de sa machination avec le plus grand intérêt. Helen, elle n'oublie jamais rien. Experte en l'art de la manipulation, les longs mois de solitude de la jeune femme lui ont permis de construire pièce par pièce le modèle de la voisine irréprochable, de la femme au foyer rêvée. Et cette couverture essentielle pour le bon déroulement de sa véritable activité en ville, Helen ne supportera pas de la voir s'effriter au profit de la soudaine envie loufoque de Marvin de devenir père.  (005), Charmante des pieds à la tête, Helen est la première qui vous sourira dans la rue, même si elle ne vous connaît pas. Elle renverra en toute circonstance l'idée d'une femme bien dans ses baskets, que rien ne peut venir troubler. Helen, elle cache juste bien son jeu. Ceux qui l'ont déjà croisée la nuit ou dans une période calme en journée, lorsque son boulot de chasseuse a pris le pas sur la mère au foyer exemplaire, savent que ses sourires peuvent se crisper autant que son caractère peut s'envenimer en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Car le « truc » est bien là : Helen est venimeuse. Elle distille dans chacune de ses relations, nouvelles ou anciennes, durables ou destinées à être écourtées, un parfum de mensonges et de faux-semblants. Dans son attitude, dans ses paroles, ses mots doux, Helen vous pique de l'une de ses trop nombreuses épines, en jolie rose délicate qu'elle est, avant de vous poignarder sans scrupule quand le temps est venu. L'absence de Marvin, elle a coupé la jeune femme du reste du monde, des gens, des rencontres, des sorties, de ses moindres envies ; quand elle a compris qu'il passerait plus de temps loin d'elle que près d'elle, Helen a laissé dépérir une part d'elle qui la rendait un peu humaine, pour ne cultiver que l'autre, dangereuse et imprévisible. (006), Jeune, en plus de vouloir des enfants, Helen voulait devenir comédienne. Fouler les planches des plus grands théâtres de l'Irlande, faire des tournées dans les autres pays, découvrir le monde avec des personnes pour la porter dans une carrière digne des plus grands, elle se voyait mener de front une vie époustouflante et inspirer les futures générations de petites filles qui, comme elle plus tard, auraient rêvé de grandes choses. Douée pour la comédie, Helen peut sourire aussi vite que dégainer les larmes. Malheureusement, son rêve de gloire est tombé à l'eau après son voyage en Australie en tant que jeune fille au pair : cette année loin de chez elle a signé la fin d'une vie sans Marvin Smedry à ses côtés, et quatre ans plus tard, Helen ne pensait même plus à cet avenir impossible à toucher du doigt, préférant se concentrer sur son futur avec l'homme de sa vie. (007), Helen chante souvent. Sous sa douche, lorsqu'elle fait les courses, face aux autres ; face à Marvin, surtout. Lorsque ce dernier l'agace, lorsqu'elle sent qu'elle n'a pas l'ascendant sur la moindre petite discussion entre eux, Helen chantonne. Tant, qu'elle a donc pris cette petite habitude pour tenter de se raisonner. Chantonner, ça l'aide à se recentrer sur son véritable objectif. Marmonner les paroles de ses musiques favorites, ça fait renaître son sourire charmeur. S'amuser, ça l'aide à le rabaisser. Se l'autoriser, ça rappelle à son mari qu'il ne gagnera jamais. Ni Josh, ni sa liberté. (008), L'amour, Helen, elle se l'imaginait grandiose. Elle se voyait épouser un homme bon, aimable, attentionné, présent. Elle n'a récolté que la version bon marché de tout ça. Un homme qu'elle a aimé et haï à la fois. Un homme qu'elle continue d'aimer autant qu'elle veut désormais le faire souffrir. Un savant mélange d'hypocrisie et d'abandon. Une façon, peut-être, de lui faire payer cet espoir fou d'avoir cru en l'amour véritable à cause de lui. Quand Helen a vu Marvin pour la première fois, elle a eu mal. Le coup de foudre lui est tombé dessus sans qu'elle n'y puisse rien, et son estomac a continué à se contracter dès qu'il s'est approché. Parce qu'il aura beau dire tout ce qu'il veut, lui aussi, il l'a choisie. Elle, Helen O'Doherty, pas une autre. Marvin il l'aime forcément, il l'aime aussi, différemment. La mère de famille ne peut pas croire qu'il n'a jamais rien ressenti pour elle, sinon... comment Josh serait-il là ? Comment serait-il devenu ce lien qui les unie et les déchire à la fois ? Sans amour, son bébé n'aurait jamais été le plus beau bébé du monde. Helen, elle a toujours vu dans sa rencontre avec Marvin un cadeau du ciel, le destin qui poursuivait sa logique inaliénable, pas une erreur. En aucun cas. Alors même si son mari la délaisse pour de bon, l'Irlandaise ne le laissera pas partir comme ça. Elle se battra, Helen, car elle est combative et irrémédiablement, follement, diaboliquement amoureuse de lui. A la vie, à la mort, chéri. (009), La chasse fait partie d'Helen. Digne descendante d'une grande lignée de chasseurs irlandais, elle n'a pas manqué un seul enseignement promulgué par ses parents et sa famille. Toutefois, la jeune femme reconnaît honnêtement que ses chasses les plus réussies sont celles qu'elle fait avec son frère : Helen n'a pas son don pour leur mettre la main dessus, mais pour les abattre sans détour, oui. Elle est un peu l'homme de main du duo mais ça ne la dérange pas. Au contraire ; avec ce juste ordre des choses, la mère de famille est certaine que le travail sera propre, rapide et efficace. Helen ne prend aucun plaisir à faire souffrir les mutants ; tout ce pour quoi elle est là, c'est pour s'en débarrasser. C'est tout. (010), Elle parle, Helen. Elle cause, à tout bout de champ, pour couper court au silence. Elle envahit l'espace à la moindre occasion. Les murmures, elle ne connaît pas. La discrétion, elle n'a jamais compris le concept. Helen, elle aime qu'on la remarque. Passer inaperçu, c'est une chose qu'elle a déjà trop bien expérimenté lors de ses longues soirées en tête à tête avec elle-même. Pire, elle l'a identifié, l'abandon, tel un poids immense s'écrasant sur ses épaules, quand son mari à l'autre bout du fil n'écoutait pas un traître mot de ce qu'elle pouvait raconter. Ainsi, plutôt que de revivre une situation similaire, l'Irlandaise laisse courir son adorable accent sur le bout de sa langue pour enchanter l'auditoire et l'éduquer à garder les yeux rivés sur elle. Elle peut parler de la pluie et du beau temps comme dériver sur l'organisation de sa prochaine chasse ensuite. Helen a plus d'un sujet dans son sac, quand il s'agit d'engager la conversation, il suffit de demander – ou pas. (011), Helen a un seul tatouage dans le cou, un peu en-dessous de l'oreille droite : Marvin. Réalisé peu après sa demande en mariage, ce dernier a été réalisé dans l'ivresse de leur histoire et de sa future union avec son premier amour. Toutefois, Helen ne le regrette pas : Marvin, elle l'a dans la peau, et ce depuis leur première rencontre, ça n'est pas prêt de changer. Quoi de mieux que ce tatouage pour le prouver ? (012), Helen a une seule phobie depuis toute petite : la peur du vide. Un vertige monstre la hante sans cesse, si bien que nombres de petites choses du quotidien sont devenues des épreuves douloureuses au fil des années. D'où le fait qu'avec la mode des baskets assortis à toutes les tenues, le soulagement de ne plus être obligée de porter en permanence des talons est immense. Elle s'y est habituée, au fil du temps, mais c'est la seule hauteur qu'elle puisse supporter, et encore, pour une heure, une heure et demi grand maximum. Les sueurs froides qui découlent de la moindre montée en hauteur sont assez impressionnantes tant le visage de la jolie maman peut pâlir à la vitesse de la lumière, si bien qu'Helen a tout disposé à sa portée chez elle : les placards situés au-dessus de sa tête sont condamnés à rester vide, pour lui éviter de devoir grimper sur une quelconque surface élevée pour s'aider. (013), Helen est passionnée depuis toujours par le billard et le poker. Candidate redoutable dans chacune des deux disciplines, il n'est pas rare de la croiser, avant une chasse, dans un de ses bars fétiches en ville pour une brève partie, histoire de ne pas perdre la main. Entre gestes agiles et maîtrisés et fine observation des comportements de ses adversaires, Helen a pour le moment rarement perdu. (014), Les déménagements, Helen, ça la connaît : lorsqu'elle a eu 13 ans, elle a suivi ses parents aux États-Unis. A ses 20 ans, elle a décidé de changer d'horizon en partant en tant que jeune fille au pair en Australie. C'est là-bas qu'elle a rencontré Marvin. Ensuite... Et bien à partir du jour où ce dernier a commencé toutes ses missions à l'autre bout du monde, Helen a fait un peu tous les coins des US. Sans cesse en mouvement, elle ne parvenait pas à trouver l'endroit parfait pour bâtir sa vie de famille parfaite qu'elle désirait tant, que Marvin le comprenne ou non. Il y a six ans, à la naissance de Josh, Helen a trouvé en Radcliff la ville parfaite pour mener sa petite vie tranquille en l'attente du retour de son mari. Retour qui ne s'est pas déroulé comme prévu.