"J'ai mal... Aidez-moi !" J'avais beau crier, j'avais beau demander de l'aide, c'était pour le moment impossible pour moi de sortir de sous ces décombres, décombres qui étaient il y a encore quelques heures ma maison, l'endroit où je suis né, l'endroit où j'ai grandis, l'endroit où je pensais devenir un jeune homme, l'endroit où comme dans toutes les maisons, on trace dans le bois d'une porte ta taille chaque année, sauf que moi, jamais on a tracé ma taille, et jamais on ne le fera, plus jamais ma vie ne sera la même. J'ai six ans, et mes yeux n'arrivent pas à croire ce qu'ils ont vu aujourd'hui. J'ai six ans, et je suis innocent, la vie, je ne la comprends qu'à moitié, sauf que la vie, je l'ai vu disparaitre sous mes yeux. J'étais dans ma chambre, je me souviens encore de la chaleur du soleil qui passait par la fenêtre et qui venait doucement chauffer ma joue, je me souviens de ces bruits étranges que j'ai entendus dans la cave, alors, je suis descendu voir. J'ai toujours été curieux, sauf que cette fois-ci, j'aurais peut-être dû m'abstenir, j'aurais peut-être du rester dans ma chambre, sortir dehors, ne plus jamais revenir, je ne sais pas... J'étais là, accroupi dans les escaliers, et je voyais mon père se disputer avec ma mère, j'arrivais à lire de la tristesse, mais aussi de la haine dans ces yeux, je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait, je ne comprenais pas pourquoi la maison commençait à trembler, pourquoi mon père avait une arme entre les mains, et là, un bruit sourd, mon père pointa l'âme entre les deux yeux de ma mère, et en la fixant droit dans les yeux, il tira, il tira, et tout explosa, en un instant de seconde, ma maison, ma belle maison, ma chambre où j'avais créé des souvenirs depuis ma naissance n'existaient plus, ma mère avait explosé au moment ou mon père a tiré, au moment où il lui a ôté la vie... C'est la première fois que j'ai vu quelqu'un mourir sous mes yeux, et c'était déjà la fois de trop, faire machine arrière n'était plus possible, désormais, j'allais devoir vivre avec ça, j'allais devoir aller jusqu'au jour de ma mort avec cette image, et depuis, plus rien n'a été pareil, depuis, ma vie n'a été que tristesse, misère et mort. Partout ou je passe, je laisse des corps sans vie derrière moi. […] Je me souviens du jour où j'ai atterri chez une cousine à ma mère, c'est elle qui m'a élevé, mes deux frères et ma sœur. Depuis que je suis né, on m'a appris à chasser, on m'a appris à ne pas être une proie, manier les armes est quelque chose de simple pour moi, on ne m'a pas appris à dessiner, non, on m'a appris à tirer, à viser entre les deux yeux, à toucher le cœur, à être violent, à n'avoir aucun pitié, à être dur, à être un mâle, un vrai, pas celui qui va se défiler quand quelque chose ne va pas, pas celui qui va abandonner, non, quand j'ai quelqu'un dans mon viseur, jamais je ne le laisse filer, et ça, c'est dans mes gênes, dans mon sang, du côté de mon père, on a toujours été des chasseurs, et ça depuis des centaines d'années, c'est-ce qu'on est, c'est notre passé, notre présent, notre avenir, et je ne pourrais pas aller contre ça.

"Monsieur Trevelyan, vous êtes porteur du gêne X." Mon visage se décompose, j'attrape le médecin qui vient de m'annoncer ça par le col et je le plaque contre le mur, j'vous ai dit, la violence, c'est dans mes gênes. "Refais les tests, encore une fois, il doit y avoir une erreur !" C'est obligé, il y avait une erreur, il avait inversé les dossiers, il avait pris les mauvaises notes, mais ce n'était pas possible, je ne pouvais pas être porteur de ce putain de gêne, je ne pouvais pas faire partie de ces déchets de l'humanité, j'avais été élevé comme un chasseur, pas comme une proie. Et là, l'illumination, lâchant le médecin et me reculant, je me mis à tourner en rond dans la pièce. "Mais non, elle a pas pu me faire ça... Non ce n'est pas ça... Mais si, si... Non putain, NON ! […] J'sais pas, je sais plus... Putain c'est pas possible." J'ai oublié de vous dire que j'étais loin d'être une personne équilibrée et bien dans sa vie ? Maintenant, vous le savez. Je me parle à moi-même par moment, et ça à haute voix, me moquant bien du monde qui m'entoure, mais... Elle m'avait fait ça, elle, cette mère que j'avais presque pas connue, cette mère dont il me reste quelques brides de souvenir de son vivant, elle m'avait transmis ce gêne, elle avait glissé en moi ce poison qu'elle avait en elle, elle me l'avait transmis, c'est pour ça que j'avais été dépisté positif, c'est pour ça que j'avais ce gêne en moi. J'étais le genre de personne que je chassais, ce que je détestais le plus au monde, ce qui me donnait envie de vomir, c'était ceux que je voulais exterminer, ceux que je voulais voir mort, toute cette pourriture du monde, toute cette merde qui nous polluait... La seule chose que j'espérais était que jamais il ne se réveil, que jusqu'à ma mort, il reste enfoui en moi, qu'il reste endormi, que je ne sois pas obligé de me mettre moi-même une balle entre les deux yeux...

"Passe moi le feu s'teuplait..." S'exécutant, manquant de tomber à terre quand elle se leva, Nerea me donna le briquet et je pu allumer mon joint. J'avais un léger problème avec la drogue, du moins, léger... C'est la version officielle pour pas dire que j'ai un penchant bien penché pour la drogue. J'ai cette impression d'être ailleurs, d'être dans un autre monde, un monde où je n'ai pas de problème, un monde où il n'y a pas de déchet, ou il n'y a pas ce gêne, un monde où je n'ai plus besoin de chasser, d'exterminer cette merde, cette raclure de chiotte, ça m'aide, ça m'apaise même. Bref, je me suis perdu, j'en étais à Nerea. Comment vous expliquez ça simplement. Je l'aime, cette fille, elle est plus jeune que moi, mais elle est ma propriété, je l'aime à en crever, jamais je n'avais aimé, je ne connaissais pas, je ne savais pas ce qu'était l'amour avant de la rencontrer, un amour qui nous détruisait, mais qui à la fois, m'apaisait. Jamais je n'avais aimé, jamais je n'avais ressenti de réels sentiments pour quelqu'un, elle était la première, mais aussi la dernière. C'est la version officielle pour pas dire que j'ai un penchant bien penché pour la drogue. Plus les semaines passaient, et plus je me disais que quelque chose clochait chez elle. Sur cette terre, personne ne peu arriver à me faire faire quelque chose que je ne désire pas, personne n'y ai jamais arrivé, alors, une fois, ça passe, j'me disais que c'était surement l'amour qui me faisait faire ça, comme si j'avais des ailes et que je voulais m'envoler et réaliser ces demandes, deux fois, ça passe encore, sauf que lorsque ça revient plusieurs fois, tu finis par e poser des questions. J'ai réfléchis, j'ai tout analyser, je me suis repassé les scènes à chaque fois dans la tête, jamais je n'avais imposé de résistance, jamais... Alors, j'ai finis par me rendre à l'évidence. Elle faisait partie de ces raclures, de ces anomalies, et je ne pouvais pas la laisser vivre, j'avais ce côté en moi qui aurait voulu la soigner, l'aider, mais j'avais cet autre côté qui ne voulait pas réfléchir et simplement faire ce que je faisais de mieux, être un putain de psychopathe, la tuer, et maquiller son meurtre en suicide, en overdose, comme j'avais toujours fait pour que jamais on ne puisse m'attraper, et, j'étais plutôt doué là-dedans vous savez, quand je vous dis que j'suis perturbé, c'est pas une blague. Alors, tirant sur mon joint, je glissa plusieurs médicaments dans son verre d'alcool, un mélange que j'avais préparé plus tôt ce matin, un mélange mortel... Allongé à ces côtés, je la regarda partir, je regarda son corps s'affaiblir, son âme quittée la pièce, je l'aimais, mais je ne pouvais pas la laisser vivre, je ne pouvais pas lui laisser cette chance. Alors, après avoir vérifié qu'elle ne respirait plus, je déposa un baiser sur son front, et je la regarda pendant plusieurs minutes avant de quitter la pièce, laissant une larme couler le long de ma joue. Je n'étais pas fait pour aimer, les deux seules personnes que j'ai aimées dans ce monde était des anomalies, ma mère, et puis Nerea, comme une malédiction que je traine derrière moi... J'étais triste, mais c'était comme ça et pas autrement, je ne pouvais laisser vivre quelqu'un comme elle, et ça, même si je l'aimais, mon père a tué ma mère et il l'aimait, alors pourquoi j'aurais dû faire autrement, hein ? Je vivrais avec cette image d'elle, et jusqu'à ma mort, je penserais à ce cadeau que je lui ai offert en la tuant...

"Non... Non, j'ai vérifié pourtant, c'est pas possible, c'est pas elle... J'y crois pas, c'est une hallucination, elle est venue me hanter, c'est ça, c'est un fantôme... Un fantôme que je vais devoir tuer..." Comment est-ce que j'avais pu la louper ? Comment est-ce que j'avais pu ne pas me rendre compte qu'elle était encore en vie ? Première fois de ma vie que je loupe une cible, première fois de ma vie que je rate mon meurtre. Mais... Pourquoi elle n'avait rien dit ? Pourquoi elle avait fait comme si elle avait vraiment abusé de drogues ? Peu importe, je la tuerais, et cette fois-ci, je réussirais mon coup, cette fois-ci, je vais m'assurer qu'elle soit bien morte, que son sang coule et que jamais elle ne puisse revenir. Elle doit mourir, elle n'a pas d'autres choix possible, même si c'est elle, même si je l'aime, même si elle m'appartient, je dois la tuer, moi et pas un autre, seulement moi et ma psychose. Voilà maintenant presque six mois que je ne l'ai pas revu, je me tiens éloigné d'elle, pour que la fois ou l'on se recroise, ça soit la dernière...