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 (aloys) Le vieillard et l'abruti, part. I

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MessageSujet: (aloys) Le vieillard et l'abruti, part. I   (aloys) Le vieillard et l'abruti, part. I Icon_minitimeSam 7 Mai 2016 - 16:47

Voilà quelques mois, voir un peu plus d’un an, que Liam savait pour son père. Ou, tout du moins, qu’il savait quel homme se cachait derrière le masque du paternel, et chef d’entreprise, Neil. Un chasseur. Un de ces hommes qui n’éprouvaient ni remord ni pitié pour des êtres comme le jeune chinois. Il avait bien fait, au final, de ne pas dire la vérité à ses parents. De ne pas leur avoir dit que ses gênes n’étaient pas tout à fait comme ceux d’un humain lambda. Il avait bien fait de garder le silence. Et il comptait bien le garder. Toutefois, la carrière de son père fut de courte durée. Il se souviendrait toujours de cette soirée où il avait vu son père rentrer, le visage ensanglanté et un bras franchement abîmé. Un peu plus et monsieur Neil aurait très clairement pu y passer. Et si ce n’avait pas été des bons soins du docteur de Miribel, peut-être que sa rémission aurait été d’autant plus difficile. Voilà quelques mois que monsieur Neil avait repris ses activités comme avant l’incident, notamment au niveau de son entreprise, ne pouvant se permettre d’être particulièrement actif sur le terrain avec un bras invalide tout en étant aveugle d’un oeil. Cela ne l’avait toutefois pas empêcher que d’essayer d’inculquer ses valeurs extrémistes à son fils tout en finançant grandement les actions des chasseurs.

Ce ne l’avait surtout pas empêcher que d’enfermer quelqu’un dans une salle recluse de leur sous-sol.
Ou, tout du moins, c’était ce que Liam avait bien cru comprendre.

« Alors monsieur Neil ? » « L’opération est réussie. Il se trouve dans mon sous-sol. Les tests pourront bientôt commencer. » « Vous êtes sur que vous pouvez vous occuper de ça ? Je veux dire, dans votre état… S’il décidait de se rebeller ? » « Ne vous inquiétez pas là-dessus, je sais ce que je fais. » Voilà qu’il était donc assez clair dans l’esprit du jeune Neil que quelqu’un se trouvait dans le sous-sol de sa demeure et que ce quelqu’un y était contre son propre gré. Et qu’il allait certainement en souffrir.

Encore aujourd’hui, Liam s’en voulait d’avoir été aussi faible. Aussi peureux. Il s’en voulait toujours d’être aussi terrifier par son père (adoptif). Terrifier à l’idée que n’étant pas de son propre sang, il pourrait n’éprouver aucun remord quant à l’assassiner, lui, fils adoptif indigne se trouvant à être mutant. Il s’en voulait encore, affreusement même. Car s’il avait eu une once de plus de courage, peut-être que cet homme, enfermé dans son sous-sol derrière des barreaux de métal qui le retenaient prisonnier, n’aurait pas eu à souffrir autant.

Son paternel venait de quitter la demeure en compagnie de sa si douce et si gentille femme, signifiant à Liam qu’ils ne rentreraient pas avant tard dans la soirée. Ils comptaient passer l’après-midi à chercher une jolie robe pour madame Neil et ils avaient une soirée mondaine tout de suite après. Liam n’avait jamais été à ces soirées. Ou enfin si, une fois. Ou peut-être deux. Mais il s’était tellement ennuyé qu’il avait supplié son père de ne plus l’y traîner, parce qu’il n’était pas certaine de survivre à un tel châtiment une fois de plus. Il était donc seul, chez lui, pour un certain nombre d’heures. Et il eu une idée. C’était risqué. Si son paternel décidait de rentrer plus tôt que prévu, pour une raison quelconque, le châtiment dont souffrirait l’héritier Neil serait sûrement plus grand qu’une soirée auprès de quelques bourgeois fermés d’esprit qui ne discutaient que des nouveaux louboutins. Mais il devait s’y risquer. Ne serait-ce que pour voir qui se trouvait enfermer dans son sous-sol. Sûrement ne pourrait-il pas l’y en sortir. Liam savait qu’il n’y pourrait pas, bien trop peureux pour cela. Toutefois, il pouvait peut-être l’aider, à sa façon. Sans trop savoir comment, hélas.

Il verrait bien en temps et lieu.

Il descendit donc les escaliers qui menaient au sous-sol. Il préférait encore utiliser son téléphone comme lumière de fortune que de se risquer de tout éclairer, dans le sous-sol, au cas où son père décidait de rentrer un peu trop tôt. Il n’avait jamais pris la peine de descendre ici. Quand il était jeune, il lui était interdit que de descendre les escaliers, notamment de par la présence du cellier. Le jeune Neil avait toujours été maladroit et ses parents préféraient sûrement éviter un accident qui aurait mener à la perte de quelques centaines de dollars en bons vins importés. Puis, avec le temps, il n’avait jamais cherché à savoir ce qu’il aurait pu trouver ici bas. Peut-être aurait-il dut se montrer un peu plus curieux. Juste un peu. Juste assez. Et peut-être aurait-il pu comprendre l’ampleur des convictions de son paternel. Mais, surtout, à quels extrêmes était-il prêt à aller pour atteindre son but.

Ce fut derrière une porte à sa droite, alors qu’il était convaincu d’avoir entendu quelque chose, qu’il se décida d’allumer la lumière et de fermer la porte derrière lui. Il ne s’était pas tromper. Toutefois, alors que son regard se portait sur celui qu’il devina être le prisonnier, il se figea, la bouche légèrement entrouverte. « D-docteur ? » fut les seules paroles qui eurent le loisir de franchir ses lèvres alors que les traits du visage dudit prisonnier ne lui étaient pas inconnu. S’il ne se trompait pas (et il était certain de ne pas se tromper) cet homme devant lui n’était nul autre que le chirurgien qui avait permis à son père de guérir plus vite que prévu.

Mais quel genre d’homme pouvait bien être son père ? En ce moment précis, Liam l’ignorait.

« Mais… Mais pourquoi ? » Il ne comprenait pas. Liam s’était attendu à voir un mutant dangereux, une cible qu’il aurait presque pu trouver comme était logique, pour les chasseurs. Non pas celui qui avait presque sauvé la vie de son père. Et son père, lui. Son paternel tenait-il sérieusement en otage l’homme qui l’avait soigné, qui s’était assuré de minimiser les dégâts, ne serais-ce que parce que l’image de monsieur Neil était importante pour ce dernier. « Je… Non… Mais… Non. Pourquoi ? »

Parce que Liam ne pouvait poser cette question à son père. Parce qu’il ne pouvait plus se défiler, non plus. Ni même faire comme s’il n’avait jamais rien vu. Cet homme, Aloys de Miribel, que pouvait-il bien faire ici, dans son sous-sol, l’air un peu plus misérable que lors de leur première rencontre, quelques mois plus tôt ?
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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: (aloys) Le vieillard et l'abruti, part. I   (aloys) Le vieillard et l'abruti, part. I Icon_minitimeDim 8 Mai 2016 - 15:51

Le vieillard et l'abruti
Liam & Aloys



Il n’a pas compris l’enchaînement des choses. Lorsqu’il est sorti chercher du pain, ce matin, il ne pensait pas un seul instant qu’il ne rentrerait pas. Il n’imaginait pas une seule seconde qu’on allait l’acculer au coin d’une ruelle, qu’on allait le cerner, que l’homme face à lui n’avait rien d’une personne dans le besoin, bien au contraire. Si Aloys n’était pas Aloys, il s’en serait voulu d’avoir fait preuve de tant de naïveté, encore une fois. Mais il est incapable de s’en vouloir parce que si les choses étaient à refaire, il les referait sans la moindre hésitation, sans le moindre instant de tétanie. Les coups qu’il a reçus, de toute manière, sont déjà résorbés. Pas la douleur, qui pulse dans sa mémoire avec la force de la réalité, mais rien n’apparait plus sur sa chair, rien de ces coups, rien de ces frappes, rien de ces écorchures infligées au couteau pour vérifier qu’il était bien ce que l’on pouvait suspecter. Aloys a beau chercher dans sa mémoire, il ne trouve pas ce qui aurait pu les pousser à agir ainsi avec lui. Recroquevillé dans un coin de la pièce, dans un coin de la cave, dans un coin de sa cage, le dos de son tee-shirt lacéré plaqué contre la paroi gelée et humide, il ne comprend pas.

Ce qu’il fait là. Ce qu’on peut lui reprocher. Oh, il n’est pas stupide, Aloys, il n’arrive juste pas à comprendre les raisonnements qui peuvent pousser au kidnapping et à la séquestration. Tout ça le dépasse, comme la violence et le meurtre peuvent le dépasser. Et s’il a la conviction diffuse que son immortalité est la raison pour laquelle il se trouve ici, avec ces chaînes autour de ses poignets, ces barreaux qui le tiennent en cage plus sûrement que n’importe quel animal sauvage… il ne comprend pas. Et il s’inquiète, aussi. Il s’inquiète parce que dans deux jours, il devait opérer le petit John, une opération lourde et préparée depuis des mois. Il s’inquiète parce qu’il ne peut concevoir ne pas soigner ce petit, ne pas l’aider, ne pas le sauver. Il a tenté d’appeler, il a tenté de se faire entendre mais ce n’est pas un violent, Aloys. Assis dans un coin de sa prison, il attend, maintenant. Incapable de dormir, incapable de s’agiter, il reste assis, conscient qu’il a l’éternité devant lui. Ils peuvent l’affamer, ils peuvent le frapper, le blesser, il survivra comme il survit depuis des décennies sans prendre une ride. Il s’inquiète, Aloys, parce qu’il est dans le noir. Et qu’il aimerait comprendre, vraiment comprendre. Parler, parlementer, s’expliquer, raisonner son, ses agresseurs. Aussi, lorsqu’il entend du bruit non loin de là, il se lève d’un bond, tire ses chaînes à leur maximum pour poser ses doigts sur la porte en métal, tenter d’apercevoir d’où vient la lumière dans le couloir. Il ne peut pas voir grand-chose, par la petite fenêtre barrée qui se situe au milieu de la porte. Il voit juste assez pour qu’un mouvement le fasse précipitamment reculer. La porte s’ouvre, la porte se ferme, la lumière l’aveugle et Aloys se réfugie derrière une main levée pour bloquer la luminosité trop forte qui émane d’un néant. « D-docteur ? » Aloys frissonne, resserre ses bras croisés sur ses épaules, se réfugie dans un coin de la pièce. Plissant les yeux, il regarde l’arrivant. Il ne lui faut pas plus de quelques secondes pour se souvenir du garçon. « Le petit Liam ? » Pour lui, qui ne dépasse pas le mètre soixante, toutes les personnes sont des enfants. Des petits, qu’il faut protéger comme une mère oiseau avec ses volées de poussin. Aloys se détend, lui fait un sourire qui se veut rassurant. Il ne sait pas ce que le petit Neil fait ici, mais une chose est sûre… il ne pensait pas le recroiser dans de telles circonstances. « Mais… Mais pourquoi ? Je… Non… Mais… Non. Pourquoi ? » Aloys se força à décroiser les bras, à s’asseoir en tailleur sur le lit, seul mobilier de la pièce, pour ne pas paraître agressif. Il lève une main d’ailleurs, pour désigner le lit d’un mouvement lent. « Je ne vais pas te faire de mal. Tu… pourquoi quoi exactement ? Comment vas-tu, Liam ? Ton père se remet bien ? » Aloys est incapable de se placer au centre de ses considérations, il se projette un peu trop sur ce qui l’entoure, sur ceux qui l’entourent. « Qu’est-ce que… qu’est-ce que tu fais ici ? »


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