Sujet: (fst, finn) war between him and the day. Mar 3 Mai 2016 - 17:26
– war between him and the day –
JANIS ET FINN / War between him and the day, Need someone to blame. In the end, little he can do alone. Apart from the wandering pack, In this brief flight of time we reach For the ones, whoever dare. You believe but what you see ? You receive but what you give ? – NIGHTWISH.
Il peut pas. Il peut pas. Il peut pas faire ça.
Elle sent son cœur battre avec force, la sauvageonne. Ses lèvres entrouvertes, menton tremblant, le regard fou. Il peut pas faire ça. Elle garde serré dans son poing le pendentif qu’il lui a balancé au nez. Après des semaines à l’avoir gardé en otage, ce p’tit truc, seule raison pour laquelle, au début, elle ne l’a pas tué, il le lui balance au visage comme si de rien n’était. Il n’en a plus besoin pour la faire chanter — il n’y a plus rien à faire chanter. Elle n’a plus son don, plus rien pour le ramener. Il ne veut plus avoir rien à faire avec elle, maintenant qu’elle ne lui est plus d’aucune utilité. Il lui a même rendu ce foutu collier pour lequel elle avait tenté de retourner le temps et l’espace, après des années passées à nier en bloc ses capacités. Au final, c’était tout ce qu’elle voulait, quand toute cette histoire avait commencé. Mais maintenant, c’était différent. Maintenant, il n’avait plus l’droit d’faire ça.
Le bijou d’Altaïr imprime sa marque dans sa paume, sur ses phalanges repliées. Et pourtant, elle n’arrive pas à s’en soucier. Elle ne le lâchera plus, et elle arracherait à pleines dents la gorge du premier qui tenterait de le lui enlever, la sauvage. Mais pour l’heure, ce n’est pas ce qui lui fait le plus mal. Elle voit la silhouette devant elle s’éloigner, et ses pieds sont incapables de bouger. Ancrés dans le sol, répondant à la tétanie de ses jambes, la laissant se distiller dans tous ses muscles, tous ses membres. Et sa gorge est nouée, ses yeux brûlent. Elle ne sait pas pourquoi, elle ne sait pas ce que c’est. Tout c’qu’elle sait, c’est qu’il est en train de lui faire quelque chose qu’elle n’est pas certaine de supporter.
Ça n’a pas eu l’air de lui coûter, au capitaine égaré. Son mépris était trop visible, ses mots avaient été clairs. Elle avait plus intérêt à l’approcher. Plus intérêt à chercher à le contacter, ou à mettre les pieds dans sa vie. Elle ne lui était plus d’aucune utilité, et il n’avait pas envie de s’encombrer de ce genre de poids. Il avait un objectif à atteindre, et puisqu’elle n’était plus capable de l’y mener, mieux valait laisser le chemin dégagé.
Elle regarde le coin de rue où il a maintenant disparu. Et sa poitrine se secoue comme si on lui avait arraché le cœur, son ventre se tord comme si on lui avait fait avaler une fiole de poison. Elle a la tête qui tourne, un point chaud sur la nuque, et l’impression qu’le monde a perdu de son sens. Il lui a fait ça, et elle ne sait pas pourquoi. Elle n’arrive même pas à bouger, à le suivre ou à hurler. Elle reste figée, abandonnée à elle-même. Seule, à nouveau. Privée sans pitié d’un repère dont elle ne pensait plus pouvoir se passer.
Ça ne sert à rien de le suivre. Ça ne sert à rien d’insister. Et si une part d’elle voudrait se mettre à courir sur les talons de Finn, l’autre lui ordonne de rester immobile, à défaut de réussir à la faire rentrer chez elle. Elle ne voudrait pas le contrarier, ne voudrait pas qu’il ne la haïsse encore plus qu’il ne semblait le faire. Faut qu’elle lâche prise, faut qu’elle s’en aille. Faut qu’elle tourne les talons et qu’elle s’éloigne, la sauvage. Qu’elle le laisse respirer, comme il lui a d’mandé — qu’elle lui foute la paix. Et lorsque ses pieds parviennent finalement à lui faire effectuer le demi-tour fatidique, elle sent son cœur tambouriner encore plus méchamment au fond de sa cage thoracique. Y a comme une seconde de flottement, alors qu’elle se force à faire le premier pas pour partir dans la direction opposée à celle qu’il a empruntée. Oubliant qu’elle habite dans l’autre direction, trop désireuse de mettre le plus de distance possible entre lui et elle — comme il le lui a demandé. Trop fidèle, trop dévouée.
Mais soudain, elle sent son cœur se tordre. Ses muscles se contracter, ses pupilles se dilater. Et sans comprendre pourquoi, muée par un instinct des plus bestial, elle fait subitement demi-tour. Sans réfléchir, sans même chercher à s’en empêcher. Oubliant les ordres qu’il lui a donnés, occultant toute injonction qu’il a pu lui cracher. Le médaillon reste incrusté dans son poing, alors que ses pas légers et rapides filent dans la direction qu’il a empruntée. Et lorsqu’elle tourne au coin de la rue, elle ne met pas longtemps à l’apercevoir. Sa silhouette de dos, et entre elle et lui, trois types qui se préparent. Elle ne réfléchit pas, ne tente même pas de s’arrêter. Trop effrayée de hurler pour lui signaler sa présence, terrorisée à l’idée qu’il ne lui dise de s’en aller et d’lui foutre la paix, elle ne laisse aucun son s’échapper d’entre sa gorge. Pas même lorsque ses mains se referment sur les épaules du premier type pour le retourner sans ménagement, lui écraser son poing dans la figure et lui remonter son genou dans le ventre. Il se voute et la rotule remonte une nouvelle fois, percutant le crâne avec violence. Sa jambe se déplie et son pied entre une dernière fois en contact avec son corps titubant, s’enfonçant dans sa cage thoracique. Il perd l’équilibre, le type, et il s’écroule. Sonné, endolori — laissant la place à l’un de ses acolytes. Elle sait que Finn a sûrement tout entendu, qu’il va sûrement lui demander de le laisser s’en occuper. Mais elle est bien incapable de s’arrêter, la sauvage. Et elle se rue sur le deuxième type, toutes furies lâchées. Personne ne touche à Finn. Personne.
Cogner, frapper, à nouveau cogner. N’jamais s’arrêter, ne plus se laisser respirer. Les traits déformés par la haine et la férocité. Le type est tombé sous le coup de la surprise, et elle continue de le frapper. Il avait sorti un petit couteau, elle l’avait vu. Il voulait poignarder Finn, l’faire saigner. Et dans la tête de Jai, plus rien ne pouvait chasser cette image, et cette envie de la lui faire payer. Pas même l’énergie du désespoir que ce type met à tâtonner au sol, tentant d’encaisser les coups et de la faire rouler sur le côté. Aveuglée par le rejet et sa fureur d’avoir vu Finn sur le point de se faire attaquer, elle en oublie la vigilance. Désespérée, blessée, enragée.
Lorsque la lame froide s’enfonce sous ses côtes, elle a un léger sursaut. Son poing se fige en vol, s’ouvre, et se porte immédiatement à son abdomen. Ses autres doigts s’écartent sous la surprise, alors que le type retire sa lame sans ménagement, et vient l’enfoncer à nouveau, rien qu’un peu plus haut. Le médaillon tombe au sol, sa main libre attrape le poignet assassin, le force à retirer une nouvelle fois la lame. Et elle le tord, sans ménagement, profitant de l’avantage que lui donne sa position. Elle récupère le couteau, et le lui enfonce dans la gorge sans la moindre hésitation.
Seconde de flottement. La douleur sourde, la sensation chaude du sang sur ses doigts, ses vêtements, les pavés. Elle se recroqueville sur son agresseur, une main sur ses plaies. S’efforçant de ne pas gémir pour ne pas embêter Finn, et le reste de ses doigts tâtant le sol à la recherche de ce foutu collier. L’trouver. L’prendre. S’en aller. Ne surtout pas r’garder le Taggart, ne pas lui parler.
L’trouver, l’prendre, s’en aller. Surtout, ne pas plus le contrarier.
Invité
Invité
Sujet: Re: (fst, finn) war between him and the day. Mer 4 Mai 2016 - 23:04
– don't get too close –
i felt the earth shake inside me. i run forever but i won't get far, 'cause if i don't have you, i will starve. there's a wolf in my heart, there's a wolf in my heart for you. oh was it cold desperation that let the fire go out ? oh was it cold desperation, 'cause i let it burn for miles. i am an animal for what i need, you are the wilderness inside me.
J’veux plus t’voir.
Ça tourne en boucle dans sa boîte crânienne, ça lui tord les viscères et ça lui serre la gorge. Il a l’cœur qui bat trop fort, trop vite ; on dirait qu’il essaie de percer un trou dans sa cage thoracique. On dirait qu’il veut s’faire la malle, aller s’écraser sur le goudron dégueulasse et s’laisser piétiner par les passants. Tout faire pour pas rester enfermé dans cette enveloppe qui n’l’écoute pas, trahi par un homme qui n’obéit qu’à sa colère et ses travers.
J’veux plus t’voir.
Les mots ont été crachés avec l’pire des mépris. Paumés dans une mer trop sombre de paroles transformées en lames, destinées à assassiner l’ex-mutante. L’ex-alliée. L’ex-il n’sait trop quoi, sale bestiole qui lui ressemble trop, sauvageonne au cœur ouragan.
Elle a perdu toute utilité en même temps qu’son don. Oui mais voilà : elle est devenue plus qu’un vulgaire outil, la bougresse. Si au départ elle n’était qu’un moyen d’atteindre son but, bonne à faire chanter pour en tirer c’qu’il voulait – les choses ont changé. Il saurait même pas dire comment ni pourquoi, il sait juste que c’est l’cas. Il sait juste que son sang bouillonne en lui rendant son foutu collier, que ses phalanges tremblent quand il lui montre qu’un masque horriblement froid, que ses tripes sont en vrac quand il voit la détresse dans ses yeux d’biche, que son palpitant le torture depuis qu’il a tourné les talons.
J’veux plus t’voir.
Il ment. Ment comme un arracheur de dents, ment comme le pire des tyrans. Persuadé de n’plus pouvoir supporter la présence de Jai à ses côtés. Bonne qu’à lui rappeler constamment la porte de sortie évaporée, tous les espoirs partis en fumée. C’était elle, sa seule issue. Son échappatoire ambulante – celle qu’il voulait embarquer avec lui. P’t’être bien lui offrir une place de choix, s’en faire un bras droit. Elle aurait fait une pirate parfaite. Mais maintenant, ses plans n’se réaliseront jamais. Y a plus d’futur dans le passé, y a plus qu’à avancer là où il est coincé. Enfermé. Putain, il la hait. C’est elle qui l’a emmené ici. Sans l’faire exprès, il le sait bien, mais c’est elle quand même. Elle a fait d’lui un chien galeux qui erre les rues modernes, qui hante une époque maudite. Elle a fait d’lui cette ombre perdue, privée des océans et d’son trône, privée de tout ce qui la constitue. Il la blâme pour tous ses maux et il sait qu’c’est injuste ; il sait qu’il est trop con. Mais c’est tout c’qu’il a trouvé pour pas tomber. Parce que c’est plus facile d’la haïr pour rien que d’la laisser s’étaler dans sa vie, comme une épidémie. Il a pas compris qu’il est déjà malade. Le virus est déjà installé, et rien n’pourra le déloger.
J’veux plus t’voir. J’veux plus t’voir. J’veux plus t’voir. Non, c’pas ça, la vérité. J’peux plus t’voir. C’est mieux, même s’il l’a pas dit. Parce que c’est juste que ça fait trop mal, c’est juste qu’il a envie d’lui faire mal aussi. C’est juste qu’il faut s’en débarrasser avant qu’elle ne l’avale tout entier.
Fou d’une rage contenue, fou d’un désespoir empoisonné, fou d’un sentiment qu’il n’contrôle pas. Il avance d’un pas furieux entre les rues, ne voyant plus rien autour de lui. Il balance des coups d’pied dans tout ce qui a le malheur de croiser son chemin, les doigts recroquevillés en deux poings serrés. Il ralentit, s’arrête. Inspire un grand coup, pour se calmer. Puis sa main vient s’écraser dans l’mur le plus proche, tellement fort qu’il entend les os grincer et qu’il sent la peau s’arracher. Y a que comme ça, qu’il peut évacuer. Que comme ça, qu’il peut s’exprimer.
Le sang coule le long de ses phalanges, roule jusqu’à s’écraser au sol en gouttelettes. Une trainée parsemée, qui l’suit comme le petit poucet et ses putains d’caillasses. Il reprend sa route, avec l’impression de tanguer, de vibrer comme un mât prêt à se briser. Il est en train d’sombrer comme un navire en plein tempête.
J’veux plus t’voir. Bordel. La simple idée que son vœu mensonger soit exaucé lui file la gerbe. Il va faire quoi, sans un monstre flanqué à ses côtés ? Sans son monstre ? Celui qui lui a bouffé l’cœur sans qu’il ait rien vu venir.
Y a du fracas derrière lui, qui l’arrache soudainement à son tourbillon intérieur. Quand il se retourne, tout son organisme s’met en panne le temps d’une seconde – son myocarde ne pompe plus, le sang ne circule plus, ses poumons s’atrophient et son cerveau s’éteint.
Jai en train de foutre un type au tapis, tandis qu’les deux autres se préparent à sauter. Il sait pas c’qu’elle fout là, il sait pas c’que les types lui veulent, il sait pas c’qui se passe. Mais il a pas l’temps de penser. Ses membres se mettent en marche avant son esprit et il chope l’un des hommes à la gorge, pendant que Jai s’occupe de l’autre. « Casse-toi, Jai, » qu’il lance à la volée, regard pourtant figé sur sa victime. Il veut qu’elle dégage, il veut pas se risquer à croiser ses prunelles, il veut pas étouffer en partageant son oxygène avec elle. Il veut pas voir la douleur se peindre sur ses traits – pas quand c’est lui qui l’a causée.
D’un coup bien placé, il fait tomber l’autre à terre, et en profite pour s’installer à genoux sur lui. Ses mains enroulées autour du cou de l’enfoiré, il le sent essayer de glisser ses doigts vers l’arrière pour atteindre quelque chose. Mais Finn le bat en rapidité, atteignant le premier ce qui semble être un flingue. Peu désireux de s’en encombrer, il le balance de l’autre côté d’la ruelle, adressant un sourire mauvais à son vis-à-vis. Et il serre. Et il serre. Et il serre. L’autre devient rouge et puis violet, essayant de le griffer et le cogner pour s’en détacher. Finn prend les coups en ravalant la douleur, patientant alors que les forces semblent abandonner le prisonnier. Quand il le voit enfin tourner de l’œil, il sait qu’il devrait s’arrêter. Que le laisser inconscient est suffisant, et que ça n’sert à rien de le tuer. Mais il en a besoin. Besoin de continuer à serrer, jusqu’à ce qu’il en vienne à en écraser sa trachée. Carcasse sans vie, désarticulée entre ses phalanges ; le monstre n’en a fait qu’une bouchée.
Il se relève, le souffle court. La première chose qu’il voit, c’est le médaillon au sol. Puis c’est Jai, agenouillée, une main sur son abdomen. L’hémoglobine qui filtre entre ses doigts et qui imprègne ses vêtements, qui encrasse sa peau d’albâtre. Il est vrai qu’Finn l’a toujours trouvée belle quand elle se couvre du sang de ses ennemis. Mais y a rien d’beau dans ce tableau. Parce que le sang, c’n’est pas celui d’une énième victime. C’est celui de Janis.
« Putain. » Sans réfléchir, il accourt à ses côtés, jetant un œil à la silhouette au sol. Mort. Si ça n’avait pas été l’cas, il s’en serait assuré lui-même. « J’t’avais dit d’dégager. » Les mots sont durs, crachés avec colère. Pourtant ses gestes sont doux quand il encercle la taille de la donzelle, son autre main venant s’apposer sur celle de Jai. Il la force à la lever un peu pour observer l’étendue des dégâts. Il n’voit rien à cause du tissu, mais l’étendue rouge le laisse deviner que la blessure est du genre profonde. « Tu fais chier. » Trop conne de n’pas avoir obéi ; trop conne de s’être faite poignarder pour lui.
Attrapant le collier, il vient le fourrer dans sa poche, en oubliant presque la façon dont il l’a jeté à la gueule de Jai, seulement quelques instants plus tôt. Et il la garde tout près de lui, la maintenant pour qu’elle se tienne bien droite. Il lui prend son bras libre pour le passer sur ses épaules, histoire qu’elle s’agrippe à lui. Puis, lentement, il l’aide à se lever, sans la lâcher une seule seconde. Comme s’il avait déjà oublié tout l’venin qu’il lui a craché. Comme si y avait rien d’autre qu’elle, qui comptait.
Il s’assure qu’elle soit bien stable, une fois qu’ils sont debout. Il la tient fermement pour n’pas qu’elle tangue, mais avec délicatesse pour pas lui faire mal – pas plus qu’il n’l’a déjà fait. « On va aller chez toi. » Il lui demande clairement pas son avis, il l’informe simplement. C’est le plus près selon lui, et c’est l’meilleur endroit où il pourra prendre soin d’elle. Pas question d’la ramener chez Reese, encore moins à l’hôpital. Il va la soigner lui-même ; il le dit pas, mais il sait qu’elle l’aura lu entre les lignes. Oh bien sûr qu’il est pas médecin, bien sûr qu’un professionnel ferait un meilleur boulot qu’lui. Mais il a aucune confiance en ces gens-là, et il a toujours su se recoudre tout seul. Il est encore vivant, alors c’est qu’il doit pas si mal se débrouiller.
Les pas sont mesurés, calculés. Tout faire pour pas qu’elle tombe, pour pas qu’elle souffre plus que nécessaire. Il fait en sorte de raser les murs pour n’pas attirer l’attention, cachant Jai avec son propre corps lorsque des curieux s’attardent sur leur cas trop longtemps à son goût. Le chemin est laborieux, douloureux certainement ; il peut pas s’empêcher de la guider. Lui murmurer des « on y est presque » et des « encore un effort Jai, t’vas y arriver » à la pelle. Une litanie inscrite sur ses lèvres en trois lettres, qu’il a voulu dégager mais desquelles il peut plus se séparer.
Quand ils arrivent devant la porte, il fouille les poches de la blessée jusqu’à trouver les clés et les faire entrer. Il l’accompagne jusqu’au canapé, l’installant là comme si elle était faite de verre – prête à s’briser au moindre mouvement trop brusque. Elle est pâle, elle a mal. Elle a toujours cet air de guerrière, c’regard qui transperce Finn de part en part ; mais elle est faible. Et elle perd du sang. Beaucoup trop d’sang.
Agenouillé devant elle, il commence à tirer sur le bas de son t-shirt pour le lui ôter. Il l’aide à retirer les manches puis à passer l’encolure, roulant le vêtement en boule pour venir le presser sur la blessure. « Tiens-le en place aussi fort qu’tu peux. J’vais chercher d’quoi t’rafistoler. » De quoi refermer les plaies béantes sur son épiderme – pas celles à l’intérieur. Pas celles qu’il a eu l’occasion d’apercevoir au fil du temps, et encore moins celles qu’il a causées lui-même.
J’veux plus t’voir, qu’il lui a lâché sans pitié, comme une promesse fanée. J’vais t’sauver, qu’il jure sans le prononcer. Le v’là condamné.
Invité
Invité
Sujet: Re: (fst, finn) war between him and the day. Sam 7 Mai 2016 - 6:42
burning angel wings to dust i wish i had your angel tonight – NIGHTWISH.
La nuit est aussi froide que les pavés. Aussi froide que cette chaîne que ses doigts n’arrivent pas à attraper, aussi froide que son cœur gelé par les mots que le pirate lui a jetés, et qui ne cessent de la hanter. Le seul truc qui n’est pas froid, dans tout ça, c’est le sang tiède qui tache sa paume. Elle n’arrive pas à le retenir, peine à écarter les vagues de douleur qui commencent à l’assommer. Un coup de couteau, ça lui est déjà arrivé ; deux, c’est une autre histoire. Faut croire qu’elle n’a pas été capable de trouver suffisamment d’énergie pour éviter le second ; pas capable de se défendre avec assez de vigueur pour éviter la promesse lointaine de la mort. Elle ne sait pas si elle s’en veut, ne sait pas c’que ça lui fait. Elle n’arrive plus à penser, concentrée sur la recherche de ce foutu petit collier, appliquée à ne pas faire le moindre bruit qui pourrait alerter Finn, ou le déranger.
Mais c’est à croire que la discrétion, c’est pas son point fort. Ou p’t-être à croire qu’il a des yeux partout, le capitaine sans navire et sans cœur. Sa voix claque aux oreilles de la petite blonde, et elle serre les dents. Ses doigts tremblent, sa volonté flanche. Et elle sent ses lèvres trembler, la farouche ; longs filets blonds lui voilant les yeux, la pointe essuyant le sang sur les pavés, se teintant contre sa volonté du supplice de sa condition. Elle l’entend l’insulter, pester. Et elle n’arrive pas à lui répondre, dents serrées, tétanisée à l’idée qu’il ne se dresse pour l’achever. Sûrement préfèrerait-elle qu’il l’abandonne à son sort, et se montre une nouvelle fois sans cœur ; pouvoir se traîner jusque chez elle, une fois le précieux pendentif récupéré, et se rouler en boule au pied du canapé. Saigner, saigner comme son cœur n’avait jamais pu le faire, et comme il lui semblait qu’il ne le ferait plus jamais ; saigner comme un animal blessé, étendue sur un parquet qui n’attendait que ça. Sans se soucier du reste du monde, ou de faire comme si sa vie importait. Se laisser mourir, sans penser à rien. Dormir et s’reposer, laisser le froid l’envahir et oublier c’que ça faisait de souffrir — c’que ça faisait de s’attacher.
« Laisse-moi… » Ça grince, ça raille entre ses lèvres sèches — mais il ne la laisse pas. Son bras puissant s’enroule autour de la taille de guêpe, force la petite chose à se relever comme si elle n’avait rien pesé. Et elle sent ses muscles se crisper, la Jai, alors que l’autre jette un rapide coup d’œil à sa blessure. Elle voudrait se dégager, le repousser ; et tout c’qu’elle peut faire, c’est être bien incapable de bouger. Elle entrevoit à peine la main qui ramasse le collier, trop occupé à s’accrocher d’un bras à lui, pressant ses cinq autres doigts contre ses plaies. Le monde vacille, le peu de lumière autour d’elle l’abrutit. Elle veut s’tirer de là, la biche enfargée dans les phares éblouissants de la souffrance. Alors quand l’autre déclare qu’ils rentrent chez elle, elle ne proteste pas. Elle se contente de resserrer sa prise sur les fripes, comme si sa vie en dépendait. Elle se laisse guider, tirer. Lovée dans une ombre qu’elle n’aurait jamais cru être un jour invitée à épouser, après les mots salés qu’elle a dû encaisser.
Et les mots l’agrippent, la tirent à la surface. Ils l’empêchent de sombrer, à chaque minuscule seconde où elle se sent glisser. Elle ne sait si le chemin jusqu’à chez elle leur prend une seconde, ou si la seconde est éternité. Tout ce qu’elle sent, c’est le bras autour de ses épaules, la main contre elle ; l’odeur qu’elle respire à plein poumons et qui la garde éveillée, nez contre la masse humaine qui la protège ; et la douleur, insatiable et impossible à écarter, qui obscurcit la moindre de ses perceptions, rend pénible le moindre de ses gestes. Quelques doigts qui fouillent ses poches, attrapent une clé. Pas la force de lutter, pas la force de le repousser ; trop concentrée à garder la tête haute et les pieds campés au sol, sans s’écrouler. Elle se laisse traîner vers le canapé, à menus pas. Lorsqu’il la dépose, elle sent sa mâchoire involontairement se contracter, ses bras se refermer autour de son abdomen ensanglanté. Elle veut que ça cesse, la sauvage ; arrêter d’avoir mal, arrêter de se sentir vulnérable. Elle déteste se voir ainsi, hait le contact de ses mains si rugueuses et si douces, de ses doigts si attentionnés. Elle voudrait montrer les crocs, retrousser les babines ; mais y a rien qui vient, et ses bras se délient aussi facilement qu’ils ne se sont croisés lorsque les paumes soulèvent son t-shirt sans se préoccuper de quoi qu’ce soit d’autre que du sang qui suinte des plaies. Elle se laisse faire, le cœur en friche et la tête retournée par la souffrance ; son vêtement passe par-dessus ses épaules, laisse ses cheveux retomber sur ses épaules. Une boule de tissu rapidement pressée contre ces deux plaies, alors qu’il lui ordonne de garder ça en place. Et elle n’ose même pas acquiescer, la sauvage, égarée dans les tréfonds de son supplice. Pas sûre de comprendre ce qui se passe, pas certaine de comprendre pourquoi il fait tout ça. J’veux plus t’voir, qu’il lui a dit. J’veux plus t’voir.
J’veux plus t’voir. Les mots se remettent à résonner au fond de son crâne, alors que sa respiration siffle entre ses lèvres. Elle l’entend fouiller dans la salle de bain, fouiller dans c’qu’il peut rester de sa vie. Une part d’elle n’a pas envie de bouger ; presque juste envie de mettre de côté les mots qui lui ont arraché le cœur et l’âme, et de se recroqueviller sur ce qu’il est en train de lui offrir — un peu de sécurité et, surtout, l’attention qu’elle avait toujours d’mandé. Mais faut croire qu’il est des instincts qu’on ne peut pas contrôler ; des pulsions impossibles à réfréner et qui vous remettent sur pieds, qu’importe les tremblements qui agitent la conscience et les os. Elle tient à peine le tissu contre son ventre, le reste de ses doigts s’agrippant sur l’accoudoir du canapé. Une béquille pour tituber, faire quelques pas dans ce salon subitement trop grand et trop hostile. Elle ne sait pas quoi faire, ne sait pas où aller. Tout c’qu’elle sait, c’est qu’elle ne veut pas rester là. J’veux plus t’voir, qu’il lui a dit ; alors quand il r’viendra, elle s’fera un plaisir d’être déjà partie.
Elle a la douleur dans la peau autant que dans le palpitant, la petite furie. Mais faut croire que y a que la deuxième qui compte vraiment, pour qu’une telle folie s’empare de ses membres, et ne la fasse se mouvoir aussi précairement qu’elle était actuellement en train de le faire. Elle ne sait pas où elle va, ne sait pas ce qu’elle compte faire — mais pas question de s’écrouler. Pas question d’abandonner la vie, pas ici. Pas alors qu’il est à côté, et qu’il n’aurait qu’à tendre la main pour la toucher. Pas question d’lui saigner dans les pattes, pas question d’le laisser s’approcher.
Et elle est presque rendue à la fenêtre du salon, lorsqu’elle entend les pas s’éloigner de la salle de bain. Elle a dû faire tomber un ou deux bibelots sans intérêt sur son passage, faire plus de bruit qu’elle ne le devrait — mais elle s’en fiche bien. Sans se soucier de rien d’autre que de la présence qu’elle sent revenir à elle, elle fait volte-face. Les traits déformés par une animosité tordue de souffrance, les mains rougies par le sang que le t-shirt peine à contenir. Elle pâlit à vue d’œil, et c’est un foutu miracle que ses jambes acceptent encore de la tenir. Elle le sait, elle le sent ; elle tiendra pas longtemps. Mais pas question de baisser la garde. Pas question de le laisser gagner sur tous les plans, et faire c’qu’il veut de sa carcasse. Elle avait été assez stupide pour croire qu’elle pouvait la lui confier, assez stupide pour croire qu’il prendrait soin de sa coquille mieux que les autres l’avaient fait. Putain d’erreur, saleté de confiance trop facile à accorder ; suffisait de quelques bastons bien salées, et voilà qu’elle offrait son cœur comme s’il n’avait rien pesé. Elle aurait pourtant dû le savoir, depuis le temps : à part Alta’ et Rhae’, y a personne à qui on peut faire confiance pour la protéger.
« Laisse-moi. » Ça crache, ça feule comme un fauve blessé. Ses yeux ne se baissent pas, ses armes restent levées. Sa vaillance tremble autant que sa voix, mais sa volonté reste de fer — impossible à briser. « Va-t’en. » L’ton monte, le rythme de son cœur aussi. Elle n’arrive même pas à se tenir fière et droite, n’arrive même pas à lui tenir tête. Derrière son dos, elle sait le mur ; et à un mètre à sa gauche, la fenêtre. Mais elle ne bouge pas. Pas question de montrer sa faiblesse, pas question de le laisser gagner, et de jouer le jeu qu’il avait envie d’mener. « Et r’viens pas. » R’viens jamais. Son corps vacille vers l’arrière ; un pied hésitant qui recule, vient réclamer l’équilibre perdu. Et elle serre les dents, s’efforce de presser le tissu contre la chair. Ignorant le froid qui la fait trembler, ses épaules trop frêles sans t-shirt pour les protéger, ses bras trop fins, trop musclés. Les cicatrices sur sa peau dévoilée sans pudeur, comme pour rappeler à l’autre qu’elle a déjà vu pire. Sauvage, écorchée. Le corps ouvert, le cœur à vif.
R’viens pas, j’te dis. J’ai pas b’soin de toi, pas b’soin de ta pitié. T’as dit que tu voulais plus m’voir. Alors pars. Pars, et ne r’viens jamais.
Invité
Invité
Sujet: Re: (fst, finn) war between him and the day. Sam 7 Mai 2016 - 23:23
– don't get too close –
i felt the earth shake inside me. i run forever but i won't get far, 'cause if i don't have you, i will starve. there's a wolf in my heart, there's a wolf in my heart for you. oh was it cold desperation that let the fire go out ? oh was it cold desperation, 'cause i let it burn for miles. i am an animal for what i need, you are the wilderness inside me.
Y a quelque chose d’animal là-dedans – ce truc bestial, qui n’se contrôle pas. Dans la façon dont il l’a repoussée, parce que son instinct le lui a hurlé, parce que sa nature l’y a forcé. Parce qu’il a senti le piège se refermer et qu’il l’a pas supporté. Mais même quand il accourt à ses pieds, même quand il l’aide à se relever ; c’est la bête qui prend l’pas sur l’homme. C’est le loup qui refuse d’abandonner sa meute, si petite soit-elle. Il peut pas lâcher son reflet. S’il perd son ombre, il lui reste quoi ? Il sait pas. Il est pas sûr d’vouloir savoir.
Mais l’ombre, elle est sur les traits de Jai. Dans son regard farouche, dans l’angle de sa bouche. Il peut pas s’empêcher d’la voir, même une fois qu’ils sont arrivés, même une fois qu’il l’a posée. Elle se laisse faire sans broncher et il en est presque satisfait. Il n’se soucie plus que des plaies à panser, refusant de s’attarder sur la tension qui fend l’air. Il fait mine de n’pas voir les mâchoires de la donzelle se contracter, ses prunelles s’embraser. Il joue au sourd et à l’aveugle ; il joue à l’handicapé et p’t’être bien qu’il est pas si éloigné d’la vérité. Alors il quitte le front. Parce que c’est mieux d’aller fouiller dans les placards, c’est plus simple de chercher des compresses que d’se laisser fusiller. Il se sent troué comme un bateau à l’abordage – troué comme Janis et ses écorchures.
Les portes claquent sous les assauts du pirate, qui sème le bordel derrière lui. Le bordel dans sa vie. Il récolte ce qu’il estime nécessaire, empoignant une serviette humide dans une main, une sèche dans l’autre. Il se félicite d’avoir trouvé une aiguille et du fil de pêche ; à croire que la blessée est adepte des mêmes techniques que lui. Il a les sourcils froncés et un air perplexe sur la tronche, occupé à déchiffrer le flacon estampillé « eau oxygénée » quand il entend du fracas, là-bas. La connaissant, elle a sûrement jugé bon d’se mettre sur ses pattes et se balader dans l’salon, pour des raisons obscures. Pas foutue d’écouter ce qu’il peut bien lui dire, aujourd’hui. Visiblement pas foutue d’le laisser s’occuper d’elle.
« T’fais quoi, au juste ? » Appuyé contre l’encadrement de la porte, il a les bras croisés contre le torse, une nonchalance feinte dans son allure. Elle est là, la biche, prise entre les griffes de Finn. Mais il sait bien qu’elle n’est pas une biche – faut pas s’fier aux apparences. Elle est l’prédateur, bien malheureux serait celui qui la prendrait pour une proie.
La voix qui lui répond est aussi rauque qu’agressive, les mots crachés comme un avertissement. Elle veut qu’il parte. Et il a beau n’rien montrer, ça le heurte comme un boulet de canon. Bien sûr qu’il l’a mérité. On récolte ce qu’on sème et ainsi va la vie, des proverbes y en a des tas pour décrire son état, pourtant il est pas foutu d’le nommer. Y a juste ce truc qui lui triture les entrailles, qui lui ouvre la poitrine pour venir serrer son palpitant et l’empêcher d’respirer.
Elle veut qu’il parte et il refuse d’y croire. Elle veut qu’il parte et il f’ra tout pour rester.
Quelle ironie. C’est l’karma qui lui revient dans la gueule plus tôt que prévu, en s’foutant de lui bien comme il faut parce qu’il est con à en pleurer, con à en crever. Con à en rester là, planté à plus pouvoir bouger. Elle l’a paralysé. Il est statique comme un mur de briques ; elle chavire comme l’épave d’un navire. Il s’demande si elle va pas s’écrouler, là, comme ça. Mais elle tient, la sauvage. Elle use de toute la force qui lui reste pour le défier et l’envoyer chier, lui rendre la monnaie d’sa pièce en retroussant ses babines et en grognant plus fort que lui. Malgré son air de bestiole à l’agonie.
Pendant une seconde, il sait pas quoi faire. Y a une part de lui qui a envie de tourner les talons sans plus d’cérémonie. Lui donner c’qu’elle veut, c’qu’il a prétendu vouloir. Disparaître et la laisser tomber aux oubliettes.
Il peut pas. Il y arrive pas.
Un soupir exagéré lui échappe, alors qu’il s’approche. Lentement, comme on le ferait avec un chien prêt à attaquer. Il se doute qu’elle a envie de lui échapper, de reculer, mais elle peut pas. Y a un mur derrière elle et elle a nulle part où se réfugier. « Et t’laisser crever la gueule ouverte ? T’es p’t’être une sale carne mais t’vas pas mourir comme ça. C’trop pathétique pour toi. » Il le dit pas mais elle mérite mieux – une mort de guerrière, l’arme au poing et une trainée de cadavres derrière elle. Il la laissera pas clamser seule, dans l’froid. Pas là, pas comme ça. Pas pour lui.
Et elle gronde, la sauvage. Il tend la main et elle le repousse, il tente de la toucher et elle se débat. Il sait bien qu’il l’a cherché mais ça fait trembler son cœur, ça fait bouillonner son sang. Il a les prunelles qui s’assombrissent et les babines qui se retroussent à leur tour ; v’là que les fauves sont dans l’arène. Il prête pas attention à ses protestations, plaçant un bras dans son dos, l’autre derrière ses genoux. Il la fait basculer pour la prendre contre lui, comme un marié porterait sa femme, comme un prince avec sa princesse. Mais ils n’ont rien des contes de fée. Elle veut pas être dans ses bras, il veut pas l’écouter. Elle essaie de s’faire la malle mais elle est trop faible pour ça et il a trop d’poigne. Tant pis s’il sent une douleur inconnue lui attaquer soudainement l’épaule, avant d’réaliser que c’est Jai. Tous crocs dehors – littéralement, cette fois-ci. La trace de ses dents imprimées dans la chair. Faut croire qu’elle veut s’en assurer, qu’il l’ait dans la peau.
Quand il la lâche sur le canapé, c’est avec moins de délicatesse que la première fois. Parce qu’elle joue avec ses nerfs, parce qu’il a les entrailles en vrac et du chaos plein la tête. Tiraillé entre l’mal que ça fait, d’être près d’elle ; et le poison que ça serait de la quitter. L’un lui fout le feu dans les veines et du sel dans les plaies ; l’autre lui atrophie le cœur et lui fige les traits. Être brasier ou devenir tas d’cendres. Il veut pas choisir, mais il a jamais pu être qu’une seule des deux options. « Sors tes chicots encore une fois et j’te les arrache un par un. » Évidemment qu’il ne le f’ra pas, même s’il en a foutrement envie à cet instant. Elle le saigne déjà assez comme ça, pas la peine d’en rajouter.
À nouveau, il s’éclipse. Mais il est bien plus rapide et revient les bras chargé d’ses trouvailles, venant les abandonner aux côtés de Jai. Il repart fouiner en gardant un œil sur elle, et quand il réapparaît, c’est avec une bouteille à la main. Il connaît pas mieux pour désinfecter les plaies. « Maintenant, tu vas t’taire et m’laisser faire. » Lui ôtant le t-shirt poisseux des mains, il lui accorde une œillade désapprobatrice en voyant qu’elle l’a vraiment pas tenu comme il l’aurait fallu, comme il lui avait demandé d’le faire. « T’en fais pas, va. J’vais juste t’recoudre. Après ça, j’m’en vais. »
Et j’reviendrai pas.
Il peut pas retenir le ricanement amer qui lui échappe. Il devrait même pas être là. Il s’est tellement persuadé qu’il avait pas besoin d’elle et qu’elle n’valait plus rien – il devrait pas s’emmerder à la sauver. Il devrait pas s’y être autant attaché.
La serviette humide vient s’apposer contre les côtes de Jai, puis il se met à frotter. Méthodiquement, lentement. Avec précaution, pour n’pas rouvrir les plaies qui semblent ne plus saigner aussi abondamment qu’avant. C’est moche, mais elle devrait survivre. Comme elle a survécu à toutes les aut’ balafres qui zèbrent son épiderme. Les yeux de Finn s’attardent plus qu’ils n’le devraient sur les cicatrices ; canevas d’une vie de violence. Une vie comme la sienne.
« Prends ça. » Après avoir imbibé un coin de serviette avec l’alcool, il lui fourre la bouteille dans la main. « T’vas en avoir b’soin. » Peu importe combien d’fois on est passé par là, ça fait toujours un mal de chien. Il est sûr qu’elle le sait.
Et si elle souffre le martyr quand il colle le tissu sur sa plaie, il n’en sera que partiellement rassasié. C’est pas si cher payé, pour le sort qu’elle lui a jeté.
Invité
Invité
Sujet: Re: (fst, finn) war between him and the day. Lun 18 Juil 2016 - 8:09
Elle voudrait qu’il parte. Qu’il parte, et qu’il ne revienne jamais. C’est c’qu’elle lui dit, c’est c’que les éclairs qui s’échappent de ses yeux hurlent. Mais dans l’fond, elle ne sait plus. C’est le désespoir qui l’a poussée à relâcher son attention pendant la bagarre : le désespoir de s’être fait dire qu’elle n’avait plus rien à faire dans la vie de Finn, et qu’il ne voulait plus la voir. Et comme une idiote, elle s’efforçait d’oublier la douleur de la plaie qu’il avait ouverte avec ses mots, lui renvoyant l’ascenseur dans un effort désespéré de ne pas perdre complètement la face. Mais à croire que c’était peine perdue, et que rien n’y ferait ; à croire qu’elle n’était pas crédible, la minette, avec sa serviette grossièrement pressée contre sa plaie ensanglantée, et ses yeux vacillant sous la douleur. Elle avait envie de se laisser glisser contre le mur, envie de tâcher un coin d’son sang, sans qu’il ne vienne s’en mêler. Elle ne voulait pas qu’il s’en aille, mais elle le lui avait demandé. Et ça n’aurait été qu’un juste retour de flamme qu’il n’exauce son souhait et qu’il ne s’en aille, une bonne fois pour toute, sans jamais repointer un jour le bout de son nez. Mais il a l’air d’être comme elle, le bougre : choqué, mais pas capable d’obéir. Pas capable de tourner les talons et de faire comme si de rien n’était, alors qu’il sait qu’elle aura du mal à se débrouiller seule. Elle a flairé le danger quand lui s’est en allé, et elle a décidé qu’elle l’aiderait, même si c’était la dernière chose qu’elle devait faire. Et il était en train de faire de même, le drôle de zèbre, soupirant et répliquant, commençant à s’approcher avec précautions de la bête blessée.
Lorsque ses doigts essaient de la toucher, elle les repousse. Elle se tasse contre le mur, farouchement énervée par la présence de la surface contre son dos, et l’inconfort de la position dans laquelle elle avait fini par se retrouver. Elle ne peut plus fuir, n’a aucun moyen de se replier. Elle est obligée de faire face à cette gueule qu’elle voudrait voir disparaître, de se laisser toucher par des doigts qui l’électrisent et qu’elle voudrait voir coupés plutôt que provoquant ces foutus frissons qui la traversent lorsqu’il l’attrape. Et elle se débat, la petite teigne, refusant de se laisser attraper, refusant de se laisser davantage approcher — en vain. Il finit par la saisir, une main sous ses jambes, un bras soutenant ses épaules. Et elle a beau gesticuler, elle n’a pas assez de forces pour lui échapper. Elle est prisonnière de ses bras, prisonnière d’une étreinte qui d’ordinaire la rassurerait, mais qui ne faisait alors que lui flanquer l’envie de ruer. Et alors que la rage la secoue, elle use des dernières forces en sa capacité pour faire la seule chose qu’elle peut encore faire : ses dents se plantent furieusement dans l’épaule de Finn, et elle serre. Ça ne le fait pas lâcher, mais elle le sent tiquer, le loup de mer. Elle finit par relâcher sa prise, une fraction de secondes avant qu’il ne la laisse sans ménagement tomber sur le canapé. Et la menace fuse, alors que les yeux de braise de la petite blonde ne se lassent pas de le foudroyer. Elle retrousse les babines, un peu d’sang au bord des lèvres ; elle a mordu plus fort qu’elle ne le pensait, mais ça ne lui fait ni chaud ni froid. Elle voulait qu’il s’tire, et il n’a pas été foutu d’obéir : elle ne voit que la juste punition s’appliquer, et recommencerait s’il le fallait.
Pourtant, elle ne réplique pas. Et lorsqu’il s’éloigne pour aller chercher de quoi la recoudre, elle ne parvient pas à s’échapper de nouveau. Elle sent la volonté gagner ses jambes, ses bras. Essayer de la faire bouger de là, et prendre le chemin de la porte pour avoir une véritable échappatoire, cette fois. Pourtant, rien ne se passe. Ses membres refusent de quitter le canapé, et elle sent le poids de la douleur l’écraser, lui compresser la cage thoracique et progressivement l’empêcher de respirer. Lorsqu’elle le voit reparaître, elle n’a plus la force de le repousser. Pourtant, elle continue de faire semblant, continue de vouloir se recroqueviller le plus loin possible des paluches qu’il tend vers elle pour la soigner. Et quand il lui dit qu’après cette séance de soins grossière il s’en ira, elle prend son corps à se détendre. Sans savoir si c’est du soulagement, ou si c’est de la peur. Elle a beau avoir craché, feulé, elle n’a aucune envie qu’il claque la porte derrière lui. Elle ne veut pas l’voir partir, ne veut pas sentir son absence flotter dans l’air, et se retrouver à nouveau seule. Elle n’aurait pas dû lui faire confiance, et elle le sait ; il l’a trahie, et elle s’en souvient ; elle le hait, et ça, ça ne change pas. Mais elle a l’impression que quelque chose d’autre se trame, brûle les ailes de son myocarde et la fait souffrir comme jamais encore elle n’avait souffert. De cette douleur qui lui fait réaliser qu’elle n’a pas la moindre envie de le voir s’en aller, même si ses mots hurlent le contraire et que ses yeux se font de plus en plus difficiles à supporter.
Elle est perdue, la blondinette. Perdue dans ce qu’elle pense, dans ce qu’elle ressent. C’est un foutu capharnaüm d’images et de sensations, de désirs et de répulsions. Elle a l’impression de perdre pied, nullement aidée par la brûlure de l’alcool contre sa plaie, alors que Finn débute ses soins grossiers. Elle ne remarque même pas son regard traînant sur sa peau et sur ses anciennes plaies, trop occupée à fermer les yeux pour essayer de canaliser la souffrance qui pulse de son abdomen. Elle voudrait rester recroquevillée, lui tourner le dos et ne plus avoir à supporter en face sa présence. Tout est d’sa faute, tout est d’son fait : il n’avait pas le droit de la repousser comme il l’a fait, pas alors qu’elle avait tout fait pour essayer de l’aider, jusqu’à vouloir apprendre à contrôler cette chose qu’elle avait toujours tant détester. Il l’avait rejetée comme si elle n’avait pas eu plus d’importance que le sale clébard du coin d’la rue, et il n’avait plus rien voulu avoir affaire à elle. Elle s’était obstinée, et voilà où ça l’avait menée. Le flot de sang avait beau s’être calmé, elle n’était pas capable d’arrêter de souffrir, pas capable d’arrêter d’agoniser. Son flanc et son cœur se faisait compétition, et elle était bien incapable de distinguer qui engendrait quelle vague. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle n’avait pas le droit de lui tourner le dos, à cet homme responsable de tant de souffrances. Elle se devait de rester le plus allongée possible, et de le laisser la panser. Et lorsqu’il lui fout la bouteille dans une patte, l’autre ne résiste plus. Elle va s’faire repousser, elle va s’faire dégager, grogner d’ssus, et elle le sait. Mais elle ne peut pas s’en empêcher, et les doigts qui ne sont pas serrés autour du goulot viennent attraper l’épaule de Finn. Ses ongles qui s’enfoncent dans le tissu, alors qu’elle serre les dents comme jamais, réprimant un tremblement de douleur. Elle est plus forte qu’il n’y paraît, et elle ne bouge pas plus qu’elle le devrait. Sa main glisse simplement sur le vêtement, s’y agrippant comme si plus rien d’autre n’était pour la sortir de ce trou noir dans lequel elle avait l’impression de nager.
Et elle déteste la situation dans laquelle elle se trouve, plus que jamais. Elle déteste son envie d’le voir dégager, autant qu’elle peut haïr son besoin de le voir rester. Elle se raccroche comme une noyée à sa bouée, alors qu’la foutue bouée n’est que l’amas des vagues qui s’échinent à la garder sous la surface. Elle voudrait lui faire payer, elle voudrait qu’il souffre comme elle peut être en train d’agoniser ; mais rien n’y fait. Tout c’qu’elle est capable de faire, c’est serrer la maigre poigne qu’il lui offre, la bouteille solidement campée entre ses autres doigts. Et elle accueille la tempête, les bras ouverts, résignée. Acceptant progressivement l’idée que cet ouragan est peut-être, dans le fond, tout ce qu’elle a toujours souhaité.
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: (fst, finn) war between him and the day.