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 Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett

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MessageSujet: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeMar 8 Déc 2015 - 1:12

Trick or treat, what would it be ?
My heart still beats and my skin still feels. My lungs still breathe, my mind still fears. But I'm running out of time. The echoes in my mind cry. There is blood on my lies. The sky's open wide, there is nowhere for me to hide. I'm running with the wolves. Trick or treat, what would it be ? My ears can hear and my mouth can speak. My spirit talks, I know my soul believes. I'm running with the wolves tonight, running with the wolves.

Il y a certains gestes, certaines actions, qui semblent comme vous demander plus d'efforts. Plus de volonté, aussi. Surtout quand vous choisissez d'y aller seul, d'affronter tout ça en face à face plutôt que bardé d'un comité de soutien plus ou moins consistant en terme d'effectifs. Et ce même si vous savez qu'une dizaine de personnes, voire même plus, sont toutes prêtes à vous soutenir. Parce que, soyez clair là-dessus, ce genre de soutien peut très rapidement vous sembler plus stressant qu'autre chose. Vous avez la sensation qu'on vous pousse au cul, qu'on vous précipite dans le ravin sans que vous ne puissiez exactement continuer à faire face et à vous opposer à tout ça pendant encore longtemps. C'est comme battre des bras en espérant parvenir à vous envoler, à un moment ou un autre. Ou comme essayer d'éteindre un feu en y versant dessus vos reliquats de bières et d'alcools premier prix, héritages de la dernière beuverie que vous aviez vécu, ou du dernier grand nettoyage de printemps que vous aviez effectué dans ce coin paumé de votre garage ou de votre cellier. Oui, Nerea n'était pas franchement plus emballée que ça par l'idée de se rendre à l'hôpital. Pas parce qu'elle en avait une peur panique, ou que de bien mauvais souvenirs étaient associés à de tels lieux, à cet odeur si caractéristique, ou à ces couleurs si pâles et si pastels qu'on retrouve partout, avec ces codes couleurs selon les services, aussi. Personne n'aime se perdre dans un hôpital, sans doute, alors, il faut bien aider les gens à se repérer. A moins que ça n'ait à voir avec une volonté d'éviter d'avoir à vous répondre si vous cherchiez votre chemin, parce que les questions cons, on s'en passerait bien. On n'allait jamais à l'hôpital par plaisir, sauf si on avait des tendances sado-maso, ou qu'on y allait pour se faire refaire la façade, ou les seins, ou toute autre chose. Ou si on y allait pour voir un bébé. Oui, parce qu'évidemment, quand on y allait pour accoucher, il devait bien y avoir déjà les prémices de la douleur qu'on allait ressentir en pondant le chiard qui voulait pointer le bout de son nez.

Non, Nerea n'avait rien contre les nourrissons, mais elle en avait juste après la perspective de l'accouchement. De son propre accouchement, d'ailleurs. Parce qu'elle était enceinte. Certes pas encore jusqu'aux yeux, heureusement pour elle, mais elle ne pouvait plus exactement continuer de se voiler la face en se disant stupidement que ça passerait, ou que les gens pourraient encore continuer de croire qu'elle avait encore abusé de la cuisine hispanique ou italienne. Parce qu'en plus de son bidon qui marquait de plus en plus un demi-arc de cercle tendu sous le tissu de ses vêtements si ceux-ci étaient un tant soit peu moulants ou près du corps, elle devait aussi faire face à un autre genre d'arrondissement. Du style ses seins. Ses fesses, aussi, un peu, même si, heureusement pour elle aussi, elle était encore loin de pouvoir concurrencer Kim Kardashian, Nicki Minaj ou bien encore Iggy Azalea. Les petites réflexions parfois déguisées en conseils et les vrais conseils se multipliaient de plus en plus pour elle ces derniers temps. Tant et si bien que cela lui tapait sur le système. Parce qu'elle réalisait qu'elle ne pouvait rien contre le cours des choses, et qu'ignorer le problème plus longtemps ne le résoudrait en rien. D'autant plus qu'elle avait besoin d'une aide médicale pour gérer au mieux les changements s'opérant dans son corps et sur sa physionomie. Elle n'avait donc plus trop le choix, n'est-ce pas ? D'autant plus que son dossier médical en prenait un sacré coup dans l'aile à chaque fois qu'elle refusait de suivre le cursus normal des femmes enceintes. Alors, elle avait cédé, ou plutôt, elle préférait dire qu'elle avait fini par se décider. Mais à ses conditions. Et ses conditions n'étaient pas si compliquées que ça à combler et à exhausser, quand même ... Elle voulait voir Scarlett. Elle, et personne d'autre. Déjà, la praticienne avait une très bonne réputation, ce qui n'était pas négligeable, et ensuite, Nerea la connaissait. Ce qui la protégeait quelque peu, à son avis, de toute question trop intrusive dans sa vie privée, ainsi que d'un résumé obligatoire de ce qu'était sa vie de A à Z. Sans parler du fait que bien qu'elle ne soit pas pudique, elle refusait de se laisser tripoter et geler le ventre par un inconnu. Par un homme, aussi. Elle avait toujours pensé que ce job devrait être réservé aux femmes. Après tout, qu'est-ce qu'un homme peut savoir de la réalité des choses féminines ? Il pouvait avoir bouquiner tous les livres qu'il voulait, être l'un des plus éminents spécialistes au monde, il ne resterait jamais qu'uniquement cantonner dans la théorie, sans jamais toucher au domaine de la pratique et du vécu personnel.

Alors, oui, Nerea avait décidé qu'elle voulait voir Scarlett, et, non, elle n'avait pas pris rendez-vous. Ce que la secrétaire médicale de l'accueil du service obstétrique ne semblait visiblement pas comprendre, puisque cela faisait déjà un bon quart d'heure, voire même plus, qu'elle lui prenait la tête en tournant toujours autour des mêmes problématiques au lieu d'accéder à sa demande. Nerea se voyait confronter à un cercle vicieux. Elle voulait voir le Docteur Faust, mais est-ce qu'elle avait rendez-vous ? Puisque ce n'était pas le cas, elle ne pouvait rien faire d'autre que de prendre rendez-vous, mais pas avec le Docteur Faust qui avait déjà un agenda plein. Sauf que Nerea ne venait pas prendre rendez-vous, et qu'elle verrait Scarlett, elle, et personne d'autre. Tout le contraire de ce qu'on lui proposait. D'ordinaire, elle n'avait pas un caractère des plus faciles, mais là, les hormones aidant, c'était encore pire ... Elle serait bien tentée de persuader l'embouchée de se carrer son carnet de rendez-vous dans ce coin si profond et si ténébreux de l'anatomie humaine, mais elle était entourée d'un nombre trop conséquent de personnes, dans le couloir d'attente, pour pouvoir agir en toute impunité sans se faire griller. Ses petits déboires au Club de tir lui servaient de leçons, à moins que le climat ambiant ne resserre un climat de trop grande insécurité autour d'elle pour qu'elle soit de ces bleus qui se font avoir si facilement par des Hunters qui les tiraient comme on tire des lapins. Alors, elle devait prendre son mal en patience, squattant la réception du service, en tapotant bruyamment avec ses ongles sur le comptoir. Scarlett finirait bien par sortir, après tout. Et si la secrétaire médicale s'avisait de faire barrage de son corps, et bien ... Et bien Nerea aviserait. Après tout, les plans les plus spontanés sont souvent les plus jouissifs, parce qu'on ne rationalise pas, et on ne se raisonne pas. On ne se canalise pas et on ne se restreint pas. Elle avait tout son temps. Ce n'était pas comme si elle était sur le point de pondre son mioche, après tout ...


Dernière édition par Nerea Castellanos le Dim 13 Déc 2015 - 3:05, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeVen 11 Déc 2015 - 2:23

Trick or treat, what would it be ?
NEREA & SCARLETT

Stylo plume entre les doigts, Scarlett griffonnait sur son carnet, les sourcils froncés, pendant d'un type qui n'avait jamais mis les pieds dans un bloc opératoire leur expliquait – à elle et aux autres chefs des différents services de l'hôpital – comment ils allaient devoir revoir leur budget pour le reste de l'année. Bah voyons, avait-elle songé lorsqu'il leur avait tendu une photocopie des nouvelles sommes versées à chaque service. Elle avait serré le morceau de papier entre ses doigts si fort qu'elle l'avait froissé bruyamment, un collègue avait éclaté d'un rire nerveux, un autre avait laissé échapper une série de jurons tandis que le chef de neurochirurgie avait demandé avec grand sérieux  « Est-ce que vous foutez de nos gueules ? », pendant qu'elle secouait la tête et levait les yeux au ciel. Naturellement, la réponse du responsable des finances avait été négative, et s'en était suivie une série d'exclamations outrées et de discours horrifiés, le tout parsemé de quelques insultes. « Vous savez que ces chiffres ne suffisent à aucun service, hormis celui de traumatologie, n'est-ce pas ? », avait-elle demandé avec un sourire crispé. Tout le monde s'était tu, et les regards s'étaient tournés vers l'homme impeccablement habillé, qui s'était soudain senti très serré dans son costume hors de prix. « Eh bien... les récents événements nous poussent à revoir les budgets, et nous avons vu le nombre de patients dans ce service et aux urgences augmenter, il semblait donc naturel de... » « D'amputer le service de gériatrie de la moitié de ses fonds ? D'adopter la politique du "ils ont déjà un pied dans la tombe, alors laissons crever les vieux" ? » « Non ! Non, bien sûr que non... » « Vous savez combien de personnes ont une anomalie cardiaque et nécessitent un suivi sérieux de leur condition ? Non mais franchement, c'est de l'inconscience ! Vous ne croyez pas que les gens meurent suffisamment souvent à Radcliff ? » « C'est de la négligence ! » Scarlett s'était redressée pour attraper un document que l'un de ses collègues lui tendait, puis elle avait soupiré. « Et de toute évidence, le sort des femmes enceintes et des tous petits ne vous préoccupe pas beaucoup plus. Vous avez de la chance que personne ici ne puisse démissionner. » Ce n'était pourtant pas l'envie qui leur manquait, à beaucoup d'entre eux. Parce que personne n'était libre de ses allées et venues à Radcliff, s'ils démissionnaient, il y avait fort à parier qu'ils n'obtiendraient pas les autorisations nécessaires pour quitter la ville. Radcliff avec Lancaster à sa tête, c'était un peu comme une condamnation à perpétuité. « Quand un patient ou la famille d'un malheureux n'ayant pas pu bénéficier de soins corrects vous fera un procès, vous aurez tout intérêt à éviter de rejeter la faute sur le personnel médical. Si vous tenez à votre peau et à votre costard, vous vous abstiendrez. » D'ailleurs, il y avait fort à parier pour que le fameux trois pièces était passé en notes de frais – ceux de l'hôpital, dont le budget n'était serré que lorsque ça arrangeait des types comme lui. « Si vous avez terminé de nous bassiner avec vos chiffres et vos excuses à la con, certains d'entre nous ont de vrais jobs, et des vies en dépendent. »

Scarlett s'était levée en même temps que son collègue furieux, et avait quitté la salle de réunion sans même accorder un semblant de regard compatissant à l'homme en costume, ce qui d'ordinaire aurait été dans ses habitudes si elle n'avait pas été si frustrée de voir les moyens de la maternité diminuer de moitié. Couper les fonds des services les moins actifs de l'hôpital, cela restait logique quand on savait que les urgences étaient surchargées, de même que le service de traumatologie, mais cela n'en restait pas moins irresponsable. Moins de fonds, cela voulait dire moins de chirurgies, moins de nouveaux appareils, moins de ressources de façon général... Merveilleux. Non contente de n'être porteuse que de mauvaises nouvelles, cette réunion avait bouffé plusieurs heures de sa journée – c'est qu'il avait baratiné pendant un moment, cet homme dont elle n'avait pas pris la peine de retenir le nom – et c'était un luxe qu'elle aurait préféré éviter devoir s'accorder. Elle avait des nourrissons à voir, de jeunes mères à rassurer, et d'autres encore à recevoir en consultation. À peine le temps de faire un détour pour attraper un café qu'elle reprenait déjà le chemin de son bureau, avec la désagréable impression d'avoir perdu son temps. Et ce fut plus fort qu'elle lorsqu'elle perçut les éclats de voix perçants et agacés de la secrétaire de la maternité, Scarlett roula des yeux. Il y avait toujours quelque chose qui la dérangeait, celle-là, rien n'allait jamais... Se forçant à afficher un sourire jovial, Scarlett poussa la porte du service, et ne put s'empêcher d'afficher un air surpris lorsqu'elle reconnut la jeune femme avec laquelle la secrétaire bataillait visiblement. « Emma ! Emma, j'ai un trou d'une demie heure dans mon planning de ce matin, je peux la recevoir. » « Mais Docteur Faust, votre carnet de visites... » « Madame Johnson a annulé son rendez-vous hier soir, j'ai de la place pour recevoir cette demoiselle. » De toute évidence, ça ne plaisait guère à la fameuse Emma de perdre la partie, mais puisque Scarlett était prête à recevoir la jeune patiente, il n'y avait rien qu'elle ne puisse faire pour l'en empêcher. Sans se départir de son air jovial, Scarlett posa une main sur l'épaule de Nerea, qu'elle poussa gentiment en direction de son bureau, et loin de la secrétaire qui semblait au bord de la crise de nerfs.

La porte du bureau poussée, Scarlett invita la jeune mutante à s'asseoir avant de prendre place sur son fauteuil. Elle termina rapidement son café avant d'allumer l'ordinateur portable qui se trouvait devant elle, puis s'en détourna pour accorder l'entièreté de son attention à la jeune femme qu'elle ne s'était certainement pas attendue à voir débarquer dans son service. « Je suis contente que tu te sois enfin décidée à venir me voir. Tu as pris la bonne décision, Nerea. » Elle n'en dirait pas davantage, pas plus qu'elle ne se permettrait de lui faire la morale. Toutes les femmes enceintes n'étaient pas ravies de l'être, elles ne débordaient pas toutes de joie et d'enthousiasme. Pour certaines, c'était une mauvaise surprise, quelque chose qui leur tombait dessus alors qu'elles ne s'y attendaient pas et n'avaient pas les moyens d'assumer un enfant, d'autres n'étaient tout simplement pas prêtes à devenir mères... Scarlett ne s'était jamais permise de juger aucune femme, chaque histoire était différente, et contrairement aux idées reçues répandues par la société, mettre un enfant au monde n'était pas l'ultime aboutissement de la vie d'une femme. « Commençons par le début. Comment te sens-tu ? Est-ce que tu as beaucoup de nausées, est-ce que tu souffres d'une fatigué chronique, des douleurs... ? Être fatiguée et nauséeuse, c'est normal, surtout à ce stade de la grossesse, mais si tu penses que c'est exagéré, n'hésite surtout pas à me le dire. De même, si quoi que ce soit d'autre t'incommode, il faut me le signaler. » Elle fit une pause, le temps de créer un nouveau dossier pour la jeune femme sur son ordinateur, ce qui lui serait bien utile pour son suivi médical. « Au risque de te dire ce que tu sais déjà, ce que tu me confieras ne sortira pas de cette pièce. » Scarlett tentait au mieux de la rassurer, car si consulter n'était pas toujours aisé, ça l'était encore moins lorsque l'on était jeune, seule, avec un passé plutôt lourd et que la plupart des gens n'étaient bons qu'à une chose ; vous juger. Scarlett, elle, ne mangeait pas de ce pain là. « Si tu as des questions, des inquiétudes, quoi que ce soit... Je ne suis pas là pour te juger ou te faire la morale, simplement pour t'aider et m'assurer que le bébé que tu portes est en bonne santé. » Ce bébé, elle ignorait si Nerea avait l'intention de le garder ou non. Au premier coup d'œil, il était évident pour Scarlett que Nerea avait déjà dépassé la période légale pour avorter, mais cela ne signifiait pas qu'elle ait l'obligation de l'élever. Des solutions, il y en avait d'autres, qu'elle pourrait lui expliquer – ou non – une fois qu'elle en saurait davantage sur les intentions de la jeune femme. Mais en attendant, elle se garderait de faire le lien direct entre elle et l'enfant, pour ne pas risquer de la troubler davantage qu'elle ne l'était peut-être déjà.


Dernière édition par Scarlett Faust le Mer 23 Déc 2015 - 10:35, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeJeu 17 Déc 2015 - 0:45

Trick or treat, what would it be ?
My heart still beats and my skin still feels. My lungs still breathe, my mind still fears. But I'm running out of time. The echoes in my mind cry. There is blood on my lies. The sky's open wide, there is nowhere for me to hide. I'm running with the wolves. Trick or treat, what would it be ? My ears can hear and my mouth can speak. My spirit talks, I know my soul believes. I'm running with the wolves tonight, running with the wolves.

Si, pendant les premières semaines, Nerea était parvenue à rester en dessous du radar concernant sa grossesse, cela avait fini par changer. D'une, les gens avaient cessés un peu de se focaliser uniquement sur le fait qu'il paraissait qu'elle avait fait une overdose. De deux, ses formes avaient commencé à changer, et, évidemment, entre un ventre qui prend des formes pour cause de consommation excessive de burritos, d'empanadillas, d'enchiladas ou d'autres merveilles de la gastronomie hispanique du même genre, et un ventre qui fait juste de la place pour un petit être à naître, il y a de la différence. Sans parler du fait que ces formes qui se métamorphosent se focalisent sur des points stratégiques, du genre, la poitrine, un peu les joues, aussi, mais pas les bras, et pas la silhouette en général, pas comme quand on prend du poids de partout, et qu'on devient obèse. Cela avait fini par pousser Nerea à devoir de plus en plus intégrer dans sa vie le fait qu'elle était bel et bien enceinte, et que ça ne disparaitrait pas en fermant les yeux ou en attendant que ça passe. Ce n'était pas comme le mauvais temps, ou comme une série de mauvaises nouvelles. C'était pire, ça s'accrochait, sans vouloir se déloger. Ouais, c'était sans doute horrible de sa part de penser à ce genre de choses, mais elle n'était pas encore tombée en amour pour son enfant. La faute au contexte ambiant, déjà, qui la poussait à ne pas pouvoir trop faire de sentimentalisme avec quoi que ce soit, parce qu'en plus, il y avait des choses pires que d'être enceinte en ce moment. Et puis, il y avait aussi que, voyez-vous, elle fantasmait de bien des tortures et des agonies lentes et douloureuses concernant l'enfoiré qui l'avait engrossée. Et qui avait voulu la tuer, comme ça, purement et simplement, par faute d'être ce qu'elle était, génétiquement et biologiquement. On disait souvent qu'elle était la digne fille de son père, et cela se vérifiait une fois de plus via son gène X. Un gène X qu'elle risquait bien de transmettre au bébé. Et c'était sans doute ça qui éveillait chez elle les plus petits premiers sursauts d'émotions, de sentiments et de conscience de sa part vis à vis du petit bout pas encore né. Qu'il ait une vie peuplée de traques, de risques d'assassinats et de toutes ces joyeusetés qui faisaient désormais le quotidien des transmutants, c'était juste une perspective atroce. D'autant plus que ce serait de sa faute à elle, et que lui aussi deviendrait alors une proie pour leur géniteur, qui avait bien essayé de tuer une jeune fille qu'il était censé aimer, et qui n'hésiterait pas à faire de même avec sa propre progéniture. De la même façon, le fait qu'il puisse récupérer l'enfant pour le dresser contre les propres siens et en faire une arme au service de la cause des Hunters ... Il paraissait que déjà plusieurs transmutants étaient placés dans cette configuration, en trouvant ça normal, sans rien y voir à redire ...

A défaut d'être voyante et de pouvoir prévoir l'avenir, Scarlett pourrait au moins s'occuper de ces choses que Nerea était déjà censée savoir concernant ce qui se tramait sous son ventre, ou plutôt à l'intérieur de ce dernier. Alors, la voir finalement arriver et l'observer faire taire les protestations de la secrétaire médicale, c'était plutôt pas mal. Même plus que ça, d'ailleurs. Ce qui poussa Nerea à lui sourire à pleines dents, sincèrement, et à la suivre sans protester nullement, et sans pester, dès lors qu'elle posa une main sur son épaule pour l'encourager à avancer. Non sans jeter un regard en arrière, vers la fameuse Emma, en lui lançant un regard victorieux et un sourire plein de jubilation non dissimulée. En entrant finalement dans le dît bureau, Nerea fut quelque peu surprise de ne voir aucun affichage expansif prônant les joies de la maternité, pas plus qu'elle ne décela de tracts censés vous dissuader d'avorter ou vous culpabiliser de ne pas ressentir encore d'instinct maternel s'éveiller en vous. Ce qui était une bonne chose, et la mettait dans des dispositions bien meilleures que si cela avait été le cas. Elle s'installa alors dans le fauteuil que lui désignait Scarlett, à moins qu'elle ne s'y soit laissée tomber, avec toute la nonchalance si souvent associée aux jeunes gens qui voient encore en la vie un grand jeu et qui sont si souvent à côté de la plaque concernant les degrés d'importance et de conséquences des choses. A Scarlett, Nerea faisait confiance. Quoi que ... En fait, elle était bien partante pour suivre les conseils qu'avaient tenus Shae à Sansa en lui coiffant les cheveux : ne faire confiance à personne, la vie étant plus sûre comme ça. Sauf que Radcliff n'était pas encore devenu Westeros, et que Nerea avait encore de la famille auprès d'elle, contrairement à Sansa. Et la famille, voyez-vous, c'est pas censé vous planter des couteaux dans le dos ou vous balancer tête la première dans les emmerdes. Cela ne lui était en tout cas pas encore vraiment arrivé, à elle, même si son père lui avait fait un fameux sale coup. Il ne lui avait pas menti, dans les faits, mais il ne lui avait rien dit, ce qui ne devait guère être mieux. Concernant Scarlett ... Concernant Scarlett, la jeune femme n'avait rien à reprocher à la praticienne, pas plus qu'à l'ex-comparse d'Uprising. Si ce n'était, peut-être, de se fourvoyer en pensant encore qu'Uprising détenait l'unique solution pour s'en sortir, et qu'il s'agissait là de l'organisation prenant le plus à bras le corps et à cœur la défense de la cause mutante. Mais la rousse ne l'avait jamais jugée, pas plus quand elle avait quitté Uprising que quand elle s'était parfois montrée volcanique et prompte à vouloir plus d'action. Nerea n'avait absolument reçu aucun reproche de sa part suite à son "overdose". Dès lors, elle ne s'attendait pas forcément à la voir lui faire les gros yeux si elle en venait à lui confier ce qu'elle pensait réellement de sa grossesse et donc de sa situation présente. Lui répondre franchement et honnêtement ne lui coûterait donc rien, elle pouvait bien faire ça sans trop soupirer. Ou tout du moins essayer.
    « Disons que j'ai pas vraiment eu le choix. A force qu'on me pousse au cul, j'en ai eu assez ... » Elle croisa les jambes, comme le font si souvent les femmes, même si, avec les semaines qui passaient, cette position devenait de moins en moins un réflexe naturel. Nerea prit cependant un instant pour répondre à sa première question. Parce que cela méritait réflexion. Disons qu'elle ne voulait pas forcément être de mauvaise foi, puisque Scarlett était censée l'aider et lui rendre peut-être la vie un peu plus facile jusqu'à l'accouchement. Et Nerea doutait fortement que de lui raconter n'importe quoi aiderait la praticienne à la soutenir au mieux. Cela risquait même de la froisser, voire de l'exaspérer. « Les nausées sont un peu passées maintenant. Y a des moments où j'ai brusquement envie de dormir, d'autres où ça me viendrait même pas à l'idée d'essayer de dormir. Mais j'ai des petites douleurs au dos, parfois, comme si j'avais porté une charge lourde. Ou comme des troubles musculo-squelettiques. Ça ressemble un peu à ce que j'ai eu la fois où Papa m'a demandée d'aider à déménager les archives du Poste parce qu'il y avait une fuite d'eau. »
Ça avait pris plusieurs jours. Parce qu'alors qu'elle n'était censée qu'aider, elle s'était souvent retrouvée à être la seule manutentionnaire, les agents censés participer en premier lieu étant régulièrement appelés sur des interventions, alors qu'elle, elle était remplacée à son poste de réceptionniste ... Bon, le bon point, c'était qu'elle avait négocié une petite rallonge de salaire, comme si bouger des cartons d'archives méritait meilleure récompense que de décrocher le téléphone, transférer des appels, prendre des messages et orienter les gens à leur arrivée. Scarlett était vachement pro', quand même. Le coup du serment d'Hippocrate, elle n'aurait pas forcément eu besoin de le lui servir, Nerea étant effectivement déjà bien informée de tout ce qui était confidentialité, mais elle appréciait. Tout le monde n'avait pas cette ligne de conduite : on avait tout bavé à son père concernant son overdose, il recevait les résultats de ses prises de sang hebdomadaires, et des contre-rendus de ses séances de psy. Parfois, même souvent, trop souvent, cela donnait à Nerea l'impression d'être de nouveau une gamine, mineure, dont le père était informé de tous les faits et gestes ou presque. Un climat pas réellement agréable, d'autant plus qu'Absalon semblait vouloir revenir en arrière sur bien des libertés qu'il avait finit par lui donner. Si elle refusait encore de revenir vivre chez eux, "à la maison", comme il disait, son père ne lâchait pas le morceau. Mais comme elle était un peu en froid avec lui, et que c'était aussi bien mieux pour sa mère de venir la voir chez elle, là où elle saurait ne pas avoir à tomber sur son cher époux, et bien Nerea préférait le statu quo. En tout cas, des questions, oui, elle en avait quelques unes. Mais elle doutait fort que de toutes les lui livrer, là, comme ça, de but en blanc, ce serait pas ultra efficace. Parce que Scarlett risquait d'en oublier en court de route, et puis, cela empêcherait Nerea de chercher à approfondir telle ou telle réponse, faute de pouvoir bien tout mémoriser, et aussi parce que ça l'obligerait à revenir trois questions en arrière, ou quelque chose comme ça.
    « Bah, disons qu'à part le fait de savoir que j'attends un enfant, je ne sais rien d'autre. Genre ... Quasi rien quoi ... On m'a annoncée que j'étais enceinte suite aux résultats sanguins ayant suivi mon ... overdose ... Mais comme tu dois le savoir, j'ai refusé de consulter, pour ça, depuis. Enfin, je veux dire, j'ai refusé de consulter concernant ma grossesse. ... Et tout ce que j'entends, de la part de ceux qui sont au courant et/ou se croient en droit de me donner des conseils et leurs avis, c'est que c'est merveilleux, que j'oublierais tous mes soucis quand le bébé sera là parce que ce sera que du bonheur, et que je dois sérieusement commencer à prendre soin du bébé et à l'aimer. ... Que des trucs qui ne me parlent pas, quoi ... Parce que j'ai pas choisi, et que, maintenant, je peux plus exactement m'en débarrasser quoi ... »
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeMer 23 Déc 2015 - 10:34

Trick or treat, what would it be ?
NEREA & SCARLETT

Des jeunes femmes dans la situation de Nerea, Scarlett en avait croisé des tas au cours de sa carrière. Toutes n'avaient pas la force de caractère de la Castellanos, ni – heureusement – son parcours. Scarlett ne se permettrait certainement pas de juger l'étudiante, elle s'était toujours gardée de faire des discours moralisateurs à des personnes dont la vie privée ne la regardait ni de près ni de loin, et qui ne se rendaient pas jusqu'à elle pour qu'elle leur serve des sermons. Cependant, elle était tout de même inquiète, car elle n'ignorait pas que Nerea avait eu de sérieux problèmes avec de fortes substances illicites, le tout ayant conduit la future mère à faire une overdose. C'était malheureusement le genre de problème qui pouvait mener à de sérieuses complications de sa grossesse. Voilà pourquoi il était essentiel que la jeune femme consulte tôt, et quand bien même la chirurgienne n'avait pas osé la pousser à passer la voir, elle était bien heureuse que d'autres l'aient fait à sa place. Un bon suivi était nécessaire à chaque grossesse, désirée ou non. Car il ne s'agissait pas simplement de la vie de l'enfant, mais également de celle de la femme qui le portait. Si la plupart des mères ne faisaient face qu'à de petits soucis mineurs et communs, certaines devaient hélas composer avec de plus sérieuses conditions, et que cela lui plaise ou non, Nerea faisait potentiellement partie de cette catégorie de femmes en raison de son passif. Peut-être serait-elle passée entre les mailles du filet, mais le doute persisterait tant que Scarlett n'aurait pas fait d'échographie et examens poussés. Elles n'étaient toutefois pas à la minute près, sa priorité principale était d'abord de la mettre à l'aise, de l'aider à se détendre. Une grossesse non désirée, et trop avancée pour que l'avortement soit encore une option serait compliquée à mener, car elle remettait en question bien des choses pour Nerea, et lui en imposait d'autres auxquelles une jeune fille de son âge n'aurait pas dû à avoir songer. La situation étant ce qu'elle était, autant la rendre aussi supportable que possible pour elle, au moins jusqu'à la naissance du bébé. Cette grossesse n'était pas une finalité, elle n'obligeait en rien Nerea à assumer le rôle de mère si elle ne se sentait pas prête. Loin de Scarlett l'idée de l'encourager à donner son enfant aux services d'adoption, mais elle serait libre de le faire si c'était ce qu'elle désirait et que c'était une décision mûrement réfléchie.

« Tes nausées n'ont rien d'inhabituel. Elles disparaissent généralement à la fin du premier trimestre, mais peuvent traîner un peu... Chaque femme est différente, j'évite généralement de prescrire un traitement pour ces dernières, je n'aime pas bourrer mes patientes de médicaments. Je vais te donner une liste d'aliments qui peuvent les soulager. Mais si elles persistent, je te donnerai quelque chose. » Lorsque Scarlett avait elle-même été enceinte, avant de perdre son bébé, elle avait souffert de sévères nausées, mais les remèdes naturels et la patience avaient payé, elle en avait été débarrassée à la fin du premier trimestre. « Tu es fatiguée, c'est tout à fait normal également. Ta grossesse affecte tout ton métabolisme, ton corps s'adapte. Il est important que tu te reposes aussi souvent que tu en as l'occasion. De nombreuses femmes trouvent que le premier trimestre, et parfois le second, sont plus difficiles que le dernier. Je pourrais te prescrire des vitamines prénatales pour t'aider, elles te feraient du bien. » Cependant, la chirurgienne ne se jeta pas sur son carnet d'ordonnance, elle préparerait sa prescription à la fin de la visite. Scarlett aimait faire les choses correctement, et dans le bon ordre. Silencieusement, mais avec beaucoup d'attention, elle écouta ce que lui dit Nerea concernant sa grossesse, et son manque cruel de savoir à ce sujet. Cela ne l'étonnait guère, étant donné son manque flagrant d'enthousiasme et ses angoisses plus ou moins dissimulées. Scarlett afficha un sourire doux, avant de reprendre la parole. « Tu es dans une situation délicate. Mais cela ne doit pas t'empêcher de prendre soin de toi. » Une fois de plus, elle ne mentionna pas l'enfant qu'elle portait, jugeant bien plus sage de laisser Nerea être le point central de la conversation, et non pas l'être qu'elle portait et auquel elle peinait à s'attacher. « Tu es entièrement libre d'ignorer les conseils et les prétendus faits avérés de la maternité que l'on te balance à la figure à la moindre opportunité. C'est une affaire personnelle, tu es la seule en mesure de comprendre ce que tu traverses. » Scarlett se souvenait encore bien trop clairement des tu es jeune, tu retomberas vite et facilement enceinte qu'on lui avait répété encore et encore après sa fausse couche. Elle était jeune et fertile, certes, mais cela ne suffisait certainement pas à effacer la douleur qu'elle ressentait encore en songeant au bébé qu'elle avait perdu si tardivement. « Il est possible que ton overdose, et plus généralement les drogues, aient affecté le bébé. Ce n'est en rien une certitude, mais je vais te faire une échographie pour m'en assurer, et faire une prise de sang pour vérifier que tu vas bien, que tu n'as pas de carences ou quoi que ce soit d'autre qui puisse poser un risque pour ta santé. » Si elle semblait se porter à merveille, certains maux étaient vicieux.

Cependant, avant d'en venir aux examens physiques, il semblait nécessaire d'aborder la partie la plus délicate du sujet, à savoir ce que Nerea comptait faire quant à l'enfant qu'elle portait – si elle avait déjà pris la peine d'y penser sérieusement. Les mains jointes devant elle, l'air sérieux mais pas froid, Scarlett observa quelques instants de silence avant de se lancer à l'eau. « Ce n'est pas une question facile que je dois te poser, mais sache que tu n'as pas à me donner une réponse immédiate ou définitive aujourd'hui. » Puisqu'il s'agissait d'une décision qui affecterait le reste de sa vie, elle devait y réfléchir à tête reposée, et à plusieurs reprises. Décider de garder le bébé ou non, ce n'était pas comme choisir une paire de chaussures ou un bouquin au supermarché du coin. Il y avait certains produits que l'on pouvait échanger, d'autres non. « As-tu commencé à songer à ce que tu comptais faire concernant le bébé ? » Elle prenait des précautions, pour ne surtout pas risquer de froisser Nerea, ou même de la faire culpabiliser par mégarde. « Cette grossesse n'est pas une finalité en soi. Si tu n'es pas prête à être mère, à assumer les responsabilités que représente un enfant, il n'y a aucune honte à l'avouer, bien au contraire. Ce que tu vis aujourd'hui n'est pas facile, et je suis bien placée pour savoir que la pression que la société exerce sur les femmes concernant la maternité peut être extrêmement nocive. » Scarlett avait beau adorer son métier – elle n'en aurait changé pour rien au monde – elle était aussi la première à crier haut et fort que devenir mère n'était pas l'accomplissement ultime des femmes. Certaines étaient comblées de bonheur par leurs enfants, d'autres préféraient se focaliser sur leur carrière, conserver leur liberté et leur indépendance... Ces dernières étaient stigmatisées, ce que Scarlett peinait à comprendre et à accepter. C'était cliché de croire que toutes les représentantes du sexe féminin souhaitaient se vouer corps et âme à la maternité. « Si tu devais décider de ne pas garder le bébé, je pourrai t'aider à faire la bonne démarche. » Scarlett avait déjà aidé des jeunes filles en difficultés et dépassées à faire ce qu'il fallait pour qu'elles et les enfants auxquels elles donnaient naissance ne souffrent pas d'une situation fortuite. Et parfois, le choix idéal n'était pas celui que la société et les coutumes prônaient. Dans un coin aussi isolé que Radcliff, les idées n'étaient pas les plus progressives qu'il soit, mais ça ne devait pas influencer Nerea. « Ne crains pas de m'interroger à propos des options qui se présentent à toi. C'est ta vie, Nerea, ton choix. »
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeSam 2 Jan 2016 - 1:22

Trick or treat, what would it be ?
My heart still beats and my skin still feels. My lungs still breathe, my mind still fears. But I'm running out of time. The echoes in my mind cry. There is blood on my lies. The sky's open wide, there is nowhere for me to hide. I'm running with the wolves. Trick or treat, what would it be ? My ears can hear and my mouth can speak. My spirit talks, I know my soul believes. I'm running with the wolves tonight, running with the wolves.

Nerea n'avait rien d'une gamine puérile et incapable de faire trois pas seule sans s'écrouler. Elle n'avait pas perpétuellement besoin qu'on lui tienne la main, loin de là. Elle savait déjà à quel point la vie pouvait être une trainée, à quel point vous pouviez vous retrouver le nez par terre sans que ce ne soit éternellement la faute à Voltaire. Mais dans le même temps, non, elle n'avait pas été exactement très préparée à ce qui l'attendait, et on pouvait clairement dire qu'elle s'était prise une bonne droite au moment même où Il avait essayé de faire pire que de la mettre plus bas que terre, au moment où Il avait essayé de l'expédier six pieds sous terre, voire même plus profond que ça. Elle refusait de prononcer son nom, ou même son prénom, à défaut de pouvoir l'éradiquer de sa vie toute entière. Il y avait son enfant qui grandissait en elle, et Nerea était incapable de ne pas penser à lui, parce que ce qui lui avait fait subir en découlait encore sur sa vie de tous les jours, et puis, parce qu'on n'oublie pas des trucs comme ça en deux temps trois mouvements, juste en claquant des doigts, ou en secouant la tête comme on secouerait la Magic 8 Ball ... Il lui avait asséné une sacrée droite, et de manière figurée, Nerea en aurait presque entendu les os de son crâne craquer sous l'impact. Mais elle était restée debout. Se cachant derrière des non-dits et des mensonges. Refusant de voir la vérité en face, ou de la laisser fuser d'entre ses lèvres. Désormais, elle considérait qu'elle n'avait plus rien d'une gamine. Et elle refusait de se prononcer sur le stade de la vie auquel elle était rendue. Car les évènements récents s’amoncelaient, et qu'elle aimerait avoir le temps de les traiter un par un avant de se prononcer, mais malheureusement, le temps pour ça, elle ne l'avait pas trop, et se stopper en route pour se poser, cela devenait grandement risqué. Les coups dans le dos, ça arrivait si vite dernièrement, sans parler qu'elle était certes encore un peu hors de l'oeil du cyclone, mais que les petites manipulations de son géniteur ne porteraient pas éternellement leurs fruits, et qu'à un moment, Nerea, comme les autres transmutants, deviendrait terriblement une cible potentielle à abattre pour le moindre Hunter en quête de bravoure et de reconnaissance. Et il y avait ce gamin qui grandissait en elle, et qu'elle risquait d'entraîner dans sa chute, de façon directe ou indirecte. Il y avait sans doute tout autant de possibilité pour le marmot d'hériter du gène X que d'en être épargné. Mais est-ce que cela importerait réellement à qui que ce soit, dès lors que certains n'hésiteraient pas à tailler dans le dos, dans l'optique de ne prendre aucun risque et d'endiguer la moindre possibilité de fléau hérité. Comme on tue un cheptel entier quand deux ou trois têtes galeuses y sont détectées, ou comme lorsqu'on détruit toute une plantation quand un nuisible à commencer à s'en prendre aux céréales qui y poussent, par exemple ...

A moins Nerea avait-elle la certitude de pouvoir faire confiance à Scarlett. Tout comme elle avait la certitude qu'elle ne lui dicterait pas la marche à suivre, en prenant elle même entièrement en main la destinée de cette grossesse. Scarlett ne ferait aucun choix à sa place, et elle ne la jugerait pas. Nerea savait qui elle était, ce qu'elle était, aussi, et surtout, elle savait qu'elles partageaient bien des points communs, encore aujourd'hui, même si la plus jeune des deux avait quitté les rangs d'Uprising, lieu de leur rencontre et du début de leur accointance. Aucun risque donc que l'obstétricienne ne soit tentée de lui arracher le fœtus du ventre pour se débarrasser d'un potentiel transmutant : elle n'était pas de ceux là, loin de là. Parce qu'elle lui faisait confiance, entre autres, Nerea la laissait lui donner des conseils et acceptait de s'ouvrir à elle concernant sa grossesse. Après tout, même si elle n'était pas venue jusqu'ici de son plein grès, il y avait un certain degré d'elle-même qui, malgré tout, était peut-être intéressé par ce qu'avait à lui dire la rousse. Pour les nausées, donc, ce n'était que transitoire, et tout à fait normal, et si cela ne passait pas, il existait des moyens d'arranger ça, sans que Scarlett ne lui impose quoi que ce soit. Cela devait venir d'elle. Un peu comme tout le reste, sans doute, concernant cette grossesse. Concernant le repos, par contre ... Nerea n'était pas exactement connue pour rester calme, paisible, et sans rien faire. Le silence l'angoissait sans doute, d'une certaine façon, tout comme l'inactivité. Elle fuyait les situations au sein desquelles elle serait amenée à ne plus avoir qu'elle-même sur qui compter pour se distraire et s'occuper. Les situations où pour combler le silence, il y aurait le flux ininterrompu de ses propres pensées. Les situations où, pour meubler l'inaction, elle serait contrainte et forcée de songer à ce qu'elle avait pu faire, à ce qu'elle devait faire, et à ce qu'elle aurait prochainement à faire. Les introspections et les séances chez le psy, ce n'était donc pas du tout sa came, pour ainsi dire, et encore moins dernièrement où son suivi médical l'y contraignait et forçait, alors que son cher papa appuyait totalement ça. Rester sans rien faire, se reposer, c'était du temps perdu à ses yeux. Et puis, après tout, les chasseurs n'ont jamais plus de facilité à tirer le gibier que quand celui-ci broute tranquillement dans la prairie. Pour les Hunters, la démarche devait être la même face aux transmutants. Alors, rester sagement inactive, au risque de se retrouver en position de faiblesse ... Malgré toute la bonne volonté du monde, Nerea savait déjà très bien qu'elle ne pourrait absolument pas certifier à Scarlett qu'elle suivrait son conseil. Mentir, c'est mal, de toute façon ...
    « J'ai l'impression d'être une bombe nucléaire qui s'arme progressivement et qui va finir par faire boom ... » Et la jeune femme savait parfaitement que Scarlett saisissait le concept, l'idée, et la sensation, et pour cause ... « Je crois que je ne me suis jamais vraiment laissée suffisamment portée par quoi que ce soit, dans la vie, pour arriver à me reposer autrement que parce que j'avais bouffé toutes mes réserves d'énergie. Me reposer, ça me demandera un effort considérable, et avec la situation actuelle, crois moi, je crains fort de ne pas y parvenir. ... Quant à tout le reste ... Disons que j'aimerais pouvoir en parler à quelqu'un, quand même. Pas à ma belle-mère, ce serait trop glauque, elle répéterait sûrement tout à mon père. Elle est sympa, mais elle couche quand même avec mon père, et les confidences sur l'oreiller, c'est si vite venu ... Et puis, c'est pas son rôle, ça. J'ai une mère, je suis pas orpheline ... Mais on vient juste de se retrouver, et ... Elle a été dans ma situation. Enfin, presque. Disons que tu te doutes bien qu'elle a déjà été enceinte, elle aussi, puisque je suis là. Elle était plus jeune que je ne le suis en ce moment, cependant. Et elle m'a gardée, sans jamais le regretter paraît-il. ... C'est pas forcément le sujet que je veux voir squatter nos discussions, en fait, et pourtant, j'ai besoin de ma maman sur ce coup là, un truc que j'ai plus depuis que j'ai 13 ans, et que j'avais carrément oublié avoir eu, de par les manipulations de mon père et les propres miennes pour me protéger sans doute ... »
La suite de la conservation la pétrifia un peu, cependant, et cela se remarqua sûrement. Il y avait plus basané que Nerea en cette ville, ne serait-ce que son père, mais elle n'était pas non plus parmi les culs blancs. A 50% d'ethnie hispanique, Nerea avait ce petit quelque chose en son teint qui faisait qu'on se doutait bien que tous ses ancêtres n'étaient pas néerlandais. D'ailleurs, à sa connaissance, aucun ne l'était ... Nerea n'avait, dans le fond, jamais aussi brutalement songé à quel point sa consommation passée de drogues pouvait influer sur l'état du bébé. En plus de risquer de lui refiler son gène X, elle prenait donc aussi d'autres risques, bien plus délibérés ceux-là visiblement, quoi que. Autant interrompre tout de suite le délire quoi ! Ce fut ce à quoi elle songea, dans l'immédiat, parce que cela venait confirmer tous ces songes dans lesquels elle pensait que le gamin n'avait aucune chance de bien s'en sortir dans la vie, et que cela lui bouffait présentement bien trop d'énergie, à elle, et que cela la mettait en danger inconsidéré pour rien puisque ce mioche finirait sûrement par être buté en moins de deux. Mais en même temps ... En même temps, si on devait dézinguer tous ceux dont la future vie présentait des risques alors même qu'ils étaient encore en couveuse dans le ventre de leur mère, cette terre serait dépeuplée en moins de deux ! Sans parler du fait que cela empêchait alors de faire mentir les prédictions, les statistiques, les esprits bien pensants qui se disaient avoir la réponse à tout et surtout à ce qui n'avait pas encore eu lieu. Nerea avait cet esprit frondeur, celui qui l'avait poussée à être un paradoxe vivant alors même qu'elle était encore au lycée. Désaxée, à côté de ses pompes niveau stabilité, mais en même temps excellente élève et gamine des plus populaires et lumineuses ... Et évidemment, Scarlett ne manquait pas de l'interroger sur ses desseins vis à vis du rejeton. C'était, genre, le type de conversation qu'elle ne souhaitait pas avoir, et le genre de condition qu'elle aurait pu poser à ce rendez vous. Mais elle n'en avait rien fait, et même si cela la dérangeait au plus haut point, elle savait, après tout, que l'interrogation était un peu justifiée, et qu'en tout cas, Scarlett ne sortait pas le truc de son chapeau de magicien. Cela avait un sens, cela faisait sens, mais cela n'empêchait pas Nerea de se tortiller un peu sur la chaise sur laquelle elle restait assise, malgré tout. Elle aimerait pouvoir rester mutique. Tout comme elle aimerait pouvoir se lever, se tirer de là, et claquer la porte derrière elle. Mais cela ne pouvait pas exactement se passer comme ça, n'est-ce pas ? D'une, c'était elle qui s'était pointée ici. De deux, elle refusait qu'on la perçoive ou qu'on la traite comme une gamine, alors inutile d'apporter de l'eau au moulin. De trois ... De trois, il y avait sûrement une multitude de raisons qui pouvaient venir en trois, mais elle refusait de choisir, parce que Scarlett attendait sans nul doute une réponse, et qu'il y aurait d'autres moments pour se lancer dans des listing psychiques.
    « Je ... En fait, c'est le genre de trucs auquel je me refuse de penser, et en même temps, ça tourne tout le temps dans ma tête ... C'est pas le meilleur moment d'avoir un gosse, tout court, en ce moment, je crois. Surtout quand on est dans le "mauvais" camp ... La solution miracle serait de fermer les yeux et que le problème soit réglé, qu'il n'existe plus parce qu'il n'y aurait plus de bébé. Sauf que ça ne marche pas comme ça, et que si j'essaie un truc extrême pour que le bébé lâche prise, je vais être pour toujours cataloguée suicidaire ... » Ce qu'elle n'était pas, pas un seul instant, même, mais, version officielle oblige ... « Est-ce qu'on peut se dire prête à être mère à 100% ? ... Je raisonne peut-être trop, mais étant moi-même une gamine qu'on aurait pu zapper d'entrée de jeu ... Je suis absolument pas prête, non, mais je suis pas seule. J'ai ... J'ai mes parents, j'ai des amis, des gens qui tiennent à moi et qui me laisseront pas tomber. Mais moi ... Moi, je suis pas prête, non. J'arrive pas à ... J'arrive pas à me dire que ce gosse est aussi de ma propre chair, de mon propre ADN. Je le vois comme ... Comme la 8e plaie d’Égypte, même si on est pas en Égypte. C'est le mioche de son géniteur, et ça ... Ça pollue l'équation d'entrée de jeu. » Nerea en était persuadée, s'Il n'était pas un connard fini, tout serait sans doute plus simple pour elle, moins toxique, aussi. Mais les données étaient celles qu'elles étaient, on ne pouvait les modifier ou les effacer ... « Y a ... Y a vraiment des risques qu'il se pointe avec douze doigts, trois yeux, et un cœur défaillant ? ... Parce que je savais pas que j'étais enceinte quand je me droguais ... » Sans doute faisait-elle brusquement encore moins que son âge, dans son ton, dans sa voix qui se cassait un peu, dans les traits de son visage et dans ses grands yeux qui ressemblaient plus à ceux des mangas qu'aux tous petits yeux des enluminures du Moyen-âge, là, brusquement ...
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeMar 5 Jan 2016 - 11:15

Trick or treat, what would it be ?
NEREA & SCARLETT

Nerea n'était pas dans une position agréable, aussi Scarlett avait-elle l'intention de faire tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider, que ce soit en tant que médecin ou en tant qu'amie. Elle avait toujours eu un petit faible pou la jeune femme, en dépit de son caractère que d'aucuns qualifieraient de "difficile",  peut-être parce qu'elle avait une tendance certaine à vouloir prendre soin des gens qu'elle sentait plus fragiles qu'ils n'en avaient l'air. Et parce qu'aider son prochain, c'était ce qu'elle faisait de mieux – la seule chose qu'elle savait faire. S'occuper de futures mères, de jeunes filles en détresse comme Nerea, ça l'aidait à combler le trou béant dans sa poitrine laissé par la mort de son propre bébé, par l'absence – qu'elle s'était bêtement imposée – d'un homme qu'elle aimait toujours, et le poids des morts qui ne cessaient de s'accumuler. Elle était ravie de voir Nerea se confier à elle, quand bien même elle n'aimait pas particulièrement ce qu'elle entendait. La vie de la mutante était loin d'être un long fleuve tranquille, à vingt et un an la jeune femme avait vu et enduré plus qu'elle n'aurait dû, ce qui n'était pas sans lui rappeler sa jeunesse. Scarlett était encore jeune, elle avait de belles années devant elle, mais il lui semblait parfois avoir deux fois son âge. C'était l'effet Radcliff, cette ville avait le don de vous ronger progressivement, comme de l'acide. Et puis, à trop se soucier des autres Scarlett en oubliait sa propre santé, ce qui finirait par lui coûter à la longue. Ce qu'elle avait traversé était bien différent de ce que Nerea avait vécu, mais cela ne l'empêchait pas de compatir à sa peine. Elle était bien trop jeune pour avoir de telles préoccupations, bien trop jeune pour faire face à sa maternité seule. « Je ne connais pas ta mère, Nerea, pas encore du moins, mais je suis certaine qu'elle sera là pour te soutenir, quoi que tu décides de faire. » Elle afficha un sourire doux avant de poursuivre. « Mais je comprendrais parfaitement que tu n'aies pas envie d'aborder en profondeur le sujet avec elle. Je ne me vanterai pas de pouvoir la remplacer, mais je suis prête à t'accompagner tout au long de ta grossesse, et pas seulement parce que je suis ton médecin. Si tu as besoin de l'oreille attentive d'une amie, je suis là pour toi, Nerea. À n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Tu n'es pas seule. » Elle se répétait, mais c'était le genre de chose qu'il valait mieux dire deux fois qu'une. La situation était terrifiante, mais elle n'avait pas à le rester. Scarlett ferait tout pour que les choses se déroulent aussi bien que possible, parce que c'était son travail et également par acquis de conscience.

Elle voyait bien que Nerea était mal à l'aise, ce devait bien être la première fois qu'elle lui apparaissait aussi vulnérable. Ce que la chirurgienne ne lui reprocherait pas, étant elle-même plutôt douée lorsqu'il s'agissait de cacher ses peines sous un masque et de beaux sourires. « Ton père et ta belle-mère... comment ont-il réagi à l'annonce de ta grossesse ? » Elle imaginait sans trop de mal que ça n'avait pas dû être une annonce ayant généré beaucoup de réactions positives. L'environnement de Nerea était une autre donnée importante pour la praticienne, qui tentait comme elle le pouvait d'assembler les pièces du puzzle. Elle avait besoin d'autant d'informations que possible pour offrir à Nerea le meilleur suivi possible, le tout sans donner l'impression de s'introduire de trop dans sa vie privée. Autant dire qu'elle avait un peu l'impression de marcher sur des œufs, au moindre faux pas elle n'aurait plus qu'à repartir de zéro. Sans se départir de son expression qu'elle voulait rassurante, Scarlett quitta un instant son bureau pour aller remplir un verre d'eau à la petite fontaine de bureau dans un coin de la pièce, avant de revenir vers Nerea pour le lui offrir. « Il faut que tu restes bien hydratée, encore plus avec les grosses chaleurs annoncées pour le début de l'été. » Quand elle avait été enceinte, elle aurait juré que Caleb passait le plus clair de son temps à lui courir après avec une bouteille d'eau... Une grimace tordit ses lèvres une seconde, avant qu'elle ne se reprenne et repousse le souvenir de l’Écossais dans un sombre coin de sa mémoire. La rouquine reprit place sur son fauteuil, ses yeux clairs de nouveau posés sur sa jeune patiente. Silencieuse, patiente, elle laissa Nerea vider son sac de doutes et d'angoisses, certaine qu'elle n'en avait toutefois pas encore entendu la moitié.

Scarlett prit une profonde inspiration avant de se lancer dans une nouvelle tirade qu'elle espérait un minimum réconfortante pour Nerea. « Non, tu as raison, aucune femme n'est totalement prête à devenir mère, même celles qui ne rêvent que de ça. » Elle, par exemple, avait manqué de s'étouffer d'angoisses quand elle avait découvert sa grossesse, au point de manquer de rendre son petit-ami complètement dingue. Hélas, elle n'avait pas eu l'occasion de mettre en pratique tous les conseils qu'elle dispensait à ses patientes. « Être une bonne mère, ce n'est pas inné, contrairement à ce que les médias veulent te faire croire. Cela s'apprend, et toutes les femmes confrontées à la maternité font des erreurs. Toutes. Mais que tu te poses toutes ces questions, c'est le signe que tu as la maturité nécessaire pour affronter ta grossesse, quand bien même tu ne te sens pas prête à assumer cet enfant. » C'était déjà beaucoup, et Scarlett était heureuse que Nerea lui ait également affirmé ne pas être seule. Être bien entourée, c'était un atout non négligeable qui pouvait faire toute la différence. Puis vint le véritable sujet qui fâchait, celui concernant son passif de droguée, un passif qui lui aussi risquait de faire basculer la balance du mauvais côté. L'air de la chirurgienne devint un peu plus grave, car le sujet l'était. « Si tu le veux bien, il faudrait que tu me fasses parvenir les éléments de ton dossier médical datant d'après ton overdose. » Il n'y avait pas l'ombre d'un reproche dans sa voix, et elle espérait que Nerea ne se méprendrait pas sur ses intentions. « Je ne suis pas suffisamment qualifiée dans le domaine pour avoir une idée complète des complications pouvant être entraînées par une drogue ou une autre, je vais probablement consulter un collègue pour être certaine de ne passer à côté de rien. » Elle se tut un instant avant de sourire. « Mais inutile de nous angoisser prématurément. Tu as arrêté de te droguer très tôt, alors tu as toutes les chances de ton côté. » Scarlett n'avait pas la moindre envie de lui annoncer que son bébé souffrait d'une ou plusieurs malformations dues à son usage de drogues. Une bonne nouvelle, c'était tout ce que Scarlett demandait à ce maudit univers qui semblait décidé à lui faire s'arracher les cheveux. Elle soupira doucement, avant de se lever à nouveau pour désigner à la jeune femme la table d'examen. « Je peux commencer par te faire une échographie. Cela me donnera une bonne idée de l'état de santé du bébé, jusqu'à ce que nous fassions d'autres examens. Je t'en prie, installe-toi. »


nia:
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeMer 20 Jan 2016 - 0:49

Trick or treat, what would it be ?
My heart still beats and my skin still feels. My lungs still breathe, my mind still fears. But I'm running out of time. The echoes in my mind cry. There is blood on my lies. The sky's open wide, there is nowhere for me to hide. I'm running with the wolves. Trick or treat, what would it be ? My ears can hear and my mouth can speak. My spirit talks, I know my soul believes. I'm running with the wolves tonight, running with the wolves.

Certaines choses dans la vie, certains évènements, semblent demeurer immuables, constituant presque des passagers obligatoires, auxquels on ne peut déroger ni couper, ou du moins, la majorité du temps. Dans la vie d'une femme, la grossesse est sans doute l'une de ces choses. Ou, en tout cas, la possibilité d'être enceinte, et donc d'enfanter. Un privilège tout féminin. Parce que, oui, bien évidemment, les hommes ne possédant pas ce qu'il faut pour porter la vie, cela les exclue obligatoirement de ce genre d'expérience. Donc, oui, obligatoirement, la grossesse est une chose féminine, même si, bien sûr, on ne conçoit pas un bébé toute seule. Cela se saurait ... Bien sûr, il y a cette histoire d'insémination artificielle, mais après tout, ne faut-il pas qu'un certain mâle ait fait ce qu'il fallait pour remplir le contenu de la petite pipette ? ... De là à dire que la femme ne se résume qu'à ça, et ne se destine qu'à ça, à enfanter, à être enceinte, à prendre trois tonnes et à vomir ses tripes au-dessus de la cuvette pour la survie de l'espèce ... Nerea se considérait comme partisane de la cause féminine, et à ses yeux, il n'y avait pas à faire pression sur les femmes pour qu'elles aient des enfants. Mais au moins en avaient-elles la possibilité, oui, et au moins, aussi, en possédaient-elles les moyens. A quelques exceptions près, bien sûr, aléas de la vie ou contrariété née par delà les décennies. Au-delà de son sort d'orpheline partielle de mère, Nerea n'avait pas réellement manqué de figure féminine dans sa vie. Mais elle avait également su se construire en tant que jeune femme par elle-même, parce qu'il avait bien fallu, et parce que, encore une fois, être une éternelle assistée, cela n'avait jamais été son genre. Peut-être cette possibilité de se construire quelque peu par elle-même lui avait permis de faire ses choix, de décider que croire et que rejeter, sans se laisser aller à suivre obligatoirement les voies préalablement tracées, les sentiers déjà bien battus et les concepts maintes et maintes fois éculés et usés jusqu'à la corde. Dans un pays très conservateur et puritain par bien des aspects, elle était plutôt progressiste, ouverte d'esprit et moderne. Mais, bon, après tout, bien que la religion n'ait pas grande place dans sa vie, il fallait aussi dire qu'on n'était pas de confession protestante dans sa famille, mais plutôt catho, pour ce que cela changeait ... En tout cas, était-ce peut-être un imbroglio de tout ceci qui plaçait Nerea dans sa situation actuelle, là où elle ne savait ni trop quoi faire des suites de cette grossesse, ni trop comment gérer cette dernier, ni trop quoi en penser. Enfin, bref, c'était la grosse zone dans sa tête ... Alors, finalement, peut-être n'était-ce pas une si mauvaise chose d'en avoir eu assez des poussades au cul de sa famille et de ses proches et d'avoir franchi le pas en venant consulter Scarlett ... En l'absence d'une relation mère/fille rétablie à 100%, sans doute était-ce la meilleure des solutions annexes, non ? En tout cas, face à la main plus que tendue de la praticienne, Nerea ne pouvait que sourire. Pas un grand sourire jusqu'aux oreilles, mais elle y mettait quand même de la sincérité et de la franchise, alors c'était quand même pas mal, et puis, la situation ne restait pas des plus jouasses, malgré tout. Il fallait tout de même prendre ça en considération, quand même ! En tout cas, ce sourire se fana quelque peu face à la question de Scarlett. Pas qu'elle ait mis le doigt où ça faisait mal, ou qu'elle ait mis les pieds dans le plat, mais, bon, son père, avec ses grosses paluches, sa sensibilité bourrue et ses difficultés à toujours exprimer ce qu'il ressentait ou ce qu'il pensait ... Quant à sa belle-mère ... Disons qu'elle n'était pas de sa famille de sang ... Et que, maintenant, Nerea avait retrouvé sa mère, alors, évidemment, le rapport de force changeait un peu, parce que, malgré tout, Letha s'était fait piquer sa place.
    « Disons que mon père ayant appris que j'étais enceinte avant moi, parce que j'étais encore en salle de réveil quand les résultats sont tombés, je ne sais pas quelle a été sa réaction initiale. Mais à ce que j'en sais, il s'est surtout inquiété que je sois passée à deux doigts de la mort. Il ... Il ne m'a pas mise dehors, il ne m'a pas criée dessus et ne m'a pas traitée d'irresponsable, ou je ne sais quoi encore. Mais je crois qu'il est quand même un peu déçu. Quant à ma belle-mère ... Je crois qu'elle ne s'autorise pas à me donner son avis sur tout ça. Mais je crois qu'elle est désolée pour mon père. »
Nerea s'accrocherait désormais presque au moindre conseil que lui prodiguait Scarlett, concernant hydratation par exemple, consciente qu'il fallait mettre de côté son caractère bien trempé et sa fierté un peu mal placée. Son interlocutrice n'était pas là pour la juger ou pour l'emmerder, bien au contraire. Mais, malgré tout, elle ne pouvait s'en empêcher, il y avait ce petit monstre qui donnait des coups de pieds, dans son esprit, pour qu'elle réagisse. Un vilain méchant petit diablotin, sans doute, auquel Nerea tentait de ne pas accorder ou donner trop d'importance. Scarlett l'écoutait parler, l'écoutait quelque peu monopoliser la conversation, sans avoir le moindre geste pour l'interrompre, ni la moindre parole pour la contredire ou lui dire d'arrêter de se plaindre et de se laisser aller à un pessimisme majoritaire. Bien au contraire. Après avoir pris la peine d'attendre qu'elle ait fini de dire ce qu'elle avait à dire, Scarlett s'employait à démonter un par un les grands discours majoritaires, ceux qui se répandaient si souvent dans la presse féminine et les paroles du plus grand nombre. Il y avait un tel état de conformisme ? Cela avait un côté rassurant d'entendre Scarlett contredire ces idées de masse, mais dans le même temps, cela inquiétait quelque peu Nerea, dans le sens où, la seule chose dont elle était sûre jusqu'à maintenant, concernant cette grossesse, c'était qu'elle n'était pas prête à être mère. Et là, l’obstétricienne lui expliquait en gros que, à défaut de bel et bien l'être, elle était quand même sur la bonne voie concernant la gestion de la poursuite de cette grossesse, et que c'était bien engagé. Et Nerea n'était pas sûre de vouloir que les choses tournent ainsi, dans le fond ... Revenir sur son overdose offrit étrangement une bulle salvatrice, une bulle d'oxygène. Un dérivatif, une façon pour elle de ne pas se tracasser et de ne pas se ronger les sangs en se demandant, si, franchement, elle ne commettait pas encore le moindre faux pas concernant la gestion de la poursuite de cette grossesse. Peut-être qu'elle devrait essayer de descendre les escaliers en empruntant la rampe, maintenant, histoire de tout faire comme il faut niveau inconscience et prise de risque irréfléchie et immature ...
    « Pour le dossier médical, il n'y a pas de problème. Étrangement, mon bordélique et désordonné de père garde tout bien rangé et bien trié dans le tiroir de son bureau ... Juste au-dessus du dossier de mes œuvres d'arts plastiques au collège et au lycée ... » Plaçant une main sous son siège, et l'autre dans sa bouche, pour se ronger un bout d'ongle, Nerea acquiessa de la tête face à la proposition de Scarlett de parler de tout ça à un confrère plus spécialisé dans les drogues et leurs conséquences boomerang et parallèles. Après tout, Nerea concevait parfaitement qu'on ne puisse pas tout savoir, et préférait de loin, pour le coup, plus de précautions que d'empressement. C'était bien, visiblement, de reconnaître qu'on avait atteint ses capacités sûres et certaines de connaissances. Peut-être qu'elle devrait s'inspirer d'une telle attitude ... Mais, bon, elle était un peu anxieuse quand même, en témoignait cet ongle qu'elle se rongeait, ce qui était loin d'être dans ses habitudes. Cela se voyait, elle avait de belles mains et de beaux ongles, qui n'avaient pas finis par lui rentrer dans la peau ou par pousser tout de travers à force de voir leur croissance être contrariée ... Mais, bon, à situation et préoccupations exceptionnelles, réaction exceptionnelle, quelque chose comme ça. « ... Okay. Okay, si tu le dis, je veux bien te croire ... »
Et puis, finalement, ou enfin, ou à présent, tout dépendait, Scarlett lui désignait la table d'examen, l'enjoignant à s'y installer. C'était là que les choses sérieuses commençaient, pour bon nombre de gens. Mais de l'avis même de Nerea, la conversation et les questions qui avaient précédé étaient un élément d'examen considérable en eux même. Personnellement, elle avait besoin d'être rassurée, pas direct auscultée comme un vulgaire morceau de viande, comme une patiente lambda, sans visage propre et sans personnalité, sans expérience passée et exemple de vie particuliers. Elle avait des connaissances dans le milieu médical et savait à quel point, malheureusement, de plus en plus, la médecine devenait un business comme un autre, alors que les directeurs d'hôpitaux devenaient de simples gestionnaires hôteliers et commerciaux, ou presque. Les patients devenaient des clients, que les praticiens devaient voir et traiter, à la chaîne. Mais ce n'était pas ça, la médecine, n'est-ce pas ? On est censé soigner les gens, répondre à leurs attentes et les aider à aller mieux, quel que soit leur pépin de santé. On n'est pas censé faire du chiffre et se faire du blé sur leur dos, n'est-ce pas ? Heureusement pour elle, Scarlett ne s'était pas encore laissée corrompre et gardait encore le cap, sa vision des choses et son droit à faire son travail comme elle le désirait et non comme on pourrait bien vouloir le lui imposer. Doucement mais sûrement, Nerea quitta donc son siège, déroulant sa silhouette plus aussi longiligne qu'avant mais encore gracieuse et un peu dégingandée. Elle était plus grande que Scarlett d'environ 10cm sans doute, et parfois, elle pouvait donner l'impression de ne jamais trop quoi savoir faire de sa taille, mais cela n'était jamais vraiment le cas. Sauf maintenant, parce qu'il y avait ces formes qui n'étaient pas là, avant, et ce poids qui se répartissait autrement, avec cette surcharge pondérale, au niveau de son ventre, qui commençait déjà à changer son point d'équilibre. Elle commença par enlever ses chaussures, sans en défaire les lacets, avant de faire craquer ses orteils, geste habituel dès lors qu'elle se déchaussait. En tout cas, Scarlett aurait la preuve que, de coordonner les chaussettes ensembles n'était pas une priorité de Nerea. Habitude héritée du désordre de son paternel quand elle était plus jeune, et qu'il s'occupait seul de la lessive, perdant des vêtements en route, dans le lave-linge ou bien le sèche-linge, sur le chemin du fil à linge de dehors, dans la maison, ou sur la planche à repasser. Et même dans les armoires, quand, épuisé d'une longue journée de boulot, il ne pliait pas les chaussettes ensembles, et mélangeait parfois même les propres siennes et celles de Nerea. Bref. La jeune femme ne venait pas faire un défilé de mode, et ses chaussettes étaient certes dépareillées, mais elles étaient surtout propres, c'était l'essentiel, non ? Décidant finalement d'abandonner son haut, elle restait donc en soutien-gorge, se disant que ce serait plus commode pour toutes les deux. Et puis, la nudité et la pudeur n'étaient pas deux remparts qu'elle avait pour habitude d'ériger. Sans parler du fait qu'avoir du gel d'examen sur les fringues, c'était pas forcément tip top. Grimpant finalement sur la table d'examen, elle tenta de s'y installer au mieux, dans la position la plus confortable possible, alors qu'elle flippait un peu, soudainement, sentant son cœur s'emballer un peu plus que de raison, et éprouvant quelques difficultés à déglutir convenablement.
    « Le gel, et l'examen, là, ça risque vraiment d'être un peu froid, ou ça aussi, ça tient du mythe ? »


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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeVen 22 Jan 2016 - 4:53

Trick or treat, what would it be ?
NEREA & SCARLETT

Pour Scarlett, la compassion était une qualité essentielle – sinon la principale – à posséder pour exercer n'importe quelle profession médicale. À quoi bon prêter le serment d'Hippocrate si l'on ne supportait pas les gens... ? Hélas, de plus en plus de médecins n'exerçait leur fonction que pour le plaisir des sciences, la gloire y étant associée ou encore le salaire. Parfaite, Scarlett ne l'était pas, mais elle avait au moins conservé quelques principes. Elle se faisait toujours un devoir de traiter ses patientes comme elle aurait elle-même souhaité être traitée à leur place, à plus forte raison depuis sa fausse couche. Le manque cruel de tact du personnel médical l'ayant prise en charge à l'époque ne l'avait certainement pas aidée à traverser cette épreuve, et elle en gardait encore un arrière goût amer en bouche, même plus d'un an après le drame. Alors une jeune femme un peu perdue comme Nerea, elle ne pouvait que vouloir l'aider du mieux qu'elle le pouvait, sans lui offrir de traitement de faveur simplement parce qu'elles se connaissaient personnellement. Cependant, leur proximité rendait la discussion un peu plus aisée, ce qui n'était pas pour déplaire à la praticienne, qui aurait dû prendre davantage de précautions pour aborder les sujets sensibles de la vie de Nerea. Elle s'estimait heureuse que cette dernière ait suffisamment confiance en elle pour ne rien lui cacher – du moins, elle le supposait, n'ayant pas la moindre raison de remettre en doute les paroles de la jeune mutante. Il était dans son plus grand intérêt de ne rien lui dissimuler ; et de toute façon les examens médicaux auraient vite fait de lui révéler tout ce qu'il y avait à savoir sur sa grossesse et son état de santé plus général. Mais mieux valait une longue et honnête discussion à une liste longue comme le bras de procédures invasives qui avaient le don de mettre les patients mal à l'aise, en plus de s'en prendre plutôt violemment à leur porte-monnaie. En bonne Anglaise qui se respecte, Scarlett avait encore bien du mal à comprendre le système de santé américain, selon elle bien trop axé sur le profit et cela bien évidemment au détriment des patients les moins favorisés. Si elle avait pu prodiguer ses soins gratuitement elle l'aurait fait ; malheureusement ça n'était pas dans la politique de l'hôpital, qui avait besoin de tout l'argent qu'il pouvait obtenir, puisque les fréquentations étaient en baisse depuis que la ville avait été mise en quarantaine, et que la majorité du budget avait été attribué aux urgences et au service de traumatologie – micro guerre civile oblige.

Avec un sourire amusé, Scarlett observait Nerea retirer ses chaussures et ses vêtements, attendrie par ce petit bout de femme qui avait déjà vécu plus de drames qu'à son tour, et n'en était ressortie que plus robuste. Du haut de ses vingt et un an, elle impressionnait son aînée et réveillait en elle comme une sorte d'instinct protecteur – une réaction habituelle pour Scarlett qui aimait endosser le rôle de mère poule pour quiconque en aurait besoin. Nerea bien installée sur la table d'examen, Scarlett vérifia les réglages de l'échographe, et rit doucement lorsque la jeune femme l'interrogea à propos du gel. « Le gel est toujours un peu froid oui, mais ce n'est pas désagréable. Ça peut juste faire frissonner un peu. Prête ? » Elle attendit que la jeune femme ait acquiescé avant d'appliquer sur son ventre rebondi le fameux gel, à la couleur légèrement bleutée. « Il sert à faciliter la transmission des ultrasons, et permet donc d'obtenir une image plus nette et précise. C'est frais, mais c'est pour la bonne cause. » Quoiqu'elle ait déjà la sonde en main, Scarlett préféra prendre un moment pour expliquer à Nerea ce qu'elle allait faire, plutôt que d'entamer l'examen sans aucune forme de procès, afin qu'elle ait tout de même un minimum l'impression de savoir ce qu'il se passait, quand bien même la chirurgienne savait que pour les personnes n'ayant pas les même connaissances médicales qu'elle, ce que l'écran de l'échographe afficherait ne serait qu'une masse sombre ayant une forme vaguement humaine à ce stade de la grossesse. « Je vais pouvoir vérifier que le bébé est bien placé et grandit bien, et m'assurer que le placenta est à la bonne place. Je vais aussi être en mesure de déterminer le terme de ta grossesse. » Nerea n'avait peut-être pas hâte d'y être, mais c'était tout de même une date importante, une date butoir pour elle, puisqu'elle devrait avoir pris une décision d'ici là. « Je vais examiner le bébé sous tous les angles, je t'expliquerai ce que je vois au fur et à mesure, d'accord ? » Elle afficha un large sourire rassurant et pressa l'épaule de Nerea avec une tendresse presque maternelle avant d'appliquer la sonde à ultrasons sur son ventre, en y exerçant une très légère pression.

Pour Nerea, c'était là que les choses sérieuses commençaient réellement. L'écran de l'échographe ne tarderait pas à afficher une image certes un peu étrange, mais bien vraie, du bébé qu'elle portait et entendrait également les battements de son cœur. Ce n'était pas des choses que Scarlett souhaitait lui montrer et lui faire entendre pour la convaincre du "bien fondé" de la maternité, loin de là, mais puisqu'elle n'avait d'autre choix que de mener cette grossesse à son terme, il fallait qu'elle se familiarise avec tout ce que cela impliquait. Ce ne serait pas facile, Scarlett en avait conscience, mais elle serait là pour l'aider et l'épauler, de la façon dont elle aurait besoin, que ce soit en tant que médecin ou en tant qu'amie. Toutefois, la chirurgienne eut bien du mal à dissimuler sa surprise lorsqu'elle détourna les yeux de Nerea pour reporter son attention sur l'écran de l'échographe, car un simple coup d'oeil lui permit d'identifier quelque chose... d'inattendu. Voilà qui rendait les choses encore plus compliquées qu'elles ne l'étaient déjà, et Scarlett ne put s'empêcher de soupirer doucement. Il y avait certaines nouvelles dont l'on pouvait atténuer l'impact en employant le bon vocabulaire, et d'autres qui faisaient l'effet d'une bombe quoi que l'on dise. « Nerea, je ne peux pas t'annoncer cela autrement qu'en te disant la vérité, je suis navrée pour le choc que cela risque de te faire... » Non, vraiment, il n'y avait rien à redire. Quand la malchance frappait à Radcliff, elle ne faisait pas semblait. « Tu attends des jumeaux. » Boom. Il y avait bien deux petites silhouettes sur l'écran, deux petits cœurs qui battaient presque à l'unisson. Du reste, Scarlett n'en savait encore rien, son attention étant toute tournée vers une Nerea qu'elle n'aurait pas été étonnée de voir piquer une véritable crise de nerfs – parfaitement justifiable selon elle.
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeLun 1 Fév 2016 - 23:02

Trick or treat, what would it be ?
My heart still beats and my skin still feels. My lungs still breathe, my mind still fears. But I'm running out of time. The echoes in my mind cry. There is blood on my lies. The sky's open wide, there is nowhere for me to hide. I'm running with the wolves. Trick or treat, what would it be ? My ears can hear and my mouth can speak. My spirit talks, I know my soul believes. I'm running with the wolves tonight, running with the wolves.

Toute existence peut se révéler un brin compliqué, sans doute. Il y a toujours des obstacles, plus ou moins évidents, si on cherche bien. C'est comme pour tout, sans doute : quand on sait ce qu'on cherche, on finit toujours par trouver, même s'il faut extrapoler ou faire une montage d'un rien. Nerea n'avait pas l'existence la plus torturée qui soit, mais celle-ci se révélait tout de même tortueuse. Le fait d'avoir été séparée de sa mère pendant toutes ces années, d'avoir été influencée par son père à oublier, à rendre bien des éléments de ses 13 premières années brumeuses et floues, et d'être une transmutante, aussi, ne lui offrait pas forcément la vie la plus lambda qui soit, pas plus que cela ne lui permettait de vivre une existence des plus conventionnelles et habituelles. D'un certain côté, le fait de ne pas être comme tout le monde lui plaisait et la satisfaisait. D'un autre côté ... D'un autre côté, c'était loin d'être évident, et cela ne lui offrait en rien un terreau des plus fertiles pour se développer sans heurts ni violences. Ramené à une comparaison avec la flore, cela reviendrait à dire qu'elle avait bien poussé, mais un peu de travers, quand même, qu'elle s'était épanouie, certes, mais en devant faire fit de certains obstacles, et en n'offrant donc pas forcément le profil le plus conventionnel qui soit. La serre sous laquelle elle s'était développée offrait de plus un bien piètre spectacle, au jour d'aujourd'hui. Il y avait comme cet acharnement omniprésent à inonder de pesticides et de substances chimiques empoisonnantes pour vous faire crever, dès lors que vous étiez transmutant, sans parler du fait qu'on vous arrachait parfois purement et simplement à la terre, d'une main décidée et violente. Aller à l'encontre de cette politique, largement développée par Lancaster, et relayé par les Hunters, c'était pour certains simples humains un acte désespéré, stupide, mais un peu courageaux, aussi. Pour Nerea, comme pour bon nombre de transmutants, c'était la seule chose à faire, pour ne pas avoir à se résilier, pour ne pas avoir à courber la tête, largement persuadée qu'elle avait sa légitimité, qu'elle avait le droit de continuer à vivre, de mener son existence à bien. Mais, après tout, c'était sa propre perception des choses, alors, bien sûr que non, elle n'était pas objective. Mais elle considérait tout de même qu'elle était des mieux placées pour décider de sa vie, de son cours, de la façon dont elle voulait la vivre. Mais on lui mettait des bâtons dans les roues, sans parler de sa grossesse ... Elle ne s'était pas mise seule dans cet embarras, comme on dit, mais elle devait tout de même l'assumer. A son avantage, en tout cas, elle avait la chance d'avoir une famille qui ne l'avait pas foutue dehors. Et ça, oui, elle savait que c'était une chance, parce qu'il arrivait plus d'une fois qu'on foute purement à la rue une fille de son âge, enceinte avant l'heure, avant d'être mariée, et terriblement seule après avoir été plaquée par le futur père. Et ce même si, dans son cas à elle, la rupture avait eu des allures toutes mortelles et bien peu habituelles ... Mais, oui, en tout cas, elle n'avait pas été rejetée par les siens, pas plus qu'elle n'avait été reniée. Sans ça ... Sans ça, qui sait comment elle aurait réagi, et à quelles extrémités elle aurait été poussée ! De la même façon, elle se savait chanceuse de pouvoir compter sur des êtres tels que Scarlett, d'autant plus que la belle rousse était des plus aptes à lui tenir la main, présentement, toute professionnelle de santé qu'elle était, qui plus est spécialisée dans l'obstétrique et la gynécologie. Même si une partie d'elle préférerait tout de même être ailleurs, Nerea savait qu'elle pouvait un peu se laisser aller, ou du moins suffisamment pour que cet examen ne tourne pas à la séance de torture ou de désagrément malsain.
    « Ils devraient inventer un gel chauffant, alors, s'il est prouvé que c'est quand même un peu froid. Après tout, le lubrifiant chauffant, ça existe bien ! ... Désolée, mais, bon, après tout, tu ne devrais pas être étonnée : je ne suis tombée enceinte par l'opération du Saint-Esprit, quand même ... » Dans sa position, Nerea haussa du mieux qu'elle pouvait les épaules, un petit sourire un peu gêné en coin. « Ouais, je suis prête, fais toi plaisir pour la torture glacée ! »
Oui, elle exagérait, mais c'était plus pour la plaisanterie que par réelle volonté de jouer aux divas ou aux filles compliquées. Nerea était compliquée, oui, mais pas comme ça, pas en étant d'une exigence et d'une intolérance extrêmes. Elle n'était en rien une petite nature, n'avait jamais été, même pas aux temps du lycée, le genre de fille à craindre tant et si bien pour leur manucure qu'elle ne faisait absolument rien et déléguait tout aux autres. Là, présentement, sans doute cherchait-elle à tout désacraliser, à partir sur un terrain complètement différent pour ne pas avoir à brutalement faire face à la réalité. Elle savait que ce qui se passait à cet instant même était important, et ne devait pas être traité avec légèreté, par dessus la jambe. Il faudrait sans doute qu'elle fasse un peu taire la jeune fille pour laisser la jeune femme s'élever. Ça ressemblait un peu beaucoup au conseil adressé à un certain Jon Snow par un certain Maitre Aemon, mais sans doute était-ce normal, puisqu'elle avait bing watched toute la série Game of Thrones durant les jours précédents. Cela n'avait sans doute pas été l'idée du siècle, compte-tenu du fait que, sans ses hormones de femme enceinte, elle pleurait déjà sa vie devant la série, alors, en étant enceinte ... La scène de la mort d'une certaine jeune reine l'avait un peu plus traumatisée maintenant, d'ailleurs, compte-tenu de leur point commun au niveau du tour de taille et des raisons pour lesquelles ce dernier était plus important et plus conséquent qu'à l'accoutumée ... Rester attentive aux propos de Scarlett lui permettait en tout cas de rester dans le thème ambiant, sans non plus avoir à obligatoirement tout rapporter à elle-même. C'était un peu comme en cours, on vous enseigne des trucs sans que vous ne vous sentiez forcément intimement concerné par tout ça. Même si, la concernant, la génétique était quand même quelque chose qui la touchait de suffisamment prêt, de par le fait qu'elle devait son gène X à son paternel, et que ce dernier ne lui avait pas simplement implémenter, comme ça, en claquant des doigts. Les règles de la génétique étaient entrées en jeu, tout ça tout ça ... Peut-être ne devrait-elle pas tout écouter des explications de Scarlett avec un certain détachement, mais il s'avérait tout de même compliqué pour elle de se connecter en phase parfaite avec l'enfant qu'elle portait, et avec tout ce que cela impliquait, ou générait. Dans les faits ... Dans les faits, peut-être que Nerea avait peur. Peur que cet enfant avec lequel elle avait tant de difficulté à créer des liens soit condamné d'avance. Peur que quelque chose n'aille pas avec lui, et que ce soit sa faute, sa faute à elle. Elle avait beau ne pas se sentir prête à être mère, surtout du rejeton d'un Hunter, il n'en demeurait pas moins que cet enfant était à 50% le sien. Tout comme il n'en demeurait pas moins que, il y a plus de 21 ans de ça, maintenant, sa propre mère s'était trouvée dans la même situation qu'elle, enceinte, jeune, sans doute un peu perdue avec sa vie, même si Letha avait Absalon auprès d'elle, et que cet enfant, certes non prévu, était d'ores et déjà aimé, apprécié, et sans doute attendu. Et alors que se posait sur elle cette main tendre et attachante, cette main appartenant à Scarlett, pendant quelques secondes, Nerea fut envahie du besoin viscéral d'avoir sa mère auprès d'elle, d'être une petite fille ayant peur de la vie adulte et ayant besoin d'être rassurée et guidée par l'être qui l'avait mise au monde. Mais Letha n'était pas là, bien que la jeune femme en soit presque persuadée, elle serait venue si Nerea le lui avait demandé ... Alors, de ses lèvres fusèrent ses mots si inhabituels pour elle, si étrangers, aussi.
    « Scarlett, j'ai peur ... »
Durant les premières secondes, Nerea refusa de diriger son regard vers l'écran de contrôle de l'échographe, préférant de loin observer la belle chevelure cuivrée de Scarlett. Depuis qu'elle la connaissait, il y avait toujours eu chez elle quelque chose qui procurait à Nerea la sensation d'être entourée d'une certaine aura, douce, chaude, pacifiante. Rassurante, sûre, saine. Mais il fallait affronter la réalité, en face, à un moment, n'est-ce pas ? Nerea ne pourrait pas rester mutique face à cet examen, par la suite. Elle devrait forcément en parler, ne serait-ce que parce qu'elle sortait de ce bureau en en connaissant bien plus sur sa grossesse et sur l'enfant qu'elle portait. S'isoler face à flot d'informations qu'elle avait réussi à contenir jusque là, en faisant barage à tout, ce ne serait pas sain pour elle. Sa mère aura le droit de savoir, et Nerea aura sûrement besoin de se confier à elle. Égoïstement, la jeune femme se disait que sa mère serait plus à même de gérer tout ça qu'Absalon, qui, en plus d'être un homme et donc de ne jamais avoir été enceinte, avait trop déconner avec sa fille et celle qui restait son épouse devant la loi pour avoir droit à la primeur des informations sur la grossesse de Nerea. Et puisque Letha était extérieure à tout ça, à Radcliff, à ce qui était advenu de Nerea il y avait quelques mois déjà, peut-être qu'elle aurait plus la tête sur les épaules, et qu'elle serait voir clair, et ne pas tout dramatiser, ne pas tout teinter de noir. Peut-être ... Ça, Nerea le saurait seulement si elle parlait à sa mère, et pour ça, elle devait faire face à la réalité et à la véracité des informations que pouvait lui délivrer Scarlett. Et cela passait par se préoccuper de ce qu'elle pouvait voir sur l'écran de contrôle. Sauf qu'elle n'y voyait pas grand chose et que cela ressemblait plus à un cliché mal réalisé, avec des difficultés à apercevoir avec discernement une forme bien définie. Ou alors, cela ressemblait plus à un zoom puissance mille sur le fasciés du visage d'un monstre, avec les entailles pour les yeux, ou les narines, quelque chose comme ça. Cependant ... Cependant, le regard qui lui adressait finalement Scarlett, qui détournait donc les yeux de l'écran de contrôle pour l'observer, elle, ne lui dit directement rien qui vaille. Scarlett étant une professionnelle dans son domaine, sembler aussi peu rassurée, ou plutôt aussi surprise, n'incitait en rien Nerea à se dire que tout allait bien. Tout de suite, elle se dit que, ça y est, son passé de droguée avait carrément déjà fait son effet, et que le bébé n'était pas viable, que cela la mettait elle-même en danger, et qu'il n'y avait plus rien à faire pour l'enfant. Elle dramatisait, pensait directement au pire, parce que cette histoire de drogue n'arrangeait rien, et qu'en plus de ça ... Oui, en plus de ça, Scarlett n'avait pas exactement le sourire aux lèvres. Et qu'en plus de ça, aussi, lorsqu'elle reprit la parole, la belle rousse ne fit pas du tout disparaître les craintes de Nerea, loin de là. Elle parlait de choc, se disait d'ores et déjà navrée, et sous-entendait une vérité nécessaire, et donc pas aisément encaissable. Le cœur de la jeune femme fit des loopings dans sa poitrine, alors que son teint vira à une teinte de plusieurs degrés plus pâle, quelque chose d'inhabituel. Nerea était quelque peu plus basanée que nombre des habitants de Radcliff, de par ses origines hispaniques, typiquement reconnaissables, encore plus si on savait à quoi ressemblait son propre père et que l'on se fiait à son patronyme et à son prénom. Ses mains se saisirent chacune d'un des rebords de la table d’auscultation, faisant crisser le cuir, alors que ses ongles y laissaient surement de belles marques d'entailles, à force de s'y enfoncer. Et le verdict fusa. Le verdict fusa, la laissant sourde, pendant de longues minutes. C'était comme si des bruits stridents, comme les vieux téléviseurs à l'allumage, emplissaient pleinement son audition. Comme si la pesanteur autour d'elle se faisait moindre. Sans doute l'apport d'oxygène à son cerveau se faisait brusquement moindre, parce que quelque chose autour de son cœur déconnait, ou parce qu'elle était sous le choc. Son souffle se bloquait, alors qu'elle retenait instinctivement sa respiration. Des jumeaux ... Elle avait sûrement mal entendu, parce que, c'était juste pas possible, en vrai.
    « Nan, c'est ... C'est juste pas possible Scarlett. Y a aucun jumeau chez les Castellanos ! Bien sûr, y a ma mère, mais je connais pas sa famille, je ne m'en souviens plus, mais, quand même, non, c'est pas possible ! Je veux dire, je l'aurais sentie, enfin, peut-être ! Je veux dire ... Non, c'est ... C'est pas possible ... » Sa voix dérivait, avec des inclinaisons aux bords des larmes, une fragilité qui était loin d'être commune à Nerea. Ouais, elle était sûrement en état de choc, alors que ses oreilles continuaient de siffler, quand, maintenant, elle sentait en plus le sang battre dans ses tempes. Elle voulait fermer les yeux, partir loin d'ici, mais à la place de ça, son regard s'accrochait au moniteur de l'échographe, alors qu'elle sentait tout son être tendre vers l'objet médical, et que l'écran de contrôle semblait l'absorber toute entière, comme un trou noir géant. Elle avait chaud en même temps qu'elle avait froid, elle se sentait si légère en même temps qu'elle se sentait absorbée par la pesanteur brusquement si lourde. Son souffle s'accélérait sans qu'elle ne le vienne, alors qu'elle se mettait à haleter, sa poitrine de plus en plus secouée de spasmes de tristesse, avant qu'elle n'éclate en sanglots.


Dernière édition par Nerea Castellanos le Jeu 3 Mar 2016 - 0:52, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeSam 13 Fév 2016 - 17:13

Trick or treat, what would it be ?
NEREA & SCARLETT

Il y avait des choses contre lesquelles Scarlett ne pouvait rien. Des choses qui lui échappaient totalement, qu'elle ne pouvait pas contrôler. Elle se doutait bien que Nerea aurait bien du mal à supporter l'annonce de sa grossesse gémellaire, et il n'y avait rien, absolument rien qu'elle puisse faire pour changer cela. Elle allait être le témoin de l'effondrement de son monde, et savait que quoi qu'elle tente pour la rassurer, ce ne serait pas suffisant. La pauvre ne méritait pas ça, elle avait déjà tant surmonté, c'était à croire que le destin s'acharnait. Scarlett ne pouvait que compatir, elle qui avait véritablement eu l'impression que son monde s'était effondré une année plus tôt. En l'espace de quelques jours, elle avait perdu tout ce qui comptait le plus pour elle et une heureuse perspective d'avenir. Caleb, leur bébé, leur mariage... Tout s'était envolé aussi vite que l'on soufflait la flammèche d'une bougie, tout ce qu'ils avaient mis des années à construire s'était envolé. Elle n'avait pas été simplement désemparée, elle avait été furieuse. Furieuse que ça lui arrive à elle, qui consacrait sa vie aux autres et ne demandait jamais rien en retour. Ce n'était pas juste. La vie ne l'était pas, mais ça ne rendait pas les choses plus faciles à accepter. On ne pouvait pas lutter contre le courant éternellement, arrivait forcément un moment où l'on n'en pouvait plus, où trop c'était trop. Et elle, elle avait traversé l'enfer à trente ans passés. Nerea était tout juste majeure, d'une certaine façon, c'était encore une enfant. Sa façon de parler et son attitude n'étaient pas encore celles d'une adulte, elle était perdue... Le regard qu'elle lui avait lancé en admettant avoir peur le confirmer. Ce serait une épreuve de plus pour la jeune femme, une épreuve de trop sans doute. Pour l'occasion, Scarlett détestait avoir à être la messagère porteuse de la mauvaise nouvelle. Car pour Nerea, c'en serait assurément une. Elle qui ne savait déjà pas quoi faire avec un bébé se retrouvait avec une paire de jumeaux, une double dose de problèmes.

Scarlett vit l'expression de Nerea désenchanter radicalement, et elle resta muette comme une tombe, jugeant préférable d'attendre qu'elle prenne la parole la première, pour pouvoir adapter sa réaction à la sienne, et peut-être également parce qu'elle craignait de remuer le couteau dans la plaie si elle prononçait le moindre mot supplémentaire. Ce furent la panique et l'incompréhension qui secouèrent Nerea et face à son discours stupéfait, Scarlett ne trouvait rien à lui dire. À quoi cela lui servirait-il d'étaler ses connaissances en génétiques, à lui expliquer que la nature et le hasard allaient souvent de paire ? À quoi bon ? Ce n'était pas ce genre de choses qui la rassureraient, bien au contraire. Les signes avant-coureurs de sanglots, Scarlett les connaissaient – trop – bien, et lorsque Nerea fondit en larmes, elle afficha une mine désolée par elle était profondément touchée par sa détresse. « Nerea... Nerea, ça va aller... » Ou le mensonge par excellence. Scarlett hésita un instant, puis elle se décida à s'asseoir auprès de la jeune femme, qu'elle enlaça tendrement après l'avoir incitée à se redresser en passant un bras autour de ses épaules. « Calme-toi, ça va aller... Calme-toi. » Elle passait sa main dans son dos pour tenter de l'apaiser, tout en sachant que c'était pour le moment peine perdue. Le destin avait tout de même une drôle de façon de faire les choses. Scarlett s'était attendue à ce que la mauvaise nouvelle ait à voir avec l'usage de drogues, et voilà qu'elle découvrait des jumeaux à l'échographie. C'était à ce point inattendu et traumatisant pour Nerea qu'elle n'osait même pas poursuivre l'examen, par crainte de trouver quelque chose d'autre. Une telle nouvelle était bien suffisante, nul besoin d'en rajouter une couche.

« N'aie pas peur, tout ira bien. Je suis là. Je suis là, et je vais t'aider à trouver une solution, d'accord ? Tout ira bien. » Nerea en douterait probablement, mais elle ne pouvait pas la laisser croire que c'était la fin du monde. Ce serait une épreuve, une épreuve difficile, mais elle n'aurait pas à la surmonter seule. Elle avait sa famille, ses amis, et Scarlett l'accompagnerait pas à pas si cela pouvait la rassurer. « Respire, Nerea, respire. » Il fallait qu'elle évite le malaise, faute de quoi ce serait la cerise pourrie sur un gâteau raté. « Je sais que tout doit de paraître terrifiant et injuste, et d'une certaine façon, ça l'est. Mais ne te laisse pas abattre par cette nouvelle. Tu es la jeune fille la plus forte que je connaisse, tu vas t'en sortir. Et je ferai tout ce que je peux pour t'aider, c'est promis. » C'était le genre de promesse qui devait lui paraître dérisoire sur le moment, mais qui prendrait tout son sens plus tard ; c'était en tout cas ce que Scarlett espérant. Elle finit par se détacher de Nerea, dont elle caressa la joue de façon presque maternelle avant de se lever pour aller chercher la un mouchoir qu'elle lui tendit, ainsi qu'un verre d'eau. « Bois un peu, ça te fera du bien. » Ça ne ferait pas passer la pilule plus facilement, mais elle avait toujours trouvé qu'un grand verre d'eau était parfois le meilleur des remèdes, même provisoire. « Je pense qu'il est préférable qu'on arrête l'échographie pour aujourd'hui, on va simplement reprendre un rendez-vous pour plus tard dans la semaine, rien ne presse. » Étant donné l'état dans lequel se trouvait Nerea, Scarlett aimait autant lui éviter de nouvelles émotions fortes. « Ce que je vais te dire va sans doute te paraître très étrange, mais peu importe. Ne te rends pas malade parce que tu attends des jumeaux... Dis-toi que ça ne change rien. Certes, deux bébés, cela demande plus d'attention, et le coût est multiplié par deux... Mais cela ne doit pas influencer ta décision finale. Pense simplement que ce qui est le mieux pour toi est aussi le mieux pour ces bébés. Tu ne sais pas quoi faire pour le moment, tu es perdue, et c'est bien normal. Il va te falloir du temps pour digérer cette nouvelle, alors tout ce que je peux te conseiller pour le moment, c'est de faire en sorte de te détendre, et de réfléchir à tête reposée. Et peut-être qu'à notre prochain rendez-vous, tu pourrais venir accompagnée ? Par l'un de des parents, ou même un ami... Je pense que ça pourrait t'être bénéfique, ça ne te donnerait pas l'impression d'être seule face à un médecin. » Même si Scarlett considérait qu'elles étaient amies, dans ce contexte particulier, elle était le médecin et Nerea sa patiente. « Et puis, il est parfois utile de pouvoir avoir un point de vue extérieur, un peu plus objectif de la situation. Tu as encore du temps devant toi, il faut en profiter pour faire les choses au mieux. »
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeJeu 3 Mar 2016 - 1:26

Trick or treat, what would it be ?
My heart still beats and my skin still feels. My lungs still breathe, my mind still fears. But I'm running out of time. The echoes in my mind cry. There is blood on my lies. The sky's open wide, there is nowhere for me to hide. I'm running with the wolves. Trick or treat, what would it be ? My ears can hear and my mouth can speak. My spirit talks, I know my soul believes. I'm running with the wolves tonight, running with the wolves.

C'était l'enfer. L'enfer sur terre. Ce type, là, ce sale c*n, cet espèce de truc vivant qu'elle refusait de qualifier du main. Il avait un prénom, un nom, une identité, mais elle refusait tout bonnement de les utiliser, ou d'y faire référence. Il existait ce très ancien truc, issu de la Rome antique, ce concept dénommé la damnatio memoriae qui s'illustrait en une série d'actions destinées à faire disparaître toute trace de votre existence, pour que vous sombriez dans l'oubli et que, plusieurs générations plus tard, nul ne se souvienne de votre existence. En quelque sorte, c'était comme si vous n'étiez jamais né, comme si on vous avait entièrement effacé de la surface de la terre et du cours du temps. C'était un concept qui l'avait interpellé, lors d'un cours d'histoire. Un concept qui lui restait encore aujourd'hui à l'esprit. Alors, bien sûr, elle agissait de son propre côté, à son propre niveau, et elle agissait alors comme bon lui semblait, et comme elle l'entendait. La damnatio memoriae, cela intervenait le plus souvent une fois que vous étiez mort, et, Lui, fort malheureusement, il n'était pas mort, du moins, pas encore. Pourtant, ce n'était pas faute que Nerea le veuille et l'espère de tout son être ... On n'obtient pas toujours ce que l'on désire, il faut croire, sans parler du fait qu'aux dernières nouvelles, la jeune femme était encore incapable de tuer à distance. Mais, quand même, elle refusait de parler de Lui, de prononcer son nom, et tout le reste, parce que cela l'obligeait à se confronter à ce qu'il lui avait fait, doublement, et triplement, même. Parce qu'en plus d'avoir tenté de l'assassiner, il ne lui avait pas fait un, mais bel et bien deux enfants, visiblement ! Certes, les jumeaux n'étaient pas encore nés, et rien ne garantissait à Nerea de mener sa grossesse à terme, et de donner naissance à deux enfants en santé suffisante pour franchir le cap des un an, ne serait-ce que ça. Peut-être devrait-elle l'espérer de tout son cœur, que son corps ne puisse pas gérer, et qu'elle fasse une fausse couche. Mais cela la mettrait sans doute en danger, maintenant que le terme était suffisamment avancé pour qu'une telle expérience ne s'achève pas aussi facilement que ça et sans dommages à surveiller par la suite ... Elle était certes étudiante en génétique, dans le haut du panier niveau résultats, et elle avait suffisamment de curiosité pour s'intéresser à tout un tas de trucs, mais, quand même, elle ne faisait pas médecine-médecine, alors, elle n'était sûre à 100% de rien du tout. Et poser frontalement la question à Scarlett pourrait donner d'elle une bien mauvaise image, mais, quand même, ce genre de pensées ne lui en traversait pas moins l'esprit. S'il était là, son père lui secouerait sans doute les puces, activement, quant à sa mère ... Nerea ne pourrait jurer de sa réaction, à elle, mais elle se disait bien qu'elle ne serait pas compatissante et très compréhensive. Après tout, Letha semblait dotée d'un sacré caractère, elle aussi, et s'apitoyer, larmoyer, et tout le reste, cela ne devait pas appartenir à son carcan de réactions habituelles ...

En tout cas, oui, c'était l'enfer sur terre. Nerea était venue ici pour rassurer ceux qui tenaient à elle, et sans doute aussi pour se rassurer un peu elle-même, et au final, c'était catastrophique. Scarlett avait déjà évoqué le risque qu'elle pouvait avoir fait encourir au bébé avec sa relation à la drogue achevée il n'y avait pas si longtemps que cela, et maintenant, elle lui apprenait avec certitude qu'elle attendait des jumeaux. Elle ne l'entendait pas se rétracter, ou invoquer le pourcentage représentant la marge d'erreur envisageable. Non, tout ce qu'entendait Nerea, dans les paroles de Scarlett, qui voulait la consoler autant qu'elle le pouvait, c'était purement et simplement la confirmation qu'elle attendait des jumeaux, et que, visiblement, à l'heure actuelle, chacun d'entre eux était encore viable, puisque la professionnelle de santé n'avait nullement parler d'un cœur qui ne battrait déjà plus, ou de quelque chose dans le même ordre d'esprit. Nerea prenait double peine, voire même triple peine. Et elle était incapable de pleinement évacuer sa frustration, gardant délibérément le silence sur une partie entière de son histoire. C'était comme avec l'image de l'iceberg : la partie immergée était bien plus conséquente. Et si elle se mettait à fondre, l'océan déborderait, et on risquerait le raz de marée, métaphoriquement parlant, évidemment. Si sa propre mère était capable de défoncer le nez de son père, que ferait-elle à un type qu'elle ne connaissait pas, qui n'avait jamais rien représenté pour elle, pas plus hier qu'aujourd'hui, et qui avait osé réellement faire du mal à Nerea ? Et que ferait Absalon, comment réagirait-il, lui qui avait déjà menacé de gentils types juste venus inviter Nerea au ciné quand elle n'avait pas encore 15 ans, en leur promettant de leur tirer une balle dans la jambe s'ils tentaient de faire des trucs avec elle alors qu'elle aurait préalablement dit non ? Et concernant tous les autres, Malachi, Scarlett elle-même, Isolde, aussi, même enceinte qu'elle était ? Veera ? Jaime ? Sa nouvelle voisine Gabriela ? Aspen, aussi, sans doute, peut-être ? Eux, et tous les autres ? Lorcan, aussi ? Non ? Elle refusait de l'inclure dans l'équation, lui, parce qu'après tout, comment pouvait-elle être sûre qu'il serait de son côté ? Certes, il avait essayé de rétablir le contact avec elle en apprenant son overdose, mais il était quand même le principal responsable de sa rencontre avec Lui ! C'était via le jeune homme qu'elle L'avait rencontré, après tout ! Et il fallait bien un responsable, et aussi se montrer encore plus prudente que nécessaire ? ... Scarlett avait beau tenter de la rassurer et de la réconforter, Nerea, elle, ne faisait que de tout multiplier par deux, dans sa tête. Le nombre de couches à changer, de séances d'allaitement à gérer, de mobiliers, vêtements et jeux à acheter, et ça, c'était si elle le gardait, enfin, si elle les gardait ... Était-ce seulement deux filles, deux garçons, ou bien un de chaque ? Se ressembleraient-ils trait pour trait ? Tiendraient-ils plus d'elle ou de Lui, ou seraient-ils plutôt tous deux un parfait mix entre leurs deux parents ? Est-ce que l'un d'eux aurait les yeux de Letha, le sourire d'Absalon ? Est-ce qu'ils seraient tous deux porteurs du gène X ? ... Trop de questions, pas assez de réponses, et trop de crainte concernant ce qu'elle pourrait bien apprendre. Nerea s'accrocha à ce verre d'eau que lui tendait Scarlett comme on s'accroche à une bouée en pleine mer, alors qu'on dérive, qu'on n'a pas de gilet de sauvetage et, qu'étrangement, toutes nos heures de natation ne semblent nous servir à rien. Elle but cul sec, au risque de tousser, ou d'en avoir mal au ventre, après. Le verre choquait un peu contre ses dents, parce qu'elle tremblait, ouais, elle tremblait ...
    « J'suis pas forte Scarlett, je chiale, je tremble, j'suis complètement paumée là ! » De colère, de peur, ou pour quelque autre raison que ce soit, Nerea pourrait bien être tentée de s'emporter, de balancer le verre à travers la pièce, pour qu'il explose, mais elle n'en fit rien. Présentement, cela ne lui venait tout simplement pas à l'idée. Elle préférait tendre le verre à Scarlett, pour que celle-ci s'en saisisse, avant de se moucher bruyamment dans le mouchoir, envoyant au diable la féminité ou la discrétion. Elle s'estimait en droit d'être bouleversée, et de faire ce qu'elle voulait comme elle voulait. Mais dans le même temps, se retrouver dans une telle position de faiblesse et réagir de la sorte la faisait terriblement chier, pour ainsi dire. Il fallait sérieusement qu'elle se mette déjà à la respiration du petit chien ? Un instant, la question lui brûla les lèvres, se souvenant d'en avoir rapidement parler avec Isolde, lorsqu'elles évoquaient leur grossesse respective. Dans la même conversation, elles avaient tenté de plaisanter en disant qu'il allait falloir monter une crèche au sein d'Insurgency ! Et voilà que Nerea, à elle toute seule, allait presque en doubler le nombre de futurs pensionnaires ! « C'est injuste, pourquoi ça m'arrive à moi ? Y a des tas de gens qui veulent des bébés, moi, j'ai rien fait pour, et, voilà quoi ! »
Elle ne savait pas comment elle allait l'annoncer à ses parents. Parce qu'elle allait bien devoir le faire, n'est-ce pas ? Jouer la surprise au moment de l'accouchement, ça le ferait moyen, surtout que ça finirait sans doute par se voir, non, qu'elle était plus enceinte qu'elle ne devrait l'être, en suivant le terme ? Sans parler du fait qu'elle accoucherait probablement plus tôt, non ? C'était souvent comme ça que ça se passait, dans la fiction, parce qu'il finissait par ne plus y avoir assez de place pour les deux bébés, et qu'il fallait alors bien qu'ils sortent. C'était le genre de questions qu'elle devrait poser à Scarlett, mais encore une fois, la réponse possible la terrifierait presque. En tout cas, oui, elle allait devoir l'annoncer à ses parents, et c'était loin d'être gagné. Aucun d'eux ne la repousserait, de ça, elle en était sûre. Son père ne l'avait pas foutue dehors quand on lui avait appris, en même temps qu'elle, qu'elle était enceinte. Sa mère n'avait pas éclaté en sanglots en se découvrant une fille de 21 ans déjà enceinte de son premier enfant. Mais ses relations avec l'un comme l'autre étaient loin d'être conventionnelles. Les choses étaient tendues, à raison, entre Absalon et elle. Quant à Letha, Nerea se voyait mal lui en rajouter une couche en lui annonçant qu'à tout juste 40 ans, elle n'allait non pas être grand-mère d'un seul bébé, mais bel et bien de deux. Ce serait un coup à lui coller des rides et des cheveux blancs avant l'heure ... En tout cas, oui, Nerea refusait que la séance de torture s'éternise encore. C'était comme invoquer un esprit, et se retrouver avec un démon à la place, en l'occurrence, deux. Et dans ces conditions là, on met un terme à la séance au plus vite ! Nerea avait besoin de respirer, de se remettre les idées en place, et, plus que tout, elle aurait surtout bien besoin d'un retour en arrière, de la visite d'un certain Docteur et de sa boîte bleue pour embarquer avec lui à l'intérieur et le laisser la ramener à deux ans auparavant, quand elle était encore en couple avec Lorcan, que tout allait bien, et que le grand méchant loup n'était pas entré dans la bergerie, n'avait pas tenté de la faire passer de vie à trépas, et n'avait pas foutu ses louveteaux dans son ventre à elle !
    « Je suis arrivée ici sans savoir ce que j'allais décider de faire, mais là ... Deux bébés d'un coup quoi ! » Sa voix se bloqua quelque peu dans sa gorge, lui faisant gagner un ou deux tons, un genre de retrouvailles avec sa voix de pré-adolescence quoi ... S'essuyant les yeux d'un revers de main, sans doute se retrouvait-elle avec la parodie d'un regard de panda, mais elle n'en avait cure. Disons quand même qu'elle n'avait pas exactement pensé à se mettre du mascara waterproof, quand même, en fait ... « Tu veux vraiment que je reviennes ? ... La prochaine fois, tu vas m'annoncer quoi ? Qu'en fait, y en a un troisième, qu'ils ont des cornes, ou que je vais jamais pouvoir les faire sortir par voie basse et qu'ils vont rester coincés pour toujours, ou qu'on va devoir me sacrifier, hmm ? » Ouais, clairement, elle virait volontairement dramatique, là ... « Personne ne comprend Scarlett ... Pas quand ... » Elle s'interrompit. « Je pourrais peut-être traîner Lorcan jusqu'ici : c'est sa faute, tout ça, après tout, si ma vie risque d'être ruinée ... Ou Isolde, quoi qu'elle pourrait accoucher sur place ... Ma mère, peut-être ? ... »
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeDim 13 Mar 2016 - 22:02

Trick or treat, what would it be ?
NEREA & SCARLETT

Scarlett ne savait plus quoi faire ou dire pour rassurer Nerea. Il y avait des limites à ce qu'elle pouvait faire, même armée de la meilleure volonté du monde. Que ce soit en tant que médecin ou en tant qu'amie, elle ne pouvait apporter qu'un soutien limité à la jeune femme, quand bien même ce n'était pas faute d'essayer. Ce n'était pas d'elle que Nerea avait besoin, mais de sa famille, de ses parents. Scarlett savait bien que ce n'était pas simple entre la jeune Castellanos et Letha et Absalon, mais ces deux là devraient peut-être songer à mettre leurs différends de côté pour prendre soin de leur enfant. Nerea avait peut-être passé la vingtaine, elle n'en restait pas moins une demoiselle encore très jeune, et de toute évidence loin d'être préparée à sa future maternité. Elle allait avoir besoin de tout le soutien dont elle pouvait bénéficier, celui de ses proches tout particulièrement. Des solutions d'accompagnement, Scarlett pouvait lui en proposer quelques unes, mais aucune ne serait aussi efficace que l'aide de sa famille. La chirurgienne avait rencontré de nombreuses femmes dans sa situation, et beaucoup s'en sortaient avec l'aide des personnes qui comptaient pour elles. Pour celles qui n'avaient pas la chance d'être entourées, c'était beaucoup plus compliqué, et c'était pour ces futures mères en détresse que Scarlett faisait son maximum. Se contenter de les référer à un collègue psychiatre ou une assistante sociale, ce n'était pas une chose qu'elle aimait faire, cela lui donnait trop l'impression de se débarrasser de ses patientes comme l'on se débarrassait d'une corvée. Elle n'était pas devenue médecin pour la gloire, mais pour aider les autres. Aider Nerea, elle le voulait réellement, si elle avait pu l'alléger de sa peine en claquant des doigts elle l'aurait fait bien volontiers. Hélas, elle ne pouvait que l'étreindre doucement, lui offrir un verre d'eau, lui murmurer des paroles rassurantes visant à la calmer. Elles étaient proches, mais pas assez pour qu'elle fasse une réelle différence, et elle n'oubliait pas qu'en plus de porter une blouse de médecin, elle était la messagère qui lui avait apporté la bien mauvaise nouvelle. Et peut-être n'était-ce même pas terminé, elle ne pouvait pas encore lui assurer que les jumeaux étaient en parfaite santé. Nerea devrait encore faire de nombreuses analyses... La pauvre s'était engagée sur une route bien angoissante.

La chirurgienne laissa la jeune femme avaler son verre d'eau cul sec, comme l'on aurait avalé un shot d'alcool, avant de récupérer le gobelet qu'elle lui tendait en secouant doucement la tête. Puis elle attendit que Nerea ait terminé de se moucher pour reprendre la parole, une main sur son épaule. « Tu es perdue, tu es terrifiée, c'est parfaitement normal. Mais je peux t'assurer que ce n'est pas ça qui remettra en cause ta force de caractère. Il va te falloir un peu de temps pour digérer la nouvelle. Cette grossesse est déjà difficile à gérer, et je viens de t'annoncer qu'il s'agit d'une grossesse gémellaire. N'importe qui à ta place craquerait. Et c'est bien, cela vaut mieux que de tout garder pour toi, crois-moi. » Scarlett était – trop – bien placée pour savoir que garder ses émotions pour soi pouvait avoir des effets néfastes, que ce soit sur un plan personnel ou plus général. Ne rien exprimer, c'était la catastrophe assurée. Cependant la nouvelle réplique cinglante de la jeune femme la fit grimacer et elle se sentit pâlir. Il y a des tas de gens qui veulent des bébés. La jeune femme savait-elle seulement que la praticienne qui lui faisait face avait perdu son enfant un an plus tôt, alors qu'elle était sur la fin de son second trimestre ? Scarlett faisait partie de ces gens qui voulaient un bébé, elle faisait même partie de ceux qui en avaient perdu un et elle ne savait pas si elle pourrait s'en remettre un jour. Leurs situations étaient très différentes, Scarlett était adulte et dans une relation stable lorsqu'elle était tombée enceinte de sa fille, mais la remarque de Nerea lui avait tout de même fait l'effet d'un coup de poignard dans les entrailles. Si Scarlett n'avait pas été Scarlett, la douce et compréhensive Anglaise, elle aurait très certainement craché son venin au visage de sa patiente en lui disant qu'elle aurait bien aimé que leurs places soient inversées. Mais au lieu de cela, elle se contenta de prendre une profonde inspiration et de faire comme si elle n'avait rien entendu, pour ne pas s'engager sur une pente glissante qu'elle avait déjà eu bien du mal à remonter la première fois. Et elle mettrait tout cela sur le compte de l'angoisse et de l'émotivité.

Il était clair qu'il valait mieux ne pas poursuivre l'examen, faute de quoi Nerea risquait bien de faire une véritable crise de nerfs, ce qui ne l'aiderait pas franchement à voir sa situation d'un autre œil. Ce qu'il lui fallait, c'était du repos, du calme, et du soutien. Elle pourrait revenir dans quelques jours, ce ne serait pas dramatique et peut-être qu'elles pourraient repartir sur de meilleures bases. « Je sais que ça fait beaucoup à encaisser d'un coup, Nerea. Mais tu as tout de même bien fait de venir, comment aurais-tu fait si tu l'avais découvert à l'accouchement, ou s'il y avait un problème ? » Scarlett soupira doucement, avant de tendre un nouveau mouchoir à la jeune femme, pour qu'elle puisse essuyer ses yeux dégoulinant de mascara. « Je sais que tu n'en as probablement pas envie, mais je dois insister pour que tu reviennes me voir. Chaque grossesse nécessite un suivi médical, c'est important. Plus encore lorsque l'on attend des jumeaux, cela change beaucoup de facteurs. Il ne s'agit pas que de leur santé à eux, mais aussi de la tienne. Il faut que tu sois suivie, Nerea. » Elle insistait, parce que c'était son rôle de médecin et d'adulte, et que Nerea n'était clairement pas en mesure de prendre seule des décisions rationnelles qui ne soient pas influencées par ses émotions. Elle était majeure, alors elle ne pouvait pas l'y forcer, simplement espérer qu'elle lui fasse suffisamment confiance pour suivre ses conseils.

« Reviens avec une personne qui sera là pour toi, une personne en qui tu as confiance. Je suis sûre que ta mère comprendrait et serait soulagée de savoir que tu es suivie. » Scarlett n'avait encore jamais rencontré Letha, mais elle se doutait qu'en tant que mère, cette dernière préférerait savoir que sa fille consultait un médecin pour la suivre tout au long de sa grossesse, d'autant plus qu'elle aussi était tombée enceinte très tôt. « J'aimerais autant éviter que tu ne viennes avec Isolde, déjà qu'elle n'écoute pas beaucoup mes conseils... » La rouquine eut un petit rire, avant de passer une main dans les cheveux de Nerea avec une tendresse maternelle. « Je pense que tu as eu assez d'émotions fortes pour une seule journée. Là, ce que je te conseille c'est de rentrer chez toi et de te reposer. J'insiste, Nerea. Il faut que tu te calmes, pour que tu puisses réfléchir à tout cela à tête reposée. Ne prends aucune décision hâtive dans cet état... » Scarlett tenta un sourire, tout en sachant pertinemment que ce n'était pas cela qui rassurerait la jeune femme. Au moins, elle ne pourrait pas lui reprocher un manque de sensibilité et de compassion, comme à certains de ses collègues qui avaient toujours l'air profondément ennuyés par leurs patients – c'était à se demander pourquoi ils avaient choisi de pratiquer la médecine. « En attendant, est-ce que tu veux que je te raccompagne chez toi ? Je pourrais repousser mon rendez-vous suivant si tu as besoin d'un peu de compagnie sur le chemin du retour, ça ne me dérangerait pas. » Libre à Nerea d'accepter ou pas, mais elle lui aurait au moins offert cette option. Elle lui avait promis d'être là pour elle quoi qu'elle décide, et elle avait bien l'intention de tenir sa promesse.
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeVen 1 Avr 2016 - 1:15

Trick or treat, what would it be ?
My heart still beats and my skin still feels. My lungs still breathe, my mind still fears. But I'm running out of time. The echoes in my mind cry. There is blood on my lies. The sky's open wide, there is nowhere for me to hide. I'm running with the wolves. Trick or treat, what would it be ? My ears can hear and my mouth can speak. My spirit talks, I know my soul believes. I'm running with the wolves tonight, running with the wolves.

Nerea n'était pas novice en bébés ou en bambins. Elle avait, après tout, sûrement plus de 500h de baby-sitting à son actif, voire même plus à ses yeux, parce qu'elle considérerait sans doute toujours que de supporter certaines jeunes hommes de son âge en cours, que ce soit au temps du lycée que sur les bancs de l'université, cela revenait à faire des heures de garderie, non rémunérées, ces heures, en plus ! De la même façon, elle n'avait pas non plus été épargnée par quelques dérapages puériles dans son entourage, comme Absalon quand il fait la tête parce que son équipe de sport favorite s'est prise une tôle ou que le match a été annulé pour une raison ou pour une autre, ou alors, aussi, son oncle Jaime, qui, en sa présence, semble si souvent perdre 10 à 15 piges d'un coup. Et ne parlons pas de certains de ses ex, qui n'en menaient pas non plus très large niveau maturité. Et, là, oui, clairement, il fallait qu'elle évite de penser à eux, tous autant qu'ils étaient, pour ne pas avoir à penser à Eux, à Eux avec un grand E, un E majuscule, tout ça tout ça ... En tout cas, hormis ses heures de baby-sitting et de garderies, avérées ou non, Nerea avait aussi eu des bambins dans sa famille. Comme sa cousine, par exemple. Sa cousine qu'elle aimait tant et qui avait senti si bon, avec ses fesses talquées et le parfum de Veera tout partout sur elle, aussi, quand la jeune maman passait son temps à la bisouiller de tout partout, ou qu'elle cherchait à couvrir les odeurs malodorantes de sa fille. Il y avait aussi l'arrivée, dans les mois précédents, de sa petite sœur, fruit des amours d'Absalon, leur père, avec sa nouvelle compagne. En y repensant, Nerea ne pouvait s'empêcher de penser que, dans l'histoire, celui qui avait pris du bon temps au détriment des autres, cela avait été son père. Ni Letha ni la belle-mère de Nerea n'étaient responsables de la situation. Et si l'on pouvait arguer qu'on peut s'empêcher de faire des bébés avec des hommes encore mariés, théoriquement, cela faisait quand même 8 ans que le mari et la femme ne vivaient plus ensembles et ne s'étaient pas donnés de nouvelles. Ou plutôt, cela faisait 8 ans qu'Absalon s'était tiré de Washington DC sans prévenir, en embarquant Nerea sous son bras, sans jamais faire de retour en arrière et sans laisser à Letha la chance de comprendre, ou de réellement les retrouver, aussi. Et ce genre de savoirs, de connaissances et de pensées, cela faisait hurler Nerea de rage, ou presque. Disons en tout cas que cela ne lui plaisait pas du tout, et que c'était une source d'émotions plus que mauvaises dans sa situation. Le pire dans tout ça aurait été que le futur grand-père en devenir rejette sa fille et l'enfant à venir. Parce que, là, clairement, Nerea aurait eu plus que de quoi couper les ponts avec son géniteur. Et il était malin, et futé, l'Absalon. Il ne se comportait pas comme un con en toute situation ... Pour ainsi dire, d'ailleurs, il ne semblait avoir merdé sur toute la ligne que dans un seul domaine, mais, malheureusement, dans quel domaine ! ... Cependant, malgré tout ça, malgré le fait qu'elle ait de l'expérience, qu'elle ait pu se faire la main, tout ça tout ça, qu'elle ne soit pas asociale ou misanthrope et qu'elle n'ait rien contre les gamins en général, Nerea ne se sentait pas l'âme d'une future mère. Du moins, pas tout de suite, pas maintenant ... Elle n'était certes plus une gamine, et dans quelques semaines, elle serait même diplômée en génétique, ce qui lui permettrait sans doute d'entrer sur le marché de l'emploi, alors, techniquement, elle était en passe de pouvoir financièrement s'assumer seule, même si, dans les faits, elle était déjà capable de se payer son loyer et la majorité de ce dont elle avait besoin grâce à son poste à mi-temps au Poste de Police. Mais cela ne signifiait en rien qu'elle faisait déjà une place dans sa vie à ce, ou plutôt à ces bébés qui s'annonçaient. De la même façon, ce n'était pas parce que vous pouviez vous permettre de faire quelque chose que vous le faisiez obligatoirement, et immédiatement, dès lors que l'occasion vous en était donnée. Et bien là, pour elle, dans sa situation, c'était plus ou moins pareil ... Sauf qu'on ne se dépêtre pas si facilement de ce genre de futur évènement ...
    « Les choses tournent déjà mal, dès maintenant, imagines ce que ça va être par après ... Je veux dire, j'en suis déjà à la 2e mauvaise nouvelle liée à cette grossesse, et on dit bien jamais 2 sans 3 ... Mais, comme dirait ma Nana, "Se recoge lo que se siembra". ... J'ai dû faire une grosse bêtise dans une vie antérieure ... » Et dire qu'en réalité, elle ne croyait pas à ces âneries d'horoscope, d'astrologie et de réincarnations, contrairement à sa grand-mère, par exemple ... En tout cas ... En tout cas, peut-être une telle visite fut-elle nécessaire. Mais elle a eu aussi des allures de calvaire, et si cela doit recommencer, sur le même tempo, à chaque fois, pas sûr que les nerfs tiennent le coups et la cadence ... « J'ai pas vraiment le choix, de toute façon ... Au rythme où ça va, je vais droit dans le mur si je m'isole. ... J'ai encore un corps de jeune femme, j'veux dire, et, clairement, deux bébés là dedans, ça va pas être facile, pour eux comme pour moi, n'est-ce pas ? ... »
Durant un instant, cela ne la dérangeait pas d'être quelque peu renvoyée à sa jeunesse, à sa condition de jeune femme aux pas encore balbutiants dans la vie. Scarlett ne l'infantilisait pas, certes, mais ce geste tendre, d'affection, cette main dans ses cheveux, cela ne passait pas inaperçu. Et peut-être qu'au final, si Nerea, facile d'accès, n'était pas forcément commode à réellement approcher, tactilement et mentalement, il s'avérait que lorsqu'elle vous ouvrait son cœur, cela vous donnait accès à certains droits. A ce titre, Scarlett n'avait rien à envier à Malachi, par exemple ... Ne parlons pas de Letha, bien sûr, qui, elle, boxait tout de même dans une toute autre catégorie. En tout cas, Scarlett pourrait aisément être de ces personnes que Nerea pourrait potentiellement solliciter pour l'accompagner à l'un de ses futurs rendez-vous obstétriques. Mais la professionnelle de santé ne pouvait être juge et parti, comme on dit. Et puis, clairement, une troisième personne ne serait guère de trop. Et comme son choix en reviendrait à Nerea, il ne pourrait s'agir d'un usurpateur ou d'un parasite, de quelqu'un qui s'incruste et est clairement de trop ... La jeune femme ne manquait pas de proches en qui elle avait confiance, cependant, il s'agissait tout de même là d'un sujet assez intime, et, à n'en pas douter, ce genre de choses est bien plus approprié à la famille. Et de la famille, Nerea en avait aussi, mais en effectif plus restreint. D'autant plus parce que ses relations avec chacun de ses membres n'étaient pas forcément toutes énormément à leur plus beau fixe. Sans parler du fait que, par exemple, elle ne se voyait pas du tout ramener avec elle l'un des hommes de la famille, préférant que ce moment soit partagé entre femmes. Et puis, aussi, elle savait que son oncle, son grand-père ou encore son père n'auraient pas forcément envie d'être aussi proches que ça de ce moment assez intime, oui. Et même si un examen tel que celui-ci ne requérait en rien l'obligation de se déshabiller plus que de raison, il s'agissait quand même de l'intérieur du ventre de Nerea ... Clairement, une exception à la règle existait bien, celle du père, mais Nerea n'était en rien capable d'être dans cette situation là. Le père était un connard, qui avait voulu la buter, alors, directement, il n'y avait même pas lieu de se poser la question de savoir ou non si elle obterait pour ce choix là. D'autres proches, féminines, étaient éliminer des potentielles candidates, car un peu trop ... Disons que, par exemple, Nerea ne se voyait pas solliciter la présence d'Aspen. Cela serait sans doute trop gênant et maladroit, entre elles, en prenant compte du fait que, tout de même, Lorcan avait foiré en beauté, et que si tout était resté à son zénith avant que Monsieur ne parte dans des délires paranoïaques surgis de nulle part, peut-être qu'à cette heure-ci, ce serait ses enfants à lui qu'elle attendrait. Isolde, elle, était directement, ou presque, écartée par Scarlett, mais, de toute façon, Nerea ne se voyait en effet pas trop lui demander de l'accompagner, comptes tenus du fait qu'elle était encore plus enceinte qu'elle !
    « Je crois que ... Je crois que choisir de demander à ma mère de m'accompagner serait le plus judicieux. On a des tas de choses à rattraper, toutes les deux, et cela ne sera jamais pareil que de les avoir réellement vécues ensembles, alors, de ça, je ne veux pas l'en priver, si on est en mesure de le vivre directement toutes les deux, côte à côte. ... C'est la meilleure option, n'est-ce pas ? » Et là, Nerea se mordilla, un instant, par réflexe, le coin de l'un des pouces, rognant au maximum la cuticule qui entourait ce dernier. Et puis, finalement, elle arrêtait, parce que ce genre de truc, une fois que vous commencez, vous ne pouvez plus vous arrêter, parce que ça repousse en faisant moche, et que, parfois, ça fait mal parce que vous tirez plutôt que sectionnez, et, du coup, oui, ça fait mal. Et puis ... Et puis, Scarlett se proposait de la ramener, une sorte de transition comme une autre, en somme. « C'est vrai ? Ça te dérangerait pas ? Avec la nouvelle que tu viens de m'annoncer, je me vois mal rentrer seule, et c'est toujours compliqué de déranger mes parents au Poste ... Je vais me faire porter pâle, en cours et au boulot, ça m'a tuée, tout ça ... »
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeLun 11 Avr 2016 - 19:12

Trick or treat, what would it be ?
NEREA & SCARLETT

Le cas de Nerea Castellanos était-il désespéré ? Absolument pas, quoi que puisse en penser la principale intéressée. Certes, sa grossesse n'avait pas commencé sous les meilleurs augures, mais ce n'était pas une fatalité. À présent que la jeune femme s'était décidée à consulter, elle avait toutes les chances de son côté. Deux enfants, c'était beaucoup de responsabilités pour une étudiante, mais Nerea avait une force de caractère que Scarlett n'avait pas eue à son âge. Elle s'en sortirait, la chirurgienne avait foi en elle – et tant pis si Nerea n'en était pas encore convaincue. Le ciel venait de lui tomber sur la tête, alors Scarlett ne lui demanderait pas de déplacer des montagnes. Il lui faudrait déjà commencer par digérer l'annonce de sa grossesse gémellaire, et une fois ce cap franchi, elles pourraient avancer. Laisser passer quelques jours avant ses prochains examens ne pourrait pas lui faire de mal, elle n'allait de toute façon pas accoucher avant plusieurs mois. « Je ne te savais pas si superstitieuse. » Scarlett haussa les sourcils sans se départir de son sourire rassurant. « Très honnêtement, je pense que ce qui t'arrive n'a rien à voir avec une histoire de karma. Sans vouloir offenser ta grand-mère... » La vie était ce qu'elle était, mais Scarlett ne pensait pas que Nerea ait fait quoi que ce soit pour "mériter son sort". Elle était dans cette situation à cause d'une successions de mauvaises et difficiles décisions, mais certainement pas à cause d'une entité surnaturelle toute puissante qui l'aurait décidée. Scarlett n'avait jamais cru en ce genre de choses, et si elle respectait les croyances de chacun, quand elle entendait des gens dire qu'un patient s'en sortirait si "Dieu le voulait", ça lui donnait des envies assassines. « Ne t'en fais pas pour ton corps. Tu es encore jeune, c'est vrai, mais tu n'es plus adolescente. J'ai eu des patientes beaucoup plus jeunes que toi, et tout s'est très bien passé pour elle. Je ne peux pas me risquer à faire de généralités, mais je ne vois pas pourquoi tu aurais plus de problèmes qu'une autre. Et puis tu sais, une grossesse gémellaire est particulière pour n'importe quelle femme, peu importe son âge. Ce qui peut faire toute la différence, c'est un bon suivi. » Elle était justement là pour ça. Maintenant que Nerea avait franchi la porte de son bureau, il était de la responsabilité de la chirurgienne de s'assurer que tout irait au mieux pour elle et les bébés.

« Je ne sais pas si tu l'as encore, alors je vais te redonner mon numéro personnel. » Scarlett attrapa le bloc de post-it sur son bureau ainsi qu'un stylo, et sur la première feuille elle nota ses numéros de portable et de fixe, pour ensuite la tendre à la jeune femme. « Si tu as des questions, ou simplement besoin de parler, appelle-moi. En cas d'urgence aussi, ça va de soi. » Elle ne savait pas si Nerea oserait l'utiliser, mais au moins, elle l'avait. Ses coordonnées personnelles, elle évitait généralement de les donner à ses patientes pour conserver un semblant de vie privée, mais pour Nerea elle était prête à faire une exception, sachant parfaitement que la jeune femme n'abuserait pas de sa bonté. « Pour moi, l'essentiel est que tu reviennes accompagnée. Mais oui, je pense que revenir avec ta mère sera la meilleure option. Son soutien te fera du bien, tu verras. » Scarlett aurait beaucoup donné pour que sa mère puisse l'accompagner dans les moments difficiles. Deux fois orpheline de mère, si ce n'était pas de la malchance... Nerea avait pu retrouver la sienne, alors elle ne devait surtout pas la laisser filer une autre fois. Le lien mère-fille était quelque chose qui manquait énormément à Scarlett, c'était un vide dans son existence que rien ni personne ne pouvait combler. Ce que l'on disait était vrai, peu importait l'âge que l'on avait, on avait toujours besoin de sa mère. « Ne t'inquiète pas, si je te propose c'est que ça ne m'ennuie pas. Et je vais te faire un certificat médical pour le travail et la fac. Une semaine, renouvelable si tu as besoin de davantage de repos. » La chirurgienne doutait fort qu'elle accepte de rester tranquille chez elle sept jours de suite, mais au cas où... D'une écriture bien plus lisible que celle de bon nombre de ses collègues, Scarlett rédigea le certificat médical et une ordonnance, pour le traitement léger qui soulagerait ses nausées. « Repose-toi, au moins un peu. C'est vraiment important pour ton bien-être et celui des bébés, alors j'insiste, Nerea. » Insister, c'était bien tout ce qu'elle pouvait faire, elle n'irait pas jusqu'à harceler la demoiselle pour qu'elle garde le lit.

Scarlett passa ensuite un coup de fil à sa secrétaire pour la prévenir de son absence, puis elle glissa son téléphone et son biper dans la poche de sa blouse, au cas où elle sera contactée pour une urgence. « Allez, viens. Assez d'émotions fortes pour aujourd'hui. » Elle invita la jeune femme à se lever et à la suivre, et toutes les deux se rendirent au parking de l'hôpital où Scarlett avait sa place attribuée. Elle laissa Nerea s'installer sur le siège passager et peu de temps après, elles quittaient l'hôpital. Durant toute la durée du – court – trajet, la chirurgienne s'évertua une nouvelle fois à rassurer Nerea, espérant qu'à force de se répéter, la jeune femme finirait par la croire, et tant pis si elle lui paraissait agaçante. Mieux valait en faire trop que pas assez, Scarlett voulait avoir la certitude de faire absolument tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider. Lorsqu'elles furent arrivées au pied de l'immeuble où vivait Nerea, Scarlett se gara à proximité de l'entrée. « Et surtout n'oublie pas. Le meilleur remède contre la déprime, c'est le chocolat. » Elle se pencha et se permet de déposer un baiser sur la joue de Nerea, un geste maternel qu'elle se permettait parce qu'elle la connaissait bien, et parce qu'elle semblait en avoir besoin. Scarlett attendit que Nerea ait disparu dans le hall d'entrée pour redémarrer et retourner à l'hôpital, soucieuse du bien être de sa jeune patiente, et réfléchissant déjà à la stratégie à adopter lors de leur prochain rendez-vous.
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MessageSujet: Re: Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett   Trick or treat, what would it be ? ⚔ Scarlett Icon_minitimeLun 2 Mai 2016 - 1:17

Trick or treat, what would it be ?
My heart still beats and my skin still feels. My lungs still breathe, my mind still fears. But I'm running out of time. The echoes in my mind cry. There is blood on my lies. The sky's open wide, there is nowhere for me to hide. I'm running with the wolves. Trick or treat, what would it be ? My ears can hear and my mouth can speak. My spirit talks, I know my soul believes. I'm running with the wolves tonight, running with the wolves.

Peut-être que d'une certaine façon, les semaines et mois passant, tout ceci allait devenir plus facile, plus agréable. Peut-être. Peut-être allait-elle finir par se sentir plus légère, métaphoriquement parlant, et plutôt sur le plan psychique que sur le plan physique. Pour perdre du poids chaque jour plutôt que d'en gagner, Nerea devrait attendre d'accoucher, ce qui n'était pas prévu avant encore quelques mois. Peut-être qu'elle allait s'y faire, qu'elle allait renverser la situation d'une quelconque façon que ce soit, et ne conserver que le positif. Se focaliser sur les bébés, sur ses bébés, plutôt que sur les circonstances de leur conception et sur l'identité et la nature de leur géniteur. Elle refuserait sûrement de parler de père, cependant, parce que, malgré tout, il y avait des limites à ce à quoi on pouvait se faire et à ce qu'on acceptait de faire entrer dans sa vie et dans son futur. Cette grossesse avait-elle cependant tant besoin d'être encore plus particulière qu'elle ne l'était déjà ? Peut-être que dans une vie antérieure, la jeune femme avait-elle fait une bêtise si énorme que le karma souhaitait la punir, la sanctionner, encore et encore. La normalité et le conventionnel n'avaient jamais été ce qui la tentait, mais, tout de même, elle savait se montrer plus raisonnable que cela pour avoir un jour voulu que tout ceci n'atteigne de telles extrémités. Oui, peut-être qu'elle allait rationaliser tout ça, tout remettre en contexte, accepter d'écouter et d'intégrer les encouragements et les paroles rassurantes prodigués par ses proches. Peut-être. Mais, plus tard. Pas maintenant, juste ... Juste pas maintenant. Il était encore trop tôt pour ça, Nerea avait besoin de temps. De temps pour s'y faire, ou pouvoir trouver un moyen de gérer au mieux la situation sans tout envoyer dans le décor. Elle avait besoin de temps pour digérer ça, tout ça : le fait qu'elle était définitivement contrainte et forcée de donner le jour à ses bébés, le fait, aussi, qu'elle attendait non pas un mais deux bébés, des jumeaux, quoi. Comme le disait Scarlett, elle était encore jeune. Et, visiblement, sa grossesse ne se déroulait pas si mal que ça, en ses débuts. Il n'y avait sans doute pas exactement de raison pour laquelle elle viendrait à expirer avant d'avoir accouché. Quoi qu'avec cette ville qui partait chaque jour un peu plus en vrille, sans doute pouvait-on s'attendre à tout. Mais quelque chose lui disait qu'on ne laisserait rien lui arriver, autant que faire ce peu. Elle avait encore son père avec elle, et ce malgré toutes les misères auxquelles elle pouvait le vouer, dernièrement. Elle avait aussi sa mère, si fraîchement retrouvée, qui ne laisserait certainement rien ni personne lui reprendre sa fille aussitôt retrouvée aussitôt de nouveau perdue. Il y avait Malachi, Scarlett, Aspen, aussi, et tant d'autres. Nerea était chanceuse d'être autant entourée, mais, après tout, sans doute le méritait-elle. Certes, ceux qui étaient de sa famille étaient plus ou moins obligés d'être de son côté, de la soutenir, mais elle avait tout de même un paquet d'amis et de proches avec lesquels elle ne partageait sans doute pas une seule once du même sang, et pour cause : entre ses origines hispaniques et océaniques, peu de sang américain coulait sans ses veines, pour ne pas dire pas du tout. Quoi qu'il ne faille jamais jurer de rien ... Ces amis là, ces proches là, ils l'appréciaient pour celle qu'elle était, et elle n'avait pas acheter leur affection, ce qui voulait bien dire qu'elle devait sans doute pouvoir compter sur eux pour sauver son joli petit cul s'il devait lui arriver quelque chose, non ?

Sur le trajet du retour, Nerea fut moins mutique qu'elle aurait pu choisir de l'être. Après tout, ignorer les gens, ce n'est pas si dur que ça, tout le monde ou presque passe son temps à agir ainsi ! Mais pas elle. Du moins, pas là, pas maintenant. Pas en présence de Scarlett. Scarlett qui s'évertuait à la rassurer, à lui montrer le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. A lui montrer le côté rouge et mûr de la pomme, et pas son côté vert et encore si acide du peu de sucre qui s'y trouvait. Et Nerea s'accrochait à ce post-it et à cette ordonnance qu'elle lui avait donné, comme on s'accroche au truc le plus précieux du monde, ou bien à une bouée, quand on est en dérive en pleine mer et qu'on n'a plus que ça pour ne pas couler jusqu'au fond des abysses. Elle s'accrochait à ces morceaux de papier là, non sans tracer les courbes de l'écriture manuscrite de l'obstétricienne du bout des doigts, comme pour s'en imprégner, ou rendre tout ce qui y était écrit encore plus concret, encore plus réel. Elle ne lisait dans les yeux de la jolie rousse rien d'autre que de l'honnêteté, du naturel, de la franchise. Elle ne percevait aucune volonté de lui sortir un discours bien rodé, bien préparé, dénué de toute individualité et de tout particularisme. Nerea sentait bien que Scarlett s'adressait à elle et à elle seule, qu'elle n'adaptait nullement le moindre discours bateau et lambda. Elle sentait bien que son interlocutrice lui parlait avec sincérité, et avec le cœur. Pas besoin pour elle de s'interroger, donc, sur le fait que, oui ou non, les numéros qu'il y avait d'écrit sur le post-it étaient bien les bons, ou s'il ne s'agissait pas d'une mauvaise plaisanterie qui conduirait Nerea vers un autre interlocuteur, ou juste sur la voix quasi robotique du service téléphonique qui vous dit que ce numéro n'est pas ou plus attribué. Peut-être que le meilleur endroit pour se reposer, enfin, ce serait chez son père, dans sa chambre de petite fille puis d'adolescente, avec ce grand lit king size, et ce calme du voisinage, quand les vieux du coin ne décident pas de mettre leur poste de télévision à fond ou qu'ils ne se mettent pas à passer la tondeuse n'importe quand, alors que leur gazon est déjà parfaitement tondu. Mais Nerea en avait encore bien trop gros sur le cœur pour aller se réfugier chez son père, à qui elle faisait encore la tête, malgré tout. Alors, à bien y réfléchir, elle avait refilé son adresse de colocation, là où elle vivait avec ce cher Kelian. Elle aurait aussi pu indiquer à Scarlett de la conduire chez Letha, ou encore chez Malachi, où elle s'était mise en pause, la dernière fois. Mais Kelian, lui, ne lui poserait pas de question. Il mettrait sûrement les pieds dans le plat en ne faisant pas exactement attention à l'humeur de Nerea, et, pour une fois, ce serait plus que très bien comme ça. Elle ferait l'impasse sur la gueulante pour cette fois. Même si, en finissant de dormir, parce qu'elle avait décidé qu'elle irait vite fait s'allonger dès en rentrant à l'appart', elle trouvait de la vaisselle sale dans l'évier, et des boxers crades sur le plancher, alors que l'appel de la machine à laver ou du panier à linge n'aurait toujours pas atteint les sens cognitives et raisonnés de son cher colocataire. Ouais, c'était pour dire si Nerea avait accepté de se ranger aux conseils de Scarlett, du moins, à celui là, à celui qui la poussait à se reposer ! Peut-être parce qu'il s'avérait que c'était le plus simple à suivre, celui qui engagerait le moins possible quelque effort de sa part pour bouleverser son flux actuel de pensée et le sens de sa réflexion en cours.
    « Il y a quelques mois, je t'aurais bien dit que contre la déprime, chocolat et garçons se valent, mais, bon, je crois que, en ce moment, seul le chocolat peut faire l'affaire. Le chocolat noir, seulement. Sur des pancakes. Ou dans des galettes de maïs, fondu ! » Et puis elle fermait les yeux, se laissant envahir par cette vague de chaleur provoquée par ce baiser déposé affectueusement sur sa joue. Si elle avait été un chat, sans doute aurait-elle pu présentement ronronner. Mais elle n'était pas un chat, alors elle n'en fit rien. « Merci pour tout Scarlett, vraiment ... T'imagines pas à quel point ça fait du bien de savoir que tu es là ... Et que tu es toi ... Et maintenant, j'arrête, avant de pleurer et de te faire pleurer ! » Et elle fila, Nerea, sans lui rendre son baiser, sur la joue, et sans ouvrir aussi vite que possible la portière avant passager. Elle fila, sans trottiner, certes, mais d'un pas plus léger que celui qui l'avait poussée jusqu'à l'hôpital. Elle sentait le poids des choses peser un peu moins lourdement sur ses épaules, même si elle ne se faisait pas de film et savait très bien qu'il ne s'agissait que d'une sensation. Mais quand même, cela faisait du bien ... Et elle fila, Nerea, en adressant un dernier signe de la main à la jolie rousse, avant de laisser la lourde porte de l'entrée de l'immeuble se refermer derrière elle. Elle fila, tout en se promettant d'être suffisamment raisonnable pour suivre le plus possible de conseils reçus de la part de Scarlett. Elle fila, la main sur son portable, prête à envoyer un sms à sa mère, avant de se raviser et de se dire que cela attendrait qu'elle se réveille de sa sieste. Elle et les jumeaux n'iraient nulle part, sa mère non plus, alors ... Alors à la place, elle envoyait un joli émoticône en forme de cœur à Scarlett, juste comme ça. Juste comme ça, juste avant de filer vers l'ascenseur.
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