– take me down the line –

REESE ET NYREEN / I can move mountains, I can work a miracle, work a miracle. I'll keep you like an oath : "May nothing but death do us part..." She wants to dance like Uma Thurman, Bury me 'til I confess. She wants to dance like Uma Thurman, And I can’t get you out of my head. – FALL OUT BOY.

Plus de peur que de mal : c’était le bilan qui avait résulté de tout ce chaos. Evey n’était pas blessée, et ses plaies à elle n’étaient que superficielles. De quoi témoigner de sa fureur et de l’annihilation de ses limites lorsqu’il s’agissait de retrouver sa progéniture et de la protéger. Rien qui ne nécessitait un séjour à l’hôpital — de ce genre de vacances dont elle se passait volontiers quand elle le pouvait. Barry lui avait suggéré d’aller se faire examiner, juste au cas où. Elle lui avait dit qu’elle irait, mais ne pensait pas qu’il y ait cru un seul instant. Pas l’genre à bien mentir ; pas l’genre à vouloir se montrer convaincante, tout simplement. Elle se fichait pas mal qu’on la materne, qu’on veuille la voir en santé. Ce n’était pas le type d’attentions qui la faisaient papillonner, ou se sentir mieux. Elle avait grandi indépendante, volontaire et débrouillarde. Qu’on manifeste une intention de veiller sur elle l’handicapait. Elle se sentait obligée envers les gens, et détestait ce genre de dette sentimentale plus que tout au monde. Alors, dès qu’elle avait pu, elle avait filé. Pas de passage par l’hôpital, malgré l’inquiétude douce d’Evey. Elle avait ramenée l’enfant chez elle et l’avait douchée, mise en pyjama. L’avait laissée apposer un pansement décoré de petites fleurs sur son arcade sourcilière qui continuait de saignoter. Fallait ce qu’il fallait, quand il était question de rassurer la petite, et de se faire plus facilement obéir. On aurait beau dire ce qu’on voulait, les chiens ne faisaient pas des chats, et tant que la mère n’avait pas montré à la fille son désir de prendre soin d’elle aussi, et de ne pas se laisser aller, la petite avait catégoriquement refusé d’obtempérer, et de se laisser dorloter.

Les émotions étaient passées, pour la grande majorité. La salle de bain était nettoyée, la cuisine rangée. Elle avait enfin pu s’asseoir sur le canapé, laissant Evey jouer encore quelques minutes, avant que ne vienne l’heure de la coucher. Ses doigts effleurèrent rapidement le pansement qui recouvrait toujours son arcade sourcilière. Le sang commençait à en dégorger ; il allait falloir le changer, et faire quelque chose pour que l’hémorragie — bien que légère — cesse. Mais chaque chose en son temps.

Lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir à la volée, elle se redressa d’un bond, prête à en découdre avec quelque malotru qui se serait aventuré dans les parages. L’idée que ce puisse être Finn lui traversa un instant l’esprit. Elle ne l’avait pas encore vu depuis les explosions, et espérait qu’il ne lui était rien arrivé. Mais le bougre avait l’air bien occupé, ces derniers temps. Et sûrement ne rentrerait-il pas avant une heure encore bien avancée, probablement ivre, et sans doute les poings arrachés par la violence dont il allait avoir eu envie de s’abreuver au cours de sa soirée.

Et en effet, ce n’était pas Finn. Ses oreilles avaient reconnu les intonations de voix, et ses yeux tombèrent sur le visage familier de Nyreen, qu’Evey lui amenait tendrement, la tenant par la main. Elle était retombée sur le canapé, la petite Bernstein, prenant le temps de soupirer rapidement, calant sa main sur son front pour le masser légèrement. Elle entendait la Altman s’inquiéter pour elle, et ressentait ce besoin de plus en plus impérieux de coucher Evey pour l’éloigner de cette conversation. « Ça va. Et ça va aller, t’en fais pas. » Evey. Après être passée aussi proche de la perdre, l’idée de devoir se séparer de l’enfant la tétanisait. Ses yeux s’étaient posés sur la petite, ours en peluche dans les bras, qui attendait dans l’encadrement de la porte menant au salon. Quelques secondes de flottement, avant que la mère ne se lève et ne s’approche. « Allez, c’est l’heure d’aller se coucher. Dis au revoir à tata Nyreen. » Quelques pas légers, un baiser tendre posé sur la joue. « Bonne nuit tata. À très très très bientôt. » Quelques pas pour faire le chemin inverse, et la voilà engagée dans le couloir. Un regard de la Bernstein vers la petite Altman, un sourire en coin, fatigué. « Je reviens dans cinq minutes. Tu peux nous servir à boire en attendant, si tu veux. Tu connais les cachettes secrètes. » La phrase se termina sur un murmure, et un clin d’œil qui ne manqua pas de la faire souffrir. Elle escorta la petite jusqu’à sa chambre. Vérifia que les dents étaient bien lavées, les cheveux bien brossés. La couverture bien bordé, tous les doudous rassemblés. Un baiser sur le front lui valut deux petits bras accrochés autour de son cou. Elle parvint à s’en défaire après une étreinte rassurante, et une promesse de se reposer avec Nyreen et Finn — quand il rentrerait. Un dernier baiser, et la porte de la chambre d’enfant se referma doucement, sans un grincement.

Quelques minutes plus tard, la petite lionne était de retour dans le salon. Elle ne se pria pas pour s’avachir aux côtés de son amie, attrapant le verre qu’elle lui avait généreusement servi. Un soupir de satisfaction après l’avoir vidé d’un trait, et elle reposa le récipient sur la table basse. « Ça fait du bien d’se poser. » Sans grande élégance, elle renifla. Ses doigts retournèrent vers le petit pansement, alors qu’elle se couchait sur le canapé, calant sa tête sur les jambes de la basanée. « J’ai perdu Evey dans la foule, mais j’l’ai retrouvée. Y a eu plus de peur que de mal au bout du compte. » Ses iris allèrent chercher ceux de la jeune femme, alors qu’elle plissait les yeux. « Et toi ? T’y étais ? »