Janvier 2013.

Allongé à côté d'un homme. John ? James ? Il ne savait plus trop. Il avait un peu trop bu. Il avait passé une bonne soirée. Vraiment. Probablement qu'il ferait tout pour ne jamais revoir ce type, mais le peu de temps qu'il avait passé avec lui avait été... agréable. A tous les niveaux. Parfois, il regrettait de ne pas pouvoir passer plus que quelques heures avec ses amants. Mais autant, c'était agréable de passer du bon temps... autant, il n'avait pas envie de lire le dégoût sur le visage d'un beau mec un matin où il aurait perdu le contrôle de son don. Il n'en avait vraiment pas envie. Il l'avait déjà vécu. Une fois. Et ben, ça vous vaccine. De vous faire traiter de monstre. De vous faire insulter. D'être traité de menteur. D'être considéré comme la pire des sous-merde. A choisir, il préfère le rôle du salopard. Au moins, il le choisit ce rôle là. Il se redressa un peu. L'autre dormait vraiment bien. Ils avaient dû être deux à bien s'amuser alors... Il se leva silencieusement, récupérant ses vêtements. Il se rhabilla. Il sortit de la chambre, un chat dormait sur le canapé. Il s'arrêta pour lui faire quelques caresses. Il trouva un bout de papier. « C'était bien. Merci. Essaie pas de me rappeler, je fais pas dans la longue durée. T'as vraiment un cul extra. » Il sortit de l'immeuble. Une soirée de plus à vivre comme il l'entendait. C'était tellement simple d'éviter les responsabilités, esquiver l'honnêteté comme on esquive une corvée. Il s'alluma une cigarette. Franchement, elle était pas si mal cette vie...


Juin 2014.

« Maman, calme-toi... C'est pas le bout du monde... » Il eut un soupir, grimaçant, levant les yeux au ciel. Si on pensait que l'éducation russe était distante, ce n'était pas le cas de l'éducation ukrainienne de sa mère. Il ne partait qu'à un état de là. A peine une demi-journée de route. Et voilà que le sujet de ses études inachevées revenaient sur le tapis. Son gâchis de potentiel. Et blablabla. Il mit le haut-parleur et la laissa parler. Il manquait de rire quand elle se mettait à parler de façon hystérique en ukrainien. C'était toujours drôle. Heureusement qu'il comprenait la langue même s'il n'avait jamais mis les pieds là-bas. Il attrapa un fruit... qui pourrit dans sa main. Merde. Il jeta la pomme, et eut un regard vers son miroir. Encore la gueule de zombie. Pour aucune raison apparente, mais bon... « Maman, je vais avoir un travail fixe là-bas, c'est non négociable... Je t’appellerai tous les dimanches, t'en fais pas. Et je viendrai vous voir dès que j'aurai des congés, t'en fais pas... »La conversation s'éternisa encore un peu. Finalement, le rouquin raccrocha. Puis, il alla vers son coin de plantes vertes, les touchant une à une, les voyant dépérir sous ses doigts pour que lui-même reprenne une apparence plus humaine...

Juin 2015.

Il y avait vraiment un truc qui tournait pas rond dans cette foutue ville. Il regardait le squad marcher dans la rue. Putain, et ça avait l'air de choquer personne. Lui, derrière les vitres de la bibliothèque arrivait pas à trouver ça normal. Ceci dit, en faisant parti des « terroristes » de l'affaire, c'était probablement logique qu'il ne l'accepte pas. Mais bon, il était doué pour faire semblant. C'était sans doute ça qui lui avait évité la vaccination forcée. Il tourna la tête vers un usager qui voulait prendre un livre. Et eut un soupir là.

« Vraiment, vous êtes sûr de vouloir vous infliger une série mal écrite, parlant aussi bien de sexe que ma grand-mère de mon homosexualité ? Franchement, suivez moi, on va trouver mieux à lire... »