Sujet: blood on my name (roman) Mar 8 Mar 2016 - 23:13
blood on my name
DIG UP HER BONES BUT LEAVE THE SOUL ALONE, LET HER FIND A WAY TO A BETTER PLACE. BROKEN DREAMS AND SILENT SCREAMS, EMPTY CHURCHES WITH SOULLESS CURSES. WE FOUND A WAY TO ESCAPE THE DAY... DIG UP HER BONES BUT LEAVE THE SOUL ALONE. LOST IN THE PAGES OF SELF MADE CAGES, LIFE SLIPS AWAY AND THE GHOSTS COME TO PLAY. THESE ARE HARD TIMES, THESE ARE HARD TIMES FOR DREAMERS AND LOVE LOST BELIEVERS.(ambiance).
Ce moment là, Anya l'avait attendu toute sa vie. Toute sa vie. Cela faisait vingt-cinq ans qu'elle rêvait de rencontrer son père. Vingt-cinq ans sans doute qu'elle se berçait d'illusions, trop écœurée par l'image que lui renvoyait Nikolaï pour l'associer à celle d'une quelconque figure paternelle. Pour la jeune russe, le mafieux avait tout été, mais pas un père. Pas une journée ne s'écoulait sans qu'elle ne bénisse le destin de les avoir écartées de lui, Sasha et elle. Quitter la Russie n'avait pas été aussi difficile qu'Anya l'aurait cru, elle avait réalisé qu'elle n'était guère attachée à sa patrie d'origine lorsqu'elle avait embarqué à bord de l'avion vers les USA. Ce n'était pas seulement un pays qu'elle avait quitté, c'était une vie de souffrances et d'abus en tous genres. Rien ne lui manquait, et si Radcliff n'était pas l'endroit idéal pour s'établir et bâtir sa vie, c'était un millier de fois préférable à son manoir des horreurs à Saint-Pétersbourg. Elle était libre, tout simplement. Elle n'avait plus à craindre d'être suivie partout par les ombres de Nikolaï, ne verrouillait plus systématiquement la porte de sa chambre tous les soirs, n'encaissait plus des coups quotidiennement pour éviter à Sasha d'en prendre. Si elle dormait encore avec son revolver à portée de main, elle était plus tranquille, plus... rassurée. Ce qui avait de quoi étonner, car Radcliff était loin d'être un petit coin de paradis. C'était une ville rongée par de nombreux conflits, scindée par l'intolérance et terrorisée par la violence d'une partie de ses habitants. Au moins, Anya et Sasha n'étaient pas dépaysées. La différence, c'était que dans cette pelote d'ennuis, elles étaient deux anonymes, deux jeunes femmes sur lesquelles personne ne se retournait parce que d'apparence, elles étaient parfaitement ordinaires.
Il leur avait presque fallu six mois pour se faire à leur nouveau rythme de vie. C'était pour retrouver son père qu'Anya avait fait le voyage, et pourtant elle n'avait eu de cesse de repousser le moment fatidique. Elle avait voulu offrir à Sasha tout ce qu'elle n'avait pas eu, une vie décente, un semblant de normalité. La petite avait quitté la Russie traumatisée, et puisqu'elle peinait encore à communiquer avec quiconque, le choc culturel avait été rude. Alors Anya avait fait de l'acclimatation de sa cadette une priorité, et tant pis pour elle. Ses intérêts, elle était habituée à les négliger, le faire pour le bénéfice de Sasha était devenu un réflexe le jour où la petite était devenue sa responsabilité, le jour où Yelena la lui avait confiée – comme si une adolescente d'à peine quinze ans et perturbée était capable de s'occuper d'un nouveau-né. Mais ce jour là, Sasha était à l'école. Une bonne école, dans laquelle elle avait un professeur particulier pour lui enseigner l'anglais. Anya la savait entre de bonnes mains quand elle l'y déposait le matin, elle pouvait vaquer à ses occupations l'esprit tranquille. L'esprit tranquille... Ce jour là, pas tout à fait. Car ce jour là, Anya avait décidé qu'il était grand temps qu'elle aille à la rencontre de cet homme qui était son père. Elle avait patienté bien assez longtemps, et si elle devait encore repousser l'échéance, elle craignait de devenir folle. Il fallait qu'elle sache qui il était, pourquoi il n'avait jamais fait partie de sa vie. Tout ce que Yelena avait pu lui dire à son sujet était peut-être un tissu de mensonges, ça ne l'aurait guère étonnée. Mais tous les éléments suggéraient qu'au moins une fois dans sa vie, la Shostakova avait agi dignement et donné à sa fille aînée les renseignements dont elle avait besoin pour finir d'assembler le puzzle qu'était sa vie.
Retrouver la trace de Roman Griske n'avait pas été très compliqué, et si les informations glanées au passage n'étaient guère rassurantes, il en fallait bien davantage pour décourager Anya. Elle possédait encore un peu de la naïveté de l'enfant qui avait imaginé que son père était quelqu'un d'important, quelqu'un qui n'avait rien à voir avec Nikolaï. Parce que Nikolaï, il était ce qu'elle avait connu de pire, et il lui était difficile d'imaginer qu'un homme puisse être encore plus pourri que celui là, lui qui n'aurait pas hésité à abuser de sa propre fille si elle l'avait laissé faire. Non, vraiment, ce Roman ne pouvait pas être plus tordu que l'homme auprès duquel elle avait été forcée de grandir. Anya avait donc pris son courage à deux mains, ses petites notes sur Griske et elle s'était tout simplement rendue jusqu'à son domicile. Y aller au culot, c'était sans doute mieux que tourner autour du pot en prétendant être une personne qu'elle n'était pas pour tâter le terrain. Anya était bourrée de défauts, mais l'hypocrisie ne figurait pas sur la – longue – liste. Plantée devant la porte, la jeune femme avait pris une profonde inspiration et frappé à la porte. De toute façon, que risquait-elle ? Une déception supplémentaire ? Au moins, elle serait fixée. Droite comme un I, l'air fière pour masquer sa nervosité, elle avait patiemment attendu qu'on vienne lui ouvrir. Elle savait qu'il y avait quelqu'un parce qu'elle avait entendu du mouvement à l'intérieur, alors il n'était pas question de faire demi-tour. Elle avait littéralement traversé la moitié du globe pour rencontrer cet homme.
La porte s'était ouverte à la volée et Anya avait instinctivement reculé d'un pas et retenu sa respiration. Puis elle avait blêmi en découvrant le visage abîmé du quinquagénaire qui lui faisait face. Sa fierté fut piétinée d'un regard, elle se ratatina et ouvrit la bouche pour la refermer aussitôt, rendue muette par une émotion qu'elle avait été incapable d'anticiper. Vingt-cinq ans... c'était long. Peut-être qu'elle allait enfin avoir des réponses à ses questions, et cela avait de quoi la bouleverser. Finalement, elle secoua légèrement la tête pour se reprendre. « Bonjour. Je cherche Roman Griske, c'est vous ? » Évidemment que c'était lui ; elle le savait, elle avait vu sa photo. Il avait quelques années de plus, mais c'était bien l'homme sur la photo que sa mère lui avait léguée avant de mourir. « Je m'appelle Anya. Anastasia... Shostakova. » Ce nom là, il devait forcément lui dire quelque chose, non ? Non ? « Je viens de la part de Yelena. Elle est morte il n'y a pas très longtemps et je... je... » Elle soupira d'exaspération, avant de hausser les épaules et de mettre directement les deux pieds dans le plat. « Il paraît que vous êtes mon père. Elle a dit que vous étiez mon père, avant de mourir. Elle avait aussi dit que vous étiez mort, parce que mentir était ce qu'elle faisait de mieux et que c'était une mère pitoyable, mais j'ai besoin de savoir si au moins une fois en vingt-cinq ans, elle a été honnête avec moi. Si elle s'est foutue de ma gueule, je vous embêterai pas longtemps. Mais faut que je sache. Je ne vous demande que cinq minutes de votre temps. S'il vous plaît. »
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Sujet: Re: blood on my name (roman) Ven 18 Mar 2016 - 16:16
Assis sur une chaise de la cuisine, ta favorite, celle qui te donne vue sur le salon et un peu sur l'extérieur par la fenêtre plus loin sur la droite, tes paumes sont sur tes yeux. Ça fait quelques longues minutes que t'es comme ça – tu réfléchis. Tu te repasses l'échange avec Ciaran dans la tête – encore. T'as peur d'avoir loupé un élément important, un indice qui t'indiquerait que ton accord passé avec ce dernier n'est pas une bonne idée. En fait, depuis l'autre jour, tu te demandes bien où cela va te mener. Tu rumines ton choix et tu pèses sans cesse les pour et les contres. Tu sais que le gars a joué sur la corde sensible, celle qui te permettrait de renouer avec ton passé de trafiquant, activité si chère à ton cœur, celle qui t'a fait vivre et qui a permis à beaucoup d'innocents de ne pas mourir à cause de mutants, alors tu sais au fond de toi qu'il avait trouvé la bonne façon d'aborder les choses avant de venir te voir. Est-ce que tu t'es précipité ? Est-ce que tu t'es laissé trop aisément embrigadé ? Non, bien sûr que non – c'est pas comme si t'avais plus aucune maîtrise sur la situation. T'as toujours conscience de ce que tu fais – tu recommences à avoir conscience de ce que tu fais, le poison injecté dans tes veines par le Calédonien se dissipant depuis plusieurs jours. A présent, reste plus qu'à voir comment les choses vont évoluer. Tu penses avoir été clair sur le fait que tu ne supportes pas les ordres – que tu favorises les accords qui te donnent beaucoup de droits – mais tu attends de voir Ciaran en action pour saisir un peu mieux le personnage. Poussant un soupir, tu te lèves de ta chaise et tu te diriges vers l'évier. Une fois que t'as attrapé un verre dans le placard juste au-dessus, tu le remplies d'eau et tu te délectes du liquide vital en de longues gorgées. Plus que quelques jours et toutes tes forces seront de nouveau tiennes. Autant dire que tu n'attends que ça. Les coups qui résonnent dans l'entrée te font arquer un sourcil. Te retournant en direction du salon dans ton dos, tu patientes une ou deux brèves secondes, pour voir si la personne va déguerpir d'elle-même ou si tu vas devoir faire tout le boulot. Malheureusement, c'est pas ton jour de chance. Déposant ton verre d'un geste sec, tu ne perds pas plus de temps. Faudrait pas que le ou la visiteur(euse) imprévu(e) s'impatiente.
Tu ouvres la porte brusquement. Tu sais même pas à qui tu t'attends quand tu le fais – Charlie ? Ton nouvel associé ? Un énième mutant fauteur de troubles ? - mais tu t'avoues surpris lorsque tu tombes sur une blondinette... qui te dit rien. T'as la mémoire des visages, en général, sauf qu'elle c'est bien la première fois que tu croises son regard. Enfin normalement – t'as une étrange impression qui t'étreint soudain, mais tu fais le choix de ne pas plus t'en préoccuper. « Qu'est-ce que vous voulez ?! » Ça devient un véritable moulin cette baraque, que tu te dis alors que tu dévisages la nouvelle venue... qui te connaît déjà, manifestement. Tes sourcils se froncent, alors que tu fais pas plus entendre ta voix. C'est juste un son bref qui s'échappe de tes cordes vocales, qui vire à même ta gorge, rien d'autre en guise de réponse à sa question. Ça doit te donner l'air d'un sauvage, d'un asocial de première, et c'est ce que tu es. Quelle meilleure première impression tu fais faire que celle-là, après tout ? D'où cette présentation qui n'en est même pas une : oui, c'est bien toi Roman Griske. Et c'est là que ton regard grisant prend la suite, aussi glacial qu'à l'accoutumée. Il s'ancre dans le sien alors qu'elle poursuit, pour ne lui dire qu'une chose : qu'est-ce que vous voulez ? Ça t'agace déjà de ne pas avoir te réponse plus rapide, toutefois ton attention est bientôt accaparée par son discours. Son prénom et son nom de famille ne te disent rien. Tu recommences à chercher dans ta mémoire d'éléphant, en quête d'un souvenir quelconque sur cette jeune femme, sauf que ça ne marche pas. Son physique t'est inconnu, son identité également, et ta main se crispe sur le bois de la porte que tu tiens depuis que tu l'as ouverte, comme un appui pour te pas succomber à la fatigue – cette vieille amie qui s'égare depuis quelques jours vu que le vaccin ne fait plus effet, mais qui plane toujours au-dessus de ta tête. Ta poigne serre le bois à t'en blanchir les phalanges. T'es déjà sur tes gardes, tu te méfies – de tout ce qu'elle pourrait dire ou faire. T'as horreur des visites imprévues, encore plus celles où on te parle de personnes que tu ne connais pas. Yelena ? Qui c'est ça Yelena ? La femme qui a lâché la main à cette pauvre gamine avant qu'elle n'atterrisse devant ta porte ? C'est pas parce que ton nom est russe que tu connais tout le pays non plus... Mais c'est pas ce qui te fait tiquer – t'as d'ailleurs pas le temps de réaliser que le prénom de cette femme prendra sens un peu après. T'as pas le temps parce que t'entends un truc qui te coupe le souffle. Je suis votre fille. Ça te coupe le souffle à toi, Roman, et tu sais que ça n'arrive pas souvent. Jamais, même. C'est pour ça que tes neurones ne mettent pas si longtemps à se reconnecter les uns aux autres, et que tu la fusilles du regard. « Qui vous envoie ? »
C'est la seule réaction que tu t'autorises parce que tu n'y crois pas. Qui te voudrait comme père ? Puis qui est sa mère ? La seule femme qui ait jamais fait partie de ta vie, c'est Slava. Et Slava, c'est un sujet sensible, un passé révolue, une histoire du passé, que t'as horreur de ranimer ou dont tu détestes de tout ton être voir la mémoire salie. La réponse à ta question – pourtant simple - tarde déjà trop pour toi. Tu ne laisses pas plus de temps à cette Anya – pour ne pas dire pas de temps – pour formuler la moindre réponse que tu empoignes son bras. Tu la forces à entrer chez toi sans ménagement, et tu viens cogner son dos contre le bout de mur annexe à la porte d'entrée. Que cette dernière soit ouverte ou non, qu'on t'entende crier jusqu'à dehors, t'en as rien à faire. Ce sont pas les autres qui viennent d'entendre la mauvaise nouvelle, ce sont pas eux qui sont soupçonnés d'être père d'une gamine dans le genre de celle dont tu compresses le bras à t'en faire mal. Ce sont pas eux. C'est toi. Alors t'as le droit de crier. T'as le droit de t'énerver de la situation, de ce genre de moments qui ne laissent pas de place à la réflexion et qui te poussent à agir avant qu'il ne soit trop tard. « Répondez ! » Tu cries. A ses oreilles, ton visage proche du sien, avant que ton avant-bras ne vienne comprimer son cou, sa trachée entravée par ta colère, ce muscle nerveux et tendu que tu maintiens contre sa gorge pour l'empêcher de pouvoir se dérober à ton emprise. Le souffle court, tu continues à scruter son regard. « Qui vous envoie vraiment ? Le calédonien ? Ciaran ? C'est un test ?! » Elle va avouer. Elle va cracher le morceau, révéler pourquoi elle est vraiment là et arrêter de mentir. On te ment pas à toi, on vient pas te raconter des conneries concernant une paternité que tu n'as pas, parce qu'on te connaît. Ou plutôt on est censé te connaître. Cette pauvre petite a dû être dépêchée tu ne sais trop où, avant qu'on lui foute cette histoire de dingue entre les mains et qu'on la dépose sur le pas de ta porte. Tu vois pas d'autre explication. Il n'y en a pas. T'as pas de fille. T'as jamais eu de fille. T'as manqué avoir un gosse mais il est mort en même temps que sa mère. C'est tout, fin de l'histoire. T'es passé à autre chose depuis, alors pourquoi ça ? Pourquoi venir te tourmenter toi ? Tu t'apaises un peu, sans le vouloir, quand tu crois reconnaître chez la jeune inconnue cette pupille vive, ce regard revêche, mais tu ne te laisses pas avoir, hors de question. C'est parce qu'elle vient de te dire toute cette histoire impossible que ton esprit façonne des images, des souvenirs venus d'une autre vie – un passé qui n'est pas le tien. Tu ne la connais pas, elle ne te dit rien, alors il ne te reste plus qu'une chose à faire : la repousser, la faire fuir. Te saisissant de son bras pour la pousser un peu plus à l'intérieur. Tu te passes les deux mains sur le visage, tu masses ces traits qui ne veulent plus se tendre pour ce genre de bêtises, mais surtout pour ces personnes qui ne te veulent que du mal – il faut que ça cesse. Déposant une main contre la porte toujours ouverte, tu la claques avec férocité, avant de reposer ton regard sur la blonde. « *Yelena, Yelena, Yelena – non, vraiment, quel prénom ravissant pour envoyer une gamine à ma porte.* », que tu ricanes en secouant la tête. Tu restes persuadé qu'elle a été envoyée ici pour te nuire, alors tu continues sur cette lancée. Tu lui fais juste l'honneur de parler dans ta langue natale, histoire de. « *Jusqu'à présent j'ai pas de gamins, et cette « Yelena », je la connais pas. On vous a envoyé voir le mauvais gars pour raconter une telle histoire.* » La voix dure, tranchante, tu laisses les mots couler sur l'instant pour solidifier ce jour bien particulier. Celui où elle aura fait le mauvais choix d'être venue jusqu'ici, celui où tu auras fait le bon de ne pas t'être fait avoir. « *Si ce que vous dites est vrai, si je suis votre père, vous avez des preuves ?* » Tu poses la question parce que t'as envie de voir jusqu'où on lui a demandé d'aller pour tenter de gagner la moindre parcelle de ta confiance. Ça t'intéresse. Après, tu te débrouilleras pour lui faire comprendre qu'elle ne recommencera pas, jamais - que ce soit avec toi ou avec un autre.
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Sujet: Re: blood on my name (roman) Mar 29 Mar 2016 - 21:43
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À peine Anya avait-elle croisé le regard de Griske qu'un mauvais pressentiment lui avait serré la gorge. Au premier coup d'œil, il était évident qu'elle ne se trouvait pas en face de monsieur tout le monde, et pendant une seconde elle se demanda si elle n'avait pas fait une grossière erreur en venant le trouver, si pour une fois sa mère n'avait pas eu raison de la mettre en garde. Non. Non, peu importait qui ce Roman Griske pouvait bien être, elle devait savoir, lever le voile sur ses origines une bonne fois pour toutes. Le mystère de sa naissance la hantait depuis son plus jeune âge, depuis qu'elle avait eu celui de comprendre ce qu'était un père et de se demander pourquoi elle n'en avait pas. Elle se fichait bien d'être déçue, elle voulait juste la vérité. Ce n'était pas beaucoup lui demander, à cet homme ! Peut-être qu'elle venait de lâcher une bombe à ses pieds, tant pis, si elle était bien sa fille ils avaient le droit de le savoir tous les deux, il fallait que le vérité prenne enfin le dessus sur le mensonge de Yelena. Cela faisait vingt-cinq ans qu'Anya s'interrogeait à propos de l'identité de son père – ou du moins celle de son géniteur – alors maintenant qu'elle avait une chance d'obtenir des réponses, elle n'allait certainement pas lâcher le morceau aussi facilement. Toute sa vie n'avait été qu'un tissu de mensonges, d'horreurs et de crimes, alors ce n'était certainement pas en grognant et en montrant les dents que Griske l'impressionnerait. Elle avait vu tellement d'atrocités qu'elle ne pensait pas pouvoir être étonnée par qui ou quoi que ce soit. Les bassesses de l'être humain, Anya les connaissait par cœur. Elle même était loin d'être un enfant de chœur, elle avait fait des choses atroces pour conserver sa place parmi les loups, pour survivre. Alors elle n'était pas facilement impressionnable, la Shostakova. Il en fallait beaucoup pour lui retourner les tripes, lui vriller le cœur ou tout simplement lui faire peur. Elle avait été élevée parmi la raclure de Saint-Pétersbourg, vu des choses innommables quotidiennement au point d'être étonnée lorsque l'odeur du sang frais ne flottait pas entre les murs du vaste manoir de Saint-Pétersbourg où elle avait grandi.
Qui l'envoyait ? Le pape, fut-elle tentée de lui répondre sèchement avant de réaliser que se moquer de lui était sans doute la dernière chose à faire si elle voulait s'attirer ses faveurs. Elle n'en eut de toute façon pas le temps, Griske la traîna à l'intérieur de l'appartement sans plus de cérémonie. Un sifflement furieux lui échappa lorsqu'il la plaqua contre le mur, elle fronça les sourcils et serra les mâchoires. C'était bien sa veine, elle était tombée sur un paranoïaque de première catégorie ! Au moins c'était clair, elle était bel et bien maudite. Qui l'envoyait ? Combien de fois allait-il la lui répéter, cette foutue question ? « Personne ne m'envoie, bordel ! Ça vous arrive souvent d'agresser les gens qui frappent à votre porte ?! » Qu'il se le tienne pour dit, elle n'avait pas peur de lui. S'il comptait l'impressionner en utilisant la force brute et en usant de sa grosse voix, il se faisait des idées. « Je connais pas de Calédonien, encore moins de Ciaran, alors calmez-vous ! Je ne sais pas à quel test vous vous attendez, mais vous vous trompez si vous croyez que j'ai quoi que ce soit à voir avec... avec je ne sais quoi ! » Dans quoi avait-elle mis le nez... ? Avait-elle quitté un nid de serpents pour tomber immédiatement dans un autre ? C'était à croire que sa bonne étoile avait pris des vacances pour une durée indéterminée, la garce. Rien n'était jamais simple dans la vie de la Shostakova, ça aurait été trop beau. Au moins, ça ne la changeait pas vraiment de l'ordinaire, elle serait en terrain conquis – plus ou moins. Un grognement frustré et un juron lui échappa tandis que son paternel présumé la poussait à l'intérieur de l'appartement, elle ne résista pas mais eut envie de lui gueuler de la lâcher, parce qu'elle détestait être touchée sans son accord.
Quand Griske la relâcha enfin, Anya croisa les bras son sa poitrine en affichant un air froid et déterminé ; et dire qu'elle avait cru pouvoir avoir une conversation civilisée... ! Elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel quand il claqua violemment la porte avant de se mettre à déblatérer comme un sauvage en utilisant leur langue natale. Prenant son mal en patience, Anya le laissa vider son sac, mettant son énervement sur le compte du choc. Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'une inconnue se présentait à votre porte en annonçant être votre fille... Mais tout de même, un peu de délicatesse n'avait jamais tué personne. Quand Griske lui demanda si elle avait des preuves de ce qu'elle avançait, les lèvres d'Anya se tordirent en un petit rictus victorieux. « Je m'appelle Anastasia Shostakova, donc. Je suis née à Saint-Pétersbourg le 15 Mars 1990, et ma mère portait le même nom que moi. » De son sac, elle tira une large enveloppe de laquelle elle tira une photo de sa mère à l'époque de sa naissance et elle la tendit à Roman, espérant pouvoir déceler une étincelle de souvenir dans son regard. Même s'ils n'avaient pas passé beaucoup de temps ensemble, il devait bien avoir au moins un vague souvenir de Yelena, non ? « Grande, blonde... Elle était danseuse de ballet à l'époque, le genre de femme difficile à oublier. » Elle aurait sans doute pu avoir une belle carrière, si elle n'était pas tombée enceinte à seulement vingt ans, et si elle n'avait pas trouvé Nikolaï sur sa route. « Elle avait une photo de vous aussi, attendez. » Anya fouilla dans son dossier quelques instants avant de saisir le cliché, qu'elle mit sous le nez de l'homme. « C'est bien vous là, non ? » Question purement rhétorique. Évidemment que c'était lui. « Elle a aussi dit que vous aviez disparu du jour au lendemain, sans explications, sans rien, alors que vous deviez vous revoir. Me demandez pas pourquoi elle a choisi de me garder au lieu de se débarrasser de moi, j'en sais rien. » Elle haussa les épaules. C'était vrai, elle n'avait jamais compris pourquoi Yelena s'était embarrassée d'elle alors qu'il avait toujours été évident qu'elle n'était qu'un poids mort pour elle, une erreur de parcours.
« Pendant des années, j'ai demandé à Yelena de me révéler l'identité de mon père. Elle a toujours refusé, elle a même été jusqu'à me dire que vous étiez mort, avant de tout m'avouer et d'insister sur le fait que vous n'êtes pas quelqu'un de bien. » Anya soupira longuement et passa une main dans ses mèches blondes, avant de tendre le reste de son dossier à Roman. Il contenait toutes les notes de Yelena, et toutes ses recherches personnelles. « Écoutez, je ne suis pas venue pour vous emmerder, ni même vous pourrir la vie. Mais si tout ce que ma mère m'a dit est vrai, si je suis votre fille, je pense qu'on a tous les deux le droit de le savoir. » La vérité, c'était préférable au mensonge, non ? Anya en était persuadée, elle n'était pas venue se perdre dans un coin comme Radcliff uniquement pour échapper à ce qu'il restait de l'empire mafieux de Nikolaï. « Personne ne m'envoie. Même pas Yelena, à vrai dire. Elle est morte, et tout ce qu'elle voulait c'était que je reste loin de vous. Mais ça fait vingt-cinq ans que j'attends des réponses à mes questions, alors je suis venue jusqu'ici. » Anya avait baissé d'un ton, tentant par là de prouver qu'elle n'était pas le moins du monde hostile, qu'elle était seulement là pour parler avec lui. Elle espérait qu'il lui accorderait au moins quelques minutes, elle ne lui en demandait pas plus. Quelques minutes contre vingt-cinq ans d'interrogations, ce n'était pas cher payé.
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Sujet: Re: blood on my name (roman) Sam 2 Avr 2016 - 18:14
C'est normal que tu demandes des preuves, pas vrai ? C'est pas tous les jours qu'on débarque à votre porte pour vous annoncer que vous êtes « père ». Ce mot te rebute. Tu as toujours considéré que tu finirais seul, parce que la seule femme qui pouvait avoir la prétention d'avoir compté dans ta vie était Slava. Les quelques rares autres, tu les as vite oubliées. Toutes plus insignifiantes les une que les autres, toujours plus médiocres en comparaison de ta défunte femme. Alors cette nouvelle que te balance cette blondinette aujourd'hui, sans sourciller, ça t'interroge assez pour ne pas la foutre dehors alors qu'elle poursuit sur sa lancée, recommence et allonge son histoire, appuie ses dires de photographies. Shostakova, Shostakova, Shostakova. Tu n'as pas le temps de plus te pencher sur ce souvenir qui commence à (peut-être) te revenir que le visage de la mère d'Anastasia s'impose dans ton champ de vision. Tu te saisis de la photographie d'un geste brusque, froid, avant que ton regard ne se perde dans la contemplation de ces traits que tu es supposé avoir déjà croisés dans ta vie. Et c'est le cas. Tu te souviens de ce regard, de cette mine délicate, tout en finesse. Danseuse de ballet ? Ça, tu t'en souviens pas. A vrai dire, tu sais rien de cette femme. Il y a à peine quelques secondes, tu ne pensais jamais l'avoir rencontrée, alors... Le truc, c'est que tu commences à te demander si c'est pas cette même femme dont tu as eu des nouvelles il n'y a pas si longtemps, ou peut-être que si d'ailleurs, le tout est encore flou. Enfin, des « nouvelles », pas tout à fait : tu as découvert qu'elle faisait des recherches à ton sujet. Et c'est une chose que tu n'as pas apprécié.
Tu arques un sourcil. Une photographie de toi ? Mais qui garde une photographie de toi dans ses affaires ? Qui la lègue à ses enfants ensuite ? Tu ne comprends pas. D'habitude, on cherche à t'oublier, pas à faire perdurer ton souvenir, quel qu'il soit. Intrigué, tu prends la seconde photo, toujours à la façon Griske, sans ménagement. La question d'Anastasia te fait relever un regard noir dans le sien. Oui, c'est bien toi. Pas besoin d'adopter ce petit ton condescendant. Tu observes tes traits rajeunis, le sourire étrange que tu vois sur le papier glacé. Est-ce que tu riais ? T'avais pas le souvenir que c'était arrivé un jour, à part avec Slava. Et tu sais pourquoi. Cette photo a forcément été prise avant la rébellion des mutants. Pas après. A la suite de cette journée, t'as plus jamais été capable de sourire. T'as perdu toute notion d'amabilité ou de compassion, en supposant qu'elles aient été un jour développées chez toi, avant de te murer dans le rôle du méchant de l'histoire. Ta véritable nature, ton dessein dans la vie. La version de l'histoire de la jeune femme devant toi colle à la perfection. Yelena a attendu, mais t'es jamais venu. Une fois sorti de l'hôpital, tu t'es barré en Norvège parce que t'as pas eu le choix. Tu l'avais à peine rencontrée avant ça, c'est pour ça que t'as pas songé à la prévenir. T'avais pas vraiment de moyen de la contacter aussi aisément qu'aujourd'hui à l'époque, sans doute cela a-t-il aidé dans cet éloignement soudain.
Tu rigoles quand tu apprends que Yelena t'a fait passer pour mort, puis que tu n'es pas quelqu'un « quelqu'un de bien ». Donc c'est bien elle. C'est bien cette femme qui a cherché à te retrouver, puis qui a regretté sa démarche une fois qu'elle est tombée sur les articles évoquant son ancien trafic de mutants, sans doute, ou alors les avis de recherches à son sujet. Beaucoup de choses peuvent te faire passer pour une mauvaise personne aux yeux de ceux qui ne connaissent pas toute l'histoire – comme Anastasia. Pourtant, elle est passée au-dessus de ce portrait tracé à la force des mauvaises découvertes par sa mère. Elle a préféré se faire son propre avis, et tu sens une légère fierté t'envahir à cette idée. Tu secoues bien vite la tête. C'est ridicule. Tu sais même pas pourquoi tu éprouves ça. A tes yeux, elle te ment encore. Peut-être a-t-elle trouvé tout ça grâce à d'anciens collègues de Russie. Ou des associés en Norvège. Dans toute l'Europe. Dans tous les cas, c'est pas clair cette histoire. C'est trop facile pour l'être. Une fois qu'elle a terminé de parler, tu hausses un sourcil. Tu l'observes longuement, à la recherche de la plus petite faille dans le système, sauf que tout est si bien rodé qu'elle en semble sincère. Tu lui arraches le dossier d'un geste brutal, avant de te diriger vers la cuisine de ton pas fatigué. La pauvre mioche, elle débarque pas au moment où t'es le plus en forme. « J'ai besoin de m'asseoir », que tu annonces d'un ton sévère. Tu lui jettes un coup d'oeil pour t'assurer qu'elle te soit et ne reste pas plantée dans l'entrée. C'est une invitation à entrer dans ton humble demeure comme une autre, peut-être mieux même que celle opérée juste avant, où tu as manqué lui couper le souffle pour de bon. Tu laisses tomber le dossier sur la table dans un bruit sourd, tu prends place sur une chaise, et tu fais un geste las en direction de la chaise en face. « Alors, comme ça, tu as des questions... », que tu répètes en acquiesçant doucement. On devine à ton regard et ta mâchoire contractée que tu te méfies encore de ce qu'elle peut dire ou faire. On gagne pas ta confiance en cinq minutes top chrono. D'ailleurs, on la gagne jamais. Charlie le sait. Slava le savait. Anastasia l'apprendra. Tu scrutes encore un peu ses traits, tu cherches à voir ce qui pourrait être de toi dans ce visage, dans sa façon de parler ou de regarder, puis tu ouvres le dossier et tes prunelles dérivent dessus rapidement. Tu ne dois pas t'attendre à ce que tout ça soit vrai. « Je t'écoute. » Tu balances ton autorisation d'un ton plus simple, léger, moins tranchant qu'auparavant, alors que tu tombes sur les écrits de Yelena. Tu en relèves un devant toi, en l'attente des premières interrogations de la gosse.
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Sujet: Re: blood on my name (roman) Mar 19 Avr 2016 - 16:27
blood on my name
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Elle avait attendu toute sa vie pour avoir des réponses à ses questions. Toute sa vie. Alors elle se fichait bien que Roman ne soit pas d'humeur, elle n'avait pas l'intention de le laisser la congédier comme une malpropre. Elle avait fréquenté des brutes toute sa vie, des hommes qui ne savaient communiquer qu'avec leurs poings, alors il faudrait faire davantage que la secouer un peu pour la décourager. Qui que ce type puisse être, il avait des réponses, réponses qu'elle était bien déterminée à obtenir. S'imaginait-il seulement ce que cela faisait, d'avoir vécu toute son existence dans l'ignorance... ? Ne pas savoir qui l'on était réellement, d'où l'on venait... Anya avait manqué d'une partie d'elle-même, une partie qu'elle devait absolument retrouver, parce qu'elle n'avait pas envie de passer le reste de sa misérable existence à se demander qui était son père, et pourquoi il n'avait jamais fait partie de sa vie. Tant pis si ce Roman ne valait pas mieux que Nikolaï – elle ne s'était pas attendue à trouver un Monsieur Parfait, du moment qu'il lui permettait de faire la lumière sur ses origines. Il pourrait même lui dire qu'il avait été parfaitement au courant de la grossesse de Yelena et n'avait pas voulu y être mêlé, ça lui suffirait. Anya ne lui demandait pas de lui faire un résumé complet de sa vie et de sa personne, elle se doutait bien qu'elle n'entrerait pas dans ses bonnes grâces parce qu'elle s'était pointée un beau matin en lui annonçant être sa fille. Sans doute aurait-elle mieux fait de tâter le terrain au lieu de foncer tête baissée et sans réfléchir, mais la jeune femme n'avait jamais fait dans la dentelle et cela ne changerait pas. Jouer l'hypocrite, très peu pour elle, elle était ce qu'elle était et n'avait pas l'intention de jouer la comédie pour quiconque, pas même pour amadouer son potentiel géniteur. Prendre le taureau par les cornes, c'était parfois ce qu'il y avait de mieux à faire, mieux valait se prendre une bonne claque qu'être poignardé dans le dos.
Un sifflement agacé, presque outré, s'échappa de ses lèvres pincées au moment où l'homme lui arrachait son dossier des mains. Afin de ne pas jeter d'huile sur le feu, Anya se retint de lever les yeux au ciel et se contenta de croiser les bras sous sa poitrine, à la façon d'une enfant frustrée – ce qu'elle était tout à fait. Supposant qu'il s'agissait d'une invitation à entrer, elle suivit Roman jusque dans sa cuisine, et ce fut tout juste si elle ne ricana pas quand il lui annonça avoir "besoin de s'asseoir". Le visage fermé, elle prit place sur la chaise en face de l'homme, qu'elle ne quittait pas des yeux. Elle l'observait comme l'on aurait observé un miroir déformant, cherchant une quelconque ressemblance entre lui et elle. Les yeux, peut-être... ? On lui avait souvent affirmé qu'elle avait un regard qui faisait froid dans le dos, de grands yeux d'un bleu glacier qui faisaient frissonner, insondables et glaçants. Et le moins que l'on puisse dire, c'était que Roman n'avait pas un regard beaucoup plus chaleureux, sans parler de son attitude pour le moins avenante... Si elle avait des questions ? Anya haussa un sourcil. C'était ce qu'elle s'acharnait à essayer de lui faire comprendre depuis le début, elle voulait simplement l'interroger pour vérifier la véracité des dires de sa mère. Personne ne l'avait envoyé pour elle ne savait quelle raison. D'ailleurs, cette accusation la poussait à se demander dans quel genre d'ennui Griske pouvait bien s'être fourré, pour faire à ce point preuve de paranoïa. Est-ce qu'il secouait tous ceux qui frappaient à sa porte, ou avait-elle bénéficié d'un traitement de faveur parce qu'elle avait l'audace de prétendre être sa fille ? Lucide, Anya savait qu'elle n'obtiendrait pas toutes ses réponses en une seule conversation, alors autant commencer par ce qui la concernait elle, histoire de lever le voile sur cette supposée paternité.
« Je suis née à Saint-Pétersbourg en Mars 1990. Yelena serait tombée enceinte après une très brève aventure avec un homme qu'elle n'a jamais revu. Soit parce que c'était un véritable enfoiré, soit parce qu'il lui était arrivé quelque chose. Elle n'a jamais su. » Du moins, jusqu'à ce qu'elle commence à remuer le passé pour en apprendre un peu plus. Anya n'y allait pas avec le dos de la cuillère, elle ne voyait pas pourquoi elle aurait dû. « J'ai été élevée parmi des connards de première catégorie, alors vous m'excuserez si je n'ai pas une image très reluisante de la gent masculine. » Anya ne faisait pas confiance aux hommes, c'était aussi simple que cela. Elle restait méfiante avec tous, même avec ceux auxquels elle n'avait rien à reprocher. Ses problèmes étaient tous liés à des hommes, alors pourquoi leur accorder le bénéfice du doute ? « Est-ce que vous étiez à Saint-Pétersbourg en 1989 ? Même si ma mère ne vous a pas fait forte impression, vous devez bien vous souvenir si vous avez rencontré une femme à cette époque. » Surtout s'il avait partagé son lit. Anya voulait bien qu'il ne se souvienne pas avec exactitude de qui était Yelena, mais de là à tout oublier... A moins d'avoir de gros problèmes de mémoire, c'était plutôt invraisemblable, non ? « Je me fiche bien de savoir pourquoi vous avez décidé de ne pas donner suite à votre liaison avec elle. Vous ne seriez pas le premier à profiter d'une jolie fille, je ne vous jette pas la pierre. » Il ne serait pas le dernier non plus. Elle ne jugeait pas, elle faisait pareil avec ses amants, cela lui évitait de s'attacher, ainsi que les déceptions. Mieux valait être seule que mal accompagnée.
« Je ne sais pas pourquoi Yelena a prétendu que vous étiez mort. Je n'ai jamais vraiment compris comment elle raisonnait... » Peut-être avait-elle voulu éviter d'avoir des ennuis avec Nikolaï. Peut-être n'avait-elle pas voulu rechercher son ancien amant, pour éviter de remuer le passé. Les raisons qui avaient poussé la défunte à mentir à sa fille sur le sort de son père avaient été enterrées avec elle. Yelena n'était plus, ce n'était pas sur elle qu'il fallait compter pour obtenir des informations. Anya soupira longuement, recroisant les bras. « Je suppose que si elle ne vous est pas si familière que ça, elle n'a jamais tenté de vous recontacter pendant ces vingt-cinq dernières années. » Yelena s'était probablement contentée de faire ses petites recherches dans le dos de tout le monde ; c'était là la preuve qu'elle n'avait pas été aussi sotte que Nikolaï l'avait cru. Sotte, peut-être pas, mais soumise... Anya avait du mal à comprendre comment une jeune femme à la carrière aussi prometteuse avait pu si mal terminer. C'était à croire qu'elle avait pactisé avec le Diable quand elle avait commencé à fréquenter son mafieux de mari. Il l'avait gardée sous sa coupe durant l'entièreté de leur relation, au point de dégoûter Anya de toute relation sérieuse.
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Sujet: Re: blood on my name (roman) Ven 6 Mai 2016 - 20:18
Les documents filent entre ses doigts. Son regard se pose ici, là, sur des informations par dizaines, des indices par centaines : sous ses yeux, Roman voit retracé certains moments de sa vie, plus ou moins proches. Très souvent lointains ; et un sentiment étrange lui enserre la poitrine. Une impression d'avoir été épié, suivi, poursuivi, et c'est aussi abrutissant que cette nouvelle qui ne cesse de revenir à ses oreilles. Tu as une fille. Une vraie fille, ton enfant, la chair de ta chair, ton sang, ton futur. A nouveau, le Norvégien se met à l'observer. Il laisse ses prunelles scruter les traits de son visage à la recherche du plus petit point commun. Dès qu'il fait ça, il se sent crédule. Complètement idiot. Il ne peut savoir si elle se fout de lui ou pas. Pourtant, alors qu'il cherche l'évidence en refusant d'y croire, il ne peut que remarquer que cet mine farouche qu'elle a, il l'adoptait souvent, plus jeune – peut-être même encore maintenant. Et ces longs cheveux blonds, qu'elle met sur le dos de sa mère, Roman les a déjà vus sur sa propre mère il y a des décennies de cela, sur ses deux sœurs aussi. Ces mimiques franches, tranchantes, qui manquent sans doute de laisser apercevoir à l'ex-russe trop de choses sur ce qu'Anastasia peut penser, il les arbore également. Roman est face à un miroir qui n'en est pas un. Il n'ose pas bouger à droite, à gauche, pour remarquer plus en détails les courbures de ce visage si particulier, alors il replonge la tête dans les papiers qu'il a entre les mains. Il se met à écouter d'une oreille distraite ce qu'elle lui raconte ; il sourit en entendant les termes employés pour le décrire. Elle ne manque pas de cran. “Hum, hum...”, qu'il acquiesce, sans rien ajouter de plus. Effectivement, vu sous cet angle, il a le parfait costume de « l'enfoiré ». Et oui, elle ne semble pas avoir une très bonne image des hommes. Elle ne tombe d'ailleurs par sur le meilleur exemple avec Griske. Cependant, il ne perd pas de temps à le préciser : vu l'accueil chaleureux qu'il lui a réservé tout à l'heure, inutile d'en rajouter une couche. Ses questions dérivent vers sa mère. Yelena. Yelena qui semble avoir plongé sa fille dans un monde à part. Yelena qui a même osé prétendre qu'il était mort. Yelena qui commence à bien lui revenir en mémoire. Et, surtout, Yelena qu'il a fait tuer, il ne sait plus trop quand. Roman a cessé de s'en préoccuper à la minute où il a appris que l'empoisonnement avait pris. Le hunter n'a jamais été du genre à s'attarder sur les choses futiles, ce qu'était par définition la mère de la gamine, mais le jour où comprit que cette dernière le recherchait, il n'a pas cherché à savoir pourquoi. L'impulsivité, la peur d'être rattrapé par un passé douloureux. La Russie ne devait rester pour lui qu'un vaste souvenir, pour éviter de voir réapparaître l'envie d'en franchir la frontière et d'en fouler le sol. Lorsqu'Anastasia termine son interrogatoire, Roman cherche à afficher son sourire le plus triste. Si elle n'a jamais tenté de le recontacter ?
“Non, en effet, elle n'a jamais tenté de me recontacter.” La voix posé, le ton monotone, le Norvégien donne l'impression d'être peiné par cet aveu. Peut-être regrette-t-il quelque peu d'avoir mis fin à la vie de cette femme sachant que, s'il avait poussé les recherches à son sujet en retour de ce qu'elle faisait, il aurait découvert l'existence de cette enfant... L'idée ne traverse même pas l'esprit de Roman. Il ne regrette pas ce qu'il a fait. On ne fait pas de recherches à son sujet sans en payer le prix, on ne se lance pas là-dedans sans aller jusqu'au bout. Yelena a pris peur, en découvrant sans doute son activité en Norvège et son passé dans l'armée russe, sauf que le quinquagénaire ne s'entoure pas de personnes comme ça. Jamais. A présent, il espère juste qu'Anastasia n'est pas comme elle mais son double sur ce point crucial. Prenant appui sur le dossier de sa chaise, ses iris métalliques confrontent les siennes sans plus se détourner. Il ne veut pas rater la réaction à ce qu'il va dire. “J'étais bien à Saint-Pétersbourg en 89”, qu'il confirme, croisant les bras dans une infime grimace de douleur. “Le lendemain de notre... rencontre, dirons-nous, je devais la revoir. Le problème est qu'un séjour à l'hôpital m'a empêché de le faire. A la suite de quoi j'ai été exilé hors de Russie. Tout s'est passé très vite, Yelena est sortie de ma tête.” Qui aurait cru que les choses aient été si simples ? Pourtant, il ne s'agit là que de la vérité. A cette époque, Roman s'est retrouvé esseulé, conduit par des hommes bien plus armés que lui en direction de la frontière la plus proche, avant d'être laissé pour compte. Blessé par les mutants du quartier de Haute Sécurité, affaibli par le traitement bref de l'hôpital et paumé, il n'a plus songé un seul instant à cette soirée décidée sur le tas avec Yelena la veille. Alors, oui, Yelena a dû attendre un moment dans ce bar où ils s'étaient rencontrés, sans perdre plus de temps pour passer au stade supérieur le même soir. Il est vrai qu'ils s'entendaient bien. Il n'avait pas fallu deux mots à Yelena pour réussir à le faire sourire – un peu – et cela relevait déjà du miracle à ce moment-là. “Je l'ai oubliée. Nous nous connaissions à peine, je n'y étais pas attaché, je n'avais aucune raison de me souvenir d'elle une fois tous ces problèmes au sujet de mon travail révolus.” Roman hausse les épaules, sans s'arrêter là. “J'ai débuté une nouvelle vie en Norvège dont elle ne faisait pas partie.” Les mots suivant sont teintés d'un ton de reproche qui n'est pas forcément destiné à Anastasia, mais bel et bien à sa mère, de là où elle se trouve désormais. “Et toi non plus, vu que je n'avais aucune idée de ton existence...” Roman se doute que les choses auraient été légèrement différentes avec un enfant sur le dos. Peut-être n'aurait-il pas pu développer aussi vite son trafic. Peut-être aurait-il perdu du temps à l'élever, à la nourrir, à l'éduquer... Mais il se pose tout de même la question, sans le vouloir à la base : quelle serait sa vie maintenant si la présence d'Anastasia avait été constante ? S'il l'avait vue grandir ? S'il l'avait protégée de ces « connards » qu'elle semble avoir trop fréquenté ? Aurait-il au moins été capable de tout ça ? A cette pensée, Roman rompt brusquement le contact visuel. “Jusqu'à présent.” Se ravançant vers la table de la cuisine entre eux, le quinquagénaire se met à la recherche de la photographie qu'elle lui a tendue précédemment. Dès qu'il met la main dessus, il la rehausse devant lui, l'alignant avec le visage d'Anastasia. Il se surprend à garder le silence de longues secondes, jusqu'à qu'une ou deux minutes n'y passent, même, avant de pencher la tête sur le côté, à la recherche de traits qu'elles n'ont pas en commun. “Tu lui ressembles beaucoup.”
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Sujet: Re: blood on my name (roman) Ven 17 Juin 2016 - 21:21
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Anya avait remporté la première bataille. Être dans la même pièce que son potentiel géniteur, c'était bien plus qu'elle n'aurait osé l'espérer. Elle avait dû jouer des pieds et des mains pour en arriver là, mais elle y était arrivée. Sa détermination avait fini par payer, et si elle n'était pas encore arrivée a bout du chemin, elle avait déjà fait une bonne partie du trajet. Elle ne lui demandait pas la lune, au Griske. Juste de lui dire si oui ou non, il pouvait être son père. Ensuite, eh bien... Cela dépendrait de ce qu'ils pensaient l'un de l'autre, et surtout s'il était prêt à apprendre à la connaître et à lui faire une place dans sa vie. Après tout, découvrir avec vingt-cinq ans de retard que l'on avait une fille, cela avait de quoi faire un choc et soulever d'innombrables questions. Le fait qu'elle ait débarqué à l'improviste avec son air déterminé et ses répliques piquantes n'aidaient certainement pas, mais quelque chose lui disait que Roman n'était pas du genre à se laisser impressionner pour si peu. Il n'avait pas tout à fait l'air d'être un homme ordinaire, il dégageait quelque chose d'étrange, une aura lourde dont Anya se serait probablement inquiétée si elle n'avait pas été trop obnubilée par son besoin de réponses, besoin de lever le secret sur ses origines. Elle avait été obsédée par cette idée depuis qu'elle était en âge de comprendre que sa situation n'était pas normale, et le serait tant que ses interrogations n'auraient pas de réponses. Cette ignorance était la chose qui l'avait empêchée d'avancer dans la vie, d'avoir de véritables projets, d'être une jeune femme comme les autres. Elle avait bien essayé de vivre normalement – malgré son environnement – mais elle n'y était jamais parvenue. Quelque chose lui avait toujours manqué, elle avait été comme un puzzle incomplet. Elle n'attendait pas de Roman qu'il règle miraculeusement tous ses problèmes – la naïveté ne figurant pas sur la liste de ses défauts, simplement qu'il l'aide au moins à faire un pas en avant.
Il avait plutôt l'air sincère, le sourire navré du Griske alors qu'elle lui demandait si sa mère avait un jour cherché à le recontacter. Le piège parfait pour Anya, qui ne voyait pas pourquoi il aurait pu vouloir lui mentir à ce sujet. Après tout, si Yelena l'avait fait, elle lui aurait forcément expliqué pourquoi, non ? « Dommage », soupira-t-elle. « Ça aurait pu nous éviter d'avoir cette drôle de conversation. Mais je suppose qu'elle n'imaginait pas m'avouer sur son lit de mort qu'elle m'avait menti. » Les doigts noués les uns aux autres, Anya écouta avec attention le reste de l'histoire de Roman, chaque détail pouvant s'avérer crucial. Il avait bien été à Saint-Pétersbourg en 1989, il avait bien rencontré Yelena. Et c'était une suite d'événements indépendants de sa volonté qui l'avait empêché de la retrouver, et il l'avait finalement oubliée. Après tout, à quoi bon remuer ciel et terre pour une amourette d'un soir ? Anya soupira longuement, presque déçue. C'était une histoire banale, celle d'une nuit sans lendemain mais pas sans conséquences. Il n'y avait rien de spécial derrière cette histoire, elle n'était pas spéciale. Elle ne savait pas à quoi elle s'était attendue. Peut-être quelque chose de différent, d'un peu plus différent que cette histoire banale. « Les choses auraient sans doute été très différentes si tout le monde avait su. » Si Yelena n'avait pas menti, peut-être Anya aurait-elle eu une enfance digne de ce nom, loin du milieu mafieux de Nikolaï, loin de la violence et des trafics. Peut-être, peut-être, peut-être... Elle ne le saurait jamais. Le passé n'était plus à refaire, mais l'avenir restait à écrire ; ce proverbe stupide, sa grand-mère maternelle le lui avait répété un millier de fois. Comme si elle avait le choix de changer son destin, alors qu'elle avait des chaînes aux poignets et aux chevilles. À croire que la bêtise était héréditaire chez les Shostakov, Anya n'avait plus qu'à espérer que Sasha et elle étaient passées entre les mailles du filet.
Anya avait entendu dire qu'elle ressemblait à sa mère toute sa vie durant. Pour beaucoup, la comparaison était un compliment. Pas pour elle. « Je lui ressemble, oui. C'est la plus grande tragédie de mon existence. » Un petit rire nerveux la secoua, elle releva les yeux vers Roman et planta son regard froid dans le sien. « Finalement, vous avez eu de la chance de ne pas la connaître. Ce n'était pas le genre de femme à laquelle on veut ressembler, elle était loin d'être un modèle. C'était une mère pitoyable, la revoir à chaque fois que je croise mon reflet dans le miroir est une chose dont je me serais volontiers passée. » Mais elle vivait avec, car ce n'était pas comme si elle pouvait changer de visage, la nature ne lui avait pas offert le don de métamorphose. Sasha elle aussi ressemblait à Yelena, à croire que la seule chose de forte chez elle avait été ses gènes. « J'ai une petite sœur, que j'ai élevée. Elle s'appelle Alexandra, elle va avoir onze ans. Elle a quitté la Russie avec moi, c'est une chouette petite fille. Elle non plus ne méritait pas d'avoir Yelena pour mère. » Et encore moins d'avoir un homme comme Nikolaï pour père. Depuis qu'elle était née, Anya avait fait de son mieux pour la protéger, la préserver de ses parents, du milieu dans lequel elle était né. Un succès mitigé, mais elle avait au moins échappé à la violence de son père, parce que son aînée avait menacé de le tuer s'il osait poser un seul doigt sur elle. De toute évidence, Nikolaï avait pris ses menaces suffisamment au sérieux pour laisser Sasha tranquille. Et quand il avait fini par s'en prendre à elle, Sasha avait été celle qui l'avait abattue. Les rôles s'étaient inversés, la plus jeune avait fini par prendre soin de l'aînée. Des traumatismes, elles en portaient beaucoup sur leurs frêles épaules, mais elles étaient assez fortes pour continuer à avancer, main dans la main. Ce qu'elles avaient vécu, personne ne le saurait jamais, c'était leur terrible secret.
Un loup soupir fatigué s'échappa des lèvres pincées d'Anya, qui replaça nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille. « Et maintenant... Qu'est-ce qu'on fait ? » La question était posée très sérieusement. Pour ne pas risquer d'être déçue ou de se faire du mal inutilement, elle n'avait pas voulu se projeter dans l'après rencontre. À partir de là, elle n'était plus sûre de rien. « Vous savez, je ne suis pas stupide. Je me doute bien que vous n'avez sans doute pas besoin d'une gamine de vingt-cinq ans sortie de nulle part dans votre vie. Même si je suis vraiment votre fille, vous n'avez pas à m'accepter parce que je me suis pointée comme ça, un beau jour. Je n'ai pas non plus l'intention de vous demander quoi que ce soit, si ça peut vous rassurer. » Elle n'avait pas fait toutes ces démarches, tout ce chemin, pour lui demander de l'argent ou une quelconque autre forme de compensation. « Tout ce que je veux savoir, c'est... C'est si vous pensez qu'on pourrait éventuellement apprendre à se connaître, ou si je dois débarrasser le plancher tout de suite. Je ne pourrais pas vous en vouloir, c'est votre droit. Tout ce que je veux, c'est savoir ce que je suis censée faire de ma vie, maintenant. »
Pour me faire pardonner du retard:
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Sujet: Re: blood on my name (roman) Jeu 4 Aoû 2016 - 17:13
Avant aujourd'hui, Roman n'avait jamais regardé une photographie avec autant d'attention. Avant, il ne cherchait pas grand chose, de simples confirmations de soupçon peut-être, la reconnaissance d'un visage sur des images de vidéo-surveillance, rien de plus. Avant, ça n'était pas des visages familiers auquel il devait s'habituer. En l'espace d'une vingtaine de minutes, peut-être plus, peut-être trop, Griske a dû reconsidérer son passé. Il a dû se replonger dans cette époque lointaine à laquelle il ne doit normalement plus accorder le moindre crédit, pour ne pas se faire repérer, afin d'y ajouter une donnée qui laisse un goût amer en bouche. Une fille. Une enfant née de sa relation avec une femme dont il se souvient à peine, si ce n'est grâce à cette fameuse photographie qu'il a dans la main, sous les yeux. Sans quoi sa mémoire aurait continué à défaillir, et ce pour leur bien à tous les deux, peut-être. A présent, le Norvégien de cœur plisse encore un peu les yeux. Pour croire aux dires de la jeune blonde, il aimerait s'apercevoir lui-même d'une quelconque ressemblance entre eux. Il ne sait pas s'il est encore trop tôt pour ça. Roman ne sait même rien du tout. Malgré ses prunelles sombres qui se baladent sur le papier glacé puis sur le visage de sa prétendue fille, rien ne lui saute aux yeux. Doucement, il préfère la reposer sur la table. Son attention y reste encore un peu attachée, dans l'idée que l'illumination se fasse d'un coup, mais rien n'y fait : il ne voit que chez Anastasia la copie conforme d'une femme qui n'est plus, un fantôme du passé dont elle ne semble pas garder non plus un bon souvenir. Sans doute est-ce l'effet de rejet qui l'empêche de réaliser qu'ils ont le même air sévère, le même caractère sur certains points peut-être, ce regard magnétique, envoûtant et déstabilisant à la fois.
Plutôt que de réaliser tout ça, Roman se laisse secouer par un léger rire, qui résonne en coeur avec celui de la jeune Anastasia. Ses mots font écho à ceux qu'il pouvait lui-même employer quand il était plus jeune : ressembler à ses parents, bien que ces derniers lui aient permis de mener une vie « normale » en de nombreux points, était une chose qui terrorisait le Griske. Depuis toujours, encore même aujourd'hui si on lui pose la question. Ses parents sont... son opposé tout en étant ses égaux. Étaient, sans doute ; le quinquagénaire ne les a pas vus depuis un long moment. Ils avaient cette aura étrange, inspiraient un sentiment de malaise sur leur passage. Roman s'en souvient comme si c'était hier, comme s'il vivait encore auprès d'eux, car c'est une époque étrange de son existence qu'il ne peut pas oublier. Il ne peut que comprendre Anastasia à ce sujet. “Ma mère n'était pas une femme des plus aimantes non plus. Ça nous fait un point commun.” Malgré ses épaules basses, son air fatigué et ses traits malmenés, l'ex-russe parvient à esquisser un léger sourire un peu moins crispé. Il laisse sa confiance glisser le temps d'une seconde, avant de se reprendre. Pour écouter, toujours analyser tout ce que la blonde peut dire. Une petite sœur ? Le soupir que la jeune femme pousse soudain empêche Roman de plus poser de questions. Le sentiment de ne pas avoir assez d'éléments concret à son sujet entre les mains l'étreint, si bien qu'il plisse un peu les yeux à sa nouvelle intervention.
Qu'est-ce qu'ils font ? Abasourdi, le Norvégien jette un dernier coup d'oeil à la photographie de Yelena. La nouvelle est bien trop incroyable pour qu'il réussisse à la digérer aussi vite. Il n'arrive pas à y croire. Il ne peut avoir de fille. Alors... qui est-elle ? “C'est une belle et grande question...”, qu'il rétorque dans un souffle. “Je vais avoir besoin de temps pour assimiler tout ce qui vient d'être dit. Je ne suis pas non plus dans une bonne période, étant sorti de l'hôpital il y a peu.” Roman ne préfère pas rentrer dans les détails maintenant, elle n'a que déjà trop pu s'apercevoir de son état physique seule. Et si cette fille qui se prétend sienne est une mutante en soif de vengeance, il préfère éviter de trop évoquer le pourquoi du comment de ce fameux état. “Je pense qu'il va me falloir du temps.” Ses mots tranchent brusquement avec le reste. “Si cela te convient”, qu'il complète toutefois, pour ne pas perdre de vue l'objectif de ne pas la braquer. Se levant avec précaution, le quinquagénaire se met à chercher du coin de l'oeil sur téléphone portable. Il l'aperçoit sur la table du salon, dans la salle à côté, et se met en marche vers ce dernier tout en poursuivant : “Mais si c'est ce que tu souhaites, apprenons à nous connaître.” Ses doigts se saisissent du petit objet, alors que l'écran s'allume à ce contact. Il entreprend de réitérer de façon méthodique les explications de Charlie pour retrouver son propre numéro, perdu au milieu de celui des autres contacts. Une fois réinstallé sur sa chaise, face à Anastasia, il fait glisser le téléphone devant elle.
“Comme je suis un père moderne, je te donne mon numéro de téléphone. Si tu as besoin de quelque chose, tu peux aussi me demander. Je ne suis pas ici depuis longtemps mais je suis toujours d'une très bonne aide en cas de besoin.” Il l'observe prendre note avec le stylo qu'il vient de lui tendre, attrapé derrière lui, sur l'un des meubles de la cuisine, détaillant toujours ces traits vivaces qui se veulent tissés aux siens. “A présent si tu le veux bien, j'ai besoin de repos.” Son annonce s'accompagne d'une nouvelle levée douloureuse, une grimace échouant sur ses traits, avant que le Griske ne s'avance vers le hall d'entrée, passant brièvement dans le salon pour ça. “Nous aurons tout le temps de continuer cette conversation, maintenant que nous sommes liés.” Bien qu'il n'y croit pas encore. Bien qu'il n'y croira peut-être jamais. “Tu as un endroit où dormir ?”, qu'il demande en se retournant vers Anastasia. Roman est de nouveau frappé par ce visage qui, il le sait d'avance, va avoir du mal à s'échapper de son esprit, ou en tout cas à le laisser réfléchir en paix. Il a cette impression étrange qui lui serre le cœur, ce semblant de palpitant qui préfère donner toute sa confiance à la méfiance plutôt qu'aux dires de la jeune Shostakova. Sa main sur la poignée de la porte, il attend sa réponse avant de faire quoi que ce soit. Même s'il n'aurait pas pu l'accueillir elle, ni même sa sœur, il aurait peut-être tenté d'arranger leur situation... Pour avoir moyen de les surveiller en échange. “Prends soin de toi, Anastasia. Ainsi que d'Alexandra.”