Le portable tomba sur ses draps en soie alors que le mutant émergeait difficilement d'un sommeil profond. Quand il n'y avait aucun besoin de se lever pour travailler, ou pour quoique ce soit d'autre, le temps n'avait pas la même emprise ; les journées de Dante débutaient rarement avant midi, et se terminaient généralement au lever du soleil. Un rythme qui lui convenait parfaitement, une vie à laquelle il avait rapidement pris goût lorsque sa vie était devenue ce qu'elle était aujourd'hui. Dante avait aimé son travail un jour, c'était un domaine qui le passionnait ; pourtant, la chose avait perdu tout son charme lorsqu'elle n'était plus devenue nécessaire. A quoi bon se tuer au travail alors qu'il n'en avait aucun besoin ? Il préférait de loin passer ses journées à peindre ou à cuisiner, ou même à ne rien faire. Le reste de sa famille n'avait pas fait les mêmes choix que lui pourtant -ce n'était faute de leur avoir proposé, les journées étaient longues tout seul à la maison et il apprécierait un peu de compagnie- et ce matin Enid avait quitté son lit aux aurores. Il l'avait laissé partir à contrecœur, sachant à quel point son métier lui tenait à cœur. Il appréciait le courage de la belle et sa dévotion ; d'autant plus qu'il connaissait sa belle et son aversion pour les réveils au saut du lit. C'était pour ça qu'il lui avait envoyé un message, lui proposant un déjeuner ensemble après son opération. Une invitation comme il lui en avait fait des dizaine, une invitation naturelle. Trop naturelle peut-être, pour Dante qui se questionnait de plus en plus sur ses sentiments pour la blonde. Il l'aimait, de tout son cœur, il en était sur ; il l'aimait comme il aimait le reste de sa famille. Mais il avait beau aimer Barclay, le mutant ne partageait pas son lit tous les soirs, et il ne le rejoignait pas le midi pour déjeuner. Des questions que Dante repoussait de son esprit, préférant les ignorer plutôt que de leur faire face. Depuis son divorce, il n'avait jamais eu de relation sérieuse, seulement des petits arrangements et des relations éphémères. Et Enid n'était pas différente, il appréciait seulement sa compagnie -entre autre- et l'occupait le temps qu'il récupère sa Raina. C'était du moins ce dont il essayait de se convaincre.

« Merci pour ce repas, c'était délicieux ! » souffla Dante au gérant du restaurant en enfilant sa veste. « Et merci pour l'invitation, c'est tellement généreux de nous offrir l'addition. » Sourire charmeur sur le visage, le mutant laissa ironiquement un généreux pourboire sur la table -une vingtaine de dollars empruntés à son voisin de table. La main de Dante trouva naturellement celle de la blonde, alors qu'ils se dirigèrent ensemble dans les rues ensoleillées de Radcliff. Le mutant appréciait cette petite ville, ne regrettant pas de s'y être installé ; elle avait un certain charme, et le chaos qui y régnait rythmait la monotonie du quotidien. Dernière péripétie en date, les élections qui avaient renversé le tyran de son trône. Thaddeus était tombé, avec lui la suprématie des hunters dans la ville. Dante s'en souciait guère, il ne se sentait pas réellement concerné par ce qui se passait chez le commun des mortels ; pourtant, Enid et lui arrivèrent devant l'hôtel de ville, où la nouvelle maire de Radcliff s'apprêtait à faire un discours. « Attends – je veux entendre ce qu’elle a à dire. » Dante roula les yeux au ciel, suivant docilement son amante dans la foule qui s'était amassée autour du podium. Mais à peine eut-elle le temps de commencer ses remerciement que la blonde fut coupée par une détonation.

Dante repris difficilement conscience, peinant à reprendre sa respiration. Il ouvrit les yeux pour découvrir un monde en flammes. Autour de lui, la fumée rendait presque impossible de voir à plus de quelques mètres ; des décombres brûlants parsemaient ce qui était autrefois l’esplanade de la mairie. Alvarez sauta sur ses jambes, se rendant soudain conscience que la main d'Enid n'était plus dans la sienne. Autour de lui, le chaos régnait ; des cris, des pleurs, des plaintes. Les gens se pressaient pour fuir cette scène apocalyptique. Aucune trace de la belle pourtant. « ENID ! » cria-t-il dans le vide, espérant que la blonde soit encore consciente. Sa voix fut étouffée par le chaos ambiant, perdu parmi les centaines d'autres cris. Le mutant se fraya un chemin dans la fumée, avançant à l'aveugle, se heurtant contre les blessés qui cherchaient refuge. Dante jura dans sa barbe, ne distinguant rien à travers les flammes et les cendres. Il appela son nom à nouveau, puis encore une fois ; au bout de la troisième, une voix familière s'éleva des débris. « DANTE ! » Le mutant accourut, appercevant soudain la silhouette de son amante sur le sol. « Enid ! Tu vas bien ? » souffla-t-il paniqué en apercevant la barre métallique qui lui bloquait la jambe. Dante s'agenouilla au niveau de la belle, posant une main maladroite sur son épaule. « Est-ce que tu peux te dégager ? »

Perdu dans la fumée, Dante tâchait d’ignorer l’appel de ses poumons qui peinait remplir leur fonction. Les cendres soulevées par l’explosion envahissait l’air ambiant, rendant impossible de respirer correctement. Le mutant continuait tout de même d’avancer à l’aveugle, toussant bruyamment en espérant retrouver son souffle. Sous ses pieds, des gravas, des débris et beaucoup de poussière ; il tâchait de se frayer un chemin dans tout ce chaos pour retrouver sa belle. Partout autour de lui, il entendait des cris, de plaintes, des pleurs. Toute la foule regroupée face à l’hôtel de ville se retrouvait dans la même situation, prise de cours par une nouvelle explosion. Ca et là, Dante apercevait des corps jonchés sur le sol ; pourtant le mutant s’en souciait bien peu, ne pouvant se concentrer que sur une seule chose : sa Enid. Dante n’avait jamais été du genre héros, à penser aux autres avant lui-même. Egoïstement, il voulait retrouver la mutante qui l’accompagnait quelques instants plus tôt, même si cela signifiait ignorer quelqu’un qui aurait plus besoin d’aide. Tant pis pour eux, à ses yeux il n’y avait qu’elle qui comptait. Criant son nom à travers cette scène apocalyptique, il fut plus que soulagé lorsqu’il aperçu la belle sur le sol. En mauvaise posture certes, mais elle paraissait en vie. Alvarez s’agenouilla vivement à ses côtés en s’assurant qu’elle allait bien ; une question qui eut le mérite de faire réagir la belle qui pointa immédiatement la barre en métal qui lui écrasait la jambe. Au moins, elle ne semblait pas trop paniquée par la situation, pensa Dante sans dire un mot. Elle lui répondit finalement, au plus grand soulagement du mutant. Au moins, aucune de ses fonctions vitales n’avaient l’air touchées -pour le moment du moins. Autour d’eux, les flammes qui s’élevaient de la structure en bois projetée aux quatre coins de la scène n’avaient cesse de prendre de l’ampleur. Entre la poussière, les cendre et la température qui grimpait en flèche, il ne faisait pas bon de rester là. Il fallait qu’ils arrivent à trouver un refuge loin des flammes et du chaos. « Non. C’est trop lourd, et – je crois que ma jambe est cassée. » souffla la belle en réponse à la question de Dante ; le mutant serra les dents, ne pouvant qu’imaginer la douleur que devait supporter son amante. Il n’avait jamais été très doué avec la douleur, ne supportant pas d’avoir mal -il ne pouvait qu’admirer le sang-froid de la blonde. La main d’Enid vînt trouver celle du mutant inquiet ; il avait mal à la jambe rien que de voir celle de la jeune femme. Il devait la sortir de là, et vite. « Et toi, tout va bien ? Tu n’es pas blessé ? » Dante secoua vivement la tête, ne voulant qu’elle s’inquiète pour lui vu sa position. A vrai dire, il n’avait même pas pris le temps de s’en assurer, trop préoccupé à l’idée de retrouver sa belle. De toute évidence, il n’avait rien de trop grave ; son souffle était encore court à cause de sa chute et de la mauvaise qualité de l’air, mais ça n’avait rien d’alarmant. Les picotements sur son visage et sur son corps lui laissait croire qu’il devait avoir quelques contusions, mais il ne semblait pas avoir perdu tant de sang que cela. Pour le moment, c’était elle la priorité. « Je vais bien, ne t’inquiète pas pour moi. » souffla-t-il en déposant un baiser sur son front. Le mutant se releva brusquement, se dirigeant vers la barre de fer qui bloquait la jambe d’Enid. Il plaça ses mains sur le métal encore chaud, mais se stoppa avant de tirer. « Je vais essayer de soulever la barre, ok ? Essaie de te dégager si tu y arrives ! Prête ? Uno, dos … » Le mutant tira de toute ses forces, en espérant que la lourde barre bouge suffisamment pour lui permettre de se retirer.

Mais pourquoi avaient-ils décidé de venir écouter le discours de la vainqueur ? Dante était a Radcliff depuis quelques mois maintenant, il aurait dû se douter qu'un tel rassemblement attirerait les catastrophe ; entre la fête des fondateurs et la fête de l'hiver, le mutant aurait presque été déçu si les habitants agités de cette si petite ville n'avaient pas prévu quelque chose pour célébrer ce changement de pouvoir. Les deux mutants auraient dû savoir que cet événement tournerait mal, et maintenant sa Enid était coincée au milieu des débris fumant. Dante était en colère, contre Isolde, contre Thaddeus surement, contre le monde et contre lui-même. Mais Alvarez ne pouvait pas se permettre de céder à la rage pour le moment ; il se réservait cela pour après. Pour le moment, il devait sortir son amante de là. Le mutant compta jusqu'à trois et commença à soulever sur la barre de toutes ses forces. Il sentit le lourd métal se décoller légèrement, mais peu importait à quel point il tirait, il ne semblait pas vouloir bouger. Mais le mutant persévéra, poussant de toute ses forces sur ses jambes et sur ses bras ; qu'avait-il d'autre comme option ? Laisser la belle se faire consumer par les flammes ? Jamais, il aurait préféré rester à ses côtés en attendant ces secours qui n'arriveraient jamais à temps. « Lâche-là, Dante. » lui ordonna la belle, la voix enraillé par la douleur et l'effort. Mais le mutant ne l'écouta pas, ne voulant pas baisser les bras, ne voulant pas l'abandonner. « Lâche-la, ça ne sert à rien! » gronda-t-elle cette fois, et le mutant s’exécuta. Il essaya de reposer la barre doucement, pourtant cela ne suffit. La belle laissa échapper un cri de douleur, et Dante accouru à ses côtés. « Je suis désolée ! » souffla-t-il alors que la belle jura bruyamment. Alvarez pouvait lire la douleur sur son visage crispé ; il détestait ça, ce foutu sentiment d'impuissance. « Il faut… plus de force… pour la soulever. » souffla-t-elle difficilement, alors que le mutant acquiesça vivement. S'il n'était pas assez fort pour soulever la barre lui-même, alors il allait faire ce qu'il savait faire le mieux : utiliser les autres pour obtenir ce qu'il voulait. Cela lui importait peu que les survivants à ses côtés soient blessés, ou à la recherche d'un proche. Pour le moment, Dante n'avait qu'une idée en tête : sauver la belle, et foutre le camp de ce brasier fumant. « Ne boug- » commença-t-il avant de se reprendre. Dante choisit de ne pas finir sa phrase, se rendant compte de sa bourde avant qu'il ne soit trop tard ; la belle n'avait pas vraiment le choix, elle n'allait bouger nulle part. « Je reviens vite. Promis. » se reprit-il finalement. Il se baissa pour déposer un baiser sur le haut de son crâne, avant de s'éloigner à contrecœur de la belle.

« Hey ! Vous ! Venez par ici ! » ordonna le mutant à la première personne qu'il croisa. Une femme d'une trentaine d'année s'approcha vivement de lui, les yeux emplis de larmes et le regard perdu ; elle semblait tenir debout pourtant, ce qui suffisait au mutant. «  Est-ce que vous avez vu mo- » « Shhh shh, je ne veux rien savoir. Vous voyez la blonde allongé par terre là-bas ? » Il pointa en direction d'Enid. « Je veux que vous alliez là-bas, et que vous attendiez que je revienne. Vite ! » gronda-t-il sans un regard pour la jeune femme, qui s'exécuta sans discuter. Dante avait déjà repéré un couple au loin, à qui il ordonna la même chose. Au bout de cinq minutes, il avait déjà recruté un petit groupe de six personne, qui attendait sagement autour de son amante. Un nombre qu'il jugea suffisant ; Dante se dépêcha de retrouver sa belle. « Regarde ce que j'ai trouvé, des bras en plus ! Tous volontaires bien sur. » lança-t-il, malin, pour tâcher de masquer la panique qui courrait dans ses veines.

En observant tout ces pauvres gens qu'il forçait à venir aider, Dante se rendit compte de l'entendu de son égoïsme. Certes, il ne faisait pas ça exclusivement pour lui, mais pour Enid, pour sa famille ; au fond son égoïsme s'étendait aussi à sa famille. Ces hommes et ces femmes qu'il envoyait en direction de son amante étaient surement blessé eux aussi, ils avaient surement des proches à sauver. Même sans ça, ils avaient surement envie de foutre le camp au plus vite avant que les flammes ne viennent leur lécher la peau ; pourtant, Dante n'y avait même pas pensé sur le coup. Il en aurait presque eu honte, si les conditions avaient été autres -et qu'il avait eu une conscience. Mais cela faisait des années que le mutant n'avait pas usé de son sens moral, et ce n'était pas en vue de la situation que cela allait changer. Il était prêt à sacrifier des centaines de personnes pour sauver sa belle, cela ne le dérangeait pas. Lorsqu'il eut finit de regrouper assez de personnes pour soulever la barre, il revint en courant aux côtés d'Enid, s’agenouillant à ses côtés. Autour d'eux, la demi-douzaine d'innocents sur lesquels Dante avait jeté son sort. Ils n'avaient pas eu le choix, se tenant autour de la blonde comme le muant leur avaient ordonné. La réponse de la belle lui arracha un sourire mi-malin mi-anxieux, ayant bien du mal à apaiser la panique qui courait dans ses veines. « Je vais te sortir de là, ne t'inquiète pas. » Le mutante alla chercher la main de la belle et l'emprisonna dans la sienne, comme pour sceller sa promesse. Plongeant son regard apeuré dans celui de la belle, il fut pourtant dérangé par la voix de l'un des "volontaire".  « Excusez-moi, je suis désolé, mais je cherche mon – » Dante lança un regard assassin à l'homme qui osait le déranger, prêt à le faire regretter d'avoir ouvert la bouche ; il fut pourtant pris de court par la blonde à ses côtés. « On en a rien à foutre. » Un sourire amusé déforma ses traits inquiets, ne pouvant qu'être fier de la belle dans ses bras. Si c'était un hasard que leur chemin se soient croisés, il aimait croire au destin en évoquant le lien qui s'était créé entre eux. Il aurait pu se contenter de la sauver, passer la nuit avec elle et la laisser dans les draps de son appartement ; pourtant, à l'époque déjà il savait que la belle n'était pas comme les autres. Qu'elle était spéciale, aussi spéciale que la complicité qui s'était tout de suite instauré entre eux. Enid continua, prenant les choses en main. « Placez-vous autour de la poutre, et préparez-vous à la soulever, d’accord? » lança-t-elle aux victimes de Dante, un ton digne de celui du mutant quand il usait de son pouvoir. Devant eux, les six "volontaires" se regardaient dans le blanc des yeux, s'activant mollement autour de la lourde barre de métal. Dante roula les yeux ciel. Il avait beau respecter le ton de la belle, tout irait plus vite avec un peu de bonne volonté -ou à défaut, avec l'aide du pouvoir du mutant. « Faites ce qu'elle dit, dépêchez vous ! » gronda-t-il pour activer les choses. Quelques secondes plus tard, les victimes se tenaient prête à soulever la barre, sous le regard inquiet de Dante toujours aux côtés d'Enid. « Quand la barre sera soulevée, j’essaierais de te glisser en arrière, d'accord ? » Le mutant se glissa derrière la blonde, passa ses mains délicatement autour de son buste ; doucement, il déposa un baiser dans son cou. « Prête ? » Il releva le regard vers ses victimes et s'apprêta à tirer. « Soulevez la barre ! »

Dante ne pouvait qu’admirer la jeune femme qu’il tenait dans ses bras. A sa place, le mutant était persuadé qu’il n’aurait pas eu la même patiente ; il était quelqu’un d’impulsif, de sanguin. Il serait probablement en train de crier sur tout ce qui bouge, y compris ceux qui voulait innocemment l’aider. Mais Enid … Enid, elle avait ce calme dans son regard, même en vu de la situation. Elle était forte, pensa Dante, tellement forte. Il l’avait vu directement chez la belle, dans sa manière qu’elle avait eu de se battre jusqu’au bout contre ces hommes qui l’agressaient, dans sa rage de continuer même lorsque tout était perdu. La jeune femme était une battante, plus que n’importe qu’elle autre personne qu’il connaissait surement. Et il la respectait énormément pour ça, même si au fond, il ne lui avait jamais dit. Peut-être devrait-il lui dire au final. Lui avouer à quel point il l’appréciait ; peut-être un trop d’ailleurs. Mais ce n’était ni le lieu, ni le moment pour une telle chose. Les “volontaires” attendaient patiemment l’ordre de Dante, qui s’assura d’abord que la belle entre ses bras était prête. « Prête. » lui souffla la belle, alors que Dante prenait appuie pour tirer le corps de la blonde. Il ordonna à ses victimes de soulever, et la barre commença à se soulever. Ca rassura Dante, de voir ainsi Enid libéré ; il se dépêcha de l’aider à s’extirper de son piège, attirant le corps de la belle loin de son l’endroit où elle avait été coincée. Le grognement de douleur de la Belmont lui pinça le coeur, mais il continua à tirer, il savait qu’il n’y avait pas d’autre solution. Au bout de quelques secondes d’efforts, Enid arrêta de pousser et Dante relâcha l’emprise autour de sa taille ; elle était hors de danger. Méchamment blessée, mais enfin libérée. Un soulagement pour Dante, qui commençait déjà à paniquer à l’idée de ne pas pouvoir la sortir de ces décombres à temps.

La main de la belle vint trouver la sienne, pressant ses doigts contre sa paume ; une pression à laquelle répondit de suite Dante, le coeur plus léger. Se trouvant toujours agenouillé derrière elle, il déposa délicatement son menton sur son épaule, posant tendrement sa tête contre celle de la blonde. Ca aurait presque pu être romantique, si les gémissements plaintifs de ses victimes n’arrivaient pas jusqu’à leurs oreilles. « On les laisse comme ça encore longtemps? » Devant eux, les “volontaires” portaient toujours la lourde barre. Dante laissa échapper un rire timide, encore trop secoué par les événement pour en rire réellement. « Vous pouvez lâcher. » souffla Dante en les libérant de son emprise. « Vous pouvez partir maintenant, on a plus besoin de vous. » lâcha-t-il, sans même les remercier. L’homme regarda ses victimes s’éloigner, encore confuse par ce qu’il venait de se passer, une main sur leur dos endoloris pour certains. « Tu m'aides à me relever ? » Dante sauta sur ses jambes, faisant le tour de la belle pour contempler l’étendue des dégâts. Ce n’était pas joli à voir, le mutant serra les dents face à la jambe de la belle. Elle n’allait pas pouvoir marcher, impossible. Les ambulances ne semblaient pas encore être arrivée de ce côté là de l’esplanade, il allait devoir la porter jusqu’à trouver des secours. « Je vais te prendre dans mes bras, d’accord ? Je peux pas te laisser marcher avec l’état de ta jambe. » Doucement, il glissa une main dans son dos, et une autre sous ses genoux ; la pauvre, ça ne risquait pas d’être agréable mais il fallait bien la sortir de là. « Je suis désolée. » souffla-t-il en la décollant du sol, la soulevant difficilement du béton abimé de la route.

Dante aurait pu les remercier ; aurait dû les remercier surement. Pourtant rien d'autre à ce moment n'importait, seulement la belle dans ses bras. Il aurait surement dû avoir honte d'utiliser ces personnes -blessées, à la recherche de leur proches- comme il le faisait, pour servir ses intérêt, pourtant il ne ressentait rien. Ca faisait longtemps qu'il n'avait rien ressentit, ni la honte ni la culpabilité, longtemps qu'il ne s'était pas sentit mal pour ce qu'il faisait. A quoi bon ? Le mutant avait appris que cela ne servait à rien. Il vivait à présent égoïstement, sans faire preuve de remord, et il ne s'était jamais sentis aussi bien. Et ce n'était certainement pas aujourd'hui que les choses allaient changer, alors qu'il avait besoin de ces victimes plus que jamais. A quoi bon les remercier, au final ? Le mal était fait, ce n'était pas un simple mot qui allait réparer les dommages causés par le petit jeu de Dante. Tant pis pour eux, ces "volontaires"étaient le dernier soucis du mutant ; il leur accorda même pas un regard en les libérant de son emprise, ne pouvant détourner ses yeux inquiet de la jeune femme. Il se faisait tellement de soucis pour elle, bouillant de rage contre ceux qui lui avaient fait ça. Mais il aurait le temps de se venger plus tard, pour le moment tout ce qui importait était de mettre Enid à l'abris. Le mutant lui proposa de la prendre dans les bras, une proposition que la belle ne pouvait pas réellement refuser vu son état ; elle acquiesça et se préparer à être soulevée.Quand il la décolla du sol, Alvarez sentit le corps de la belle se raidir, ravalant courageusement la douleur. Une pensée qui serra le coeur du mutant, ne supportant pas de la voir souffrir. Il s'excusa, même si ce n'était pas réellement sa faute, il se sentait tellement coupable. Les bras de la belle trouvèrent leur place autour de son cou alors que Dante resserra son emprise. Il sentit ses cheveux lui tomber sur l'épaule et sa tête se déposer tendrement, un geste d'affection qui l'apaisa immédiatement. « Dis pas ça. » La main de la belle trouva la joue du mutant, et son coeur s'enflamma à nouveau ; rien que de penser à quel point il tenait à elle lui donnait encore plus envie de trouver les fautifs et de briser tous leurs os un par un.

« T’es mon sauveur. Depuis toujours. » Un large sourire éclaira le visage de Dante alors qu'il commença doucement à avancer vers les lumière rouges et bleues des ambulances. Il se souvenait de cette fameuse soirée comme si c'était hier, de cette première rencontre mouvementée où il l'avait sortit des griffes de ses agresseurs. Le jour où sa famille s'était agrandie, le jour où sa vie avait changer, aussi. « Je serais toujours là pour toi, Enid. Toujours. » souffla-t-il, le visage tendrement plongé dans ses cheveux. Il en faisait la promesse, jamais il ne la laisserait. « Dante… Tu sais à quel point je t’aime? » Son coeur manqua un bond ; il savait à quel point il occupait le coeur de la belle. Ca lui faisait pourtant tellement plaisir de l'entendre. Un sourire éclaira ses traits salis par la poussière et les cendres, alors qu'il se rapprochait de la foule regroupée autour des ambulances. « Je sais, querida. » souffla-t-il, attendrit, la serrant un peu plus proche de lui. « Mais pas autant que moi. » lança-t-il l'air malin. Lui-même ne savait pas réellement à quel point il l'aimait, ni dans quel sens ; il était incapable de mettre un nom sur cet amour qu'il éprouvait pour la mutante. Et Dante n'eut pas le temps d'y songer plus longtemps puisqu'ils atteignirent enfin les secours.